Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Vainqueresse
Vainqueresse, fém. de vainqueur. — Celle qui autrefois avoit esté vainqueresse de maints cas infortunez… laissoit ainsi succomber son noble courage. Lemaire, Cour. Marg. (IV, 42). — Alors faut il que Vertu, mere de Noblesse, estrive contre Fortune à toute rigueur, et que finablement Vertu demeure la vainqueresse. id., Illustr., III, 4 (II, 279). — Car en beaulté de Venus es maistresse Et en science de Pallas vainqueresse. M. d’Amboise, Ep. et Lettres amoureuses, 109 ro. — Que ton espee comme vainqueresse puisse rougir de mon sang. Scève, Flamete, ch. 32. — Et s’il advient que sa main rude et forte Soit vainqueresse, et les despouilles porte Des ennemis. Salel, tr. Iliade, VI, 115 ro. — Aucuns peuples voisins des Amazones vaincus en guerre par elles, et qui obeissoyent aux vainqueresses. Le Roy, tr. Aristote, II, 7, Comment. — O juste roy, fay la justice Regner vainqueresse du vice. Baïf, Poemes, l. IX (II, 435). — Toutefois la Vertu demeure vainqueresse. Jamyn, O. P., L. V, 242 vo. — Va de ton arc turquois esprouver la vertu Contre cete beauté qui, t’ayant combatu, Se montre vainqueresse, a mon amour rebelle. Brach, Masquarade du triomphe de Diane, 190 ro. — Je sçay que dessus tous sa force est veinqueresse. Jamyn, tr. Iliade, XXI, 180 vo. — Et par toutes manieres s’efforcent que la calomnie demeure vainqueresse. Vauquelin, De ne croire à la calomnie. — Ja le bruit de ma maistresse, De tant de cœurs vainqueresse, Par tout le monde sonnoit. G. Durant, 112 vo. — Et toy, fiere Babel, superbe vainqueresse. Bertaut, Paraphr. du ps. 136, p. 22. — Saint Ephrem l’appelle [la croix] « pretieuse et vivifiante, vainqueresse de la mort. ». Fr. de Sales, Defense de la Croix, II, 10.
(Adj.). Victorieuse. — J’entens et vueil que leur fasses tenir Chacune es mains la palme vainqueresse. Lemaire, Cour. Marg. (IV, 156). — Tes mains illustres et vainqueresses. id., Illustr., I, 43. — L’Espagne. Se vint soumettre à la mercy De nos vainqueresses espees. Garnier, Porcie, 1367. — Quand ta Rome maistresse Tiendroit ceste rondeur sous sa main vainqueresse. 1691. — La vierge veinqueresse emporte sur le chef La couronne en grand feste. Baïf, Poemes, l. VI (II, 312). — Pein ses doux ris, sa beauté vainqueresse. Jamyn, O. P., l. IV, 166 ro. — Milan… prend bien à honneur d’estre descendue de la race belliqueuse des Celtes, et avoir esté bastie par les mains fortes et vainqueresses de ceste nation. Thevet, Cosmogr., XVI, 21. — Il feit tant de beaux faicts, de prouesses si grandes Qu’il rompit, qu’il chassa nos vainqueresses bandes. Garnier, Bradamante, 1696. — Il fait qu’un duc hebrieu et qu’un Sisare sente La vainqueresse main d’une femme impuissante. Du Bartas, 2e Sem., Trophees, p. 353. — Quelle douce allegresse Espanouit les sens d’une ame vainqueresse. Montchrestien, Hector, V, p. 57. — Ce fut la confession qu’il fit de la croix vainqueresse. Fr. de Sales, Defense de la Croix, II, 11.