Dictionnaire de théologie catholique/CLÉMENT VII, pape

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.1 : CLARKE - CONSTANTINOPLEp. 44-46).

8. CLÉMENT VII, pape, successeur d’Adrien VI. élu le 18 novembre 1523, décédé le 25 septembre 1534.

Jules de Médicis était né à Florence en K78, quelques mois après l’assassinat de son père Julien, tué le 26 avril dans l’échauffourée provoquée par la conjuration des Pazzi. La légitimité de sa naissance est douteuse. Quand il dut entrer dans l’Église, son parent Léon X rendit deux décrets contradictoires, l’un pour iui octroyer la dispense nécessaire aux enfants naturels qui veulent recevoir les ordres. Registre de Léon X. n. 2545, l’autre pour déclarer que la dispense n’était pas nécessaire, les parents ayant été unis par un mariage secret. Registre, n. 4998. Son oncle Laurent le Magnifique le lit élever avec ses propres lils. Il devint l’ami, le compagnon de voyage de son cousin le cardinal Jean de Médicis qui fut le pape Léon X et qui lui lit faire une rapide carrière : archevêque de Florence en 1513, cardinal diacre du titre de Sainte-Marie in Dotnnica, plus tard vice-chancelier de l’Église romaine avec le titre cardinalice de Saint-Laurent in Dantaso, gouverneur des légations de Toscane, Cologne et Ha enne. conseiller très écouté de Léon X et d’Adrien VI.il jouissait d’une grande réputation d’homme de gouvernement qu’il devait bientôt perdre, une fois élevé sur le Biège pontifical.

La situation de l’Église romaine était alors particulièrement difficile ; la révolution religieuse bouleversait l’Allemagne et y engendrait le protestantisme, sans que la cour romaine fût préparée à comprendre les causes et les conditions d’une situation si nouvelle ; l’Italie cherchait à maintenir son indépendance que menaçait la prépondérance des Espagnols ; bientôt des causes de révolution religieuse allaient troubler la France et détacher effectivement l’Angleterre de l’obédience romaine. Toutes ces catastrophes ont jeté sur le pontificat de Clément VII une défaveur qui a rejailli sur le jugement des historiens i son égard.

S il y avait chance pour l’Église romaine d’obtenir quelque avantage en Allemagne contre les hérétiques qui allaient bientôt s’appeler les protestants, ce ne pensait être que par une politique d’entente et d’étroite

union avec l’empereur. Or, la conception autoritaire qu’avait Charles-Quint de ses prérogatives et l’excès de sa puissance en Italie ne permettaient guère au pape de la poursuivre. Aussi Clément VII, très préoccupé de faire échec à Charles-Quint, qui venait de conquérir la Lomhardie, se rapprocha de François I er après la bataille de Pavie et entra dans une « ligue sainte » contre les Impériaux avec la France, Milan et Venise. Charles-Quint lit expier au pape cette défection par l’horrible sac de Rome (6 mai 1527) et par une demi-captivité de sept mois au château Saint-Ange. Demeuré neutre dans le conllit qui mit de nouveau Charles-Quint et François I er aux prises en 1528, le pape se rapprocha enfin de l’empereur, dont il avait besoin en Italie même, pour ses desseins contre Florence d’où une révolution avait chassé le gouvernement des Médicis.

Cette esquisse des rapports de Clément VII avec Charles-Quint explique l’échec complet des interventions pontificales dans les affaires religieuses de l’Allemagne et l’impuissance des légats et envoyés pontificaux aux diètes de Nuremberg (1524), de Spire (1526)et d’Augsbourg (1530). Les forces de l’empereur étaient occupées sur trop de points à la fois par la rivalité avec François I er et par la menace des Turcs en Orient pour que Charles-Quint pût en imposer aux princes protestants. Une autre cause d’impuissance pour les catholiques naissait de la divergence de vues sur les meilleurs moyens de remédier à la situation de l’Allemagne. Charles-Quint demandait au pape la convocation d’un concile général ; mais les exigences des protestants rendaient la célébration d’un concile à peu près impossible à un pape qui n’abdiquerait point son autorité ; Clément VII partageait du reste les défiances traditionnelles à la cour romaine depuis les assemblées de Constance et de Bàle contre les conciles ; enfin l’hostilité de François I er pour un concile réuni sur les instances de l’empereur et dans une ville soumise à son inlluence ne permettait pas de se promettre une participation sérieuse de l’épiscopat français.

C’est au milieu d’une situation politique et religieuse si troublée que la volonté de Henri VIII, roi d’Angleterre, de faire déclarer par Rome la nullité de son mariage avec Catherine d’Aragon, tante de Charles-Quint, vint susciter de terribles complications. Le pape était assiégé au château Saint-Ange en 1527, lorsqu’il fut sollicité par Henri VIII en faveur de son divorce. L’envoyé de Henri devait demander en même temps une dispense de l’affinité contractée par le roi avec sa future épouse, en raison de relations avec la saur d’Anne de Rolejn. Le pape s’étant enfui de Rome à Orvieto consentit à l’expédition de celle dispense pour le cas où le mariage serait reconnu nul. On ne peut s’expliquer la singularité d’une pareille dispense préventive et conditionnelle que par le dé>ir du pape de plaire au roi, sans rien accorder de contraire à son devoir. Les circonstances difficiles où il se trouvait en Italie l’obligeaient à des ménagements ; mais l’ambiguïté de sa conduite avait l’inconvénient grave d’encourager chez le roi des espérances qu’il sciait impossible de satisfaire. Pareille prudence et pareille façon de se dérober se trouvent mêlées dans l’envoi du légal Campeggio à Londres pour examiner l’affaire du divorce, il était chargé de procéder avec Wolsej à l’examen, non à la décision de la cause ; pour calmer l’impatience du roi, il emportait une décrétale à loul le moins imprudente dont il pouvait montrer le texte, mais non laisser prendre copie, et qui semblait promettre au roi toutes les facilités nécessaires pour son divorce et son nouveau mariage. L’cxa i de la cause com ncée en Angleterre tourna en

a’d Catherine d’Aragon, qui put arguer non

ment de l.i bulle de dispense accordée pour son

mariage avec Henri VIII et qui mettait à néant IVin péchement né de la consommation présumée du premier

mariage, mais encore d’un bref de Jules II qui tenait compte du fait que le mariage de Catherine et d’Arthur n’avait pas été consommé et qui détruisait ainsi toutes les causes de nullité que d’ingénieux casuistes en pouvaient déduire. Bientôt l’appel de lareineau Saint-Siège vint mettre fin à l’enquête de Wolsey et de Campeggio (1529). L’échec des légats coûta au cardinal Wolsey la faveur du roi ; peut être fùt-il mort comme tant d’autres serviteurs de Henri VIII par la main du bourreau, si le chagrin et la maladie ne l’avaient conduit au tombeau (1530).

Justement à cette époque, le pape venait de conclure la paix avec Charles-Quint qu’il avait rencontré à Bologne et qu’il venait d’y couronner. La nécessité qui s’imposait au pape de ménager l’empereur, aussi bien que la justice évidente de la cause de Catherine interdisaient au roi tout espoir.

Fn janvier 1531, Clément VII menaça des peines ecclésiastiques ceux qui essayeraient de déférer la cause du roi à un tribunal anglais, et défendit au roi de procéder à un mariage avant que sa cause eût été jugée. Deux autres brefs du même genre suivirent en 1532. Toute la politique de Henri VIII, en présence de ces obstacles, fut de gagner du temps, d’empêcher qu’un jugement fût rendu à Rome et, en attendant, de procéder à une série d’actes qui mettraient complètement le clergé dans sa main et qui lui faciliteraient la rupture complète avec Rome. C’est ainsi qu’en 1531, il trouva moyen de lever une somme énorme sur le clergé comme prix de son pardon pour la peine encourue par sa soumission à la juridiction d’un légat pontilical. Le prétexte légal de cette demi-confiscation se trouvait dans le statut præmur nire ou d’atteinte aux prérogatives royales. Bientôt après le pape obtint du parlement, non sans user de pression, l’interdiction de payer les annales à Rome. La mesure ne devait entrer en vigueur qu’au bout d’un an, si aucun arrangement n’était intervenu avec le Saint-Siège. De plus grandes facilités furent données à Henri VIII pour ses desseins par la mort de Warham, archevêque de Cantorbéry (22 août 1532). Le 25 janvier 1533, le roi contracta secrètement mariage avec Anne de Boleyn, tout en leurrant le nonce pontilical en Angleterre, et en continuant de négocier avec le pape sur lequel il agissait par l’entremise amicale du roi de France et de qui il obtenait les bulles d’investiture pour le nouvel archevêque de Cantorbéry. Ce primat n’était autre que Thomas Cranmer, déjà gagné aux doctrines luthériennes et marié secrètement à la nièce d’Osiandre. La cour ecclésiastique bientôt convoquée par Cranmer eut à préparer les voies au divorce. L’évêque Fischer fut seul à offrir une résistance sérieuse. En même temps, les communes finirent par abolir les appels à Rome et par faire peser la menace redoutable du præmanire sur les sujets du roi qui introduiraient des bulles d’excommunication en Angleterre. L’archevêque Cranmer, ainsi couvert, demande au roi d’être autorisé à instruire la cause (Il avril 1533) ; la reine Catherine, citée devant le tribunal archiépiscopal, ayant l’ait dé faut, fui déclarée contumace le 10 mai, et le 23 mai une sentence prononçait que le mariage du roi était invalide. Une enquête secrète sur le mariage du roi avec Anne de Boleyn découvrit à l’archevêque que ce mariage était valide ; il conserva par devers lui les motifs de sa conviction ; mais la décision fut publiée en Angleterre et AnnedeBoleyn couronnée à Westminster le 1 er juin, en dépit du mécontentement populaire.

En présence de ces actes répétés, le pape Clément VII né put différer plus longtemps de rendre une sentence d’excommunication contre le roi. Fn même temps il déclara nul le divorce et le prétendu mariage du roi. Le Donce de BurgO, dont l’inaction et l’apathie axaient découragé les catholiques anglais, fut rappelé d’Angleterre, tandis que le roi retirait ses envoyés de Rome. Il n’en profila pas inoins de l’entrevue de François I er et CLÉMENT Vil CLÉMENT Mil

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On a souvent reproché à Clément VII d’avoir perdu I Angleterre par sa précipitation ; un peu de patience i ùt permis de gagner du temps et le moment ou la passion satisfaite de Henri VIII eut d’elle-même relâché les liens qui l’unissaient a Anne de Boleyn. Assurément si de grandes fautes furent commises par la cour île Home, ce ne fut point celles de précipitation et du manque de reflexion. H n’était pas douteux que le Saint-Siège ne fit entière justice a Catherine d’Aragon ; mais relarder cinq ou six ans une sentence que I > sprit de justice et l’opinion du peuple anglais réclamaient en faveur d’une malheureuse femme, traitée avec barbarie dans son propre royaume, ce n’était pas donner a penser que l’on agissait avec prudence, mais bien que 1 on obéissait à des considérations politiques ; c’était diminuer la conliance dans l’utilité pratique d un si haut tribunal, c’était donner à Henri VIII le temps de travailler l’opinion en France et en Angleterre par les consultations des universités, c’était, après l’avoir confirmé dans la pensée qu’il pouvait tout espérer de Rome, lui permettre de préparer de longue main la détection de tout son royaume. Lorsque le parlement se réunit au mois de novembre 1534 pour déclarer le roi « chef suprême de l’Église d’Angleterre » , le pape Clément Vil venait de mourir (25 septembre).

Protecteur des ordres religieux, Clément V II approuva deux réformes franciscaines, celle de.Mathieu de Bassi qui donna naissance aux capucins, et celle des récollets, puis ii, londation de communautés des clercs réguliers, celle des théatins et celle des barnabites. La terrible dévastation de 1527 interrompit à Rome beaucoup de travaux et ajouta ses effets à ceux de la révolution protestante, pour détourner la pensée des Romains des préoccupations littéraires ou artistiques. Cependant Clément Vil tenait des Médicis un goût très vit pour les arts ; il protégea les disciples de Raphaël et Michel-Ange dont la grande fresque du Jugement dernier, projetée sous son règne, ne fut exécutée qu’après sa mort. Dans les négociations de ses dernières années avec l’empereur, Clément Vil eut touiours en vue les destinées de Florence. Les troupes jointes aux Impériaux assiégèrent la ville en 1530 et v ramenèrent les Médias, Sans que l’on il autre chose dans cette guerre qu un intérê1 de, ;, , , , , lle. Plus tard, le pape se rapprocha encore de la France et procura le mariage de -a | nièce, Catherine de Médicis, avec un prince Irançais Henri d’Orléans, le deuxième fils de François I Dix mois après, il mourut 25septembre 1534), laissant

1,. renom de brillantes qualités, qui n’avaient point

trouvé leur véritable emploi au service d, ’l’Eglise, faute

. ! i ion dans le jugement et de constance dans la

volonté. En politique on a toujours toit de ne pas réus matiques enlr. l’'’flvn "

i de l’emi aujourd’hui de mieux sai «  lément Vil elles ob » l une moindre préoccupation de la di| plus réel de la justice eussi nt-il « n nir le schisme dont ne voulait point le ; terre et que le roi ni mi nagemenU et de coupde foi ce pi udemment alu :

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Leipzig, 1889 ; Bauil t. i, ; Gair.l..er.. » H "* *’"

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Rom 2-édit I874, t.vni, p.414 ; >. Gescl.ichte der

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Gotha, 1880, t… : plusieurs articles d’Elu ; ’**

Jahrbuch, 1885sq. ; dans I iscve Quartalschrilt.im,

Kolde, dans Zeitschrift fur Kirchengeschtchte t. xvii(

p 258 ; Friedinann, Lady Anne Boleyn, trad. Lugne-Phibp-n

et Meunier, 2 voL, Paris. 1908. „. „ EMMER.