Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Académies

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ACADÉMIES, sociétés de gens de lettres, de savants ou d'artistes. Ces sociétés, dont Charlemagne avait donné l'exemple en créant dès 785 l'Académie appelée palatine parce qu'elle se réunissait dans son propre palais, fleurirent à la renaissance des lettres, et surtout en Italie, où chaque ville avait son Académie ; elles se répandirent ensuite en France et dans les autres pays de l'Europe. Les principales sont :

1. En Italie l’Académie della Crusca (c'est-à-dire du crible), fondée à Florence en 1582, qui s'occupe de critique, de littérature, et à laquelle on doit un dictionnaire italien qui fait loi (la 1re éd. parut en 1612) ; — l’Académie del Cimento, fondée à Florence, en 1657, par le cardinal Léopold de Médicis : on s'y occupait de sciences, surtout d'expériences de physique ; — l’Académie des Arcades, ou plutôt des Arcadiens, société littéraire fondée à Rome en 1690, et dans laquelle chaque membre prenait le nom d'un berger d'Arcadie ; — l'Institut de Bologne, fondé en 1690 sous le titre d’Institutum scientiarum et artium ; — l’Académie des Sciences de Turin, fondée en 1759 ; — L’Académie royale de Naples, fondée en 1779.

II. En France, l’Académie Française, fondée en 1635, par Richelieu, pour fixer et polir la langue : elle se compose de quarante membres et publie un dictionnaire dont la 1re édition a paru en 1694 et la dernière en 1835 ; — l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, fondée en 1663 par Colbert : elle publie depuis 1717 de précieux mémoires ; — l’Académie des Sciences, fondée en 1666 par Colbert : elle publie depuis 1699 des mémoires de la plus grande importance ; — l’Académie de Peinture et Sculpture, fondée par Mazarin en 1648 ; celle de Musique, fondée en 1666 ; celle d'Architecture, fondée en 1671 ; — l’Académie des Sciences morales et politiques, fondée en 1795 comme une des classes de l'Institut, supprimée en 1803, rétablie en 1832. Supprimées en 1793, les anciennes Académies furent réorganisées en l'an iv (1795), et réunies, sous le nom d’Institut de France, en un seul corps qui fut subdivisé en 5 classes. L'Institut comprend auj. l'Académie Française, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie des Beaux-Arts, l'Académie des Sciences morales et politiques.

III. Dans la Grande-Bretagne, la Société royale de Londres, fondée à Oxford en 1645, transférée a Londres en 1660 : elle publie de savants mémoires sous le titre de Philosophical Transactions ; — la Société royale d’Édimbourg, fondée 1731 : elle publie aussi des mémoires.

IV. En Allemagne, l’Académie des Curieux de la Nature, Naturæ Curiosorum, qui fut fondée en 1652, à Leipsick, par le médecin Bausch, et qui se réunit successivement à Breslau, à Nuremberg et à Bonn ; en 1677 l'empereur Léopold la prit sous sa protection, et l'établit à Vienne : elle a depuis porté le nom d’Académie Léopoldine ; — l’Académie royale des Sciences de Berlin, fondée en 1700 par Frédéric I, et dont Leibnitz fut le premier directeur : elle publie des mémoires qui, après avoir été rédigés en latin et en français, les ont auj. en allemand ; — la Société de Gœttingue, fondée en 1760 ; — celle de Munich, fondée en 1759.

V. En Suède, l’Académie d'Upsal, fondée en 1710 pour l'étude des langues du Nord ; — l’Ac. des Sciences de Stockholm, qui publie des mémoires depuis 1739.

VI. En Espagne, l’Académie royale, fondée en 1713 par le duc d'Escalona, pour la culture de la langue ; elle siège à Madrid.

VII. En Russie, l’Académie impériale des Sciences de St-Pétersbourg, dont les bases furent posées par Pierre le Grand, en 1724, mais qui ne fut réalisée que sous Catherine I, en 1725 : elle publie depuis 1738 des mémoires, qui sont rédigés pour la plupart en français ou en latin.