Dictionnaire des proverbes (Quitard)/vivre

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vivre.Il faut que tout le monde vive.

On sait que l’abbé Desfontaines, mandé devant M. d’Argenson, lieutenant-général de police, pour quelques malices littéraires, crut se justifier en disant : Il faut que tout le monde vive, et que ce magistrat lui répondit : Je n’en vois pas la nécessité. Mais on ne sait pas peut-être que cette réponse souvent citée n’était qu’une redite, comme la plupart des bons mots dont les beaux-esprits du jour prétendent se faire honneur. Elle se trouve dans le Traité de l’idolatrie, par Terlullien (ch. xiv). — Ce père de l’Église pose en principe, qu’il n’est pas plus permis de fabriquer des idoles que de les adorer ; et, supposant qu’un statuaire lui adresse cette objection : mais mon métier est d’en faire, et je n’ai pas d’autre moyen de vivre ; il réplique : Eh quoi ! mon ami, est-il nécessaire que tu vives ? Jam Ma objici solita vox : non habeo aliquid quo vivam. — Districtius repercuti potest : vivere ergo habes ?

Il faut vivre à Rome comme à Rome.

Il faut se conformer aux usages du pays où l’on se trouve. — Proverbe pris du distique suivant, de saint Ambroise :

Si Romæ fueris, Romano vivito more ;
Si fueris alibi, vivito sicut ibi.

Il a trop d’esprit, il ne vivra pas.

C’est ce qu’on dit d’un enfant trop précoce, parce que les trop grands développements de l’esprit, surtout dans un âge tendre, nuisent à ceux du corps et peuvent causer une maladie mortelle. Il y a pourtant bon nombre de ces petits prodiges de collége, de ces génies en herbe, même parmi les lauréats de l’Université de Paris, qui ne meurent que de vieillesse ; mais il faut dire que, craignant sans doute les suites d’un pareil horoscope, à mesure qu’ils grandissent, ils se corrigent si bien de leur précocité, qu’ils tombent dans l’excès contraire. Sottise entretient la santé.

Les enfants trop tôt sages, ne vivent pas longtemps.

Ce proverbe est fondé sur la même raison que l’expression précédente. Il existait chez les Grecs et chez les Latins.