Dictionnaire de théologie catholique/ESPRIT-SAINT. II. PROCESSION DU PÈRE ET DU FILS III. D'après les Conciles

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Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 5.1 : ENCHANTEMENT - EUCHARISTIEp. 418-420).

III. D’après les conciles.

Dans sa Mystagogie, 5, Photius s’évertue à représenter la procession du Saint-Esprit du Fils comme une opinion hérétique anathématisée par les sept conciles œcuméniques. Le I" et le IP conciles, dit-il, ont défini que le Saint-Esprit procède du Père ; le III accepta cette définition ; le IV' la confirma ; le V « la fit sienne ; le VI" la publia à l’univers entier ; le VIP la sanctionna solennellement. P. G., t. cil, col. 285. Les polémistes grecs, qui partagèrent sa haine contre les latins, en appelèrent, comme lui, aux conciles œcuméniques pour combattre le dogme latin. Michel Glycas déclare que les conciles œcuméniques ont été unanimes à affinner que le Saint-Esprit procède du Père seul. De processione Spiritus Sancti, P. G., t. clviii, col. 957. Nil Damylas, Michel Balsamon, Joseph Bryennios sont du même avis, .llatius. De perpétua conscnsione, col. 917-919. Et les théologiens gréco-russes de nos jours, à quelque exception prés, suivent leur exemple. « Tous les conciles œcuméniques, déclare Macaire, ont unanimement recoium que le Saint-Esprit procède seulement du Père. « Op. cil., t. I, p. 288. Cf. Chrysostome (prolosyncelle), Ihp’’E/.x/r, ^ ; a.-, Athènes, 1896, t. ii, p. 372-376. La même assertion est invariablement répétée dans les lettres encycliques des patriarches de Constantinople, toutes les fois qu’ils touchent aux nouveautés latines, n La doctrine que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, dit Anthime VI, est contraire à la confession universelle de l’Église catholique, selon le témoignage des sept conciles œcuméniques, qui ont établi que le Saint-Esprit procède du Père. » Lettre encyclique de 1848, VI, 5, dans Petit-Mansi, Concil., Paris, 1909, t. XL, col. 381. Voir aussi la Lettre encyclique d’Anthime VII, Constantinople, 1895, p. 7.

Il n’est pas difiicile de montrer que cet appel aux conciles œcuméniques, pour écarter de la théologie chrétienne la doctrine exprimée par le Filioque, est tout à fait arbitraire. La théologie catholique prouve en effet :
1° que les conciles œcuméniques n’ont jamais enseigné que le Saint-Esprit procède du Père seul ;
2° que plusieurs conciles œcuméniques et particuliers ont enseigné que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils.

Les conciles œcuméniques n’ont jamais enseigné que le Saint-Esprit procède du Père seul.

Les théologiens orthodoxes invoquent, contre le dogme latin, l’autorité de ces conciles qui, dans leurs professions de foi, déclarent que le Saint-Esprit jirocède du Père. Or, aucun théologien latin ne conteste la vérité de cette procession. Mais, comme le remarquait Hugues Etherianus au xii’e siècle, il y a une différence entre procéder du Père et procéder du Père seul, et pour résoudre la controverse du Filioque en faveur des grecs, il faudrait prouver que, réellement, les conciles ont enseigné la procession du Père seul. De hseresibus f/riecorum, ii, 16, P. L., t. ccii, col. 321. Cette démonstration n’est guère possible, et nous sommes heureux de constater que les meilleurs théologiens russes de nos jours, Mgr Sylvestre par exemple, n’y ont pas recours.

Le P’concile œcuménique proclame que le Fils engendré du Père est Dieu et que le Saint-Esprit, procédant il (t-JTo’j ToO Ilarpo :, participe aussi à la nature divine. D’après les théologiens orthodoxes, l’expression è ? aJTO-j -oj Ilarpôç est équivalente à l’expression èI. ij.dvou To-j Ilarpôç. Macaire, op. cit., t. i, p. 288 ; Chrysostome, op. cit., t. ii, p. 372. Une telle exégèse, il n’est pas besoin de le dire, est fantaisiste r.u plus .haut point et change la signification des mots. Rappelons aussi que le concile de Nicéc n’a touche aucunement aux questions théologiques concernant le Saint-Esprit, car il visait uniquement à mettre en lumière la consubstantialité divine des trois personnes en Dieu.

Ce que nous disons du concile de Nicéc s’appiique aussi au IP et au IIP conciles, qui confirment la profession de foi nicéenne. On a tort surtout d’en appeler au IIP concile, qui sanctionna le triomphe décisif de la doctrine théologique de saint Cyrille d’Alexandrie, qui approuva le ix’^anathématisme du même docteur, où il est dit que le Saint-Esprit est le propre du Fils. Voir AUatius, Vindiciæ synodi Ephesinæ, p. 644, 645 ; Lépicier, De Spiritus Sancti a Filio processione, Rome, 1898, p. 8-11.

Le IV « et le V’^ conciles proclament la perpétuité et 809

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l’inviolabilité du symbole de Nicéc et de Constantinople, mais ils ne condamnent pas la procession du Saint-Esprit ab ulroqiie. Le VP déclare que le Saint-Esprit procède du Père, et le ¥11*= professe la même croyance.

Il en résulte de la manière la plus lumineuse que les conciles œcuméniques ne donnent aucun appui aux attaques de la théologie orthodoxe contre le Filioqnc. Il est surtout remarquable que le VI<= et le VII’= conciles ne font pas la moindre allusion malveillante à une doctrine bien connue déjà et répandue dans la théologie occidentale. Ils demeurent fidèles sans doute à la formule scripturaire : Ex Paire procedil, mais ils n’y ajoutent rien, de peur de soulever de nouvelles dissensions, de nouvelles luttes intestines dans l’Église d’Orient, ravagée par tant de schismes et d’hérésies. Cette fidélité à la doctrine des symboles de Nicée et de Constantinople, ce respect de l’ancienne formule ne signifient pas, cependant, que la procession ex Paire exclut la procession ex Filio.

A propos du Vile concile, il est utile de rappeler un détail que les théologiens orthodoxes préfèrent passer sous silence. En présence des envoyés du Saint-Siège, les Pères de ce concile lurent et approuvèrent la profession de foi de saint Taraisc, patriarche de Constantinople : « Je crois au Saint-Esprit, Seigneur et vivificateur, procédant du Père par le Fils. » Mansi, Concil., t. XII, col. 1122. On ne lit nulle part, dans les actes de ce concile, que la formule employée par le saint patriarche causât de l’étonnement ou provoquât les protestations des Pères. Et cependant cette formule exprime la doctrine contenue dans le Filioquc. Les polémistes gréco-catholiques y ont vu un témoignage favorable à la doctrine de l’Église romaine. Voir "Vekkos, Ad llieodorum Sugdrie, i, 8, P. G., t. c’xli, col. 30 i ; Epigrapliæ, i, ibid., col. G28 ; 73e deposilione sua, orat. ii, ’26, ibid., col. 1008 ; Constantin Méliténiol, De processione.Spirilus Sancti, i, 21, P. G., t. cxLi, col. 1077 ; Calécas, Aduersus yrœcos, i, P. G., t. CLii, col. 26. On est donc en droit de dire que le dogme latin n’est pas une nouveauté et que les conciles œcuméniques ont affirmé la procession du Saint-Es prit du Père sans nier cependant sa procession du Fils.

On pourrait tout au plus objecter que le concile d’Ephèse défend de rien ajouter au symbole. On répondra àcette objection à l’article Eii.ioqvk. Pour le moment, il suffit de rappeler que l’Église est toujours une société vivante et qu’elle n’a jamais renoncé et ne renoncera pas à sa mission de garder intact le trésor de la divine révélation. Si donc elle juge utile, pour la sauvegarde de ce trésor, d’insérer dans le symbole de nouvelles explications de la foi, elle n’innove en rien, mais elle continue l’œuvre des anciens conciles et elle exerce un droit que personne ne saurait lui contester sans renier en même temps sa divinité.’oir Franzelin, Examen Macurii, p. 78 ; Palmicri, La processione dello Spirilo Sancto : l’esegesi ed i concilii, Rome, 1901, p. 142.5.

2° Plusieurs conciles, œcuméniques ou parliculiers, onl défini comme vérité de foi catholique la procession du Saint-Esprit ex Filio. — Ces conciles, il est vrai, n’ont pas été convoqués en Orient. Il n’en faut pas conclure qu’ils soient sans autorité. Il y a des conciles tenus en Orient et auxquels les Occidentaux n’ont pris presque aucune part, et cependant l’Église latine a accepté leurs décret s. Pourquoi donc l’Église grecque devrait-elle ni( connaître l’autorité des conciles tenus en Occident, si elle n’a rien à objecter â la légitimité de leur convocation ? Si la théologie orthodoxe admet que les conciles tenus à Rome sous le pape saint Damase sont légitimes, parce qu’ils affirment que le Saint-Esprit est de l’essence du Père, Macaire, op. cit.,

t. i, p. 292, il n’y a pas de raison de déclarer que d’autres conciles postérieurs, convoqués dans la même ville, ne sont pas légUimes, parce qu’ils définissent que le Saint-Esprit procède aussi du Fils. Pour faire rejeter notre conclusion, il faudrait démontrer que les décrets de ces derniers conciles contredisent les décrets des conciles antérieurs, ce qui est inadmissible pour le Filioqnc, car, nous l’avons dit, aucun concile grec ne l’a condamné ou anathématisé.

Au concile de Florence, les théologiens latins appuyaient le Filioquc sur l’autorité des conciles particuliers de Tolède, mais Marc d’Éphèse répondait qu’il ignorait ces conciles et qu’il ne croyait pas à leur authenticité. Mansi, Concil., t. xxxi, col. 1053. Il y a, en effet, une série de conciles tenus à Tolède, qui, ou bien proposèrent ouvertement comme vérité dogmatique la procession du Saint-Esprit du Fils, ou bien même, insérèrent le Filioquc dans le symbole. On cite tout d’abord un concile tenu à Tolède l’an 400, sous la présidence de Patronus, archevêque de cette ville. Hefele, op. cit., trad. Leclercq, t. ii, p. 122, 123. Dans sa profession de foi, il aurait déclaré que l’Esprit Paraclet n’est ni le Père ni le Fils, mais qu’il procède du Père et du Fils. Mansi, Concil., t. iii, col. 1003. Un autre concile, tenu en C, ’13, déclare dans sa profession de foi que le Saint-Esprit n’est ni créé ni engendré, mais procède du Père et du Fils. Mansi, Concil., t. x, col. 615. Une affirmation plus explicite et plus théologique de la procession du Saint-Esprit du Fils est renfermée encore dans la profession de foi du concile de Tolède de 675. La voici : Spirilum quoque Sanclum. …credimus esse… non genilum vcl crcalum, scd ab ulrisque proccdenlem, amborum Spirilum. Ilic cliam Spirilus Sanclus nec ingenilus, nec genilus creditur : ncc aul si ingenilum di.rcrimus, duos paires dicamus, aul si genilum. duus jilios prxdicare monslrcmur ; qui lamen ncc Palris tanliun, scd sinuil Pulris et Filii Spirilus dicitur. Xcc enim de Paire procedil in Filium, nec de Filio procedil ad sanctiftcandam crcaluram, scd simul ab ulrisque proccssisse monslratur ; quia carilas, sive sanctilas amburum agnoscitur. Mansi, Concil., t. xi, col. 133. D’autres conciles, tenus dans la même ville en 653, Mansi, t. x, col. 1210 ; en 681, ibid., t. xi, col. 1027 ; en 683, 17>id., t xi, col. 1062 ; en 69 1, ibid., t. xii, col. 96, insérèrent dans le symbole l’addition du l’ilioque. Remarquons toutefois que l’autorité de ces conciles, au moins des plus anciens, a été ébranlée de nos jours, et par de bonnes raisons. Le P concile de l’an 400 n’a pas eu lieu probablement, puisque sa règle de foi aurait seulement été envoyée à saint Léon le Orand, qui fut élu pape en 410. K. Kiinslle, Anlipriscillinna, p. 67-70 ; E. Mangenol, L’origine espagnole du Filioquc, dans la Revue de l’Orient clirélien, 1906, t. xi, p. 93. De même le concile de 447, d’après dom Morin, n’aurait aucun fondement historique. Pa.ttor et Syagrius, deux écrivains inconnus du ve siècle, dans la Hevue bénédiclinr, 1893, t. x, p..’387 ; Kiinstle, Antijiriscilliana, p. 40-41. La profession de foi du concile (le l’an 400 aurait été coniposée par Pastor, évêciuc de Calice, en 433. Il y a cependaut des érudits qui attribuent cette profession au concile de Tolède de l’an 447. Merkle, Das Filioquc auj dem Toletanum 447, dans Theologisclw Quartalschrilt, Tubingue, 1893, ]). 408-429. Enfin la profession de foi du concile de Tolède tenu en 630, profession qui emprunte quelques phrases au symbole Quicumquc, n’appartiendrait pas h ce concile, d’après Kiinstle, Antiprisrilliana, p. 70, 73, mais elle reproduirait une formule bien ancienne, datée probablement de l’an 400. K. Mangenot, loc. cit., p. 98 ; Leclercq, dans Hefele, op. cit., t. iii, p. 12591261. Nous n’avons pas à discuter ici les opinions émises par ces savants. Mais il est avéré que, dès le commencement du V siècle, la formule ex Paire Filio8Il ESPRIT-SAINT 812

que était regardée en Espagne comme une vérité de la foi catholique et qu’elle avait sa place dans les symboles. Voir la Fides Damasi, dans Kunstle, Antipriscilliana, p. 47-48 ; la Fides Pbœbadii, ibid., p. 55 ; une Exposilio fidei, du V ou du vie siècle, ibid., p. 90 ; la Fides Isalis ex Jiidœo, ibid., p. 94-95 ; l’exposition de la foi du pseudo-Gennade, ibid., p. 103, et celle qui est attrijjuée à saint Grégoire le Grand. Ibid., p. 113. Et les conciles particuliers de Tolède et d’autres villes espagnoles, par exemple, de Mérida, en 666, Mansi, Concil., t. XI, col. 77 ; et de Braga, en 675, ibid., col. 154, en sanctionnant des formules composées par des docteurs particuliers, leur donnaient une valeur offîcielle, l’autorité d’une doctrine que l’Église reconnaît comme sienne.

D’autres conciles particuliers, tenus hors d’Espagne, se prononcent aussi nettement pour le Filioque. Le concile de Heathfield en Angleterre, convoqué en 680 par Théodore, archevêque de Cantorbéry, déclare reconnaître que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils d’une manière ineffable, siciit prsedicaverunt mncli apostoli et prophetæ et doclores. Mansi, Concil., t. xi, col. 77 ; Hcfele, op. cit., trad. Leclercq, t. iii, p. 476. Le concile de Frioul, tenu en 796, sous Paulin, patriarcJie d’Aquilée, proclame que la relation du Saint-Esprit avec le Père doit être semblable à la relation du Saint-Esprit avec le Fils et il insère le Filioque dans le symbole. Mansi, Concil., t. xiii, col. 843 ; Hefele, op. cit., t. III, p. 1094. Le concile deVorms, qui réunit, en 868, les évêques allemands, traite au long contre les grecs la procession du Saint-Esprit et invoque tout particulièrement l’autorité de saint Augustin. Voici de quelle manière il exprime sa croyance au Filioque : Spiritum Sanctum crcdimus nec genilum vcl creatum, scd a Paire Filioque procedenlem, ambvrum Spiritum. Nec enim procedit de Paire in Filium, nec de Filio lantum procedit ad sanctificandam crecduram, sed ab utrisque procedcrc monslratur, quia charitas sive sanctitas amborum esse agnoscitur. Et nec Palris lantum, nec Filii lantum, sed simul Palris et Filii Spiritus dicitur. In relalivis vero personarum nominibus, Pater ad Filium, Filius ad Palrem, Spiritus Sanctus ad ulrosque refertur. Mansi, Concil., t. XV, col. 868 ; Hefele, op. cit., t. iv, p. 459460. Le concile de Bari, tenu en 1097, et dont les actes ne nous sont pas parvenus, consacre de longues discussions à la controverse du Filioque. Saint Anselme y met en pleine lumière la vérité du dogme latin, et le concile anathématise l’erreur de Photius.

Après ces conciles particuliers, nous avons trois conciles œcuméniques qui proclament la procession du Saint-Esprit ab ulroque. Le IV’= concile de Latran, tenu en 1215, sous Innocent III, dans le can. l, De flde catliolicu, déclare : Pater a nullo, Filius autem a solo Paire, ac Spiritus Sanctus ab ulroque pariler, absque initio semper et fine. Mansi, Conc ; 7., t. xxii, col. 981, 982 ; Denzinger-IBannwart, Enchiridion, n. 428. Le II" concile de Lyon, tenu en 1274 sous Grégoire X, exprime en termes énergiques la croyance de l’Église catholique au Filioque : Fideli ac devola professione falemur, quod Spiritus Sanctus eelernaliler ex Paire et Filio, non tanquam ex duobus principiis, sed Icmquam ex uno principio, non duabus spiralionibus, sed unica’spiralionc procedit. Hoc professa est liaclenus, prædicavit et docuit ; hoc firmiler lenel, prædicat, profitetur el docel sacrosancta romana Ecclesia, mater omnium fidelium et magistra : hoc habet orlhodoxorum Palrum atque doclorum latinorum pariler et græcorum incommutabilis el vera sententia. Sed quia nonnulli propter irrefragabilis prasmissse ignoranliam verilatis, in errores varias sunt prolapsi, nos hujusmodi crroribus viam præcludere cupientes, sacro approbanle concilio, danmamus et reprobamus omnes qui negare præsumpserinl œlernaliter Spiritum Sanctum ex Paire et Filio

procedere : sive etiam Icmerario ausu asserere quod Spiritus Sanclus ex Paire et Filio tanquam ex duobus principiis, et non tanquam ex uno procédai. Comlitutio Gregorii X, Mansi, Concil., t. xxiv, col. 81 ; Denzinger-Bannwart, n. 460.

Le concile de Florence (1439), tenu sous Eugène IV, après de longues discussions sur le Filioque, amène les I)rélats les plus illustres de l’Église grecque à reconnaître la vérité du dogme latin. Le Décret d’union d’Eugène IV pour les grecs définit et propose la procession du Saint-Esprit du Père et du Fils comme une vérité de foi catholique : In nomine sanctse Trinitatis, Palris et Filii et SpirJus Sancli, hoc sacro approbanle universali Florentino concilio, difjinimus, ut hœc fidei Veritas ab omnibus cliristianis crcdatur et suscipiatur sicque omnes profileantur. Quod Spiritus Sanclus ex Paire et Filio œlernaliter est, et essentiam suam suumque esse subsistens habet ex Paire, simul et Filio, et ex ulroque xtemaliter tanquam ab uno principio et unica spiralionc procedit. Déclarantes, quod id quod sancti doclores et patres dicunt, ex Paire per Filium procedere Spiritum Sanctum ad hanc intelligentiam tendit, ut per hoc signifieetur Filium quoque esse secundum grœcos quidem causam, secundum kdinos vero principium subsistentix Spiritus Sancli, sicut et Palrem ; el quoniam omnia quæ Palris sunt, Pcder ipse unigenito Filio suo gignendo dedil, præler esse Pcdrem : hoc ipsum, quod Spirilus Sanclus procedit ex Filio, ipse Filius a Paire œlernaliter habet, a quo etiam œlernaliter genilus est. Mansi, Concil., t. xxxi, col. 1030, 1031 ; Denzinger-Bannwart, n. 691.

A côté des conciles qui affument que le Saint-Esprit procède du Père, il y a donc des conciles qui proclament ouvertement que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Ce que les premiers affirment d’une manière implicite, car la procession du Saint-Esprit du Père ne saurait se concevoir si le Saint-Esprit ne procédait pas en même temps du Fils, d’autres conciles le professent explicitement. La théologie orthodoxe n’oppose à l’autorité de ces conciles que le témoignage de Photius et de ses disciples. Point n’est besoin de montrer que l’autorité d’un homme fort érudit, voire même de toute une école théologique, ne saurait prévaloir contre les décisions promulguées et sanctionnées par des conciles généraux et particuliers, et, disons-le, par des conciles où les grecs ont eu le loisir d’exposer leurs principes théologiques, de défendre avec acharnement le sentiment de Photius, d’amonceler les objections les plus variées contre la doctrine catholique du Filioque. La théologie orthodoxe pourrait se plaindre seulement de ceci, que la définition d’un dogme, qui découle logiquement des principes de la théologie trinitaire grecque, leur soit venue des conciles d’Occident. Mais on est heureux de constater que les Orientaux, et en particulier le cardinal Bessarion, ont puissamment contribué à cette définition. Et en supposant même que les grecs n’eussent pris aucune part à cette œuvre du magistère infaillible de l’Église catholique, les conciles latins, qui ont défini et enseigné la procession du Saint-Esprit ab ulroque, ne mériteraient que la reconnaissance du monde chrétien. « La profession de cet article, remarque justement saint Bonaventure, est venue par l’Église des latins et elle résulte d’une triple cause, savoir : vérité de la foi, nécessité du danger, autorité de l’Église. La foi dictait cet article ; il était à craindre qu’on ne le niât, et les grecs étaient tombés dans cette erreur ; l’Église avait l’autorité et, par conséquent, devait la définir sans retard. » / ; i IV Sent., 1. I, dist. XI, a. 1, q. i.