Dictionnaire des proverbes (Quitard)/mouche

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mouche. — Prendre la mouche.

Se fâcher, s’emporter sans sujet. Allusion aux mouvements d’impatience d’un homme qui veut prendre ou chasser une mouche toujours obstinée à revenir lui piquer la figure. Les Italiens qui ont la même expression, saltar la mosca, disent aussi la mosca vi sali al naso. La mouche vous saute au nez. Nous disons de même quelle mouche vous pique ?

C’est une fine mouche.

C’est une personne très fine et très rusée. — Mouche s’est dit pour espion, et de mouche, pris dans ce sens, on a fait mouchard. C’est à tort qu’on a prétendu que le mot mouchard était dérivé du nom d’un certain père de Mouchy, opiniâtre ennemi de la réforme, et qui en fesait observer les sectateurs secrets par des espions à ses gages. — « Il était inutile, dit M. Ch. Nodier, de chercher là l’étymologie de mouchard, qui se présente tout naturellement dans musca, qui avait la même acception figurée chez les Latins, comme on peut le voir plusieurs fois dans Plaute et dans Pétrone. Mouche est d’ailleurs encore synonyme de mouchard, tant dans ce sens particulier que dans son usage proverbial : une fine mouche. — Je voudrais être mouche.

Les mouches de cour sont chassées. (La Fontaine.)

« Mouche de cour se lit déjà dans l’Éperon de discipline, d’Antoine du Saix, qui fit imprimer cet ouvrage à une époque où le père de Mouchy était encore fort jeune. »

Faire la mouche du coche.

Faire l’empressé, le nécessaire, et s’attribuer le succès des choses auxquelles on a le moins contribué. Personne n’ignore que cette expression est venue d’une fable d’Ésope admirablement imitée par La Fontaine. Madame de Sévigné, parlant de la mouche du coche, a dit : « La gillette s’écrie : Oh que je fais de poudre ! » Trait fort plaisant et tout à fait digne de notre inimitable fabuliste !