Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Syrènes

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Henri Plon (p. 644-645).
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Syrènes. Vous ne croyez peut-être pas plus aux syrènes qu’aux géants, qu’aux dragons. Cependant il est prouvé aujourd’hui qu’il y a eu des dragons et des géants ; et dans un appendice très-attachant qui suit la légende de saint Oran (sixième siècle) dans le recueil de M. Amédée Pichot, intitulé le Perroquet de Walter Scott, l’auteur prouve, par une multitude de faits et de monuments, qu’il y a eu des syrènes en Bretagne.

 
Syrènes
Syrènes
 

Dans ce pays on les appelle les chanteuses des mers. Les marins disent avoir entendu le sifflement de la syrène : ce mot, chez eux, indique cette faculté de la nature par laquelle l’air pressé rend un son ; elle existe dans le ciel, sur la terre, dans les mers ; elle produit l’harmonie des sphères, le sifflement des vents, le bruit des mers sur le rivage. Le peuple se représente la faculté dont il s’agit comme une espèce de génie auquel il applique la forme d’une femme, d’une cantatrice habitante des airs, de la terre et des mers. De là les syrènes des anciens ; ils leur donnaient la figure d’une femme, et le corps d’un oiseau ou d’un poisson. Zoroastre appelait l’âme syrène, mot qui en hébreu signifie chanteuse[1].


  1. Cambry, Voyage dans le Finistère.