Dictionnaire de théologie catholique/ANGE DE PÉTRICCA

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 654-655).
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probables qui n’ont jamais été sanctionnés par l’autorité de l’Église. Ceux que l’autorité de l’Église nous impose d’admettre à des titres divers sont ceux-là mêmes que nous venons d’entendre formuler par les conciles, soit qu’ils aient été exprimés par un concile œcuménique, soit qu’ils soient affirmés par le magistère ordinaire de l’Église dont nous trouvons un écho dans les actes des conciles particuliers.

1. Enseignements des conciles œcuméniques. — Pour connaître les enseignements de la première catégorie, il suffit de nous reporter à ce que nous avons dit au sujet du symbole de Nicée, du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican. Bornons-nous à rappeler brièvement les conclusions auxquelles nous nous sommes arrêtés : II est de foi que les anges ont été créés par Dieu (symbole de Nicée et concile du Vatican). Leur spiritualité est certaine ; il y aurait aujourd’hui témérité à prétendre qu’ils ont un corps éthéré, bien que leur mcorporéité absolue n’ait été l’objet d’aucune définition directe de l’Église (quatrième concile de Latran et concile du Vatican). Il est certain qu’ils ont été créés avant les hommes. Il est certain aussi qu’ils l’ont été au commencement du temps, avec les êtres corporels. Nous avons cherché plus haut à déterminer d’une façon un peu plus précise le sens de ces déclarations du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican.

2. Enseignements complémentaires du magistère ordinaire de l’Église. — Le ministère de gardiens exercé par les anges auprès des hommes est affirmé par la sainte Écriture et par tous les représentants de la tradition ; l’Église a fait entrer la dévotion envers les anges gardiens dans son culte public en établissant une fête en leur honneur le 2 octobre ; nous avons vu aussi qu’un grand nombre de conciles particuliers récents ont recommandé cette dévotion. Aussi les théologiens regardent-ils la fonction des anges gardiens auprès de nous, comme une doctrine qui appartient à la foi. Maz7clla, De Deo créante, n. 447, 474, 2e édit., Rome, 1880, p. 307, 329. Mais qu’un ange particulier soit assigné à la garde de chaque homme en particulier, c’est un enseignement courant aujourd’hui, qui pendant longtemps n’a pas été admis unanimement, et qui n’est pas nécessaire pour justifier la dévotion aux anges gardiens. Cependant, dit Mazzella, ibid., n. 447, p. 308, s’il est question des fidèles prédestinés, cet enseignement est tiré avec une si grande certitude du consentement unanime des Pères qu’on ne pourrait le nier sans témérité.

Nous avons déjà dit qu’il est de foi, suivant Suarez, que les anges ne sont pas égaux en dignité, mais qu’il y en a parmi eux de supérieurs et d’inférieurs. C’est en effet une vérité clairement exprimée dans la sainte Écriture et qui a toujours été crue dans l’Église, bien qu’elle ait été rarement exprimée dans les conciles. Mazzella, ibid., n. 292, p. 28. Mais l’opinion dyonisienne qui partage les anges en trois hiérarchies et en neuf chœurs n’a point la même certitude, Mazzella, ibid., bien qu’elle soit courante depuis longtemps.

Ajoutons que la doctrine de l’Église sur la création et sur le culte des saints et de leurs images doit être appliquée aux anges, qui sont des créatures et qui forment l’Église triomphante avec les saints.

Hefele, Histoire des conciles, traduction Leclercq, 24 vol. in-8o, Paris, 1908 sq. ; pour les décrets du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican. Vacant, Études sur les constitutions du concile du Vatican, a. 42, 43, Paris, 1895, t. i, p. 217-228.

A. Vacant.

2. ANGE CARLETTI DE CHIVASSO (Bienheureux) (en latin de Clavasio), franciscain de la stricte observance, né à Chivasso (Piémont) d’une noble et riche famille, théologien et jurisconsulte, fut plusieurs fois élu vicaire général de son ordre en Italie, et reçut des souverains pontifes Sixte IV et Innocent VIII le titre de légat avec mission de recueillir des subsides pour la croisade contre les Turcs. Il mourut au monastère de Sainte-Marie-des-Anges, à Coni, le 12 avril 1495, en grande réputation de science et de sainteté. Il est honoré comme bienheureux dans l’ordre de saint François ; son culte a été approuvé par le pape Benoit XIII (1724-1730), et sa fête est fixée au 12 avril. — Le bienheureux Ange de Chivasso est connu comme théologien par une « Somme des cas de conscience » dans laquelle les matières sont disposées selon l’ordre alphabétique. Cet ouvrage, très estimé et très en vogue autrefois, est généralement désigné dans la bibliographie théologique sous le titre de Summa angelica, du nom de l’auteur. Voici le titre exact et complet, tel qu’on le lit dans la première édition publiée à Venise, en 1486 : Summa casuum conscientiæ compilata per sanctæ theologiæ et juris pontificii doctorem fratrem Angelum de Clavasio ordinis minorum impressa Venetiis per Christophorum Arnoldum, MCCCCLXXXVI. Le succès de cet ouvrage fut très grand, en raison de sa doctrine exacte, de sa clarté, de sa brièveté et de son usage facile, toutes qualités qui en faisaient un manuel très pratique de théologie morale et de droit canonique. Hain, Repertorium bibliographicum, t. ii, p. 157-160, compte jusqu’à 20 éditions de la Summa angelica qui se succédèrent dans le court intervalle de 1486 à 1500, entre autres celles de Venise, 1487, 1490, 1491, 1492, 1495, 1499 ; de Nuremberg, 1488, 1492, 1498 ; de Strasbourg, 1489, 1491, 1495, 1498 ; d’Alost, 1490, 1496. D’autres éditions parurent, nombreuses encore, dans le cours du xvie siècle. On cite parmi les meilleures et les plus connues, celles de Lyon, 1513, de Venise 1569, de Nuremberg, 1588. Luther n’aimait point l’œuvre du moine franciscain : il l’appelait « diabolique » ; et quand cet hérésiarque brûla, en place publique de Wittenberg (10 déc. 1520), la bulle d’excommunication portée contre lui, la collection des décrétales et la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, il jeta dans le même bûcher la Somme des cas de conscience du bienheureux Ange de Chivasso. — Les bibliographes citent encore, comme ouvrages du bienheureux, deux traités intitulés, l’un Arca fidei, l’autre De restitutionibus, qui furent publiés ensemble longtemps après la mort de l’auteur, Alcala, 1562, in-4o.

Bellarmin, De scriptoribus ecclesiasticis, Louvain, 1678, p. 302 ; Wharton, Appendix ad historiam litterariam Guilielmi Cave, Genève, 1705, p. 127 ; Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ ætatis, Padoue, 1754, t. i, p. 100 ; Hain, Repertorium bibliographicum, Stuttgart, 1827, t. ii, p. 157-160 ; Hurter, Nomenclator literarius recentioris theologiæ catholicæ, Inspruck, 1899, t. iv, col. 897.

A. Beugnet.

3. ANGE DE LA PASSION. Son nom de famille était Béritaut. Il entra dans l’ordre des carmes, y enseigna la théologie et mourut le 3 juillet 1731, à l’âge de 72 ans. Il a publié : 1° Le disciple pacifique de saint Augustin sur la liberté, la grâce et la prédestination, avec une dissertation de l’autorité de saint Augustin dans lesdites matières, 2 vol. in-4o, Paris, 1715-1729 ; 2° La théologie des pères des premiers siècles de l’Église, 3 vol. in-8o, Rennes, 1728.

Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., Inspruck, 1893, t. ii, col. 1037.

A. Vacant.

4. ANGE DE PÉTRICCA, des mineurs conventuels, fut vicaire du patriarche de Constantinople et mourut le 10 décembre 1673. Il a laissé : 1° Turris David, seu de militante ac triumphante Ecclesia disputationes adversus hujus temporis hæreticos, en 12 livres, in-fol., Rome, 1647 ; 2° De appellationibus omnium Ecclesiarum ad Romanam, Rome, 1649 ; 3° Disputationes adversus hæreses et aliquorum græcorum errores ac etiam contra gentes, in-fol., Rome, 1650 ; 4° De potestate apostolorum dispulationes adversus Gabrielem Philadelphiensium metropolitam et alios hæreticos : accedit confutatio commentarii H. Grotii de imperio summarum potestatum circa sacra et redargutio diss. D. Blondelli pro jure plebis in regimine ecclesiastico, in-4°, Rome, 1656.

Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., Inspruck, 1892, t. i, p. 415.

A. Vacant.

5. ANGE DE SAINTE-MARIE, carme espagnol, mourut vers 1734. On a de lui : 1° Breviarium morale carmelitutum, juxta angelicam doctrinam sancti Thomæ Aquinatis, 5 in-fol., Lisbonne, 1734, ouvrage estimé ; 2° Consulta varia theologica, moralia, juridica, legalia ac regularia, in-fol., 1742.

Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., Inspruck, 1893, t. ii, col. 1240.

A. Vacant.

ANGELERIO Grégoire, capucin, appartenait à une ancienne famille de Panaja dans les Calabres. Il remplit, dans sa province monastique de Reggio, les charges de lecteur et de définiteur. Le P. Grégoire mourut à Naples, le 15 janvier 1662. Il publia un recueil de sermons : Il pretioso tesoro del sangue di Cristo, in-fol., Naples, 1651, et un ouvrage de théologie polémique sous le titre : De præparatione catholica narrationes septem, abunde denarrantes fabulationes Atheorum, Gentilium, Hebræorum, Mahumeti, Hæreticorum, Schismaticorum, et Catholicæ Fidei veritatem, in-4°, Naples, 1653, p. 16-342. Le P. Grégoire laissa encore un grand nombre d’ouvrages manuscrits sur des matières théologiques et ascétiques.

P. Édouard d’Alençon.

ANGELETTI Marie, mineur observantin, né à Florence en 1706, décédé en 1752. Il a laissé Asserta theologica ad mentem subtilis Joan. Scoti, Florence, 1739. Il publia aussi un recueil de tous les chapitres, congrégations générales, constitutions et statuts de son ordre, sous ce titre : Chronologia historico-legalis seraphici ordinis, 2 vol. in-fol., Rome, 1752. Ce recueil avait été commencé par Jules de Venise.

Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., Inspruck, 1893, t. ii, col. 1297.

A. Vacant.

ANGELI Barthélémy, dominicain napolitain, bachelier en théologie, mort en 1584. — 1° Examen confessariorum ac ordinandorum, ubi primo de sacramento generatim, deinde sigillatim de sacramentis baptismi, confirmationis, extremæ unctionis, eucharistiæ, deque missa multa necessaria ad communem omnium fidelium salutem more dialogi disputatur, Naples, 1583 ; Venise, 1583, 1600. — 2° Consolatione de penitenti libri IV, della orazione, della confessione, dell’indulgenze, ed il libro quarto brevemente tratta di tutto quello, che è necessario al confessore al penitente, con l’esamina di tutti i peccati, Naples, 1574 ; Venise, 1580, 1594, 1606, 1617.

Quétif-Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, t. ii, p. 269.

P. Mandonnet.

1. ANGÉLIQUE (Salutation). La salutation angélique, dans sa forme actuelle, est une prière composée de trois parties : du salut de l’ange Gabriel : Ave gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus, Luc, i, 28 ; du salut d’Elisabeth : et benedictus fructus ventris tui, Luc, i, 42 ; et d’une invocation à Marie ajoutée par l’Église. La première moitié de la prière, composée des saluts de Gabriel et d’Elisabeth, devint populaire à partir du {{rom|xii)e siècle ; la seconde fut généralement introduite au xv e, amplifiée et propagée au xvi e. Cette opinion, défendue en 1706 par dom Massuet, bien que condamnée par l’évêque de Bayeux, est cependant conforme à la vérité historique. Le Cerf, Bibl. hist. et crit. de la congrég. de Saint-Maur, La Haye, 1726, p. 342-343 ; Tassin, Hist. lilt. de la congrég. de Saint-Maur, Bruxelles, 1770, p. 377 ; Hippeau, L’abbaye de Saint-Étienne de Cæn, 288, cf. Bibl. nat. Paris, mss. français 15 444, fol. 66 ; 11 750, fol. 121 ; 11 165 ; fol. 194.

I. Salut de l’ange Gabriel et de sainte Elisabeth. —

1° Date de son emploi. —

L’usage d’invoquer Marie en lui adressant le salut de l’ange Gabriel est attesté au {{rom-maj|VI)e siècle dans l’Église syriaque par une formule du rituel du baptême de Sévère d’Antioche, Bibl. max. patr., Lyon, 1677, t. xii, p. 736 ; Act. sanct., oct. t. vii, p. 1108 ; en Occident, au plus tard au {{rom-maj|IX)e siècle, par la vie de saint Ihlepbonse, Acta sanct. O. S. B., sœc il, p. 521 ; au vni’, par les sermons de saint Jean Damascène, Opéra, édit. Le Quien, 1718, t. il, p. 835 ; P. G., t, cxcvi, col. 650 ; cf. André de Crète, Hom. in Annunt., dansP. G., t. cxcvii, col. 894895 ; Trombelli dans Sutnma, t. vi, p. 107. Son insertion dans l’antiphonaire grégorien, comme offertoire du {{rom-maj|IV)e dimanche de l’Avent, en généralisa l’usage. Saint Pierre Damien le signale chez un clerc de sa connaissance. Opusc xxix, De bono suffr., P. L., t. cxlv, col. 564.

Au {{rom|xii)e siècle on constate un développement dans la pratique de la salutation angélique qui, dès lors, comprend généralement les mots : Ave gratia plena… ventris tui. C’est la formule dont se servent saint Bernard Serm., iii, m Missus, P. L., t. clxxxiii, col. 72-74 ; saint Albert de Crespin, Act. sanct., april. t. I, Vita, n.l4, p.674 ; Aded’Avesnesdans llerman deTournai, Mon. Germ. hist., t. xiv, p. 299, et, au xiii e, sainte Mechtilde de Helfta, Liber grat. spec, 1. I, c. xliii, édit. Solesmes. Amédée de Lausanne, Hom., iii, de B. M. V., dans P. L., t. Clxxxxviii, col. 1319, semble faire exception, car il donne l’ajoute : Jésus Christusquiest super omnia benedictus in sœcula sœculorum. Amen, mais ce n’est là, à n’en pas douter, que la finale de son sermon.

L’usage de la salutation angélique, avec des formules qui ont dû varier de longueur, est signalé au {{rom|xii)e siècle dans la méditation 15, Opéra S. Anselmi, édit. Gerberon, Paris, 1721, p. 230 ; dans Arnaud de Bonneval, De laudib. B. M. V., P. L., t. clxxxix, col. 1729 ; dans la vie du moine Bainald de Clairvaux, Exord. magn. Cisterc, dist. III, c. i, P. L., t. clxxxv, col. 1062 ; Herbert, De mirac, 1. I, c. i, ibid., col. 1276 ; dans celle de saint Bernard à propos d’un convers, Exord. magn., dist. IV, c. xiii, ibid., col. 439 ; dans la chronique de l’abbé Herman de Tournai, Mon. Germ. hist., t. xiv, p. 299 ; dans la vie de la bienheureuse Asceline, nièce de saint Bernard, Act. sanct., t. iv aug., n. 6, 8, p. 653-654 ; dans Césaire d’Heisterbach, Dial., t. vii, p. 25, 26 ; t. vii, 50 ; dans Élizabeth de Schœnau, Bevelat., dans Roth, Die Visionender hl. Elisab. von Schœnau, Brunn, 1884, t. i, c. vi, p. 6 ; t. il, c. xiii, p. 45. De pieux récits commencent à se répandre sur les merveilles qui accompagnent cette dévotion : tels sont ceux qui concernent le moine Jossion à Saint-Bertin, le moine Josbert à Déols. Thomas de Cantimpré, Lïb. apum., t. ii, p. 29 ; Vincent de Beauvais, Spec. histor., t. vii, p. 116 ; Spec. exempl., dist. IX, p. 119 ; Iperius, Chron. S. Bertini, c. xliii, dans Martène, Thés, anecd., t. iii, p. 651 ; cf. Esser, p. 98 ; Bridgett, p. 178-179.

Ce n’est qu’à partir de la fin du {{rom|xii)e siècle que l’Ave Maria est joint au Credo et au Pater par lesévêqueset les conciles dans les prières qui sont imposées au peuple ou dont celui-ci doit être instruit. La salutation angélique est prescrite par l’évêque Odon de Paris, en 1198, Hardouin, Conc, t. vi, col. 2, 1938 ; Mansi, Conc, t. xxii, col. 681 ; vers le même temps par un concile d’Orléans, Labbe, Conc, t. vii, col. 1282 ; en 1217 à Durham. Mansi, t. xii, col. 1108 ; en 1227 à Trêves, Binterim, Gesch. der deut. Concil., 1. 1 v, p. 480, cf. p. 404 ; en 1237 à Con ventry,