Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Lysimachus

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LYSIMACHUS, précepteur d’Alexandre. Je n’en dirais rien si Amyot avait bien traduit ce que Plutarque en a rapporté (A).

(A) Si Amyot avait bien traduit ce que Plutarque en a rapporté. ] Voici ses paroles[1] : Or y avoit-il autour d’Alexandre, comme l’on peut penser, plusieurs personnes ordonnées pour le dresser et bien nourrir, comme gouverneurs, chambellans, maistres, et précepteurs : mais Leonidas estoit celuy qui avoit la superintendance par dessus tous les autres, homme austere de sa nature, et parent de la roine Olympias : mais quant à luy il hayssoit ce nom de maistre, ou precepteur ; combien que ce soit une belle et honorable charge, à raison de quoy les autres l’appelloient le gouverneur et conducteur d’Alexandre, à cause de la dignité de sa personne, et de ce qu’il estoit parent du prince : mais celuy qui tenoit le lieu, et qui avoit le titre de maistre, estoit un Lysimachus natif du pays d’Arcanie[2], lequel n’avoit rien de bon ny de gentil en soy : mais pource qu’il se nommoit Phœnix, et Alexandre Achilles, et Philippus Peleus, il tenoit le second lieu, après le gouverneur. La faute de cette version consiste en ceci : Amyot déclare que Lysimachus tint le second lieu à cause qu’il s’appelait Phénix, et qu’Alexandre s’appelait Achille, et que Philippe s’appelait Pélée. Cela est absurde ; Plutarque était trop habile pour débiter de semblables causes. Mais voici son sens : il dit que Lysimachus, dépourvu d’ailleurs de politesse, se rendit agréable par les nouveaux noms dont il orna son esprit, et qu’il emprunta d’Homère. Le roi, disait-il, est Pélée ; le prince son fils est Achille, et moi je suis Phénix. Cela était fort capable de chatouiller Alexandre, et de plaire au roi Philippe : c’était réveiller de grands objets. Ce précepteur se fit aimer par cette invention, et ce fut lui qui, après Léonidas, occupa la première place dans la maison du jeune prince. J’ai touché dans un autre endroit [3] la distinction de gouverneur et de précepteur : vous allez voir clairement dans les paroles de Plutarque, qu’il faut que je copie afin que mes lecteurs puissent connaître l’erreur d’Amyot. Λεωνίδας...... μὲν οὖν ϕεύγων τὸ τῆς παιδαγωγίας ὄνομα, καλὸν ἐχούσης καὶ λαμπρὸν, ὑπὸ δὲ τῶν ἄλλων, διὰ τὸ ἀξίωμα και τὴν οἰκείοτητα, τροϕεὺς Ἀλεξάνδρου καὶ καθηγητὴς καλούμενος, ὁ δε τὸ σχῆμα τοῦ παιδαγωγοῦ καὶ τὴν προηγορίαν ὑποποιούμενος ἦν Λυσίμαχος, τῷ γένει Ἀκαρνὰν, ἄλλο μὲν οὐδεν ἔχων ἀςεῖον, ὅτι δ᾽ ἑαυτὸν μὲν ὠνόμαζεν Φοίνικα, τὸν δε Ἀλέξανδρον Ἀχιλλέα, Πηλέα δέ τὸν Φίλιππον, ἠγαπᾶτο, καὶ δευτέραν εἶχε χώραν. Leonidas..…. pædagogi nomen cum honesto et specioso conjunctum officio repudiabat, atque ab aliis dignitatis et necessitudinis causa nutritius Alexandri et rector vocabatur : ille qui speciem pœdagogi et vocabulum sumebat Lysimachus, natione Acarnan, urbanitate nullâ præditus erat aliâ, sed, quòd Phœnicen nominaret se, Alexandrum, Achillem, et Philippum, Pelea, ideò gratus erat, et secundum locum tenebat[4].

  1. Amyot, dans la traduction de Plutarque, à la Vie d’Alexandre, chap. II, pag. 142, édition de Paris, chez Pierre Gaillard, 1615, in-8°.
  2. C’est ainsi qu’il y a dans l’édition dont je me sers ; mais je ne doute pas qu’Amyot n’ait dit d’Acarnanie.
  3. Dans l’article Achille, tom. I, pag. 158, remarque (C).
  4. Plutarchus, in Alex., pag. 667, B.

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