Dictionnaire de théologie catholique/ANSELME DE CANTORBÉRY (Saint) I. Vie

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 682-683).
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— 13 » Lettera del P. C. 1. Ansaîdi al Signor ZK F. M. Zanoiti, in riposta ai tre discorsi da quesfultimo stanipati contro la difesa del Signor di Maupertuis, 1 vol. in-8o, Venise, 1755, et dans Raccolta di traltati, t. il, Venise, 1757. — 14° Parère del P. Pio Tommaso Scliiara dell’ordine de’predicatori sopra il libro inlilolato, Vindiciæ Mauperluisanx, diretto al P. C. I. Arisaldi (publié par Ansaldi avec une longue préface de lui), 1 vol. in-4o, Venise, 1756. — 15° Délia nécessitae verilà délia religione naturalee rivelata, 1 vol. in-8o, Venise, 1755.

— 16° De Theurgia, deque theurgicis elhnicorum mysteriisadivo Paulo memoratis commentarius, vol. in-8o, Milan, 1761. — 17° Multiiudo maxima eorumqui prioribus Ecclesiee seeculis christianam religionem professi sunt, adversits Davidem Clarksonum, aliosque qui illos exiguo fuisse numéro constituant, ostensa et vindicata, 1 vol. in-8o, Turin, 1765. — 18° Délia speranzae délia consolazionc di rivedere i cari noslri nell’altra vita, 1 vol. in-8o, Turin, 1772. — 19° Saggio intorno aile immaginazioni e aile rappresentazioni délia félicita somma, 1 vol. in-8o, Turin, 1775. —20° Ri/lesswni sopra imezzi di perfezionare la filosofia morale, 1 vol. in-8o, Turin, 1778. — 21° De profectione Alexandri Bierosolyma, i vol. in-8o, Turin, 1780. — 22° Preelectiones theologicee de re sacramentaria habitée in Taurinensi universilale, nunc primum in lucem éditée cura et studio Fr. Dominici Mariée Federici, 0. P., 2 vol. in-4o, Venise, 1792.

Au commencement du De profectione Alexandri se trouve une biographie due au P. Vincent Fassini, O. P., professeur à l’université de Pise et ami d’Ansaldi. Une liste complète des écrits d’Ansaldi est dressée à la fin du même ouvrage. Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, à l’article Ansaldi rédigé par le P. Fabricy, O. P. ; Hurter, Nomenclator literarius, t. iii, col. 64.

P. MANDONNET.

2. ANSALDI Pierre-Thomas, prévôt de l’église cathédrale de Saint-Miniat, n’est connu que par sa docte dissertation De divinitate D. N. Jesu Christi, in-8o, Florence, 1755, qui, à la différence de celles qui avaient paru jusqu’alors, emploie exclusivement les preuves tirées de l’archéologie, de la numismatique, de l’épigraphie et de la linguistique.

Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, Paris, 1868, t. I, p. 112 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1895, t. III, col. 64 ; Journal des Savants, année 1756, p. 569.

C. Toussaint.

1. ANSELME DE CANTORBÉRY (Saint). - I. Saint Anselme. II. Argument de saint Anselme.

I. ANSELME (Saint). — I. Vie. II. Œuvres : chronologie et authenticité. III. Œuvres : idée et contenu. IV. Traits caractéristiques.

I.Vie. — Dans Anselme, le théologien est inséparahle de l’homme et du moine. Il faut donc jeter un coup d’œil sur cette belle vie, non pour tout dire, mais pour dégager ce qui peut servir à comprendre et à juger les écrits et la doctrine. Eadmer, le fidèle compagnon d’Anselme et son consciencieux biographe, est là pour nous guider.

I. Premières années.

Anselme naquit dans la cité d’Aoste en 1033 ou 1031, quelques-uns disent le 6 mai 1033, de parents riches et nobles. Son père, Gondulfe ou Gandolfe, étail Lombard ; en attendant qu’il se fit moine pour mourir sous le froc, il était tout aux choses du siècle, libéral d’ailleurs et bienfaisant, au point de passer pour prodigue. Sa mère, Ermemberge, était, dit Eadmer, une parfaite mère de famille. C’est elle qui fut la première éducatrice d’Anselme, et « l’enfant, dans la mesure de son âge, prêtait volontiers l’oreille aux leçons maternelles ». P. L., t. ci.viii, col. 50. Un trait de ces touli - premières années montre 1res bien ce qu’il était cl l’.iit présager ce qu’il sera. Entendant dire qu’il y avait là-haut dans le ciel un Dieu maître de tout, il se figura, ulpote puer inter montes nutritus, que le ciel reposai ! mii la montagne, et qu’en allant au sommet on arrive rait à la cour de Dieu. Cette idée lui trotta longtemps par la tête, et il cherchait à la réaliser. Un jour, il rêva l’avoir fait, et « le matin, sicut puer simplex et innocens, il croyait vraiment avoir été au ciel et y avoir mangé le pain du Seigneur ». Ibid., col. 51. Cependant il grandissait, chéri de tous. Sur ses demandes instantes, il fut mis à l’école. Mais le maître, un parent, ne sut pas prendre cette riche et délicate nature, et l’enfant passa par une terrible crise d’hypocondrie, qui mit sa raison même en danger. Il fallut pour le guérir tout le tact et tout l’amour de sa mère. Enfin, il se rouvrit et les désirs d’étude revinrent. Cette fois il fut confié, semble-t-il, aux bénédictins d’Aoste, et dans cette douce atmosphère, demi-monacale et demi-maternelle, les progrès furent rapides. Ce fait, qu’il racontait plus tard à ses moines du Bec, contribua sans doute beaucoup à former l’admirable éducateur que fut Anselme. (Eadmer n’en dit rien. Pour savoir comment nous le connaissons, voir Ragey ci-dessous, t. i, p. 11.) Il n’avait pas 15 ans qu’il voulait déjà être moine : c’était pour lui la vie idéale. Mais vinrent les attraits du monde : plus de ferveur, presque plus d’étude. Sa mère le retenait un peu. Elle mourut, et « la barque de son cœur, ayant comme perdu son ancre, fut emportée sur les flots du siècle ». Ibid., col. 52. Dieu y pourvut : son père, on ne sait pourquoi, se mit à lui faire la guerre, autant ou plus, dit le biographe, pour le bien qu’il faisait que pour le mal. Bref, Anselme s’éloigna, en compagnie d’un seul clerc, du donjon paternel. « Après trois ans passés partie en Bourgogne, partie en France, il vient à Avranches et y demeure quelque temps » — le biographe ne donne pas d’autre détail ; — de là il se rend au Bec, « pour voir Lanfranc, lui parler, rester près de lui, » comme faisaient tant de clercs, et non des moindres, que le renom du maître attirait de toutes les parties du monde. Le voilà élève de Lanfranc, et bientôt son élève chéri. Nuit et jour il travaille, in lillerarum studio ; non seulement il écoute Lanfranc, mais il se prête volontiers à aider lui-même ses condisciples. Sa vie était celle d’un moine. « Si j’étais moine, se dit-il, je n’aurais pas plus à souffrir et je serais sûr du mérite. » Ibid., col. 53. Le voilà donc uniquement soucieux de plaire à Dieu : il sera moine. Mais où ? « Si j’entre à Cluny ou au Bec, pensait-il, le temps que j’ai donné à l’étude des lettres est du temps perdu. A Cluny, pas d’études ; au Bec, la place est prise par Lanfranc. Il faut que j’aille là où je pourrai montrer mon savoir et rendre service à beaucoup. » — « Je n’étais pas encore dompté, disait plus tard Anselme en racontant cela, je n’avais pas encore le mépris du monde. » Des idées plus hautes et plus justes lui vinrent bientôt, des idées de sacrifice. « Est-ce donc vouloir être moine cela que de vouloir être préféré, plus honoré, plus estimé ? A bas la superbe ! sois moine là où, comme il convient, tu sois mis après tous pour Dieu, compté pour moins que tous, moins estimé que tous… Et donc, au Bec… Là sera mon repos, là j’aurai en vue Dieu seul, là son amour sera toute ma contemplation, là son bienheureux et continuel souvenir ma consolation et mon rassasiement. » Ibid., col. 53. D’autres fois, il se demandait s’il ne devait pas se faire ermite, ou encore rentrer chez lui et vivre de son patrimoine en faisant le bien. Il s’ouvrit de tout à Lanfranc, qui, ne voulant rien décider, l’adressa au saint évêque de Rouen, Maurille. L’évêquc opina pour le Bec. Anselme acquiesça. On voit que cet homme d’idéal et de sentiment, ce primitif et ce spontané, savait être pratique et réfléchi.

2. Le moine.

Anselme avait 27 ans quand il devint moine au Bec (1060). Trois ans après, il remplaçait Lanfranc comme prieur et profilait des libertés de sa charge pour être de plus en plus à Dieu et aux sciences célestes. Il se préparait, dit Eadmer, par ces divines spéculations à résoudre, Deo reserante, les questions les plus obscures non résolues jusqu’à lui, et à prouver par raisons évidentes que ses solutions étaient vraies et catholiques. Les jours ne lui suffisant pas, il passait une partie de ses nuits à prier et à corriger des manuscrits. Une nuit qu’il était couché, il cherchait comment les prophètes avaient pu voir comme présent le passé et l’avenir ; il vit soudain de son lit les moines, chacun suivant son office, allumer, préparer l’autel pour les Matines, sonner la cloche, et à ce son tous les frères se lever. Il comprit qu’il n’était pas plus difficile à Dieu d’éclairer les prophètes. Ce qu’était son enseignement, nous pouvons nous en faire une idée par ses opuscules, par les dialogues surtout, dont quelques-uns, comme le De grammatico, sont de petits chefs-d’œuvre pédagogiques. Grand spéculatif, il était aussi grand directeur d’âmes ; et en même temps qu’il gagnait tout le monde autour de lui, il répandait au loin le bon renom du monastère et y attirait une élite avide de science et de perfection religieuse. Il avait grâce pour gagner des jeunes gens et pour les former ; il s’en occupait avec un soin spécial, et maint trait de sa vie, mainte parole ou mainte lettre de lui nous montrent quel art il avait pour gagner les cœurs, comment il savait se proportionner à l’âge et comment il comptait plus sur la douceur que sur la violence. Eadmer, l. I, c. ii, n. 13, 17, P. L., t. clviii, col. 57, 59 ; c. iv, n. 30, col. 67. Cf. Guibert de Nogent, De vita sua, l. I, c. xvii, P. L., t. clvi, col. 874.

Le 26 août 1078, mourait le saint abbé Herluin, fondateur du Bec. Tous les suffrages désignèrent Anselme pour lui succéder ; et, non moins que le prieur, l’abbé fut pour tous comme une vision de la bonté divine. Un plus lourd fardeau lui était réservé.

3. L’évêque. — Plusieurs fois déjà les affaires du Bec l’avaient amené en Angleterre et, comme partout, il s’était fait aimer et vénérer. Le siège de Cantorbéry était vacant depuis quatre ans, quand le roi Guillaume le Roux, d’accord pour une fois avec son clergé et tout son peuple, choisit Anselme pour succéder à Lanfranc, 6 mars 1093. Malgré ses résistances, la « pauvre vieille petite brebis » fut attelée au joug avec « le taureau indompté » qu’était le roi. Eadmer, Hist. novorum, l. I, P. L., t. clix, col. 368. C’en est fait pour lui des doctes loisirs et de la paix monacale. Il ne cessera de les regretter, et sa grande joie sera de se retrouver au milieu des moines : « Le hibou dans son trou est content avec ses petits ; ainsi moi au milieu des moines. » « J’aimerais mieux, disait-il encore, être au milieu des moines l’enfant qui tremble sous la verge du maître, que le primat d’Angleterre sur son siège pontifical. » Eadmer, Vita, l. II, c. i, n. 8, P. L., t. clviii, col. 83. On sait sa résistance invincible aux prétentions de ce tyran brutal et gouailleur que fut Guillaume le Roux. La querelle allait plus loin que la question des investitures, plus loin que cette « liberté de l’Église, la chose que Dieu aime le plus en ce monde ». C’est au schisme que tendait Guillaume. La grande intelligence d’Anselme, sa vue claire des droits et des prérogatives de l’Église furent pour beaucoup dans son attitude : le théologien montrait son devoir au saint. En 1097, il put enfin aller à Borne et voir le pape Urbain II. Son séjour en Italie se prolongea. En 1098, il assista au concile de Bari, on sait avec quel éclat. En avril 1099, il prend part au synode de Borne où furent renouvelés les décrets contre la simonie, le concubinage des clercs, l’investiture laïque. En août 1100, on apprit la triste mort de Guillaume le Roux. Son frère, Henri Beauclerc, lui succéda et invita le primat à revenir. La paix ne fut pas longue, et, en avril 1103, Anselme reprenait le chemin de Rome. Il ne devait rentrer en Angleterre qu’en septembre 1106. Cette fois, l’accord était sincère et le vieil archevêque put mourir en paix.

4. Derniers jours. — « Ne pouvant plus marcher, dit Eadmer, l. II, c. ii, P. L., t. clviii, col. 115, il se faisait porter tous les jours à l’oratoire pour assister à la messe, car il avait une dévotion tendre à l’eucharistie. » C’est seulement cinq jours avant sa mort qu’on parvint à lui faire garder absolument le lit. Ses chères études eurent une part dans ses dernières pensées. « On était au dimanche des Rameaux ; nous restions, comme de coutume, assis près de lui. L’un de nous lui dit : « Seigneur Père, à ce que nous voyons, vous vous en allez de ce monde fêter la Pâque à la cour de votre maître. » Il répondit : « Si c’est son bon plaisir, volontiers je m’y soumets. Mais s’il voulait me laisser encore parmi vous pour me permettre au moins d’éclaircir la question que je poursuis en ce moment, celle des origines de l’âme, je l’accepterais avec reconnaissance ; car je ne sais si personne après moi l’éclaircira. » Dieu ne le voulut pas, et Anselme mourut à l’aube du mercredi saint, 21 avril 1109. Il allait avoir 76 ans.

La Vita Anselmi d’Eadmer se trouve dans les Bollandistes (21 aprilis), avec quelques notes du P. Henschenius ; Migne l’a rééditée d’après Gerberon, P. L., t. clviii, col. 49-120, ainsi que l’Historia novorum, P. L., t. clix, col. 347-524. Les deux ouvrages ont été réédités à Londres en 1884, dans les Rolls series. par M. Rule.

II. Les œuvres. Chronologie et authenticité. — Anselme signait ses écrits, c’est-à-dire qu’il mettait son nom à côté du titre. Il y joignait d’ordinaire une préface qu’il faisait suivre d’une table des chapitres pour donner une première idée de l’opuscule. Voir Monologion, prologue, P. L., t. clviii, col. 144 ; Proslogion, préface, col. 225 ; Cur Deus homo, préface, col. 362.

Dans sa correspondance, il est souvent question de ses œuvres ; Eadmer enfin nous en parle aussi et parfois raconte les circonstances où elles ont été composées. Nous avons ainsi, sur les principaux écrits d’Anselme, des renseignements précieux qui nous en garantissent l’authenticité et qui nous permettent, sinon de les classer tous avec certitude dans l’ordre chronologique, au moins de les rapporter à des périodes précises de la vie du saint auteur.

i. ouvrages écrits par anselme, prieur au bec (1063-1078) ou abbé (1079-1093). — Eadmer, Vita, l. II, n. 25, P. L., t. clviii, col. 62, rapporte à ce temps les trois traités De veritate, De libertate arbitrii, De casu diaboli, auxquels il ajoute le De grammatico. Il mentionne ensuite, toujours comme du même temps, le Monologion qui fut suivi du Proslogion, ibid., n. 26, col. 63, et de la réponse à Gaunilon. Peut-on préciser davantage ? Anselme, dans le prologue ajouté plus tard au De veritate, P. L., t. clviii, col. 467, mentionne les quatre premiers traités dans le même ordre qu’Eadmer, en ajoutant pour les trois premiers, qu’il les a écrits à différentes époques ; il veut qu’on les groupe ensemble et dans l’ordre indiqué, mais sans dire que cet ordre est celui de la composition. Le fait qu’on les avait « rangés autrement en les transcrivant avant qu’ils ne fussent achevés » ferait plutôt supposer le contraire, comme aussi le fait que le prologue placé en tête du dialogue De veritate montre que les trois autres dialogues existaient déjà.

Le Monologue d’ailleurs est antérieur au De veritate, puisqu’il y est cité deux fois, c. i, P. L., t. clviii, col. 468, et c. x, col. 479. Il est même probable que c’est le premier opuscule publié par Anselme (quoique peut-être le De grammatico ait été fait plus tôt). La Préface en effet, semble indiquer un premier écrit et les hésitations d’un débutant, P. L., t. clviii, col. 143, comme aussi le fait qu’il ne le croyait pas digne du nom de livre et qu’il le donna d’abord sans nom d’auteur. Proslogion, Proœmium, t. clviii, col. 224. Anselme parle souvent du Monologion soit dans ses autres écrits, soit dans sa correspondance. Cf. Epist., i, 63, 65, 68, 74 ; ii, 17 ; iv, 183. Il est question du Proslogion dans le De fide Trinitalis, c. iv, et dans la correspondance, Epist., ii, 11, 17, 27. Quelques Méditations datent aussi du priorat,