Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Arnobe

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ARNOBE, professeur en rhétorique à Sicca, dans la Numidie, vers la fin du IIIe. siècle, fut attiré par des songes à la profession du christianisme [a]. Il s’adressa aux évêques, pour leur demander son admission à l’Église : mais comme ils se souvenaient de la véhémence avec laquelle il avait toujours combattu la vraie foi, ils se défièrent de lui, et avant que de l’admettre au nombre des catéchumènes, ils voulurent qu’il donnât des preuves de ses bonnes intentions (A). Pour les satisfaire, il écrivit un ouvrage contre les gentils [* 1], où il réfuta très-fortement les absurdités de leur religion, et le ridicule de leurs faux dieux. Il y employa toutes les fleurs de sa rhétorique, et y débita beaucoup de littérature ; mais comme il avait une louable impatience d’être agrégé au corps des fidèles, il se hâta un peu trop en composant son ouvrage (B) : de là vient que l’ordre et la belle économie n’y paraissent pas avec toute la justesse qu’il serait à souhaiter. Le pis est que n’ayant pas une connaissance fort exacte de la vérité chrétienne, il débita des erreurs très-dangereuses (C). On ne sait point ce qu’il fit depuis, ni en quel temps il mourut. Son ouvrage contient sept livres, et non pas huit, comme on l’a cru pendant quelque temps (D). Il a été commenté par de savans hommes, et imprimé plusieurs fois (E).

  1. * L’article que contient le Dictionnaire de Chaufepié, donne quelques remarques sur les sept livres Adversùs gentiles.
  1. Voyez la remarque (A).

(A) Avant que de l’admettre au nombre des cathécumènes, les évêques voulurent qu’il donnât des preuves de ses bonnes intentions. ] C’est saint Jérôme qui nous apprend ces particularités. Arnobius, dit-il [1], rhetor clarus in Africâ habetur : qui quùm in civitate Siccæ al declamandum juvenes crudiret, et adhuc ethnicus ad credulitatem somniis compelleretur, neque ab episcopo impetraret fidem quam semper impugnaverat, elucubravit adversùs pristinam religionem luculentissimos libros, et tandem velut quibusdam obsidibus pietatis fœdus impetravit. On le regarda comme un ennemi qui voulait faire un traité de paix ; mais, avant que de conclure, on voulut avoir des garans de l’observation de sa parole. On lui demanda des otages, il en donna : ce furent sept invectives contre les païens. Après cela il fut regardé comme un bon frère, et il fut reçu à la paix de l’Église.

(B) Il se hâta un peu trop en composant son ouvrage. ] Commentons ceci par un passage de Baronius. Quod verò opus illud, ut inter fideles admitteretur, quasi fidei suæ vadem festinus absolvit ; hinc planè est quòd in eo (ut ait Hieronymus) fuisse visus est inæqualis et nimius, et absque operis sut partitione confusus. Rursùm verò quod nondùm plenè esset scientiâ rerum christianarum imbutus, utpotè cùm non solùm non fuerit baptismate illustratus, sed nec in Ecclesiam inter cathecumenos acceptus [2] ; veniâ dignus est, si aliquibus nævis visus est commentarius ille esse respersus [3].

(C) Il débita des erreurs très-dangereuses. ] Nous venons de voir que Baronius attribue l’hétérodoxie, qui se rencontre dans les sept livres d’Arnobe, à la précipitation avec laquelle ils furent écrits ; car l’auteur ne put attendre à les faire qu’il eût eu le temps de se bien instruire de tous les points de la foi chrétienne. L’annaliste veut qu’on excuse les erreurs d’Arnobe : il les représente comme de petits défauts ; mais il est sûr que l’Inquisition ferait aujourd’hui brûler tous ceux qui débiteraient de telles doctrines. Je consens que l’on ait de l’indulgence pour la personne d’Arnobe ; il n’en est pas moins vrai que ses sentimens sur l’origine de l’âme, et sur la cause du mal physique, et sur quelques autres matières capitales, sont très-pernicieux. Je l’ai remarqué ailleurs [4]. Il aurait pu dire à l’égard de nos mystères ce que Perse avoue à l’égard de la poésie, qu’il se mêlait d’en parler avant que de les connaître :

Nec fonte labra prolui Caballino,
Nec in bicipiti somniâsse Parnasso
Memini, ut repentè sic poëta prodirem.
Heliconidasque, pallidamque Pyrenen
Illis remitto, quorum imagines lambunt
Hederæ sequaces. Ipse semipaganus
Ad sacra Vatum carmen affero nostrum [5].


Voici le jugement de M. du Pin. « Il paraît qu’il n’était pas encore tout-à-fait instruit des mystères de notre religion. Il attaque avec beaucoup plus d’adresse la religion des païens, qu’il ne défend celle des chrétiens. Il découvre plus heureusement la folie du paganisme, qu’il ne prouve solidement la vérité du christianisme. Mais il ne faut pas s’en étonner ; car c’est l’ordinaire de tous les nouveaux convertis, qui, étant encore pleins de leur religion, en connaissent mieux les défauts, et la faiblesse, qu’ils ne savent les preuves et l’excellence de celle qu’ils embrassent [6]. » Je ne vois personne qui parle aussi faiblement des erreurs d’Arnobe, que M. Cave. Il dit que peut-être ce sont des doctrines un peu éloignées de la vraie foi. Dogmata quædam habet forsan minùs catholica, quæ homini à gentilium tenebris recens erumpenti et nondùm christianæ fidei elementis satis instructo condonanda sunt [7]. C’est pousser la tolérance beaucoup plus loin qu’on ne l’a fait dans la préface de l’édition de Leyde en 1651, où l’on se contente de dire qu’Arnobe s’écarte un peu de l’orthodoxie. Aliis in locis à veritate christianâ nonnihil recedit, sed hoc condonandum illi qui ex Ethnicismi tenebris recens ad veritatem christianam pervenerat. Idem huic autori evenit, quod iis solet, qui ex carcere tenebricoso in lucem perducti visum adhuc dubium habent [8]. Encore un coup, excusons ce père ; mais ne soyons pas assez simples, pour qualifier obligeamment petites erreurs les dogmes qu’il a débités. Ils méritent, quand on les considère en eux-mêmes, tous les mêmes titres qu’on leur donnerait aujourd’hui, si quelque docteur les avançait. Il faut convenir sans chicane, qu’un auteur moderne avait fait là-dessus de bonnes leçons à son censeur. Écoutons-le. M. Jurieu pèse les erreurs à une fausse balance. Il juge de la doctrine par les personnes, et non pas des personnes par la doctrine. Une même erreur change de nature selon les lieux et les temps : elle est une monstrueuse hérésie, selon le sujet où elle se trouve, et selon le siècle où elle règne. On voit des preuves de cette iniquité de M. Jurieu dans toutes ses disputes contre les sectaires d’aujourd’hui, auxquels il ne pardonne rien, pendant qu’il porte l’indulgence et la tolérance pour les pères jusqu’à un excès prodigieux.…... [9]. Le respect, que nous avons pour les personnes, ne doit pas nous faire respecter leurs erreurs, quand elles sont capitales. Dans une semblable occasion, on doit appeler scapham scapham, et ligonem ligonem. M. Jurieu veut bien excuser les erreurs d’Origène, à cause de son grand zèle ; mais si quelqu’un nous venait aujourd’hui débiter les rêveries de cet ancien, M. Jurieu ne se croirait obligé à aucun support. Si ces rêveries sont des hérésies et des impiétés, qui changent l’enfer en un purgatoire, et qui anéantissent par ce moyen la crainte des peines éternelles, et la crainte de Dieu, pourquoi les doit-on supporter dans Origène ?..... [10]. La mollesse avec laquelle M. Jurieu parle des erreurs de saint Hilaire et de saint Jérôme, n’est assurément pas édifiante. Il les excuse, et dit que ce sont des bévues et des négligences. Mais si un théologien de ce siècle s’allait mettre dans l’esprit de soutenir les mêmes opinions, M. Jurieu se croirait obligé de les appeler des extravagances et des impiétés. Quelle iniquité criante ! Les mêmes choses, qui sont des extravagances et des impiétés dans notre siècle, ne sont que des bévues et des négligences excusables au IVe. siècle. Pourquoi cela [11] ? Cet auteur prétend connaître la source de ce double poids. Écoutons-le encore. M. Jurieu leur pardonne, comme des fautes fort légères et fort minces, des erreurs qui, dans les gens de notre siècle, sont des hérésies infernales. On se pique ordinairement d’un profond respect et d’une haute estime pour ceux qui ont le bonheur de vivre plusieurs siècles avant nous, quoique l’on voie en eux toutes les faiblesses et toutes les mauvaises qualités que l’on ne peut pas souffrir dans les modernes. Quand on ne peut pas estimer les anciens, on se croit du moins obligé à les aimer, et à donner, par un jugement de charité chrétienne, la plus favorable interprétation que l’on peut à leurs paroles. Au contraire, l’on se pare et l’on se fait honneur d’un zèle enflammé contre ses contemporains : on ne leur passe rien, et, à leur égard, on est prodigue d’anathèmes. Il semble pourtant que l’intérêt de la religion étant conservé, la charité devrait plutôt s’exercer envers les vivans, qu’envers les morts qui sont morts depuis plusieurs siècles. La charité que l’on a pour ces derniers, ne coûte guère, parce que leur mérite n’excite pas notre jalousie et notre envie, et que nous ne les regardons pas comme nos concurrens ; mais pour juger charitablement d’un adversaire qui parle et qui écrit contre nous, et dont la réputation offusque notre gloire, il faut un peu mortifier l’amour-propre ; et c’est un sacrifice que l’on ne fait pas facilement. Comme M. Jurieu n’a pas eu de querelle avec Origène, et qu’il a des ennemis personnels dans le parti socinien, il ne faut pas s’étonner s’il a plus de tolérance pour celui-là que pour ceux-ci [12].

(D) Son ouvrage contient sept livres, et non pas huit, comme on l’a cru pendant quelque temps. ] Tout le monde sait que le petit livre de Minucius Felix a pour titre Octavius. On le trouve joint avec les livres d’Arnobe dans plusieurs anciens manuscrits. C’est ce qui a été cause qu’il a passé pour un ouvrage d’Arnobe ; et sans doute le mot Octavius, pris pour octavus, a fait illusion à bien des lecteurs. Citons ces paroles de M. du Pin. « Ce livre [13] a passé long-temps pour le huitième livre d’Arnobe ; car ayant été trouvé avec les sept livres d’Arnobe dans un ancien manuscrit de la bibliothéque du Vatican. Il fut imprimé quatre fois sous ce nom [* 1], sans que personne reconnût son véritable auteur. Le savant jurisconsulte Baudouin s’aperçut le premier de cette erreur vulgaire, et fit imprimer, l’an 1560, à Heidelberg, ce petit traité séparé, avec une savante préface, dans laquelle il le rend à son véritable auteur. Or, quoiqu’on doive à ce célèbre jurisconsulte l’honneur d’avoir fait le premier cette découverte, cependant trente-trois ans après, Urfin, faisant imprimer à Rome les ouvrages d’Arnobe, soit qu’il n’eût pas vu l’édition de Baudouin, soit qu’il voulût se faire honneur de cette remarque, sépara le livre de Minutius d’avec ceux d’Arnobe, sans avertir que cela eût été fait avant lui, se donnant ainsi tout l’honneur de cette découverte [14]. » On trouve la même chose dans la préface du Minutius Félix imprimé à Leyde l’an 1652 [15]. On y trouve aussi, que presque dans le même temps que Francois Baudoüin fit voir que le prétendu huitième livre d’Arnobe était l’ouvrage de Minucius Félix, un autre critique eut quelque soupçon de la bévue. Eodem ferè tempore id ipsum suboluit etiam Hadriano Junio [16]. Cela n’est point exact : il faut dire que François Baudouin n’est pas le premier qui l’ait découverte ; car il ne publia ce qu’il savait là-dessus, que quatre ans après qu’un autre eut communiqué cette pensée au public. Son Minutius parut l’an 1560. Or voici ce que l’on trouve dans un ouvrage qu’Hadrien Junius fit imprimer l’an 1556. Arnobio qui septem duntaxat adversùm gentes libros edidit, octavus accrevit, quùm sit Minutii Felicis, Octavius ab interlocutorum uno ità vocitatus, novâ ratione obliterandi auctoris [17]. L’année suivante Baudouin n’était pas guéri de l’erreur commune ; car il cita comme le VIIIe. livre d’Arnobe le Traité de Minutius. Sic ille apud Arnobium Cecilius christianos dictitat, cùm coëunt, infantis occisi sanguinem lambere... [18]. Horribilis profectò est oratio Cecilii illius leguleii romani, qui apud Arnobium libro octavo hæc adhuc christianis objicit [19]. Louis Carrion a donné à Junius la gloire d’être le premier qui eût rendu l’Octavius à son légitime maître. Illi (Minutio) octavum adversùs gentes librum Junius noster in Animadversis suis princeps jam olim vindicavit [20]. Carrion parla ainsi dans un ouvrage qu’il publia à Paris, l’an 1583. Citons ces paroles de M. Joly. Minutii Felicis vetustissimi scriptoris christiani Dialogus elegantissimus contrà idolorum vanitatem tam diù pro octavo Arnobii adversùs gentes libro habitus est, quia Minutius eum sub nomine Octavii protulerat, donec à Francisco Balduino jurisconsulto anno 1560, Arnobio abductus, et genuino autori reddituo est, veluti Nicolaus Rigaltius in Præfatione ad eumdem Minutium observavit [21]. Voilà deux savans hommes [22], qui ignorent que Junius précéda Baudouin dans la découverte du vrai auteur de l’Octavius. Au reste, je ne crois point que M. Joly ait raison de mettre ce livre dans la classe des pseudonymes. Il prétend que l’auteur, en le publiant, se déguisa sous le nom d’Octavius ; il vaudrait mieux dire, ce me semble, qu’Octavius est le titre de l’ouvrage, et non pas un nom supposé de celui qui l’écrivit. On ne parlerait pas exactement, si l’on disait que les Dialogues de Platon furent publiés sous les faux noms des personnages qui leur servent de tres. Minucius Félix imita Platon : il voulut que son dialogue portât pour titre le nom du principal interlocuteur.

(E) Son ouvrage a été imprimé plusieurs fois. ] Si j’avais les livres nécessaires, j’entreprendrais de donner ici l’histoire exacte des éditions d’Arnobe ; mais il faut que j’abandonne ce dessein, et que je me borne à quelques notes critiques contre ceux qui nous ont donné la liste de ces éditions. Celui qui a fait la préface de l’Arnobe imprimé à Leyde l’an 1651, raconte, 1°. que la première édition de ce père est celle que Francois Priscianensis, Florentin, publia à Rome. Il ne dit point en quelle année ; c’est un péché d’omission qu’on ne saurait pardonner ; 2°. que Sigismond Gelenius changea plusieurs choses dans cette édition, non pas avec l’aide des manuscrits, mais en s’appuyant sur les conjectures de son génie ; 3°. que Théodore Canterus, publiant Arnobe avec des notes, se plaignit de la hardiesse de Gelenius ; 4°. que Godescale Stewechius travailla bien sur ce père : 5°. qu’Elmenhorst joignit à son commentaire la diversité des leçons recueillies, tant des manuscrits et de l’édition faite à Rome l’an 1542 sur un ancien manuscrit de Francois Sabæus [23], que de l’édition de Fulvius Ursinus ; 5°. qu’enfin Desiderius Heraldus publia de belles notes sur les sept livres d’Arnobe. J’ai trois choses à remarquer contre cela. Premièrement, la liste des éditions est très-incomplète ; en second lieu, l’édition de Rome, en 1542, n’est point différente de la première, et cependant on la donne ici comme différente ; en troisième lieu, il n’est pas vrai que les remarques de Didier Hérault soient venues après l’édition d’Elmenhorst. Celle-ci est de l’année 1610, et l’ouvrage d’Hérault avait paru à Genève, l’an 1597, et à Paris l’an 1605 [* 2],

Examinons la liste de M. du Pin [24]. 1°. Je remarque en premier lieu, que les noms propres y sont fort défigurés [25]. On y voit Canrerus, au lieu de Canterus ; Hermenhorstius, au lieu d’Helmenhorstius ; Stevuchius, au lieu de Stewechius. 2°. Outre cela, je remarque qu’on nous donne pour l’imprimeur de la première édition un Théodore Priscianensis. C’est sans doute une faute. Nous avons vu que le Florentin Franciscus Priscianensis fut le premier qui fit voir le jour aux livres d’Arnobe. Or ce n’était pas un imprimeur. Le Poccianti ne lui donne point cette qualité : il se contente de le faire un bon humaniste, et auteur de quelques livres italiens [26]. Je me persuade que ce fut à lui que Faustus Sabeus, bibliothécaire du Vatican, communiqua le manuscrit sur lequel fut faite l’édition de Rome de 1524 [* 3]. Ainsi dans la préface de l’édition de Leyde, on aura mal distingué l’édition de François Priscianensis, d’avec celle qui fut faite sur le manuscrit de Sabeus. Notez que Louis Carrion estime que le manuscrit d’Arnobe, qui est dans la bibliothéque du roi de France, est celui dont on se servit pour la première édition [27]. Il s’imagine que puisqu’on la dédia à François Ier., on lui envoya aussi le manuscrit. 3°. En troisième lieu, je remarque qu’il n’est pas vrai que les sept livres d’Arnobe aient été imprimés avec les notes d’Hérauld en 1583, ni qu’il faille distinguer l’édition de Hambourg de 1610, de celle dont on venait de parler, je veux dire de celle qui fut accompagnée du commentaire d’Elmenhorst. 4°. Enfin je remarque que Stewechius ne fit point une édition d’Arnobe, à Douai, l’an 1634, son édition est d’Anvers, en 1586 ; et il y avait long-temps qu’il était mort, quand ses Electa in Arnobium furent réimprimés à Douai, en 1634, cum Paratitlis seu Summariis Leandri de sancto Martino. Vous trouverez une pareille faute à la citation (*) de la page 430, où M. du Pin dit qu’Érasme publia Arnobe l’an 1560. Il mourut l’an 1536.

Disons quelque chose du père Labbe. Il trouve très-belle l’édition de Leyde, mais il s’étonne que ceux qui l’ont procurée, n’y aient pas inséré l’Arnobianus criticus de Meursius, imprimé à Leyde, l’an 1598, cum hypocritico Minutiano. Il voudrait que, pour le moins, ils en eussent fait mention [28]. Ceux qui lui reprocheraient qu’il eût dû lui-même se souvenir des Eclogæ ad Arnobium de Jules-César Bulenger [29], ne seraient pas bien fondés ; car cet ouvrage ne sert de rien, ni pour corriger le texte d’Arnobe, ni pour développer le sens littéral : ce n’est qu’un tissu de citations, qui n’a qu’un rapport très-vague à quelque pensée d’Arnobe. Le même jésuite donne un coup de bec au grand Saumaise, qui avait promis des commentaires sur cet auteur, et qui ne tint pas sa parole [* 4]. Salmasiani autem illi commentarii tamdiù expectati, tam sæpè ejus amicorumque litteris promissi atque jactati, in fumum tandem ventosque evanuerunt [30]. Je crois qu’un tel écrit de Saumaise nous eût appris plus de belles choses, que son savant commentaire sur le traité de Pallio de Tertullien.

  1. (*) La première, par Sabæus, sur le manuscrit de Rome, l’an 1542 ; la seconde en Allemagne, par Gelenius ; la troisième en Hollande, à Leyden, en 1552 ; le quatrième, à Bâle, par Érasme, en 1560.
  2. * L’auteur des Remarques insérées dans le tome XXIX de la Bibliothéque française possédait un exemplaire de l’édition d’Elmenhorst imprimée à Hanau typis Wechelianis, 1603, dédiée à Joseph Scaliger, mais le privilége de l’empereur pour l’impression est du 25 mai 1582. Il n’est pas naturel, ajoute-t-il, que les héritiers d’André Wechel, après avoir obtenu ce privilége, aient laissé dormir l’ouvrage pendant 21 ans sans en faire usage. Cependant la Bibliothéque du Roi ne possède pas d’édition de l’Arnobe d’Elmenhorst antérieure à 1603, et c’est aussi la première de cet éditeur que mentionne C. T. G. Schoenemann dans sa Bibliotheca historico-litteraria patrum latinorum, ouvrage dont il n’a paru que deux volumes, 1792-1794, in-8o.
  3. (*) 1524 est une faute d’impression. Bayle, dans cette même remarque, a déjà dit deux fois 1542. Joly aurait dû s’en apercevoir, et n’aurait pas dû reprocher à l’auteur une faute qui n’est que de son imprimeur.
  4. * C’est Claude Saumaise qui donna l’édition de Leyde, 1651, in-4o., cum notis viri celeberrimi. Labbe et Bayle ont ignoré, dit Joly, que ce vir celeberrimus était Claude Saumaise, lequel avait aussi commencé un commentaire sur Arnobe, lorsque la mort le surprit. Fabricius en ayant trouvé le manuscrit, le fit imprimer dans le tome second des Sancti Hippolyti Opera, 1718, in-folio. Ce fragment de commentaire commence à la page 122 et finit à la page 134.
  1. Hieronymus, in Chronico Eusebii, ad annum 2, olymp. 276.
  2. M. du Pin n’est pas de ce sentiment. Il composa, dit-il, Biblioth. des Auteurs ecclés., tom. I, pag. 203, lorsqu’il n’était encore que catéchumène, sept livres.
  3. Baron., ad ann. 302, num. 67, pag. 733.
  4. Consultez la Table de ce Dictionnaire, au mot Arnobe.
  5. Persius, in Prologo.
  6. Du Pin, Bibliothéque des Auteurs ecclés., tom. I, pag. 204, col. 2, édition de Hollande.
  7. Gulielmus Cave, Historiæ Litterariæ pag. 112.
  8. Præfat. Arnobii, in edit Lugd. Bat. ann. 1651.
  9. Saurin, Examen de la Doctrine de M. Jurieu, pag. 681.
  10. Là même, pag. 683.
  11. Là même, pag. 684.
  12. Saurin, Examen de la Doctrine de M. Jurieu, 687.
  13. C’est-à-dire celui de Minutius Félix.
  14. Du Pin, Bibliothéque des Auteurs ecclés., tom. I, pag. 119, col. 2.
  15. Cette préface est de Jacques Ouzelius.
  16. Jacques Ouzelius, in præfatione Minutii Felicis.
  17. Hadrianus Junius, Animadvers., lib. VI, cap. I.
  18. Franciscus Balduinus ad edicta veterum principum roman. de Christianis, pag. 47, edit. Basil. apud Oporinum, an. 1557.
  19. Idem, ibid., pag. 50.
  20. Ludov. Carrio, Emendat., lib. II, cap. XVIII, folio 52.
  21. Claudius Joly, Dissertat. de verbis Usuardi, pag. 114. Ce livre fut imprimé l’an 1669.
  22. Rigaut et Joly.
  23. Il s’appelait Fauste, et non pas François.
  24. Elle est à la page 205, col. 1 du Ier. tom. de sa Biblioth., édit. de Hollande.
  25. Je ne me sers que de l’édition de Hollande.
  26. Pocciantius, de Scriptor. Florentinis, pag. 69.
  27. Ludov. Carrio, Emendat., lib. I, cap. IX, folio 18. M. du Pin l’affirme, pag. 119 du Ier. tome de sa Bibliothéque.
  28. Philippus Labbe, Dissertat, de Scriptoribus Eccles., tom. I, pag. 105.
  29. Imprimées à Toulouse, l’an 1612, in-8o.
  30. Labbe, de Scriptorib. Ecclesiast., tom. II, pag. 105.

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