Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Moines

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Henri Plon (p. 469).
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Moines. On lit partout ce petit conte. Un moine qu’une trop longue abstinence faisait souffrir s’avisa un jour, dans sa cellule, de faire cuire un œuf à la lumière de sa lampe. L’abbé, qui faisait sa ronde, ayant vu le moine occupé à sa petite cuisine, l’en reprit ; le bon religieux, pour s’excuser, dit que c’était le diable qui l’avait tenté et lui avait inspiré cette ruse. Tout aussitôt parut le diable lui-même, lequel était caché sous la table, et s’écria en s’adressant au moine : « Tu en as menti par ta barbe ; ce tour n’est pas de mon invention, et c’est toi qui viens de me l’apprendre. » Césaire d’Heisterbach donne cet autre petit fait. « Le moine Herman, comparant la rigoureuse abstinence de son ordre aux bons ragoûts que l’on mange dans le monde, vit entrer dans sa cellule un inconnu de bonne mine qui lui offrit un plat de poisson. Il reçut ce présent, et lorsqu’il voulut accommoder son poisson, il ne trouva plus sous sa main qu’un plat de fiente de cheval. Il comprit qu’il venait de recevoir une leçon, et fut plus sobre[1].

  1. Cæsarii Heisterbach., De tentat., lib. IV; Miracul., cap. lxxxvii.