Dictionnaire de théologie catholique/APOLLONIUS, anti-montaniste

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G. Bareille
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.2 : APOLINAIRE - AZZONIp. 6).

1. APOLLONIUS, anti-montaniste. Écrivain ccclésiastique du temps de Commode et de Septime Sévére, entre 180 et 210 ; grec d’Orient, et vraisemblablement de la province d’Asie, car il est très au courant des origines chrétiennes d’Éphése ainsi que des faits et gestes des montanistes de Phrygie ; peut-être même évêque d’Ephese, si l’on pouvait accepter ce qu’en dit l’auteur du Prædestinatus, 26, P. L., t. LI, col. 56 ; mais le silence d’Eusèbe rend fort douteux ce témoignage. Évéque ou non. Apollonius prit en mains la défense de \’Église contre l’hérésie de Montan, à la suite de Zotique de Comane, de Julien d’Apamée. de Sotas d’Anchialus, d’Apollinaire d’Hiérapolis, et composa un ouvrage, cité par Eusébe, H. E., v. 18, P. G., 1. xx, col. 456, et loué par saint Jérôme, De vir. ill, xz, P. L., © xx, col. Goo.

Cet ouvrage est perdu : on en ignore même le titre ; on sait du moins qu’il dévoilait la fausseté des prophéties montanistes, racontait la vie peu édifiante de Montan et de scs prophétesses, ainsi que leur suicide, et faisait connaitre quelques-uns des adeptes de la secte, entre autres l’apostat Thémison ct le pseudo-martvr Alexandre ; le premier, aprés avoir échappé au martyre à prix d’argent, s’était posé en novateur, avait adressé à ses partisans une lettre à la maniere des apôtres, et finalement avait blasphémé contre le Christ et son Eglise : le second, voleur notoire, publiquement condamné à Éphèse par le proconsul d’Asie, se faisait adorer comme un dieu. Nous savons par Eusébe qu’Apollonius parlait, dans son ouvrage, de Zotique, qui avait essayé d’exorciser Maximilla à Pépuse, mais en avait été empêché par Thémison. et de l’évêque martyr Thraséas, un autre adversaire du montanisme. Très probablement il devait y signaler le mouvement de réprobation qui suscita contre la secte la réunion des premiers synodes. En tout cas il y rappelait la tradition, d’après laquelle NotreSeigneur aurait recommandé à ses apôtres de ne point s’éloigner de Jérusalem pendant les douze premières années qui suivraient son ascension ; tradition connue de Clément d’Alexandrie, qui l’emprunta à la Predication de l’ierre, Strom., vi, 5, P. G., t. 1x, col. 264. 11 y rappelait encore le miracle de la résurrection d’un mort à Ephése, opéré par l’apôtre Jean, dont il connaissait et citait l’Apocalypse. Il prit ainsi rang parini les adversaires du montanisme, à côté de l’Anonyme d’Eusebe, 41. E., v, 16, 17, P. G., t. xx, col. 464 sq., de Miltinde et d’Apollinaire.

Son ouvrage constituait « une ahondante et excellente réfutation du montanisme » , dit FEusebe, lac. cit. ; saint Jérome le qualifie de insigne et longum volumen, doc. cit. Aussi fut-il loin de passer inaperçu ; il causa méme un certain émoi dans le camp montaniste ; car Tertullien sentit le besoin d’y répondre. En effet, à la suite de ses six livres, Περὶ ἐκστάσεως, où il faisait l’apologie des phénoménes exlatiques, au tnilieu desquels les prophétesses de Montan se mettaient à prophetiser, il composa un septieme livre, plus spécialement consacré à rcfuter Apollonius, et le rédigea en grec pour étre mieux à portée d’étre compris des montanistes d’Asie. La perte de l’attaque d’Apollonius et de la riposte de Tertullien nous empèche de nous faire une idée de cæ qu’était la controverse au commencement du i° siécle. Eusèbe, H. E., v, 18. P. G., t. xx, col. 476 : S. Jérôme, De vir. il, x1, P. L., t. xxui, col. 655. Routh, Relig.sacr..t.1, p AS 6q G. BAREILLE.