Dictionnaire de théologie catholique/APOLOGÉTIQUE

La bibliothèque libre.
L. Maisonneuve
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.2 : APOLINAIRE - AZZONIp. 8-42).

APOLOGÉTIQUE. On désigne, par ce mot, la partie de la théologie qui renferme la démonstration et la défense du christianisme. Il est la traduction exacte de àiri).oyY ; Tix’> : qustificatif), pris substantivement. Cet adjectif dérive lui-même du verbe &iEOAOY&ou.at, employé par Plutarque et Polybe dans le sens de plaider une cause. Enfin, dans le verbe, on retrouve £110X07 : 0. (di 1 excuse), décomposé en inô et).ôfo ;  ; la préposition indique écartement. L’apologie serait donc à l’<5rigine un discours écartant les attaques. La croyance religieuse suppose essentiellement l’exposé des motifs qui la justifienl et la solution des difficultés qu’on lui oppose. Plus ces motifs sont nombreux et complexes, plus ces difficultés sont diverses, ardues, subtiles, plus la science de l’apologie s’organise, se développe, s’enrichit. On peut dire que sa nécessite’et son importance croissent avec les siècles, les progrés de la raison et de la science, la force et la variété des préjugés et des objections.

Nous traiterons les principales questions qui s’y rattachent sous les titres suivants :
I. Notion et but.
II. Objet.
III. Histoire jusqu’à la fin du xve siècle.
IV. De la fin du xve siècle à la fin du xviiie.
V. xviiie siècle.
VI. xixe siècle en France.
VII. xixe siècle hors de France.
VIII. Méthodes nouvelles au xixe siècle.

I. APOLOGÉTIQUE. Notion et but.
I. Notions diverses.
II. C’est une science.
III. C’est une science théologique.
IV. C’est une démonstration du christianisme.
V. Elle le défend contre ses ennemis.
VI. Définition.
VII. But de l’apologétique.

I. Notions diverses.

Plusieurs définitions ont été données par des auteurs récents. « L’apologétique est l’art de défendre la religion chrétienne contre ses adversaires. » Drey, Dictionnaire de théologie catholique, de Wetzer et Welte, traduction Goschler. « La science qui traite systématiquement des principes constitutifs ci dirigeants des sciences théologiques. » Knoll. — « La science des arguments et de la méthode propres à la défense de la religion. » Didiot. — « I.a défense savante du christianisme par l’exposé des raisons qui l’appuient. » Eietlinger. —e i.a démonstration et la défense scientifiques de la religion chrétienne. » Otliger. — On démêlera plusieurs éléments qui résultent de ces définitions ;
1° L’apologétique est une science ;
2° elle doit être rangée dans le groupe des sciences théologiques ;
3° elle est une démonstration du christianisme ;
4°elle le défend contre ses ennemis.
— Le développement de ces propositions nous permettra de formuler une définition précise,

II. L’apologétique est une science.

Elle suppose îles données fourmes par l’expérience, le témoignage et la raison, rangées en séries, organisées en systèmes, rattachées à des principes, régies par des lois ; procédant par le jugement et le syllogisme, l’induction et la déduction, l’analyse et la synthèse, l’intelligence humaine forme une construction harmonieuse parmi enchainement dialectique, pour établir sur de fermes assis, s la démonstration chrétienne, l 1 ou une distinction entre l’apologie et l’apologétique ; celle la est « une défense eciite, soit en laveur d’une personne, soit en faveur d’une chose » . Drey, Joe, cit. — Elle naît comme spontanément et n s. m. —nient.1 l’occasion des résistances ou des dont h— christianisme est l’objet. Elle est particu spéciale. C’est un mystère, tel que la sainte Trinité qu’elle venge du reproche de contradiction ; un dogme tel que l’infaillibilité du pape dont elle cherche et trouve les origines dans la tradition et l’Ecriture ; une loi disciplinaire, tel que le célibat 1 [ue, dont elle d loppe les motifs et les avantagi nt ou un 1 saint Chrysostome ou Innocent III, dont elle défend la mémoire. L’apologie emprunte aux ci ? 1, au temps et au lieu où elle parait, ses pnw ineiits et. parfois, —on succès ; souvent elle ne po pi— une valeur absolue, et parce que, suivant la parole d’Aristote, il n a point de senne.— du particulier, elle peut bien être une défense savante, mais elle n 1 —t pas une science.

Dirons-nous que l’apologétique est la théorie dont h s apolof orent les applications, ou un genre dont elles seraient le— 1 —p. 1 — —. ou une ne tbode qui en tiendrait les règles ? Ces affirmations ne poun émises sans explications ni réserve-. Il serait plus exact de lappeler une apologie générale, puisqu’elle coordonne les preuves du christianisme ; il est vrai qu’élit les règles et fournit les armes qui assurent et rendent efficace la défense religieuse, mais elle s’attache aux faits principaux, aux vérités fondamentales ; elle retraci grandes lignes, précise le sens et la portée des principes qui (’éclairent, des lois qui la dirigent, des matériau qu’elle emploie et met en œuvre. A l’aide de la critique elle les éprouve, distinguant le vrai du faux, l’important de l’accessoire, distinguant ce qui est opportun, actuel, décisif ou délinitif. de ce qui est déplacé, suranné, insuffisant ou transitoire. Fruit de la réflexion, elle a du croître progressivement et lentement, et, en effet, elle se montre postérieure à l’apologie, tandis que celle-ci est aussi ancienne que le christianisme est inséparable de sa prédication. L’apologétique ne s’est guère constituée qu’au siècle dernier, et l’on peut dire qu’elle est encore en voie de formation. Pourtant, parce que son ambition légitime est de produire dans les.’mies la certitude, elle est à proprement parler une science.

III. L’apologétique doit être rangée dans le groupe des sciences théologiques.

Au premier abord, il semble qu’il faille la rattacher plutôt à la philosophie, car c’est la nature, l’histoire, la raison qui lui apportent les réalités, les événements et les idées, dont elle garantit la certitude, qu’elle assemble par un lien logique, qu’elle dispose dans un ordre hiérarchique et dont elle extrait et déduit les preuves qui constituent, par leur ensemble, une démonstration évidente du christianisme. Tout au rebours, la théologie reçoit ses principes de la révélation : son objet est le dogme formulé et proposé par l’Eglise, qui puise elle-même sa doctrine aux sources de l’Écriture et de la tradition.

La théologie suppose la foi dont elle expose, enchaîne, développe, continue, féconde les enseignements ; I apologétique essaie de rendre la foi possible, de la montrer raisonnable et obligatoire. Les principes, ), — la théol. g n’ayant de valeur que pour le croyant, ne s’adressent aux infidèles ; l’apologétique s, , propose principalement d’éclairer et de convaincre les incrédules. (".pendant l’opposition n’est qu’apparente ; la raison, en effet, bien loin d’établir une divergence et une séparation entre l’apologétique et la dogmatique, 1 —t la faculté qui les unit ; car, si elle est indispensable a l’apologiste pour construire ses arguments, elle n’est pas moins essentielle au théologien pour tirer des majeures ou mineures révélées des conclusions qui enrichissent le trésor de la foi. lj. non seulement, la science de l un et de l’autre est raisonnante et discursive, non seulement ils emploient le même instrument dans la recherche de la vérité : la dialectique ; mais ils envisagent souvent des objets identiques : 1e surnaturel, Jésus-Christ, l’Eglise ; seulement, tandis que l’apologiste admet le magistère de l’Église à cause de Jésus qui l’a institué, proclame la mission divine de Jésus à cause du témoignage de Dieu lui-même, qui l’a surnaturellement révélée, affirme l’existence et l’autorité’de la révélation à cause des miracles et des prophéties qui lui donnent pour garants la science et la puissance divines, connaît enfin les attributs de Dieu par la raison capable de s’élever des créatures au créateur, le théologien suit un ordre inverse : c’est l’Église, qui est la règle prochaine de sa foi, en lui proposant la révélation divine, et c’est par elle qu’il connaît la personne de Jésus, l’ordre surnaturel et la nature de Dieu.

Il y a donc un rapport évident entre l’apologétique et la théologie, non pas que la première puisse être nommée la source de l’autre, puisque leur raison formelle est absolument différente, l’une procédant de faits expérimentaux et de principes rationnels, l’autre des vérités révélées, mais parce que la révélation n’est certaine et sa transmission assurée qu’après démonstration rationnelle, l’apologétique est tout au moins la condition absolument nécessaire de la théologie. Kleutgen, qui lui attribue ce caractère, Théologie der Vorzeit, Munster, 1853-18/i, p. 553, se refuse à aller plus loin et ne veut pas qu’on l’appelle principe ou fondement de la théologie : elle n’est point principe, puisque les arguments de la science sacrée ne sont pas des spéculations rationnelles ; elle n’est pas fondement, car celui-ci n’est pas de même nature que l’édifice dont il est la base. A ces scrupules, qu’ils jugent excessifs, Knoll, Schwetz, Hettinger, Jansen et autres, opposent la distinction qui existe entre fondement et source, principe et germe. Les eaux d’un fleuve sont identiques aux eaux de la source, mais une maison peut être composée d’autres matériaux que ses fondations, un germe produit un être par un développement naturel, mais on peut légitimement désigner sous le nom de principe tout ce qui concourt à l’existence, à l’évolution ou à la connaissance d’un être. Ces considérations paraîtront plus claires et mieux justifiées dans la suite de cet article, mais, dès à présent, on peut dire que, si la théologie peut être comparée à un temple, l’apologétique est, à la fois, la base solide sur laquelle reposent les nefs, le sanctuaire, les coupoles, le clocher ; les contre-forts extérieurs qui soutiennent les murailles, le porche et le vestibule par où l’on pénètre dans l’édifice de la prière et de la vérité.

IV. L’apologétique est une démonstration du christianisme. —

C’est la forme définitive qu’elle tend à prendre de plus en plus ; sa fonction principale est une justification : la défense et l’attaque sont les espèces de la polémique, ne sont, que secondaires et presque accessoires, surtout moins rigoureusement scientifiques, En ce premier sens, l’apologétique est dite irénique, expo-Bilive et positive, car elle n’affecte pas les allures du combat, elle définit, elle déduit, et c’est par voie directe qu’elle établit la vérité du christianisme. Son but est de révéler le trésor de la révélation, non de le proléger ; sa t iche est accomplie lorsqu’elle l’a enveloppé de lumière et rendu visible à tous les yeux.

Considérée sous cet aspect, l’apologétique est désisous divers noms. C’est, pour un grand nombre de théologiens du xviik siècle suivis par l’erroné, Schouppe, Lahousse, lional. etc., le Traité de la vraie religion ; Eigliara la nomme : Propédeutiquc à la doctrine tærée. Les titres : Introduction « la théologie (Thomas Esser, 0. P.), Prolégomènes, ont le même sens, mais ils semblent peu propres à désigner une science distincte et constituée. Il semble que détnonitration chrétienne el démonstration catholique ne conviennent pas absolument, car ces mots ni ; distinguent pas suffisamment l’apologétique de la dogmatique, et présentent le grave inconvénient de laisser supposer que les dogmes proposés par le christianisme et définis par l’Eglise sont en eux-mêmes un objet de démonstration proprement dite. Le terme de théologie générale ferait croire qu’elle est un genre dont les divers traités de théologie spéciale, dogmatiques ou moraux, seraient les espèces. Raphaël Pacetti la nomme logique théologique, et l’abbé Jules Didiot logique surnaturelle. Ces auteurs, le second surtout, prétendent établir une relation étroite entre la philosophie et la théologie. La science sacrée se composerait, de même que la science rationnelle, de logique, métaphysique et morale ; seulement la première aurait pour objet l’ordre surnaturel, la seconde l’ordre naturel. A ce point de vue, la logique étant l’art d’arriver au vrai, il doit exister une logique surnaturelle qui nous conduit à la vérité révélée. Cette théorie est ingénieuse et juste, mais ce titre est trop général, un peu vague, et désigne surtout un ensemble de règles formelles qui n’enveloppent pas tout le contenu de notre science. La nommer avec Drey, Stôckl et Gutberlet : Apologétique, c’est prendre le genre pour l’espèce, car rien n’est plus distinct, ainsi que nous allons nous en convaincre, que l’apologétique irénique et l’apologétique polémique. Pour ces motifs, nous préférons le nom de théologie fondamentale (Schwetz, Ottiger). Quævis sane scientia, dit Knoll, ut rite constituatur, solido fundamento indiget. Cognoscere nimirum oportet in primis illius tunt principium constitutivum seu fontem, tum pravcipium regulativum seu modum, quo veritates pertraclandse hauriri debeanl. — Si autem de disciplinis agatur, quse theologise specialis parles officiunt, harum principiun constitutivum est ipsa revelalio divina, principium autem regulativum primarium est infallibilis Ecclesise auctoritas, et secundarium est ratio humana. lnstitutiones theologix dogmatiese generalis seu fundamentalis, Inspruck, 1852, p. 28. C’est donc une science des fondements de la vraie religion, une théorie des principes qui servent à établir l’existence d’une religion surnaturelle, la vérité de la révélation chrétienne, la légitimité, la nécessité de la forme sociale qu’elles revêtent dans le catholicisme et qui subsiste une et vivante dans l’Eglise de Jésus.

V. L’apologétique défend le christianisme contre ses ennemis. —

Historiquement, il en a ; psychologiquement et moralement, il doit, en avoir. Repousser leurs attaques est le rôle de l’apologétique polémique, défensive, négative. Elle est plus ancienne, plus générale, plus mobile, plus variée, plus populaire que la théologie fondamentale ; mais elle est éparse et dépourvue de l’unité rigoureuse qui caractérise celle-ci. On comprend, en effet, que les aspects sous lesquels on peut envisager la religion sont innombrables : dogmes, préceptes, rites, suggèrent des difficultés et des objections, renferment des obscurités, présentent des antinomies apparentes qu’il faut dissiper et résoudre. Il n’est point de branche de la science sacrée que l’apologétique polémique ne doive dégager et soutenir. Les solvuntur objecta des traités classiques sont l’indispensable complément de la théologie scolastique ; la démonstration d’une thèse exige la réfutation de l’antithèse, et les preuves d’une vérité s’affermissent par les arguments qui repoussent l’erreur. — En théologie positive, l’apologétique doit sauvegarder les text » 6 par une sévère méthode critique, permettant de repousser les attaques contre l’intégrité ou l’authenticité d’un témoignage doctrinal ou historique, conlre la sincérité et la compétence de son auteur. — En exégèse biblique, combien de questions naissent et pullulent autour des théories sur la canonicité ou l’inspiration des Livres saints ? — En histoire ecclésiastique, combien de discussions s’élevonl sur l’aposlolirité des Eglises. l’influence ou la sainteté des papes, etc. On voit qu’il est impossible d’assigner des cidres à la polémique religieuse, de prévoir les points de vue auxquels elle devra se placer, de déterminer ici qu’elle

devra remplir, el lurtoul de la séparer un même de la distinguer de telle ou telle science théologique dont elle (ail partie.

Y a-t-il an Jésus-Christ deux votant i ! La noi elle vraiment un sacrifice ? Questions d’apologétique contre les monothélitea, les protestants, mais aussi thèses de dogmatique. — La virginité a-t-elle fait tort

m mariage ? L’Église condamne-t-elle le prêt à iatén i

Questions de controverse entre tes théologiens d’une part, les économistes et les historiens d’autre part, mais auS81 thë8es de morale. — (.’histoire de.louas, les sources du Pentateuque appartiennent au cours d’Écriture sainte, mais elles sont un terrain de combat où se rencontrent avec les catholiques les rationalistes ou les hpei critiques. — L’Église a-t-clle aboli l’esclavage ; a-t-elle entretenu et produit peut-être les ténèbres qui environnaient certaines questions au moyen âge ? Le pape Honorius s’est-il trompe’? — A l’historien de l’Eglise qui traite directement ces questions, l’apologiste emprunte les résultats définitifs de ses recherches pour les opposer à ceux qui diraient avec Leconte de Lisle : « Le christianisme n’a jamais exercé qu’une influence déplorable sur les intelligences et sur les mœurs. » Histoire populaire du christianisme, Paris, 1871, p. 140. Ces exemples suffisent pour montrer que les limites sont imprécises qui séparent le domaine apologétique de celui où se meuvent les sciences dont la théologie est la reine.

Quelques auteurs, parmi lesquels M. Duilhé de Saint-Projet, Apologie scientifique de la foi chrétienne, 4e édit., Paris, 1897, p. 78, distinguent l’apologie, la controverse et la polémique. La première est dirigée contre les infidèles ; telles les principales œuvres des Pères des premiers siècles ; on peut rappeler comme un modèle la Cité de Dieu de saint Augustin, cette démonstration de la providence qui agit visiblement par les invasions barbares contre le monde romain oppresseur et corrompu, vainement protégé 1 par ses faux dieux ensevelis dans les ruines de la patrie. — La controverse défend contre les dissidents et les hérétiques l’unité et l’intégrité de la foi ; telle cette merveilleuse Histoire des variations, où Bossuet dénonce l’inévitable morcellement et la nécessaire confusion des doctrines protestantes. — Enfin, au sein de l’Église, exerçant un droit très légitime et contribuant aux richesses et aux progrès de la théologie, des écoles se sont constituées autour des systèmes élaborés par des hommes de génie pour élucider ou expliquer des problèmes obscurs : telles les discussions sur la manière d’entendre l’efficacité de la grâce entre le dominicain Thomas de Lemos et le jésuite Grégoire de Valentia, pendant les séances des congrégations de auxiliis.

VI. Définition. —

Ces considérations suffisent pour nous permettre une définition. L’apologétique est cette partie de la théologie qui traite scientifiquement de la justification et de la défense de la foi chrétienne.

VII. BUT DE L’APOLOGÉTIQUE. —

Kn résumant le dessein de son poème de La religion par ces paroles bien connues :

La raison dans mes vers conduit l’homme a la fol,

Louis Racine exprimait la fin principale de l’apologétique. Elle doit conduire l’homme à l’acte de foi. Nous étudierons au mot loi la nature de la foi surnaturelle et les rapports des motifs de crédibilité, fournis par l’apologétique, avec l’acte de foi surnaturelle. Cependant ceui

qui, ne tenant point Compte du Caractère surnaturel delà

loi divine, considèrent seulement le caractère générique

qui est commun à la foi divine et aux autres croyances,

nous demandent aussi comment I apologétique produit

la toi. il convient de répondre ici à leur question. Mais « toute action générique ou générale de foi ou de croyance,

pouvant s appliqui r en même temps a la foi catholique, a la loi surnaturelle, i la foi humaine, a la croyance en Dieu, a la loi historique, a la foi de la raison en i Ile-même, etc., toute notion de ce genre est htalen un nid d’équivoques » . P. Gaudeau, / et le besoin de - note I. D

les anciens traité- de logique, la f..i était ladle

à une vérité ou à un l’ait sur l’autorité d’un témoin. Aujourd’hui on dirait plus volontiers avec M. Paul Janet : i J’entends par crovance toute forme de conviction qui ne dépend pas exclusivement de la raison et de l’examen, et qui est l’œuvre commune du sentiment, de la raison et de la volonté que et de psy chologie, Paris, 1887, p. 7-2. C’est a peu près en sens qu’il faut entendre le mot Glauben dans la philosophie kantienne. La foi est opposée à la sce comme la raison pratique a la raison pure, et M. Ch I nouvier cite en l’approuvant, en l’admirant, la définition de ce philosophe : La foi est un état moral de la raison, dans l’adhésion qu’elle donne aux ch inaccessibles à la connaissance, i Phil. analytique de l’histoire, Paris, 1897, t. m. p. il7. D’où la tendance d’un grand nombre de nos contemporains à soustraire les motifs de la foi au jugement intellectuel. « La foi D allaire ni de raisonnement, ni d’expérience. On ni montre pas la divinité du Christ, on l’affirme ou on la nie : on y croit ou on n’y croit pas, comme à l’immortalité de l’âme, comme à l’existence de Dieu… On croit parce que l’on veut croire, pour des raisons de l’ordre moral, parce que l’on sent le besoin d’une règle et que ni la nature ni l’homme n’en sauraient trouver une en eux. » F. Rrunetiere, La science et la réligû 1893, p. 59, et note de la p. 62. A son tour, M. E. Faguet dit : « L’idéal ne se prouve en aucune façon ; on ne l’aime qu’en y croyant, sans aucune raison d’y croire, ce qui est proprement un acte de foi. L’acte de foi consiste à dire : Je crois parce que j’aime. » La religion de nos contemporains, dans la Reçue bleue, Il janvier 1896. Avant lui, M. J. Lemaitre : « La vérité de la religion catholique ne se démontre pas. Car s’il des dogmes et des m ; stères, on ne saurait croire au surnaturel pour des motifs rationnels : cela implique contradiction. Et s’il s’agit de la révélation considérée comme un fait historique, j’ai rencontré des ecclésiastiques qui reconnaissaient que, pour un esprit muni de critique et non prévenu par la grâce, il peut y avoir, à la rigueur, autant de raisons de rejeter ce fait que de l’admettre. » Les contemporains, Il « série : /--’P. M sabré, Paris, 1891, p. 128. On reconnaît la doctrine tideiste de Lamennais : « Quand la vérité se donne, l’homme la reçoit : voilà tout ce qu’il peut, encore faut-il qu’il la reçoive de confiance et sans exiger qu’elle montre ses titres, car il n’est pas même en état de les vérifier. « Pensées diverses. Paris, 1841, p. 488. A ces affirmations, il faut répondre avec le cardinal Pie : < Qu’une chose doive être crue, ce n’est pas la foi qui le voit, c’est la raison. Seconde instruction synodale sur les erreurs du temps présent. Discours et instructions aies. Poitiers. 1860. t. iii, p. 209, note, et avec M " d’Hulst : « La foi est… un assentiment donné a la parole de Dieu… mais avant de se donner, le rrov.int a besoin de s’assurer que Dieu a vraiment parle que Dieu enseigne, je dois le croire ; mais la question de savoir si Pieu a enseigné est une question de fait, et l’enquête que j’institue pour la résoudre est d’ordre rationnel. » lier. <lu cierge français, l, r fév. 1805, p

la traduction des paroles si souvent r : décisives du docteur angéliqne : ///< qui crédit… non crederet msi viderai ea [que crédit denda, te/

propter evidentiam signorum, vel propter alùjuid ejut modi. Surn. theol.. Il » II*, q. I. a. i. ad 8° ". Mais il importe de fixer le sens du mol : videret. De quelle vision est-il question ici ? L’apologétique produit-elle l’évidence ? Si oui, que devient la liberté de l’acte de foi et l’obscurité de son objet ? Si non, de quel droit affirmer que la croyance engendre la certitude ? D’une part elle serait un assentiment forcé, de l’autre une simple opinion. — Pour résoudre cette apparente antinomie, quelques remarques sont nécessaires.

1. L’apologétique n’impose pas la foi ; elle la propose. Elle ne la présente pas comme la conclusion inévitable d’un syllogisme, comme la conséquence inéluctable d’une démonstration. Il est très vrai que celle-ci est d’ordre naturel tandis que l’adhésion est de l’ordre surnaturel ; il n’y a pas confusion, il ne peut y avoir continuité entre ces deux ordres, comme si le plus élevé était le prolongement de l’autre. Cette doctrine repose sur la parole de l’Apôtre : Gratia enini estis salvati per /idem, et hoc non ex vobis : Dei enim donum est, Eph., il, 8, et le second concile d’Orange l’a définie contre les semipélagiens : Si quis sicut augmentum, ita etiam initium fidei ipsumque credulitatis affection… naturaliter nobis inesse dicit, apostolicis doginatibus adversarius approbatur. Can. 5. Denzinger, Enchiridion symb. et def., n. 148.

2. L’apologétique produit la certitude. L’Église l’aflirme à plusieurs reprises ; on connaît la 21e proposition condamnée par Innocent XI : Assensus fidei supernaturalis et utilis ad salutem stat cum nolitia solum probabili revelationis, imo cum formidine qua quis formidet ne non sit locutus Deus. Denzinger, op. cit., n. 1038. Et les Pères du concile du Vatican, établissant l’existenoe des preuves extérieures de la révélation, les appellent : divinx revelationis signa certissima et omnium intelligentite accommodata. Const. De fide, c. iii, § 2. Mais la certitude n’est un état d’esprit légitime que si elle est engendrée par l’évidence. Seulement il faut distinguer deux sortes d’évidence. L’une, qui est intrinsèque, est produite par l’intuition ou la démonstration de la vérité. Elle peut avoir pour objet un fait (l’existence du soleil expérimentalement connu) ou un jugement (Dieu est parfait). L’autre, qui est extrinsèque, repose sur un témoignage dont il est impossible de contester la valeur, par exemple : Charlemagne a existé ; la proposition qui l’énonce ne s’impose pas à l’esprit par elle-même, puisque le sujet et l’attribut ne sont pas nécessairement liés, et la vérité énoncée n’est pas objet d’intuition, puisque aucun homme aujourd’hui vivant n’a pu connaître expérimentalement cet empereur. Cependant, de même que la réalité du soleil résiste aux raffinements de l’idéalisme, que la perfection de Dieu déjoue les sophismes du scepticisme, l’existence de Charlemagne est incontestable, malgré les subtilités de la critique. On peut donc attribuer à cette proposition : Charlemagne a existé, le caractère d’être un l’ait nécessairement intelligible, c’est-à-dire, en un certain sens, évidente, mais parce que son objet demeure caché et que les raisons d’adhérer sont extérieures à ce qu’on affirme, cette adhésion est une croyance, c’est-à-dire requiert l’intervention, l’empire de la volonté. Or il en est ainsi (1rs vérités révélées. Car, en effet, malgré la lumière qui, du dehors, enveloppe le dogme, celui-ci , en lui-même, surnaturel ou mystérieux ; donc, inaccessible. Ce qui est nécessairement intelligible, c’est-à-dire (’vident, ce n’est pas le jugement qui l’exprime mais celui qui l’impose à la croyance, et encore faut-il observer que cette évidence étant de l’ordre moral implique l’action de la liberté. C’est bien une certitude, pourtant, qui est produite dans l’esprit, une certitude lie, en prenant ces mois, non au sens large s. jus lequel on désigne la conviction pratique suffisante pour agir d’une manière raisonnable, prudente, humaine, mais au sens strict et proprement dit, une vraie certitude qui se ramené, en dernière analyse, aux attributs mêmes de Dieu, et donc, à la certitude métaphysique. Néanmoins cette évidence est loin d’être contraignante et nécessitante. Il ne pourrait en être ainsi que si la crédibilité de la révélation était intuitivement et immédiatement perçue. En ce cas, la volonté n’aurait aucune fonction à exercer dans l’acte de foi. Mais, tout au rebours, l’acte de foi n’est même pas la conclusion logique de prémisses établies par la raison, car ce n’est pas à cause des motifs de crédibilité que nous croyons ; c’est uniquement à cause de l’autorité du Dieu très sage et très vérace qui est l’auteur de la révélation. Or ce Dieu n’est pas objet de vision en ce monde et la démonstration de l’objet formel de la foi, de l’autorité de Dieu qui révèle et de l’existence de la révélation exige un long raisonnement, un ensemble complexe de faits, d’idées, d’arguments qui s’unissent et s’enchaînent dans une série. Que l’attention fasse défaut, que les préjugés offusquent l’esprit, que les passions troublent le cœur, l’énergie de la volonté devra fixer l’attention, dissiper des préjugés, calmer et dompter les passions. Et ce n’est pas son seul rôle, car ces nombreuses vérités expérimentales ou rationnelles qui se fortifient, se complètent, semblent parfois s’opposer et tout au moins s’enchevêtrer et se confondre, l’intelligence ne les saisit pas toutes ensemble. La clarté des unes se voile à mesure qu’augmente l’éclat des autres, celles qui, nouvellement acquises, émergent et se dressent en relief devant la conscience, relèguent les plus anciennes dans l’oubli. Il faut donc choisir entre elles ; c’est l’office de la volonté libre. Mais comment y est-elle déterminée ? — D’après un théologien éminent, le R. P. Schwalm, il faut dire que la volonté tendant au bien, comme l’intelligence au vrai, rien n’est objet de vouloir qui ne soit offert sub ratione boni. — Or, comme tout ce qui est vrai est bon [verum et bonum convertuntur), la vérité, en même temps qu’elle sollicite l’adhésion de l’intelligence, louche et meut la volonté dont l’rmpulsion réagit sur l’intelligence elle-même pour fortifier et rendre décisifs ses jugements. Cette explication, qui est légitime, paraît insuffisante, puisqu’on peut objecter à son auteur que, la volonté étant aveugle par elle-même, doit être éclairée et guidée par l’intelligence. Cette ratio boni qui fait passer le libre arbitre de la puissance à l’acte, ce n’est pas la volonté qui l’aperçoit : elle ne cause pas les jugements qui la déterminent à l’action ; elle les suit, librement, sans doute, mais naturellement. Cf. dans le Compte rendu du congres scientifique des catholiques, tenu à Fribourg, 1897, les remarques des PP. Portalié et Gaudeau sur la théorie du P. Schwalm, Section de philosophie, p. 12. Il faut que l’acte de foi soit rationnel, donc intellectuel, puisqu’il a le vrai pour objet. Voici donc comment on pourrait décrire le jirocessus dont il est le terme : l°les preuves extrinsèques et intrinsèques démontrent que Dieu a parlé, de telle sorte que cette proposition, bien que n’ayant pas les caractères de l’évidence mathématique, se présente à l’esprit comme imposant son adhésion au nom des lois de la prudence ; 2° l’adhésion prudente est un bien pour la volonté ; elle s’y attache donc comme à l’exercice d’une vertu et y incline l’intelligence comme à un acte que celle-ci doit accomplir ; 3° sous l’empire de la volonté, l’intelligence à laquelle l’objet de son adhésion s’était présenté comme croyable (credibile), tandis qu’il mouvait la volonté comme devant être cru (credendum). émet son jugement sans crainte d’erreur. Car il est évident, pour elle, qu’il y aurait contradiction à ce qu’une adhésion imposée universellement et absolument à tous les hommes comme un moyen de salut, c’est-à-dire de perfection et de bonheur, put être erronée. La conséquence répugne à la sagesse et à la bonté divines et autorise le défi que Richard de Saint-Victor adressai ! à la providence : Ni error est, ’l’ion credimus, a tedecepti tumus. De Trinitate, i. 2, /’. /.., t. c.xcvi, col. 891.

Cet enseignement se retrouve chez les Pères et les docteurs. La légèreté, la témérité d’une croyance qui ne reposerai ! pis sur un fondement inébranlable est réprouvée par Tertullien : il condamne sévèrement ceux (pu admettent une doctrine sans éprouver son origine, et préconise comme une disposition essentielle la résolution de ne rien admettre sans preuve : Nihil intérim credam niêi nihil tanière credendtun. Temere porro credi quodcumque tine originû agnitione ereditur. Adv, Marcion., v, I, /’. L., t. n. col. 168. A la raison, et a elle seule, l’objet de fui est proposé : Credere non poisemus, wisi animai ralionales haberemus. S. Augustin, Episl., cxx. i</ Consentium, P. P., t. xxxiii, col. 153. I.a croyance n’est donc pas une tendance fatale, un instinct aveugle, mais un acte rationnel. A certains égards, elle est une vision, en tant que la lumière de la crédibilité enveloppe tous les dogmes. [Dogmata] in gênerait, tub communi ratiune credibilis, sic sunt visa ab eo qui en-dit. S. Thomas, Sum. theol., II » IIe, q. i, a. i, ad 2um..Mais cette vision ne les transforme pas en vérités scientifiques : on les croit parce qu’ils sont vrais, mais ils n’apparaissent vrais que parce que la croyance en est justifiée. Creditur aliquid sub ratione veri, videtur autem sub ratione credibilis. Suarez, De fuie, disp. IV, sect. il, n. i. Un commentateur de saint Thomas a très heureusement précisé la question qui nous occupe : Miraculorum operalio, non sir confirmât fidem cltristianam, qtiasi particularité ! ’videre faciant ea quse sunt fidei vera esse… sed movent voluntatem eo fine, ut videns ea velit credere. Ex illis enim judicatur convenions credere fidem prædicanti quia ostendunt in universali, vera essequae prsedicantur. François de Ferrare, In Contra gentes, i, 6. C’est l’opinion de Cajetan : Est differentia inter videre aliquid esse scibile et videre aliquid esse credibile… non habetur certo evidentia quod ita sit, habetur tametsi evidentia quod ita esse est credibile et judicabile absquealterius partis formidine. Comment, in II* II*™, q. i, a. 4. On comprend comment, d’une part, il est incontestable, ainsi que l’affirme l’Église, que les motifs rationnels ne sauraient imposer l’assentiment dogmatique, et, d’autre part, que la crédibilité de la révélation est évidente. Est assertio certa, dit Suarez, ibul., sect. iii, n. 1, de qua nullus catholicus dubitare potest. Tels nous semblent être les rapports de l’apologétique et de la croyance : ils justifient et éclairent cette formule contestée parce qu’elle fut incomprise : « La raison conduit l’homme à la foi. »

Prhrader, De theologia generatim commentarius, Poitiers. lhT’i ; HettiDger, Lelirbuch der Fundatnental-Theologie oder Apologelik, Fribourg-en Bris^au, 1888, traduit en français par l’abbé Belet, Paris, 1888 ; J. Ottiger, De revelulione supernaturuli ; Isagoge dans Theologia (tmdatnentalis, t. i, Fribourg-i n-Brisgau, 18H7, p. 1-34 ; Drey, Apologétique (article du Dictionnaire de théologie de Wetzer ctWelte, traduit | ar Goschler, Paris, 1858) ; F. Lichtenberger, Apologétique, dans V Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1877 ; Didiot, Logique surnaturelle subjective, 2° c’dit., Lille, 189’» ; Vacant. Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, 2 vol., Paris, 1805 ; R. P. Uainvel, La foi et l’acle de foi, in-12. Paris, 1898 ; Dictionnaire apologétique, Paris, 1909, t. i. cd. 189-191.

L. Maisonnevve.



II. APOLOGÉTIQUE. Objet.
I. Démonstration chrétienne.
II. Démonstration catholique
III. Lieux théologiques.
IV. apologétique négative.

Les questions que traite l’apologétique positive sont abordées en trois traités : la révélation, l’Église, les lieux théologiques, qui constituent ce qu’on a désigné sous le nom de théologie fondamentale ou d’introduction à la théologie. Elle comprend la démonstration chrétienne, la démonstration catholique, les sources du dogme ; elle développe ces trois propositions : Un homme raisonnable doit être chrétien ; — un chic lien logique doit être catholique ; — un catholique doit recevoir par le ministère de l’Église les règles de sa croyance et de sa conduite.

I. Démonstration chrétienne.

C’est le traité de la

vraie p ligion. an sujet duqm l

questions préliminaii

I. DÉMONSTRATION PRÉLIMINAIRE DE VÉRITÉS RATIONNELLES.

Faut-il supposer ou démontrer les rationnelles, conditions essentielles de la foi ? La naissance humaine, l’Ame spirituelle et libre, l’existence et les attributs de Dieu font-ils partie intégrante de l’apologétique ? —Au point de vue scientifique et rigoureux, nous devrions répondre négativement ; au point de vue pratique et pour que la démonstration soit pleineroi nt persuasive, nous n’hésitons pa^ a approuver ! > qui font précéder la théologie fondamentale de notions métaphysiques et psychologiques, sans lesquelli traité de la religion nous semble dépourvu de 1 Caries théologiens et les philosophes n :.t et proclament qu’en ce siècle, plus encore qu’an tempe Fénelon : « Ce qui manque à beaucoup de personne n’est pas tant la religion que la raison ; or celle-ci perdue, il est impossible de retrouver celle-là. En ce désarroi des doctrines, en cette multiplicité témes, il faut distinguer les manières de penser incompatibles avec les croyances chrétiennes, et démontrer qu’elles sont illégitimes, parce qu’elles recèlent une contradiction fondamentale. Une justification des vérités élémentaires est donc l’œuvre préalable de l’apologiste. File portera sur divers points :

1. Théorie de la connaissance. —

On sait que plusieurs réduisent la philosophie tout entière a l’épistémoli la vérité n’est plus adxqualio rci et intellectus, mais seulement l’accord de nos concepts entre eux, et la cohérence du contenu de notre pen Appliquer les catégories de l’esprit aux données de l’expérience reçues et élaborées dans les formes subjectives de l’espace et du temps, c’est la seule ambition proposée, la seule biche possible à la raison. Ne faut-il pas revendiquer et rétablir l’objectivité de nos connaissances et, sans méconnaître ce qu’il y a en elles de forcément relatif, ce que l’activité de l’esprit produit d’original, de personnel dans la sensation et la pensée, n’est-il pas indispensable de soutenir et de démontrer qu’il existe des êtres hors de nous, qu’ils sont ace blés à nos facultés de connaître, que de notre esprit ne dépend pas la nature des choses, que c’est vraiment l’évidence, l’éclat de la vérité perçue qui engendre nécessairement la certitude’.'

Sans doute nous sommes en présence de vérités indémontrables, pour lesquelles les arguments sont inefficaces et heureusement inutiles, puisque aucune démarche intellectuelle, depuis celle qu’exigent les actes ordinaires et vulgaires jusqu’à l’essor hardi des plus hautes spéculations métaphysiques n’est possible, si elles ne sont pas admises et assurées, Mais qui oserait dire que des explications, des rapprochements, des analyses ne projettent pas leur lumière sur ces vérités, et ne dissipent pas h s sophismes qui les altèrent, ou les préjugés qui les obscurcissent ?

D’autant plus que les moyens d’arriver au vrai étant très différents, suivant qu’il s’agit d’un objet d’intuition ou de raisonnement, d’expérience ou de témoi règles de la logique et de la critique devront étr* rappelées, expliquées au théologien ou au croyant, qu querait de s’abuser en cherchant une évidence mathématique là où une évidence morale est seule de mise, ou, tout au rebours, de se contenter d’arguments probables là OÙ sont requises des preuves apoclietiquc-. <t de 1 confondre les opinions fugitives et variables l’inébranlable certitude. M. le chanoine Didiot a cru cette entreprise nécessaire, et dans son volume intitulé Logique surnaturelle objective, Lille, 1 s* » l. il a com plusieurs théorèmes à cette objectivité de OOS connaisanecs., , pleinement intelligible, entièrement lumineuse. totalement évidente. Thé-or. II et 111. Ainsi peuvent et doivent être écartes 1 ilidllk IclKV dC8 sceptiques, pour lesquels aucune vérité n’est absolue, aucune connaissance définitive, et qui allient les notions opposées dans l’illusoire unité d’un jugement dont les termes se contredisent ; les raffinements des idéalistes dont la dialectique trompeuse ramène la réalité aux combinaisons et aux jeux de la pensée, à un songe, à une ombre ; les subtilités des phénoménistes qui refusent d’apercevoir la substance sous les accidents, et la réduisent à une série, à un enchaînement d’apparences dont la loi, établie par l’intelligence, demeure la seule et permanente réalité.

2. Vérités psychologiques. — L’apologiste devra poser les principes qui lui permettront de mettre en rapport la révélation chrétienne avec le sujet qui doit la recevoir, c’est-à-dire la connaître et l’embrasser ; ce sujet, c’est l’âme humaine. Si elle n’est spirituelle, elle ne s’élèvera pas au-dessus des données sensibles, et le monde supérieur de la foi lui sera fermé ; si elle n’est libre, l’obligation d’étudier et d’embrasser une doctrine surnaturelle ne peut lui être imposée ; si elle n’est immortelle, son activité bornée aux objets terrestres, n’ayant d’autre but que les biens, les plaisirs et les ambitions de la vie présente, se désintéresse naturellement et nécessairement d’un monde invisible et inaccessible, puisqu’elle n’aura jamais l’occasion de s’y exercer. La démonstration chrétienne implique donc une théorie spiritualiste et chrétienne de l’âme. Et, parce que la personne humaine est esprit et corps, les problèmes qui concernent le composé humain doivent être abordés, car de leur solution dépendent en partie les spéculations de la théologie sur l’action sacramentelle, la résurrection de la chair, les préceptes de la morale qui s’adressent non à un esprit séparé de la matière, mais à l’homme tout entier. Il est évident qu’on ne demandera pas à l’apologétique un traité complet sur cette matière ; elle devra se limiter aux notions indispensables et, pour atteindre tous les esprits, rester en dehors des systèmes, et n’aftirmer que les vérités connues par la raison avec certitude. Est-ce à dire qu’elle puisse rester neutre et se dispenser toujours de prendre parti entre les écoles ? Je ne le crois pas. Supporterail-on, par exemple, qu’elle admît, avec Locke que la matière peut être capable de penser, ou, avec Condillac, que nos idées ne sont que des sensations transformées ? D’autant plus qu’elle se trouve en présence d’une école nombreuse et bruyante de savants pour lesquels la psychologie n’est autre chose qu’une application ou une branche de la physiologie, et qui réduit son ambition à mesurer la rapidité ou l’intensité des actes psychiques. Certes, on ne devra point éconnaître la légitimité de la psychologie expérimentale, dont les principes et, jusqu’à un certain point, la méthode furent formulés par les grands scolastiques, et en particulier par saint Thomas d’Aquin ; les recherches auxquelles se livre la psycho-physique sont utiles, et les résultats qu’elle obtient très dignes d’intérêt. Mais, bien que l’activité mentale soit étroitement liée à nos états som itiques et dépende, dans la plupart de ses manifestations, des conditions physiologiques parmi lesquelles elle S’exerce, l’apologiste devra montrer qu’il faut se garder de considérer comme identiques les phénomènes qui ont le corps et l’esprit pour théâtre, et que la pensée apparaîtra de plus en plus, â mesure qu’on approfondira davantage sa nature, absolument irréductible au mouvement.

8. Tliéodicée.

La théologie surnaturelle suppose uni théologie naturelle qu’il appartient à la raison d’édifier. La révélation est une réalité extérieure et supérieure à l’homme ; elle est comprise par une intelligence créée ; clic est reçue dans une âme humaine ; elle vient de Dieu. Il faut donc s’élever jusqu’à l’Être infini de qui elle procède, et qui l’octroie à la créature comme un don gratuit. Nous sommes en présence des traditionalistes dont on connaît les oppositions et les résistances. Voir Traditionalisme et Fidéisme. Sans les réfuter ici directement, il faut bien dire qu’on retrouve leurs affirmations en des ouvrages contemporains dont les auteurs s’imposent à l’attention et à la reconnaissance des catholiques par la sincérité, les services et le talent. Car dire, avec un des plus autorisés : « On ne démontre pas l’existence de Dieu… on y croit ou on n’y croit pas, » c’est bien la formule exacte du fidéisme. Mais, puisque l’essence divine n’est pas objet d’intuition, puisque l’existence de Dieu n’est pas un fait d’expérience, il faut bien que la proposition qui l’affirme soit la conclusion d’un raisonnement, si l’on ne veut confondre la croyance avec une tendance instinctive, une opinion personnelle et subjective qui demeure vague, indéterminée, impression personnelle, qu’Userait impossiblede communiquer â autrui. Il importe cependant que l’idée de Dieu soit précise, afin que l’Être infini demeure distinct et transcendant par rapport à tous les autres. Si l’on veut qu’il ne soit pas confondu avec l’ensemble des choses, le concept idéal du monde, ou la résultante des forces cosmiques, il faut dégager la notion qui l’exprime des rêveries monstrueuses du panthéisme ; s’il doit apparaître indépendant de tout ce qui n’est pas lui, et agissant avec une autorité suprême sur le monde, le dogme de la création doit être approfondi pour que, souverain maître de toutes choses, il les dirige vers la fin conçue par sa sagesse et voulue par sa bonté. C’est donc à juste titre que, par des méthodes diverses et sous des formes variées, saint Augustin, Bossuet et Joseph de Maistre ont insisté sur la démonstration de la providence. Là nous semble être le point fixe d’où l’apologétique doit partir, la vérité fondamentale sur laquelle s’appuient tous ses arguments, qu’ils impliquent comme une affirmation essentielle, sans laquelle ils demeurent inintelligibles et inefficaces.

Tels nous semblent être les préliminaires rationnels de la démonstration chrétienne, que l’on pourrait résumer en ces termes : L’homme peut connaître avec certitude, par l’univers dont il fait partie, un Dieu qui le dirige vers sa destinée immortelle.

II. de LA nEUGiox.

Dieu et l’âme étant connus dans leur existence et leur nature, une relation naît entre eux, que l’on a appelée la religion. On ne met guère en doute, aujourd’hui, la réalité du phénomène religieux, irréductible à tous les autres, qui, naissant des profondeurs de la nature humaine, aflleure à sa surface comme expression supérieure de son activité. Mais la religion est pour les positivistes la manifestation primitive de nos aspirations supra-sensibles, l’état dans lequel elle a constitué notre race a été remplacé successivement par la spéculation ou état métaphysique, par l’explication ou état scientifique. Pour les évolutionistes, elle est l’épanouissement d’un germe que l’on découvre dans les besoins de la vie animale et se développe par une dilférenciation et un progrès des tendances qui la constituent. Kant et ses disciples la réduisent au concept mystique de la moralité : la religion ne serait que le véhicule des préceptes qui imposent le devoir et une forme concrète de l’impératif catégorique, spécialement adaptée à l’intelligence des petits et des humbles. D’autres. avec Schleiermacher, la font consister dans le sentiment de notre dépendance à l’égard de Dieu, ou avec Jacobi, dans une affection pieuse sans objet précis. Innombrables sont les définitions des rationalistes modernes pour exprimer l’origine et les formes de ce phénomène religieux qui les déconcerte, et pour le ramener à un fait psychologique, purement naturel, qui s’accommode â tous les cultes et coexiste parfois avec l’athéisme luimê L’apologiste démêlera dans le concept complexe de la religion le système des vérités qui la constituent, I ensemble des préceptes qui en découlent, des rites par lesquels Dieu et l’homme sont lies entre eux ; dogme, éthique, culte, les éléments intellectuels, moraux et rituels qui la composent, doivent être uns en lumière pour

que la religion vraie ne puisse être confondue avec la philosophie, la morale, l’art ou ave* l( - pratiques, autrei universelles et encore subsistantes, de la n i i nécessité de la religion est une conséquence de la majesté divine, un bien qui résulte dea rapporta indispensables de la créature avec le bien infini qui est la On suprême, l’expression de la volonté parfaite qui nous impose sa loi, le lien social par excellence qui re dans l’unité la société des hommes entre eux et avec leur créateur, ainsi se constitue immuable, constante et universelle une religion naturel].’par laquelle Dieu est honoré el dont on retrouve l’ébauche et les traits caractéristiques, dans le temps et dans l’espace, bous les déformations et les altérations du polythéisme. C’est à elle qu’aboutissent comme à leur terme, les plus hantes spéculations des intelligences, les efforts les plus vertueux de la volonté, les meilleures aspirations du cœur, les institutions les plus parfaites de la vie sociale. La religion apparaît ainsi comme la plus magnifique lloraison de l’âme et de la cité. Voir RELIGION.

Mais n’y a-t-il pas une religion positive ? La raison et la nature sont-elles les limites des vérités qu’elle affirme, des devoirs qu’elle prescrit, des biens qu’elle promet ? L’ordre fondé sur nos exigences, nos forces et nos aspirations naturelles ne peut-il être dépassé’.' On répond à ces questions dans une partie spéciale de l’apologétique. /II. TBÉORIE DU SURNATUREL. — Plusieurs théologiens ont pensé que cette question ne pouvait être utilement abordée que dans le traité de la grâce, et, en effet, c’i si alors seulement qu’elle recevra tous les développements qu’elle comporte et sera envisagée dans toute son ampleur ; mais d’autres ont cru, avec Hettinger, Schrader, l’abbé Didiot, qu’il était au moins utile, sinon indispensable, d’indiquer les principaux éléments de l’ordre surnaturel, puisque la révélation n’a pas d’autre but que de le taire connaître. C’est lui qu’annonce la prophétie, que démontrent le miracle et les critères externes ou internes. Aussi bien dans le plan providentiel, c’est la fin qui occupe la première place, c’est vers elle que tout converge, c’est elle qui répand sa lumière sur tout le reste. Or la fin de l’ordre surnaturel, c’est Dieu contemplé face à face, non plus dans le miroir des créatures ou par les énigmes des analogies, mais sans intermédiaires et par la vue directe de son essence adorable ; Dieu possédé réellement et éternellement, sans mélange, Dieu aimé dans l’union intime des facultés de notre âme avec les adorables personnes de la sainte Trinité ; Dieu enfin communiquant pour toujours à ses créatures son amour et son bonheur.

Et puisque cette fin est évidemment et infiniment au-dessus de nos puissances, puisqu’elle dépasse nos forces, quelque développement qu’elles prennent, de quelque progrès qu’elles soient capables, puisqu’elle est située au delà de nos plus sublimes aspirations, elle ne saurait être atteinte sans des moyens proportionnés. Et d’abord, il est indispensable que la fin et les moyens soient connus : c’est l’objet même de la révélation dont il a plu à Dieu de nous enrichir.

IV. RÉVÉLATION 8URNATURBLLB. — Deux méthodes pourraient être proposées : on pourrait se borner à la méthode historique, c’esfré-dire exposer, depuis le protévangile ou la promesse d’un rédempteur faite à nos premiers parents après la chute, jusqu’aux isions de saint

Jean à Palmos conservées dans l’Apocalypse, les communications par lesquelles Iheu a fait connaître à l’homme.

dans l’harmonie et la hiérarchie de ces éléments, la

religion surnaturelle, le bienfait souverain de sa providence. La preuve serait suffisante et rigoureuse, puisqu’on ne peut rien alléguer contre un fait cit. un. Cependant la plupart des apologistes procèdent autrement ei font précéder la constatation historique reposant sur I, . i d’une théorie philosophique dont les

diverses parties sont empruntées à la raison. Cette mé offre a t esprit des notions clati qu’il

n’aura plus qu’à appliquer aux far.

1 ordre al. -trait a foi d’.. et qui lui permet)

le.li-e. de ment. ! la critique des do< une

nementa par lesquels la révélation nous elle présente encore l’avantage de réfuter, au préalable, les objections qui peuvent naitre devant la raison, d aplanir les difficultés qui empêcheraient la CTO]

dissiper l.-s obscurités qui offusqueraient hregard de l’esprit en lui démontrant comme possible ce qu’elk i

lui affirmer comme réel.

Cette théorie comprend : la notion de la révélation, ses modes et -’.n objet, sa convenance et ité,

l’obligation de la rechercher et d v adhérer ; lèsent externes et internes qui en sont les signes et les preu I. Notion de la révélation.

On sait combien il nécessaire et opportun de maintenir la notion traditionnelle contre le rationalisme qui s’est emparé des t protestantes et cherche à pénétrer dans n net tement et résolument, il faut séparer cette action dir et spéciale de la providence du d< ni pure-.

ment interne de certaines données rationnelles, d’une évolution progressive de germi s virtuellement contenus en lame humaine. A c.-s doctrines hégéliennes qui ouvrages de Pfleiderer et de M. Sabatier ont vulgaria il faudra opposer la manifestation surnaturelle faite par Dieu des vérités qu’il veut faire connaître a sa créature. L.-s unes sont naturelles en elles-mêmes mais surnaturelles quant au mode de leur manifestation et à leur fin religieuse ; d’autres sont inaccessibles et mystérieu Celles-ci seront l’objet propre et nécessaire de la communication revue par les hommes. Ni la nature de ceux-ci, ni l’aptitude et les droits de la raison, ni les attributs de llieu ne seront des obstacles pour la providence ; mais il y aura au contraire entière convenance entre les besoins et les aspirations de l’âme, 1 la puissance, la bonté infinies, et la révélation de vérités qui dépassent et enrichissent notre intelligence.

2. Mode et nécessité d, ’la révélation. — 1 sera opportun d’insister sur la révélation médiate ; non seulement celui auquel, par des imagi -. dea mots ou des, Dieu révèle une vérité ou prescrit une obligation destinées à l’instruction et à la conduite universelles, devient un médiateur entre Dieu et nous ; mais encore son témoignage nous est transmis par une autorité’: liere. Exiger une communication distincte et Sp pour chacun de Ceux qui sont appelés a la vie surnaturelle est une prétention intolérable qui méconnaît les droits de Dieu et oublie la nature sociale de l’homme auquel une révélation médiate est parfaitement appropriée. La révélation qui a pour objet des mjl indispensable, dans l’hypothèse d’une élévation à l’ordre surnaturel, puisque la créature est incapable de le connailre et d’y atteindre par elle-même. Mais la révélation

qui a pour objet des vérités naturelles nous est présentée comme très utile, pour rendre universelle, vraie et certaine, cette science de la loi naturelle. condition essentielle de vertu et de bonheur. En quel sens est-elle moralement nécessaire pour noti

dépravée par l’idolâtrie ? il est délicat et important de h"

déterminer. Une erreur, en cette matière, . jusqu’à l’hérésie l’impuissance humaine, et enlèverait

au surnaturel son caractère absolument libre.’t gratuit.

Bien conduite et sérieusement documentée, cette l

assigne a la raison.’t à la nature leur Vraie pUc rapport à la foi et a la grâce, maintient le droit des premières en faisant KSSOrtir le bienfait des SOCOnd fixe les relations qui les unissent.

.(. Critère » dr /.i révélation, — Hais comme il servirait de peu que l’humanité possédât le trésor des. rites

es, S’il était inaccessible, des notes.

critériums nous doivent être providentiellement

L’apologiste est ici en présence des revendications de 152*

APOLOGÉTIQUE (OBJET)

1526

la nouvelle école, pour laquelle les notes internes — c’est-à-dire celles qui sont inhérentes à la révélation, inséparables de son contenu — sont préférables ou même exclusives, tandis que l'école traditionnelle reste fidèle à la méthode des notes externes, qui éclairent par le dehors la révélation et l’affermissent en lui prêtant l’appui de signes manifestes qui sont liés à la manière dont elle nous est parvenue. Voir Apologétique (méthodes). Le miracle est une matière exigeant des développements et des précisions qui n'étaient pas à ce point indispensables, avant les étonnantes merveilles dues aux applications scientifiques et auxquelles le xixe siècle a dû sa direction et sa marque distinctive. Depuis Houtteville jusqu'à M. Sabatier, la notion en est altérée, et le mouvement contingentisle qui s’est manifesté et propagé dans la philosophie contemporaine nous apporte une confirmation aussi précieuse qu’inattendue. Contre ceux pour lesquels il est un effet insolite des lois cachées de la nature (méconnaissant ainsi l’intervention directe et l'élément divin qui le constitue) ; ou centre les raffinés qui en exténuent la réalité en le réduisant à la relation personnelle d’un fait religieux avec tel ou tel sujet qui, l’atteignant par une expérience interne, le considère comme un témoignage de l’amour spécial de Dieu, il faut revendiquer sa réalité objective et son origine surnaturelle : réalité établie par la critique historique, origine démontrée par la critique philosophique. A ceux qui nient sa possibilité, et que Rousseau voulait « enfermer » comme des aliénés, l’on rappellera que l’ordre de l’univers n'étant pas métaphysiquement nécessaire, la force qui l’anime n'étant pas infinie, sa perfection n'étant pas absolue, il est toujours loisible à Celui qui a créé le monde, de lui communiquer des degrés d'être, principes de grandeur et de beauté, pourvu que les essences des créatures qui composent l’univers ne soient en rien violées ni détruites. Enfin contre ceux qui prétendent « qu’il n’y a pas lieu de croire à une chose dont le monde n’offre aucune trace expérimentale » , E. Renan, Vie de Jésus, préface de la 13e édition, ou qui prétendent que « le miracle ne pourra jamais être constaté, … parce que la constatation suppose une connaissance totale et absolue que le savant n’a point et n’aura jamais, et que personne n’eut au monde » , A. France, Jardin d'Épicure, Paris, 1895, p. 202, il faut démêler les sophismes qui impliquent le complet scepticisme historique ou l’absolu scepticisme scientifique.

Des éclaircissements spéciaux sont exigés pour la prophétie, miracle de l’ordre intellectuel, qui suscite et suggère des difficultés métaphysiques ; d’autant plus qu’elle joue un rôle décisif dans l'économie du christianisme. Confondue avec de vagues pressentiments, une intuition du génie, une inspiration prise au sens artistique ou poétique, elle perd toute sa valeur ; elle n’est plus qu’une excitation spéciale, une exaltation de la sensibilité et un phénomène subjectif dont le hasard ou le parti pris expliquent seuls la réalisation. Il ne sera pas superflu d'éprouver la notion qu’en donnent les théologiens en la rapprochant de la science divine et de la* liberté humaine avec lesquelles elle doit s’accorder.

A. Caractère obligatoire de la révélation. — Cependant, possible et discernable, la révélation ne pourra vaincre la neutralité de l’indifférence ou la résistance rie la volonté que si elle se présente comme un devoir. Est-il nécessaire d’adhérer i une révélation publique et universelle, dont l’origine divine est démontrée ? Cette origine divine, faut-il rechercher si elle est réelle, et par quelle méthode cet examen devra-t-il être institué? Cette obligation morale semble se heurter, en effet, au caractère essentiellement libre de l’acte de foi, et méconnaître la nature du privilège que l’on peut, à son gré', accepter ou refuser. L’apologiste prouvera qu’elle e i une conséquence <ie notre dépendance envers Dieu et de son souverain domaine sur nous. Parce qu’il est

cause première et cause finale, la révélation qui vient de Lui et conduit à Lui est la condition nettement nécessaire comme seul moyen voulu par la providence.

Ce travail fait, la théorie de la révélation est achevée : elle apparaît exempte de contradictions, en harmonie avec les attributs de Dieu et les aspirations de l’homme. Elle est possible, elle serait bienfaisante, mais est-elle vraie ? — A-t-il plu à Dieu d’octroyer aux hommes une religion révélée et, parmi toutes celles qui se donnent comme telles, quelle est celle à laquelle appartient réellement ce caractère, à l’exclusion de toutes les autres ? On répond à cette demande en établissant :

v. l’existence de la révélation. — Pour la démontrer, on peut suivre deux méthodes. — La première consiste à aborder directement la révélation chrétienne : Jésus est un personnage historique au sujet duquel la tradition, l’ensemble des écrits connus sous le nom de Nouveau Testament, les sources non chrétiennes ellesmêmes, nous offrent des renseignements. Or il se présente comme envoyé de Dieu et Dieu lui-même. Les prophéties réalisées en sa personne, les miracles opérés par lui, en sa faveur, ou par ses disciples, l'étude de sa personne et de son œuvre prouvent la véracité de son témoignage. La seconde remonte jusqu’aux révélations primitive et mosaïque, antérieures au christianisme, et n’aborde celui-ci que lorsqu’elle l’a montré suffisamment préparé dans ses origines. Il est évident que la dernière est plus complète, plus conforme à l'évolution qui est la loi des êtres vivants. Elle montre comment se développe le germe contemporain de la naissance de l’humanité, comment il se conserve et grandit. Si à la révélation chrétienne aboutissent les révélations précédentes, si elle est leur raison d'être, leur réalisation, leur perfection, il ne peut être sans intérêt de les considérer d’abord en elles-mêmes. Enfin, au point de vue polémique, l’histoire du peuple d’Israël soulève des questions, suscite des objections qui concernent et combattent indirectement la religion chrétienne. Pour ces motifs, il paraît plus logique et plus scientifique de mettre en pleine lumière les enseignements, les préceptes et les rites qui constituent la religion judaïque.

Sans désapprouver la première méthode qui, étant plus courte, ramasse les arguments et en concentre les forces, qui ne complique pas la démonstration en y mêlant des éléments étrangers, qui n’exige pas l’appareil exégétique et les connaissances philologiques que réclame la seconde, nous croyons utile de résumer celle-ci et de montrer la liaison des diverses parties dont elle se compose.

1. Révélation primitive.

Plusieurs autours y distinguent trois époques : 1° d’Adam à Noé ; 2° de Noé à Abraham ; 3° d’Abraham à Moïse. Ce serait par une pétition de principes qu’on alléguerait comme révélés les enseignements et les préceptes contenus dans le Pentateuque, mais la tâche de l’apologiste consiste à montrer que les lois positives et les vérités doctrinales présentées en cet ouvrage, comme révélées, possèdent réellement ce caractère ; et cette démonstration se fait, d’abord négativement, parce qu’elles ne contiennent rien de contradictoire, d’impossible, d’indigne de la sagesse et de la bonté suprêmes, mais au contraire qu’elles conviennent à merveille aux concepts les plus épurés de notre intelligence sur Dieu, l’homme et la religion, qu’elles sont des secours pour notre faiblesse et augmentent la dignité de notre nature ; ensuite, positivement, parce que des prophéties et des miracles incontestables attestent que Dieu les a vraiment révélées. On en conclut que cette religion naturelle, dans les limites de laquelle les rationalistes et les naturalistes voudraient nous enfermer, ne fut jamais qu’une construction abstraite de l’esprit, n’a jamais existé seule et séparée d’un culte positif.

2. Révélation mosaïque.

Elle comprend des dogmes qui ne sont guère aulre chose que la claire affirmation 152*3

APOLOGÉTIQUE OBJE1

1.728

ou l’explication distincte dei it ités gravée* dans le cœur de l’homme ou transmise » , d’Adam a Moïse, par une tradition continue ; mais surtout elle abonde en préceptes moraux, cérémonianx (qui ont trail aux sacrifices, aux sacrements, aux fêtes et observances légales), civils et politiques. Kn constante harmonie avec la sainteté de Dieu et la pureté de la morale, ces lois sont admirablement adaptées à l'état social et aux destinées d’Israël ; aussi bien, l’histoire de ce peuple est caractéristique et plus qu’humaine ; enfin, il faut la mer tout entière ou admettre qu’elle suppose des prédictions <le l’avenir et des interventions surnaturelles dont Dieu seul peut être l’auteur. Cette révélation contient cependant un élément qui nous empêche de la considérer comme définitive ; elle suppose, en effet, elle attend, elle figure, elle prépare la venue d’un envoyé divin, d’un Messie, qui doit abroger la loi mosaïque en des circonstances indiquées avec précision par les livres qui la contiennent et la formulent.

3. Révélation chrétienne.

Parce qu’elle est contenue dans les Évangiles, plusieurs auteurs commencent par une étude sur leur autorité historique : ils sont authentiques, intègres, véraces. On ne peut dissimuler que ce procède n’ait en sa faveur la rigoureuse logique, mais, d’autre part, ne semble-t-il pas empiéter sur le domaine des exégètes ? Ce sont, en effet, des questions scripturaires qui leur appartiennent, et il est d’une bonne méthode qu’une science ne mettra pas en doute ce qui est démontré par une autre ; les physiciens supposent démontrés et regardent, avec raison, comme certains les théorèmes mathématiques sur lesquels ils appuient leur raisonnement. De plus, on pourrait soutenir que les Évangiles ne sont pas indispensables pour que l’existence de Jésus-Christ demeure incontestée. Paganismi enim imperio, dit le P. Hurter, successit regnum Christi ; scliolis philosophorum, Christi schola ; vitæ corruptissiniae vita ad doctrinam Christi expressa. Sed omnis effectus exigit causant et quidem adxquatam. Hujus autem effectus ideo univer salis, hujus commutalionis orbis, hujus novoe creationis causa nequit esse fraus, deceplio, mendaciuni, ignorantia, Christus non existens, sed mythicus et confie tus. Theol. dogm. compendium, 7-édit., Fribourg-en-Brisgau, 1898, t. I, p. 31. On peut donc, si l’on ne veut omettre l'étude des Evangiles, se borner à une démonstration sommaire de leur crédibilité.

Deux questions se présentent alors, intimement liées entre elles et si parfaitement connexes que la réponse à l’une d’elles est la solution indirecte de l’autre : 1° JésusChrist est-il Dieu ? 2° la religion chrétienne est-elle vraie'.' On a le droit de répondre affirmativement à la première, lorsqu’on a analysé et approfondi le témoignage de JésusChrist et des prophètes. Les miracles opérés par Jésus, les prédictions réalisées dont il est l’auteur, le fait de sa résurrection annoncée par lui, sa sainteté et sa doctrine sont des preuves solides. On résout le second problème en opposant aux incrédules la propagation de la religion chrétienne, sa merveilleuse conservation en dépit des obstacles et des périls, la transformation morale et sociale dont elle fut le principe, la multitude et l’héroïsme des martyrs qui ont donné leur vie pour elle. Naturellement, l’ordre des preuves n’est pas immuable, mais il se ramené, plus ou moins, à celui-ci, avec les variétés qu’impose la diversité des points de vue. Les théologiens récents ajoutent, ordinairement, un chapitre sur l’histoire des religions. L’un des plus estimes, .1. (>mger, sans traiter directement ce sujet, le fait rentrer dans sa dernière thèse, ainsi formulée : Rrligio chris tiana, in omne temptu futurum ab omnibus hominiIms amplectenda est. Theol. fundamentalù, Fribourgen-Brisgau, I8'.f7, t. I, p. 905. Il compare le christianisme, i la lui naturelle insuffisante, à la loi mosaïque abrogée, aux divers cultes du paganisme, fictions mons trueuses de i humanité, an bouddhisme et au mabomeV lisme ; il n’a point de peine a établir la transcendai de la religion de Ji sus. li autres commencent par établir que l'- monothéisme est la religion primitive et que l’i d’un fétichisme et d’un animisme universels est II missible ; Us passent ensuite en revue i i i ligioui i : dues à Zoroastre, Confucius ou Çakva ItoUfl le^ religions occidentales (polythéisme jrec et romain) pour constater que, malgré quelques aæertioi

quelques lois justes et certaines 'vertudes fondateurs

et des disciples, elles renferment de pernù rend

sur la nature divine et la loi naturelle, que leur influence n’a pas rendu meilleurs, c’est-à-dire plus parfaits et plus heureux, les hommes qui les embrassèrent, enfin que leur succession ne constitue pas toujours un pro r plusieurs formes religieuses récentes étant moins pures et moins rapprochées de la vérité que certaines foi antérieures. Cette comparaison s’impose en présence des préjugés, des erreurs engendrées et favorisées par la prétendue « science des religions iqui les envisage toutes comme des produits de l’imagination, des synthèses de légendes vulgaires et de conceptions philosophiques ou les fruits naturels des diverses civilisations. Le résultat de cet examen est la conviction que le christianisme est la religion parfaite ; qu’il n’est pas le produit des qualités de race, des procédés d éducation, des tendances d’un peuple ou des circonstances d’une époque, ruai » qu’il est éternel dans la pensée de Dieu et contemporain pour nous, de l’origine même de l’humanité. En germe, en figure, en ébauche dans l’Ancien Testament, il s’est développé, réalise, précisé dans le Nouveau. C’est un ensemble complet de vérités et de préceptes contenant tous les éléments de savoir et de moralité épars dans tous les systèmes religieux, absorbant en lui tout ce qu’il peut y avoir en eux de puissance et de vertu, et les dépassant incomparablement comme étant irréductible et supérieur à eux, d’un autre ordre, auquel ils ne pourront jamais atteindre, quels que soient le génie de leurs fondateurs, les progrès de leur science et de leur vie morale, parce qu’ils sont des produits de la nature humaine, tandis que, dans son origine, son essence et sa fin, il est vraiment divin.

Voilà ce que l’apologétique doit, avant tout, mettre en lumière. C’est ici, pour elle, le point central où tout converge. Les autres parties de sa démonstration peuvent être considérées comme des préparations ou d quences. Mais elle doit établir ensuite la forme organisée, collective, sociale que le Christ a imprimée à son œuvre.

11. Démonstration catholique. — Un homme doit être chrétien s’il suit la raison partout où elle le mène ; cette qualité de chrétien est revendiquée par plusieurs sociétés religieuses. D’innombrables sectes, professant des dogmes divers. et même opposés, prétendent posséderla véritable révélation chrétienne. Il est clair que, deux contradictoires ne pouvant être vraies, une seule tés religieuses, qui se réclament du Christ, ; doctrine dans sa pureté et dans son intégrité. On doit pouvoir la discerner puisque la volonté divine prescrit aux hommes la profession du christianisme comme l’unique moyen de salut. C’est l’objet d’un traité théologique intitule ht Ecdesia Christi. Il met en pn s l’Eglise romaine, les Églises schismatiques, les 1. protestantes, et démontre que la première seule instituée par Jésus-Christ Cette démonstration devant être le sujet d’articles spéciaux (voir Église. il suffira de tracer ici les grandes lignes qui donnent à O forme actuelle.

L'Église romaine est une société spirituelle et vi>iblc, fondée par Jésus-Christ, composée de créatures humaines soumises a l’autorité de son vicaire, le souverain pontife, et des évéques, successeurs des ap< '

I. QRIGINB DIVINE DU L'ÉGLISE. — Réalité historique

et expérimentale, l’Église est-elle un fait surnaturel ? Son existence et sa durée demeurent-elles inexplicables par les forces naturelles, les tendances sociales, l’évolution humaine des idées religieuses ? L’apologiste rappelle et commente les paroles du Sauveur, qui imposent une autorité hiérarchique et vivante à la multitude des fidèles ; il montre, par des documents historiques, sa durée ininterrompue et sa forme essentielle, identique depuis les temps apostoliques, malgré les bouleversements des nations, les persécutions des adversaires et les défaillances de ses membres. Cette société apparaît comme une extension de la personne même du Fils de Dieu fait homme, comme le corps dont il est la tête, possédant tous les moyens de salut, et absolument originale dans son essence et dans sa fin, par sa doctrine qui n’a rien de commun avec celle des écoles philosophiques, par ses lois qui n’ont pas pour objet l’acquisition ou la protection des biens temporels et matériels, par son organisme qui n’est pas civil ou politique, mais exclusivement religieux. Elle est proprement et uniquement le royaume de Dieu, si souvent annoncé et promis dans l’Évangile.

II. propriétés de l’église. — On peut, avec M. Didiot, les ramener à trois : 1° caractère social ; 2° perpétuité ; 3° infaillibilité.

1° Elle ne se compose pas de

croyants dispersés ; elle n’est pas une multitude confuse et amorphe, mais un organisme avec des parties spécifiques, des fonctions précises, un sacerdoce, un gouvernement, un chef suprême. — 2° Par son institution, son but, elle doit durer autant que le monde, les causes de transformations ou de ruine qui menacent les sociétés humaines soumises aux vicissitudes du temps ne sauraient changer sa constitution ou menacer son existence garantie par les promeses et l’assistance divines. —3° Indéfectible, elle doit être infaillible, car elle ne peut tromper ses adhérents, en matière de dogme ou de morale religieuses ; elle ne serait plus guide de la croyance et de la conduite si elle était sujette à l’erreur ; et comme ce privilège serait vain et inefficace s’il était réservé seulement à l’épiscopat tout entier dont le concert peut être invisible et la réunion empêchée, Jésus l’a accordé, en des circonstances que les théologiens doivent déterminer, à son vicaire, le souverain pontife.

/II. caractères de l’église. — Au point de vue apologétique, les notes de l’unité, de la sainteté, de la catholicité et de l’apostolicité tiennent la première place : elles sont les signes distinctifs qui permettent de reconnaître, parmi toutes celles qui prétendent à ce titre, la véritable Église de Jésus-Christ. Il faudra donc mettre en lumière cette unité qui résulte du fondement unique et divin sur lequel elle repose ; mais, parce qu’il demeure invisible, il devra apparaître concret et tangible dans la personne de Pierre, et de ses successeurs, pasteurs, docteurs et rois de la société spirituelle. Et puisque celle-ci a pour mission d’appliquer et pour ainsi dire de continuer la rédemption, elle se montrera sainte par la pureté de son enseignement, l’amour de Dieu et des hommes, ses procédés de gouvernement et de propagande, son désir de perfection, la vie et la mort de son fondateur, la merveilleuse floraison d’héroïsme dont elle a donné le spectacle, sa bienfaisante influence sur les mœurs [de l’humanité. Puisque Dieu veut le salut de tous les hommes, que le salut a pour conditions essentielles la foi et la grâce, l’Église sera catholique, embrassant toutes les nations et tous les siècles, mais proprement universelle dans l’espace, dans l’étendue, dans l’application au genre humain tout entier. Sans doute, la résistance des hommes, qui sont libres et détournés par de si nombreux et si puissants obstacles, restreint le fait de cette universalité, mais elle se manifeste par une force d’expansion illimitée et indéfinie, manifestée de toutes les manières et a toutes les époques par l’Église romaine. Enfin, pour qu’elle ait le droit de se déclarer

surnaturelle et d’origine divine, il faut qu’elle se révèle comme apostolique, c’est-à-dire identique à ce pusillus grex que le Sauveur des hommes a réuni autour de lui pour faire la conquête de l’univers. Si son but avait été altéré, sa constitution déformée ou renouvelée, son action modifiée, elle ne serait plus elle-même. Pourtant l’apologiste doit montrer que cette immutabilité essentielle s’accorde avec une évolution inévitable et une adaptation indispensable aux diverses civilisations humaines. La conclusion sera celle-ci : un chrétien doit être catholique.

Il est aisé de voir que toutes les questions qui concernent l’Église n’appartiennent pas à la théologie fondamentale. Celle-ci pose des principes dont l’application constitue une science complexe et très étendue sous le nom de droit canon. La légitimité du pouvoir législatif établie, l’apologiste cède la parole aux moralistes et aux canonistes qui énumèrent, classent, interprètent les lois édictées par l’autorité ecclésiastique et qui règlent les droits, les devoirs, les privilèges des membres de l’Église, en vue de leur fin surnaturelle et de leur nature spirituelle.

III. Lieuxthéologiques.

Un c catholique, avons-nous dit, reçoit, par le ministère de l’Église, les règles de sa croyance et de sa conduite » . Cette affirmation, nettement déduite des considérations qui précèdent, suffirait à un catholique pour croire et pour agir ; mais un théologien ne peut aborder l’étude du dogme ou de la morale s’il ignore les sources où il devra puiser les vérités dont l’enchaînement constitue la science sacrée. Le traité des lieux théologiques sera donc le complément indispensable des deux autres. Il fut souvent remanié et en divers sens depuis le livre célèbre de Melchior Cano. On peut dire qu’il existait déjà, en certains ouvrages, par exemple le traité De verbo Dei scriplo et non scripto, du cardinal Bellarmin, et même virtuellement dans les écrits des Pères tels que le traité De doctrina christiana, de saint Augustin. Il n’est point sans intérêt de rappeler que le P. Perrone faisait rentrer dans ce traité le De Ecclesia Christi, qui est la règle immédiate, prochaine et souveraine de la foi, et donc, le principal lieu théologique. Les lieux éloignés (remoti) seront l’Ecriture et la tradition ; sous le nom de lieux surnaturels, la plupart des auteurs les étudient et certains donnent, avec quelque raison, la première place à la tradition qui suffirait à la rigueur pour transmettre aux hommes la doctrine enseignée par l’Église dans tous les temps et dans tous les lieux. Ils insistent sur les caractères d’universalité et d’antiquité qui en font la valeur, ils l’examinent sous les formes orale, écrite ou monumentale qu’elle revêt. Ils la montrent formulée dans les constitutions des souverains pontifes et des conciles, les symboles et les professions de foi, exprimée par les rites, les prières et les fêtes, conservée dans les écrits des Pères et des docteurs, les actes des martyrs et les systèmes des hérétiques qui la citent pour la combattre. L’épigraphie, l’archéologie, la numismatique la retrouvent dans les édifices sacrés, les inscriptions, peintures, sculptures, médailles, etc.

L’Écriture sainte, qui comprend les livres écrits sous l’inspiration de Dieu, devra être envisagée par l’apologiste, mais d’une façon large et générale. Quelques notions claires et très exactes sur le canon et l’autorité des livres sacrés, l’inspiration considérée dans sa nature et son étendue, les règles d’interprétation, les diverses versions qui les ont mis à la portée des fidèles suffisent amplement. Les questions de détail sont du ressort de l’exégèse.

Les théologiens d’autrefois joignaient à ces sources ce qu’ils nommaient loci mixti et natwralet : vérités philosophiques, principes de droit public, faits psychologiques ou d’expérience externe. On voit tout de suite quel riche trésor est offert au théologien et de quels matériaux éprouvés et précieux il dispose pour élever son édifice. APOLOGÉTIQUE OBJET)

1532

odant, il avec raison, les auteurs moderne » insistent Bar lerapporta de la raison et de la foi. Ces considérations, si opportunes en an temps de scepticisme et de rationalisme, sont devenues plus aisées depuis l< concile du Vatican où rurent tracées les limites, définis les (l « . niaiiics, assignés 1rs droits, établies les relations de la Bcienee et de la croyance. C’est la même intellij « [ni raisonne et qui croit ; il est inévitable et obligatoire qu’elle se demande ce que la foi lui apporte de nouveau, ce qu’elle eiige d’elle, comment elle conciliera les principequi lui sont propres avec les enseignements qui lui viennent d’ailleurs. Il est aussi dangereux d’anéantir la raison en lui refusant toute puissance que de l’exalter en la poussant à la révolte.

Nous avons déjà précisé le rôle de la raison avant l’acte de f<>i et dans l’examen des motifs de crédibilité, mais l’apologiste qui a du, pour rendre la croyance possible, débarrasser l’intelligence des préjugés panthéistes, matérialistes et déterministes, l’épurera des rêveries du faux mysticisme que certains s’obstinent à confondre avec elle. Il considérera aussi l’œuvre propre de la raison dont la marche peut être parallèle et même convergente avec celle de la foi, jamais opposée. Puisque le christianisme ne demande jamais une adhésion aveugle et ne propose jamais un dogme contradictoire, la foi n’éteint pas la lumière naturelle de la raison ; bien plus, elle encourage ses ellorts, elle aide à son progrès dans la culture des sciences de la pensée et de la nature. Enlin, les services qu’elle reçoit, la raison droite et saine les rend à la foi ; car outre que celle-ci suppose comme des conditions indispensables l’histoire et la critique, sciences rationnelles, la doctrine révélée ne revêt un appareil scientifique et n’acquiert que par son alliance avec la raison, l’ampleur et la fécondité de la science théologique. La théologie fondamentale peut laisser maintenant le champ libre à la dogmatique ; son œuvre est terminée.

IV. Apologétique négative.

Si l’apologétique positive est constituée en un corps solide de doctrine, l’apologétique négative ou défensive, ou polémique, ne peut être aussi exactement déterminée. Elle est aussi générale, aussi variée que l’attaque. Nous avons essayé de la définir, au début de cet article, nous y revenons pour déterminer son objet. Il nous semble qu’on peut le réduire aux points indiqués dans un programme élaboré, après de longues réflexions, par M. Duilhé de Saint-Projet. On nous saura gré de le transcrire ici : « Plan d’études apologétiques. 1. Définition et divisions. —2. L’apologétique et l’exégèse. Critique biblique. — S. L’apologétique et les sciences philosophiques. Foi et raison. L’apologétique en face du rationalisme, du positivisme, du monisme matérialiste. — 4. L’apologétique et les sciences naturelles. Problème cosmologique. Problème biologique. Problème anthropologique. — 5. L’apologétique et les sciences historiques. Histoire des religions, transcendance du christianisme. Action sociale et civilisatrice de l’Eglise. — 6. Histoire et transformations de l’apologétique dans la suite des siècles, t Quelques pages aux pieds d’un crucifix, Toulouse, 1897. La division de l’apologétique défensive repose sur la nature même de l’homme, être raisonnable, matériel et social. La foi, en pénétrant dans son intelligence, y trouve les spéculations de sa pensée, les résultats de son expérience sensible, les souvenirs de son évolution historique. Il faut qu’il y ait accord entre tous ces éléments pour qu’il jouisse de la i paix intellectuelle » . Il dépend du monde extérieur dans lequel son corps lui assigne un rang et qui lui fournit la matière de ses connaissances sensibles, condition de toute pensée, il est relié dans le temps et dans l’espace aux groupes humains, que l’on appelle des ract s OU des nation- ; enlin, il n’exerce et ne développe B8

raison que par l’enchaînement des vérités qui découlent tics premiers principes, suivant les lois logiques qui

s’imposent à son psprit : science, histoire. philo « ophie, il m est pas une objl

modernes qui ne ressortissent inte trilo Duilhé de Saint-Projet, op. cit., p 302. Il est évident que cette triple apologétique ne sera jamais défi

hs arguments qui suffisent a réfuter l’erreur

Ile devront être modifiés et complétés pour tenir

tête à la nouvelle forme que l erreur revêtira demain. Le

kantisme, l’idéalisme, le ; ne, le monisme, le

socialisme ont introduit des idées nouvelles auxipe les théologiens d’autrefois n’ont pas songé et qui fournissent a la compréhension, a l’analyse, à la critique un domaine inexploré jusqu’ici. Naturellement, avant dfl combattre et de condamner, il faudra distinguer ce qui est rai, ce qui peut être admis, ce qui doit être rej hs certitudes, les opinions, les erreurs, travail très délicat, auquel il faut apporter un esprit juste, I ouvert, délié, impartial, et parit une âme sin cère et bienveillante. I i nres, dans leurs pr j

si rapideet -i merveilleux, suggèrent des points de vue inattendus et peuvent susciter des difficultés auxquelles les apologistes d’autrefois n’araient pas à répondre. La première condition pour les résoudre M-ra de les examiner avec i sérieux, confiance et mesun de M. de Lapparent au Congrès de Munich. 1901 I

ux consiste à les exposer telles qu’elles sont, et donc à les comprendre d’abord pour exprimer nette’ce qu’elles peuvent avoir de spécieux, en distinguant les faits des hypothèses et les lois certainedes théories provisoires ; la confiance est justifiée et sera inébranlable si nous sommes des chrétiens convaincus, yiulla inter fidem et raïionem veca d’usensio este patest. Concile du Vatican, const. De fide.c. iv. Il ne peut donc exister qu’un désaccord apparent entre affirmations téméraires ou non fondées des savants et des propositions trop absolues des théologiens. La mesure sera observée si nous prenons soin d. pas identifier le dogme avec des opinions humaines, des systèmes théologiques, des commentaires exég. tique-, quels que soient le génie, la science ou l’autorité de leurs auteurs. Il y aurait un réel danger, surtout à vouloir chercher d’une manière générale dans la Bible l’expression des données de la science, à chercher, par exemple, dans la Genèse la confirmation de la cosmogonie de Laplaceou du transformisme de Darwin. Lorsque les vérités scientifiques sont aussi des vérités religii (telles que la création ou l’unité de l’espèce humaine. il est possible que la Cible leexprime, mais ordinairement il n’en est pas ainsi.

La révélation n’a point pour fin les progrès de la physique ou de l’astronomie, et, d’autre part, à vouloir trouver des confirmations de la foi en bèmes

scientifiques, on s’expose à la soutenir par de fr.. appuis, qui ne lui sont pas nécessaires et dont la chute peut l’affaiblir, non sans doute en elle-même, pu sa solidité n’en dépend pas, mais dans l’esprit de ceux qui la croient ruinée avec les contreforts qui semblaient la fortifier. La tâche essentielle de l’apologiste en matière, c’est : 1° l’affirmation nette des vérités cort. par l’énoncé clair et bref des propositions dogmatiques et des conclusions incontestables de la science. S 1 sition ib’s doctrineprobables, mais libres, de la théologie ou (le la métaphysique et des hypothèses plausibles, ou des théories provisoires dos savants ; 3° la réfutation directe des erreurs en montrant que les ternes absolument opposés a la foi -ont inadmissibles, et que la rai-on. l’expérience ou la science les repo :: aussi bien que la religion, parce qu’ils sont contraires aux faits Constatés et SUS lois certaines, on tout au moins dénués de preuves et construits a priori par des esprits téméraires et inconsidérés. Entre les certitudi s, harmonie ; entre les opinions, il y a liberté ; enti vérités et les erreurs, il y a conflit nécessaire et victoire 1533 APOLOGÉTIQUE (OBJET) — (HISTOIRE JUSQU’AU XVe SIÈCLE) 1534

décisive des unes sur les autres. Inutile d’ajouter que ces règles qui concernent l’apologétique scientifique conviennent à l’apologétique historique. Nous ne perdrons jamais de vue le mot si connu et souvent répété : Non indiget Ecclesia mendacio nostro. Droiture éclatante, bonne foi, loyauté, si ces qualités sont trop souvent absentes dans les discussions, il ne faut pas que ce soit du côté des catholiques. Aucun événement historique ne pourra ruiner un dogme chrétien tel que la primauté de saint Pierre ou l’infaillibilité du pape ; l’impartiale histoire n’admettra jamais que le christianisme soit une déchéance de notre espèce et ne se soit pas montré bienfaisant pour l’humanité. Si le devoir de l’apologiste est de réduire à néant les calomnies inspirées par une haine aveugle, il s’embarrassera peu des discussions sur la vie privée des Borgia, la révocation de ledit de Nantes ou les origines de telle église des Gaules ou d’Espagne — non certes que ce genre de questions soit négligeable. Il est intéressant de rechercher à cet égard la vérité, il serait avantageux de la découvrir, mais c’est l’affaire de l’historien, et l’apologiste, qui est avant tout un théologien, doit résister à la tentation d’imposer aux autres ce qui reste libre, ce qui n’est pas certain ; il ne suspectera pas des intentions qu’il est plus honnête, plus charitable, plus habile de supposer droites et saines ; il ne condamnera pas ceux qui résolvent autrement que lui des questions que l’Église n’a pas tranchées et qui restent livrées aux disputes des hommes.

On peut consulter les ouvrages indiqués à la fin de l’article précédent.

L. Maisonneuve.

III. APOLOGÉTIQUE. Histoire jusqu’à la fin du XV siècle. — I. Écriture sainte. II. Antiquité chrétienne. III. Moyen âge.

I. Écriture sainte. —Si l’apologétique est une science relativement récente, l’apologie est aussi ancienne que Je christianisme, la forme essentielle et primitive de la théologie, et le premier des apologistes est Jésus. On pourraitextraire de l’Évangile l’essence et la méthode d’un traité de la révélation. Le Verbe fait chair, plein de grâce et de vérité, nous est présenté comme celui qui voit et révèle aux hommes les réalités divines inaccessibles a la raison : Deum nemo vidit unquam : unigenitus Filins <jui est in sinu Patris, ipse enarravit. Joa., I, 18. Le vieillard Siméon célèbre le fils de Marie comme la lumière qui doit éclairer le monde : Lumen ad revelationem genlium et gloriam plebis lux Israël. Luc, II, 32. L’objet de l’enseignement donné aux apôtres est mystérieux : Vobis datum est nosse mysleria regni cxlorum, Matth., xiii, 11, cf. Marc, iv, 11 ; Luc, viii, 10 ; et c’est par leur ministère et celui de leurs successeurs que la révélation s’étendra à tous les hommes : Eunles ergo docete onines génies. Matth., xxviii, 19. C’est pour tous un devoir absolu d’adhérer aux enseignements et d’obéir aux préceptes que nous recevons par leur intermédiaire : Qui credideril et baplizatus fueril talvuserit : qui vero non crediderit condemnabitur. Marc, xvi, 16. Si autem Ecelesiam non audierit, sit tii ni ethnicus et publicanus. Matth., xviii, 17. Révélation, mystères, révélation médiate, obligation de la connaître et d’y adhérer, ne sont-ce point les éléments du traité De veva religionef Les motifs de crédibilité sont nettement formulés, à plusieurs reprises. Aux disciples de Jean qui demandent des preuves de sa mission divine, Jésus répond : Renuntiate qux audistit listit. r.ii i vident, claudi ambulant, leprosi mundantur, surdi audiunt, mortui resurgunt, pauperesevan(jelitantur. Matth., xi, 10. Les miracles appelés signa, Joa., ii, 11, sont présentés aux Juifs comme d’irréfutables arguments en faveur de la doctrine : Si non facto opéra l’ni rit met, nolite credere milti, si autem facto, et si mthi non vulitt credere, opertbus crédite, Joa., x, 37, et ces

preuves sont tellement apodictiques et indispensables que le Sauveur excuse l’incrédulité de ceux qui en furent privés : Si opéra non fecissem in eis qux nemo alius fecit, peccalum non haberent. Joa., xv, 24. Il a insisté spécialement sur les prophéties accomplies en sa personne et lui-même a prédit des événements concernant sa vie, Matth., xx, 18 ; Marc, x, 33 ; ses disciples, Matth., xxvi, 21 ; Luc, xxii, 34 ; Jérusalem et le peuple juif, Matth., xxiv, 25, 34 ; Luc, xxi, qui se sontréalisécs à la lettre.

Il n’a pas omis de joindre les notes intrinsèques aux signes externes ; il fait appel aux aspirations élevées des âmes et au contenu de ses révélations : Si quis voluerit voluntatem ejus [Dei] faccre, cognoscet de doctrina utrum ex Deo sit, an ego a meipso loquar. Joa., vu, 17. Animés et pénétrés de cet esprit, les apôtres recommandent aux fidèles d’être toujours prêts à rendre raison des espérances que la foi met dans le cœur : Parali semper ad salisfactionem omni poscenti vos rationem de ea qux in vobis est, spe. I Petr., iii, 15. Ce fut dès lors un courant ininterrompu de justifications, de démonstrations et de polémiques, dont les premiers témoignages sont les Epitres des apôtres, souvent dirigées contre les païens, les gnostiques et les judaïsants, et dont l’exposé constitue l’histoire de l’apologétique. On peut la diviser en quatre périodes : antiquité, moyen âge, temps modernes, temps actuels.

II. Antiquité chrétienne.

Nous devons nous borner à une vue d’ensemble et à quelques indications sommaires ; car l’article consacré à chacun des auteurs que nous citons contiendra de plus amples développements. Nous voulons seulement ici tracer les grandes lignes et établir la continuité de la tradition. Un des plus anciens ouvrages est l’épître dite de saint Barnabe, écrite sous Nerva (98) ou sous Hadrien (130 à 131), qui est un petit traité apologétique contre les Juifs. Vers 150 et 155, saint Justin adressa aux empereurs Antonin et Marc-Aurèle deux Apologies pour établir l’innocence des chrétiens et la vérité de la doctrine qu’ils professaient. Le Dialogue avec le juif Tryphon est un essai de démonstration par l’Ecriture du caractère messianique de Jésus, de la vocation des gentils et de l’institution divine de l’Église. Les deux livres d’Athénagore, Wptrjotia. iup -/pianavôiv et fkp’i àvacrràuea) ; (176-180), sont, le premier, un plaidoyer politique, le deuxième, une série d’arguments en faveur de l’immortalité et de la résurrection. L’Épître à Diognète, d’auteur et de date inconnus, adresse à un païen l’exposition élogieuse du christianisme. Comme Quadrat, Apollinaire dont les ouvrages sont perdus, Méliton dont nous n’avons que des fragments, Aristidesdont on a retrouvé la défense pour éclairer et fléchir l’empereur Hadrien, Tertullien appartient encore à cette première catégorie des apologistes judiciaires. Ce nom, qui leur fut donné un peu artificiellement et superficiellement, a du moins l’avantage d’exprimer l’allure de plaidoirie de leurs œuvres et de faire allusion au tribunal de César auprès duquel ces avocats du culte nouveau défendaient les croyances et la conduite de leurs coreligionnaires. L’apologétique (197), pour les gouverneurs des provinces de l’Empire, est un modèle de discussion juridique, d’un style éclatant et âpre, tandis que par le livre contre les Juifs, la lettre à Scapula et l’exquis opuscule Dr testimonio anima, l’ardent et amer Africain peut être placé au premier rang des apologistes littéraires, malgré’le contraste absolu de sa manière avec l’élégance et la douceur de Minucius Félix dont VUrtavius est un dialogue aimable bien fait pour persuader. Athées, criminels, rebelles, tels étaient les reproches dont le paganisme flétrissait les chrétiens, il fallut d’abord se défendre, puis l’exposition doctrinale et la polémique devinrent nécessaires pour dissiper les préjugés, éclairer les intelligences : enlin, un appareil scienti /i’l>ie se joignit à la rhétorique et à l’éloquence, car 153Ï

APOLOGÉTIQUE HISTOIRE JUSQU’AU KV « SIÈCLE

1536

Celse, Porphyre étaient de vigoureux jouteurs, <j n mêlaient aux réclamation ! populaire* les difficultés suggérées par la philosophie païenne, les objections rationalistes et naturalistes, tout le fatras dos systèmes et des religions du paganisme. D’autre part les hérésies d’Ari us, de Macédonius, de Sabelliua, d’Apollinaire suscitèrent drs travaux immortels. Les écoles d’Alexandrie etd’Antioche, l’amélioration du suri des chrétiens depuis l’édit do tolérance rendu par l’empereur Constantin (313) modifièrent h-s conditions, les arguments, la dialectique et le ton des apologistes. Après Glément d’Alexandrie (f215) [Exhortation aux gentils, Pédagogue, Stromates) qui définit les rapports de la raison et de la foi, parut Origène 1 185-216), qu’on a nommé le créateur de la dogmatique ecclésiastique, Harnack, ouvrage cité par Ms » Batiflol, La lit. grecque, Paris, 1897, p. 167, et dont l’influence considérable en théologie et en exégèse fut décisive au point de vue de la défense religieuse, après la publication de ses huit livres contre Celse. Cependant liusèbe Pamphile (265-340), évéque de Césarée, dirigeait contre Hiéroclès une réfutation qui succède à sa Préparation (critique de la mythologie et de la philosophie helléniques) et à sa Démonstration évangélique (preuve du christianisme par les prophéties). Si l’on ne peut guère être plus érudit qu’Eusèbe, on ne peut être plus intrépide et plus ferme qu’Athanase (296-3281 qui, dans le Discours contre les Grecs, oppose le monothéisme au polythéisme, et dans le Discours sur l’incarnation du Verbe, fait du dogme du Christ rédempteur le principe ei le cfutre de tous les enseignements révélés.

fendant qu’il continuait, contre les ariens, l’œuvre d Athanase, saint Cyrille d’Alexandrie défendait contre les blasphèmes de l’empereur Julien la divinité de Jésus-Christ (433). Enfin Théodore oppose sa thérapeutique chrétienne aux maladies mentales et morales de l’hellénisme, EXXï)Vixù)V ŒpaTisuTixT) itaOûv (437). Il faut citer, en Occident, Arnobe, vague théologien, mais igoureux polémiste (, 327), dans ses Disputationes adversus génies, l’auteur des lnslitutiones divinæ, le brillant rhéteur Lactance († 330) et surtout saint Augustin, l’incomparable génie qui dressa la Cité de Dieu, en face de l’empire, répondit aux griefs des Romains vaincus par les barbares et justifia la providence des attaques dirigées contre elle par les sectateurs des faux dieux. Ainsi, judiciaire au temps des persécutions, historique et exégétique contre les juifs, philosophique et scientifique contre les philosophes, théologique contre l’hérésie, l’apologie se transformait peu à peu en dogmatique et se modulait profondément avec la chute du paganisme.

III. Moyen âge.

I. nu Vf ad misièclb. — 1. Ko Orient. — Après l’admirable floraison du iv » siècle, et vers le milieu du Ve, les Grecs et les Orientaux se perdirent en des subtilités et des intrigues, l’eu de noms surnagent dans l’universelle médiocrité. Il faut accorder une mention aux A6yoi y.ari Nefftopiavûv xa : EuTUgiavtfffiov de Léonce de Byzance (529 à 544), /’.’ï., t. i.xxxvi, col. 1267-1396. Ces trois livres bien composés, nourris de science patristique, sont l’œuvre d’un esprit pénétrant. L’empereur Justinien (483-565) ef Maxime le Confesseur combattirent le monothélisme, mais le plus grand nom de la littérature sacrée à cette époque est Jean liamas-Cène {[ 751 ou 780) qui résuma en sa personne et en ses écrite dans une large Bynthèse tout le mouvement intellectuel des Eglises d’Orient. Si la plupart de ses OBUVreS

appartiennent à la dogmatique, à l’exégèse, à l’ascétisme,

a l’histoire, si dans le Ilr.yr, i’vi.Wem ;, il recherche les origines de la connaissance et commente Aristote avec profondeur, il appartient à l’apologétique par plusieurs de ses écrite, tels que le Dialogue contre les Manichéens, l’.t… t. civ, col. 1505-1584, la Discussion d’un Sarrasin ci d’un chrétien, ibid., col. ir>S.V l. r ». » s. et ses apo ies dirigées contre les iconoclastes (vers 786 a 73Î ou

il distingua ires nettement les cultes de latrie et de dulie

et pos, -, tous l, . s principes qui autorisent et règlent le

Culte des - ; imts et des im.i

.’. En Oa ident. — l.a lutte est surtout dirigée contre le tenace judaïsme et l’envahissant mahométisme. i a

ue de S. -ville dont les nombreux ouvrages atti le travail acharné et la vaste science, saint Isidore, mort en <kJ*i. mérite de fixer notre attention par ses deux lii : lie fide catholica ex Veteri et Nova Testaniento contra Judteos, P. L., t. i.xxxiii, col. iKi-â-’io. La question

juive devait être abordée, deux siècles après, avec ampleur, par l’archevêque de Mayence, Raban Uaur 77.")856 ?), dans son Tractalu i$ qusestionibus

et Veteri » Testament ! contra Judîeos 922. 1’I., t. t. ii. col. 101-594. Il usa contre eux de toute ressources de son savoir encyclopédique, et déploya, pour les réfuter, la vigueur qui lui avait fait poursuivre le predestinatianisine de l’hérétique Gottschalk.

Cependant convaincus d’erreur par la Bible elle-même, les juifs n’osèrent plus invoquer son autorité contre les chrétiens, et c’est à la Mischna et à la Gemara qu’ils empruntèrent leurs arguments. Un évéque de Lon, Agobard 876), les suivit sur ce terrain, dénonça les altérations que le Talmud faisait subir aux doctrines joi les assertions gratuites qu’il contenait, les erreurs dont il fourmillait et les périls dont il menaçait la foi. T l’objet de son livre Dejudaicissuperstitionibua. Mail juifs ne se décourageaient pas : entreprenants, insinuants, ils répandaient, par tous les moyens, leurs objections contre le christianisme, l’n cardinal de l’Église romaine que ses contemporains appelaient le second saint Jérôme et auquel Léon XIII conféra le titre de docteur, Pierre Damien (988-1072), leur opposa YAntilogus contra Judœos. P. L., t. cxlv, col. 42-58, et le Dialogus inter judteum et christianum, P. L., t. cxlv, col. 58-68. Ils devaient rencontrer encore un adversaire redoutable dans Pierre le Vénérable (7 1156), car l’abbé de Cluny (tait versé dans la connaissance des langues orien’On lui doit un ouvrage de controverse : Advenus J rum inreteeatam duritiem. P. L., t. CIXXXIX, col 650. Faut-il aussi lui attribuer deux livres Advenus nefandam sectani Saracenorum ? P. L., ibid., col I 720. On l’a soutenu avec vraisemblance. Sans doute, la propagande par le glaive était plus dangereuse que la prédication des doctrines musulmanes : pourtant celles-ci avaient pour elles le monothéisme qui les rend très supérieures à l’idolâtrie, une eschatologie grossière mais séduisante pour les âmes vulgaires, toujours si épi des plaisirs sensibles, enfin la polygamie qui répondait trop bien aux aspirations mobiles et a linconstan. ces peuples à la fois enfants et barbares. Il fallait donc ls combattre, d’autant plus que le mahométisme acceptait les éléments judaïques, vénérait le Christ comme un prophète et se présentait sous des apparences religieuses qui pouvaient tromper les humbli

11. 00 Mil’40 XV SIÈCLE. — C’est contre l’alliance pernicieuse des juifs et des musulmans que le dominicain Raymond de Pennafort 1 1 175-1275. prédicateur, en Espagne, d’une croisade contre li une école vouée a la publication d’apologies savantes et à l’étude (les langues sémitiques. A cette école appartient entre autres l’auteur du Pugio fidei adversus Mauros

(/ Judssos. Raymond Martini, dont l’ouvragi

au courant des questions de son temps., ,

ce qui concerne les oracles messianiques. Néanmoins, d’aucun de ces livres, estimables certes et utiles, il i possible d’extraire des principes, une méthode générale.

un enchaînement de preuves, il faut arriver jusqu’au

Mil’siècle et a l’ouvre de saint Thomas d’Aquin pour

posséder le premier modèle dune défense vraiment et rigoureusement scientifique. De veritate fidei callmlicse

contra geulilrs, libri IV, tel fut le titre de ce qu’on

nomme la Somme philosophique, qui parut peu après l’année 1961. Le quatrième livre est un exposé des pria-1537 APOLOGÉTIQUE (HISTOIRE JUSQU’A LA FIN DU XVII* SIÈCLE) 1538

cipaux mystères, mais les trois premiers traitent des préambules de la foi : Dieu, les êtres créés, les rapports entre Dieu et le monde. Sans doute, cet ouvrage diffère sensiblement de nos théologies fondamentales, mais je ne sais s’il n’est pas, à certains égards, le plus « moderne » des ouvrages de saint Thomas et celui qui répond le mieux aux préoccupations de nos contemporains. Les rapports de la science et de la croyance, la nécessité morale de la révélation, le rôle exact des motifs de crédibilité ne sont nulle part mieux définis. L’exposition lucide et sereine tient plus de place que la controverse, le grand docteur pense, avec raison, que l’affirmation de la vérité est la condition et la partie essentielle d’une apologie efficace. Il ne fut guère suivi dans cette voie et les titres des ouvrages laissent deviner combien les préoccupations des erreurs contemporaines déterminaient le choix des matières et les procédés des apologistes : Propugnaculum fidei adversus deliramenta Alcorani ; c’est l’œuvre de frère Ricold, enfant de Saint-François ; Ilebræomastix, vindex impietatis et perfidise jw>aicse ; l’auteur est Jérôme de Sainte-Foi (Josua Lorki), talmudiste converti ; un autre, Juif de nation et chrétien par le baptême, Paul de Burgos, publiait vers le même temps (première moitié du XIVe siècle) le Dialogus Sauli et Pauli contra Judseos. Très répandu, ce livre amena de nombreuses conversions parmi les compatriotes de l’auteur, mais il ne dispensa pas, au siècle suivant, le mahométan Abdallah, devenu chrétien, d’écrire la Confusio sectx mahommetanse, ni le franciscain Alphonse de Spina décomposer son Fortalitium fidei contra Judteos, Saracenos, aliosque christianse fidei inimicos, Nuremberg, 1487. Glaives, boucliers, forteresses, … c’est à l’art de la guerre que nos apologistes militants empruntent leur terminologie belliqueuse ; d’allure assez différente et vraiment caractéristique est le volume de Pedro de la Cavalleria : Rationes laicales contra idiotas, quse docent fideni christianam veram et necessariam esse, 1487. C’est ce qu’on appellerait aujourd’hui une apologie à l’usage des gens du monde et l’auteur, faisant appel à leur réflexion, envisage moins la religion dans les preuves extérieures qui en démontrent la crédibilité, que dans sa structure intime et dans son excellence.

Nous ne serons pas surpris si, de la chute de l’empire romain à la Renaissance, l’apologétique est relativement incomplète et médiocre. Outre l’ignorance des premiers siècles du moyen âge, il faut attribuer à des raisons spéciales le niveau peu élevé de la polémique : à cette époque d’organisation sociale et doctrinale, le christianisme sentait le besoin de construire plutôt que d’attaquer ; relativement dispensé de se défendre, d’abord toléré, ensuite protégé, enfin dominant en maître, il profita des circonstances favorables pour édifier le temple de cette science sacrée dont les cathédrales étaient le symbole. Malgré des attaques partielles, il était obéi, vénéré comme une religion surnaturelle, et cela dura jusqu’à la transformation de l’Furope par la Renaissance, jusqu’à la révolte de la Réforme.

Dom CeDIier, Histoire des auteurs sacrés, 2’édit., 14 in-4°, Paris, 1808-1863 ; Schwane, Dogmengeschichte : Vornicànische m-8-, 2’(’dit., Friliourg-en-Biisgau, 1898 ; Patrittische Zeit, in-8-, 2° c ! dit., ibid., 1895 ; Mitllere Zeit, in-8°, ibid., 1882 ; Hurter, Xomenclator literarius, in-8’, Inspiuck, 1892, t. IV, pour les années 1 109 I 163 Inrlionnaire apologétique, t. 1, col. 191-20.Y

L. Maisonneuve.

IV. APOLOGÉTIQUE. De la fin du XV siècle à la fin du XVII’. — I. Fin du xve siècle et commencement du xvi » jusqu’à la Réforme. II. De 1517 au milieu du xvii » sièele. III. Dernière moitié du xvir siècle.

I. Fin ni ; XV SIÈCLE ET COMMENCEMENT DU XVI » jusqu’à la Réforme. — L’invention de l’imprimerie (1140), la prise de Constantinople par fis Turcs (1453), la découverte de l’Amérique (1492) ouvrirent à la pensée de vastes horizons et déterminèrent un mouvement intel DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

lectuel, puissant, fécond, parfois dangereux. Scolastique avec Savonarole, platonicienne avec Marcile Ficin, naturaliste ou rationaliste avec Raymond de Sabonde, l’apologétique suivit des voies très diverses. Le Triumphum crucis contra sseculi sapientes, Florence, 1497, de Savonarole (1452-1498) est compose suivant les règles traditionnelles, s’inspire des Sommes de saint Thomas d’Aquin et ne garde pas trace des témérités fougueuses du célèbre dominicain. Qui ah uni taie Ramante Ecclesise dissentit, procul dubio per dévia aberrans a Christo recedit. L. IV, c. vi. Voilà une nette déclaration qui ne permet pas à la Réforme de revendiquer en sa faveur l’adversaire des Médicis. — S’il aima Platon avec excès, Marsile Ficin (1433-1499) lui emprunta des arguments contre les averroïstes, et malgré quelques erreurs sur les idées innées et les âmes des sphères célestes, son livre De religione christiana et fidei pielate, Venise, 1550, est une réfutation du paganisme, en dépit des complaisances de l’humaniste pour l’art et la littérature de la Grèce. Si le chanoine de Saint-Laurent tenait une lampe allumée devant le buste de Platon, il célébrait l’auteur du Phédon comme le précurseur de Jésus. Mais, cette raison qui conduit à la foi, ne pouvait-elle en démontrer les dogmes ? Déjà, au moyen âge, Raymond Lulle, le mystique alchimiste, l’avait pensé, et dès le xiiie siècle il s’évertuait à déduire de prémisses rationnelles les vérités révélées. Après lui, un professeur de l’université de Toulouse, l’auteur de la Theologia naturalis seu Liber creaturarum, s’efforça d’unir le livre de la nature et le livre de l’Écriture, par une continuité qui fait du second le développement du premier. Dieu et le monde, reliés entre eux par l’homme, s’expliquent l’un par l’autre ; la nature et la révélation traduisent en idiomes distincts la même pensée divine : Quamvis autem omnia qute probantur per libitum creaturarum, sint scripta in libro sacrée Scripturæ et ibi contineantur, et etiam illa quse ibi contineantur inlibro Riblite, s171t in libro creaturarum, tamen aliter et aliter. Theol. naturalis, tit. 212, édit. 1852, p. 314. Cet ouvrage est à la fois dogmatique et moral, et malgré l’erreur fondamentale qui en est le principe, il renferme d’excellentes parties, manifeste les intentions droites et le zèle ardent pour la conversion des infidèles qui animaient Raymond de Sabonde (+ 1432). C’est à la cabalistique et à la magie que Jean Pic de la Mirandole (1463-1494), ce prodige d’érudition pédantesque, demandait la confirmation de sa foi. Une de ses thèses condamnées par Innocent VIII est ainsi conçue : Nulla est scientia quxiios magis ccrtificet de divinilate Clirisli quam magia et caballa. Cependant à ses rêveries platoniciennes et à ses divagations superstitieuses, l’auteur de Y Heptapus joint des considérations justes et dignes d’intérêt. Bien plus curieux encore est le traité De docta ignoranlia, où Nicolas de dise (1401-1464), évêque de Brixen, cardinal de la sainte Fglise romaine, condense dans un syncrétisme outré ses rêveries mystiques, ses préjugés contre Aristote et sa culture scolastique. L’infini, le fini et leur rapport, ce problème qui est le fond des philosophies et des religions, est étudié dans un sens chrétien, puisque c’est le Christ rédempteur qui nous est présenté comme l’intermédiaire entre Dieu et l’homme. Dédaignant l’expérience et la raison, l’apologiste attribue à Y intelleclus la connaissance de la Vérité, mais c’est une lumière surnaturelle qui peut seule l’en rendre capable ; cela ressemble au lidéisme. D’autre part cette faculté peut atteindre et pénétrer le mystère de l’Unité divine où s’absorbent tous les contraires (coincidentia oppositorum)v s’enchevêtrent toutes les formes (complicatio omnium) : ceci confine au panthéisme. — Beaucoup moins original mais plus élégant et mesuré, Louis Vives écrivit eu cinq livres un ouvrage De veritate fidei christian : i’. Bâle, 1513. C’était un philologue « pie ses contemporains plaçaient.m rang d’Erasme et de liudée. « L’un, disaient-ils, l’emporte dicendi copia,

I. - 49 1639 APOLOGÉTIQUE HISTOIRE JUSQU’A LA FIN DU XV 1 1 SIÈCLE

1'autn et Vives judicio. Il n'était donc pas le

moins bit d pai I

II. Ph 1517 ai Mil ni i yi : ' SIÈCLE. — I. l’An) tiou du traité de i, les cutliolojiies.

pendant des adversaires s'étaient levés, bien autrement redoutables que Pomponæe ou Giordano Bruno : les chefs de la Réforme s’en prenaient surtout à la société

religieuse gouvernée par le pape, au nom de Jésus ; c’est donc elle qu il (allait défendre. Peu à peu, se constitua le traité de l'Église dont les éléments existaient sans doute avant cette époque, mais qu’il fallut assembler, coordonner dans une synthèse systématique. L’o-uvre s’accomplit lentement, progressivement, comme tout ce qui est solide et durable, mais deux noms me paraissent dominer, à cet égard, la foule des théologiens : ce sont les noms du dominicain Melchior Cano (1509-1560), De locia theologicis, Venise, 1759, et du jésuite cardinal Bellarmin (1542-1621), Disputationes de controversiis fidei christiantB, dans ses œuvres complètes, 7 infol., Cologne, 1019. Le savant cardinal traite de l'Église, des conciles, du souverain pontife, s inspirant des travaux antérieurs de Jean de Turrecremata, Tractatus nobilis de potestate papse et conc. gen., Cologne, l180 ; de Cochlée, De auctoritate Ecclesise et S. Scriplurx contra Lulherum, 152't ; d’Eck, Enchiridion locorum communium adversus lulheranos, 1525 ; Deprimatu, 1521.

2. Apologistes protestants.

Néanmoins, les hérétiques eux-mêmes prétendaient défendre la foi chrétienne contre les rationalistes. On cite souvent, comme la première apologie en langue vulgaire, le Traite de la vérité de la religion chrétienne, Anvers, 1579, par Philippe de Mornay ( 1516-1623), et on s’accorde à louer la vigueur et la véhémence, l'érudition et la vie de cette apologie, malgré les préjugés dont n’a pu se défendre celui qu’on nommait le pape du protestantisme ; mais il n’est que juste de reconnaître que la priorité appartient à Calvin luimême (1509-1561) ; car si l’Institution chrétienne (153615'tl) est le manifeste d’un hérésiarque, elle renferme aussi dans une sohre et belle langue française, sur la divinité de la religion, des pages qui s’imposent à l’admiration de tous. Citons encore, parmi les apologistes protestants, le célèbre publiciste Grotius, De veritate religionis cliristianx, La Haye, 1627, dont l’ouvrage offre un intérêt considérable au point de vue de la méthode, puisque l’auteur y adopte la marche suivie, aujourd hui encore, par les auteurs de théologie fondamentale : Dieu, la providence, l’immortalité, les preuves de la révélation évangélique, la fausseté du polythéisme, du judaïsme et du mahométisrne. Sous une forme brève et concise, l’auteur présente avec simplicité et avec force d’excellents arguments. Écrit en prison pour les marins hollandais, son petit livre a vieilli sans doute en quelquesunes de ses considérations, mais pourrait être lu encore, non sans utilité, par les catholiques de tous les pays ; tout au moins il atteste l’exactitude, le sens pratique et l'élévation d'àme de celui qui l'écrivit.

3. Autres apologistt-s catholiques.

C’est contre Du Plessis-Mornay que Pierre Charron (1541-1603) écrivit un livre Des trois vérités, 1594, pour réfuter les hérétiques, les infidèles et les mécréante. Imposant loyalement ses pbjections, il parut quelquefois faible dans les réponses, bien qu’il ne faille pas accepter de confiance le jugement de Bayle i cet égard. La sincérité de sa foi apparut dans sa Réfutation des hérétiques, 1585, et ses Discours chrétiens, 1600. Son amitié pour Montaigne a laissé surtout des traces dans son Traité de lu M (1601) OÙ, COmme l’auteur des lassais, il l’ait au (balte une part excessive dans la direction de la pensée et de la conduite, quoique les deux amis fussent, l’un et l’autre, des catholiques sincères. Bien plus ardent se montra le célèbre pèr< Garasse (1585-1601), ridiculisé par l’ironie de Pascal et (le Voltaire, m. us fort honnête homme et

autan de mente. Son ton est parfois burlesque, excessif ;

s’il (rappe souvent trop fort, il touchi., i a des

i ii> outres. Lu <i, „ i< ine

ce temps, Paris, 1623, est le plus connu d<

il composa aussi une Somme théologique de » vé

capitales de in religion dire ! _ rboane

censura ce dernier ouvrage, mais l’auteur n’en était pas

moins nn excellent religieux, auquel on ne peut reprocher

que l’absence de mesure et de modération.

Plus directement et plus efficacement que leurs an> coreligionnaires^ les protestants convertis contribu à la défense du catholicisme : nul d’entre eux ne jouit d’une renommée plus étendue que Jacques du Perron 1 1556-1618), évéque d'Évrenx (ouvres en 3 in-foi. Paris, 1690-1623). Mais nous lui préférons à juste titre son admirable ami, saint François de SaK-s (1567-1622), qui, en divers mémoires sur La vraie et fausse mi' et les Règles de la foi 'réunis sous le titre de & verses, 6 in-8°, Lyon, 1868, t. ni), a déployé, comme en tous ses ouvrages, les qualités de pénétration et de précision d’un théologien accompli. — Il serait injuste d’oublier que ce n’est point seulement à La Rochelle et. par les armes, mais encore par la plume, qu’Armand Ituplessis, cardinal de Richelieu s’attaqua

aux hérétiques. On distingue parmi ses écrits, pour la fermeté de la pensée et la fierté du langage, le mémoire intitulé : Les principaux points de la foi de l'Église catholique défendus contre t'écrit adressé au roi par tes </uatre ministres de Cliarenton, dans Migne, Démonstrations évangéliques, t. iii, col. 1-145. — L"n bel esprit, né calviniste, conseiller d’Ltat. disgracié, emprisonné, converti et mort sous-diacre, P. Pellisson (10211653), nous a laissé d’excellentes Ré/lexions sur les différends de la religion avec les preuves de la tradition ecclésiastique, dans Migne, Démonst. évang., t. ni. col. 827-8tï(î. et des Preuves pour le traité de I eucharistie, ibid., col. 907-1036, où les arguments sont clairement exposés et remarquablement enchainés.

III. Dernière moitié lu xyiie siècle. — i. Apologistes catholiques. —Au xviie siècle, les grands orateurs, les théologiens, les philosophes chrétiens ne pouvaient se désintéresser de la défense du christianisme. Réprimé par Louis XIV, le « libertinage » s’insinuait, habile et perfide, par la ville et à la cour. Des prélats comme Iiossuet (1627-1704) et Fénelon (1651-1701 ne pouvaient rester indifférents devant les menaces d’une incrédulité hypocrite et les dangers qu’elle faisait courir à la foi de leur pays. Apologiste de la providence et de la divinité de la religion chrétienne dont ses œuvres, en particulier li' Discours sur l’histoire universelle, sont la magnifique et persuasive démonstration, l'évéque de M a donné au christianisme l’immortelle Histoire des variations des Eglises protestantes, parue en I688, t. xvxvi des Œuvres complètes, Paris, 1865, un des ( d’oeuvre de la prose française. Ces ! encore conti protestants que Fénelon dirige son Traité du mit, des pasteurs et ses Lettres sur l’autorité de l’L. pendant qu’il écrivait, avec un esprit subtil et un style attique, ses Lettres sur divers sujets de métaphysique et de nmrale (Œuvres, Paris. 1865, t. i). Sans insur l’apologie par la prédication, sur les considérations fortes et pressantes que présentent Bourdah s vigoureuse logique et son énergique sobn. té, 1 léchier dans sa langue harmonieuse, Massillon avec les tii de sa psychologie et les minutieuses applications d’une morale parfois trop sévère, je ne puis omettre François Lami. le bénédictin (1636-1711), qui entreprit avec plus de bonne volonté que de sens m. t. (physique la réfutation de Spinoza dans Le nouvel athéisme renve qui réussit mieux dans sa lutte contre les i dans L incrédule ramené à la religion par la ro Migne, Démonst. évang, i. iv. col 509-017, m Bernard Lami, l’oratorien (1645-1715), qui essaya en cinq volumes une Démonstration de la unie ci de ta sainteté 15M APOLOGÉTIQUE (HISTOIRE JUSQU’A LA FIN DU XVIIe SIÈCLE) 1542

de la religion chrétienne. Vers le même temps, deux frères, Adrien († 1675) et Pierre de Walenburch († 1661), évéques hollandais, publiaient un excellent manuel où étaient affirmés les principes, exposées les règles, et résumés les arguments pour convaincre d’erreur les partisans de la Réforme. L’ouvrage s’appelle : De controversiis tractatus generalis, dans Migne, Theologix curs. complet., Paris, 1837, t. i, col. 1015-1262. Il est solide et très concluant.

C’est à la philosophie qu’appartient Nicolas Malebranche (1632-1715). Il est impossible de ne point attribuer une place parmi les défenseurs de la foi à cet auteur puisqu’il a écrit les Entretiens sur la métaphysique, 1687, la Recherche de la vérité, 1674, les Méditations chrétiennes, 1679, etc., 4 in-12, Paris, 1871. Malgré ses illusions et ses erreurs ; c’est un admirable génie, le plus haut peut-être et le plus profond des philosophes français ; mais il ne s’adresse guère qu’aux hommes dépensée. Jean de la Bruyère (1639-1696) rendait ridicules et méprisables les prétendus esprits forts, Caractères, 1687, et contribuait, auprès des gens du monde et des intelligences cultivées, à la victoire de la religion.

Cependant s’il fallait caractériser l’apologétique au xvii 1 siècle, deux noms serviraient de types et l’emporteraient sur tous les autres, celui de l’évêque d’Avranches, Daniel Huet (1630-1721), et celui de l’ami des solitaires de Port-Royal, Biaise Pascal (1623-1662). Le premier emploie la méthode historique et positive, développe la critériologie traditionnelle du surnaturel par le miracle et la prophétie. Œuvre d’immense érudition, sa Démonstration évangélique (Migne, Démonsl. évang., t. v, col. 7-936) amasse toutes les preuves historiques du christianisme ; parfois cependant, comme dans l’Accord de la foi et de la raison, il donne plus que des gages à ce qu’on appellera le fidéisme, dont il est, si l’on peut dire, un des inventeurs ; il lui arrive comme aux très savants hommes d’accepter ou de créer des hypothèses dont ils cherchent la confirmation dans les résultats de leurs travaux. Ainsi, pour Huet, les dieux de la mythologie ne seront que des métamorphoses de Moïse, adoré sous différents noms. Ce travers n’empêche pas son livre d’être une mine et un arsenal où puisèrent sans réserve, et quelquefois sans discernement, les apologistes qui l’ont suivi.

Ce n’est pas le lieu ici de caractériser l’apologétique de Pascal : l’exégèse des pascalisants est trop variée pour nous permettre des conclusions définitives ; aussi bien, faudrait-il les justifier par de trop nombreux développements. L’auteur des Pensées a pourtant esquissé le plan d’une apologie. « Les hommes ont mépris pour la religion ; ils en ont haine et peur qu’elle soit vraie. Pour guérir cela, il faut commencer par montrer que la religion n’est pas contraire à la raison ; vénérable, en donner respect, la rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie ; et puis montrer qu’elle ett vraie. Vénérable, parce qu’elle a bien connu l’homme ; aimable, parce qu’elle promet le vrai bien. » Édit. Brunschvieg, Paris, 1887, n. 187. Rapprochez cet extrait de la phrase célèbre : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur non à la raison. » Édit. lïrunschvicg, n. 278. Et complétez-le par ces paroles : « Il n’est pas possible de croire raisonnablement contre les miracles. » Ëdit, Brunschvicg, n. 815. Vous aurez quelque idée des éléments que renferme cette apologie dont nous n’avons que des fragments et où les préjugés jansénistes de l’auteur ont malheureusement laissé des traces nombreuses. Mais la méditation des quelques pages consa-CTi i la religion par ce sublime et profond génie gardera toujours une valeur inappréciable pour les âmes troublées par le doute, éprises de pensée et attirées par l’amour.

Bien plus infestée de jansénisme fut la croyance d’Arnauld et de Nicole. La nécessité de la foi en Jésus-Christ pour être sauvé (Migne, Démonst. évang., t. iii, col. 146-451) et l’Apologie pour les catholiques contre les faussetés du ministre Jurieu assignent une place parmi les écrivains qui ont défendu le christianisme à cet Antoine Arnauld (1612-1694), que Boileau appelait avec une emphase un peu ridicule : « Le plus savant mortel qui jamais ait écrit. » On lui doit encore, en collaboration avec Pierre Nicole (1625-1695), La perpétuité de la foi de l’Eglise touchant l’eucharistie, 3 in-4°, Paris, 1670-1674. Les auteurs y présentent, dans un style honnête et froid, les arguments de la tradition et n’ont pas de peine à montrer sa continuité en faveur de la présence réelle de Jésus dont ils éloignèrent les fidèles par les excès et les duretés de leur morale. Il était de leurs amis, ce Gilbert de Choiseul (1613-1689). successivement évêque de Comminges et de Tournay, auquel on doit d’estimables Mémoires contre les athée ?, les déistes et les libertins (Migne, Démonst. évang., t. iii, col. 45*3-576). L’auteur est simple et fait appel aux idées sensées et droites que porte en elle une saine intelligence non pervertie par les sophismes.

2. Apologistes protestants.

« Le plus grand des protestants, et peut-être le plus grand des hommes dans l’ordre des sciences, » d’après Joseph de Maistre cité par l’abbé Crampon, Dict. d’histoire et de géographie. Paris, 1866, p. 712, Guillaume Leibnitz (1616-1716), nous appartient par sa Théodicée, illO, dans ses Œuvres philosophiques, Amsterdam, 1765, précédée d’un Discours sur ta conformité de la foi avec la raison, où il défend la cosmogonie de l’Écriture et démontre que nos mystères ne renferment rien de contradictoire. Il fit paraître en 1672 une dissertation contre les sociniens : Sam la Trinilas per nova argumenta logica defensa, et l’on sait qu’il s’en prit directement à Bayle pour justifier, contre ce sceptique, le dogme de la providence. Personne n’a plus résolument affirmé la bonté de Dieu. L’on sait aussi qu’entre Bossuet et Leibnitz un rapprochement s’était fait pour négocier et préparer le retour des luthériens au catholicisme ; malheureusement, le projet n’aboutit pas, mais il fut l’occasion du Syslema theologicum, oeuvre posthume, où, par la pensée et l’expression, le philosophe allemand se montre souvent catholique. L’abbé Émery a publié les Pensées de Leibnitz, 2 in-8°, Paris, 1803, sélection intelligente de tout ce que l’auteur de la Théodicée a écrit de plus remarquable en faveur de la religion chrétienne.

Beaucoup plus méthodique fut l’œuvre du ministre protestant français, Abbadie (1657-1727), publiée à Hotterdam, 1684. Ce Traité de la vérité de la religion chrétienne a joui pendant longtemps d’une réputation extraordinaire. Il mérite certains des éloges dont il fut comblé, comme étant un résumé suffisant des controverses chrétiennes contre les athées, les déistes et les sociniens. On lui peut reprocher de s’être borné aux réflexions et aux considérations philosophiques et morales, et d’avoir négligé la critique historique essentielle dans l’établissement d’un fait tel que le christianisme.

S’il est illustre parmi les chimistes, l’anglican Robert Boyle (1626-1691) mérite une mention parmi les apologistes, car il écrivit de nombreux ouvrages pour justifier ses croyances chrétiennes. La dissertation sur le profond respect que l’esprit humain doit à Dieu, Migne, Dém. évangél., t. iv, col. 1-50, et Les considérations pour concilier la raison et la religion, témoignent de sentiments très nobles et d’un vrai zèle pour la diffusion de la foi. Plus célèbre encore parmi les savants, Isaac Newton (16V2-1727) mêle à ses ouvrages d’astronomie des considérations chrétiennes, et si on trouve des bizarreries et des idées é’ranges dans ses Observation » sur les prophéties de V Ecriture, sainte, Londres, 173’i, on peut lui reprocher de fournir des armes à la superstition, mai.’. " i i

non à l’incrédulité. Fn tout cas, il ne bol pas oublier que ce grand contemplateur des deux D’à j » < » i n t vu de contradiction entre lea découvertes du monde visible et les vérités du monde invisible, et qu’il disait un jo mau docteur Smith : i le trouve plus de marques certaines d’authenticité dans la Bible que dans aucune histoire profane quelconque, t Cité par Genoude, La >~aisn, i il n christianisme, Paris, 1841, 1. 1, p. 158. Toujours en Angleterre nous trouvons Samuel Clarke (1673-1729), dont quelques opinions philosophiques ne laissent pas que d’être contestables, m.iis qui eut quelques parties du r ; i i métaphysicien, et déploya une vigoureuse dialectique dans suri livre : Vérité et certitude de la religion naturelle et révélée, Londres, 173X. réfutation du matérialisme il Hobbes et du panthéisme de Spinoza.

Outre les iivrages indiqués pour l’article Apoi ogëtique, notion, col. I519, i n peut consulter rHoutte ville, Discours historique et critique sur la méthode des principaux auteurs qui ont rent pour et contre le christianisme depuis son origine, publié par J.-P. Migne dans Accord de la raison, des laits et des devoirs sur la vérité du catholicisme, in-4°, 1873 ; l’abbé Cbassay, Tableau des apologistes chrétiens depuis l<i /tenaissanec jusqu’à la Restauration, dans Migne, Démonst. évang., 1852, t. xviii, col. 881-908 ; Perrone, Synopsis historits théologies cuin t’hilosophia comparais ?, Turin, 1808 ; de Gcnoude, Lu raison du christianisme, fi in-12, Paris (notices précédant lea extraits) ; Migne, Démonstrations évangéliques, 18 in-4°, 1852 (notices) ; Werner, Gesehichte der apologetischen u. polemischen Literatur der christlichen Théologie, 5 vol., Sotiaffhouse, 1861-1867 ; Hurter, Nomenclator literarius récent ions theologiss catholicte, Insprurk, 2’édit., 1892 sq., t. I. u.

L. Maisonneove.

V. APOLOGÉTIQUE, XVIIIsiècle. — 1. Angleterre.

IL Allemagne. 111. Italie. IV. Espagne. V. France.

I. Angleterre.

Le mouvement que nous avons suivi à la fin du xvir siècle se continua au xviii e. Aussi bien, il était naturel que, féconde en adversaires du christianisme, l’ancienne île des Saints, malgré les ravages opérés dans ses croyances depuis le schisme d’Henri VIII 1 1 d’Elisabeth, vit naître des défenseurs. De fait, ils furent légion, très inégaux par le talent, l’inlluence et la portée de leurs œuvres, mais d’intention droite et de courageuse altitude. Citons, parmi eux, Xathaniel Lardner (1(384-1708), dont les ouvrages ne forment pas moins de onze volumes in-8° ; les principaux furent : Crédibilité of tlie Gospel History, 1727-1743, où il essaya de confirmer les faits rapportés dans le Nouveau Testament, par le témoignage des auteurs contemporains, entreprise qu’il était malaisé’de mener à bonne fin. Son Essai sur le récit de Moite touchant la création et la chute de l’homme, 1703, el sa Défense des miracles peuvent encore être lus avec intérêt. Bien meilleur écrivain, en possession d’une universelle notoriété et | i [ii< - de la gloire, Joseph Addison (1672-1719) joignit à vis articles du Speclator et à ses tragédies une Défense de lu religion chrétienne (traduite par Correvon, Lausanne, 1757), dont il ne put terminer que la première partie, mais qui montre la sincérité et l’intégrité de sa foi.

Ce n’étaient pas seulement des prédicateurs comme naguère Tillotson (1794), Traité de la règle de la foi, ou Stillinglleet, The Rule of faiih, Londres, 1665 1699 ; Origines tacra, Londres, 1662. qui entrèrent dans la

lice ; on y vit des hommes de lettres et des membres du Parlement.

Ênumérons quelques-uns des ouvrages leplus estimés qui se rapportent i cette époque A short and easy met /ioii with the deists, Londres, 1699, par Lestie, fils de l’évêque protestant de Clogher [17-Jl. les discours,

Practical sermons, Londres. 1700, OU l’on remarque surtout une discussion juridique très bien conduite de

la résurrection de Jésus-Chriat, par Sherlok ; le même sujet inspira lord Georges Littelton (1709-1773), qui le i dune forme littéraire agréable, dans son ouvrage intitulé : I.XI Sermons, Londres, 1680. Warburlon, évéque de Glocester 1 101)$1-$277’.' ;, lit preuve dune

érudition solide dan’; Jhe divine légat, n s/ M

monstrated, Londres), 17.’; 7, trad. franc, dans M Démonst, évang., t. ix. col. 246. Joseph Butler (Il 17.--J insista -ur l accord de la religion et de la nature The anatogy of religion natural <" t, io

Xhe constitution and course of nature, Londres, 17 :.’théologien Jérémie Seed, -1747 écrivit deux diacoui V Excellence intrinsèque de V Écriture sainte, 2 voL, 1750 ; trad. franc, dans Migne, // / t ix,

col. 689-712. Il y veut démontrer par le contenu i de la révélation l’inspiration des saintes Êcritm

Un homme politique qui fut ministre, JenningS 1785), publia An endeavour to prove by reason the Christian religion, Londres, 1774. qui décèle des vues originales et s’appuie sur quelques faits simples et quelques propositions claires. Mais l’ouvrage classique, cialement dirigé contre Tindal, Dodwel, liolie. l’école des déistes anglais, est celui de Jean Leland (109117( » 01. The advantage and nwssity of the Christian révélation, 2 in-4, Londres, 1772, traduit sous le nom de Démonstration évangélique ; auquel se joi r dans l’estime de ses compatriotes : The reasunableness of the chnstiau révélation, Londres 1739, par lànson.

C’est au xviiie siècle et a l’Angleterre qu’appartiennent encore Ditton (1675-1715) : l.a Religion montrée par la résurrection 1712 ;

traduit par La Chapelle, Paris. 1729, Migne, Démonst. évang., t. viii, col. 293-563 ; l’importance, les conséquences, les caractères, la démonstration de ce miracle y sont développés ; —G. Fumet 1 1643-1715 : Défense de la religion tant naturelle que révélée, 6 in-12. La Haye. 1738171V, qui commence par l’existence et les attributde Dieu, pour aboutir, après avoir exposé la création et la chute de l’homme, au mystère de la rédemption ; — Paley (1743-18051 : A view of the évidences of christianity, Londres, 1791 : trad. franc, dans Migne, Démonst. évang., t. xiv, col. 675-905, où il s’appuie sur la confession et la sincérité des témoins héroïques du Christ ; — Butler | I710-1773 ::Letters on the history of the Popes, traduit sous le titre : La gloire romaine défendue contre les attaques du protestantisme. Migne, Démonst. éva t. xii, col. 202-385. qui oppose le catholicisme anglais, ses dogmes et ses bienfaits, à la religion d’Henri VIII et d’Elisabeth. Il n’est pas besoin d’ajouter que l’auteur est catholique. La plupart de ses compatriotes appartenaient à l’Eglise anglicane, mais le protestantisme n’avait pas encore évolué vers la libre-pensée, ou du moins, a l’encontre des audaces irréligieuses de l’écoli nombreuse en Angleterre, de nombreux champions naient avec fermeté au dogme fondamental de la divinitéde Jésus-Christ

IL Allemagne. — Fn Allemagne, après Leibnitz, la lutte contre le rationalisme et le naturalisme fut vif rru sèment menée par le mathématicien Euler 1 1707-17Ï dans ses Lettres ii une princesse d’Allemagne (qu’il ne faut pas lire dans l’édition altérée par Condorcet, i dans celle qu’a publiée Couru* I

Démonst. évang., t. xi. p. 761-834, et dans La révélation divine vengée des reproches des lib re » p t mm (édit. allemande. 1717’. trad. franc, dans Migne..

nionst. étang., t. xi. 0, et par le physiolof

Haller (1708-1777), Briefe ûber einige Einvurfet lebender Freueister wider die Offenbarung, Berne,

177*. I.ilienlhal né en 1717, professeur de t ! Koenigsberg opposaau di isme : Versuch ciner genauern y.citschaitng der heil. Schrift. Kœnigsberg, 17504’16 vol., œuvre considérable, et où les objed sentées contre l’Écriture sainte sont développées et réfutées. Le Prussien Lésa (1736-1797), professeur i G lingue, mêle du mysticisme el - I

sa Beweis der WahrheU der christ. Religion, Gœttinf I7.vs L’aumônier du duc de Brunswick, Guillaume Jérusalem (1707-1789), donna Betrachtungm ûber dit vor15-45

APOLOGÉTIQUE (XVIII SIÈCLE)

1546

nehmsten Warheiten der Religion, Berlin, 1773-1779. Enfin Kleuker entreprit Neue Prùfung und Erklàrung der vorzâglichsten Beweise fur die Wahrheit des Christenthums, Riga, 1787-1794. On pense bien que tous ces ouvrages présentent de nombreuses ressemblances ; les derniers venus imitent et copient leurs prédécesseurs.

Les apologistes que nous venons de mentionner sont des protestants. Faudra-t-il ranger parmi les catholiques Benoit Stattler (1728-1797), successivement bénédictin, jésuite, curé, dont la Demonstratio cat/iolica, 1775, fut mise à l’Index et qui refusa de se rétracter '? Au contraire l’abbé de Saint-Biaise, Martin Gerbert (1720-1793), se montra aussi exemplaire par sa vertu qu'éminent par sa science. Son livre Demonstratio veræ religionis et Ecclesim, 1760, est un bon traité de théologie fondamentale. C’est ici le moment de remarquer que l’introduction à la théologie est désormais constituée. Stattler, avant le livre qui fit scandale, avait déjà publié la Demonstratio evangelica, 1770 ; le P. Neubauer, S. J., Vera religio vindicata adversus omnis generis incredulos, 1771 ; Beda Mayer, O. S. B., Vertheidigung der natùrliclien, christlichen und katholischen Religion, Augsbourg, 17874789, et plusieurs autres se proposèrent le même but et suivirent la même marche. C’est à défendre la Bible que se voua spécialement le jésuite Laurent Veith († 1796). Migne, Script, sac. cursus compl., t iv, Paris, 1837, a réédité, son ouvrage : Scriptura saa’a contra incredulos propugnata, Augsbourg, 1780-1797. Ce n’est pas seulement un excellent résumé de tout ce que l’impiété du xvine siècle a ramassé contre l’Ancien et le Nouveau Testament ; c’est encore une réfutation, qui a nécessairement vieilli en quelques parties, mais dont l’ensemble demeure excellent.

Trois jésuites jouirent dans leur pays et dans leur temps d’une réputation légitime. Ils se nommaient : Sigismond Storchenau (1751-1797). Die Philosophie der Religion, 7 in-8°, Augsbourg, 1755-1781 ; Zugaben zvr Philosophie der Religion, 5 in-8°, ibid., 1785-1788 ; — Hermann Goldhagen (1718-1794), Introduclio in S. Scripturam, 3 in-8°, Mayence, 1765, qui examine au moen de la philologie les points spécialement controversés et allégués contre la révélation par les déistes el lis incrédules ; — J. Antoine Weissenbach (1734-1801), Die kùrzeste und leichleste Art einen Freigeist umzuscha/Jen, Yl ; e, 1779. — Jordan Simon, de l’ordre de Saint-Augustin (1719-1776), qui écrivit contre Voltaire €t Rousseau une Justification de la foi catholique, 1772, avait composé un important ouvrage : Der entlarvte Freigeist ans Grunden der Religion und Vernunfl, Bamberg, 1772. — Louis Sandbicliler (1751-1820), religieux de l’ordre de Saint-Augustin, comme le précédent, publia à Londres, 1785, Philosophische und kritische Untersuchungen uber das alte Testament und dessein Gottlichkeit. Knlin, on doit à un Polonais, membre des Écoles pies, Stanislas Konarski (1700-1773) : De religione honestorum hominum contra impias deislarum ojiinationes, in-4°, Varsovie, 1769. On voit par ce rapide exposé que les catholiques allemands ne négligèrent pas les questions apologétiques j s’ils furent plus nombreux que leurs coreligionnaires anglais, c’est que leur pas n'était pas tout entier infeste par l’hérésie et que leur foi y était plus libre.

III. Italie.

Il fallait que les « libertins » se fussent insinués en Italie, des le xvir siècle, pour que le célèbre prédicateur Segncri (1624-1604) ait voulu diriger contre on volume lie-, populaire : // increu’ulo sema scuza, 1690. li' i fundamenti délia religionee deî fronti délia impiela, >ie Valsecchi, Padoue, 1765 ; Le » fondement » de i" religion ; l « religion démontrée, de I a oni, 1818 ; /." religione demostrata < difusa, Home, 1800-1805 ; Le » caractt re » divin* du christianisme, de Noghera, 1719-1784, sont une contribution très appréciable

à l’apologétique chrétienne. Cependant il faut faire une place particulière à Gotti, de l’ordre de Saint-Dominique (1664-1742), auquel tous les auteurs venus après lui firent de larges emprunts. Il publia en 16 volumes, à Bologne, 1727-1734, une Theologia scolastico-dogmalica, mais il nous appartient surtout par l’ouvrage édité de 1735 à 1710, et dont le titre indique l’objet : Veritas religionis christianse et librorum quibus innititur contra atheos, pohjtheos, idololalras, Mahometanos et Judaos demonslrata ; il avait réfuté déjà le protestantisme dans son livre contre le Hollandais Le Clerc, De eligenda inter dissentientes christianos sententia, 1734.

Nous pouvons encore compter, en Italie, parmi les apologistes, Vincent Moniglia (1686-1767), Dissertazione contra i materialisti ed ait ri increduli, 2 in-8°, Padoue, 1750. La forme italienne de l’incrédulité fut souvent sensuelle, effet sans doute de race et de climat. Moniglia, comme Valsecchi et Fassini, était dominicain. Ce dernier (1738-1787) publia De apostolica origine Evangeliorum Ecclesise catholicse…, Livourne, 1775. Son but était la réfutation des erreurs de Fréret auquel s’attacha aussi, pour le combattre, Nicolas Spedalieri (1741-1795), Analisi dell’esame crilico del cristianesimo di Fréret, in-4°, Rome, 1774. On prêtait à cet érudit, dont l’esprit fut détestable, la paternité d’ouvrages anonymes donl les auteurs réels étaient d’Holbach ou Naigeon. Le père Fazzoni (1720-1775) écrivit Disserlatio theolog’ica de miraculis adversus Spino : an}, 1755, et le frère mineur Costa, un traité De religione adversus incredulos, 2 in-4°, Bologne, 1788. Au jésuite Nicolai (1706-1784) nous sommes redevables des Ragionamenli sopra la religione, 8 in-8°, Venise, 1770, et à Landi, de Turin, un livre au litre suggestif : Ragione, religione, Turin, 1786. L’indication du sujet, en ces deux mots brefs, est plus claire que l’interminable titre de l’ouvrage composé vers la même époque par le P. Emmanuel, capucin, de la famille des Prinsecco : Dissertazioni in forma di dialoghi intorno a vari dogmi cattolici per dimostrare la loro verita contro li cosidelti spirili fortie specialmente i seguaci degli errori di Voltaire. 3 vol., Rome, 1785. Du reste, le livre est bon.

Le vigoureux champion des doctrines ultramontaines, Alphonse Mazzarelli (1749-1813), publia une réfutation de J.-J. Rousseau, Il buon uso délia logica, 2 in-8°, Rome, 1821, contre le livre sur L'éducation qui résume le déisme du philosophe genevois. L'évêque de Saintevgathe des Goths, Alphonse de Liguori ( 1696-1787), effrayé par la diffusion si prompte et si pernicieuse des doctrines nouvelles, interrompit ses œuvres de théologie morale et de zèle apostolique pour écrire, vers la même époque, son livre : Verita délia fede fatla évidente per li contrasegni délia sita credibilita, Naples, 1762, marchant ainsi sur les traces d’Ansaldi qui avait traité Délia nécessitae verita délia religione naturalee rivclala, Venise, 1755. Nous devons ajouter à ces auteurs, Palmieri qui avait édité Analisi ragionata de' sistemie de' fondametiti dell’ateismoe dell' incredulita, 7 in-8°, Gènes, 1811, et Vincent Bolgeni (1733-1811) qui écrivit surtout des ouvrages sur le Saint-Siège, l’infaillibilité du pape et ses droits, mais qui publia L’economia délia fede rristiana, in-8°, Brescia, 1790. Cet ouvrage contient une analyse de la foi catholique dirigée surtout contre les opinions opposées aux doctrines de la Compagnie de Jésus, à laquelle appartint l’auteur, et qu’il quitta lorsqu’elle fut supprimée. Assez audacieux, très vif, il fut parfois condamné, souvent combattu, toujours discuté', mais il se montra docile aux enseignements de l'Église qu’il défendit contre les jansénistes italiens.

Cet ouvrage rappelait l’apologie adressée vingt ans plus loi : Sermone apologetico, per l « giovenlu italiana contro ! < accuse contenute i » ><"< » libro intitolato : bi<lla neccetsita « <ri nta <i<ilu religione naturalee rivelala, in-l", Lacques, 1750. L’auteur était le religieux célei im 1547

APOLOGÉTIQUE Win SIECLE)

lô18

Duonafedi’(1716-4704), philosophe distingué, mats imbu’des doctrine ! sensualistei de Condillac dont l’influence était considérable et pernicieuse.nonseulementenFrance, mais au delà des Alpes.

Un dis premiers, non par la date, mais par le mérite, parmi les api li iliens du ivni 1 siècle, remarquable par le talent et l’esprit philosophique fut le cardinal Gerdil (1718-1802), qui fut pendant soixante ans L’infatigable champion de l’Église. On lui doit les : œuvres apologétiques suivantes : Dite, délia existenza , 1, Dioe délia immaterialita délie nature intelligenti, Turin, 1717, où il réfute les cireurs de Locke ; Tntroduzione allô studio délia religione, Turin, 1755 ; Brève esJ posiiume de’caratteri délia vera religione, Turin. 1707. Irad. franc ;, dans Migne, Démonst. évang., t. xi, col. 239370, et le Saggio d’instruzione teologica, Turin. 1 7.">f). qui témoigne d’une large compréhension et d’une ilude attentive des dangers, des besoins spirituels et des aspirations intellectuelles de son temps.

IV. Espagne.

On ne peut guère parler d’apologétique espagnole au xviir » siècle ; sans doute parce que l’inquisition opposant une rigoureuse barrière à l’incrédulité, le besoin de la défense se fit moins sentir que dans les autres contrées. Florez appartient à l’histoire. Les noms de Naxera, Martinez, Valcareel sont des noms de philosophes plutôt que d’apologistes. A peine si l’on peut décerner ce titre au bénédictin Feijoo (1701-1764), dont le Teatro eritico universal sopra los errores communes, 8 in-8°, Madrid, 1726-1739, est un répertoire qui renferme de tout, des exagérations, des inexactitudes, mais aussi du bon sens dans la réfutation des opinions fausses de son temps. Son compatriote Laurent Hervas (1735-1809), delà Compagnie de Jésus, écrivit, en italien, L’idea dell’universo, 22 in-i°, Césène, 1778-1792, véritable encyclopédie où l’on trouve, parmi un amas de notions scientifiques el autres, la réfutation de plusieurs systèmes irréligieux. Enfin, vers la même époque, le Portugais Almeida (17221803) dirigeait contre les encyclopédistes les Becreacado filosophico, Lisbonne, 1751, traduites en français sous le titre d’Harmonie de la raison et de la révélation ou Réponses philosophiques aux arguments des incrédules, 2 in-12, Paris, 1822.

V. Franck.

C’est une opinion assez générale que les apologistes français furent inférieurs à leur tâche. Ainsformulée, l’appréciation est injuste. Car, si l’on ne conteste ni l’ardeur ni le zèle des innombrables soldats qui se lancèrent dans la mêlée, il faut reconnaître, avec la bravoure, des qualités solides de résistance. Il n’est guère d’objection qu’ils aient laissée sans réponse, et leur bon sens, leur érudition, leur clarté, sont de remarquables avantages dont ils furent presque tous excellemment doués. On ne leur pourrait guère reprocher que la complaisance des uns pour Condillac, des autres pour Descartes. Mais que pouvaient leurs efforts honnêtes contre l’esprit, la verve, la vogue d’adversaires qui se nommaient Voltaire, J.-J, Rousseau. Diderot, et combattaient avec l’éclat du talent, dirigeant contre le christianisme l’ironie, la sensibilité, la passion, dans un style prompt et vif, ou ému, ou fougueux, dont les apologistes ne possédaient pas les secrets ? lit puis, cette lourde machine de l’Encyclopédie les accablait de son poids, et les apparences chrétiennes de certains articles favorisaient la diffusion des erreurs dont elle regorge. D’autre part, à l’objection présentée dans une s.iillie ou une boutade. qui, lancée comme une flèche, d’une main exerce, allait droit au but et se fixait dans l’esprit, il fallait opposer des ouvrages compliqués et savants au-dessus desquels elle passait.

I. PBBAtlÊRM MOITIÉ ut : xvtll’SIÈCLE. — Les jansénistes continuèrent les traditions de leurs devanciers. Par la méthode et la délicatesse de son style, Duguet 1619 17 ;  ;  :  ; est un bon écrivain. Les règles pour l’intelligence des saintes Écritures, in-12, Paris, 17lo.

mté dm principe » de la foi chrétienne, Paris, 3 vol., 1730. dans Itigne, Détn

ni obtenu de justi

il garde contre I esprit se< taire de l auteur. Il en faudra dire autant d’Ellies Du Pin, le théoricien du gallicaiii-inc 1 1657-1733), et de son Traité de ta doctrine < tienne orthodoxe, dan » Migne, Démontt. évang., t w, col. 947-1272 ; de Jaquelot i 1667-1706. pasteur protestant, probe et modéré pourtant, mais très dillus dans écrits ; Conformité de la foi avec la raison, in-8°, Amsterdam, 1705. danMigne, Démonst. évang., t. vii, col. 9-157 ; Traité de ftswjrirnfiim du YitttiT et dm Nouveau Testament, Rotterdam, 1715, et de Saurin. collègue (1677-4730), le plus éloquent des orateurs protestants fiançais, dont le M sur divers lestes de l’Écriture sainte, 9 in-8°, La Haye, 1708-1732, sont parfois de véritables apologies, tels ceux qui ont pour titres : La suffisance de la révélation, ses avantages, la divinité de Jésus-Christ, etc., dans Migne, Démonst. évang., t. ix, col. 9-112. Les jésuites Tournemine (1661-1739), Baltus (1647-1743) et lierruyer (1681-1756) sont très souvent cités par leurs contemporains. Le premier écrivit une lettre Sur l’mmiatériatité de iârne et les sources de l’incrédulité, 1735 Migne. Démonst. évang., t. IX, col. 583-591) ; De la liberté de penser sur la religion, 1736. Le second s’était déjà rendu célèbre par la Réfutation de l’histoire des oracles de Fontenelle, 1708, et il dirigea, contre les théories ev Richard Simon, La défense des prophéties, 1737. Enfin le troisième fut l’auteur discuté et condamne de I Histoire du peuple de Dieu (1681-1758) ; il fut désavoué par ses confrères, mais s’il est paradoxal et parfois erroné, trop léger pour le grave sujet qu’il aborde, il se montre personnel, ingénieux, et son livre est d’agréable lecture.

L’un des plus estimables, parmi les apologistes français du xviii’siècle, fut certainement Claude-François lloutteville (1688-1742), religieux de l’Oratoire et membre de l’Académie, auquel on a justement reproché une définition naturaliste du miracle, dont l’ouvrage fut. du reste, antérieur aux attaques des Philosophes, mais demeure un des traités les plus sérieux sur La ; de la religion chrétienne prouvée }wr les fait*. 1722. Il est complété par une Dissertation sur les faux principes et les divers systèmes des incrédules, et pr d’un Discours historique et critique sur la méthode des principaux auteurs qui ont écrit pour et Contre le christianisme. Ce discours, que l’on peut lire en tête de l’édition corrigée du principal ouvrage, 17 io. — et aussi édit. Migne, Paris, 1873, — contient des vues personnelles sur le développement de la défense religieuse ; elles sont dignes d’attention et d’intérêt, et 1 auteur ne mérite qu’en partie les reproches que Desfontaines adresse à son style qu’il accuse d’être prétentieux et manier.

On pourrait sans trop de peine relever Lien des choses inutiles dans l’Exposition despn plus

sensibles de la véritable religion (dans Migne. Démonst. évang.. t. IX, col. 114-249) du jésuite Muflier (166117371. L’élégance trop symétrique du président d A seau (1688-1751) n’empêche pas ses Lettres sur Dieu el la religion, dans Migne, Démonst, évang., t. vin. col. 705-836. de renfermer d’utiles et graves consi.. lions qui font ressortir particulièrement l’influence morale du christianisme. Mais aux magistral.renl de-, poètes ; l’un était d’Église : Pohgnac ; le second portait le nom illustre de Racine. — C’est en latin que le cardinal Melchior de Polignac (1661-1741) composa VAnti-Lucrèce, Paris, 171."). 2 in-8, souvent traduit en français, dans Migne, Démonst. évang., t. viii, col. 91381268.

La cardinal qui. sur un DOUVeta tan. B(| vers ! a : ms f.iil parier la*.’,

Rèuniasanl Vir f. b a,

or du ciel et ralnqiHUt de Lu

1540

APOLOGÉTIQUE (XVIIIe SIÈCLE)

1550

C’est ainsi que Voltaire, dans le Temple du goût, loue ce poème, remarquable certes, mais ne justifiant pas cependant ces hyperboles élogieuses. L’auteur y réfute le matérialisme du Dénatura reruni, et parfois ses vers ne sont pas indignes d’être comparés à ceux de son adversaire, mais il s’y montre entiché de cartésianisme. Après avoir montré dans l’orgueil et la volupté les sources de l’irréligion, l’auteur réfute successivement l’idolâtrie, l’athéisme, le matérialisme, le spinozisme, le déisme, le pyrrhonisme, hérésie, la corruption de l’esprit et des mœurs, et conclut par le triomphe de la foi. Ce poème ne fit pas oublier La religion, in-12, Paris, 1742, et La grâce, 1720. Si ce dernier ouvrage est imprégné de jansénisme, le premier est aussi remarquable par le talent que par les idées : Dieu, l’âme, la rédempt on, les mystères sont les sujets de vers un peu froids, mais harmonieux et d’assez précise doctrine. Leur auteur, Louis Racine (1692-1763), qui se nommait modestement « fils inconnu d’un glorieux père » , mérite une place parmi les apologistes et parmi les poètes. Migne, Démonst. évang., t. viii, col. 11-109, 110-150.

II. seconde moitié du xv il i’siècle. — Si le titre d’apologiste ne convient guère à ces poètes que par occasion, il faut le décerner sans réserve à Sylvestre Bergier (17181790), qui le mérita par le nombre, l’opportunité, la valeur de ses ouvrages. Il suivit attentivement le mouvement philosophique de son siècle et ne laissa passer, sans y répondre, aucune des attaques importantes subies par le christianisme. Contre Rousseau, il écrivit Le déisme réfuté par lui-même, 2 in-12, Paris, 1765 ; contre Voltaire, La certitude des preuves du christianisme, 2 in-12, Paris, 17C8, et dans Migne, Démonst. évang., t. xi, col. 11-198 ; contre Boulanger, Y Apologie de la religion chrétienne, 2 in-12, Paris, 1769 ; contre d’Holbach, L’examen du matérialisme, 2 in-12, Paris, 1771. Voltaire ayant répondu, avec sa légèreté et son esprit ordinaires, dans les Conseils raisonnables à un théologien, Bergier répliqua victorieusement (1772). Migne, Démonst. évang., t. xi, col. 99-234. D’allure moins polémique, le Traité historique et dogmatique de la vraie religion, il in-12, Paris, 1780, a largement été mis à contribution par les auteurs de théologie fondamentale. Raisonnement serré, preuves précises, variété des points de vue, cet ouvrage se recommande par divers mérites que l’on retrouve dans le Dictionnaire théologique, Paris, 1789, 3 in-4°. Il faut pourtant regretter dans ce dernier travail du savant théologien ses inexactitudes et certaines complaisances pour les théories des philosophes qu’il avait pourtant combattus. Le grand public préféra à ses lourdes machines de guerre les Lettres de quelques juifs portugais, allemands et polonais, à M. de Voltaire, in-8°, Paris, 1769, où le chanoine Guénée (1717-1803) eut l’habili té de mettre les rieurs de son côté en empruntant à son adversaire son esprit incisif, son stvle alerte, son ton dégagé. Ses réponses aux objections du philosophe de Ferney sont excellentes ; elles portèrent, et Voltaire, touché au vif, avouait : « Le secrétaire juif, nommé Guénée, n’est pas sans esprit et sans connaissances ; mais il

I malin co ie un singe ; il mord jusqu’au sang en

f.iis.int semblant de baiser la main. » Lettre clxxiii

à d’Alembert. 8 décembre 1776, Œuvres, Paris, 1781-,

t. i.xix, p. 289. Guénée avait compris qu’il fallait avant

tout se faire lire en piquant la curiosité d’un public fri 1 1 qu’il fallait délimiter son sujet pour éviter les

igations ennuyeuses trop fréquentes chez la plupart

ipologistes de ce temps.

La manière de Jean-Baptiste Bullet (1699-1770) est plus érudite ; le titre même de ses livres en indique l’objet et ta méthode : Histoire de l’établissement du christianisme tiré des si’iils auteurs juifs et païens, Lyon, 1769, Migne. Démonst. évang., t. XII, col. 383-513, et critiques aux difficultés sur divers endroits des Livres saints, Besancon, 1773. Inutile du faire remar quer que ces ouvrages ont vieilli : cela était inévitable, mais tout n’est certes pas à dédaigner dans cette tentative. L’académicien Beauzée (1717-1789) écrivit des articles philosophiques dans Y Encyclopédie, mais on lui doit aussi une Exposition abrégée des preuves historiques de la religion, dans Migne, Démonst. évang., t. x, col. 1171-1264, écrite d’un style correct et disert. Plus directement, un évêque du Puy, Lefranc de Pompignan (17151791), s’en prit aux incrédules, et c’est pour les persuader de leurs erreurs, en même temps que pour prémunir les fidèles contre leur pernicieuse contagion, qu’il écrivit les Questions diverses sur l’incrédulité, l’incrédulité convaincue par des prophéties, 3 in-12, Paris, 1759 ; La religion vengée de l’incrédulité par l’incrédulité elle-même, 1772, dans Migne, Démonst. évang., t. xii, col. 651-790. Il devint plus tard archevêque de Vienne et président de l’Assemblée nationale et ministre. Il eut pour émule Adrien Lamourette (1742-1794), qui devint un instant célèbre, lorsqu’il proposa, en la nuit du 4 août 1789, la réconciliation des partis connue sous le nom de baiser Lamourette, et, qui, après avoir été évêque constitutionnel du Rhône, porta sa tête sur l’échafaud. Il nous a laissé deux livres écrits avant son apostasie, Pensées sur la philosophie de l’incrédulité, 1786, et Pensées sur la philosophie de la foi, 1789, qui se complètent l’un l’autre. Son contemporain, Claude-François Nonnotte (1711-1793), servit de cible à Arouet, mais celui-ci n’en est pas moins atteint par les Erreurs de Voltaire, Avignon, 1762, où il est plusieurs fois convaincu d’ignorance et de mensonge. Ce même jésuite devait traiter la question religieuse plus directement et avec plus d’ampleur dans le Dictionnaire philosophique de la religion où l’on établit tous les points de la doctrine attaqués par les incrédules, 4 in-12, Avignon, 1772. Son confrère Xavier de Feller(17351802) écrivit le Catéchisme philosophique, Paris, 1842, œuvre d’un esprit net, exprimant avec force et simplicité une pensée droite et présentant avec clarté les préambules rationnels de la foi. Il ne jouit pas cependant auprès de ses contemporains d’une réputation comparable à celle de Para du Phanjas, S. J. (1721-1797), qu’il déclare être « sans exemple pour l’élévation de la pensée, la perfection de la méthode et la clarté du style » . Les principes de la saine philosophie conciliés avec ceux de la religion, 2 vol., Paris, 1774, dans Migne, Démonst. évang., t. x, col. 1-431, qui attirèrent à leur auteur de tels éloges, sont aujourd’hui bien oubliés. On lirait plutôt les Recherches philosophiques sur les preuves du christianisme, in-8°, Genève, 1770, du protestant Charles Bonnet, naturaliste très distingué. Mais ses idées sur le miracle, que sa définition (sinon son intention) range parmi les phénomènes naturels, et ses rêveries sur les existences successives de l’homme après la tombe, altèrent singulièrement ce qu’il peut y avoir de solide dans son ouvrage. Un autre savant, son compatriote, J. -André Deluc, 1727-1817, se voua à la défense religieuse. Dans ses Lettres sur le christianisme adressées au pasteur Teller, de Berlin, dans Migne, Démonst. évang., t. xii, col. 945-1087, et sur l’Essence de la doctrine de Jésus-Christ, écrites à WollT, ibid., col. 1087-1150, mieux encore dans ses Observations sur les savants incrédules et sur quelques-uns de leurs écrits, ibid., col. 791-945, il montre qu’il n’était pas seulement un physicien distingué, mais encore un croyant. Pourtant on a dû reconnaître en ses écrits des traces de socinianisme. Serait-on injuste en adressant le reproche de prolixité à A. Duhamel († 1769) dont on a Quatre lettres d’un philosophe à un docteur de Sorbonne, sur les explications de M. de liuflon, in-12, Strasbourg, 1751, et les Lettres flamandes ou histoire des variations et contradictions de la prétendue religion naturelle, Lille, 1752, dans Migne, Démonst. évang., t. XII, col. 9-132, et à Claude Roussel (|- 1764), curé de Saint-Germain, auteur des Principes de religion OU Préservatif contre l’incrédulité, Paris, 1751, 1753. Il faut bien APOLOGÉTIQUE XVIII* SIÈCLE)

1552

garder de prendre à la lettre li’chante êpigramme de

Voltaire contre l’abbë rrublel 1697-1"

Il compilait, corn] liait, compilait

Au [ mme avait

i.’-| nt d’autrui par nipj lémi

Le i bonho i qui avail bâillé en lisant La Rem

agaçait Voltaire par lea Pensées sur l’incrédulité, in-8 Cette, 17 : 17, dont la justesse gênait Bes desseins impies, Leso i ragea deGauchat, abbédes prémontrés 1 1709-1779 eurent le même résultat : Lettres critique » ou analyse et réfutation de divers écrits modernes contre la retigion, 19 in-12, l’aiis, 1753-1763, et Harmonie géuérale du christianisme et de la raison, 4 in-12, Paris, 1768. Sur le magistère de l’Église et les rapports de la foi et de la raison, on peut consulter utilement François Picard, docteur de Sorbonne, qui ne signa pas ses livres : Vérités sensibles de la religion, Traité des moyens de reconnaître la vérité dans l’Eglise, 1 759, et qui avait déjà pris rang parmi les défenseurs de la saine doctrine par La raison soumise à l’autorité de la foi, Paris, 1742.

Le résultat de ces efforts et de ces travaux, ce fut la constitution définitive du traité’De revelalione que nous trouverons désormais en tête des Institutiones theologicæ. Ses grandes lignes sont tracées et définitives, la méthode formulée, les matériaux réunis et coordonnés dans le livre de Joseph llooke, Irlandais de naissance mais Français d’adoption (1716-1796), professeur en Sorbonne (17641791). Il est intitulé Religionis naturalis et revelalx principia, 3 in-8°, Paris, 1752. Destiné aux théologiens de profession, il laissait le champ libre aux œuvres moins didactiques de La Luzerne et de Duvoisin. Le premier, évêque de Langres et cardinal (1738-1821), a pris un rang distingué parmi les écrivains religieux par son Instruction pastorale sur l’excellence de la religion, Langres, 1786, dans Migne, De’monst. évang., t. xiii, col. 895-1082 ; le second, grand-vicaire de Laon, qui mourut évêque et conseiller d’État (1744-1813), publia des ouvrages bien documentés sur l’Ecriture sainte : Autorité des livres du Nouveau Testament, in-12, Paris, 1775. Autorité des livres de Moïse, in-12, Paris, 1778, dans Migne. Démonst. évang., t. xiii, col. 763-891. Etienne-Antoine Boulogne (174-7-1825) travaillait à la même œuvre, il ne devait être élevé à l’épiscopat que sous l’Empire, mais son œuvre appartient en partie à l’époque de la Révolution, car ses Annales religieuses, publiées avec la collaboration de Sicard et de Jauflret, parurent en 1796 et se continuèrent par des Fragments et des Méla)iges où étaient vaillamment défendus les droits de la religion et de l’Église. L’auteur combattait avec courage le schisme des prêtres assermentés. On peut croire que ces ouvrages eurent et heureux résultats, préservèrent la foi d’un grand nombre, et contribuèrent peut-être à ramènera la foi des esprits tels que le littérateur La Harpe [1739-1803).d’abord ami et presque complice des philosophes, critique éminent pour son époque, mais auteur d’ouvrages licencieux, qui, non content de se convertir, en ses dernières années, se rangea courageusement, par son Apologie de la religion, dans Migne, Démonst. évang., t. Xlll, col. 177-652, parmi les apôtres du christianisme.

l’n docteur en Sorbonne. Claude Yvon (1714-1790),

montre aans ses Lettres à Rousseau, in-8°. Amsterdam, 1790, qu’il partageait, en partie, les préjugés desécrivains qu’il prétendait réfuter. Bien plus efficace est le Prèservatif pour les fidèles contre lessophismes ci les impiétés des incrédules, 2 in-12, l’an--. 1764, par le bénédictin ilom Deforis (1732-1794) qui connaissait à merveille les questions qu’il traitait et les revêtait d’un stle sobre et clair. — C’est aux panthéistes et aux naturalistes que Laurent de François 1 1698-1782) s’en pi it avec Buccès

dans les l’icuies de la religion de.lésus-t’.hi ist contre

Us spinoziste » et les dattes, 4 in 12, Paris, 1751. I d

i uré du dia. ae de Sarlat, Guillaume de lïalleville II 1764 ?), avait abordé un sujet analogw dani La religion naturelle et la religion révélée état

de la vraie philosophie et île ' >ret,

5 in-12, 1756-175*. l’n auteur ascétique estimé, le P, Millet, s..1. (1696-1771), démontra la nécessité nv de la révélation, en deux volumes qui ont pour titre : uffitance de la religion naturelle ; w les

tenues dans les lii, I dure M

Liège, 1770. l’n dominicain, Gabriel Fabricy († 1lit ouvre d’exégète en examinant / primitifs

de la révélation ou considérations critiques sur la pureté et l’intégrité du texte original ts de

i i.--, [en Testament, 2 in-12. Home, 1772.

i n autre frère prêcheur, Thomas Laberthonie (17081794), sur un plan plus large, essaya une démonstration plus complète : Défense de la religion cl, retienne a hs incrédules et les juifs. 3 in-12. 1787. synthèse propositions classiques qui constituent ce que noupelons le traité De vera religione. C’est l’accord de la science et de la croyance que cherchait à établir Anne de Forbin (1718-4780), dont les connaissances mathtiques étaient remarquables, par son ouvraf I de la foi et de la raison dans la manière 1er le système physique du monde juer les d cents mystères de la religion, i in-12. Cologne. 1757. On sait que semblables tentatives présentent certains dangers en axant l’air de rendre la foi solidaire de telle ou telle explication mécanique de l’univers, mais le but n’en est pas moins louable. Très digne déloges fut aussi l’intention de Hubert Hayer (1708-1780) qui poursuivit l’incrédulité sous tous les déguisements qu’elle revêtait, dans les 21 volumes de La religion. îblication périodique ( 1757-1761), et qui dévoilant La charlatanerie des incrédules, in-12. 1780, insista sur L’utilité temporelle de la religion chrétienne, in-12. 1774.

Aux simples, le P. Joseph de Menoux, S. J. (16951766), donnait un antidote aux erreurs de son temps, dans L’incrédulité combattue par le simple bon sens, Nancy, 1760, et il rappelait à la raison les ennemis de la foi par son Défi général à l’incrédulité. ou notions plu. phigues des vérités fondamentales de la religion, in-8°, Avignon, 1758. Les Méritoires philosophiques ou l’adepte du philosophisme ramené à la religion catholique bi ni un ouvrage estimable, 2 in-8°, 1777-1778. danIl Démonst, évang., t. xi. col. 589-758. du à Louis Cnlluii (1726-1789), et aussi V Essai sur la religion chrétienne et sur le système des philosoplics modernes, par un ancien militaire retiré, in-12, Paris, 177u. Cet ancien militaire » était Joseph de Laulahnier, évêque partibus. 1718-1788. Car l’épiscopat ne pouvait se désintéresser du combat qui se livrait pour Jésus-Christ La lutte avait été, en eilet. vaillamment conduite par Christophe de Beaumont (1703-1781), archevêque de Paris, pieux et courageux prélat qui fut abreuvé d’outrages et de calomnies, surtout après la publication de son Mandement portant condamnation d’un livre gui a pour titr, l’esprit. Mais Bon attitude, son influence et sa direction contribuèrent plus encore que cette lettre pastorale à rendre efficace la défense religieuse. Plusieurs di collègues dans l’épiscopat le secondèrent avec DOW

même ceux dont l’orthodoxie fut entamée par le jansénisme et le gallicanisme. Tel cet archevêque de Lyon, Antoine de Montant (1713-1788), à qui nous devons* une Instruction pastorale sur les I, ’incrcduî.

les fondements de la religion, i n - 1’. Taris. 1776. mais

aussi des Institutiones theologicse, 6 in-12. 1782. qui

rtagèrent, avec la Theologia dogmatica et moralis

de Bailly, les faveurs des séminaires et exercèrent pon dant trop longtemps une fâcheuse influence sur l’éducation intellectuelle du cierge de Franc, Ces livres durent

leursuccès, malgré les propositions ; u’ils

contenaient, aux qualités d ordre et de méthode que l’on 4553

APOLOGÉTIQUE (XVIIIe SIÈCLE) — (XIXe SIÈCLE)

ibU.

remarque dans le Traclatus de vcra religione, de Builly (1730-1808). Nous ne pouvons omettre, parmi les auteurs auxquels leurs œuvres acquirent encore une certaine notoriété, Louis Joly (1712-1782) qui, dans ses Remarques critiques sur le dictionnaire de Bayle, in-fol., Dijon, 1748, nous a laissé un utile correctif de ce dangereux recueil ; ni le P. Antoine Guénard (1726-1806) qui fixa si nettement et si finement, dans le Discours sur l’esprit pliilosopliique, in-4°, Paris, 1755, « les caractères qui le distinguent et les bornes qu’il ne doit jamais franchir ; » ni Barruel (1741-1820) qui, dans les Lettres provinciales philosophiques, 5 in-12, 1781, prit sa revanche, contre les encyclopédistes, de l’immortel et inique pamphlet de Pascal contre sa Compagnie, ni surtout le chanoine Gérard (1737-1813), plus célèbre que tous les autres par ce roman où l’on vit une confession et une autobiographie, et qui était destiné, dans l’intention de son auteur, à venger le christianisme en montrant les excès où conduit fatalement l’incrédulité : Le comte de Vaimont ou les égarements de la raison, 5 in-8°, Paris, 1801. Cette période se termine par le nom d’un bon prêtre, modeste, énergique, d’esprit élevé et de noble caractère qui emprunta aux philosophes les éléments d’un plaidoyer en faveur du catholicisme. S’il ne peut se défendre de quelques préjugés ecclésiastiques de son temps, l’abbé Émery (1782-1811) fit œuvre utile en publiant : L’esprit de Leibnitz, ou recueil de pensées choisies sur la religion, la morale, l’histoire et la philosophie, 2 in-12, 1772 ; Le christianisme de F. Bacon, in-12, 1799, et les Pensées de Descaries, in-8°, Paris, 1811.

En somme, l’année catholique compta au xviiie siècle ungrandnoinbredecombattantsauxquels ne manquèrent ni le courage ni la science, mais ils livrèrent plus d’escarmouches que de batailles, leurs armes trop souvent vieillies ne portèrent pas, et s’ils ne furent pas entamés dans leurs positions, ils n’obtinrent que de rares victoires indiscutées et définitives ; en un mot, l’apologétique fut abondante et généralement médiocre.

VI. APOLOGÉTIQUE. XIXsiècle, en France. — Pour

faciliter les recherches et grouper les renseignements, nous distinguerons, sans attribuer à cette division une valeur absolue : 1° les maîtres de l’apologétique au XIX e siècle ; 2° les apologistes de la chaire ; 3° l’apologétique doctrinale ; 4° l’apologétique philosophique ; 5° l’apologétique historique ; 6° l’apologétique scientifique ; 7° évoques apologistes ; 8° publicistes apologistes ; 9° des ouvrants récents d’apologétique.

1. Les maîtres de l’apologétique.

François-René de Chateaubriand (1768-1848) est le « premier écrivain du xixe siècle, disait Villemain dans l’ordre du temps et de la gloire » . Sa démonstration de la religion révélée est contenue dans le Génie du christianisme, 5 in-8°, Paris, 1802, dont les principes sont vérifiés, confirmés et appliqués en plusieurs autres ouvrages de l’auteur, tels que : Les martyrs ou le triomphe de la religion chrétienne, 1809 ; les Éludes historique » , 1831, et la Vie d, Rancé, 1833. Le titre primitif du Génie du christianisme en fait bien connaître l’objet : Des beautés poéliquet ri morales de la religion chrétienne ci tir sa su/ « o) </' sur tous les autres cultes de lu terre. L’ouvrage fut une très opportune réaction contre la philosophie artificielle et inintelligente de Voltaire, une réhabilitaBon du sentiment religieux, de l’importance el île la leur des problèmes qu’il fait naitre. On a relevé l’imprécision de certaines formules, la faiblesse de cer taims preuves, mais l’auteur avait atteint son but : for1 9 contemporains à accorder leur attention respectueue auchri tianisme, leur montrer qu’ils lui devaient " reconnai unts pour ses bienfaits, leur révéler les poésie et d'émotion qu’il renferme, son accord avec 'a nature et la civilisation, enfin sa beauté propre, absolument différente de la beauté' antiqu

d’un caractère si transcendant qu’on en pouvait conclure sa vérité et son origine surnaturelle.

Bien qu’il fût né avant Chateaubriand, le comte Joseph de Maistre (1753-1821) publia plus tard que lui ses principales œuvres. Le pape, Lyon, 1819, très vigoureuse réfutation du gallicanisme et, malgré ses omissions, ses inexactitudes, ses exagérations, très solide traité sur les droits du souverain pontife. Mais Les soirées de Saint-Pétersbourg, parues après la mort de l’auteur, Paris, 1828, sont le meilleur titre de gloire de cet admirable écrivain. Elles ont pour objet de démontrer et de justifier le gouvernement de Dieu sur le monde, d’expliquer le mal physique comme le châtiment du mal moral. Malgré les paradoxes où il se complaît parfois, J. de Maistre se montre penseur original, éloquent et profond. Son émule, Ambroise de Bonald (1754-1840), nous a laissé une substantielle et diverse réfutation de Rousseau et de Montesquieu. C’est un métaphysicien un peu froid, mais aux formules nettes. Il a beaucoup écrit. Il faut signaler ici, comme nous appartenant plus spécialement, La théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile, 3 in-8°, Constance, 1796 ; La législation primitive, 3 in-8°, Paris, 1802, et les Recherches philosophiques sur les premiers objets de nos connaissances humâmes, 2 in-8°, Paris, 1818. Les traditionalistes empruntèrent à ces ouvrages les lignes et les arguments de leur système. Le rôle de la tradition et de la société y est démesurément accru, mais ils abondent en considérations vraies et en rétlexions graves qui fixent l’esprit et lui suggèrent des idées.

Félicité de Lamennais (1783-1854) a exercé une action très active, très efficace. L’Essai sur l’indifférence en matière de religion, 4 in-8°, Paris, 1817, bouleversa les esprits et les cœurs. Le premier volume était une vaillante charge contre l’incrédulité : les trois derniers volumes sont de beaucoup inférieurs, contiennent les principes du lidéisme (voir ce mot) et préludent aux excès qui entraînèrent l’auteur parmi les révoltés, les apostats et les panthéistes. Il conçut, en philosophie, des ambitions démesurées, mais son Esquisse d’une philosophie, 4 in-8°, Paris, 1841 -1846, d’où on a extrait une remarquable Philosophie de l’art, garde des traces du merveilleux talent éclatant et âpre dont il avait fait preuve à ses débuts.

II. Les apologistes de la chaire.

Il y avait beaucoup moins d’idées nouvelles mais beaucoup plus de sagesse dans les discours de Denis Frayssinous (1765-1842) dont les Conférences sur la religion ou Défense du christianisme, 3 in-8°, Paris, 1825, sont un développement ordonné des principales questions qui se rapportent à la foi : vérités naturelles, certitude, témoignage, notes de la révélation, Jésus-Christ, etc. La langue est nette et rappelle parfois la prose du grand siècle. Mais l'éloquence devait revêtir l’apologie d’un magnifique vêtement dans la chaire de Notre-Dame de Paris où, successivement, Ravignan, Lacordaire, Félix, Monsabré, d’Hulst, répandirent sur les preuves de la religion l'éclat de leur parole. Lacordaire (1802-1861), dans ses Conférences de Notre-Dame de Paris, 4 in-8°, Paris, auxquelles il faut adjoindre ses Conférences de Nancy, 2 in-12, Paris, 1900, et ses Conférences de Toulouse, Paris, 1857, s’attache principalement à la démonstration du christianisme par ses effets, Il est hors de pair par l'émotion el la ie, l’ardeur et l’enthousiasme, le succès et l’influence. Le P. de Ravignan (1795-1858), dans ses Conférences, 4 in-8°, Paris, 1868, a va il manifesté sa profonde vie intérieure et son zèle persuasif. Le R. P. "Félix (ISH11891) développa, pendant quinze ans, la parole de saint Paul : Crescamus in illo per omnia qui es ! capui G/n-is tirs, Eph., IV, 15, en (les discours exactement divisés el purement écrits, avec ordre et logique, Conférences. Le progrès par le christianisme, etc., 17 in-8°, Paris, 1858 sq. Son successeur est encore heureusement i1 555

AP0L06É1 [QUE XIX* SIÈCLE

vaut, cr qui nous empêche de louer ton œuvre comme elle le mérite ; un doit au It. I Monaabré ai en 1822 les Conft rencei de Saint-1 homas d’Aquin, lin-&. Parie, 1866, et 1rs Conférence » de Notre-Dame, 18 lo 1873-1890, où ilacommen or la partie dogma tique de la Somme de saint Thomas. Aprëe lui, M " d Hulel 1841-1896) aborda le Décalogue, Conférence ! de NotreDame, 1 in-8°, Paris, 1891-1894, avec un esprit philosophique très pénétrant et une culture solide et variée. La chaire de Notre-Dame est demeurée la première chaire apologétique du monde chrétien ; elle resta fidèle

nés avec ! ' I'. Olivier, qui traita de L'Église (1897el le I'. Étourneau qui s’est attaché à mettre en lumière le dogme fondamental de la providence(1899-190l).

III. Apologétique doctrinale.

Il nous faut maintenant revenir en arrière, jusqu'à l’oratorien Hérault (1744-1835) qui fortifiait les arguments favorables au christianisme par les aveux mêmes de ses adversaires. Les apologistes involontaires, 1806, est un livre clair et qui fut utile à son heure. Il en faut dire autant de L'école d’A thènes, Paris, 1830, et de l’ouvrage intitulé : Du rationalisme et de la tradition, 1834-, dus à Claude Riarnbourg (17713-1836). Le jésuite Rozaven, théologien de premier ordre (1772-1851), dirigea contre les incrédules La vérité défendue et prouvée, 1817 ; Avignon, 1825. Contre les attaques des schismatiques il écrivit L’Eglise catholique justifiée, Paris, 1822. Le gallicanisme d’Eugène de Genoude 1 1802-1819) ne doit pas nous empêcher de reconnaître et de louer les services rendus par ses ouvrages : la Divinité de Jésus-Christ, 2 in-12, Paris, 1842. et la liaison du christianisme, 6 in-12, Paris, 1841, où il publia des fragments apologétiques empruntés aux théologiens et aux philosophes et les fit précéder de notices qui en font connaître les auteurs. Le discernement n’est pas toujours heureux, mais l’intention est excellente et on peut glaner de très bonnes pages en faveur de la religion.

Parmi les polémistes de la première moitié du siècle, citons le P. Chastel (1801-1861), dont les ouvrages : De l’origine des connaissances humaines, 1852 ; De la valeur de la raison humaine, 1851, sont une réfutation du traditionalisme et méritent de survivre au débat qui en fut l’occasion. Ils étaient dirigés contre les doctrines de E. Bautain( 1735-1867), qui a laissé d’excellents ouvrages : La philosophie du christianisme, Paris, 1835, La morale de l'Évangile, 1855 ; La religion et la liberté, 1818, et bien d’autres où il réfute le rationalisme, le maté rialisme et l’athéisme. C’est un laïque, un magistrat, A. Nicolas (1807-1888), dont les Etudes philosophiques sur le christianisme, 4 in-8°, Paris, 1812 ; L’art de croire, 2 in-12, 1866 ; Du protestantisme et de toutes les hérésies dans leur rapport avec le socialisme, 1852, sont une très estimable contribution à l’apologétique, et obtinrent, malgré des rapprochements forcés et des inexactitudes, un légitime succès. Il s'était beaucoup inspiré des travaux de E. Chassay († 1866), auquel on doit une copieuse Conclusion îles démonstrations évangéliques, Paris, 1853, et Le Christ et l’Evangile, histoire critique des systèmes rationalistes contemporains sur les origines de la révélation chrétienne, Paris, 1817 ; troisième édition augmentée, 1851. Il eut pour éditeur l’abbé Aligne (1800-1875) auquel les catholiques sont redevables pour ses innombrables publications et qui nous donna.

en dix huit volumes, les ouvrages traduits en français, de 117 apologistes, depuis Tertullien jusqu’au milieu du

XIXe siècle, dans ses I)i ninustrations ciawji liques, 1853 sq. Le cheux n’est pas toujours heureux, mais l’entreprise était considérable, et cette collection est précieuse pour les théologiens. (ligne a aussi édité un Dictionnaire d’apologétique catholique, par Jehan, S m-1. 1855, Le même loge convient à Bonnette 1 1798 1879. en dépit de ses erreurs traditionalistes, car les Annales de philosophie chrétienne, 95 in-8°, Paris. 1830 sq., renfer ment d’innombrables et riches documents sur l’histoire

ligions. Plus prêt de nous, |e jt p. ;, ), fait connaître et apprécier par La ut, , ,

humain dans la foi Catholique, Pans. 1884, et La question du surnaturel, 1863. »n remarque de menu œuvres du P. Causeette (+ 1880) : Le bon sens de la foi, Puis, 2 in-8°, 1871, et Ananie le de l’ho

ton retour à Dieu, S in-8°, 1870. L’auteur y fait preuve, avec talent, de psychologie p<. vacte

connaissance des besoins de son temps. L - P. P. Lescoeur

a publié La tCÛ naturels

raine, Paris, 19uu. Le dictionnaire apologétique de la

foi catholique, I -.1. publié- sous la direction de

l’abbé Jauge] f 1894), contient les preuves princi ; de la vérité de la religion et les réponses aux objections tirées des sciences humaines. Il complète les trai ! théologie fondamentale par lesquels les théologien ! cents commencent leurs Institutiones theologicm. Citons parmi les plus connus ceux de M « * Bouvier MM. Lebrethon, Leboucher, Martinet, Bonal. Vincent, etc. Ces deux derniers sont des prêtres de Saint-Sulpice, ainsi que M. Brugère qui mérite une mention spéciale pour les vues nouvelles et intéressantes de ses trait vera religions et De Ecclesia Christi, Pjii-. 1873 U autres ont suivi, avec plus ou moins de fidélité, en les corrigeant, les fortifiant et les perfectionnant, les thodes de Bailly et de Thomas de Chai in

IV. Apologétique philosophique.

Les préambules de la foi, indispensables à établir dans un siècle où la raison est en péril, étaient étudiés par des philosophes qui travaillèrent à préparer les âmes à la croyance. Des ouvrages tels que Le matérialisme et la science, Paris, 1868, et L’idée de Dieu dans la critique contemporaine, ibid., 1872, bien qu’ils n’aient pas directement en vue la foi chrétienne, rangent leur auteur. Eline Caro 1887), parmi les plus éloquents apologistes. Mieux que lui, Alphonse Gratry (1805-1872 mérite notre admiration et notre gratitude. Parmi ses nombreux ouvrages, nous devons citer : De la connaissance de Dieu, 2 in-8°. 1853 : De la connaissance de l'âme, 2 in-8. le.". I. ;  ; e, i in-8°, 1858 ; Etude sur la sophistique contemporaine, 1863 ; Lettres sur la religion, 1869. où sont émises quelques idées contestables, mais qui demeurent le témoignage d’une âme noble, ouverte, ardente et profonde.

L’abbé de Broglie (1834-1895), avec une persévérante activité et une culture très étendue, poursuit l’incrédulité sur tous les terrains où elle se réfugie. On lui doit : Le positivisme et la science expérimentale. 2 in-8', Paris, 1881 ; Problèmes et conclusions de l’histoire des retij ibid., 1885 ; La morale sans Dieu, ibid., 1886 : La réaction contre le positivisme, ibid., 1891 : Le présent et l’avenir du catholicisme en France, ibid., 1898 ; Religion et critique, ouv. posthume. Paris. 181'~. Sa pens e maîtresse est que le christianisme est une forme religieuse absolument irréductible aux autres et transcendante. On peut trouver encore une introduction a la théologie surnaturelle dans la.. 3 in- 12. Paris.

1865, de M. de Margerie, et dans Ks Harnumt dentielles, Paris, 1871. de Ch. Levèque ꝟ. 1900). Le premier étudie les questions sur Dieu, sa nature. I.i tion et la providence ; l’autre rajeunit et rend la preuve de l’existence de Dieu tirée de l’ordre du monde. En de nombreux et remarquables articles publies dans les | le lv. P. de BoMÙOt

(1831-1889) traita avec clarté, précision, esprit, div questions de psychologie cow., - en prit au mo nisme matérialiste. On lui doit en outre plusieurs ouvrages de controverse : Les malheurs de la philosophie contemporaine. Paris, IS79 : Le mi

médicales, ibid., 1879 : Histoire merveilleuse des animaux, ibid., 1890, mais surtout deux livres de doctrine et de forte discussion : Le mira, .tre façotu, ibid., tSffl, e Le problème du mal, 1 ; >88.

1557

APOLOGÉTIQUE (XIXe SIÈCLE)

1558

Le livre de M. P. Janet (1823-1900), Les causes finales, Taris, 1872, malgré les préjugés rationalistes de l’auteur, n’est pas inutile pour la défense de la foi, et on doit lire avec précaution, mais on peut lire avec profit ses Principes de métaphysique et de psychologie, 2 in-8°, Paris, 1897. Son confrère à l’Institut, M. Nourrisson (1825-1900), était un chrétien et l’a bien prouvé dans ses livres : Philosophies de la nature : Bacon, Boyle, Toland, Buffon, Paris, 1887 ; Voltaire et le vollairianisme, Paris, 1899.

V. Apologétique historique.

C’est à l’histoire que l’abbé Gorini (1803-1859) emprunta des arguments pour La défense de l’Église, 4 in-8°, Lyon, 1854-, contre les erreurs historiques de MM. Guizot, Aug. et Am. Thierry, Michelet, etc. Ce livre de science et de bonne foi découvrit et signala des erreurs dans les ouvrages des historiens contemporains et quelques-uns eurent la loyauté de les reconnaître et de les corriger. Il faut citer, dans le même ordre de travaux, l’Histoire des Césars, 2e édit., 4 in-8°, 1853, Les Antonins, etc., du comte de Champagny (1804-1882) et L’Église et l’empire romain au iv* siècle, 4 in-8°, Paris, 1863, par le duc de Broglie. Les origines de l’histoire d’après la Bible, œuvre de François I.enormant (1837-1883), bien que mise à l’Index à cause d’interprétations téméraires de la Genèse, n’en contient pas moins des recherches et des idées dignes d’attention. M. Wallon, né en 1828, le savant secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions, nous a donné un excellent livre sur la Croyance due à l’Evangile, Paris, 1866.

VI. Apologétique scientifique.

Préoccupés de concilier les dogmes de la foi et les découvertes scientifiques, d’autres auteurs tentèrent des excursions sur le domaine des sciences physiques et naturelles ; tel, l’abbé Maupied (1814-1878), qui commente les premiers chapitres de la Genèse dans son livre intitulé : Dieu, l’homme et le monde. Cours de physique sacrée et de cosmogonie mosaïque, Paris, 1815-1848, professé à la Sorbonne, utile en son temps mais qui n’est plus au courant des progrès scientifiques. Moigno (1804-1881) travailla toute sa vie à dénouer le conflit entre la nature et la croyance, en des œuvres bourrées d’érudition, et très savantes mais confuses : Les splendeurs de la foi, h in-8°, Paris, 1879-1881 ; Les Livres saints et la science, Paris, 1884 ; la revue intitulée Le Cosmos et les Mondes fut vouée à cette entreprise poursuivie avec persévérance et non sans succès. De Valroger (1806-1876), prêtre de l’Oratoire, s’occupe de l’histoire des doctrines indoues et de la crédibilité de l’Évangile, mais il nous a laissé encore di s livres estimés et utiles pour l’accord de la Bible et de l’histoire naturelle : L’âge du monde elde l’homme ; La genèse des espèces, Paris, 1873. M. Duilhé de Saint-Projet (1822-1897), recteur de l’Institut catholique de Toulouse, publia un excellent manuel : Apologie scientifique de la foi chrétienne, in-12, 2e édit., 1885, où sont examinés et résolus, avec une remarquable netteté, les problèmes cosmologique, biologique et anthropologique.

VII. Évêques apologistes.

Il était impossible que l’épiscopat restât neutre ou indifférent. Non seulement les évi |ues favorisèrent de tout leur pouvoir ces études si importantes et si opportunes, mais plusieurs entrèrent dans la lice et combattirent pour la foi. Mo’A. de Salinis (fl861) consacra 4 in-8°, Paris, 1805, à démontrer La divinité de l’Église et publia avec Ma* Gerbet

I801) ; i la plume fénelonienne, Le mémorial catholigue, Paris, 1824, revue de combat conlre les erreurs et les attentats antichrétiens. Tout le monde a lu l’exquis opuscule intitulé’: Considérations sur le dogme générateur de la piété catholique, 5e édit., Paris, 1853, et diverses instructions synodales d’une doctrine très pure et très éleie M P ai isis (1795-1866), défenseur énergique

droits de l’Église, fit paraître contre E. Renan :./ Christ eut Dieu, Paris, 1803 ; et, pour convaincre les

incrédules, les Impossibilités ou les libres-penseurs désavoués par le simple bon sens, 3 L’édit., Paris, 1857. Le cardinal archevêque de Reims, Mo r Gousset (1762-1865), donna pour sous-titre à sa Tliéologie dogmatique : « Exposition des preuves et des dogmes de la religion catholique, » 2 in-8°, Paris, 1814. Son collègue de Besançon, M(K Mathieu (1808-1875), écrivit : Le pouvoir temporel des papes justifié par l’histoire, Paris, 1863 ; il traita de l’origine, de l’exercice et de la souveraineté pontificale. M’J r Landriot (1816-1874) fit précéder son ouvrage sur L’eucharistie, de deux discours sur les mystères, Paris, 1864, et publia ses conférences sur L’autorité et la liberté, 1872. M3>- Ginouilhac (1806-1875) composa V Histoire du dogme catholique jusqu’au concile de Nicée, 3 in-8°, Paris, 1866, et s’occupa, pour les défendre, de l’encyclique Quanta cura et du Syllabus. Ma r de La Bouillerie († 1882) étudia L’homme, son âme, ses facultés et sa fin, Paris, 1879. Le martyr de la Commune, Ma r Darboy (1813-1871), publia des lettres pastorales sur la divinité de Jésus-Christ, le devoir, Paris, 1866. L’apôtre moderne contre l’esclavage, le cardinal Lavigerie (18251892) avant son épiscopat, avait réuni en volume des leçons professées à la Sorbonne : Exposé des erreurs doctrinales dujansénisme, Paris, 1858.

C’est contre la Vie de Jésus d’E. Renan que Mgr Plantier (1813-1875), l’auteur des Etudes littéraires, 2 in-S", Paris, 1865, sur les poètes bibliques, composa la Vraie vie de Jésus, Paris, 1863. Il devait être imité et suivi par un autre évêque de Nîmes, Ma’Besson (1821-1888), qui recueillit dans L’homme-Dieu, L’Eglise, Le Décalogue, La vie future, Paris (1871-1874), les conférences où il avait abordé des questions se rapportant à la démonstration et à la défense de la foi. Si aucun des ouvrages de Mo r Dupanloup (1801-1892) ne se rapporte directement à l’apologétique, plusieurs de ses écrits, admirables par le mouvement et l’ardeur, sont des œuvres de polémique, tels : l’Avertissement awa ? pères de famille, Paris, 1863, et d’innombrables lettres et opuscules. Son illustre émule, le cardinal Pie (1815-1880), théologien de haute valeur, s’est placé au premier rang, parmi les apologistes, par ses Instructions synodales sur les erreurs du temps présent elLa constitution Dei Filius du concile du Vatican, Œuvres, 9 in-8°, Paris, 1876-1879, t. iii, vu. Les lettres pastorales sur l’Eglise, la papauté, le concile permettent de citer parmi les apologistes un prélat de riche doctrine et de poétique éloquence, Ma 1’Berteaud (1798-1879), Œuvres, Paris, 1872. Pour bien des motifs, le même titre convient à M°- r Freppel, qui témoigna de qualités éminentes dans son Examen critique de la Vie de Jésus, Paris, 1861, des Apôtres, 1866, et en divers passages de son cours de patrologie. On ne pouvait guère aborder les œuvres de Tertullien ou d’Origène sans traiter des questions d’apologétique.

Les Études philosophiques, Paris, 1894, publiées avant sa mort par Ma’Hugonin († 1897), sont dignes de remarque : cet évêque, à la pensée vigoureuse, avait autrefois adhéré à l’ontologisme, mais son dernier ouvrage n’en porte plus que des traces légères. M*’Maret (1804-1884) mérite d’être jugé par d’autres ouvres que ses livres conlre l’infaillibilité du pape. L’Essai sur le panthéisme, Paris, 1839 ; la Théodicée chrétienne, Paris, 1844 ; Philosophie et religion, 1866, lui acquirent une légitime notoriété. Le cardinal archevêque de Tours, Mo r Meignan (1818-1896), nous a laissé une très complète étude De l’Ancien Testament dans ses rapports avec le Xouveau, l in-8°, Paris, 1889-1896.

Mais l’ouvrage le plus important dû à un évêque français où la démonstration chrétienne est traitée ex professo est Le christianisme et 1rs temps présents, 5 in-12, Paris, 1872-1884 ; Mo’Bougaud (1821-1888) v établit la nécessité d’une religion, prouve la divinité du christianisme, expose les dogmes du Credo, étudie la constitution de l’Église, trace les grandes lignes de la X0

vi. chrétienne. <>n lui reproché quelques opiniom hasardées, des considérations an peu vagues et des inexactitudes, mais il abonde en larges aperçus, en réflexions ingénieuses, et il répand une ame débordante de sympathie 1 1 de ii le envers les hommt - pour les ramener à Dieu.

Parmi les évoques heureusement vivants, il n’en est presque aucun qui n’ait traité en quelque lettre pastorale ili-s questions d’apologie, et on ne saurait négliger les documents que nous fournissent sur le jansénisme VLv Fuzet (né en 1839), sur l’histoire ecclésiastique M’J r Douais 1848), sur les méthodes des sciences sacrées M » ' Latty (1844), contre les erreurs sociales Mvlsoard (1820), etc. Mais plus directement ont fait ouvre d’apologiste, M’J r C.oux (1827), qui s’occupait déjà, il y a quarante ans, dans une thèse de doctorat en théologie, de la question aujourd’hui si agitée du Dévelopjiement des dogmes dans la doctrine catholique, Paris, 1858, et posait les principes qui permettent de la résoudre ; Mar Turinaz (1838), L'âme, sa spiritualité, sa puissance, sa grandeur, son immortalité, Paris, 1887, s’est occupé des préambules philosophiques de la croyance ; S. E. le cardinal Perraud (1828), parmi ses Œuvres pastorales, 3 vol., 1886, a écrit à l’abbé Lémann une lettre sur La critique intransigeante, et les services qu’elle rend à l’apologétique, 1881. On lui est redevahle aussi d’une étude sur L’abbé Gratry, Paris, 1900. Enfin Mu r Mignot (184-2), auquel on doit des études sur la théologie et l'Écriture sainte, écrivait récemment une importante Lettre sur l’apologétique contemporaine, Albi, septembre 1900.

A côté des évoques, mentionnons des prélats dont les travaux ont rendu des services signalés : M9 r Gaume, (1802-1849), adversaire acharné du paganisme, qui se montre excessif dans : Le ver rongeur des sociétés modernes, Paris, 1851, plus juste dans le Catécliisme du Syllabus, ibid., I861 ; Mo’de Ségur (1820-1881), dont tout le monde a lu les opuscules simples et vivants, l’un d’eux : Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion, ayant eu près de deux cents éditions, de 1881 à 1894 ; Ms r Sauvé († 1890), recteur de l’Institut catholique d’Angers : Questions religieuses et sociales de notre temps : vérités, erreurs, opinions libres, Paris, 1887 ; Ma' Baunard, recteur de l’Institut catholique de Lille : Le combat de la foi, Le doute et ses victimes, La foi et ses victoires, 3 vol., Paris, 1882-1883 ; Mo r Dadolle, recteur des facultés libres de Lyon : L'œuvre doctrinale de Léon XIII, Lyon, 1887. Des travaux de Ma r Ratifl’ol, recteur de l’Institut catholique de Toulouse, on peut ranger parmi les œuvres apologétiques, les Six leçons sur les Evangiles, 2e édit., Paris, 1897.

VIII. Plblicistes apologistes.

Ce serait faillir à un devoir de reconnaissance, que d’omettre le nom d’orateurs et de puhlicistes tels que ifontalembert (1810-1870) qui, malgré son excessif libéralisme, fut un tros intrépide et très éloquent défenseur du catholicisme par ses discours, ses écrits, et spécialement par Les moines d’Occident, 7 in-8°, Paris, 1800-1877 ; A. Cochin (né en 18231. qui s’en prit victorieusement à E. Renan, travailla à résoudre la question sociale par la justice ci la charité, et laissa dans Les espérances chrétiennes, Paris, 1887, le résumé des principes qui avaient soutenu ses entreprises et dirigé sa vie ; Théophile Foissel (18001878), qui rendit témoignage à la foi dans : E. Renan,

vie de Jésus, Paris, 1863, et Catholicisme et protestantisme, Paris. I81(i ; mais surtout Louis Veuillot (18301883), dont le talent de premier ordre, le dévouement infatigable servirent admirablement la cause chrétienne, Directeur de {'Univers, auteur d’une ViedeN.-S. Christ, 1864, il combattit énerglquement les librespensi urs et s'éleva contre toutes les tyrannies, s’il manque parfois de mesure, il n’en fut pas moins un

grand écrivain et un grand chrétien. Parmi ses collaborateur-, on distinguai ! 1. Hello penseur original et suggestif E Renan, l’AUemagneet l’athéitmê au a/ae siècle, Paris, 1856 ; L’homme, 1*72 ; et parmi ses auxiliaires, Blanc de Saint-Bonnet (1815-1880), auquel

on doit des pages remarquables ^ U r La douleur, Pi Lu légitimité, Paris, 187 :  ;. et surtout, L’amou

In chute, Paris, 1868, ou sont 'tu :.(uestions

intimement mêlées aux doctrines durée' r la

révélation et l'Église.

Au même ordre de travaux appartiennent les émouvantes brochures de Keller(néen 1828), parmi lesquelles L’encyclique du X décembre et le, - ; Paris, ]*< ;, -, . C’est une étude sur l'Église, l'Étal et la liberté. Malgré les exagérations de son libéralisme, le comte de Palloux (1811-1886) a traité les mêmes q lions en catholique convaincu : Discours et mélanges politiques, 2 in-8°, Paris, 18<)0. Les Entretiens sur 1 Eglise catholique, 2 in-12. Paris, 1805, de l’abbé Perreyve (18301865), donnaientpluset mieux que des espérances, lorsque la mort enleva l’auteur en pleine jeunesse. Le R. P. Ramière, S. J. I1821-188K. nous a laissé : L Église et la civilisation moderne, Le l’uv, 1861 ; Les doctrines romaines sur le libéralisme, Paris, 1870. et diversea-i de controverse philosophique. L’ingénieur Le Play (1804-1882) acquit un renom européen par sa Réforme sociale, 3 in-8°, Tours. 1873, si souvent citée et commentée. Ln vulgarisateur, E. Balleyguier (dit Loudun. 1C rendit des services en mettant en lumière Les ignorances de la science moderne, Paris, 1878. et les prétendues Découvertes de la science sans Dieu, Paris, 1884. Un doit à l’abbé Cognât (1821-1888) : Les problèmes religieux, Paris, 1861. et If. Renan, hier et aujourd’hui, Paris, 1883-1886. Son étude sur Clément d’Alexandrie, Paris, 1856, est aujourd’hui dépassée ; elle ne nous intéresse pas directement.

IX. APOLOGISTES protestants.

Il serait injuste d’omettre, parmi les apologistes, quelques protestants à l'âme élevée, tels que Guizot (1787-1875. McdUationset études morales, 1851 ; Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, Paris, 1864, où l’auteur s’efiorce de maintenir la réalité et la nécessité du surnaturel ; de Gasparin(néen 1810), LaBWe défendue. Puis. 1842 ; de Pn -sensé (né en 1824), L'école critique et Jésus-Christ, Paris. 1863 : Jésus-Christ, son temps, sa vie et son œuvre, 1866, réfutation de E. Renan et affirmation de la divinité de Jésus ; Les origines, 1887. Il ne faut lire qu’avec précaution ces divers ouvrages où les préjugés sectaires sont visibles et regrettables, mais dont le dessein est louable.

X. Ouvrages récents d’apologétique. — Il nous

reste à mentionner de récents travaux que nous ions de classer d’après l’ordre des matières.

Au premier rang des ouvrages d’apologie doctrinal placent les livres de MM. Pidiot, Logique surnaturelle, subjective et objective. 2 in-8°, Lille. 1891 sq ; Morale surnaturelle, en cours de publication, et Vacant, I. théologiques sur les constitutions du < Vati can, 2 in-8°, Paris et Lyon, 1895. Citons encore 1 Exposé de la doctrine catholique de l’abbé C.irodon. 2 in-8-'. Paris. 1884 ; l-a religion, Le surnaturel. Paris, 1894, 1886 ; l.r < Évangiles, Paris. 1896, de M. Gondal ; l’Es,

l’apologie philosophique du christ, i

par l’abbé Denis ; Nos raisons de croire, P - luR.

P. Lodiel ; L’apologétique, de Ms’Cauly, et le Nouveau manuel d’Instruction religieuse, de l’abbé Latour, Toulouse, 1899. — L’apologétique philosophique revendique, avant tous les antres. Léon Ollé-Laprune 1839-1900) qui, dans /" certitude morale, Paris. 18É d’une apologétique à forme nouvelle dont il poursuivi les applications dans Les sources de la Uectuelle,

Pans. 1892 ; Le prix de la « ne, Paris, 1892 ; La pi. phicet le temps prêtent, P.n is, 18W. - Les travaux du

P Coconnier, 0. P., L'âme humaine,

sa nature, Paris, 1890 ; L’hypnotisme franc, iftid., 1897 ; le livre de M. Vallet : La tête et le cœur, ibid., 1892 ; celui du R. P. Peillaube : Théorie des concepts, 1892 ; les ouvrages de M. l’abbé Piat, parmi lesquels, La personne humaine, 1897 ; La liberté, 2 vol., 1891 ; ceux de M. Fonsegrive : Le libre arbitre, 2e edit., 1896 ; Le catholicisme et la vie de l’esprit, 1899 ; du D r Surbled : Le cerveau et le problème cérébral, 1898 ; La vie affective, 1900 ; de M. Charaux, De l’esprit philosophique,

1888 ; La cité chrétienne, 1891 ; la tbèse de R. P. Couailhac : La liberté et la conservation de l'énergie, 1897 ; les livres de M. Gardair : L’homme, La nature humaine, 1896, La connaissance, 1895, etc. ; du comte Domet de Vorges, La perception et la philosophie thomiste ; Paris, de M. Joly, Psychologie des saints, 1897, préparent ou confirment, par la psychologie, la démonstration chrétienne. Plus générales sont les Études philosophiques, de M. l’abbé Farges, 7 in-8°, qui comprennent une théodicée, L’idée de Dieu, 1894 ; les œuvres de M9 r Méric, La vie dans l’esprit et dans la matière, 1873 ; La morale et l’athéisme contemporain, 1875 ; L’autre vie, 1880 ; Le merveilleux et la science, etc. ; de M. le chanoine Dunand, Christianisme et liberté, 2 in-8°, Lyon, 1888 ; De l’existence de Dieu au* surnaturel et à la révélation ; de M. l’abbé Picard : Chrétien ou agnostique, 1896. Le R. P. Villard a repris, pour les résoudre, les problèmes de la théologie naturelle : Dieu devant la science et la raison, 2 in-8°, 1899. Il avait été précédé, en cette voie, par le P. Lavy : L'Être divin. — Reaucoup de confusions sont dissipées, beaucoup de difficultés éclaircies dans les livres de M. l’abbé Canet sur les formes de La libre-pensée contemporaine, 1885 ; de M.Desdouits, sur L’inconscient ; de M. Jouvin, sur Le pessimisme ; dans Y Histoire de la philosophie, Lyon, 1896, et les Mélanges, Lyon, 1900, de M. l’abbé Blanc ; dans Doctrines et problèmes, du R. P. Roure, S. J., Paris, 1900 ; dans les Philosophies contemporaines, du R. P. Maurnus, O. P., Paris, 1891 ; dans les Discours de combat, de M. F. Brunetière, 1900. « Croyons-nous ou ne croyons-nous pas que Dieu se soit incarné dans la personne de celui qui s’est dit le F’ils de Dieu ? — Voilà tout le problème, il n’y en a pas d’autre ! » F. Brunetière, Les raisons actuelles de croire, Journal des Débats, 19 novembre 1900. Les apologistes de la chaire furent donc bien inspirés en s’attachant à prouver la divinité de N. S. Jésus-Christ. Tels M. l’abbé Frémont, Jésus-Christ attendu et propliétisé, 2 in-12, Paris,

1889 ; La divinité de J.-C. et la libre-pensée, 2 in-12, ibid., 1892 ; le R. P. Sertillanges, O. P., Jésus, Paris ; le R. P. Leroy, S. J., Jésus-Christ, sa vie et son temps, 1899 (en cours de publication) ; l’abbé Minjard, L’HommeDieu, 4 in-8°, Paris, 1900. Ces orateurs marchent sur les traces du R. P. Monsabré dont on connaît les éloquentes conférences sur le même sujet, et du R. P. Didon († 1900), Jésus-Christ, 2 in-8°, 1891. Celui-ci avait préludé à son beau livre par L’homme selon la science et la foi, Paris, 1876, et La science sans Dieu, 1878.

L'œuvre du Christ, l'Église, dogmatiquement étudiée par le R. P. Billot, S..)., De Ecclesia, Rome, 1897, a inspiré' au chanoine Planeix des conférences sur la Divinité il, - l' Église ; au R. P. Maumus, L’Eglise et la France moderne ; à M. Rastoul, L’action sociale de l’Eglise, 1896 ; à M Goyau, Le pape, les catholiques et la question sociale, Paris, 1895, el L’Allemagne religieuse, 1897. La question du protestantisme fui traitée par le R. P. Portalié, S..1., l.a crise du protestantisme français, dans les Etudes, 1896 ; et les doctrines anti-chrétiennes auxquelles il aboutit furentjugées par M » ' Mignot, L'évolutionisnie religieux, dam Le correspondant, 10 avril 1899. Cet évéque montra comment la doctrine immuable s’adapte aux progrès nécessaires de la dogmatique, et son étude pourrait Servir de préface à l’ouvrage du R. P. de La Barre, S. J. : La vie du dogme catholique, 1899. Cette évolution qu’on

ne peut expliquer par des causes naturelles, respecte l’essentielle identité de la révélation. On peut s’en convaincre en lisant Le Nouveau Testament et les origines du christianisme, du R. P. Fontaine, S. J., Paris, 1890. Desexégètes sont entrés en lice pour défendre la Bible, son inspiration, son contenu, les livres divers qui la composent. On distingue, parmi eux, le savant abbé Le Hir, Études bibliques, 2 in-8°, Paris, 1869 ; l’abbé Vigouroux, Les Livres saints et la critique rationaliste, 5 in-12 ; La Bible et les découvertes modernes, 4 in-12, 1882 ; Mélanges bibliques, La cosmogonie mosaïque, 1889 ; Le Nouveau Testament et les découvertes arcliéologiques, 1890, et le Dictionnaire de la Bible, en cours de publication ; M. Lambert, Le déluge mosaïque, Paris, 1870 ; le R. P. Brucker, S. J., Questions actuelles d'Écriture sainte, 1895 ; l’abbé de Broglie, Questions bibliques, ouvrage posthume, Paris, 1897 ; le chanoine Motais, L’origine du monde d’après la tradition, Paris, 1888.

Certaines questions sur les rapports de l'Église et de la civilisation moderne ont agité les esprits et suggéré des ouvrages : à l’abbé Peltier ( 1800-1880), La doctrine de l’encyclique justifiée par elle-même au double point de vue de la foi et de la raison, Paris, 1865 ; à l’abbé Morel († 1890), Somme contre le catholicisme libéral, 2 in-8°, Paris, 1876 (un peu excessif) ; à l’abbé Chesnel, Les droits de Dieu et les idées modernes, Poitiers, 1875-1877 ; à dom Benoit, La cité anti-chrétienne au XIXe siècle, Paris, 1887 ; au R. P. At, Le vrai et le faux en matière d’autorité et de liberté, 2 in-8°, Tours, 1874. On avait auparavant traduit en français l’ouvrage d’un professeur à la faculté de théologie de Poitiers, le R. P. Bottalla, S. J., De la souveraine et infaillible autorité du pape dans V Eglise et dans ses rapports avec l'État, 2 in-8°, Poitiers, 1877.

Il fallait aussi répondre à des attaques dont l’Histoire des religions fut l’occasion ou le prétexte. La plupart des traités récents De vera religione contiennent à cet égard des indications excellentes. On peut recommander quelques opuscules tels que ceux du R. P. Ragey, mariste, sur L’anglicanisme, 1000 ; de M. Gondal, sur L'Église russe, 1897 ; de M. G. Romain, sur L'Église catholique et les protestants, 1899 ; de M. Saubin, sur La synagogue moderne, 1900, et Le talmud ; de M. Bertrand, sur La religion spiritc, 1899 ; du R. P. Louis Petit, sur Les confréries musulmanes, 1899 ; de M. l’abbé Gondal, sur Mahomet et son œuvre, 1899. MM. Rendu et Carra de Vaux, dans La quinzaine, février 1897, et la Bévue des questions historiques, janvier 1897, ont exprimé leurs vues sur le même sujet à propos d’un livre récent. Le P. Raynaud a jugé La civilisation païenne, Paris, 1900 ; M. l’abbé Thomas, auquel on devait des Éludes critiques sur les origines du christianisme, s’est occupé du Bouddhisme, 1899 ; un évêque de la Société des missions étrangères, Ma r Laouenan, a publié, en deux volumes : Du brahmanisme dans ses rapports avec le judaïsme et le. christianisme, 2 in-8°, 1888. II suffit de parcourir les Essaisde critique et d’histoire, de H. Taine, ou les Etudes d’histoire religieuse, d’E. Renan, pour se convaincre de l’opportunité de semblables travaux.

Mais à la Bible on oppose encore fréquemment les sciences de la nature. A concilier les textes scripluraires et les données scientifiques, se sont attachés le R. P. Ortolan, Astronomie et théologie, 1894 ; l’abbé Pioger, La vie après la mort, et les nombreux écrivains qui, à la suite d’Henri de L'Épinois (1830-1890), traitèrent La question de Galilée. Le marquis de Nadaillac, Intelligence et instinct ; Jean d’Estienne (M. de Kirwan), La bete et l’homme, Paris, 1898, après le Père de lionniot, L'âme et lu physiologie, 1888, traçaient les limites entre l’homme et l’animal. M. Ilenys Cochin, L'évolution et la vie, Taris,

1886 ; l’abbé Farges, /.<i uieet l'évolutiondes espèces, 1891 ; l’abbé Vallet, La ne, 1890, le l’enLeroy, <>. I'., L'évolution restreinte aux espèces organiques, 1891 ; le R. P. 1.VÎ3

APOLOGÉTIoLK XIX" SIÈCLE

1ÛG-4

Pesnelle, Lé dogme de la création et la ton*

temporaine, 1801, réfutèrent les exagérations 't les excès dei partisane de Darwin et de Spencer. Aussi Lien, Indirectement, des savants tels que Cuvier, Pasteur, de Quatrefages, Dumas, Cauchy, Ampère, MM. Faye, Gaudry, de Lapparent, etc., contribuèrent aux pro de l’apologie scientifique. Les résultats de leurs travaux sont condensés, Bxés et interpn tés dans Les origina de M. l’abbé Guibert, Paris, 1898.

Cette rapide énumération suffit pour donner une idée de l’activité et de l’attention vigilante des apologistes français : elle est pourtant très incomplète et il y faudrait adjoindre d’innombrables travaux parus dans diverses publications périodiques parmi lesquelles il faut citer les Études des RR. PP. Jésuites, la Revue du clergé français, les Annales de philosophie chrétienne, L’ami du clergé, Les éludes franciscaines, la Revue des sciences ecclésiastiques, La science cat/iolique, les BuUelin* publiés par les Facultés et Instituts catboliques, Le sillon, la Revue biblique, la Revue des questions historiques, La quinzaine, Le correspondant, etc. Enfin, il faut signaler la très opportune collection éditée par MM. Bloud et Barrai sous le titre de Science et religion. Les opuscules dont elle se compose sont, comme il fallait s’y attendre, de valeur inégale, mais plusieurs sont excellents et le plus grand nombre très estimables.

Terminons par l’indication d’un bel ouvrage où des spécialistes éminents ont résumé au point de vue chrétien les tendances et les œuvres de notre temps, sous le titre de Un siècle, mouvement du monde de 1800 à l’JOO, Paris et Poitiers, 1900.

Les ouvrages cités à la suite de l’article Apologétique, De lu fin du XV siéclf à la fin du xvir, col. 1543 ; De la Barre, S. J., Rapport sur V apologétique, dans les Comptes rendus du congrès bibliographique de 1808, Paris, 1900, t. i, p. 20-57 ; P. At, Les apologistes français au xixe siècle, in-8', Paris.

L. Maisonneuve.

VII. APOLOGÉTIQUE. XIXe siècle. Hors de France. — I. Belgique. II. Suisse. III. Angleterre. IV. ÉtatsUnis d’Amérique. V. Allemagne. VI. Italie. VII. Espagne.

1. BELGIQUE.

C’est après sa constitution en royaume indépendant que la Belgique vit naître et se former une école d’apologistes groupés, pour la plupart, autour de l’université catholique de Louvain. Un des premiers en date est J.-B. Boone, S. J. ( lT’Ji-1871), qui réunit en volumes ses Conférences sur les preuves de la religion, Bruxelles, 1843, et rassembla dans son Manuel de l’apologiste, Bruxelles, 1850, des fragments et des extraits sur les questions religieuses, propres à convaincre et à ramener les Ames à Bieu. Mais bien plus connu est Ma r Laforet (1823-1872), recteur de Louvain, qui traita De melhodo theologix, Louvain, 1849 ; des Erreurs philosophiques contemporaines, Louvain, 1855 ; chercha et dit Pourquoi l’on ne croit pas, Louvain, 1861 ; et rassembla les arguments de la croyance dans Les dogmes catholiques exposés, prouvés et vengés, 4 in-12, Bruxelles, 1855 ; 4e édit., 18C0. C'était à la même université qu’appartenait le professeur Ubaghs (I800-1873). rendu célèbre par la ferveur de ses opinions ontologisles, d’ailleurs bon métaphysicien et auteur d’un curieux volume, Du dynamisme considéré dans ses rapports avec la sainte eucharistie, Louvain, 1863-1866, où il B’efforce d'éclairer, à l’aide des théories leibniziennes, le mystère de la transsubstantiation. D’abord son collègue, V.-À. Deschamps (1810-1823), devint archevêque de Matines ; on sait la part qu’il prit à la définition du dogme de l’infaillibilité pontificale, après de retentissantes controverses. On lui doit les Entretiens sur la démonstration catholique de la révélation, le Christ et les Antéchrists, Malines, 1868. Avec une indiscutable compétence, le l'ère J, Carbonnelle († 1880) défini ! les Confins de la science et de la philosophie. Paris, 18^-.

et donna de nombreux articles à l’excellente Revue des rxtifiques dont il fut l’un d> a fondateurs, Bruxelles, 1877. Signalons, parmi les meilleni

ne, l’ouvrage de Bernard Jungmann, Ratisbonne, 1 — T *. li livn très clairet bien ordonné du H. P, Lahousse, s..1., Louvain. 1897. el des ouvr

ignement élémentaire, dus » M « r Van Weddingen. Élément* ra le la religion ; au

B. I'. Devivier, Cours d’apologétique Si' Bulten, Cours te d’apologétique, et au

B. P. Schoupp* ur$ de religion. Quoiqu’il

surtout un philosophe. M" Mercier contribue a la défense catholique par son Cours de philosophie, 4 in-8°, et Louvain, 1864-1898, et surtout par ses Origines de la psychologie contemporaine, ibid., 1898. Mentionnons La divinité de Jésus-Christ vengée des attaques du rationalisme, 1888, par le R. P. Portmans, O I l’ouvrage du R. P. Castelein. S. J., Science des religions et les caractères du christianisme, nouv. édit., 1899 ; les travaux du R. P. Van den Gheyn, S. J., sur des questions ethnographiques dans la Revue des religions et les Revues des questions scientifiques ou historiques ; La Rible dans l’Inde, Bruxelles. 1894, et La Bible et l’Avesta, 1896. parM’J r de Mariez, professeur de l’université de Louvain. — Ln Hollande, parurent les Prxlectiones theologix fundamentalis de Jansen, L’trecl.t, 1875-1876 ; la Summa apologetica de Ecclesia catholica, 2 vol., Batisbonne. 1890 et 1893. du B. P. V. de Groot, O. P. — Un grand nomhre d’articles de la Revue néoscolastique se rapportent à la polémique religieuse.

IL Sl’tSSE. — A part des travaux écrits en langue allemande, la Suisse peut revendiquer parmi les apologistes deux protestants à l’esprit très élevé, Ch. Secrétan (1810-1898) et E. Naville (né en 1816). Le premier, quoique imbu des systèmes des panthéistes allemands el spécialement de Schelling, a laissé des ouvrages dignes d’attention, parmi lesquels La civilisation et la croyance, Paris, 1887. On doit au second, parmi plusieurs excellents livres : Le libre arbitre et les philosopliies négatives, 2e édit., Paris. 1900 ; et plus spécialement La vie éternelle, 1801 ; Le Père céleste, 1866 ; Le problème du mal, 1868. Avant eux. A. Yinet (1797avait publié les Discours sur quelques sujets religieux, Études évangéliques, Bêle, 1817, etc. Dans son étude sur Biaise Pascal, Bàle, 1856, on le voit t tirer au protestantisme les Pensées » suivant l’exprès d’E. llavet. Mais c'était un esprit judicieux et délicat. A. Gretillat fait paraître V Exposé de théologie syst tique, dont le t. n est intitulé : Propédeutnj gétique canonique). Neufchàtel, 1893. M. Bavmond de Girard publia : Le déluge devant la critique historique, Pribourg, 1888 ; M. Dutoit-HaUer : La création et révolution d’après la Rible et les sciences naturelles, 1891. L'éloquent et courageux évoque de Genève. Mo r millod (1824-1893), combattit pour la foi par ses épreuves et ses actes, et aussi par ses discours et ses Œuvres pastorales, Paris. 1853. Il s’est forme, en Suisse, un foyer de science sacrée très bienfaisant par la création de l’université catholique de Fribourg. La plupart des travaux de ses professeurs sont publiés dans la Revue thomiste. Il y faut joindre le livre de M. V. Giraud sur Pascal, 3e édit.. Paris, l'.HX), où sont abordées plusieurs questions qui ont trait à la méthode apologétique.

111. ANGLETERRE. — Au commencement du siècle, c’est encore des protestants qui défendent la religion révélée. Citons Chàlmers 1780-1847 : Séries of d isco ur us on the Christian révélation vieued in connection xeith the modem OStrono m y, Londres. 1817 : Preuves miraculeuses

et internes dé la religion chrétienne et autorité dt

vres qui la contiennent, traduit dans Migne,

évang., t. xv. col. 478-703 ; BucUand, 1789-1859, logue distingué Ge ; v and mmeralogy considered

with té natural théologie, La géologie et la

minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, ibid., t. xv, col. 197-216 ; Keith, orientaliste : Évidence de la vérité de la religion chrétienne, ibid., t. xv, col. 386-473. Cependant les catholiques ne restaient pas inactifs. Exilé à Douai, Pointer († 1827) écrivit avec lucidité un livre sur Le christianisme ou Preuves et caractères de la divinité de la religion clirétienne, traduit par Taillefer, Paris, 1828, Migne, Démonst. évang., t. xiii, col. 1209-1322. Du reste, des missionnaires portaient la vraie foi dans l'île des Saints ; tels Fletcher († 1839) qui publia : The dif/iculties of protestantism, Londres, 1829 ; et The guide to the true religion, Londres, 1832 ; J. Bell († 1851) : The wanderings of the hum an intellect, Londres, 1814, où sont étudiées et critiquées les diverses religions et les sectes opposées au catholicisme ; H. G. Combes (1767-1850) qui établit le vrai point de vue auquel devait se placer l’apologiste, dans The essence of religious controversy, Londres, 1827 '. On trouvait des munitions pour combattre l’incrédulité et l’anglicanisme dans les remarquables tracts, où l'éminent auteur de A history of England, l’Histoire d’Angleterre, J. Lingard (1771-1861), répondait avec promptitude et décision aux difficultés et aux attaques, Migne, Démonst. évang., t. xvii, col. l-251, et dans les opuscules de controverse publiés par Milner (1752-1826), dans Migne, Démonst. évang., t. xvii, col. 577-1051. Il faut estimer aussi des œuvres de convertis, telles que celles de F. Lucas (1812-1855) d’abord quaker, puis catholique, qui publia les Raisons de revenir au catholicisme, Londres, 1839, et de G. Spencer (1809-1864) : Lelters in défense of various point of catholic faith, Lettres pour défendre divers points de la foi catholique, Londres. On doit glorifier celui dont la merveilleuse éloquence a obligé l’impérieuse Angleterre à reconnaître l’existence légale du catholicisme, Daniel O’Connell (1798-1847). Un poète irlandais de grand renom, Th. Moore (1779-1852), avait déjà publié : Travels of an irish gentleman in search of a religion, Londres, 1803, où il montrait, avec éclat, qu’on ne pouvait abandonner le catholicisme sans aboutir à l’incrédulité. Cependant, le fécond mouvement de retour à l'Église romaine se produisit autour du docteur Pusey (1800-1882), chanoine de l'église du Christ et professeur d’hébreu à Oxford, et du cardinal Wiseman (1802-1865), qui fut archevêque de Westminster lorsque le pape Pie IX rétablit la hiérarchie catholique en Angleterre. Ce dernier accueillit les amis et disciples de Pusey lorsque, plus heureux et plus logiques que leur maître, ceux-ci revinrent à la vraie foi. Parmi eux on distingue le P. S. Faber (1814-1863), maître éminent de la vie spirituelle, dont les livres sont une contribution indirecte, mais très précieuse, à l’apologie du christianisme ; Mo r Manning (1808-1892), successeur de Wiseman, qui publia The grounds of faith, Londres, 1852 ; nouv. édit., 1880, et qui exerça la plus active et la plus bienfaisante influence. Wiseman lui-même avait publié Twelve lecture » on the connection belween science and revealed religion, traduit dans Migne, Démonst. évang., t. xvi, col. 9-727. Il s’y montre polyglotte érudit et savant très informé des découvertes et des tendances de son temps. Ses collègues dans l'épiscopat furent Cullen (1803-1878), cardinal et archevêque de Dublin, ardent champion de l’infaillibilité du pape et auteur de remarquables Pastoral Irttcrs and others writings, Dublin, souvent con' es à la démonstration religieuse, et Mac Haie (1789Evidence and doctrine of catholic faith, prélat éminent, malheureusement imbu de préjugés gallicans. Ils sont l’un et l’autre inférieurs à Ul la thorne (1806-1889), évéque de Birmingham, l’un des restaurateurs de la hiérarchie, et l’auteur de Observations on the use and oi the sacred scripture, Usage et abus de la taint-, Sydney, 1834, ou il lixe les vrais prin cipes d’une droite et sain Plus célèbre encore

que ce dernier, Newman (1801-1890 ; fut un admirable

apologiste à la fois orateur et philosophe. Essay on the development of Christian doctrine, Londres, 1815, publié avant sa conversion et qui en contient les motifs ; VApologia pro vita sua, 1864 ; Loss and gain, Londres, 1876, et les Conférences à l’Oratoire de Londres, 1850, sont des œuvres remarquables où la force d’une pensée très personnelle a marqué son empreinte et qui répandent la vie intense et ardente dont elles sont animées. Avant d'être cardinal, l'éminent écrivain avait écrit un roman, Callista, qui, avec Les martyrs de Chateaubriand, Fabiola de Wiseman, et Quo vadis ? du polonais Sienkiewicz, peut exercer, au point de vue religieux, plus d’influence que tel traité didactique moins persuasif.

Auprès des évêques, mérite une place un laïque, nommé par le cardinal Manning à la chaire de théologie du collège Saint-Edmond. Ph.-G. Ward (1813-1882), converti comme Newman, avait écrit étant encore anglican : Idéal of a Christian Church, 1844, et ayant trouvé cet idéal à Rome, il était devenu catholique. Il dirigea la Dublin Review, 1862, écrivit un traité : On nature and grâce, 1860, et, contre le matérialisme de Tyndall : Science, prayer, free ivill and miracles, Londres, 1881.

Il faut noter, parmi les récents travaux, les publications de la Catholic Truth Society, parmi lesquelles divers opuscules du Père jésuite Smith, directeur du Monlh ; la Théosophie du P. Clarke, S. J. ; Science and scientist ; Science or Romance ? du P. Gérard (à propos de l'évolution). La question de l'Églisr étant essentielle et souveraine dans la controverse avec les protestants, le chanoine Bagshawe a publié : The Church or what do anglicans meanby the Church, 1890 ; etF. King : L'Église démon baptême, 1890. Avant eux, M. Richardson et le P. Vaughan, S. J., avaient défini What are the catholic daims, 1889, contre le chanoine anglican Gore, qui traitait les revendications de l'Église « d’abusives prétentions » . Il faut remarquer le grand ouvrage, en sept volumes, de M. Allias : The formation of christendom, 1890, et les divers ouvrages successifs d’un anglican converti, le D r Rivington : Authority, où il montre que l’autorité sociale parfaite fut réalisée par la papauté ; Dépendance, où il réfute les préjugés historiques qui s’opposent au retour des anglicans ; The primitive Church and the see of Peter, démonstration de la primauté traditionnelle du souverain pontife ; Rome and England, réfutation de la prétendue continuité de l'Église anglicane. Ces divers ouvrages ont produit une très vive impression. — Parmi les protestants, deux causèrent semblable émoi ; l’un est un écrivain, W. Mallock (né en 1819), qui posa la question troublante : Is life worth living ? Londres, 1881, traduit par Salmon, Paris, 1887, et montra que la religion permet et justifie seule une réponse affirmative ; l’autre est un homme d’Etat, A. James Balfour (né en 1848), qui employait ses loisirs à établir : The foundations of belle f, traduit par G. Art, Paris, 1896, avec une préface de M. F. Brunetière. Nous aurons à revenir sur ce dernier livre. Voir APOLOGÉTIQUE, méthodes nouvelles au xix' siicle. Si W. Gladstone (1809-1899) a injustement et violemment attaqué le « papisme » , il n’en combattit pas moins les agnostiques et il fut imité sur ce point par son rival politique, lord Salisbury (né en 1830), qui prononça contre eux un discours retentissant.

IV. États-Unis d’Amérique. — La jeune Église nordaméricaine compte déjà plusieurs noms, dans la liste des défenseurs de la foi. Au premier rang se place Patrice Kenrick, archevêque de Baltimore (4797-1863), avec : The Primary of the catholic sec vindicated, Philadelphie, 1845 ; et les The four gospels, enrichis de notes critiques et explicatives, New-York, 1849. Son successeur, M » r Spalding (mort en 1872), suivit les mêmes traditions et se mit à la tête du recueil périodique : Catholic ad vocale, 1835. On lui doit encore : Evidences of catholicity. Ces 1507

APOLOGÉTIQUE XIX « SIÈCLE

'

évoques farent ralllamment secondé » par dei religieux

, .i dei pn très, tels que le P. Jouin, S I. (ni i a 1818, auquel on doit aussi Evidence » o religion, Hev, York ; Weninger, s. J. (1809-1884), qui publia en allemand un Handbuch der chrittkath. Religion, Ratisbonne, 1858 ; el en anglais : Protestontfam and infidelity, 1864. Ce dei m iiouvrage obtinl an Buccès énorme. Le fondateur des paulistes, le P. Hecker H 1*^. publia : The Church and the âge, New-York, 1887, el collabora à la revue The eatholic world. Je laissée d’autres le soin de décider >i les tendances excessives et téméraires, condamnées par Léon XIII sous le nom d’américanisme, sonl une déduction logique ou une interprétation témé, lire des principes qu’il a posés. La théologie fondamentale est traitée par un prêtre de Saint-Sulpice, I abbé Tanquerey : Synopsis théologie dogmaticæ generalv, Lille, 1899 ; tandis que le P. Zahm, dans Y Américain quarterly Review et, en un livre important, étudie : Evolution anddogma, traduit par l’abbé Flageolet, 2 in-12, Paris, 1897. On lui devait précédemment : Bible, science and fait h et CathoUc science ami scientists, 1893. On sait avec quelle vigueur NN. ss. Gibbons, Ireland, Keane el tant d’autres encouragent et favorisent la culture scientifique de la foi.

V. Allemagne.— f. Catholiques.— Le siècle s’ouvrit en Allemagne par un événement qui eut un retentissement considérable : la conversion du comte de Stolberg 17501819). La renaissance religieuse de l’Allemagne date de cet événement qui fut l’occasion de furieuses disputes. Stolberg, injurié et calomnié, répondit par G-eschichte der Religion Jesu Christi, 15 in-8°, Hambourg et Vienne, 1807. traduit par ordre du souverain pontife.

Nous possédons aussi en plusieurs langues la Symbolik oder Darstellung der dogmatischen Gegensâtze der Katholiken u. Protestanten, d’Adam Moehler (17941838) qui parut à Mayence en 3 in-8°, 1838-1847, traduction Lâchât ; 2e édit., 3 in-8°, Paris, 1852. L’auteur y exposait les contradictions dogmatiques entre les catholiques et les protestants. Il y divulguait les idées déjà émises dans Die Einheit der Kirche oder dus Princip des Katholicismus, Tubingue, 1825-1843. Il fut enlevé prématurément ainsi que H. Klee (1800-1839), professeur à Munich, qui nous a laissé un System der katholischen Dogmatik, Bonn, 1835, et un Lehrbuch der Dogmenges Mchte, Manuel de l’histoire des dogmes, 2 in-8°, 1837, traduction Mabire. C’est un de ses compatriotes, Joseph Goerres (1776-1848), d’abord protestant, qui devint aussi professeur à Munich, et écrivit la Christliche Mystik, 4 in-8°, Ratisbonne, traduit par Ch. Sainte-Foix, 5 in-12, 1862, où l’on trouve des régies et des observations importantes pour le discernement du miracle. Molitor (1778-1860) se montre singulier mais très érudil dans sa Philosophie der Geschichte, il y étudie l’Ancien Testament, Munich, 1828.

Geiger (1755-1843) appartenait à l’ordre de Saint-François ; il le quitta après dépense apostolique et publiai i ucerne d’innombrables opuscules contre les incrédules, les protestants et les libéraux. J. Schmitt (1776-1869) fat préoccupé de la réunion des Églises grecque et romaine. Il publia dans ce but -.Harmonie der morgenlândischen und abenlàndischen Kirche, Vienne, 1824. Auparavant, il avait essayé d’expliquer Grundideen des Uythus, Francfort, 1862. Gerbert, bénédictin (1767-1841), écrivit Vas Verhàltniss der Philosophie turChriste Gtaubenslehre, Ensielden, 1805. Hagel iy 1842) publia une Apologie des Moses, à tendances rationalistes, Salibach, 1828 ; Der Katholicismus und die Philosophie, ibid., 1822 ; Théorie der Supernaturalismus, ibid., 1826 ; Rationalismus, I835, el Demonttratio religionis Christian* catholicm, Augsbourg, 1884. La Vie de Jésus du

D' Strauss provoqua, en Allemagne, un mouvement

analogue a celui que produisit plus tard en France le hvre d’E. Renan. Elle fut l’occasion d’un examen critique

//> Strauss Leben têtu, < d'érudi que, 1830. Un religieux

lamenta p i. Munster, 17'. » 1.). On peu Ehrlich 1 1810-18W d être trop Imbu des idées de la el de <. initier, il - occup de la réunion

Orientaux a l Église romaine et com| der Religioi taft, Prague, 1850, el Apologeti

Ergântungen, 2 in-8°, Prague, 1862 1864.

Mentionnons encore Ch. Vosen (1815-1871), Dat Chrittenthum und du I

li., Kath t seiner

Gegner, ibid., 1865 ; Rosenthal [+ 1875

affouse, 1865, et Ratisbonne, 1871 ; 1821-1893), chanoine de Wurtemberç I ' dur,

Ratisbonne, 1876, contre les athées ; Ha ! Katholùche Apologetik, 1890, el Handbuch < meinen Religionwissenchaft, 1887. Lerch (183M> de l’ordre de Clteaux, annonça une méthode nouvelle d’apologétique, mais ne tint guère ses proi, a loi

doit un bon livre : Die Kirche Christi, Vieni Reindering (1814-1880 se montra plus classique dans la Theologia fundamentalis, Munich, 1864. Mais il tant accorder une attention spéciale à Drej 1777-1853), Die

tgetik, 3 vol., Mayei cent, mais très solide, a LV azingi i 1819, l’auteur de Vier Bûcher von der rel - '"-8°.

Wurzbourg. 1856 ; et a Hettinger (1813-1890), auquel oa doit une excellente A ' dit Fribourg-en-Brisgau, 1888 ; traduite en français par Jeannin, 5 in-8°, Bar-le-Duc, 1870 ; et un Lehrbuch der Fondamental-Théologie. Fribourg-en-Brisg » ii, M 2e édit.. 1888, très documenté et savant Lien qu’un peu confus ; traduit en français. Paris, IÉ

Aussi bien les traités de la vraie religion furent très nombreux en ce siècle depuis Dobmaver l’an

P.Wilmers (1897).On peut citer : Acilius Alt/ Introductio ad catholicam theologiam, 1818 ; Fejer, Institutions théologies, Vienne, 1819 et 1820 ; Lieberman, Institutiones theologicss, t. I, Mayence. 1831 ; Berlage, Katholische Dogmatik, Munster, 18 oto getik der Kirche, Munster. 1834 ; Brenner 171 Freie Darstellung der Théologie, 3 in-8 -, Francfort, 1827-1830, el System der katholischspeculativen Théologie, Ratisbonne, 1837 ; J. Prunyi, Dogma

Schwetz, Theologia gênera Knoll (Albertos a Bulsano) de l’ordre de Saint-Fran Institua, mes theologiss dogmaticB gênera, Friedhoff, Grundriss der katholitchen Apologetik, Munster, 1854 ; Sprinzl, Manuel de théologie fondamentale. Vienne, 1876, etc., etc. — L’un des prélats qui favorisèrent le plus puissamment le ; théologiques fat M" Ketteler (1841-1877), évoque de Mayence. qui publia en 1818 des discours sur les grandes questions sociales du temps présent : Freiheit, Auetoritâl und Kirche, Mayence, 1> S, .>2.

Aussi bien, dans les grands séminaires, le niveau deséludes s'éleva sensiblement, ainsi qu’en peuvent 1

-ner des ouvrages tels que la Dogmatique de Scheeben, professeur à Cologne et VHistoire des dogmes, de Schwane, trad, dans la Bibliothèque theologigue du

e siècle, 1884. Le P. Granderath, S. J., a commenté les

définitions du dernier concile : Constitutume » dogm

sancti œcumenici conciUi Vaticani, Fril Brisgau, 1892. C’est un des rédacteurs les pi

des Stimmen ans Maria Laach où il publia une critique pénétrante de la théologie de Ritschl.Le profeaseur

liant/, de Munster, a DOS mcits, .

iogétxque chrétienne. 2e édit., 1898 1 inig, ; à Trêves, S’est distingué dans sa polémique contre

M Beyachlag, un adversaire acharné

catholiques, H D Reusch avait publié

avant sa défection, lexcelk-nt livre : Bibel und NtJtWm

traduction Hertel, Paris, 1867. M. Guttler, dans Naturforschung und Bibel in ihrer Stellung zur Schôpfung, Fribourg-en-Brisgau, 1877, s’est montré au courant des théories et des découvertes modernes sur le même sujet. Le P. de Hummelauer, S. J., a commenté le premier chapitre de la Genèse : Nochmals der biblische Schôpfungsbericht, dans les Biblische Studien, t. III, fasc. 2, Fribourg-en-Brisgau, 1898 ; trad. en français par l’abbé Eck, Le récit de la création, Paris, 1898. Ces controverses suscitées par les premiers chapitres de la Genèse sont résumées et résolues dans la Geschichte des Alten Testaments, du D r Schôpfer, 1895, traduite par l’abbé Pelt, Histoire de l’Ancien Testament, ^ in-12, Paris, 1897. M. Schôpfer a repris le même sujet : Bibel und Wissenschaft, Brixen, 1896. Le manuel de M.Duilhé de Saint-Projet a été adapté à l’enseignement des séminaires allemands par Cari Braig, Fribourg, 1889. On doit à Wedewer Les fondements de l’apologétique ; au P. Hawe, Apologétique catholique ; au P. Hammerstein, S. J., Du christianisme ; à J.-B. Heinrich, la Démonstration de la vérité du christianisme et de l’Eglise, nouvelle édit., Mayence, 1885.

Deux historiens de grande valeur doivent être comptés parmi les apologistes, car ils ont rendu d'éminents services aux défenseurs de nos croyances. C’est Dôllinger (1759-1890), mort malheureusement en dehors de l'Église, après avoir été une de ses gloires, Die Beformalion, Ratisbonne, 1848 ; Heidenthum und Judenth um, ibid., 1857 ; Christenlhum und Kirche, 1868, et le cardinal Hergenrœther (1824-1890) qui outre Handbuch der allegemeinen Kirclien Geschichte, Mayence, 1876, traduit en 8 in-8°, Paris, 1890-1894, et Photius, Ratisbonne, 1867, a publié De catholicx Ecclesiæ primordiis, Ratisbonne, 1851.

Récemment ont paru plusieurs ouvrages très dignes d’attention. C’est VApologie des Christenthums, du D r Schanz, professeur à Tubingue, 3 in-8°, Fribourg, 1888. L’ouvrage traite de Dieu et de la nature, de Dieu et de la révélation, du Christ et de l'Église : il est scientifique, philosophique et doctrinal. C’est encore Gôltliche Warheit des Christenthums, par le professeur Schell, de Wurzbourg, édition complètement remaniée d’un ancien ouvrage du même auteur. La première partie qui a seule paru (Dieu et l’esprit) mérite de sérieux reproches. L’auteur affirme que Dieu est causa sui, et soutient des opinions téméraires ; mais il se montre plein de science et vigoureux dialecticien. Sa brochure Le catholicisme comme principe de progrcs, 1896, a excité en Allemagne des discussions passionnées. Le Lehrbuch der Apologetik, de Gutberlet, 2e édit., 2 in-8°, Munster, 1899, et celui de Stôckl, Mayence, 1855, sont d’excellents manuels. Le premier de ces auteurs insiste sur les religions comparées pour en déduire la transcendance du christianisme ; le second s’attache à réfuter les erreurs contemporaines. Le R. P.Weiss, 0. P., a écrit son Apologie des Christenthums ; la traduction française : Apologie du christianisme au point de vue des mœurs et de la civilisation, comprend 10 in-8° : L’homme complet, l’humanité et l’humanisme, nature et surnature, la question sociale et l’ordre social, la perfection. Le point de vue est nouveau et l’exécution digne d'éloges. La culture intellectuelle de l’auteur est d’une singulière richesse : philologue, orientaliste, philosophe, historien, il possède tout ce qu’il faut pour réaliser le dessein qu’il a entrepris. De nombreux jésuites se sont particulièremeut distingues ; il convientdeciterChristian l’esch, Institutiones pnipxdeuticx ad sacre m theologiam, Fribourg, 1894 ; le Krach de Witleniberg ; les Lettres de Hambourg, 1893 ; V Evangile de la Reforme, Berlin, 1892, etc. ; I Ottiger, Theologia fundamentalis, t. i, De revelatione tupernaturali, Fribourg-en-Brisgau, 1891 : Wilmcrs, I)e religione revelata libri V, Ratisbonne, l<M)7 ; De Ecclew</ Christi ; limier. Theologia generalit, 1° volume de son Theologiie dogmaticse compendium, 8° édit., Ins DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

pruck, 1893. Ces auteurs et leurs ouvrages sont justement appréciés.

2. Protestants.

Il faut dire quelques mots des apologistes protestants, moins nombreux aujourd’hui en Allemagne qu’au siècle dernier. Je ne sais si l’on peut donner ce titre à Schleiermacher (1768-1833) pour ses Rcden ùber die Religion, 1799 ; il insiste sur le sentiment d’absolue dépendance auquel il pense pouvoir réduire la religion et y mêle des effusions de panthéisme mystique. Frenke (1817), Sack (1829), Steudel (1830), Stirm (1836), ont écrit des apologétiques estimées par leurs coreligionnaires ; ceux-ci leur préférèrent pourtant les travaux de Ulmann, Sùndlosigkeit Jesu, 1833, et Das Wesen des Christentums, 1845. On compte parmi les protestants orthodoxes : Tholuck (1799-1877) qui réfuta Strauss, Gesprâche ùber die vornelitnsten Glaubensfragen der Zeit, 1816 ; il écrivit des Mélanges et écrits apologétiques ; Delitzsch (né en 1813) qui dans son System der christlichen Apologetik, 1869, commence par le sentiment religieux, le montre subsistant dans les religions malgré leurs erreurs et réalisé dans le christianisme ; Ebrard s’est attaché à la réfutation du darwinisme dans son Apologetik, Wissenchaftliche Rechfertigung des Christentltums, 1874 ; Baumstark(né en 1836) publia Christliche Apologetik auf anthropologischen Grundlage, 1872, 1879, et Steinmeyer (1871) ses Apologetische Beitrâge. Enfin Held composa un livre sur Jésus der Christ, 1865. Quant aux plus célèbres théologiens et historiens protestants, de Ritschl à Harnack et Pileiderer, on sait qu’ils ont terminé leur évolution vers le rationalisme.

Il faut citer encore un ouvrage remarquable dû au procureur général du saint-synode, M. Pobiédonostzeff, dont le titre russe est : Recueil de Moscou, et qui a été traduit sous ce titre : Questions religieuses, sociales et politiques, Paris, 1896. Il renferme des études très justement remarquées par leur élévation et leur pénétration. VI. Italie.

C’est Maur Cappellari (1765-1846), pape sous le nom de Grégoire XVI, qui ouvre la série des défenseurs du catholicisme avec son Il trionfo délia S. Sedee délia Chiesa, Rome, 1799 ; Venise, 1832. Un de ses émules fut Colangelo (1769-1836), Apologia délia religione cristiana, 2 in-4°, Naples, 1831 ; Délie principali prevenzioni degV increduliin materia di religione, in-4°, Naples, 1820 ; L’irreligiosa liberta dipensare nemicoal progresso délie scienze, 1801. On peut attribuer à Silvio Pellico (1789-1851) une part dans la défense religieuse, car sa conversion exerça une heureuse inlluence accrue par son traité de morale chrétienne : Dei devori degli uomini. Le poète Manzoni (1784-1873) est encore plus des nôtres, moins par ses Inni sacri. Milan, 1810, d’inspiration chrétienne et de forme païenne, que par ses Observations sur la morale catholique, dirigées contre le protestant Sismondi.

Plus directement, des théologiens écrivirent ex professo des œuvres qui nous concernent. Tels J. Perrone (1794-1876), De vera religione, Rome, 1835 ; De locis theologicis, 1841, réédit., Turin, 1865 ; L’idea cristiana délia Chiesa avverata nel cattolicismo, Gènes, 1862, livre dirigé contre les hérétiques ; Passaglia, S. J. (-j- 1887), mort réconcilié avec l'Église qu’il avait illustrée, puis abandonnée, vaillant champion de Marie-Immaculée, il écrivit Commentarius de prserogativis B. Pétri, Rome, 1850, et De Ecclesia Cliritti, Ratisbonne, 1853-1856. C’est encore un travail sur l'Église qui a fait connaître le nom du jésuite Cercia (1814-1886), Demonstratio catlwlica, Naples, 18M). Raphaël Facetti écrivit une Logica theologica, 8acræ doctrines fundamentum, Home, 1876, et le P. Palmieri, S..1., un traité De romano pontifice inni prolegomeno de Ecclesia, Home, 1877. Enfin un Tyrolien, qui professa à Rome, le célèbre cardinal Franzelin (1816-1886), fournit des principes aux apologistes dans son traité De divina traditioneei Scriptura,

I. - 50

Rome, 1870 ; 1875, etle.t1 De / :.—-",

., , 18871*trai « duF * » ;  ;, ;. ;  ; „' /

"'T' ; T'" o P n en 1833, publia la

…., 7 la roi*ori catholique, i m-8, uns, ioo-,

.aie Milan, 1847, des pages dignes d « tertu. ues

ornoUli (1822-1892), Sansevenno (+1875), participent

le Del eomfNMfo xiiioBOi Rome, l8 ° 2 ' J™', , w.r , , „, , , de' notions util.-s pour la doctrine, de 1 £car onle second dans/, ,, . délia fede çot

; -^ ta rem sdenza, Bologne, 1878 le troisième

„ iii), (, ).„l„, Naples, L863-1866. Le P. Cure (1810-18J1), Ssa révolte « pUe et réparée dansles dernières ^an„.s de sa vie, prononça des discours très écoutes sur La

universellement apprécié, le cardinal c ^ c < L ' tr ° au * donné un excellent exposé du dogme chrétien. C est aux s es que s’adressent Gorla dans sa ^eesp^ :, Sue* » délia religion caltolica Milan 1890 et Costa Sava dans / ( „, , ; t, name » ti sulïa rehgtone, MesïnelSî Leriveauest un peu plus élevé dans i Guida

.„„„„„., , „ ;, /„ « /to/ede, Turin. 1896, de J. S. Sarpa, M, spéciaux les ouvrages de Rorai, Ratura hsnw et siïanaturalismo, Venise, 18*8 de.Pôle se. C, iae revelazione, Sienne, 1895 ; de Bemnati Catarella, <, ^'ae rel, aume, Sienne, 1895. La divinité de Jésusi- „ ', st a nspiré des livres estimables à Barbera, Naples 1889 Bonuelli, Prato, 1892 ; Ruggiero, et au chanoine Solo, Palerme, 1897, déjà connu par un traite des Critères théologiques, traduit en français, ou Ion a repS, et Wàmé avec raison certaines hardiesses, mais qui dénote le talent de son auteur.

Enfine P. Brandi, S.. !., a écrit un excellent commentoteTLaquestUmbibliqueel la bulle* ^vuientimr lllls „, 1894(on sait que ce théologien est un des me.l eu s rédacteurs de la Civiltà cattolica). U définit et v d, terminé exactement la nature e, l'étendue de Imsp.ra„n Un de ses confrères, le P. Franco, s'était rendu

Sre par les « W W^-^fiTJS communi contre la religxone, purin, In, . » lu. „.

Enfin M9' Tala.no, dans une étude approfondie, mon i, e la doctrine de Jésus est invduetd.le aux sx^eines

!, ', ^nosophie dans Le origini del cnsMmsmoe il m nsiero stoico, Rome, 1892.., …., :,

'" ', , eVpxgnÉ. - Longtemps préservéede 1 incrédulité , , dei’héi ésie l’Espagne, en notre siècle, fui envahie par

, ' ;, ,, .i, ,, ., ^ :, „„, , nations ea>h, l„, nes. Ile ne

pas a sa tâche, l’eu de noms son » plus illustres

i, ,, . ce V u i de ce jeune prêtre mort sans avoir donné sa

., v, , x J parh, de P. Balmès (1810-1848) don.

tançais La philosophie fondamentale. 3 ml-, I âffappartient qSmdirectement a notre sujet :

Barcelone, 1842-1844, S vol., traduit par P. Blanche

„ g ri. Le protestantisme « miport «  « çatholv

/, s-, 7 1 retraça l’action s, n-, .de du cathoUcwme,

SS n.ui, e, , , v, , ian, laC, V., sa, uu, enrop ;  :  ; - : ne » , « ut justifier cette conclusion : i La réforme Drossai ., ' ila civilisation et apporta des maux immenses mlodéfc* modernes, a Avec l'éclat d’une gmfique

éloquence, un homme d'Êl

soutint la même th.

breelcatolicismo.ellU

Sadrid, 1851. malgré quelq

e8, une œuvre solide et trop opportune. Œuvre, , in

duites par M. du Lac. 3 vol.. Pi

' eopa, espagnol se mit railla.en. : à la

soldaU de l'Église. L'évéque de M.norque.Men

(+1844), publia, dans la Biblioteca de rehg /, „., .„„ !, volume, presque tous trada.l

Il marchai, sur les » , , J.- h -1, elaz ; <

l-ordre de Saint-Fri i"" - C ' U, J phXdàBurg tàCo- « teUe ' l^rvaUo^ »

lairreligi Madrid, 1813. Le dominicain P. X

publia un traité Devera religxone ad n^n^x STh* Barcelone, 1861. Plus prés de nous, e « ^ G « 2 r g (1831-1895), dans son Historia de la filosofia, Madr d Ss raduite par le P. de Pascal, Pans dénonça to

, . ;, : UI, modernes ; D les avait combattues <£*£*<£

diosos reliaiosos, 18Td. Son dernier ouvrage, La litMia. , „„, est une large synthèse des travaux n-cents

ouierdo évêque de Salamanque, a réfute lei SSÊ contemporaines, en plusieurs de ses drculares t Lrsos, Madrid. 188'… Mf Ma, P. f f^ « 

S’Ovteïo a montré Lacreacion, /an aile (a ciencia, /a mtica y.1 rot -, :  ; » .ah. »  » io, Musarda j Salvani dirigea une utile collection nommée p^glnda catolica. Le religieux ^^V^ IVZ (1838-1893 traita de El nmt.cwnio ortodon* rut un defrédacteurs de l’excellente revue, la Cudad de lit Le chanoine de Huesca, Lopez Novoa donna une bonne Exposition de los deberes rehgwsos. i. a Isy Bopaull mit en lumière Concepto y ordenamvnto de la rTZmana, Vich, 1892. Ces deux derniers bne. empruntentdes preuves aux considérations morales. P Plus dogmatiques, le P. Mendive S. J., auque on doit un résumé De principits fheologtas. 1KH>, avait montré La religion catolivarend irada de las iii, po.fur «  „Li sto, 4-.'dit.. Madrid. 1888. Des mtroduc tons , la t éô lo°ie 'furent publiées par D. B. Pons, Barcelone, ^ qui " approprie à renseignement des s^mna^es iS-noï le traité Devera reUgUme, de Perrone : par le P P (Cio’na S. J., De fundanientalibue, Barcelone. Us B Fernandez, august.n. Cursus theolog.cus,

ISdrid 1890. Au R. P. Mir > ' nous sommes

redevable^ d’une sérieuse discussion sur Ll mxlagro, ad 1 IKC LV-x, -, . - MMique at c^e L. d^Lla. : Los ses di « de ' « creocion, Barcelone, 1899 1 Fernande*, tfonuel de arqueologia prehuti SlT, S J » »- lî0 ^ Castaùon El J-'-f'"-^ , , , « Vimer copituio del Genesia, Oviedo, denKSea Martinex Nnflex, Lu a.iropologta ma*££?£ Honore Delval, Lu Instona dcl parada | la

^, « ^ndpnbhe et an peuple « o^eomjaj offraUde nombreux opuscules édités *ta

t ; a hie catholique. La P, ^pagondo ca, , hca de

> ;  ; „ ; /aéditéics/>.fl/, pM.. s./.'..^ «  « '*rf*'.d « p : Ma. nso i ;

DiS 1896 ; BJ oln.a ( 1894 ; La révélation, de C. Horo

. ;, . :, puhhes dans la BioJioteca teolog.o. po^dar.

1. V d.nce ux mêmes lecteurs, le l. I.

TlXou^ElT^rodelpueUl » *"

Sun ouvrage important par ! ' « » L '^

!  ;  ;
;  ::;  ;  ;, , e/, eenL a, , n-e^iumSI… > a p., .. en

l8 Snîe A vtuTr, ste est longue et on est fomé d-ome « rn

^r p u£r n e^^^^

pjaSSSS^SES ntoetarUcle

0 « viii «  « lad* ^^BISÎlvrS

VIII. APOLOGÉTIQUE. Méthodes nouvelles au XIXe siècle. — A la fin du xixe siècle, qui fut le siècle de la science, des hommes de pensée et d’action, d’abord éblouis par le nombre et l’importance de ses découvertes, trompés ensuite dans les espérances qu’elle avait fait naître, obligés de reconnaître qu’elle est impuissante à résoudre les problèmes de l’origine et de la destinée, à constituer une morale, à introduire dans la vie sociale les éléments d’ordre, de prospérité, de progrès qu’elle réclame, enfin à apaiser les inquiétudes de l’âme, démêlèrent au plus profond de notre être le « besoin de croire » et, pour le satisfaire, revinrent à la religion qu’ils avaient méconnue et délaissée. Mais pour justifier leur démarche, ils durent examiner les raisons qui motivent la croyance, éprouver les bases sur lesquelles le christianisme repose. Malheureusement imbus des préjugés dont le positivisme, l’idéalisme et le criticisme ont obstrué et déformé l’intelligence de nos contemporains, ils dénièrent en partie à l’apologétique traditionnelle son efficacité pratique ou sa valeur, et proposèrent, pour remplir son office auprès des esprits qu’elle ne pouvait convaincre ou atteindre, des méthodes nouvelles. Des philosophes chrétiens, comprenant la difficulté de convaincre de la vérité de la religion, leurs contemporains, remplis contre elle de préjugés, frayèrent des chemins nouveaux vers le christianisme. Nous devons exposer et apprécier brièvement ces méthodes nouvelles. Nous les réduirons à trois : 1° méthode d’autorité ; 2° méthode psychologique et morale ; 3° méthode d’immanence.

I. Méthode d’autoriti :. — La méthode d’autorité est décrite spécialement dans l’ouvrage déjà mentionné de M. Balfour, The foundations of belief, Londres, 1899, traduit par G. Art, Les bases de la croyance, Paris, 1899, avec une importante préface de M. F. Brunetière. Cet éminent écrivain reprit, à son compte, plusieurs des idées favorites de l’homme d’État anglais et les développa éloquemment et avec force, en divers articles et conférences dont plusieurs furent réunis sous le titre : Discours de combat, Paris, 1900. Nous avons tout lieu de penser que dans l’ouvrage en préparation, Sur les chemins de la croyance, plusieurs des affirmations du critique seront modifiées ou expliquées de manière à se dégager de leur alliance compromettante avec les théories du fidéisme.

1. Système de M. Balfour. — La série des idées de M. Balfour peut se résumer ainsi :

l u Le naturalisme — ce mot désigne le positivisme de Comte et l’évolulionisme de Spencer — ne peut rendre compte des sentiments moraux, des jugements esthétiques, des conceptions rationnelles par lesquels nous exprimons nos aspirations naturelles et nécessaires vers le bien, le beau et le vrai.

2° L’idéalisme n’explique ni la naissance des idées en nous, ni leur correspondance avec les choses, ni la réalité du monde extérieur.

3° Le rationalisme ne peut édifier un système satisfaisant de métaphysique, ni une théorie satisfaisante de la science. La finalité, l’immortalité, la liberté ne sont certaines que grâce à la foi « sur laquelle reposent, en dernière analyse, les maximes de la vie quotidienne, i bien que les plus sublimes croyances et les découvertes les plus étendues » . Op. cit., p. 164.

i L’orthodoxie rationaliste doit céder aux attaques de la critique et du sentiment. « Après avoir réfléchi nu caractère îles livres religieux et aux organisations religieuses qui ont contribué à la formation du christianisme ; après avoir considéré— la diversité’des événements, des auteurs, du contexte, du développement intellectuel qui caractérise les premiers, l’histoire agitée et les dissensions inévitables qui caractérisent les seconde., lorsqu’en outre on songera au nombre effrayant de problèmes linguistiques, critiques, métaphysiques et

historiques qui doivent être résolus, du moins d’une façon provisoire, avant que livres et organisations puissent prétendre par voie de preuve rationnelle à la position de guides infaillibles ; osera-t-on espérer trouver là les bases logiques d’un système de croyances religieuses, quelque imposant d’ailleurs qu’ait été le rôle de ces éléments dans la production, la protection et la direction des croyances. » Op. cit., p. 180.

5° Puisque la raison « se trouve être une force propre surtout à diviser et à désagréger » , il faut lui substituer « la force silencieuse, continue, insensible de l’autorité qui façonne nos sentiments, nos aspirations et ce qui nous touche de plus près, nos croyances » . P. 183. « L’autorité… est toujours en contraste avec la raison et représente ce groupe de causes non rationnelles, morales, sociales et éducationnelles qui arrive à ses fins par des opérations psychiques autres que le raisonnement, o P. 175.

6° Nous pourrons constituer, à l’aide des données que l’autorité nous fournit, une philosophie, une « unification provisoire » qui nous permet d’admettre l’existence de Dieu, son action spéciale sur le monde, l’incarnation et la rédemption, malgré l’élasticité, la mobilité des formules dont le caractère est nécessairement approximatif et incomplet.

Quelques remarques suffiront pour apprécier la valeur de cette théorie : 1° elle est une efficace réfutation du naturalisme et de l’idéalisme, bien que les arguments opposés à ces systèmes soient mêlés à des sophismes ; 2° elle démontre l’impossibilité d’une croyance religieuse sans une règle infaillible de foi et l’inconsistance des doctrines protestantes qui prétendent se passer de cette règle ; 3° en séparant l’autorité de la raison et en opposant l’une à l’autre, elle enlève à la croyance sa base nécessaire et essentielle. Car c’est la raison seule qui nous permet de distinguer entre les « causes morales, sociales et éducationnelles » , celles qui sont fondées, légitimes et objectives, en un mot : vraies.

2. Vues de M. Brunetière. — M. F. Brunetière n’a point donné à ses convictions une forme systématique ; voici comment elles me paraissent s’ordonner entre elles : 1° L’homme est distinct de l’animal et supérieur à lui parce qu’il est un être moral et social ; il n’est pas naturellement bon, et l’éducation doit combattre en lui la nature.

2° La morale ne peut se concevoir sans obligation ni sanction ; elle puise son origine et sa certitude dans l’absolu.

3° Elle ne peut être fondée sur la science, l’art ou la philosophie ; car la science n’atteint pas l’essence des êtres ; l’art est une imitation et une apologie de la nature indifférente ou opposée au devoir et à la vertu ; la philosophie aboutit à la relativité de la connaissance ; l’intelligence et la raison, nécessaires à tout, ne suffisent à rien. « La raison a si peu de rapports avec la vie, que sitôt qu’elle entreprend de la régler elle la trouble… Ses inspirations ne servent qu’à nous déshumaniser. » Introd. aux Bases de la croyance, p. 25 et 30. « Une société— vraiment conforme à la raison serait inhabitable. » lbid., -o. 20.

4° La certitude ne peut être fondée que sur la croyance ou sur un acte de foi. Nous ne croyons pas sans raison de croire, mais « il ne me paraît pas que cette raison ou ces raisons soient de l’ordre intellectuel. On croit parce qu’on veut croire, pour des raisons de l’ordrp moral, parce qu’on sont le besoin d’une régie, et que ni la nature ni l’homme n’en sauraient trouver une en eux » . La science et la religion, Taris, 1895, p. 63.

5° Le besoin de croire, inhérent à la nature et à la constitution de l’esprit humain, est une « catégorie… qui conditionne l’action, la science et la morale » . Le besoin de croire, dans Discours de combat, p. 339. Il est fondé’sur le sentiment et la volonté ; il dépend en partie de l’autorité et de la tradition. 1575 APOLOGÉTIQUE MÉTHODES NOUVELLES AU MX SIÈCLE)

(V La question religieuse <m une question sociale. o II n’b pas de lien plui solide que celui des croyano i, si ce sont elles qui rapprochent, qui unissent, qui solidarisent les hommes, et, littéralement, qui les organisent en lociétés, et non les intérêts, lea passioD 1rs id /.’betoin de croire, p.’'>'>* Or la

société eal nécessaire à I homme, donc la religion lui est indispensable.

7’« Toute religion se définit par l’affirmation môme du surnaturel ou de l’irrationnel, i Introduction aux fondement » de la croyance, p. xxxiv. Mais « il B’est trouvé dans le christianisme une vertu sociale et civilisatrice qui ne se trouve dans aucune autre religion… ce qu’il a fait, aucune religion ne l’a fait, il est unique » . Le betoin de croire, p. 336. Xi l’exégèse ni la critique n’ont rien prouvé contre la réalité de la diffusion du christianisme, de sa propagation par les apôtres, de la vie mortelle et de l’enseignement de Jésus qui s’est donné comme messie, Fils du Père et rédempteur.

8° Le catholicisme est « de toutes les communions chrétiennes celle qui satisfait le mieux notre hesoin de croire » . Ibid., p. 306. « Il est un gouvernement, et le protestantisme n’est qu’une ahsence de gouvernement. » La science et la religion, p. 71. Il est à la fois une théologie, une psychologie et une sociologie dont les vérités et les règles sont soustraites aux interprétations du sens individuel.

On voit que cet ensemble d’idées est beaucoup mieux lié que le précédent ; mais, à part ses tendances lidéistes, on peut lui reprocher : 1° de confondre le surnaturel avec l’irrationnel dont le caractère n’est pas suffisamment défini ; il semble parfois que l’auteur désigne par ce mot ce qui est opposé à la raison, tandis qu’il ne peut être admis comme objet légitime de croyance que s’il est au-dessus de la raison sans lui être contraire ; 2° la religion y est surtout présentée comme une fonction sociale, la plus haute et la plus nécessaire de toutes, mais cette méthode ne montre pas comment nait et se justifie la croyance, dans l’esprit qui adhère à la vérité ; 3° elle permet de conclure à la transcendance du christianisme, à l’efficacité du catholicisme par rapport aux autres formes religieuses, mais non à sa vérité absolue et à son caractère proprement surnaturel. Mieux inspiré, dans une récente conférence, le profond et vigoureux penseur s’écriait : « En matière de dogme ou de morale, je ne suis tenu que de m’assurer ou de prouver la vérité de l’Église… » « La foi ne s’oppose point à la raison : elle nous introduit seulement dans une région plus qu’humaine, où la raison, étant humaine, n’a point d’accès ; elle nous donne ses lumières qui ne sont point de la raison, elle la continue, elle l’achève et, si je l’ose dire, elle la couronne. » Les raisons actuelles de croire, dans le Journal des Débats, 15 novembre 1900.

II. MÉTHODE PSYCHOLOGIQUE ET MOHAI-E.

Elle est

spécialement représentée par M. Ollé-Laprune et M. il. Fonsegrive.

i. M. Ollé-Laprune. — Le noble, pur et regretté philosophe, qui nous a légué de beaux livres et un admirable exemple, affirme : 1° qu’il y a des points fixes sur lesquels toutes les intelligences doivent s’accorder et

qui sont impliqués, connue (les certitudes indéniables,

en toute discussion : le respect debits ; les principes

évidents ; l’amour de la vérité ; l’aveu do l’excellence

de l’honnêteté morale.

2° La certitude à la fois rationnelle et morale, quand il s’agit (le croyance, nait (le la conviction et de la persuasion ; les preuves doivent f.nre voir la vérité et faire vouloir que la vérité soit.

H existe des affinités profondes entre le christianisme

et la nature humaine ; la religion de Jésus satisi. nt aux aspirations les pluessentielles, les plus hautes et les meilleures de noire.nue.

La religion résume et domine, par l’amour qui onit

à Dieu 1 1 ans.une-, tou de la du

Elle suppose l’autorité de lien, faction spéciale de la providence et la révélation. Elle concilie et harnu l’extérieur et l’intérieur, le vi-ibhet l’invisible, ht v pirituel et le matériel) l’individu et la société. — Loue elle est divine.

On a dit excellemment : « Quand on a la foi. quand on pratique ce qu’on (Toit, quand on recouvre par la réflexion tout le sens (bsa croyance et de son action, hcercle est clos, il n’y a point de place au doute, la pr. est laite, i M. Blondel, dans les Annales de philotchrétienne, 1896, p. 171. Mais : I’l’apologétique doit supposer le surnaturel absent de la vie pour montrer que l’homme peut et doit le rechercher, le reconnaître et le recevoir ; 2° comme il s’agit d’une doctrn dune morale supérieures à l’homme, il faudrait prouver qu’elles lui sont inaccessibles et ne peuvent lui venir que de Dieu ; 3° la démonstration, par les preuves internes, met admirablement en lumière le rôle de la liberté et du cœur dans la croyance, mais elle n’aboutit qu’à la haute convenance et à la vérité probable du surnaturel chrétien. Admirable pour fortifier et vivifier lea arguments traditionnels, elle ne peut les remplacer, elle ne doit pas les abolir.

2. M. Fonsegrive. — La méthode de M. Fonsegrive est proprement psychologique et même biologique. 1 o voici les traits principaux :

1° La vie ne peut être vécue sans une doctrine de la vie ; « il faut s’attacher à une analvsc approfondie des conditions nécessaires de la vie sensible, intellectuelle, morale et sociale même. » Le catholicisme et la vie de l’esprit, p. 10.

2° Le catholicisme s’adapte merveilleusement à tous les besoins de la vie humaine ; ses lois sont les lois mêmes de la vie.

3° Le but qu’il assigne à l’homme : la déification, est identique à celui que lui assigne la civilisation moderne, malgré les divergences de définition et l’opposition des moyens. C’est la béatitude, qui ne peut être atteinte sans modification et coopération, on d’autres termes sans le sacrifice et l’amour mutuel.

4° La doctrine de la vie n’est possible que par une foi qui est certitude et confiance, et qui suppose un mare pour fixer et interpréter la doctrine.

5° Or la foi du catholicisme n est en contradiction ni avec l’idée de la science qui demeure libre et. en un sens, indépendante, ni avec les propriétés de la morale qui revendique l’autonomie et le désint ni

avec les aspirations légitimes de la démocratie qui trouvent dans la foi catholique « un terrain favorable a leur naissance et à leur développement et la seule règle solide qui les empêche d’aboutir soit aux mécaniques et brutales solidarités du socialisme, soit aux révolutions anarchiques a. Op. cit., p. I

6° Le catholicisme occupe une place distincte et privilégiée entre les rcli r ioiis matérialistes auxquelles ses rites sensibles ne peuvent l’assimiler, et les religions idéalistes dont elle (’vite les (ceet l< s. garent par la précision de ses dogmes et de sa discipline et dont elle réalise les tendances justifiées par son évolution et son adaptation à tous les véritablea

7° Cette apologie du catholicisme peut et doit être complétée et perfectionnée par la critiqu. -ions

et l’étude directe des dogmes chrétiens.

Outre les remarques suggérées par les idées d’Ollé-Laprune et en reconnaissant tout ce qu’il > a de fondé et de pénétrant dans les considérations de M Ponsegrive. la forte présomption qu’elles établissent en faveur de la religion révélée, il faut noti r. 1’que 1 identité (b s loide la vie avec le catholicisme n’est pas une pr

(le -on caractère surnaturel. î phea

pourraient prétendre que si le cnristianismi est sa 1577 APOLOGÉTIQUE (MÉTHODES NOUVELLES AU XIXe SIÈCLE) 1378

harmonie avec certaines aspirations de notre nature et certains désirs de notre cœur, c’est parce qu’il les fit naître lui-même ; 3° enfin, que cet accord ne suffit pas à imposer la recherche et la profession du christianisme comme un devoir strict puisqu’on pourrait le célébrer comme un bienfait sans qu’il s’imposât comme une indispensable obligation.

III. Méthode d’immanence. — C’est la plus discutée et la plus importante des nouvelles méthodes d’apologétique. Inaugurée par M. Maurice Blondel, elle est diversement commentée par un assez grand nombre de théologiens et de philosophes, parmi lesquels il convient de citer le R. P. Laberthonnière, de l’Oratoire, M. l’abbé Denis, directeur des Annales de philosophie chrétienne, M. l’abbé Mano, M. Bazaillas, professeur de philosophie au lycée Condorcet, etc.

M. Blondel a exposé ses idées dans une Lettre sur les exigences de la pensée contemporaine en matière d’apologétique et sur la méthode de la philosophie dans l’étude du problème religieux, dans les Annales de philosophie chrétienne, janvier à juillet 1896. Il les avait déjà appliquées en sa thèse de doctorat, très remarquable, personnelle et suggestive, intitulée L’action, Paris, 1893.

1° L’auteur se défend de méconnaître les services et l’efficacité relative de l’apologétique doctrinale, scientifique, psychologique ou morale, mais un renouvellement des méthodes est nécessaire, parce qu’aucune des formes anciennes ne résout le problème ou n’atteint les âmes des contemporains.

2° « La méthode d’immanence consiste à mettre en équation, dans la conscience même, ce que nous paraissons penser et vouloir et faire, avec ce que nous faisons, nous pensons et nous voulons en réalité ; de telle sorte que dans les négations factices ou les fins artificiellement voulues, se retrouvent encore les affirmations profondes et les besoins incoercibles qu’elles impliquent. » Lettre, p. 606.

3° Il n’y a ni continuité réelle, ni incompatibilité formelle entre le naturel et le surnaturel ; leur synthèse réelle ne se fait que dans la pratique.

4° « Rien ne peut entrer dans l’homme qui ne sorte de lui et ne corresponde en quelque façon à un besoin d’expansion, et ni comme fait historique, ni comme enseignement traditionnel, ni comme obligation surajoutée du dehors, il n’y a pour lui vérité qui compte, ni précepte admissible sans être de quelque manière autonome et autochtone. » P. 601. Il faut admettre que le don gratuit, libre et facultatif en sa source (le surnaturel), devient pour le destinataire, inévitable, imposé et obligatoire. » P. 602. « Il est indispensable et inaccessible à l’homme. » P. 609. La foi déclare donner gratuitement ce que la raison ne peut que postulerinvinciblement. P. 608.

5° « Sans faire rentrer en rien, dans le déterminisme de l’action humaine, l’ordre surnaturel qui demeure toujours au delà de la capacité, du mérite, des exigences de notre nature et même de toute nature concevable, il est légitime de montrer que le progrès de notre volonté nous contraint à l’aveu de notre insuffisance, nous conduit au besoin senti d’un surcroit, nous donne l’aptitude non à le produire ou à le définir mais à le reconnaître et à le recevoir, nous ouvre, en un mot, comme par une grâce prévenante, ce baptême de désir, qui, supposant déjà une touche secrète de Dieu, demeure partout accessible et nécessaire en dehors même de toute révélation explicite et qui dans la révélation même est comme le sacrement humain immanent à l’opération divine. » P. 610, 611.

6° C’est par l’étude de l’action qui est le fait général, constant et central de notre vie que nous arriverons à concilier l’antinomie du libre et du nécessaire, de l’autonomie el’l' l’héti ronomie, el à constater l’identité de notre vouloir spontané et de notre vouloir réfléchi.

7° Le problème de l’action n’est résolu ni par le phénomène sensible et la science, ni par les états de conscience et la psychologie, ni par l’acte libre et l’autonomie de la volonté, ni par la pensée et la métaphysique, ni par les relations inévitables entre l’homme, la société et l’univers. « L’homme ne réussit pas par ses seules forces à mettre dans son action voulue, tout ce qui est au principe de son activité volontaire. » L’action, p. 321. Il est donc obligé d’accepter l’unique nécessaire. « L’action médiatrice fait la vérité et l’être de tout ce qui est. /> P. 465. Absolument impossible et absolument nécessaire à l’homme, c’est là proprement la notion du surnaturel ; l’action de l’homme passe l’homme, et tout l’effort de sa raison c’est de voir qu’il ne peut, qu’il ne doit pas s’y tenir. Ibid., p. 388.

8° Conclusion : « Il est impossible que l’ordre surnaturel soit sans l’ordre naturel auquel il est nécessaire, et impossible qu’il ne soit pas puisque l’ordre naturel le garantit en l’exigeant. » Ibid., p. 462.

LeR. P. Laberthonnière, à son tour, dans les Annales de philosophie chrétienne, août à octobre 1898, insiste sur les avantages de ce dogmatisme moral, qu’il oppose à l’intellectualisme celui-ci est abstrait, purement statique, sans attache avec la vie réelle, tandis que celui-là est concret, dynamique et montre la croyance, naissant, évoluant dans l’àme et la pénétrant par son action vive et féconde. M. l’abbé Mano va jusqu’à écrire : « Ce dogmatisme moral nous fera seul connaître l’être. » Le problème apologétique, Paris, 1899, p. 42.

Or, 1° quelles que soient les intentions, lesexplications, cette dernière formule est absolument conforme à la doctrine kantienne ; 2° il n’est ni exact ni juste d’affirmer que « la philosophie n’a pas été jusqu’ici exactement délimitée, ni par suite scientifiquement constituée. .., qu’il n’y a point eu encore et à la rigueur des termes de philosophie chrétienne » . Lettre, p. 134, 3° Le surnaturel est-il postulé par l’action humaine ? S’il est question d’un postulat abstrait, je veux dire d’une pure cohérence idéale entre les notions de nature et de surnaturel, la démonstration n’aboutit pas, puisqu’elle prouve seulement que le surnaturel peut être pensé ; s’il s’agit d’un postulat concret, d’une nécessité réelle, du surnaturel exigé par la nature, la démonstration prouve trop, puisque le surnaturel est essentiellement libre et gratuit. Aussi bien M. Blondel désavoue cette interprétation de sa doctrine. En tout cas, sa méthode demeure subjective et nous semble incapable de saisir l’objet réel qu’elle devrait atteindre.

En résumé, 1° les nouvelles méthodes insistent heureusement, mais presque exclusivement, sur les critères internes qui ont leur importance, mais ne peuvent suppléer ni égaler les preuves externes vraiment décisives ; 2° elles ont déterminé, mieux qu’on ne l’avait fait jusqu’à présent, le rôle de la société, de l’autorité, du coeur, de la volonté dans nos croyances religieuses et le secours que ces auxiliaires apportent à l’intelligence dans son adhésion à la vérité révélée, mais elles ont paru oublier que la foi est avant tout assentiment de l’esprit et que les motifs rationnels sont indispensables et prépondérants ; 3° elles ont approfondi la notion de réceptivité et le caractère vital et pratique de la croyance ; elles ont complété le concept scolastique de la « puissance obédientielle » qui est la condition et comme le point d’insertion du surnaturel dans l’àme, mais en faisant dépendre la croyance de la vie, elles ont renverseles termes, car s’il y a une relation nécessaire et une harmonie désirable entre penser juste et bien vivre, ceci dépend de cela ; 4° elles ont mis en lumière la nécessité d’une préparation subjective pour connaître et embrasser la vérité, mais n’ont-elles pas confondu parfois le vrai, objet de l’intelligence, avec le bien, objet

de la volonté ? Aussi, malgré la science, le talent, le lèle

des théologiens, des écrivains et des philosophes qui ont prétendu renouveler l’apologétique, les anciennes méthodes demenrent efficaces et nécessaires.

N’y at il donc i i*-n a bin 1 Pouvons-nous I t’I' nous répéter indéfiniment les argument » d’autrefois, sans les modifier, les fortifier m lea enrichir ? relie poinl i, , pensée des défenseurs de l’apologétique tionnelle. llsavouentd’abordvolontii rsquei chaque siècles en son apologie inspirée par la nécessité du moment et appropriée aux besoins immédiats des fidèles. Ma’Mignot, Ultra sur les éluda tiqua, UL

L’apologétique contemporaine, Albi, 1800, p. 11. Car chaque siècle a Bes goûts, mbesoins, ses aptitudes, préférences, ses préoccupations artistique » , littéraires, scientifiques, doctrinales et autres, que ne goûi, r onl plus ceux qui viendront après nous… Cest aussi qu’en dehors de la mobilité inhérente à l’intelligence, découvertes nouvelles ont obligé à peser tout à nouveau et a refaire bien des calculs » . Ibtd., p. 13. Et par exemple, en ce qui concerne les prophéties, il faut étal lir contre les rationalistes leur autorité, « ce qui impose a l’apologiste un travail énorme de préparation. » p. 18. En ce qui regarde les miracles, il importe de dissiper les doutes a des âmes raisonneuses qui se demandent si les faits allégués comme miraculeux ont été bien vérifiés, si un contrôle a été exercé sur les témuins, si ces témoins, quelque sincères qu’on les suppose, n’ont pas été dupes de leur imagination, de leur sensibilité, de leur crédulité et de leur ignorance des lois de la nature » . P. 19. Quant aux preuves morales, « elles ne sont vraiment efficaces que dans certains états d’esprit et de cœur, chez les âmes pures, simples, loyales, allumées de vérité’, de justice, ayant besoin de lumière, de force, de pardon, de consolation. » P. 22. Mais, surtout, parce que « toute apologie sérieuse devra s’appliquer moins à raisonner d’après les données philosophiques qu’à collationner les faits, les expliquer et en tirer des conclusions certaines » , p. 42, elle aura, avec les précautions requises et les réserves indispensables, à ci tenir grand compte des travaux des critiques comme de ceux des savants. De même qu’il serait impossible aujourd’hui d’écrire une apologie du christianisme sans tenir compte des affirmations de la géologie, de l’histoire naturelle, de l’archéologie, bien qu’elles ne soient pas toutes également certaines, il est impossible aussi de regarder comme non avenus les travaux très consciencieux des critiques indépendants, de contester la valeur scientifique et la très grande probabilité de plusieurs de leurs conclusions » . P. 51. Enfin terminons par ce dernier et très sage conseil : « Ayons le sens éveillé du côté de la vérité ; soyons prudents sans hostilité départi pris aux idées nouvelles, comme aussi, sans en être dupes. » P. 56. Le document épiscopal auquel j’emprunte ces directions et ces régies est de la plus haute importance ; ceux qui l’auront lu et médité, qui en auront appliqué les principes, répéteront avec confiance la parole du Psalmiste : Domine… testimonia tua credibilia facla tunt nimis. Ps. xcii, 5.

En outre des ouvrages mentionnés dans le corps des articles vu. vin : R. P. Le Bachelet, De l’apologétique traditionnelle et de l’apologétique moderne, Paris, 1896 ; R. P. Schwalm, 0. P.. /, dangers </- l’idéalisme, dans la Revue thomiste, mai et juillet 1896 ; ut., L’apologétique contemporaine, dans la Revue th mi le, mai et juillet 1896, unis 1897 ; 11.. /.- dogmatisme, l, t cœur et celui de l’esprit, Parie. W ; R.P l.aberthonniére, de l’Oratoire, le problème religieux <ï pl. nos de la question apologétique, dans les Annale » de plul. chrétienne, février et mars 1899 ; ld., L’apologétique et la méthode de Pascal, dans la Revue du clergé français, 1° février 1901, 172486 ; l’abbé Prémont, La religion catholique peuttlle’ire une science ? Parle, 1K, ..>. l’abbé Dubois, ’thoae d’immanence eu apologétique, fane La scu-ncr cattuiu t n. | nui 1897 ; le r. de Pascal, l.e proMèmt oerlttude >t ^apologétique, dans La quintaine, Mvrli i i i.< position du problème neMoleux, axl Sillon, Parla, 18 I I l i w os d’apologétique eonttm* — dans Le de* relation de 1 1 philo oi hit’J, < de la connaissanet religieuse, dans la / ! 1897. R. P. Brc m nd inquiétude Parli 1-1 a ; Gayraud, La crise de ta foi, Pari » , 1901 ; L. M Ique, dans lee Études’du clergé franc -. 15 m L », . M « " Mien’t. préi i di mræi l lans u clergé français, t. xxiv. p.  : xxv, p. 5-26 et dans Lettres sur les études ecclésiastiques, Paris, 1909.

L. Maisonneuve.