Dictionnaire de théologie catholique/ABBRÉVIATEURS DU PARC MAJEUR

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L. Jérôme
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 69).

ABRÉVIATEURS DU PARC MAJEUR. On donne ce nom à des prélats de la chancellerie pontificale chargés de la rédaction et de l’expédition des bulles. Leur origine précise est incertaine. Il en est fait mention pour la première fois, ce semble, au temps de Jean XXII et de Benoit XII. Ils étaient alors au nombre de 24. Puis le nombre s’en multiplia dans des proportions telles que Pie II dut en réduire le chiffre à 70 : Decernimus et declaramus quod numerus abbreviatorum istorum quibus dumtaxat fiet distributio sit septuagenarius. Cf. Extravag. Quum ad sacrosanctæ, de Jean XXII, De sententia excommunic ; Extravag. Ex debito, De electione, et Ad regimen, De præbendis, inter comm.. et bulle Vices illius gerentes de Pie II, dans Pitra, Analecta noviss., t. i, p. 618. Plus tard, cette institution subit encore d’autres modifications.

Il parait probable que le nom d’abréviateurs a été donné aux membres de ce collège, parce qu’ils faisaient les bréviatures et dressaient les minutes des lettres apostoliques. Sic appellati. dit Ferraris, Bibliotheca canonica, v° Abbreviatores, quia ipsi brevi compendio concipiunt impretrata a summo pontifice in supplicationibus et postea latinis in litteris extendunt. Ils s’assemblaient en un lieu de la chancellerie qui s’appelait Parco, d’où leur nom.

Ils étaient autrefois répartis en deux classes : les abréviateurs du Parc majeur, abbreviatori di Parco maggiore et les abréviateurs du Parc mineur, abbreviatori di Parco minore. Ceux-ci n’avaient presque aucune fonction ; leur rôle se bornait d’ordinaire à aider les premiers dans l’exercice de leur charge. Ils n’existaient plus déjà avant la suppression du collège.

Les abréviateurs du Parc majeur avaient une triple fonction : 1° Ils faisaient à tour de rôle, par eux-mêmes ou par leurs employés, les minutes des bulles que l’on doit expédier et que copient ensuite les écrivains apostoliques, scrittori apostolici. — 2° Ils signaient les bulles à la place du cardinal chancelier. — 3° Enfin, réunis en collège, ils formaient un tribunal où ils examinaient les difficultés que pouvaient présenter certaines clauses ou formules que l’on voulait introduire dans ces bulles, comme aussi les décrets qui y étaient adjoints et le payement des taxes auxquelles elles donnaient occasion.

Les prélats qui composaient le collège des abréviateurs du Parc majeur étaient divisés en deux ordres : les prélats dits di numero (au nombre de 2 en 1908) et les prélats surnuméraires (au nombre de 14). Il y avait un secrétaire et 5 substituts qui remplaçaient les prélats di numero pour les choses matérielles.

Le régent de la chancellerie apostolique était le président du collège ; il distribuait aux prélats les suppliques dont ils devaient faire les minutes. Il faisait collationner les bulles avec ces minutes, y inscrivait la première lettre du nom du vice-chancelier et les deux lettres LetC,lectum, correctum, pour indiquer qu’elles avaient été lues et corrigées, et les remettait au garde du plomb pour les sceller.

Le collège des abréviateurs du Parc majeur était le premier de la chancellerie pontificale et l’un des plus importants de Rome. Il a été supprimé par la constitution Sapienti consilio, du 29 juin 1908, et ses fonctions ont été transférées au collège des protonotaires apostoliques, appelés « participants di numero ».

Outre les abréviateurs du Parc majeur dont il vient d’être parlé, il y a encore, en cour de Rome, à la Daterie, l’abréviateur dit di curia, chargé de rédiger les minutes des bulles qui sont expédiées per viam di curia.

Bulles : In apostolicæ dignitatis de Martin V, 1er  septembre 1418, dans Magnum bullarium Romanum, Luxembourg, 1742, t. i, p. 295 ; Vices illius gerentes de Pie II (1458-1464), dans Pitra, Analecta novissima, Spicilegii Solesmensis altera continuatio, Paris, 1885, t. i, p. 618 ; Illa quorum conditio de Paul II, (1464-1471), ibid., p. 618-619 ; Divina æterna de Sixte IV, 11 janvier 1478, dans Magnum bullarium Romanum, Luxembourg, 1742, t. i, p. 413 ; Summi bonorum de Léon X, 16 juillet 1515, ibid., p. 557 ; Romani pontificis de Paul V, 1er  juillet 1605, ibid., Luxembourg, 1742, t. iii, p. 197, et Maximo ad labores de Benoit XIV, 13 septembre 1740, dans Benedicti papæ XIV bullarium, Venise, 1778, t. i, p. 4. — Voir aussi Riganti, Commentaria in regulas cancellariæ apostolicæ, ad reg. Iam, § 4, p. 149 ; Ferraris, Bibliotheca canonica, ve Abbreviatores ; Van Espen, Jus ecclesiasticum universum, part. I, tit. xxiii, c. i, n. 9, sq. ; de Luca, Relatio curiæ romanæ, dise. XLIV, n. 5 ; Ciampini, De abbreviatorum de Parco majori… antiquo statu, illorum in collegium erectione, munere, dignitate, prærogativis ac privilegiis dissertatio historica, Rome, 1691 et 1696 ; Bangen, Die römische Curie, Munster, 1854 ; Philipps, Kirchenrecht, Ratisbonne, 1864, t. vi ; Wetzer et Welle, Kirchentexicon oder Encyclopädie der katholischen Theologie und ihrer Hülsswissenschaften, 2e édit., t. i ; Moroni, Dizionario di erudizione storico-eccesiastica, Venise, 1840, t. i ; Grimaldi, Les Congrégations romaines, guide historique et pratique, in-8° Sienne, 1890, c. xxv : la Chancellerie apostolique.

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