Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Morison

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MORISON (Robert), médecin et professeur en botanique à Oxford, naquit à Abredon, l’an 1620. Il y fut reçu maître es arts, l’an 1638, et peu après il y enseigna la philosophie. Il étudia en même temps les mathématiques, et puis il s’appliqua à la botanique ; et comme son père et sa mère souhaitaient qu’il devînt théologien, il apprit l’hébreu, et composa même pour son usage particulier une grammaire hébraïque. Mais son inclination pour la connaissance des herbes fut si forte, qu’il fallut qu’on le laissât tourner de ce côté-là toutes ses études. Il s’y avançait beaucoup lorsque les guerres civiles le contraignirent de sortir de son pays, ce qu’il ne fit pas sans avoir signalé son zèle pour les intérêts du roi, et son courage dans le combat qui fut donné sur un pont [a] entre les habitans d’Abredon, et les troupes presbytériennes. Il y fut blessé à la tête dangereusement. Il s’en alla en France dès qu’il fut guéri de cette blessure, et s’étant fixé à Paris, il s’attacha avec une extrême ardeur à la botanique, et à l’anatomie. Il prit le bonnet de docteur en médecine, à Angers, l’an 1648 ; et comme sa réputation de grand botaniste était fort connue, il fut attiré auprès du duc d’Orléans, qui, en 1650, lui donna la direction du Jardin royal de Blois. Il exerça cet emploi jusqu’à la mort de ce prince, et puis il passa en Angleterre, au mois d’août 1660. Charles II, à qui le duc d’Orléans l’avait présenté à Blois, au mois de février de la même année, le fit venir à Londres, et lui donna le titre de son médecin, et celui de professeur royal en botanique, avec une pension de 200 livres sterling[b] par an. Le Præludium Botanicum, qu’il publia à Londres, l’an 1669, le fit tellement estimer, que l’université d’Oxford l’appela pour la profession en botanique. Il l’accepta sous le bon plaisir du roi, et il en remplit les devoirs avec une application et une habileté surprenantes. Il mourut à Londres l’an 1683, à l’âge de soixante-trois ans. Le public a vu une partie très-considérable des ouvrages à quoi il avait travaillé (A), et où il suivait une méthode toute nouvelle, et qui a été fort louée des connaisseurs [c].

  1. Ad pontem fluminis Deæ. Vita Roberti Morisonis. La Dée est une rivière à l’embouchure de laquelle Abredon est situé.
  2. Une livre sterling vaut environ 11 florins de Hollande, et 23 livres de France.
  3. Tiré de sa Vie, à la tête de la IIIe. partie du Plantarum Historia Oxoniensis universalis.

(A) Le public a vu une partie.... des ouvrages à quoi il avait travaillé. ] Étant au service de Gaston de France, duc d’Orléans, il apporta au jardin de Blois deux cent cinquante plantes dont personne n’avait donné la description, et il forma une nouvelle méthode d’expliquer la botanique. Il la fit voir à ce duc, qui l’exhorta à faire, selon ce plan, l’histoire des plantes, et qui lui promit de fournir aux frais, et de lui laisser tout le profit. La mort de ce prince empêcha l’exécution de ce dessein. Mais quand Morison se vit aux rois d’Angleterre, il songea plus que jamais à ce grand travail. J’ai parlé[1] du Præludium Botanicum qu’il publia en 1669. J’ajoute qu’en 1672 on vit paraître la section IXe. de la IIe. partie de son Histoire des Plantes. L’université d’Oxford contribua beaucoup d’argent pour l’impression de ce livre, que l’auteur donnait comme un échantillon de son grand ouvrage. Il fut si encouragé par les louanges, et par les exhortations qu’on lui écrivit, qu’il publia en 1680, la seconde partie de son Histoire des Plantes. C’est un gros volume in-folio dont voici le titre : Plantarum Historiæ universalis Oxoniensis, pars secunda, seu Herbarum Distributio nova per tabulas cognationis et affinitatis ex libro naturæ observata et detecta. Cet ouvrage fut fort estimé ; et l’on peut voir la manière avantageuse dont M. Herman [2] en parla dans la préface de son Hortus Lugduno Batavus. Quelques-uns blâmèrent la partie de ce volume intitulée, Hallucinationes Caspari Bauhini, etc. : ils crurent qu’il y avait de l’orgueil dans la liberté qu’il s’était donnée de censurer des écrivains qui avaient rendu de si grands services à la botanique. Notre auteur, animé par le succès de ce gros volume, travailla diligemment à la continuation ; mais il mourut trop tôt pour pouvoir mettre la dernière main à la IIIe. partie. Il a donc fallu recourir aux soins d’une autre personne. On jeta les yeux sur Jacques Bobart[3], botaniste très-habile, et très-versé dans la méthode qu’il avait apprise de Morison. C’est par son travail qu’enfin cette IIIe. partie a vu le jour, l’an 1699. C’est un in-folio. On ne sait point ce qu’est devenue la Ire.[4].

  1. Dans le corps de l’article.
  2. Professeur en médecine et en botanique à Leyde.
  3. Il est directeur du jardin de l’académie d’Oxford.
  4. Tiré de la Vie de Morison, à la tête de la IIIe. partie de son Histoire des Plantes.

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