Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Brunus 2

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BRUNUS (Jordanus), natif de Nole, au royaume de Naples, était un homme de beaucoup d’esprit, mais il employa mal ses lumières[* 1] : car non-seulement il attaqua la philosophie d’Aristote (A), dans un temps où on ne le pouvait faire sans exciter mille troubles, et sans s’exposer à mille persécutions ; mais il attaqua aussi les vérités les plus importantes de la foi (B). On l’avait chassé d’Italie, et il s’était retiré dans un pays moins dangereux pour les philosophes de son caractère[a]. Il avait couru l’Allemagne, la France, etc., et il aurait bien fait de continuer ; car étant retourné en Italie, il y fut brûlé, dit-on, comme un impie, l’an 1600[* 2]. Nous donnerons le titre de quelques-uns de ses ouvrages (C), et quelque chose de plus touchant quatre ou cinq de ses autres livres (D). Il en fit qui n’étaient point philosophiques ; car il publia à Paris, en 1582, une comédie italienne intitulée Candelaio [b]. Il s’y donna le titre d’achademico di nulla achademia, detto il Fastidito. Il y a d’habiles gens, qui prétendent que M. Descartes a pris de lui quelques-unes de ses idées (E).

  1. * Joly n’a fait aucune remarque sur cet article. Leclerc n’en a fait qu’une qu’on verra plus bas.
  2. * Bayle a tort de douter du fait, dit Leclerc. La condamnation est du 9 février, l’exécution du 17. Leclerc renvoie au reste au XVIIe. volume des Mémoires de Niceron où Brunus a un bon article. Il en a aussi un très-étendu dans le Dictionnaire de Chaufepié pag. 454-462.
  1. Voyez la IIe. lettre d’Acidalius : elle fut écrite, l’an 1592, au baron Forgats, qui était alors à Padoue. Acidalius lui demanda s’il était vrai, comme le bruit en avait couru, que Jordanus Brunus enseignait à Padoue ?
  2. Du Verdier, in Suppl. Bibl. Gesn., pag. 33.

(A) Il attaqua la philosophie d’Aristote. ] Voyez le livre intitulé Jordani Bruni Nolani Camæracensis Acrotismus, seu rationes articulorum physicorum adversùs peripateticos Parisis propositorum, etc. Il fut imprimé à Wittemberg, l’an 1588, in-8. Vous y trouverez une lettre que Brunus écrivit à Henri III, celle qu’il écrivit au recteur de l’université de Paris, et celle qu’il écrivit aux amis de la bonne philosophie, Parisiensibus et aliis è generosissimis Galliarum regno philosophis sensatioris philosophiæ dogmatum amicis et defensoribus. Vous y trouverez, Excubitor, seu Joannis Hennequini Apologetica declamatio habita in auditorio regio parisiensis academiæ in festo Pentecost. anno 1586 pro Nolani articulis : et, à la fin des articles, vous lirez, Articuli de naturâ et mundo à Nolano in principibus Europæ academiis propositi, quos Joannes Hennequinus, nobilis Parisiensis, sub ejusdem felicibus auspiciis contrà vulgaris et cujuscumque adversariæ philosophiæ professores triduo Pentecostes in universitate Parisiorum defendendos evulgavit : brevibus adjectis rationibus[1]. Ceci nous donne l’idée d’un personnage, qui, en matière de philosophie, fait le chevalier errant, et s’engage en divers lieux à l’emprise, à l’écu pendant, à des gardes de pas, etc.

(B) ..... et les vérités les plus importantes de la foi. ] On prétend qu’il fit des livres où il soutenait qu’il y avait un très-grand nombre de mondes, tous éternels ; qu’il n’y avait que les juifs qui descendissent d’Adam et d’Ève, et que les autres hommes sortaient d’une race que Dieu avait faite long-temps auparavant ; que tous les miracles de Moïse étaient un effet de la magie, et qu’ils ne furent supérieurs à ceux des autres magiciens, que parce qu’il avait fait plus de progrès qu’eux dans sa magie ; qu’il avait forgé lui-même les lois qu’il donna aux Israélites ; que l’Écriture Sainte n’est qu’un songe ; etc. Jean Henri Ursin, qui m’apprend cela, ajoute que Brunus, pour ces impiétés, fut brûlé à Rome, au champ de Flore, le 9 de février 1600[2]. Il rapporte toutes ces choses sur la foi de Scioppius, qui en avait fait la relation dans une certaine lettre. Le sieur Nicodème, dans ses Additions à la Bibliothéque de Naples, dit qu’on ne sait point certainement si tout ce que Jean-Henri Ursin débite est véritable. Voilà qui est singulier. On ne sait point au bout de quatre-vingts ans, si un jacobin [3] a été brûlé à Rome, en place publique, pour ses blasphèmes. Il n’y a pas loin de l’incertitude à la fausseté dans des faits de cette nature.

(C) Nous donnerons le titre de quelques-uns [* 1] de ses ouvrages. ] Il donna dans les idées de Raimond Lulle, et les raffina : il inventa diverses méthodes de mémoire artificielle. Tout cela, dit-on, marque beaucoup de génie ; mais on y trouve tant d’obscurités, qu’on ne s’en saurait servir. Voyez le Polyhistor de M. Morhof[4]. Quoi qu’il en soit, voici des titres. De Specierum scrutinio et lampade combinatoriâ Raimundi Lulli, à Prague en 1588, in-8°. Ce livre fut mis dans l’index de l’inquisition[5] : il a été imprimé plusieurs fois avec le traité du même auteur, de Progressu logicæ venationis, parmi les œuvres de Lulle. Jordanus Brunus de Monade, Numero et Figurâ : item de innumerabili, immenso, etc. à Francfort, en 1591, in-8°. Jordani Bruni Nolani de imaginum, signorum, et idearum compositione, ad omnia inventionum, dispositionum, et memoriæ genera, libri tres[6], à Francfort, en 1591, in-8°. De umbris idearum, à Paris, en 1582. Cantus Circæus ad memoriæ praxim ordinatus, quam ipse judiciariam appellat, à Paris, en 1583. De compendiosâ architecturâ et complemento artis Lullii, là même, en 1580[7]. Artificium perorandi. Alstedius le publia à Francfort, en 1682[8]. M. Voet, à la page 510 du 1er, volume de ses Disputes de théologie, a cité Jordanus Brunus de Hæreticis ; mais il fallait dire Conradus Brunus.

(D) ...... et quelque chose de plus touchant quatre ou cinq de ses autres livres. ] Je n’ai vu aucun des livres de notre Brunus mentionnés dans les remarques précédentes, et j’en ai vu quelques autres dont les titres ne paraissent point dans les catalogues que j’ai consultés[9]. J’ai vu l’ouvrage qui a pour titre Giordano Bruno Nolano de la Causa, principio, ed uno. Il fut imprimé à Venise, l’an 1584, in-12, et dédié par l’auteur à Michel de Castelnau, seigneur de Mauvissière, ambassadeur de France auprès de la reine Élisabeth. L’épitre dédicatoire nous apprend que ce seigneur protégeait Giordano Bruno contre la malice de ses ennemis. Mi riduco à mente come..... mi siete sufficiente et saldo difensore ne gl’ injusti oltraggi ch’ io patisco. L’auteur prétend que s’il n’eût pas eu une fermeté héroïque, il se fût abandonné au désespoir ; car sa mauvaise fortune était compliquée de mille disgrâces : il n’y manquait que les dédains malicieux d’une maîtresse. Dove bisognava che fusse un animo veramente heroico per non dismetter le braccia, disperarsi, et darsi vinto a si rapido torrente di criminali imposture, con quali a tutta possa m’have fatto impeto l’invidia d’ignoranti, la presuntion di sophisti, da detrattion di malevoli, la murmuration di servitori, gli susurri di mercenarii, le contradittioni di domestici, le suspitioni di stupidi, gli scrupoli di riportatori, gli zeli d’hypocriti, gl’ odii di barbari, le furie di plebei, furori di populari, lamenti di ripercossi, e voci di castigati. Ove altro non mancava ch’ un discortese, pazzo, e malitioso sdegno feminile, di cui le false lachrime soglon esser più potenti, che quantosivogla tumide onde, e rigide tempeste di presuntioni, invidie, detrattioni, mormorii, tradimenti, ire, sdegne, odii, e furori. La même épître dédicatoire contient le précis des cinq dialogues dont l’ouvrage est composé. Le premier sert d’apologie à la Cena de le cineri : c’est le titre d’un ouvrage dont je parlerai ci-dessous. Le second traité du principe ou de la cause première, et fait voir comment la cause efficiente et la formelle se réunissent en un seul sujet, qui est l’âme de l’univers, et comment la cause formelle générale qui est unique diffère de la cause formelle particulière qui est infiniment multipliée. L’auteur déclare entre autres choses, que son système ôte la peur des enfers, qui empoisonne, dit-il, les plus doux plaisirs de la vie[10]. Il montre dans le troisième dialogue, que David de Dinant avait raison de considérer la matière comme une chose divine. Il soutient que la forme substantielle ne périt jamais, et que la matière et la forme ne différent que comme la puissance et l’acte : d’où il conclut que tout l’univers n’est qu’un être. Il montre dans le dialogue suivant, que la matière des corps n’est point différente de la matière des esprits. Et enfin, dans le cinquième dialogue, il conclut que l’être réellement existant est un, et infini, et immobile, et indivisible, senza differenza di tutto e parte, principio e principiato ; qu’une étendue infinie se réduit nécessairement à l’individu, comme le nombre infini se réduit à l’unité. Voilà une idée générale de ce qu’il expose plus en détail dans ses sommaires, et plus amplement dans ses dialogues ; d’où paraît que son hypothèse est au fond toute semblable au spinozisme. Notez qu’on trouve à la fin du premier dialogue une digression à la louange de la reine Élisabeth.

Voici un autre ouvrage qu’il dédia au même M. de Castelnau. Giordano Bruno Nolano, De l’infinito universo e mondi. Stampato in Venetia. Anno M.D.LXXXIIII, in-12. Il est composé de cinq dialogues, où il soutient par un très-grand nombre de raisons, que l’univers est infini, et qu’il y a une infinité de mondes. Il se déclare pour le sentiment de Copernic touchant la mobilité de la terre autour du soleil. J’ai vu aussi son Spaccio de la bestia trionfante, Proposto da Giove, effettuato dal conseglo, revelato da Mercurio, recitato da Sophia udito da Saulino, registrato dal Nolano. Diviso in tre dialoghi, subdivisi in tre parti..... Stampato in Parigi M.D.LXXXXIIII, in-12. Il le dédia au chevalier Philippe Sidnei, qui lui avait rendu en Angleterre plusieurs bons offices. C’est un traité de morale bizarrement digéré, car on y expose la nature des vices et des vertus sous l’emblème des constellations célestes, chassées du firmament pour faire place à de nouveaux astérismes qui représentent la vérité, la bonté, etc. Du Verdier Vau-Privas met entre les œuvres de notre Jordano, la Cena de le Cineri descritta in cinque Dialoghi, per quattro interlocutori con tre considerationi circa doi sogetti. Stampata nell’ anno 1580[11]. L’exemplaire que j’en ai vu est in-12, et porte qu’il fut imprimé l’an 1584. Ce livre fut dédié par l’auteur à M. de Castelnau unico refugio de le muse, pendant son ambassade d’Angleterre. La raison du titre est qu’on suppose que ce sont des entretiens tenus à table le premier jour de carême. On y soutient entre autres choses l’opinion de Copernic, et l’on ajoute qu’il y a une infinité de mondes semblables à celui-ci, et qu’ils sont tous des animaux intellectuels qui ont des individus végétatifs et raisonnables, comme il y en a sur la terre. L’opinion contraire est traitée de puérile. La quarta afferma esser conformi in materia questo mondo nostro, ch’ è detto globo della terra, con gli mondi che son gli corpi de gl’ altri astri : e che è cosa da fanciulli haver creduto et credere altrimente. E che quei son tanti animali intelletuali : e che non meno in quelli vegetano e intendono molti e innumerabili individui semplici e composti, che veggiamo vivere e vegetar nel dorso di questo[12]. Enfin j’ai vu li Heroici Furori de cet écrivain. Ils contiennent deux parties, dont chacune est divisée en cinq dialogues. Il les fit pendant son séjour en Angleterre, et les dédia à M.[13] Sidnei. Il y a beaucoup de vers italiens dans cet ouvrage, et beaucoup d’imaginations cabalistiques ; car sous des figures qui semblent représenter les transports et les désordres de l’amour, il prétend élever l’âme à la contemplation des vérités les plus sublimes, et la guérir de ses défauts. On voit sur la fin quelques poésies où il chante la beauté des femmes de Londres.

On peut faire deux remarques générales sur les idées de cet auteur : l’une est que ses principales doctrines sont mille fois plus obscures que tout ce que les sectateurs de Thomas d’Aquin, ou de Jean Scot[14], ont jamais dit de plus incompréhensible ; car y a-t-il rien de si opposé aux notions de notre esprit, que de soutenir qu’une étendue infinie est toute entière dans chaque point de l’espace, et qu’un nombre infini ne diffère point de l’unité[15] ? L’autre observation est qu’il se figure ridiculement que tout ce qu’il dit s’éloigne des hypothèses des péripatéticiens. C’est le sophisme ignoratio elenchi. Il n’y a entre eux et lui qu’une dispute de mot à égard de l’immutabilité, ou de la destructibilité des choses. Ils n’ont jamais prétendu que la matière en tant que substance, en tant que sujet commun des générations et des corruptions, souffre le moindre changement. Mais ils soutiennent que la production, et la destruction des formes suppose que le sujet qui les acquiert, et qui les perd successivement, n’est point immuable et inaltérable. Brunus ne saurait nier cela qu’en prenant les mots dans un sens particulier ; ce n’est donc qu’un malentendu, ce ne sont que des équivoques. Nous allons voir qu’il reconnaît de la mutabilité dans son être unique. Per il che, dit-il [16], non vi sonarà mal nel orecchio la sentenza di Heraclito, che disse tutte le cose essere uno, il quale per la Mutabilita ha in se tutte le cose ; et perche tutte le forme sono in esso, conseguentemente tutte le diffinitioni gli convegnono : e per tanto le contradittorie enunciationi son vere. E quello che fa la moltitudine ne le cose non è lo ente, non è la cosa : ma quel che appare, che si rapresenta al senso, e è nella superficie della cosa. Un péripatéticien lui avouerait presque tout cela, dès que l’on aurait levé des équivoques. Notez, je vous prie, une absurdité : il dit que ce n’est point l’être qui fait qu’il y a beaucoup de choses, mais que cette multitude consiste dans ce qui paraît sur la superficie de la substance. Qu’il me réponde, s’il lui plaît : ces apparences qui frappent nos sens, existent-elles ou n’existent-elles pas ? Si elles existent, elles sont un être, c’est donc par des êtres qu’il y a une multitude de choses. Si elles n’existent pas, il s’ensuit que le néant agit sur nous et se fait sentir ; ce qui est absurde et impossible. On ne se peut évader qu’à la faveur d’une équivoque. Le spinozisme est sujet à ces mêmes inconvéniens.

Le sieur Sorel a rapporté et combattu quelques opinions de notre Brunus, et il a même tâché de l’excuser ; mais il ne s’y est pas bien pris[17]. Lisez ces paroles : « Quoique Jordan Brun ait pu être dans l’erreur aussi bien que quelques autres, il faut considérer la qualité de son livre, qui est un poëme, et que comme il a toujours été permis d’employer des fables et des songes en ce genre d’écrire, on ne doit pas trouver étrange qu’il l’ait fait ; et cela semble d’autant plus divertissant que, par une agréable industrie, il a fait la description de l’infinité des mondes, et nous a fait savoir de quelle façon Métrodore, Leucippe, Épicure, et quelques autres philosophes ont pu concevoir ceci… Il assure toujours que Dieu est partout, et remplit toutes choses, attribuant à la suprême essence tout ce que nous lui devons ; et comme il ne touche aucun des points de la foi, nonobstant quelques petits mots de ses commentaires, qui paraissent un peu libres à ceux qui les entendent, il aurait bien pu sauver le reste et se sauver soi-même, faisant passer tout cela pour des hypothèses et des suppositions qu’il n’approuvait point, et qu’il avait composées dans l’Allemagne, où il avait été quelque temps, qui était un pays où ces opinions-là plaisaient, et où la liberté était plus grande qu’en Italie[18]. » On peut répondre : 1o. que le sieur Sorel avouant comme il a fait[19], et comme il y a été obligé, que le poëme de Brunus est semblable au poëme de Lucrèce, n’a pas dû dire que l’on y pouvait impunément débiter des songes ; car il y a bien de la différence entre cette espèce de poëme et ceux du Tasse et de l’Arioste : ceux-là sont des livres dogmatiques, ceux-ci sont pleins de fictions. On est aussi responsable d’une impiété, quand on la débite dogmatiquement dans un système composé en vers, que quand on l’avance dans un système composé en prose. 2o. Il faut savoir que Jordanus Brunus a fait des livres en prose, où il débite les mêmes opinions que dans ses vers. Sorel ne l’ignorait pas entièrement[20]. 3o. L’immensité de Dieu et le reste ne sont pas un dogme moins impie dans Jordanus Brunus que dans Spinoza : ces deux écrivains sont unitaires outrés ; ils ne reconnaissent qu’une seule substance dans la nature. Voilà ce que le sieur Sorel n’est pas excusable d’avoir ignoré. 4o. Il est faux que les opinions d’un monde infini et d’un nombre innombrable de terres et de soleils fussent agréables aux Allemands en ce temps-là. Il est fâcheux, conclut-il[21], qu’un homme qui avait composé de fort belles choses soit si malheureusement péri. Cela dépend de ce qu’il venait de dire dans la page précédente : « Le père Mersenne a rapporté quelques-unes des opinions de Jordanus Brun dans son livre contre les déistes, où il parle de cet auteur comme d’un athée et d’un docteur d’impiété, qui a été brûlé à Rome par jugement de l’inquisition : toutefois, on peut croire que c’était pour autre chose que ce qui est compris dans ses livres De Minimo et de Immenso[22]. »

On parle d’un certain Brunus qui a composé le panégyrique du diable[23] : je ne doute point que ce ne soit le Brunus de Nole dont il s’agit dans cet article.

(E) D’habiles gens prétendent que M. Descartes a pris de lui quelques-unes de ses idées. ] M. Leibnitz cite un savant mathématicien qui a observé que M. Descartes supprime le nom des auteurs qu’il pille, et que c’est à Jordanus Brunus et à Kepler qu’il est redevable de ses tourbillons. Voyez le Journal de Leipsic de 1682, à la page 187. Le savant M. Huet, évêque d’Avranches, a donné un long détail des pensées que ce Brunus a pu fournir à Descartes. Extitit inter novitios philosophos Jordanus quidam Brunus Nolanus, quem Cartesianæ doctrinæ antesignanum jure dicas, adeò accuratè omnem propemodum ejus compositionem præsignavit in eo libro quem de immenso et innumerabilibus inscripsit[24].

  1. * La liste des autres se trouve dans les articles de Niceron et de Chaufepié.
  1. Tiré de Nicodemo, Addizioni alla Bibliot. Napolet., pag. 90. Ce livre fut imprimé à Naples, l’an 1683.
  2. Joh. Henr. Ursinus, in præfatione Tractatûs de Zoroastre.
  3. Ursin dit que Brunus était professione Dominicanus.
  4. Pag. 365 et sequent.
  5. Le Toppi, Bibliotheca Napoletana, pag. 151.
  6. Nicodemo, Addizioni alla Biblioth. Napolet., pag. 90.
  7. Du Verdier, in Supplem. Bibl. Gesn., pag. 33.
  8. Morhof., Polyb., pag. 355.
  9. Je parle ainsi autant qu’il m’en peut souvenir, et j’excepte même la Cena de le Cineri ; car c’est un livre dont Du Verdier, Supplem. Bibliothec. Gesner., pag. 33, a donné le titre.
  10. Spento a fatto il terror vano e puerile de la morte, si conosce una parte de la felicità che apporta la nostra contemplatione, secondo i fondamenti de la nostra philosophia : attero che lei toglie il fosco velo del pazzo sentimento circa l’Orco ed avaro Caronte, onde il più dolce de la nostra vita ne si rape eâ avelena.
  11. Du Verdier, Supplem. Biblioth. Gesner., pag. 33.
  12. Giordano Bruno, epist. dedicat. della Cena de le Cineri.
  13. Philippe.
  14. C’est-à dire, sectateurs quant à la philosophie.
  15. L’uno, l’infinito, lo ente et quello che è in tutto, e per tutto anzi è l’istezzo Ubique. E che cosi la infinita dimenzione per non essere magnitudine coincide con l’individuo, come la infinita moltitudine, per non esser numero coincide con la unità. Giordano Bruno, epist. dedicator. del Trattato de la Causa, Principio ed Uno.
  16. Dialogo quinto del medesimo Trattato, pag. 127.
  17. Sorel, de la Perfection de l’homme, pag. 238 et suiv.
  18. Là même, pag. 243.
  19. Là même, pag. 242.
  20. Brunus Nolanus… a composé des poëmes sur lesquels il a fait lui-même des commentaires en prose… Le premier poëme est de Minimoensuite est celui de Mensurâ et Figurâ…, pour donner entrée à son poëme de Immenso et Innumerabilibus seu de Universo et Mundis. Là même, pag. 238.
  21. Sorel, de la Perfection de l’homme, pag. 242.
  22. Là même, pag. 241.
  23. Johannes Bruno Italus laudavit diabolum Witembergæ publicè. Keckerm. Syst. Rhet. Special., lib. I, cap. XVIII, pag. 1647, tom. II oper., edit. Genev., 1614, in-folio. Le prénom Johannes s’est fourré là à la place de Jordanus, si je ne me trompe.
  24. Huetii Censura philosophiæ Cartesianæ, cap. VIII, pag. 215, edit. Paris., 1689.
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