Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Salière

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Henri Plon (p. 593).
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Salière. Le sel, chez les anciens, était consacré à la sagesse ; aussi n’oubliait-on jamais la salière dans les repas. Si l’on ne songeait pas à la servir, cet oubli était regardé comme un mauvais présage.

Il était aussi regardé comme le symbole de l’amitié ; les amis avaient coutume de s’en servir au commencement des repas, et si quelqu’un en répandait, c’était le signe de quelque brouillerie future. Aujourd’hui c’est encore un mauvais augure pour les personnes superstitieuses, lorsque les salières se renversent sur la table.

Le maréchal de Montrevel, étant à table chez le père du maréchal de Biron, vit renverser une salière sur son habit. Il en fut si effrayé, qu’il s’écria à l’instant : « Je suis un homme mort ! » En effet, il tomba en faiblesse ; on l’emporta chez lui ; la fièvre le prit, et il mourut au bout de quatre jours (1718). Cet événement fortifia la superstition des gens qui sont aussi sots. Voy. Sel.