Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Lares

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Henri Plon (p. 400-401).
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Lares. Les lares étaient, chez les anciens, des démons ou des génies gardiens du foyer. Cicéron, traduisant le Timêe de Platon, appelle lares ce que Platon nomme démons. Festus les appelle dieux ou démons inférieurs, gardiens des toits et des maisons. Apulée dit que les lares n’étaient autre chose que les âmes de ceux qui avaient bien vécu et bien rempli leur carrière. Au contraire, ceux qui avaient mal vécu erraient vagabonds et épouvantaient les hommes. Selon Servius, le culte des dieux lares est venu de ce qu’on avait coutume autrefois d’enterrer les corps dans les maisons, ce qui donna occasion au peuple crédule de s’imaginer que leurs âmes y demeuraient aussi, comme des génies secourables et propices, et de les honorer en cette qualité.

La coutume s’étant introduite plus tard d’inhumer les morts sur les grands chemins, on en prit occasion de les regarder comme les dieux des chemins. C’était le sentiment des platoniciens, qui des âmes des bons faisaient des lares, et les lémures des âmes des méchants. On plaçait les statuettes des lares dans un oratoire que l’on avait soin de tenir proprement. Cependant quelquefois on perdait le respect à leur égard, comme à la mort de quelques personnes chères ; on les accusait de n’avoir pas bien veillé à leur conservation, et de s’être laissé surprendre par les esprits malfaisants. Caligula fit jeter les siens par la fenêtre, parce que, disait-il, il était mécontent de leurs services.

Quand les jeunes garçons étaient devenus assez grands pour quitter les bulles qu’on ne portait que dans la première jeunesse, ils les pendaient au cou des dieux lares. Les esclaves y pendaient aussi leurs chaînes, lorsqu’ils recevaient la liberté.