Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Mahométans

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Éd. Garnier - Tome 20
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MAHOMÉTANS[1].

Je vous le dis encore, ignorants imbéciles, à qui d’autres ignorants ont fait accroire que la religion mahométane est voluptueuse et sensuelle, il n’en est rien[2] ; on vous a trompés sur ce point comme sur tant d’autres.

Chanoines, moines, curés même, si on vous imposait la loi de ne manger ni boire depuis quatre heures du matin jusqu’à dix du soir, pendant le mois de juillet, lorsque le carême arriverait dans ce temps ; si on vous défendait de jouer à aucun jeu de hasard sous peine de damnation ; si le vin vous était interdit sous la même peine ; s’il vous fallait faire un pèlerinage dans des déserts brûlants ; s’il vous était enjoint de donner au moins deux et demi pour cent de votre revenu aux pauvres ; si, accoutumés à jouir de dix-huit femmes, on vous en retranchait tout d’un coup quatorze ; en bonne foi, oseriez-vous appelez cette religion sensuelle ?

Les chrétiens latins ont tant d’avantages sur les musulmans, je ne dis pas en fait de guerre, mais en fait de doctrine ; les chrétiens grecs les ont tant battus en dernier lieu depuis 1769 jusqu’en 1773, que ce n’est pas la peine de se répandre en reproches injustes sur l’islamisme.

Tâchez de reprendre sur les mahométans tout ce qu’ils ont envahi ; mais il est plus aisé de les calomnier.

Je hais tant la calomnie que je ne veux pas même qu’on impute des sottises aux Turcs, quoique je les déteste comme tyrans des femmes et ennemis des arts.

Je ne sais pourquoi l’historien du Bas-Empire prétend[3] que Mahomet parle dans son Koran de son voyage dans le ciel ; Mahomet n’en dit pas un mot, nous l’avons prouvé[4].

Il faut combattre sans cesse. Quand on a détruit une erreur, il se trouve toujours quelqu’un qui la ressuscite[5].


  1. Questions sur l’Encyclopédie, 1774. in-4o. (B.)
  2. Voyez Essai sur les Mœurs, chapitre vii, tome XI, page 216 ; et dans les Mélanges, année 1767, le chapitre iii de la Défense de mon oncle.
  3. Douzième volume, page 209. (Note de Voltaire.)
  4. Voyez tome XVII, page 383 : et dans les Mélanges, année 1750, le Remerciement sincère à un homme charitable ; et, année 1767, le chapitre xii de l’Examen important de milord Bolingbroke.
  5. Voyez Arot et Marot, et Alcoran. (Note de Voltaire.)


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