Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Aquin

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AQUIN (Philippe d’) en latin Aquinas ou Aquinius, s’est acquis beaucoup de réputation par la connaissance de l’hébreu, qu’il enseignait à Paris sous le règne de Louis XIII, et par les ouvrages qu’il publia (A). Il était originaire d’Aquino, dans le royaume de Naples [a], et de la venait son nom ; mais il était né dans le pays d’Avignon [* 1]. Il se convertit du judaïsme, et il eut une pension du clergé de France [b]. Il est fait mention de lui dans le procès du maréchal d’Ancre (B). Siméon de Muis lui a donné bien des louanges (C) : Valérien de Flavigni, au contraire, en a dit du mal (D). Il y a eu un Louis Henri d’Aquin, contemporain de celui-là, et fort versé comme lui dans les langues orientales. Je ne sais s’il était son fils [* 2] ou son frère [c]. Il traduisit quelque chose d’hébreu en latin (E). Il avait aussi été juif, et il fut aussi pensionnaire du clergé. Antoine d’Aquin, qui a été premier médecin de Louis XIV, était petit-fils de Philippe.

  1. * Leclerc dit qu’il naquit à Carpentras, Son nom était Rabbi Mardocai. Chassé de la synagogue d’Avignon en 1610, à cause de son penchant au christianisme, il se réfugia dans le royaume de Naples, et se fit baptiser à Aquino. En ayant pris le nom il en changea la terminaison lorsqu’il vint en France quelques années après. Il y est mort vers 1650.
  2. * Leclerc dit qu’il était son fils. Né en 1600, il fut père d’Antoine.
  1. Je ne sais cela que par ouï-dire.
  2. Voyez l’épître dédicatoire de son Interprétation de l’Arbre de la Cabale.
  3. M. Colomiés croit qu’il était son fils.

(A) Il s’est acquis beaucoup de réputation par les ouvrages qu’il publia. ] En voici la liste : Dictionarium Hebræo-Chaldæo-Thalmudico-Rabbinicum, imprimé à Paris, l’an 1629, in-folio. Les Racines de la Langue Sainte, ad formam Cubi Hutteriani, à Paris, en 1620, in-16 ; la traduction en italien des Apophthegmes des anciens docteurs de l’église judaïque, recueillis par le rabbin Siméon, fils de Gamaliel ; l’Exposition des treize [* 1] manières dont les anciens rabbins se sont servis pour expliquer Le Pentateuque [1] ; l’Interprétation de l’Arbre de la Cabale, enrichi de sa figure tirée des anciens auteurs hébreux, à Paris, aux dépens de l’auteur, en 1625, in-8o. ; Discours du Tabernacle et du Camp des Israëlites, à Paris, chez Th. Blaise, en 1623, in-4o ; Explications littérales, allégoriques et morales du tabernacle que Dieu ordonna à Moïse, des habits des prêtres, et de la façon qu’on consultait le Rational en la loi ancienne, ensemble de la forme des sacrifices judaïques ; le tout curieusement recueilli et fidèlement traduit des plus savans et anciens auteurs hébreux : avec un discours du Camp des Israëlites, et la description des pierreries du Rational du grand prestre ajoutés à la fin pour la seconde édition revue par l’auteur, à Paris, aux dépens de l’auteur en 1624, in-4o ; Bechinas Olam, ou l’Examen du monde, de Rabi Jacob ; sentences morales des anciens Hébreux, et les treize modes desquels ils se servaient pour interpréter la Bible, à Paris, chez Jean Lacquehay, en 1629, in-8o ; Phil. Aquinatis, hebraïcæ linguæ profess. Lachrymæ in obitum illustriss. cardinalis de Berulle, Parisiis, apud Joannem Bessin, 1629, in-8o.

(B) Il est fait mention de lui dans le procès du maréchal d’Ancre. ] La chose est trop singulière, pour ne devoir pas être rapportée : « Item, est vérifié par informations, mesme par la déposition de Philippes Dacquin, ci-devant juif, et aujourd’hui chrétien, lequel Conchine et sa femme ont mandé à Moulins, où estoit icelui Dacquin, chez le lieutenant criminel [2], que Conchine et sa femme se sont aidez de la cabale et des livres des juifs. Estant à noter ce qu’a déposé ce Dacquin, que Conchine, en la présence de sa femme, auroit osté un pot de chambre pour l’impureté, et emporté hors l’image du crucifix, de peur d’empeschement à l’effet que Conchine et sa femme prétendoient tirer de la lecture de quelques versets du psalme 51 Miserere meî en hebrieu : laquelle lecture ils vouloient faire faire par Dacquin en la forme qu’elle leur avoit esté faite quelquefois par Montalto. »

(C) Siméon de Muis lui a donné bien des louanges. ] Voici ce qu’il dit sur le verset 14 du psaume XXXV : Cùm hìc hærerem dubius, Philippus Aquinas, à judæo christianus, vir raræ et exquisitissimæ in hebraïcis litteris doctrinæ, et quem nunquàm frustrà consulas, fortè venit ad me visendi gratiâ, et venit quidem optatus. Ille statìm atque de re communicavi, ut singulos Bibliorum versus, imò et voces singulas in numerato habet, ac tanquàm digitos tenet, indicavit locum ex Esaïæ 66, v. 13.

(D) Valérien de Flavigni.… en a dit du mal. ] Il était professeur en hébreu, dans le Collége royal, à Paris ; il fronda cruellement la Bible de M. Le Jai : il soutient que le texte hébreu y avait été misérablement défiguré par Philippe d’Aquin : Tot ac tantis conspurcatum maculis atque sordibus, obstetricantibus impurissimis manibus Philippi Aquinatis, Avenionensis, ex judæo christiani, ut à plantâ pedis usque ad verticem non sit in eo sanitas [3].

(F) Louis Henri d’Aquin traduisit quelque chose d’hébreu en latin [4]. ] Lisez ce qui suit : Commentarius Rabi Levi filii Gersonis in librum Jobi, seu in quinta prima capita, interprete Ludovico Henrico Aquino Lutetiæ, à Paris, chez Th. Blaise, en 1622, in-4o. ; Scholia Rabi Salomonis Jarchi in librum Esther : item Excerpta quædam ex Talmudo et Jalcut in eumdem librum, interprete Lud. Henr. Aquino, ibid., 1622, in-4o.

  1. * Leclerc remarque que ce livre, écrit en latin, ne fut pas, comme le dit le père Lelong dans sa Bibliotheca sacra, publié sous le nom du père Arnoux, confesseur de Louis XIII, mais dédié à ce jésuite.
  1. Imprimée à Paris, l’an 1610, in-4o.
  2. Peut-être y était-il précepteur de Gilbert Gaulmin, qui a reconnu qu’il avait été disciple de Philippe d’Aquin. Integrum MS. librum, dit-il, ad libros de Vitâ et Morte Mosis, pag. 305, ex Philippi Daquin Præceptoris olim mei κειμηλίοις descripsimus.
  3. Flavigni, in Epistolâ de Heptaplis Parisiensibus, apud Colomesium, Gal. Oriental., pag. 256.
  4. Voyez Colomiés, Galliæ Orient. pag. 254, 256.

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