Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Chèvres

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Henri Plon (p. 165-166).
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Chèvres. Ces animaux étaient fort révérés à Mendès en Égypte. Il était défendu d’en tuer, parce qu’on croyait que Pan, la grande divinité de cette ville, s’était caché sous la figure d’une chèvre ou plutôt d’un bouc ; aussi le représentait-on avec une face de bouc, et on lui immolait des brebis. Voy. Capricorne. Souvent des démons et des sorciers ont pris la forme de chèvre. Claude Chappuis de Saint-Amour, qui suivit l’ambassadeur de Henri III près la sublime Porte, conte qu’il vit sur une place publique de Constantinople des bateleurs qui faisaient faire à des chèvres plusieurs tours d’agilité et de passe-passe tout à fait admirables ; après quoi, leur mettant une écuelle à la bouche, ils leur commandaient d’aller demander la pièce, pour leur entretien, tantôt au plus beau ou au plus laid, tantôt au plus riche ou au plus vieux de la compagnie : ce qu’elles faisaient dextrement, entre quatre à cinq mille personnes, et avec une façon telle, qu’il semblait qu’elles voulussent parler. Or, qui ne voit clairement que ces chèvres étaient hommes ou femmes ainsi transmués, ou démons déguisés[1] ?… Voy. Bouc.

  1. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, traité VI, p. 348.