Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Delphes

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Henri Plon (p. 201).
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Delphes (l’oracle de). Diodore de Sicile nous apprend l’origine des merveilles qu’on en a contées. Il arriva un jour que des chèvres s’étant approchées sur le Parnasse d’un trou d’où sortait une exhalaison forte, elles se mirent à danser. La nouveauté de la chose et l’ignorance où l’on était de la vertu naturelle de ces vapeurs firent croire qu’il y avait là-dessous du merveilleux, et que sans doute ce trou était la demeure de quelque dieu (ou démon), dont on ne devait pas négliger les inspirations. Il n’en fallut pas plus : on y bâtit un temple, on y institua un oracle, des prêtres, une pythie, des cérémonies. L’exhalaison qui montait à la tête de la prêtresse l’agitait violemment : c’était, comme le remarque Benjamin Binet, l’inspiration du dieu qui la saisissait. Elle parlait sans se faire comprendre : c’était le dieu qui combattait ses facultés. Elle revenait à elle-même et prononçait l’oracle : c’était le dieu qui, devenu le maître, parlait par son organe. La force de l’exhalaison était quelquefois si violente qu’elle faisait mourir la pythie. Plutarque en cite un exemple.