Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Marcel

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MARCEL ( Christophle), noble vénitien, et archevêque de Corfou [a] au XVIe. siècle, se rendit recommandable par son savoir, par son éloquence, par sa piété, et par ses mœurs ; et il pouvait se promettre de Clément VII les dignités les plus relevées. Il se trouva malheureusement à Rome, lorsque les troupes de Charles-Quint la saccagèrent. Il tomba entre les mains des Espagnols, qui après avoir pillé sa maison, l’emmenèrent prisonnier ; et le tourmentèrent cruellement parce qu’il ne pouvait point payer la grosse rançon qu’ils lui demandaient. Pour se consoler de n’avoir pas eu de lui les sommes qu’ils en avaient attendues, ils l’enchaînèrent au tronc d’un arbre en rase campagne, proche de Gaëte, et lui arrachèrent les ongles un par jour. Il rendit l’âme en ce triste état, tant à cause des tourmens, qu’à cause de l’inclémence de l’air à quoi il fut exposé de nuit et de jour sans dormir, et sans prendre nulle nourriture [b]. Il harangua au concile de Latran, le 10 de décembre 1512. Ses Exercitationes in septem priores psalmos furent imprimées à Rome, l’an 1525 [c]. Nous avons dit ailleurs [d] qu’il publia un ouvrage que l’on prétendit qu’il n’avait fait que dérober. Florimond de Rémond a commis une bévue bien puérile en le citant (A).

  1. Pierius Valerianus, ubi infrà, exprime cela par primarius Corcyrensium Elamen.
  2. Tiré de Pierius Valerianus, lib. I de Litterat. Infelicitat., pag. m. 10.
  3. Konig, Biblioth., pag. 506.
  4. Dans la remarque (D), de l’article Grassis, tom. VII, pag. 206.

(A) Florimond de Rémond a commis une bévue bien puérile en le citant. ] Je suis content, dit-il [1], « de représenter au vrai, partie des cérémonies qui se gardent en l’élection, au couronnement et à la consécration des pontifes romains, lesquelles se trouvent en divers lieux, et particulièrement dans le livre intitulé : les Cérémonies sacrées, présenté au pape Léon X par M. Électus, et ce suivant le concile de Lyon, 1273. » Il a cru qu’Électus était le nom de famille de cet auteur, et n’a pas compris que Christophorus Marcellus electus Corcyrensis veut dire Christophle Marcel élu à l’archevêché de Corfou. David Blondel lui a reproché cette faute [2], qui est sans doute aussi grossière que celle que la Mothe-le-Vayer a reprochée à Bodin. Lisez ces paroles de l’Hexaméron Rustique. Je commencerai à vous faire souvenir de l’inadvertance de Bodin, lorsque, pour prouver au dernier chapitre du premier livre de sa République, comme ces termes, par la grâce de Dieu, ne sont pas une marque de souveraineté, il dit qu’on voit au trésor des chartes de France un acte, par lequel un simple élu de Meaux, député pour un traité de paix, se dit élu par la grâce de Dieu. J’ai vu cet acte qui est en latin, et n’ai pu m’empêcher de rire, considérant comme un homme du savoir de Bodin avait pu prendre pour un chétif élu un Electum Meldensem, c’est-à-dire une personne nommée à l’évêché de Meaux, et qui n’était pas encore consacrée [3].

  1. Florimond de Rémond, chap. XVIII de l’Anti-Papesse, sub. fin., folio m. 412 verso.
  2. Blondel, au Traité français de la Papesse pag. 83, au Traité latin, pag. m. 222.
  3. Hexaméron rustique, journée I, pag. m. 24, 25.

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