Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Artémidore

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ARTÉMIDORE, celui qui a écrit sur les songes, était d’Éphèse ; néanmoins il s’est donné le surnom de Daldianus dans ce livre-là, afin de faire honneur à la patrie de sa mère (A). Il s’était surnommé Éphésien dans d’autres livres. Il vivait sous Antonin Pius, comme il nous l’apprend lui-même, quand il dit qu’il a connu un athlète qui, ayant songé qu’il avait perdu la vue, remporta le prix de la course dans les jeux que cet empereur fit célébrer [a]. Jamais auteur n’a plus travaillé pour un sujet raisonnable, qu’Artémidore a travaillé pour un sujet très-indigne d’un homme de jugement (B). Il ne se contenta pas d’acheter tout ce qui avait été écrit sur l’explication des songes, ce qui montait à plusieurs volumes (C) : il employa de plus beaucoup d’années à voyager, afin de faire des connaissances avec les diseurs de bonne aventure. Il eut un grand commerce avec eux dans les villes et dans les assemblées de la Grèce, dans l’Italie, et dans les îles les plus peuplées ; et il ramassa partout les vieux songes, et l’événement qu’on disait qu’ils avaient eu [b]. Il méprisa les médisances de ces gens graves et à sourcil froncé, qui traitent d’escrocs, d’imposteurs et de joueurs de gobelet, ceux qui se mêlent de prédire (D) ; et, sans avoir égard à ce que les Catons en diraient, il pratiqua plusieurs années ces devins. En un mot, il consacra tout son temps, et toutes ses veilles, à courir après des songes ; et il croyait que ce grand travail lui avait fourni de quoi payer de raison et d’expérience (E). Il eut grand soin d’instruire son fils aux mêmes sciences, comme il paraît par les deux livres qu’il lui dédia. Je m’étonne moins qu’il se soit si fortement occupé de cette matière, quand je songe qu’il croyait y avoir été poussé par les conseils, et en quelque manière par les ordres d’Apollon [c] ; Il prie fort sérieusement tous ses lecteurs de ne rien ôter de son livre, et de n’y rien ajouter ; et il leur fait là-dessus une espèce d’adjuration au nom de cet œil perçant de la providence qui prend garde à tout (F). Il a dédié ses trois premiers livres à un Cassius Maximus (G), et les deux autres à son fils. Ils furent imprimés en grec, à Venise, l’an 1518. M. Rigaut les publia à Paris, en grec et en latin, l’année 1603, et y joignit quelques notes. La version latine qu’il employa est celle que Jean Cornarius avait publiée à Bâle l’an 1539. Artémidore avait fait un traité des Augures, et un autre de la Chiromance. On ne les a point (H). Tertullien ne l’a point cité dans l’endroit où il cote plusieurs auteurs onirocritiques [d] ; mais Lucien ne l’oublie pas, quoiqu’il ne nomme que deux écrivains de cette espèce [e].

  1. Artemid., lib. I, cap. XXVIII. Voyez aussi le chap. LXVI du même livre.
  2. Artemid., præf., pag. 3. Voyez aussi liv. V, pag. 252.
  3. Idem, sub fin., lib. II, pag. 161.
  4. C’est-à-dire, interprètes des songes. Voyez ce passage de Tertullien ci-dessous, citation (14).
  5. Lucian., in Philopatr.

(A) Il s’est donné le surnom de Daldianus, afin de faire honneur à la patrie de sa mère [1]. ] « Éphèse, dit-il, d’où à la tête de plusieurs livres j’ai déclaré que j’étais, est assez illustre par elle-même, et par les louanges que plusieurs personnes dignes de foi lui ont données ; mais la petite ville de Daldia est demeurée jusqu’ici dans l’obscurité, faute de tels panégyristes : puis donc que c’est ma patrie du côté de ma mère, je veux lui témoigner ainsi ma reconnaissance. » Cela me serait plus suspect de vanité, si j’y voyais plus de façon et plus de mystère ; mais l’ingénuité avec laquelle cet auteur s’exprime, me fait juger qu’il parlait selon l’usage d’alors, et sans attacher aux paroles les mêmes idées que l’on y attacherait aujourd’hui. Τὴν δὲ ἐπιγραϕὴν μὴ θαυμάσῃς, διότι Ἀρτεμιδώρου Δαλδιανοῦ, καὶ οὐχὶ Ἐϕεσίου, ἐπιγέγραπται, ὥσπερ πολλὰ τῶν ἤδη εἰς ἄλλας πραγματείας πεποιημένων μοι βιϐλίων. Τὴν μὲν γὰρ Ἔϕεσον συμϐέϐηκε καὶ αὐτὴν δι ἑαυτὴν περιώνυμον εἶναι, καὶ πολλῶν ἀξιολόγων κηρύκων τετυχηκέναι. Δάλδία δὲ, πόλισμα Λυδίας καὶ οὐ σϕόδρα ἐλλόγιμον, καὶ διὰ τὸ μὴ τοιούτων ἀνδρῶν τετυχηκέναι, ἄγνωςον τὸ μέχρι εἰς ἐμε μεμένηκε. Διὸ θρεπτήρια οὔσῃ μοι πατρίδι πρὸς μητρὸς ταῦτα ἀποδίδωμι αὐτῇ [2]. At verò de inscriptione ne mireris quapropter Artemidori Daldiani et non Ephesii inscriptum legis, quemadmodùm multos jam alios libros diversis argumentis à me conscriptos habere vidisti. Etenim Ephesum contigit ipsam per seipsam celebrem esse, insuperque multos præclaros et fide dignos præcones nancisci : Daldia autem Lydiæ oppidulum non valdè clarum, proptereà quòd ejusmodi viros non est nactum, usque ad me penitùs ignobile permansit. Quapropter ipsi quod mihi à matre patria existit, hæc in nutritiorum vicem rependo. Il fallait s’en tenir à cette raison, et n’en pas chercher deux autres comme a fait M. Rigaut : l’une prise de ce qu’Apollon avait inspiré à Artémidore dans la ville de Daldia le dessein d’expliquer les songes ; l’autre prise de ce qu’y ayant un autre Artémidore d’Éphèse, il fallait que l’interprète des songes ne se donnât pas le surnom d’Éphésien, occupé déjà par l’autre [3]. Cette dernière raison, plus mauvaise que la précédente, a été adoptée pourtant par un homme de mérite [4]. Artémidore la réfute lui-même invinciblement, puisqu’il déclare qu’il s’est dit d’Éphèse dans un grand nombre de livres. Il ne songeait donc pas à empêcher que l’on ne le confondît avec Artémidore le géographe. On le connaissait sans doute beaucoup mieux en qualité d’Éphésien, qu’en qualité de Daldien [5].

(B) En travaillant sur les songes il a choisi un sujet très-indigne d’un homme de jugement. ] Quand on ne serait point convaincu par sa propre expérience, qu’il n’y a rien de plus confus, ordinairement parlant [6], que les idées qu’on appelle songes, il ne faudrait que considérer les propres maximes de cet auteur, pour être persuadé que son art ne mérite pas l’attention d’un homme sage. Il n’y a point de songe qu’Artémidore ait expliqué d’une certaine manière, qui ne puisse souffrir une explication toute différente ; et cela, avec la même probabilité, et avec des rapports aussi naturels pour le moins, que ceux qui servent de fondement à cet interprète. Je ne dis rien du tort que l’on fait aux intelligences, à la direction desquelles il faut nécessairement que l’on attribue nos songes, si l’on veut y trouver un présage de avenir. Quelle manière d’enseigner leur donne-t-on ! Qu’elle serait indigne de leurs lumières, de leur gravité, en un mot de ce qu’elles sont ! Si elles ne savent pas mieux instruire, quelle ignorance ! si elles ne veulent pas mieux instruire, quelle malignité [7] ! Ne pourrait-on pas se plaindre mille fois de son bon ange, aussi-bien que de son mauvais génie, par ces paroles d’Énée :

Quid natum toties crudelis tu quoque falsis
Ludis imaginibus [8] ?


Ce qui me passe, c’est de voir qu’Artémidore ait tant travaillé à se persuader une doctrine qui pouvait lui causer mille chagrins : car ne devait-il pas craindre de songer ce que son art lui montrait comme un songe de mauvais augure ? Il avait trouvé par ses recherches que, quand un voyageur songe qu’il a perdu la clef du logis, c’est un signe qu’on lui a débauché sa fille [9]. Si Artémidore eût fait un tel songe hors de chez lui, n’eût-il pas cru qu’on laissait aller le chat au fromage dans sa maison ? Aurait-il eu bien à faire de savoir cela ? N’eût-il pas bien mieux valu que cette pensée ne fût pas venue ? Il nous conte qu’ayant songé que sa femme lui avait fait des insultes [10], il en fut le lendemain tout troublé, quand il vit venir vers lui un homme qui n’était pas de ses amis. Voilà comment, par la vertu de son Onirocrisie, il convertissait un mal imaginaire en un mal réel.

L’objection que je viens de faire, et que je fonde sur l’idée que nous donnent de la nature angélique les docteurs chrétiens, me paraît très-forte en supposant la vérité de cette idée ; mais si l’on suivait un système, différent de celui-là, et qui ne répugne point à la possibilité des choses, on affaiblirait beaucoup cette objection. Ce serait de dire, qu’il y a beaucoup d’esprits, non-seulement plus bornés que l’homme à certains égards par rapport à la manière de s’expliquer, mais aussi plus volages, et plus capricieux que l’homme. Que sait-on s’ils n’aiment pas à se divertir à nos dépens, et à nous faire courir après des énigmes, où ils mêlent tout exprès du puérile et du frivole, pour se procurer un spectacle plus ridicule ? Que sait-on si nous ne leur servons pas de jouet, comme les bêtes nous en servent ? Que sait-on s’ils ne trouvent pas dans le mouvement de nos esprits animaux un obstacle qu’ils ne peuvent vaincre, lorsqu’ils souhaiteraient de se rendre intelligibles ? Voyez la remarque (D) de l’article Majus. Quoi qu’il en soit, la raison veut que l’homme se garde bien de faire un art de cela, et qu’il considère un tel art comme la plus chimérique et la plus vaine de toutes les occupations.

(C) Il acheta tout ce qui avait été écrit sur l’explication des songes, ce qui montait à plusieurs volumes. ] J’ai déjà témoigné mon étonnement, qu’il y ait eu des personnes qui aient fort travaillé à se convaincre de la prétendue science des songes. Je ne m’étonnerais pas que plusieurs soi-disans devins se vantassent de la posséder : ils pouvaient gagner leur vie à cela, et profiter des songes d’autrui sans se chagriner des leurs, car ils pouvaient n’avoir nulle foi pour l’art dont ils faisaient profession. Mais je ne saurais juger ainsi d’Artémidore, ni de tant d’autres auteurs graves, qui ont écrit sur l’explication des songes [11]. Ils y étaient trompés tous les premiers. Voici ceux que M. Rigaut nomme [12] : Artemon Milesius, Antiphon, Apollodorus Telmissensis, Apollonius Attalensis, Aristender Telmissensis, Aristarchus, Alexander Myndius, Cratippus, Demetrius Phalereus, Dionysius Rhodius, Epicharmus, Geminus Tyrius [13], Hermippus, Nicostratus Ephesius, Phœbus Antiochenus, Philochorus, Panyasis Halicarnasseus, Serapion, Strato. Ils avaient tous précédé Artémidore, selon M. Rigaut. Tertullien n’en nomme qu’une partie : Quanti autem, dit-il [14], commentatores et affirmatores in hanc rem, Artemon, Antiphon, Strato, Philochorus, Epicharmus, Serapion, Cratippus, et Dionysius Rhodius, Hermippus tota sæculi litteratura. André Schot, outre quelques-uns de ceux-là, nomme Astrampsychus, Cassius Maximus, et Dionysius Heliopolita [15]. Il dit qu’Artémidore a cité ces deux derniers ; mais quant à Cassius Maximus, je ne vois point qu’Artémidore, qui lui dédie les trois premiers livres de son ouvrage, en parle que comme d’un homme qui était curieux de cette science [16], et qui pourrait la comprendre en peu de temps [17] : et, pour ce qui est de Denys Héliopolite je ne l’ai point rencontré dans Artémidore. On peut nommer à coup sûr Pappus d’Alexandrie ; car il a écrit sur l’explication des songes, comme nous l’apprend Suidas. Voyez ci-dessus l’article d’Achmet. Entre les modernes, il y a un certain Josué Abrech, qui promet monts et merveilles dans le titre de son livre. Je n’en connais que cela, pour l’avoir vu dans Vander Linden [18], et dans Théophile Spizélius [19]. Son ouvrage fut imprimé l’an 1607. Nous parlerons de Junien Masos en son lieu [20]. Tout à ce moment je rappelle dans ma mémoire que Lysimachus, fils de la fille d’Aristide, gagnait sa vie à interpréter des songes dans un carrefour. Μνημονεύειν Ἀριςείδου θυγατριδοῦν εὖ μάλα πένητα Λυσίμαχον, ὁς ἑαυτόν ἐκ πινακίου τινὸς όνειροκριτικοῦ παρὰ τὸ Ἰακχεῖον λεγόμενον καθεζόμενος ἔϐοσκε. [21]. Inter Aristidis nepotes ex filiâ cognôsse oppido pauperem Lysimachum, qui juxta locum, quod Iacheum appellatur, sedens vitam interpretandis ex tabulâ quâdam somniis toleraret. La misère l’avait réduit à cela. Il eût fait moins de tort à la glorieuse mémoire de son aïeul, si, au lieu de cette manière d’almanach dont il se servait pour répondre aux consultans, il eût manié une alêne et du ligneul, afin de raccommoder de vieux souliers.

(D) Il méprisa les médisances de ces gens graves....qui méprisent.... ceux qui se mêlent de prédire. ] Ces gens-là ont tort quelquefois ; et l’on fait bien d’aller toujours son chemin en ces rencontres, sans avoir égard à leur critique. Mais Artémidore se trouvait-il dans le cas ? Était-il beaucoup moins blâmable que ceux qui, à l’imitation de Catulle, se moquent injustement de la censure chagrine des vieux barbons ?

Vivamus, mea Lesbia, atque amemus,
Rumoresque senum severiorum
Omnes unius æstimemus assis [22].


Les sages lecteurs n’auront pas beaucoup de peine à juger de tout ceci : je leur en laisse le soin, et me contente de leur mettre devant les yeux les phrases d’Artémidore. Τοῦτο δὲ καὶ σϕόδρα διαϐεϐλημένων τῶν ἐν ἀγορᾷ μάντεων, οὓς δὴ προΐκτας τε καὶ γόητας καὶ βωμολόχους καλοῦσιν οἱ σεμνοπροσωποῦντες, καὶ τὰς ὀϕρῦς ἀνεσπακότες, καταϕρονήσας τῆς διαϐολῆς ἔτεσι πολλοῖς ὡμίλησα [23]. Partim verò cùm omnes vales ex foro profligati essent, utpotè quos mendicos, præstigiatores, ac scurras appellant hi qui gravi simulato vultu supercilia contrahunt, cum eis tamen, omni spretâ calumniâ, per multos annos conversatus sum.

(E) Il croyait que son travail sur les songes lui avait fourni de quoi payer de raison et d’expérience. ] Il faut l’entendre lui-même. Ἀεὶ τὴν πεῖραν καὶ κανὸνα καὶ μάρτυρα τῶν ἐμῶν λόγων ἐπιϐοῶμαι. Ἐγὼ μὲν οὖν πάντων ἤδη διὰ πείρας ἐλήλυτθα· τῷ μηδὲν ἄλλο πράττειν, ἀεὶ δὲ καὶ νυκτὸς καὶ μεθ᾽ ἡμέραν πρὸς ὀνειροκρισίαι εἶναι. [24]. Semper experientiam et regulam testes meorum sermonum advoco. Ego itaque ad omnium experientiam jam perveni, neque enim quicquam aliud feci, verùm semper et noctù et interdiù circa somniorum judicationem ac interpretationem versatus sum.

(F) Il fait à ses lecteurs.... une adjuration au nom de.... la providence, qui prend garde à tout. ] « Si quelqu’un », dit-il [25], « peut ajouter de nouvelles choses à mon livre, qu’il les garde pour lui, qu’il les conserve en pure propriété ; cela est plus commode : s’il trouve que j’en ai dit trop, il n’a qu’à prendre ce qui sera à son usage, et laisser le reste où il est. » Τὰ λοιπὰ τῶν βιϐλίων μὴ ἐξαίρων, θεὸν ἐπόπτην καὶ Φύλακα πάντων νομίζων τὸν Ἀπόλλωνα. Reliquis ex libris non exemptis deum inspectorem et custodem omnium reveritus Apollinem. Il craignait ces tours de fripiers, qui ont lieu dans la librairie, par lesquels on bouleverse tout le travail d’un auteur, tantôt par des abrégés, et tantôt par des mélanges.

(G) Il a dédié ses trois premiers livres à un Cassius Maximus. ] M. Rigaut n’a trouvé cet homme nulle part ; et peut-être, dit-il, devrait-on lire ΓΑΒΙΩ ou ΤΑΤΙΩ ΜΑΞΙΜΩ ; car Jules Capitolin fait mention d’un Gavius Maximus, qui fut préfet du prétoire pendant vingt ans, sous l’empire d’Antonin, et qui eut pour successeur Latius Maximus. Quoi qu’il en soit, le héros du livre d’Artémidore était Phénicien de nation [26], grand orateur, et d’un esprit si pénétrant que, sans lire tout ce que les auteurs avaient dit, il entendait leurs ouvrages [27]. André Schot le nomme Cossinus Maximus, et le distingue de Cassius Maximus [28]. Deux fautes pour une, sans compter celle de la remarque (C) [29]. Je ne sais si personne s’est avisé de conjecturer qu’il faudrait mettre Claudius Maximus, au lieu de Cassius Maximus. Il y avait sous l’empire d’Antonin Pius un proconsul d’Afrique nommé Claudius Maximus. L’accusation de magie, dont Apulée se défendit, fut portée devant ce proconsul. Il paraît, par divers endroits de son plaidoyer, que ce Claudius Maximus passait pour savant, et pour un homme qui avait été curieux. des livres de philosophie : Benè quòd apud te, Maxime, causa agitur, qui pro tuâ eruditione legisti profectò Aristotelis περὶ ζώων γενέσεως, περὶ ζώων ἀνατομῆς, περὶ ἱςορίας multijuga volumina : prætereà problemata innumera ejusdem, tum ex eâdem sectâ cæterorum in quibus id genus varia tractantur. C’est ainsi qu’on lui parle dans la page 115. Peu après, on l’apostrophe de cette manière : Audisti, Maxime, quorum pleraque scilicet legeras apud antiquos philosophorum. Ailleurs [30] on lui dit : Multa fando, Maxime, audisti, et plura legendo didicisti, non pauca experiendo comperisti ; comme aussi [31] An quod multo præstabilius est, tuâ doctrinâ, Claudi Maxime, tuâque perfectâ eruditione fretus, contemnam stultis et impolitis ad hæc respondere. Il semble même qu’il avait été au commencement philosophe de profession, et qu’il s’était poussé par ses longs services militaires. Erras... si eum fortunæ indulgentiâ non ex philosophiæ censurâ metiris : si virum tam austeræ sectæ, tamque diutinæ militiæ non putus amiciorem esse coërcitæ mediocritati quàm delicatæ opulentiæ [32].

(H) Il avait fait un traité des Augures, et un de la Chiromance. On ne les a point. ] C’est à tort que Vander Linden assure, même dans l’édition de Merklinus, qu’Alde les a imprimés en grec, que Cornarius les a traduits en latin, et que Rigaut les a publiés en ces deux langues [33]. Il faut remonter un peu plus haut pour trouver l’origine de ce mensonge ; et il n’est pas inutile de faire cette observation : elle peut faire comprendre à ceux qui font des abrégés la cause la plus féconde des égaremens où ils engagent leur lecteur. Gesner avait dit : Artemidorus.... scripsit de somniorum interpretatione libros 4, item de auguriis, et manuum inspectione. Suidas. Hujus autoris quinque libros Aldus græcè excudit [34]. Il avait observé ensuite que ces cinq livres ne regardaient que les songes. Voici comment Simler abrégea ce texte : Artemidorus.... scripsit de somniorum interpretatione lib. 4. Item de auguriis, et manuum inspectione. Eos Aldus græcè excudit. Est-ce réduire en moins de mots ce qu’a dit un homme, ou est-ce le falsifier ? C’est plutôt le dernier que le premier.

  1. Daldia, petite ville dans la Lydie.
  2. Artemid., lib. III, sub fin. pag. 193.
  3. Rigalt., Not. in Artemidor., pag. 1.
  4. M. de Tillemont, au IIe. tome de l’Hist. des Empereurs, IIe. part., pag. 731, édit. de Bruxelles.
  5. Lucien, dans le Philopatr., le cite Ἀρτεμίδωρον τὸν Ἐϕέσιον.
  6. On ne prétend rien dire contre les songes extraordinaires dont il est parlé dans l’Écriture.
  7. Conférez avec ceci les Réflexions d’Artaban, fils d’Hystaspe. Voyez la remarque (O) de son article.
  8. Virgil., Æneïd., lib. I, vs. 407.
  9. Artem., lib. V, pag. 255, num. 17.
  10. Δόξας ὑπὸ τῆς ἑμαυτοῦ γυναικὸς ἐν ὕπνοις ὑϐρίζεσθαι. Cornarius traduit ainsi, per somnium visus sum mihi ab uxore meâ vituperiis et plagis impeti. Artemidor, lib. II, cap. LIII, pag. 144.
  11. Voyez ci-dessous le passage de Tertullien, citat. (14).
  12. Rigalt., Not. in Artemidor., pag. 5.
  13. André Schot, sur la IXe. controverse de Sénèque ; et Jonsius, de Script. Hist. Philosoph., pag. 329, disent Geminus Pyrius. Il y a dans l’Artémidore de Rigaut, liv. II, chap. XLIX, Γεμινοῦ τοῦ Τυρίου.
  14. Tertul., lib. de Animâ, cap. XLVI. Vide etiam Fulgent. Mytholog., lib. I, cap. XIII, et ibi Munckerum.
  15. Andr. Scottus, in hæc verba Senecæ, Controv. IX, Antiphontis libros vocabat, tantùm in illis somniorum est.
  16. Artem., lib. III, init. pag. 164 ; lib. IV, init. pag. 197.
  17. Idem, lib. II, circa fin. pag. 161.
  18. De Scriptorib. Medicis.
  19. Specim. Biblioth.
  20. Voyez son article, et le commencement de la remarque (H) de l’article d’Alexander ab Alexandro.
  21. Phalerus in Socrate, apud Plutarch., sub fin. Vitæ Aristidis, pag. 335.
  22. Catulli Epigr. V.
  23. Artem., in Præfatione, pag. 3.
  24. Idem, lib. II, sub fin. pag. 161.
  25. Idem, ibidem.
  26. Artem., lib. II, sub fin. pag. 161.
  27. Idem, in Præfat., pag. 4.
  28. Andr. Schott, in Senecæ Controvers. IX.
  29. Citation (13).
  30. Apuleïi Apologia, pag. 149, volume II, edition. Lugdun., an. 1614, in-8o.
  31. Ibidem, pag. 157.
  32. Apuleii Apologia, pag. 140.
  33. Vander Linden, de Scriptis Medicis.
  34. Gesner., Bibliothec., folio 96 verso.

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