Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Marule

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MARULE (Marc), natif de Spalato dans la Dalmatie, vivait au commencement du XVIe. siècle, comme on le remarque dans le Dictionnaire de Moréri. On n’y a pas bien donné le titre de l’un de ses livres [a]. C’est un ouvrage latin, qui a été traduit en français, et en quelques autres langues [b]. Le traducteur français fit une chose qui est assez singulière pour mériter d’être rapportée (A). Gesner confond ce Marule avec le poëte Marulle [c].

  1. Voyez la remarque.
  2. En espagnol et en allemand.
  3. Gesner., in Biblioth.. folio 495 verso. Ses abréviateurs n’ont pas corrigé cela. Voyez, tom. VIII, pag. 365, à la fin de la remarque (D) de l’article Innocent VIII, une pareille faute d’André Rivet.

(A) Le traducteur français fit une chose... assez singulière pour mériter d’être rapportée. ] Je l’ai apprise de Martin Delrio. Ce jésuite ayant censuré Bodin, qui approuve que les juges mentent pour faire avouer la vérité aux criminels, ajoute que Marc Marule est du même sentiment que Bodin ; mais que l’auteur de la traduction française de l’ouvrage de Marule a corrigé cette mauvaise doctrine. Il suppose que Marule enseigne tout le contraire, et il lui prête la réfutation du sentiment de Bodin. Fuit in sententiâ Bodini M. Marulus, lib. 4. de Instit. benè vivendi, cap. 4. Sed errore animadverso ejus interpres Gallicus planè contrariam Marulo sententiam tribuit ; et multas paginas, que non sunt Maruli, Marulo inseruit, dictorum ipsorum Maruli confutationem pro Maruli dictis continentes ; quam bono exemplo et prudenter ipse viderit [1]. Les traducteurs ont excédé si souvent leurs priviléges, qu’un lecteur est malheureux lorsqu’il ne peut pas apprendre les choses dans les originaux. C’est courir continuellement le risque d’être trompé. Voici de quelle manière Gesner rapporte le titre de cet ouvrage de Marule : De religiosè vivendi institutione lib. 6. per exempla ex veteri novoque Testamento collecta, ex authoribus quoque D. Hieronymo Presbytero, Gregorio Pont. Mar. Eusebio Cæsariensi, Jo. Cassiano nonnullisque aliis qui vitas conscripsêre sanctorum digesta per capita sive locos communes 70 [2]. Le Mire a trop abrégé cela ; il s’est contenté de dire : Scripsit libros sex exemplorum, hoc est dictorum factorumque memorabilium [3] ; et néanmoins Moréri a trouvé la trop de longueur, il n’a retenu que lib. VI exemplorum. Ses imprimeurs ayant transposé les chiffres nous donnent une édition des ouvrages de Marule, 1610, qui selon le Mire est de l’an 1601. Au reste, Gabriel Naudé, qui a fait une dissertation pour prouver qu’il est permis aux médecins de dire bien des mensonges à un malade, n’a pas manqué de citer notre Marule, qui a soutenu qu’un homme qui ment en faveur de la république, ou pour la plus grande gloire de Dieu, fait un acte de prudence insigne, et de piété singulière. Marulus Spalatensis lib. 4. memor. c. 4. ob Reipublicæ bonum vel majorem Dei gloriam mentiri fore summæ pietatis ingentisque prudentiæ contendit [4]. Oh ! la mauvaise morale !

  1. Martinus Delrio, Diquisit. magicar., tom. III, lib. V, sect. X, pag. m. 74.
  2. Gesner., in Biblioth., folio 495 verso.
  3. Aub. Miræus, de Scriptor. sæculi XVI, pag. 9.
  4. Naudæus, in Pentade Quæstion. Iatrophil., pag. 150, edit. Genev., 1647.

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