Dictionnaire des proverbes (Quitard)/herbe

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herbe. — Mauvaise herbe croît toujours.

Proverbe qu’on applique par plaisanterie aux enfants qui croissent beaucoup. Les Espagnols disent : yerva mala no la empece la elada. À mauvaise herbe la gelée ne nuit point.

Sur quelle herbe avez-vous marché ?

C’est ce qu’on dit à quelqu’un qui se livre à des saillies de mauvaise humeur ou de folle gaîté, sans qu’on sache pour quel motif. — On avait jadis tant de foi à la vertu de certaines herbes qu’on les croyait capables d’opérer par le seul contact. Telle herbe égarait le voyageur qui avait marché dessus (elle se nommait l’herbe de fourvoiement) ; telle autre le rendait furieux, telle autre le rendait fou, etc. : de là l’expression proverbiale. — Les Romains disaient d’un homme prêt à s’emporter sans raison : il a marché sur une pierre mordue d’un chien enragé. Tetigit lapidem a cane morsum.

Manger son blé en herbe.

Dépenser d’avance son revenu. — Les Italiens disent : Mangiare l’agresto il giugno. Manger le verjus au mois de juin. — Un dissipateur demandait à un médecin pourquoi les matières qu’il rendait étaient vertes. C’est, répondit l’esculape, parce que vous avez mangé votre blé en herbe.

Écouter l’herbe lever.

Expression dont on se sert quelquefois pour indiquer une attention scrupuleuse et niaise, comme le serait celle d’une personne qui prêterait l’oreille au bruit de la végétation. L’extrême finesse d’ouïe nécessaire pour entendre ce bruit a été attribuée à un compagnon de Fortunatus dans le roman de ce nom.

Il y a employé toutes les herbes de la Saint-Jean.

Expression très usitée en parlant de quelqu’un qui a usé de toute sorte de remèdes pour se guérir de quelque maladie, ou qui a mis en œuvre tous les moyens imaginables pour réussir dans quelque affaire. Elle est fondée sur une croyance superstitieuse qui attribuait des vertus merveilleuses à certaines plantes cueillies le jour de la Saint-Jean, dans l’intervalle qui s’écoule entre les premières lueurs de l’aurore et le lever du soleil. Non-seulement on regardait ces plantes comme un excellent spécifique, mais on se figurait qu’elles pouvaient préserver du tonnerre, des incendies et des maléfices. Les femmes qui n’avaient point d’enfants en fesaient des ceintures qu’elles portaient dans l’espoir de devenir fécondes. (Thiers, Trait. des superst., liv. iv, c. 3, et liv. v, c. 3. — L. Joubert, Erreurs popul., liv. ii, c. 2.)