Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Ombre

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Henri Plon (p. 503).
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Ombre. Dans le système de la mythologie païenne, ce qu’on nommait ombre n’appartenait ni au corps ni à l’âme, mais à un état mitoyen. C’était cette ombre qui descendait aux enfers. On croyait que les animaux voyaient les ombres des morts. Aujourd’hui même, dans les montagnes d’Écosse, lorsqu’un animal tressaille subitement, sans aucune cause apparente, le peuple attribue ce mouvement à l’apparition d’un fantôme.

En Bretagne, les portes des maisons ne se ferment qu’aux approches de la tempête. Des feux follets, des sifflements l’annoncent. Quand on entendait ce murmure éloigné qui précède l’orage, les anciens s’écriaient : — Fermons les portes, écoutez les criériens ; le tourbillon les suit. Ces criériens sont les ombres, les ossements des naufragés qui demandent la sépulture, désespérés d’être depuis leur mort ballottés par les éléments[1] On dit encore que celui qui vend son âme au diable n’a plus d’ombre au soleil ; cette tradition, très-répandue en Allemagne, est le fondement de plusieurs légendes. Voy. Revenants.


  1. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 253.