Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Faquin

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Faquin. Portefaix. — Au davant de l’ouvrouoir d’un roustisseur un faquin mangeoit son pain à la fumée du roust. Rabelais, III, 37. — Le roustisseur replicquoit que de fumée de son roust n’estoit tenu nourrir les facquins : et renioit, en cas qu’il ne le Jayast, qu’il luy housteroit ses crochetz. id., ib. — Icy la liberté fait l’humble audacieux… Icy le vil faquin discourt des faicts du monde. Du Bellay, les Regrets, 82. — La vaisselle d’argent estant jà serrée en un bahu… entra un homme… lequel pria ceux qui estoyent assis sur ledict bahu de se lever… Ce qu’eux n’ayans point refusé de faire, il le fit incontinent charger par des faquins qui le suyvoyent. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 15 (I, 232). — Le diable se sert des anges ses subjects comme de ses propres membres et naturelles pieces de son corps, mais eux et luy se servent de homme comme d’un faquin et portefaix, ou, pour mieux dire, comme d’un cheval et d’un asne. Montaigne, trad. de R. Sebon, ch. 246. — Ilz ameinent le coffre que vous avez dit… — Qui le porte ? — Un facquin. Jean de la Taille, le Negromant, IV, 1. — Vous ferez bien d’y aller ordinairement… encore que vous n’y eussiez point à faire, et qu’aussi on n’y eust à faire de vous non plus que d’un des faquins de Venise. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., II, 224. — Je ne sçay pas quel avantage pourroit avoir le gentilhomme par dessus un artisan, voire un povre faquin ou faquinet. id., ib., II, 279. — Voicy aussi Guy, lequel... s’eschappe, emportant comme un facquin sur son eschine une pesante charge. Trad. de Folengo, L. I (I, 29). — Vous y voyez plus de mille facquins, portans sur leurs dos pour un liard la charge d’un grand mulet. id., L. XII (I, 322). — Il blasme tous ses compagnons, et les appelle portefaix… ayans sur leur dos de grosses charges de fer, et voulans user leurs espaules comme facquins sous tels fardeaux. id., L. XXII (II, 231). — Que me sert tous les jours lire à mes disciples le Terence, si je ne me suis souvenu du senaire qui vole par la bouche des enfans, voire des faquins et crocheteurs : obsequium amicos, peritas odium parit ? Larivey, le Fidelle, IV, 9.

(Par extens.). Homme de basse condition. — Où sont les pairs de France, qui devroient estre icy les premiers pour ouvrir et honorer les Estats ? Tous ces noms ne sont plus que noms de faquins. Sat. Men., Harangue de M. d’Aubray, p. 180.

Sorte de figure de bois mobile sur un pivot qu’on devait frapper de la lance dans les joutes. — 13 l. 1O s. pour avoir refaict un facquin à Fontainebleau, pour servir à la carrière à rompre les lances. 1607. Compte de l’écurie, fol. 67 (Gay, Gloss. archéol.).

Courir le faquin. Courir à cheval en cherchant à frapper de la lance cette figure de bois. — [La vertu d’aujourd’hui] Se parfume, se frise, et de façons nouvelles Veut avoir par le fard du nom entre les belles, Court le faquin, la bague, escrime des fleurets. Regnier, Sat. 5.

Faquin (adj.). Digne d’un faquin. — Oisweté. Molle, paresseuse… poltronne, faquine. M. de la Porte, Epithetes, 288 ro.

Faquin est noté comme mot à la mode emprunté à l’italien. — Il ne cherchera autre chose qu’à trouver le moyen de faire venir à propos aucun de ces mots, comme folâtre, fat… un poltron, un faquin. Tahureau, 1er Dialogue du Democritic, p. 34. — Aussi diroys-je bien à un Italien, en luy parlant d’un de sa nation, C’est un faquin : ou, C’est un poltron : ou, C’est un forfant. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 118.