Dictionnaire de théologie catholique/URBAIN Ier (Saint)

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 369-370).

URBAIN Ier (Saint), pape de 222 à 230 environ. Rien n’est plus obscur que l’histoire de ce pontificat, qui n’a laissé que des souvenirs légendaires. Des données anciennes, la meilleure est celle du Catalogue libérien, qui fournit pour la durée du pontificat 8 ans, Il mois et 12 jours et les dates consulaires 223-230 (qui ne cadrent pas tout à fait avec le chiffre de la durée). Mais le Liber pontificalis, dès sa première rédaction, nous introduit en pleine fantaisie. Selon lui Urbain aurait été confesseur de la foi sous Dioclétien. S’inspirant de là légende de sainte Cécile, il représente Urbain comme ayant converti et mené au martyre un très grand nombre de personnes, entre autres Valérien, époux de Cécile. Il le met également en rapport, d’une manière d’ailleurs indépendante de notre légende cécilienne, avec Tiburce, un des personnages de la même légende. Enfin, il le fait enterrer au cimetière de Prétextât (où se trouvait également le tombeau du même Tiburce). Tout cela est pure imagination ; la « confession » d’Urbain sous Dioclétien est un énorme anachronisme ; le pape Urbain a été inhumé non au cimetière de Prétextât, mais au cimetière de Calliste, où son inscription funéraire a été retrouvée : Oupëocvoç ètc(îctxo7toç). Quant à la légende de sainte Cécile, malgré les prodiges d’ingéniosité faits, il y a un demi-siècle, pour en sauver quelques données, elle s’avère de plus en plus comme étant une des plus médiocres parmi ces passions romanesques du ve siècle, sur lesquelles il est absolument impossible de rien édifier. Le P. Delehaye lui a porté en ces derniers temps, un coup définitif.

Dans la réalité, le pontificat d’Urbain se situe tout entier sous le règne de l’empereur Alexandre Sévère (222-235), qui était bien disposé à l’endroit des chrétiens et favorisa ceux-ci en diverses occasions. Il est à présumer que la communauté romaine n’eut point, sous ce règne, de démêlés avec l’autorité civile. Cependant le calme n’y était pas parfait. Commencé lors de l’avènement du pape Calliste (217), le schisme d’Hippolyte persévérait ; il devait continuer encore sous l’épiscopat de Pontien, successeur d’Urbain (230-235). Nous ne saurions dire si le pape Urbain prit des mesures pour le réduire. Les Fausses-Décrétales ont une lettre d’Urbain. Jaflé, n. 87. Elle n’a aucun rapport avec les événements réels qui ont pu se produire au cours du pontificat. Le Liber pontificalis fixe au 19 mai (xmi kal. jun.) la sépulture’d’Urbain ; par suite de combinaisons diverses, le calendrier romain

actuel (à la suite du martyrologe hiéronymien) célèbre son anniversaire le 25 mai et en fait un martyr.

Duchesne, Liber pontificalis, 1. 1, p. xciii-xciv, 62-63, 143144 ; Jaffé, Hegesta pont. Rom., t. I, p. 13-14 ; H. Delehaye, Étude sur le légendier romain. Les saints de novembre et de décembre, Bruxelles, 1936, pour la légende de sainte Cécile.

É. Amann.