Dictionnaire de théologie catholique/ABSOLUTION ou absoute QUADRAGÉSIMALE

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F. Cabrol
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 136).

7. ABSOLUTION ou absoute QUADRAGÉSIMALE. Autrefois dans beaucoup d’églises surtout dans les églises cathédrales, au jeudi saint, on prononçait une formule contenant l’émunération de tous les péchés, et on donnait ensuite une absolution générale pour tous les péchés annoncés. Du temps du P. Morin, cette coutume était conservée dans beaucoup d’églises, notamment dans le diocèse de Paris. Il donne, loc. cit., plus bas, le texte de cette formule qui était déprécatoire : Per meritum passionis et resurrectiunis, etc. Indulgentiam, absolutionem omnium peccatorum vestrorum, cor contritum et vere pænitens, gratiam et consolationem S. Spiritus tribuat vobis omnipotens Deus. Amen. Puis une oraison : Oremus, Dominus Noster Jesus Christus qui dixit discipulis suis, quæcumque ligaveritis super terram… ipse vos per Ministerium Nostrum absolvat ab omnibus peccatis vestris, quæcumque aut cogitatione… Benediclio Domini Nostri, etc. Le P. Morin signale encore une cérémonie identique, conservée dans le rituel de Rouen, qui fut réimprimé de son temps. — Quelle était la valeur de cette absoute quadragésimale ? L’éditeur du rituel de Paris, d’où le texte cité ci-dessus est tiré, prétend que cette cérémonie servait à obtenir le pardon des péchés véniels et qu’elle était en même temps une sorte d’examen de conscience à l’usage de ceux qui avaient oublié des fautes dans leurs confessions, ou de ceux qui ne connaissaient pas suffisamment la méthode pour s’examiner. Le rituel de Rouen voit ici un exercice d’humilité, où l’on se reconnaît capable de commettre tous ces péchés, si l’on n’était aidé par la grâce de Dieu. Il ajoute encore cette explication : les fidèles ne forment qu’un corps ; quand un fidèle commet le péché, tout le corps des fidèles en est affecté ; la pénitence doit donc être publique. Il nous semble, et c’est aussi le sentiment de Morin, que cette cérémonie est un vestige de la pénitence publique et de l’absolution qui avait lieu, on le sait (voir III Absolution dans l’Église latine du viie au xiie siècle, col. 165), au jeudi saint dans l’ancienne Église. Il va sans dire d’ailleurs que depuis plusieurs siècles cette cérémonie n’était pas sacramentelle et qu’elle n’avait pas l’efficacité du l’absolution sacerdotale au tribunal de la pénitence. C’était ce que les théologiens scolastiques ont appelé un sacramental.

Morin, Comment. hist. de pænitentia, Anvers, 1682, l. VIII, c. xxvi, p. 600.

F. Cabrol.