Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Tesmoin 1
Tesmoin 1. Témoignage. — Et fut arresté… que pour un ample tesmoing de vertu envers les futurs posterieurs ton seigneur seroit perpetuellement honnoré de ces trois tiltres : tres bon, tres heureux, tres pacificque. Lemaire, Temple d’Honneur (IV, 233). — Si on appelle en tesmoing la conscience de ceux qui s’arrestent à l’intercession des sainctz : on trouvera que cela ne vient d’autre chose sinon qu’ilz sont en perplexité. Calvin, Instit., IX, p. 532. — Elle portoit sur sa teste la riche couronne qu’elle avoit de long temps conquise, en tesmoing de sa grand beaulté. Amadis, III, 16. — Dieu ne laisse point encores de nous donner de superabondant beaucoup de tesmoins de son amour paternelle : car qui est-ce qui nous nourrit et sustante en ce monde ? Calvin, Serm. sur le Deuter., 176 (XXVIII, 641). — Je vous suppli’ vouloir prendre de moy Ce seul present, le tesmoin de ma foy. Ronsard, Pièces retr., Elegies (VI, 163). — Judith qui verse incessamment De ses yeux deux ruisseaux, tesmoins de son tourment. Du Bartas, Judith, III, p. 380. — Ces doux languissemens, ces mignardes caresses, Ces larmes, ces propos et ces longues promesses, Estoient-ce les tesmoins d’une legere foy… ? Desportes, Elegies, I, 19. — Soupirs espars, sanglots en l’air perdus, Tesmoins piteux des douleurs de ma genne. Aubigné, Primtems, I, 99. — J’avois à ma maistresse Fait voir mille tesmoins de mon humble devoir. Brach, Am. d’Aymee, l. II, sonn. 12. — Pardonnez mes soupçons, comme ayant en la main la vie et les honneurs de tant de gens de bien. Vous n’y en verrez plus, en tesmoin de quoi j’abbrège le jour pris au quinziesme d’octobre. Aubigné, Hist. univ., IX, 4.