Dictionnaire des proverbes (Quitard)/sac

La bibliothèque libre.

S

sac. — Donner à quelqu’un son sac.

C’est le congédier brusquement, le mettre dehors, le casser aux gages.

Jean Goropius, auteur brabançon, surnommé Becanus, a remarqué que le mot sac est commun à presque toutes les langues ; car on dit sakkos en grec, saccus en latin, sakk en goth, sac en anglo-saxon, sack en anglais, en allemand, en danois et en belge, sacco en italien, saco en espagnol, sak en hébreu, en chaldéen et en turc, sac en celtique, sach en teuton, etc. Voulez-vous savoir la raison qu’il donne de cette conformité ? Vous allez rire : c’est, dit-il, parce que, à l’époque de la confusion des langues, aucun des ouvriers qui travaillaient à la tour de Babel, n’oublia, en partant, de prendre son sac.

Se couvrir d’un sac mouillé.

C’est faire paraître le tort qu’on a en alléguant de mauvaises, excuses, c’est trahir ses défauts en cherchant à les cacher. Cette expression est une métaphore prise des sculpteurs. Elle fait allusion à la draperie humide qui se colle sur les formes d’une statue.

L’affaire est dans le sac.

Tout est préparé pour que l’affaire réussisse, on peut la regarder comme terminée. — Allusion au sac dans lequel on renfermait autrefois les pièces d’une procédure. De cet usage sont venues aussi les expressions voir le fond du sac, pour dire pénétrer ce qu’une affaire a de plus secret, de plus caché, et juger sur l’étiquette du sac, c’est-à-dire prononcer sur une question difficile, sans se donner la peine de s’en instruire.

Le mot étiquette a une origine curieuse : dans le temps où la langue latine était la seule en usage au barreau, les avocats et les procureurs écrivaient sur le sac de leurs parties : est hic quæstio, etc. (c’est ici l’état de la cause de tel ou de tel), et par abréviation : est hic quæst.., devenu ensuite estiquette, et maintenant étiquette.