Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Postel

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Henri Plon (p. 554-555).

Postel (Guillaume), visionnaire du seizième siècle, né au diocèse d’Avranches. Il fut si précoce, qu’à l’âge de quatorze ans on le fit maître d’école. Il ne devint absurde que dans l’âge mûr. On dit qu’une lecture trop approfondie des ouvrages des rabbins et la vivacité de son imagination le précipitèrent dans des écarts qui semèrent sa vie de troubles, et lui causèrent de cuisants chagrins. Il crut qu’il était appelé de Dieu à réunir tous les hommes sous une même loi, * par la parole ou par le glaive, voulant toutefois les soumettre à l’autorité du Pape et du roi de France, à qui la monarchie universelle appartenait de droit, comme descendant en ligne directe du fils aîné de Noé. S’étant donc fait nommer aumônier de l’hôpital de Venise, il se lia avec une femme timbrée, connue sous le nom de mère Jeanne, dont les visions achevèrent de lui tourner la tête. Postel se prétendit capable d’instruire et de convertir le monde entier. À la nouvelle des rêveries qu’il débitait, il fut dénoncé comme hérétique ; mais on le mit hors de cause en considérant qu’il était fou. Après avoir parcouru l’Orient et fait paraître plusieurs ouvrages dans lesquels il parle des visions de la mère


Jeanne, il rentra dans de meilleurs sentiments, se retira au prieuré de Saint-Martin des Champs, à Paris, et y mourut en chrétien à quatre-vingt-seize ans, le 6 septembre 1581. On lui attribue à tort le livre des Trois Imposteurs. Voy. Jeanne.