Dictionnaire des proverbes (Quitard)/Pâques

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pâques. — Donner à quelqu’un les œufs de Pâques.

C’est lui faire quelque petit présent dans le temps de Pâques. « C’était un usage commun à tous les peuples agricoles d’Europe et d’Asie de célébrer la fête du nouvel an en mangeant des œufs ; et les œufs fesaient partie des présents qu’on s’envoyait ce jour-là. On avait même soin de les teindre en plusieurs couleurs, surtout en rouge, couleur favorite des anciens peuples et des Celtes en particulier. Mais la fête du nouvel an se célébrait à l’équinoxe du printemps, c’est-à-dire au temps où les chrétiens ne célèbrent plus que la fête de Pâques, tandis qu’ils ont transporté le nouvel an au solstice d’hiver. Il est arrivé de là que la fête des œufs a été attachée chez eux à la Pâque, et qu’on n’en a plus donné au nouvel an. Cependant, ce n’a point été par le simple effet de l’habitude, mais par la raison qui fesait attribuer à la fête de Pâques les mêmes prérogatives qu’au nouvel an, celles d’être un renouvellement de toutes choses, comme chez les Persans, et celles d’être d’abord le triomphe du soleil physique, et ensuite celui du soleil de justice, du Sauveur du monde, sur la mort par la résurrection. » (Court de Gébelin.)

Les œufs, chez les Égyptiens, étaient l’emblème sacré du renouvellement du monde après le déluge. Les Juifs les adoptèrent comme un type du renouvellement de leur nation par la sortie d’Égypte, et, à la fête de Pâques, ils les plaçaient sur la table avec l’agneau pascal. Les chrétiens les prirent pour symbole de la résurrection dont Jésus-Christ leur avait donné l’exemple et le précepte ; et ils préférèrent aux diverses couleurs dont on les teignait, la couleur rouge, en mémoire de l’effusion de son sang sur la croix. Ova rubro colore inficiuntur in memoriam effusi sanguinis Salvatoris, est-il dit dans un ouvrage curieux intitulé : De Ludis orientalibus.