Dictionnaire de théologie catholique/CLÉMENT XIV, pape

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.1 : CLARKE - CONSTANTINOPLEp. 70-75).

15. CLÉMENT XIV, pape (1769-1774 sseur

de Clément XIII. — I. Antécédents et élection. II. I miers rapports avec les cours bourboniennes. 111. Suppression de la Compagnie de Jésus. IV. Ail. lires politicoreligieuses. V. Mort et appréciation.

I. Antécédents n élection.

Jean-Vinceat-Aatoine Ganganelli naquit le 31 octobre I7<C>. i Sauf Arcangeio près de Rimini, où son père était médecin. Apn études, faites chei les jésuites de Himini et les piai d’Urbin, il entra au noviciat des cordelière où il li ! fession le 18 mai 1724, sous le nom de Laurent. S succès en théologie, bu couvent de Saint-Bona venturc i Rome, le mirent en lumière ; en 1731, il prit son doctoral, et professa ensuite dans divers couvents italiens de son ordre. En 1741, il en devint définiteur général ; en 1746. Benoit XIV le nomma consulteur du Saint-Office ; deux fois, en 1753 et 1759, il refusa le généralat des cordeliers. Le 24 septembre 1759, Clément XIII le fit cardinal, sur la recommandation, dit-on, du P. Ricci, général des jésuites ; Ganganelli s’était toujours montré jusque-là un sincère ami de la Compagnie et le pape déclarait honorer en lui « un jésuite sinon d’habit, au inoins d’esprit » . Cordara, Mémoires, p. 22. Dans les dernières années du règne de Clément XIII, il fut lenu à l’écart, à cause de son opposition à la politique très ferme que le pape avait adoptée à l’égard des cours catholiques. Masson, Bernis, p. 140 sq. ; Theiner, Histoire, t. I, p. 270 sq.

Le conclave qui s’ouvrit le 15 février 1769 fut un des plus agités et des plus tristes dont l’histoire de l’Église fasse mention. La liste des cardinaux dont les cours bourboniennes souhaitaient ou permettaient l’élection ne comprenait que douze noms, parmi lesquels trois ou quatre seulement pouvaient être sérieusement considérés comme papables. De plus, les cours avaient nettement déclaré qu’elles ne reconnaîtraient qu’un pape décidé à la suppression de la Compagnie de Jésus. Ravignan, Clément XIII, t. I, p. 257 sq., 552 sq. ; Theiner, Histoire, t. i, p. 198 sq. Le secret du conclave était outrageusement violé par les cardinaux du parti des couronnes, et les trois ambassadeurs pouvaient à leur aise suivre et diriger toutes les négociations. Il est à noter cependant, à l’éloge du cardinal de Bernis, qu’il se refusa absolument à exiger, comme l’aurait voulu l’ambassadeur d’Aubeterre, « du sujet qui devroit être élu une promesse par écrit que dans un temps limité il séculariseroit en entier et par toute la terre la Société des jésuites. » Bernis écrivait noblement le 12 avril : « Ce seroit exposer visiblement l’honneur des couronnes par la violation de toutes les règles canoniques ; si un cardinal étoit capable de faire un tel marché, on devroit le croire encore plus capable d’y manquer ; un prêtre, un évêque instruits ne peuvent accepter ni proposer de pareilles conditions. » Masson, Bernis, p. 99 sq. Choiseul eut le bon goût de lui donner raison. Les cardinaux espagnols, Solis et La Cerda, furent moins scrupuleux, et firent tous leurs efforts pour arracher à leurs candidats une promesse formelle. Le problème était de trouver un sujet qui donnerait satisfaction aux cours sans effrayer les zelanti, partisans de la politique de Clément XIII, qui formaient la grande majorité du conclave. Après quatre mois d’inutiles intrigues, le nom de Laurent Ganganelli parut aux cardinaux espagnols le plus acceptable ; les zelanti le considéraient comme indifférent ou même favorable aux jésuites. Dès 1765, d’Aubeterre disait de lui : « Il est théologien, et ses principes de modération et de sagesse conviennent fort. » Sur la liste des cardinaux « papables » Choiseul avait écrit à côté de son nom : « Très bon. » Avant de pousser à fond sa candidature, les cardinaux espagnols s’efforcèrent de lui arracher la signature d’une promesse de détruire les jésuites. Si nous en croyons Bernis, ils durent se contenter « d’un écrit nullement obligatoire…, d’un écrit par lequel le cardinal Ganganelli, en qualité de théologien, disoit qu’il pensoit que le souverain pontife pouvoit en conscience éteindre la Société des jésuites, en observant les i les canoniques, et celles de la prudence et de la justice » . Lettres à Choiseul, 28 juillet et 20 novembre 1769 ; Masson, Bernis, p. 107.

Voyant la négociation des cardinaux espagnols en bon train, Bernis, qui n’avait pas voulu y prendre part, mais prétendait bien s’attribuer le succès, envoya le 17 m. h au soir son conclaviste l’abbé Deshaises sonder le cardinal Ganganelli au sujet du désir des cours. Le

cardinal aurait répondu an messager français « que la destruction des jésuites étoit nécessaire, et qu’il y travailleroit avec les formes indispensables…, qu’il demanderoit le consentement des puissances catholiques et de leur clergé » . Lettre de Bernis à Choiseul, 19 mai 1769 ; Masson, Bernis, p. 109. Assuré des dispositions du cardinal, et ne pensant pas pouvoir obtenir davantage, Bernis fit activement campagne en sa faveur ; dans la nuit du 17 au 18 mai l’accord se réalisa sur le nom de Ganganelli ; et le 18 mai 1769, au scrutin du matin, il fut élu par 46 suffrages sur 47 bulletins ; lui-même avait donné sa voix au cardinal Rezzonico, neveu de Clément XIII. Il déclara prendre le nom de Clément XIV, en souvenir du pape auquel il avait dû la pourpre. Masson, Bernis, p. 109-112 ; Sidney Smith, The suppression, dans The monlh, décembre 1902, janvier 1903.

D’après Crétineau-.Toly, qui dit avoir eu entre les mains le texte du billet obtenu par Solis de Ganganelli, le futur pape y aurait déclaré « qu’il reconnaissait au souverain pontife le droit de pouvoir éteindre en conscience la Compagnie de Jésus, en observant les règles canoniques, et qu’il était à souhaiter que le futur pape fasse tous ses efforts pour accomplir le vœu des couronnes » . Clément XIV, p. 6, 260. Le texte original du billet étant actuellement introuvable, on peut n’en pas tenir compte. Mais le fait de la déclaration signée par Ganganelli avant son élection semble établi par ailleurs ; et si cette déclaration n’était pas, comme le dit Crétineau-Joly, h un marché, un pacte simoniaque, » elle donne du moins une triste idée de sa délicatesse et de son désintéressement ; ce fut « une démarche compromettante qui a pesé sur toute sa conduite » . Masson, Bernis, p. 297. M. Rousseau, p. 157 sq., est moins affirmatif.

II. Premiers rapports avec les cours bourboniennes.

— Le pape fut consacré évêque le 28 mai et couronné le 4 juin. Son encyclique de prise de possession établissait clairement quelle serait l’idée dominante de son règne : garder la paix avec les cours catholiques pour obtenir leur appui contre l’irréligion toujours grandissante. Theiner, Epistolæ, p. 39.

Clément XIV se hâta de régler les affaires qui avaient mis en lutte son prédécesseur avec les cours bourboniennes. Sans retirer le monitoire de Clément XIII contre le duc de Parme, il n’en urgea pas l’exécution, et accorda gracieusement à l’infant les dispenses dont il avait besoin pour son mariage avec sa cousine l’archiduchesse Marie-Amélie, fille de Marie-Thérèse quillet 1769). Cf. Theiner, Epistolæ, p. 15. Charles III d’Espagne, heureux de l’élection du nouveau pape, retira la pragmatique contraire aux droits de l’Église qu’il avait lancée l’année précédente en réponse au monitoire contre Parme, rétablit le tribunal de la nonciature, et fit condamner par l’Inquisition quelques ouvrages récemment publiés contre la cour de Rome. C’est surtout avec le Portugal, depuis dix ans séparé de l’Église, que Clément désirait un rapprochement. Dans sa première promotion de cardinaux il avait compris le frère du premier ministre, Paul de Carvalho ; d’activés négociations, engagées dès son avènement, aboutirent le 25 août 1770 à une ordonnance de Joseph I" q U j révoquait solennellement l’édit de 1760, rendait libres les communications avec Rome, et rétablissait le tribunal de la nonciature. La joie de ce succès entraîna le pape à des félicitations exagérées et déplacées qu’il adressa au roi et à Pombal lui-même. Theiner. Epistolæ, p. 108, 111 ; Bullarium, p. 222, 256. Pour complaire aux princes, Clément omit, dès le premier carême de son pontificat, la publication de la bulle In cœna Domini, que les couronnes repoussaient comme injurieuse à leurs droits. Theiner, Histoire, t. i, p. 286, 337, 500,

III. SllTKLSSION DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS.

Tout m accueillant avec jota cet attes conciliant* du non pape, lea coon bourbonieno mçaient nulle ment à leun ; outre la Compagnie de J

Clément Xl lemble s’être appliqué & gagner du tempa, à donner aui puisaancea dea satisfactions di détail en tenant rigueur aux jéauitei de aei Etat » . Cordara, Uémoiret, p. lBq. Dèi ton audience d’avènement il ac montra dur pour le P. Ricci, et ne tarda pai à enlever aux jésuites le collège di Rome. Theiner, Bis , t. i, p. 3M. Cea Batiafactiona ne suffirent pas. Dès le 22 juillet 1769, un mémoire était dressé par lea Iroia ministres dea cours bourboniennes, Bernis, qui venait de Buccéder à d’Aubeterre, Azpuru et Orsini. Bernis se chargea de le présente) i trois monarques, y était-il dit, persistent ; ’i croire la destruction dis jésuites utile et nécessaire ; c’est i Votre S ; iint<t<s. ule qu’ils adressent la réquisition déjà faite par les trois cours, et renouvelée aujourd’hui. » Le pape répondit « qu’il avait sa conscience et son honneur à conserver » , et demanda à réfléchir ; le’M septembre 1769, il écrivit à Louis XV une lettre pleine de promesses vagues, Theiner, Epistolse, p. 31 ; Masson, Bernis, p. 155. Charles III. furieux que la suppression ne fût pas déjà décidée, pressa tellement son ministre Azpuru que celui-ci parvint à arracher au pape un document des plus compromettants. Le 30 novembre 1769, Clément écrivait au roi d’Espagne : t Nous croyons ne pouvoir nous dispenser de faire savoir à Votre M que nous sommes toujours dans l’intention de lui donner des preuves éclatantes du désir que nous avons de satisfaire à nos obligations. Nous avons fait rassembler tous les documents qui devaient nous servir pour former le molli proprio convenu, par lequel nous justifierons aux yeux de toute la terre la sage conduite tenue par Votre Majesté dans l’expulsion des jésuites comme sujets remuants et turbulents… Nous soumettrons aux lumières et à la sagesse de Votre Majesté un plan pour l’extinction absolue de cette Société, et Votre Majesté le recevra avant peu. » Theiner, Epislolæ, p. 33. Pour prouver sa sincérité, le pape enleva peu après aux jésuites le collège et le séminaire de Frascali, et interdit leurs catéchismes de carême pour 1770. Le 26 mai

1771, une congrégation de cardinaux très hostiles à la Compagnie fut nommée pour visiter le collège romain, et commença son inspection avec une extrême rigueur. Theiner, Histoire, t. i, p. 361-402 ; Masson. Bernis, p. 150 sq. La chute de Choiseul, survenue le 25 décembre 1770, n’apporta aucun changement dans la politique des trois cours ; d’Aiguillon, personnellement indifférent à la suppression des jésuites, tenait à conserver l’alliance de l’Espagne en donnant à Charles III les satisfactions auxquelles il tenait le plus. En mars

1772, le fiscal Joseph Monino fut nommé ambassadeur d’Espagne à Rome à la place d’Azpuru qui reçut l’archevêché de Valence ; Bernis eut l’ordre de suivre en tout sa direction dans l’affaire des jésuites. Le 4 juillet, Monino était à Rome, et des le principe signifiait au pape que « si ni les insinuations ni les prières, ensuite les instances, ne le décidaient, le roi d’Espagne, et vraisemblablement tous les monarques de la maison de France, prendraient des moyens décisifs pour se faire justice d’un manquement de parole, et pour préserver leurs États et l’Église des troubles que les intrigues des jésuites ne manqueraient pas d’y faire naître » ; c’était la menace d’un schisme connue celui qui, pendant dix ans. avait séparé le Portugal du saint-siège, Theiner, Histoire, t. il, p. 242. Aucun argument ne pouvait mieux décider l’âme bonne, mais faible, « lu malheureux pape. Monino fut moins bien inspiré’en laissant entrevoir à Clément XIV, pour prix de sa condescendance, la restitution d’Avignon et de Bénévent, toujours détenus par la fiance et Naples. i Le pape, raconte Remis, lui répondit sans hésiter, qu’il ne tra Qquoit [>ns dans hs affaires, el q

roit une chose pour en obtenir une autre.

Histoire, t. M, p. Hi ; Ravigi ent XIII, t i,

p. :  ; 17. Monino. sentant que -on triomphe approchait,

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gnie de.1. -i, -. el prépara un plan d.- destruction d » I ordre dont les principales dispositions se r-.tr ront dans le bref Dominus ci. redemptor. (.f. i ..m. Expulsion, p. 167 sq. ; Theiner, Jiiitotre, t. ii, p.’Jôl sq. Cependant le pape, soit pour satisf aller aux dernières extrémités, les exigences > : soit pour préparer l’opinion publique à la suppred. - la Compagnie, prenait une série de i contre les divers établissements des jésuites dans i pontifical : suppression du séminaire et du pensi rattachés au collège romain, expulsion des jésuites du séminaire irlandais, procès intentés aux divers col.’. . t suivis de la confiscation de leurs biens, visites diri au nom du pape parles ennemis les plus décl de l’ordre, dispersion des novices et des jeunes religieux. Cordara, Mémoires, p. 49 sq. fin peu de i les jésuites des Etats romains auraient di-paru comme corps sans que la suppression générale de l’ordre eût été décrétée. liernis se serait contenté de cette solution ; mais Monino écrivait implacable : i Notre roi ne prend aucun plaisir à voir couper seulement les branches ; il veut qu’on porte à la racine un coup décisif, déjà désigné, déjà promis… C’est en vain que l’on tourmente ces pair. Une seule parole

suliit : l’abolition. » Raignan, Clément XIII, t. i. p. 365 sq.

A la fin de 1772, le seul appui que Clément XIV trouvait encore dans sa résistance aux iniques exigences des cours bourboniennes lui fut retiré. L’impératrice Marie-Thérèse, jusque-là opposée à la suppression des jésuites, se laissa vaincre par les instances de son fils Joseph II, de sa fille la reine de Naples, et de certains théologiens de son entourage ; elle cessa d’intercéder en faveurde l’ordre persécuté. Ravignan, Clément XI II, t. i, p. 362, 363. Peu auparavant. Charles-Emmanuel de Sardaigne, également favorable aux jésuites, était mort. Cordara, Mémoires, p. 19. Le pape, privé de tou’cours humain, commença en novembre 1772 la rédaction du bref de suppression, et communiqua à Monino la substance du préambule. Six mois s’écoulèrent encore avant que le document ne fût rédigé et signé : Clément XIV. malade et profondement aflligé. saisissait tous les prétextes ^.’uv gagner du temps ; Monino ! harcelait sans relâche et sans pitié. Le S juin 1773. le bref fut signé ; en même temps une congrégation de cardinaux était chargée de l’administration des biens de Tordre supprimé. Le 16 août, au soir, le bref, qui portait la date du 21 juillet, fut signifié, au Gesù. au général Ricci et à ses assistants ; le 17. ils furent conduits au collège des Anglais, puis au château Saint-Ange où commença leur procès ; il ne devait se terminer que sous l’ie VI. après la mort en prison de l’infortuné général qui protesta jusqu’au bout de son innocence et de celle de son ordre ; les prisonniers survivants furent alors relâchés sans que la COOgl tion appelée à les juger eût rien trouvé qui put motiver une condamnation. Ravignan, Clément XIII, t. i. p. ;  ! 76 sq. ; Sidney Smith, The s u ppre ss ion, dans The month, juin 1903, p. 604 sq. Le bref débute par l’affirmation solennelle que le pape, destiné i a ce monde « l’unité d’esprit dans le lien de la paix » , doit être prêt. « le bien d’une charité mutuelle l’exigeant, à arracher et détruire même ce qui lui serait le plus agréable, et dont la privation lui causerait une douleur a mère et de vifs regrets. « Souvent les papes ses prédécesseurs ont ainsi usé de leur pouvoir suprême pour réformer ou même dissoudre des ordres religieux, « devenus pernicieux et plus propres à troubler la tranquillité des peuples qu’à la leur procurer. » Le pape en apporte de nombreux exemples, et continue : « Nos prédécesseurs, rejetant la métbode pénible et embarrassante qu’on a coutume d’employer dans les procédures, avec cette plénitude de puissance dont ils jouissent comme vicaires de Jésus-Christ, ont exécuté toutes ces choses sans permettre aux ordres religieux, dont la suppression était résolue, de faire valoir leurs droits, de détruire les accusations graves intentées contre eux, ni enfin de réfuter les motifs qui les avaient décidés à prendre ce parti. » Le pape se trouve actuellement en présence d’une cause du même genre, celle de la Compagnie de Jésus. Apres avoir rappelé les principales faveurs accordées à cet ordre par ses prédécesseurs, il remarque que « la teneur même et les termes de ces constitutions apostoliques nous apprennent que la Société, presque encore au berceau, vit naître en son sein différents germes de discordes et de jalousies, qui non seulement déchirèrent ses membres, mais qui les portèrent à s’élever contre les autres ordres religieux, contre le clergé séculier, les académies…, et contre les souverains eux-mêmes qui les avaient accueillis et admis dans leurs États » . Le pape énumère « les troubles, les accusations et les plaintes formées contre cette Société » sous ses prédécesseurs, n’oubliant aucune des célèbres luttes auxquelles elle avait été mêlée, de Sixte V à Benoît XIV. Clément XIII avait espéré, en confirmant de nouveau l’Institut, faire taire ses ennemis. « Mais le saint-siège n’a retiré dans la suite aucune consolation, ni la Société aucun secours, ni la chrétienté aucun avantage, des dernières lettres apostoliques de Clément XIII d’heureuse mémoire, notre prédécesseur immédiat, lettres qui lui avaient été extorquées plutôt qu’elles n’en avaient été obtenues, et dans lesquelles il loue infiniment et approuve de nouveau l’Institut de la Société de Jésus. » A la fin du règne de ce pape, « les clameurs et les plaintes contre la Société augmentant de jour en jour, … ceux-mêmes dont la piété et la bienfaisance héréditaire envers la Société sont avantageusement connues de toutes les nations, c’est-à-dire nos très chers fils en Jésus-Christ, les rois de France, d’Espagne, de Portugal et des Deux-Sieiles, furent contraints de renvoyer et d’expulser de leurs royaumes, États et provinces, tous les religieux de cet ordre, persuadés que ce moyen extrême était le seul remède à tant de maux » . Maintenant les mêmes princes sollicitent l’entière suppression de l’ordre. Après longue et mûre réflexion, le pape « forcé par le devoir de sa place qui l’oblige essentiellement de procurer, de maintenir, et d’affermir de tout son pouvoir le repos et la tranquillité du peuple chrétien, ayant d’ailleurs reconnu que la Société de Jésus ne pouvait plus produire ces fruits abondants et ces avantages considérables pour lesquels elle a été instituée…, et qu’il était impossible que l’Église jouit d’une paix véritable et solide tant que cet ordre subsisterait » , se décide à « supprimer et abolir » la Compagnie, « anéantir et abroger chacun de ses offices, fonctions et administrations. » L’autorité des supérieurs était transférée aux ordinaires des lieux, des mesures /(lui.- dans le plus grand détail pour l’entretien et l’emploi des anciens religieux. Le bref se terminait par la défense de suspendre ou empêcher l’exécution de cette suppression, par celle aussi d’attaquer ou insulter, à son occasion, i’|ui que ce soit, et encore moins ceux qui étaient membres dudit ordre, » et par une exhortation à tous les fidèles « à vivre en paix avec tous les hommes, et s iimer réciproquement » . Bullarium, p. 619 sq. ; trad. de Theiner, Histoire, t. il, p. 358 sq. L’histoire des terrsations de Clément XIV, el de la concession qu’il crut devoir faire aux haines conjurées des cours calho DICT. DE TIIÉOL. CAT1I0L.

liques, peut se résumer dans cette phrase bien connue de saint Alphonse de Liguori : « Pauvre pape, que pouvait-il faire dans les circonstances difficiles où il se trouvait, tandis que toutes les couronnes demandaient de concert cette suppression ! » Ravignan, Clément XIII, t. I, p. 450. Le P. Cordara écrivait peu après la promulgation du bref : « Je ne crois pas qu’on puisse condamner le pontife qui, après tant d’hésitations, a cru devoir supprimer la Compagnie de Jésus. J’aime mon ordre autant que personne ; et cependant, placé dans la même situation que le pape, je ne sais si je n’aurais pas agi comme lui. La Compagnie, fondée et entretenue pour le bien de l’Église, périssait pour procurer ce bien ; elle ne pouvait trouver tin plus glorieuse. » Mémoires, p. 54,.">.

Il est, du reste, à noter que le pape, en frappant pour le bien de la paix une société poursuivie par tant d’ennemis, ne la déshonorait pas. Le bref n’articulait aucun reproche contre les mœurs ou l’orthodoxie de l’ordre ; et, s’il énumérait les accusations d’orgueil, d’ambition, de cupidité, élevées contre lui pendant plus de deux siècles, il n’en affirmait pas le bien fondé. Avec une sollicitude vraiment paternelle il réglait le sort des religieux qu’il venait de frapper d’un si terrible coup. Cf. Sidney Smith, The suppression, dans The nionth, juillet 1903 ; Cordara, Mémoires, p. 54.

La constitution pontificale fut obéie dans tous les États catholiques. Seuls deux souverains hétérodoxes, Frédéric de Prusse et Catherine de Russie, se donnèrent le plaisir de soutenir les jésuites contre le pape. Le bref n’avait pas été promulgué à Rome dans les formes Drdinaires ; mais d’après les instructions de Clément XIV lui l’accompagnaient, il devait, pour sortir ses effets, être notifié par les évêques aux anciens jésuites. Ravignan, Clément XIII, t. I, p. 560. Sur l’ordre de Frédéric et de Catherine, les évêques de Silésie et de Russie Blanche s’abstinrent de cette promulgation, et les jésuites de ces pays continuèrent leur vie en commun et leurs ministères. Frédéric II ne persévéra pas longtemps dans cette résolution, et en 1780 le bref était promulgué dans ses Flats. Cf. Zalenski, Les jésuites, t. i, p. 21 i sq. Catherine, au contraire, ne céda pas ; sur son ordre, les évêques de Vilna, puis de Mallo, ordinaires de la Russie Blanche, non seulement omirent la promulgation du bref, mais ordonnèrent aux jésuites de garder leur vie commune et leurs œuvres. Pour calmer les derniers scrupules des Pères, la tsarine fit demander secrètement à Clément. XIV l’approbation de leur conduite, et semble l’avoir obtenue. Bavignan, Clément XII I, t. ii, p. 454 sq., Zalenski, Les jésuites, t. I. p. 250 sq. Ces négociations secrètes n’empêchèrent pas la Congrégation De rébus extinclie Socielatis de blâmer, au nom du pape, dans des lettres publiques obtenues par Bernis et Moniùo, la conduite des jésuites de Silésie et de Bussie Blanche. Masson, Bernis, p. 254 sq. ; Zalenski, Les jésuites, t. i, p. 219 sq., 280 sq. En France, le parti des « dévots » , dirigé par les filles de Louis XV et surtout par Madame Louise ; avait élaboré un plan pour reconstituer les jésuites en six provinces sous l’autorité des évêques ; Bernis obtint encore un bref, à lui adressé, le priant « d’exiger en son nom que les évêques de France ne souffrent rien dans leurs diocèses respectifs qui ne soit entièrement conforme auxdites lettres (le bref Doniinus ac redeniptor) » ; d’Aiguillon empêcha cette tentative de reconstitution de la Compagnie. Masson, ibid., p. 258 sq. Cf. Theiner, Epis toise, p. 297.

l’eu après la mort de Chinent XIV, le bruit se répandit qu’il avait rétracté le bref Doniinus ac redeniptor par une lettre datée du 29 juin 1774, et remise entre les mains de son confesseur pour être communiquée à son successeur. Ce document fut publié pour la première fois en 1789, à Zurich, par Pierre Philippe Wolf, Allgemeine Gescliiclile der Jcsuilen, t. iii, p. 295 sq., et assez

III. - 5 132 nius. Les efforts du pape et de ses nonces réussirent à leur faire refuser l’appui des princes ; et en 1774 ils firent leur soumission. Theiner, Histoire, t. 1, p. 420 sq. ; t. 11, p. 428 sq. Marie-Thérese fut moins docile aux exhortations du pape lorsqu'à la fin de 1770 il voulut lui faire retirer un édit qui réglementait, sans accord souvent reproduit. Pie VI n'éleva aucune protestation contre cette publication. L’authenticité du document n’est pas établie.

IV. AFFAIRES POLITICO-RELIGIEUSES. -1° Avec les cours bourboniennes. Pour prix de sa condescendance dans l’affaire des jésuites. Clément XIV put croire un moment qu’il avait assuré la paix de son pontificat. Les cours de France et de Naples se montrerent aussitot décidées à la restitution d’Avignon et de Bénévent. Pour que cette restitution ne parut pas le prix de la suppression de la Compagnie de Jésus, le jeune duc de Parine, dont l’affaire avait amené la confiscation des provinces pontificales, s’entremit auprès des rois ses parents et obtint satisfaction pour le pape. La restitution se fit à la fin de 1773, et dans une allocution consistoriale du 17 janvier 1774. Clément XIV combla d'éloges qu’on eut voulus plus modérés les princes de la maison de Bourbon. Bullarium, p. 678 ; cf. Theiner, Epistolæ, p. 277 sq. Le pape s’aperçut vite que les plus graves difficultés n'étaient pas résolues, et que les principaux pays catholiques tendaient de plus en plus à secouer l’autorité de la cour de Rome. En France, malgré les protestations de Clément XIII, la comunission royale pour la réforme des ordres religieux avait continué ses opérations ; sans l’aveu du pape, elle avait supprimé en 1770 les congrégations de Grandmont et des bénédictins exempts, et menacé du même sort les prémontrés, les trinitaires et les minimes ; plusieurs lettres de Clément XIV et de son secrétaire d’Etat au nonce protestèrent vainement contre ces abus de pouvoir ; les célestins et les camaldules furent également sécularisés cette année. Theiner, Histoire, t. I, p. 463 sq. Clément XIV obtint du moins de Louis XV qu’il lui soumit, avant de le publier, l'édit général préparé en 1773 pour la réforme des religieux français ; et il en fit modifier plusieurs dispositions. Ibid., t. 11, p. 315. Cr. Prat, Essai, p. 200 sq. Le règlement des affaires ecclésiastiques de la Corse, que Gènes avait vendue à la France en 1768, se fit en août 1769 par l’envoi d’un visiteur apostolique ; le pape parvint à empêcher l’introduction dans cette ile des usages gallicans en opposition avec la pratique de T’Eglise romaine. Theiner. Histoire, t. 1. p. 331 sq. En revanche, Louis XV se refusa absolument à reconnaitre la suzeraineté du pape sur l’ile. L’entrée au Carmel de Saint-Denis de Madame Louise de France fut pour Clément une grande joie. Il combla de faveurs la nouvelle religieuse et son monastère. Theiner, Epistolæ, p. 81, 96, 163, 314 ; Bullarium, p. 511. Cf. L. de la Brière, Madame Louise de France, Paris, 1899, p. 48 sq., 301, 364. Lorsque mourut Louis XV, il fit en consistoire un éloge cordial de l’amour profond que le roi portait à l’Eglise, de son ardeur admirable pour la défense de la religion catholique » , et exprima l’espoir que la pénitence du prince mourant lui avait obtenu le salut. Theiner, Epistolæ, p. 315. 2 En Allemagne. - Clément s’eflorça en vain de faire interdire par l’imperatrice une nouvelle édition de l’ouvrage de Fébronius. Il contribua généreusement à l'érection de la première église catholique construite à Berlin avec l’autorisation de Frédéric II, et chargea ses nonces à Vienne, Cologne et Bruxelles, de faire faire des quétes en faveur de cette église. Theiner, Histoire, t. 1. p. 292 sq. Il parvint à empêcher l’exécution d’un édit du comte palatin du Rhin contraire au libre recrutement des ordres religieux, et s’opposa à la sécularisation de nombreux couvents bavarois dont les revenus devaient être consacrés à une nouvelle université fondée à Ebersberg. Enfin, en 1770, les trois électeurs ecclésiastiques, ayant formé le projet d’introduire des innovations malheureuses dans la discipline et la constitution de l’Eglise d’Allemagne, soumirent à l’impératrice MarieThérèse, et à Louis XV, un mémoire intitulé : Gravamina nationis germanicæ, inspiré des idées de Febroavec Rome, la situation des religieux dans l’empire ; elle fit de belles promesses, et laissa intact son édit. Ibid., t. 11, p. 9. Sur la demande de l’impératrice, Clement institua en 1770 un évêque ruthene pour les Ruthenes catholiques de Hongrie, le soustrayant à la juridiction de l'évéque latin d’Agrain, et le faisant dépendre directement du primat de llongrie. Theiner, Epistole, p. 128, 129.

3 En Espagne et en Portugal. - Charles III d’Espagne, très dévot à l’Immaculée Conception, obtint du pape l’approbation de l’ordre de chevalerie qu’il avait fondé sous ce titre en 1771. Theiner, Epistolæ, p. 179. Le roi aurait également souhaité la définition de ce dogme ; l’opposition de la France fit échouer son projet. Theiner, Histoire, t. 1, p. 337 sq. En Portugal, le rétablissement des bons rapports avec Rome, cause d’une si grande joie pour le pape, était plus apparent que réel. Bien que le nonce de Lisbonne eût été reçu avec de grands honneurs, son tribunal ne fonctionnait pas ; les magistrats séculiers continuaient à décider des affaires ecclésiastiques, et l'éducation de la jeunesse. et même du clergé, était remise par Pombal aux mains de professeurs amis des philosophes. Ravignan, Clément XIII, t. 1, p. 448. A Naples, Tanucci entravait toujours le recrutement des ordres religieux et le souinettait au bon plaisir de l'État ; les actes épiscopaux étaient soumis au placet royal : la perception des taxes dues à la cour de Rome interdite, la presse irréligieuse protégée ; Clément XIV essaya vainement d’obtenir satisfaction par l’intermédiaire de la France. Theiner, Histoire, t. 1. p. 532 sq. 4° En Pologne. Les affaires religieuses de Pologne furent pour le pape la source de grandes douleurs. Pendant que les intrigues des ambassadeurs de Russie et de Prusse préparaient le démembrement du pays, les tendances les plus hostiles à Rome se manifestaient dans le clergé ; les piaristes enseignaient ouvertement dans leurs écoles les pires doctrines du philosophisme et refusaient de laisser le nonce de Varsovie, délégué par le pape, faire la visite de leurs maisons : Clément XIV essaya vainement d’obtenir l’appui du roi de Pologne pour faire rentrer dans l’ordre ces religieux dévoyés. Theiner, Histoire, t. 1. p. 316 sq. Les protestations contre les mesures prises par le roi Stanislas, à l’instigation des Russes, pour détruire les ordres religieux, et contre l’appui donné à la franc-maçonnerie, furent également vaines. Ibid., p. 441. Ce malheureux pays, s’abandonnant ainsi lui-même, était voué à la ruine. En 1773, la diete de Varsovie consentit au premier partage de la Pologne ; et le roi Stanislas, après quelques velléités de résistance, y adhéra ; le pape, par de nombreuses lettres, avait inutilement tenté d’encourager la résistance de la minorité de la diéte, et de lui assurer l’appui des cours de Vienne, de Paris et de Madrid. Theiner, Histoire, t. II. p. 291 sq. Ses lettres à Marie-Thérèse, qui avait consenti à prendre sa part des dépouilles de la Pologne, sont particulièrement apostoliques. Theiner. Epistolæ, p. 246 sq. Du moins Clément XIV et son nonce à Varsovie obtinrent par leurs énergiques réclamations auprès de la cour de Vienne, que dans les traités de partage du 18 septembre 1773, les articles 5 et 8 stipulassent expressément que les catholiques romains utriusque ritus jouiraient, dans les provinces cédées par le présent traité, de toutes leurs possessions et propriétés quant au civil, et par rapport à la religion. seraient entièrement conservés in statu quo » . C’est sur ces articles que s’appuyérent l’année suivaute Frédéric Il et Catherine pour maintenir dans leurs Etats les jésuites malgré le bref Dominus ac redemptor. Theiner, Histoire, t. ii, p. 314 sq. L’impératrice de Russie en prenait, du reste, à son aise avec ses engagements quand ils gênaient sa politique ; le pape dut protester contre les persécutions qu’elle faisait subir aux Grecs unis de ses nouveaux Etats ; surtout il refusa d’approuver les mesures, prises par Catherine le 19 mai 1773 et le 23 mai 1774, qui supprimaient les diocèses existants dans ses nouvelles conquêtes, et les remplaçaient par deux évêchés, l’un pour les Latins, l’autre pour les Grecs unis, desquels dépendraient tous les catholiques de l’empire russe. Ibid., p. 305 sq. La tsarine s’obstina, et le 10 avril 1774, un ukase nomma Stanislas Siestrzencewicz, chanoine de Yilna, à l’évêché latin nouvellement créé ; Clément XIV lui refusa l’institution canonique ; l’aflaire ne fut réglée que sous son successeur. Ibid. Cf. Zalenski, Les jésuites, t. I, p. 256 sq.

En Angleterre.

Le pape eut plus de succès dans ses négociations avec l’Angleterre. Il abandonna la politique de ses prédécesseurs à l’égard des Stuarts détrônés, et refusa les honneurs royaux au fils du chevalier de Saint-Georges, pendant qu’il les accordait au duc de Gloucester, frère du roi d’Angleterre, venu à Rome au printemps de 1772. A la suite de ses conférences avec le duc de Gloucester, le nonce de Cologne, Caprara, fut envoyé en Angleterre pour y traiter de l’émancipation des catholiques ; Caprara fut bien reçu par le roi, et sa légation prépara les premières mesures qui rendirent tolérable le sort des Anglais lideles à Rome. Theiner, Histoire, t. ii, p. 157 sq.

Divers actes.

En 1771, le patriarche des nestoriens, Marc Siméon, et six de ses évêques sufl’ragants revinrent à l’unité romaine. Theiner, Epistolæ p. 155 sq.

Le 1 er mars 1770, le pape condamna l’abrégé de l’Histoire ecclésiastique de Eleury par l’abbé de Prades, les œuvres de La Mettrie et plusieurs opuscules de Voltaire. Il approuva en 1769 l’ordre des clercs réguliers de la Sainte-Croix et de la Passion de N.-S., fondé par saint Paul de la Croix qui fut toujours son ami. Bullarium, p. 73, 105. On lui doit la béatification de François Caracciolo, ibid., p. 7, et de Paul de Rura d’Arezzo, archevêque de Naples, ibid., p. 438 ; il érigea l’université de Munster le 27 mai 1773. Ibid., pi 582.

Dans les Etats pontificaux. —

Clément XIV a pris de nombreuses mesures pour le développement du commerce et de l’industrie, et la protection des diverses corporations de ses Etats ; les actes de ce genre forment une grande partie de son bullaire. Malgré ses efforts pour procurer le bien de son peuple, il se heurta pendant tout son pontilicat à une très forte opposition dans le collège des cardinaux et le patriciat romain ; on lui reprochait sa condescendance excessive envers les cours bourboniennes, spécialement au sujet de la suppression des jésuites, Cette hostilité en vint au point que la plupart des cardinaux et des prélats s’absentaient des chapelles et des fonctions pontificales ; elle fut très sensible au pape. Masson, Bernis, p. 298.

V. Mort et appréciation. —

Les derniers mois de la vie de Clément XIV furent tristes ; son regret de la suppression des jésuites, la conscience qu’il avait de l’échec de sa politique conciliante avec les cours catholiques, se manifestèrent par des accès terribles qui firent craindre pour sa raison. Le 25 mars 1774, il prit froid pendant la cavalcade qui le menait à Sainte-Marie sur Minerve, et ne put se remettre de cette indisposition ; le 10 septembre, il s’alita, refusant de déclarer avant de mourir les cardinaux qu’il avait nommes in petto ; le i septembre, il recul l’extrêi onction, et le 22, il mourut pieusement. Ses derniers moments furent, au dire de nombreux témoins du procès de béatification de saint Alphonse de Liguori, consolés par la présence miraculeuse du saint évoque. Ravignan, Clément XIII, t. i, p. 150 sq. : Angol des Ro tours, Saint Alphonse de

Liguori, Paris, 1903, p. 118. Quelque temps après cette mort, un des jésuites dont le bref Dominus ac redemptor avait brisé la vie, l’historien Jules Cordara, donnait sur Clément XIV ce jugement qui semble devoir être conservé : « Clément mena dans l’intérieur des maisons de son ordre une vie telle qu’il fut toujours regardé comme un bon religieux et un homme rempli de la crainte du Seigneur ; ses mœurs étaient pures : non seulement sa vie fut sans tache, mais son application aux études sérieuses avait été si grande qu’il se distingua entre tous par l’éminence de son savoir. Elevé sur le trône ponlitical, il ne modifia en rien la simplicité de sa vie et de ses manières. Doux, affable, bon, d’un caractère toujours égal, jamais précipité dans ses conseils, et ne se laissant pas emporter aux ardeurs d’un zèle inconsidéré, il aurait été un pape excellent dans des temps meilleurs. » Mémoires, p. 59. Cf. Ravignan, Clément XIII, p. 270, 271.

I. Sources.

Continuatio bullarii romani, Prate, 1845, t. IV ; démentis XIV epistolae et brevia, édit. Theiner, Paris, 1852. Les prétendues Lettres intéressantes du pape Clément XI V, publiées à Paris en 1776 par Caracciolo, n’ont pas d’autorité suffisante, beaucoup d’entre elles étant fausses ou interpolées. Cf. Reumont, Ganganelli, préface, p. 40-42 ; Mémoires du P. Cordara sur la suppression de la Compagnie de Jésus, cités à l’article précédent.

II. Travaux.

Annal i d’Italia (continuation), Venise, 1806, t. il ; Artaud de Monter, Histoire, t. vu ; Audisio, Histoire religieuse, t. v ; Bower, Histurij. t.xt ;  ; Brosch, Geschichte des Kirchenstaales, t. Il ; Chénon, L’Église catholique au xviii’siècle dans Hist. gén., t. vii, c. xvii ; Crétineau-Joly, Clément XIV et les jésuites, Paris, 1847 ; Id., Le pape Clément XIV ; lettres au P. Theiner, Paris, 1852 ; de Crousaz-Crétet, L’Église et l’État au xviii’siècle, Paris, 1893 ; Masson, Le cardinal de Bernis, Paris, 1884 ; Petrucelli délia Gattina, Histoire diplomatique, t. IV ; Picot, Mémoires, t. IV ; Prat, Essai sur lu destruction des ordres religieux en France, Paris, 1845 ; Ranke, Die romisehen Pàpste, t. ni ; Ravignan, Clément XIII et Clément XIV, Paris, 1854 ; Reumont, Ganganelli, Papst Clemens XIV, Berlin, 1847 ; Id., Geschichte der Stadt Rom, t. m b ; Rousseau, Expulsion îles jésuites en Espagne, dans la Revue des questions historiques, janvier 1904 ; Sidney Smith, The suppression of the Society of Jésus, dans The Month, 19U2-1903 ; Theiner, Histoire du pontificat de Clément XIV, Paris, 1852 ; Zalenski, Les jésuites de la Russie Blanche, Paris, 1880, t. i.

, 1. DE LA SEP.VILRE.