Dictionnaire des sciences philosophiques/2e éd., 1875/Absurde
par une société de professeurs et de savants
ABSURDE ne doit se dire que de qui est logiquement contradictoire, par conséquent, de ce qui ne peut trouver aucune place dans l’intelligence (άτοπον, άλογον). En effet, une idée, un jugement ou un raisonnement qui se contredit est par cela même impossible et n’existe que dans les mots. Ainsi, un triangle de quatre côtés est évidemment une idée absurde. Mais on n’a pas le droit d’étendre la même qualification à ce qui est contredit par l’expérience ; car, après tout, l’expérience ne comprend que les lois et les faits que nous connaissons, et rien ne nous empêche d’en supposer d’autres que nous ne connaissons pas, ou qui, sans exister, peuvent être regardés comme possibles. De là vient que, dans les sciences qui ont pour unique appui les définitions et le raisonnement, par exemple en géométrie, il n’y a pas de milieu entre l’absurde et le vrai ; dans toutes les autres, l’hypothétique et le faux servent d’intermédiaire entre les deux extrêmes dont nous venons de parler.