Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre N

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N

N. On employait cette lettre dans les abréviations pour Neptunus, nonæ, natus, nepos, etc. Dans les noms modernes, N. se met pour Noël, Nicolas, Napoléon, etc.

NAAB, riv. de Bavière, prend sa source sur les limites des cercles de Hte-Franconie et de Ht-Palatinat, court pendant 156 kil. au S. et se joint au Danube, par la r. g., au-dessous de Ratisbonne.

NAAMAN, lieutenant de Benadab, roi de Syrie, fut guéri de la lèpre après s’être baigné dans le Jourdain par le conseil du prophète Élisée.

NAARDEN, v. du roy. de Hollande (Nord-Hollande), à 19 kil. S. E. d’Amsterdam, sur le Zuyderzée ; 2400 h. Fondée par Guillaume III. Prise et ravagée en 1572 par les Espagnols; prise en 1672 par les Français, qui la fortifièrent à la Cohorn; assiégée cinq mois en 1813 et 1814 par les Alliés et défendue par les Français.

NABAB, nom que les Indiens donnent au gouverneur d’une province, ou à un général d’armée. Les nababs sont subordonnés aux soubabs, espèce de vice-rois. Après l’invasion de Nadir-Chah dans l’empire Mogol, les nababs se déclarèrent indépendants; mais aujourd’hui, ils sont presque tous soumis à l’Angleterre. — Vulgairement on appelle nabab une personne qui a amassé une immense fortune dans les Indes.

NABARZANE, un des généraux de Darius Codoman, commandait la cavalerie à Issus. Il s’unit à Bessus pour assassiner son maître; puis il se retira dans l’Hyrcanie, et fit sa paix avec Alexandre.

NABATHÉENS, Arabes nomades qu’on croit issus d’un fils d’Ismaël nommé Nabath. Tantôt ils séjournaient en Arabie Pétrée, tantôt ils pillaient les caravanes entre la Syrie et l’Euphrate. Jonathas Macchabée tenta en vain de les réduire. Plus tard, ils prirent le nom de Saracènes (Sarrasins).

NABIS, tyran de Sparte de 205 à 192 av. J.-C., devint en 197 l’allié de Philippe III, roi de Macédoine, qui lui confia la garde d’Argos, puis il se déclara pour les Romains dans l’espoir de demeurer maître de cette ville. Mais la guerre de Macédoine finie, Flamininus lui reprit Argos et lui imposa un traité onéreux. Au départ du général romain, Nabis entra en guerre avec la ligue Achéenne; battu par Philopœmen, il demanda du secours aux Étoliens; mais Aleximène, le chef des 1000 hommes qu’on lui envoya, le fit mettre à mort. Nabis était un monstre de cruauté.

NABONASSAR, roi de Babylone de 747 à 734 av. J.-C, n’est célèbre que par l’ère qui porte son nom, ère dont le point de départ est le 26 févr. 747 av. J.-C, et qui a été suivie par Ptolémée. Quelques-uns le confondent avec Phul, roi d’Assyrie.

NABONID paraît être le même que Balthasar ou est peut-être le père de ce prince.

NABOPOLASSAR, roi de Babylone de 626 à 605 av. J.-C, était d’abord simple gouverneur de Babylone. Allié à Cyaxare, roi des Mèdes, il prit et ruina en 606 la ville de Ninive, alors régie par Sarac ou Chinaladan, et, réunissant les États de ce prince aux siens, fonda le 2e empire de Babylone. Néchao, roi


d’Égypte, lui enleva Carchémis (Circesium), l’une de ses principales places sur l’Euphrate. Il eut pour successeur son fils Nabuchodonosor II, qu’on appelle quelquefois Nabopolassar II.

NABOTH, habitant de Jezraël, refusa de vendre au roi Achab une vigne située près du palais de ce prince et qui était l’héritage de ses pères : Jézabel, femme d’Achab, l’accusa, pour se venger, d’avoir blasphémé contre Dieu et maudit le roi; à l’aide de faux témoins, elle réussit à le faire condamner à être lapidé (899 av. J.-C.), et s’empara de sa vigne. Le prophète Élie, en apprenant ce crime, se présenta devant Achab et lui prédit qu’au lieu même où les chiens avaient léché le sang de Naboth, ils se désaltéreraient dans le sien. Cette prophétie s’accomplit peu d’années après.

NABUCHODONOSOR I ou saosduchée, roi de Ninive de 667 à 647 av. J.-C., vainquit et tua de sa main Arphaxad, roi des Mèdes à la bataille de Ragau; envoya contre la Syrie et la Judée son général Holopherne, qui fut tué par Judith au siège de Béthulie, perdit toutes ses conquêtes après la mort de ce général, et périt lui-même, à ce qu’on croit, en défendant Ninive contre Cyaxare et Nabopolassar.

nabuchodonosor ii ou nabopolassar ii, dit le Grand, roi de Babylone et de Ninive réunies, fils et successeur de Nabopolassar I, monta sur le trône en 606 av. J.-C., battit Néchao à Circesium ; prit Jérusalem et emmena en captivité le roi Joachim, à qui cependant il rendit le trône; fit, après la mort de ce prince, une 2e expédition contre Jérusalem, et, s’en étant emparé au bout d’un an de siége, réduisit toute la population en esclavage, avec son roi Sédécias; assiégea 13 ans la ville de Tyr, et finit par la soumettre; conquit ensuite la partie septentr. de l’Égypte et y fit un énorme butin, qu’il employa surtout à l’embellissement de Babylone. Fier de ses succès, il voulut qu’on l’adorât ; mais Dieu confondit son orgueil : frappé de démence, il se crut changé en bœuf et alla vivre dans les forêts : la reine Nitocris gouverna en son absence. Au bout de 7 ans, il recouvra la raison et, ayant fait pénitence, put remonter sur son trône. Il m. l’année suivante, 562, et eut pour successeur Évilmérodac.

NACOGDOCHES, v. du Texas, ch.-l. d’un comté de même nom, sur la Nana, à 300 kil. N. O. d’Austin, env. 1500 h. Collège, fondé en 1845.

NADAB, roi d’Israël, de 943 à 941 av. J.-C, était fils de Jéroboam. Il se livra à tous les excès, et fut tué, après un règne de deux ans, par Baasa, un de ses généraux, qui le remplaça sur le trône.

NADASI (Jean), jésuite hongrois, né en 1614 à Tyrnau, mort à Vienne en 1679, professa à Grætz, devint directeur spirituel du collège de Vienne et confesseur de l’impératrice Éléonore. On a de lui : Reges Hungariæ a S. Stephano usque ad Ferdinandum, Presbourg, 1637, in-fol.

NADASTI (Franç.), comte de Forgatsch, fut un des membres les plus actifs de la ligue des nobles hongrois contre la puissance autrichienne en 1666. N’ayant pu obtenir de l’emp. Léopold I la dignité de palatin, il conspira : des papiers découverts en 1671 firent reconnaître sa complicité dans plusieurs complots, et il fut exécuté. On a de lui : Mausoleum regni… hungarici, Nuremberg, 1664, et Cynosura juristarum, 1668 : c’est un recueil des lois de la Hongrie.

NADIR-CHAH, dit aussi thamasp-kouli-khan, roi de Perse, né en 1688 à Mesched dans le Khoraçan, fut d’abord conducteur de chameaux, ensuite brigand. A la faveur des troubles qui suivirent la chute de Hussein en 1722, il s’appropria le Khoraçan, puis il entra avec sa bande au service de Thamasp (fils de Hussein), 1726, prit Ispahan, 1729 ; et mit les affaires du prince dans l’état le plus florissant, mais ne tarda pas à s’emparer de tout le pouvoir, bien qu’il s’intitulât Thamasp-Kouli-Khan, c-à-d. chef des serviteurs de Thamasp. Battu plusieurs fois par les Turcs Ottomans, Thamasp leur avait cédé la rive gauche de l’Aras : Nadir s’opposa à l’exécution du traité, battit les Turcs, fit déposer Thamasp, le remplaça par un enfant, Abbas III, âgé de 8 mois, sous le nom duquel il régna, et termina heureusement la guerre contre les Turcs (1734-36). A la mort d’Abbas III, 1736, Nadir se fait proclamer chah de Perse : il marche aussitôt contre les Afghans rebelles, s’empare de Kandahar, attaque l’empire du Grand-Mogol dans l’Hindoustan (1738), prend la ville de Delhi, 1739, soumet le Caboul et rapporte de ses conquêtes un butin immense, évalué à plusieurs milliards (1740). Mais la Perse opprimée, épuisée, le détestait : il fut tué par ses propres généraux dans une expédition contre les Kourdes en 1747.

NÆFELS, bourg de Suisse (Glaris), près de la r. g. de la Linth, à 8 kil. N. de Glaris ; 2 000 hab. Célèbre victoire remportée par une poignée de Suisses sur les Autrichiens, 1388. Les Catholiques du canton tinrent jusqu’en 1836 leurs assemblées à Næfels.

NAERDEN. V. naarden.

NÆVIUS (Ch.), poëte latin, natif de Campanie, mort vers 202 av. J.-C, avait, dit-on, servi dans la 1re guerre punique. Quelques traits satiriques lancés dans ses pièces contre les grands l’avaient obligé de s’exiler de Rome : il se retira en Afrique et mourut à Utique. Ses ouvrages consistaient en tragédies imitées des Grecs, en drames nationaux dont un avait pour titre Alimoniæ Remi et Romuli, et en un poëme épique sur la 1re guerre entre Rome et Carthage. Il ne reste de ce poëme que des fragments, qui ont été réunis par Spangenberg, Leipzig, 1825, in-8o ; on a aussi quelques fragments de ses œuvres dramatiques insérés dans les Poetæ scenici de Bothe, Halberstadt, 1823-28, et dans les Tragicorum latinorum reliquiæ de Ribbeck, Leips., 1854. E. Klussmann a donné une édition des fragments de Nævius, Iéna, 1843.

NAGARA-BOUROUN, cap de la Turquie d’Asie (livah de Biga), à l’endroit le plus resserré des Dardanelles, est hérissé de batteries qui, jointes à celles de la côte européenne, dominent le détroit et garantissent Constantinople d’une invasion par le sud.

NAGASAKI, ville du Japon. V. nagasaki.

NAGPOUR, v. de l’Inde anglaise, capitale du roy. de Nagpour, chez les Mahrattes orientaux, à 500 kil. N. E. d’Haïder-Abad ; 125 000 hab. Ville moderne (elle date de 1740), mais laide. - Le roy. de Nagpour, situé dans le Gandouana, par 17° 30’-23° lat., N. 76°-81° long. E., a 500 kil. sur 450 et env. 4 000 000 d’hab. ; il était jadis célèbre par ses mines de diamants. — Fondé au milieu du xiiie siècle, ce royaume s’engagea en 1803 dans la coalition contre les Anglais, et n’obtint la paix qu’en leur cédant le district de Kattak et se reconnaissant leur vassal. Les Anglais ont hérité de cet État en 1853 et l’ont annexé à la présidence de Calcutta.

NAGY, mot hongrois qui veut dire grand, entre dans la composition d’un grand nombre de mots géographiques. Cherchez le mot qui suit Nagy.

NAHE, riv. qui prend sa source dans la pté de Birkenfeld (Prov. Rhénane), coule à l’E. N. E. et tombe dans le Rhin près de Bingen, après 115 k. de cours.


NAHR-EL-ARDEN, nom arabe du Jourdain.

nahr-el-kébir, Eleutheros, riv. de Syrie (Beyrouth), naît dans le Liban, coule à l’O. et tombe dans la Méditerranée, après 140 kil. de cours.

NAHR-EL-KELB, Lycus, riv. de Syrie (Acre), se jette dans la Méditerranée à 13 k. N. E. de Baïrout.

NAHUM, le 7e des petits prophètes juifs, vécut sous Achab ou Manassé, et prédit la 2e ruine de Ninive (accomplie par Nabopolassar en 625 av. J.-C.).

NAÏADES (du grec Naiein, couler), nymphes qui présidaient aux rivières et aux sources. On les représente couronnées de roseaux et penchées sur une urne qui verse de l’eau.

NAIGEON (J. André), écrivain, né à Paris en 1738, mort en 1810, disciple et ami de d’Holbach et de Diderot, a laissé la réputation d’un athée fanatique et intolérant, et d’un écrivain tranchant, diffus et lourd. On a de lui : le Militaire philosophe, Londres (Amsterdam), 1768 ; le Dictionnaire de philosophie ancienne et moderne, dans l’Encyclopédie méthodique, 1791-94, 3 v. in-8 ; des Notes sur la traduction de Sénèque, par Lagrange ; des Mémoires sur Diderot (posth., publiés par Brière, 1823, dans son édition de Diderot), etc. Il a en outre donné une collection des Moralistes anciens et a publié plusieurs opuscules de d’Holbach. On doit à M. Damiron un savant Mémoire sur Naigeon, 1857.

NAILLOUX, ch. l. de cant. (H.-Garonne), à 9 kil. S. O. de Villefranche ; 1210 hab.

NAIM, v. de Galilée (tribu d’Issachar), au S. E. de Nazareth, près du mont Thabor et du torrent de Cison. Jésus ressuscita le fils d’une veuve de cette ville.

NAIRN, v. et port d’Écosse, ch.-l. d’un comté de même nom, sur le Nairn, à son embouchure, à 250 kil. N. O. d’Édimbourg ; 3266 hab. Armements pour la pêche de la baleine. - Le comté, situé sur le golfe de Murray, est borné à l’E. et au S. par le comté de Murray, à l’O. par celui d’Inverness ; il a 35 kil. sur 13 et compte 10 000 hab.

NAISSE, Naïssus, auj. Nissa ou Nisch, v. de la Mésie supérieure, au S. Constantin y naquit ; Claude II y battit les Goths, 269.

NAIX, Nasium, vge du dép. de la Meuse, à 22 kil. S. E. de Bar-le-Duc ; 400 hab. Forges, hauts fourneaux. Ruines nombreuses. - Jadis important. Fondé sous le règne de Constance par des barbares d’outre-Rhin et fortifié dans la suite, il fût pris en 612 par Thierry, roi de Bourgogne, sur Théodebert, roi d’Austrasie. On y a trouvé une grande quantité de médailles, des bijoux antiques et d’effets curieux.

NAJAC, ch.-l. de c (Aveyron), sur l’Aveyron, à 16 kil. S. O. de Villefranche ; 2000 h. Station. Toiles grossières, serges ; jambons renommés.

NAJERA, v. d’Espagne (Burgos), sur la Nagerilla (affluent de l’Èbre), à 24k. S. O. de Logrono ; 3 600 hab. Église Ste-Marie, où se trouvent les tombeaux de plusieurs rois et princes de Navarre. - Anc. résidence des rois de Navarre. Pierre le Cruel, aidé du Prince-Noir, remporta en 1367 entre Najera et Navarette une vict. sur Henri de Transtamaret son frère, et sur les Français : Duguesclin y fut pris.

NAKCHIVAN, Naxuana, v. de l’Arménie russe (Érivan), sur l’Aras, à 140 k. S. E. d’Érivan ; env. 5000 hab. (elle en a compté jusqu’à 200 000). Archevêché catholique, école arménienne. Ville très ancienne ; elle fut florissante jusqu’à Abbas I, qui en transporta les habitants dans l’intérieur de la Perse. Nakchivan a beaucoup souffert pendant les guerres entre les Perses et les Russes : ces derniers ont fini par se la faire céder (1828). Tremblement de terre en 1840.

NAKHITCHEVAN, v. de la Russie d’Europe (Iékatérinoslav), sur la r. dr. du Don, à 10 kil. N. E. de Rostov et à 112 k. E. de Taganrog ; 13 000 hab. (Arméniens pour la plupart). Tissus de soie et de coton. - Fondée en 1780 par des Arméniens de Crimée.

NAMAQUAS, peuple hottentot qui habite le S. de l’Afrique, depuis l’Océan Atlantique au S. jusqu’à la riv. Orange. Mines d’or et de cuivre.

NAMNÈTES, peuple de la Gaule celtique, compris dans la Lyonnaise IIIe, sur l’Océan, au S. des Redones, au N. des Pictones, dont les séparait le Liger (Loire), avaient pour ch.-l. Condivicnum [Nantes). Leur pays fait auj. partie de la Loire-Inférieure.

NAMUR, Namurcum en latin, Namen en flamand, v. de Belgique, ch.-l. de la prov. de Namur, au confluent de la Meuse et de la Sambre, à 52 kil. S. E. de Bruxelles, 24 000 hab. Évêché, suffragant de Malines ; trib. de 1re inst. et de commerce ; collège Notre-Dame-de-la-Paix, dirigé par les Jésuites ; athénée ; écoles de sourds-muets, de minéralogie, de dessin, de musique ; école normale primaire ; pénitencier central des femmes. Belle cathédrale, bâtie en petit sur le modèle de St-Pierre de Rome, et qui renferme le tombeau de Don Juan d’Autriche ; église St-Loup, revêtue à l’intérieur de marbre noir ; bibliothèque. Coutellerie fine, armes, chapeaux, savon, amidon, fer, acier ; fonderie, raffinerie de sel, brasserie, poterie commune. Commerce de cuivre, plomb, fer, marbre. Vastes fortifications. Aux env., houille, pierres bleues, etc. - Namur fut d’abord une forteresse des Aduatici. Au Xe siècle, elle était la capit. d’un comté indépendant et héréditaire, qui passa, en 1196, dans la maison de Hainaut, en 1263 dans celle de Flandre, et, en 1421, dans celle de Bourgogne. Elle devint évêché en 1559. Fortifiée en 1691 par Cohorn, elle n’en fut pas moins prise par Louis XIV en 1692 ; elle lui fut enlevée en 1695 ; mais les Français la reprirent en 1701 et la gardèrent (quoique bombardée par les alliés en 1704) jusqu’en 1712 : ils la cédèrent alors à l’électeur de Bavière ; en 1715, elle devint une des places fortes dites de la Barrière ; elle n’en fut pas moins reprise en 1746. La paix d’Aix-la-Chapelle (1748) la rendit à l’Autriche. En 1793 et 1794 elle passa avec le reste de la Belgique sous la domination française ; elle fut jusqu’en 1814 le ch.-l. du dêp. français de Sambre-et-Meuse.

NAMUR (Comté de), une des 17 provinces de l’anc. cercle de Bourgogne, était partout enveloppé par l’évêché de Liège et le duché de Brabant, et comprenait (outre son ch.-l. Namur) Charleroi, Bouvines, Fleurus, Moutiers, Charlemont, Givet, etc. - Le 1er comte de Namur que l’on connaisse est Robert, dont le fils Albert mourut en 998 ; le dernier est Jean III, qui, n’ayant pas d’enfant, vendit son comté à Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1421). Ce comté a suivi depuis le sort de la succession de Bourgogne, à cela près qu’en 1678 la paix de Nimègue en détacha Charlemont, Givet et quelques villages en faveur de la France.

NAMUR (Prov. de), une des divisions du royaume actuel de Belgique, au S. du Brabant méridional, confine au dép. français des Ardennes, et a 86 kil. sur 62, avec 290 000 hab. (Wallons la plupart et catholiques) ; ch.-l. Namur. Bruyères en quelques parties ; ailleurs, sol assez fertile : houblon, tabac, grains, pommes de terre, etc. Industrie active.

NANCI, Nanceium, ch.-l. du dép. de Meurthe-et-Moselle ; sur la rive g. de la Meurthe et sur le canal de la Marne au Rhin, à 319 kil. E. de Paris par la route, à 353 par chemin de fer ; 49 305 hab. Évêché, suffragant de Besançon ; cour d’appel ; académie universit., facultés des lettres, des sciences et de droit ; école second., de médecine, école forestière, lycée, école de sourds-muets. La ville se divise en Vieille ville et Ville neuve (celle-ci renommée pour sa beauté) : 4 portes qui sont autant d’arcs de triomphe, 4 rues principales (aboutissant à la place Stanislas, ornée de fontaines et de la statue de Stanislas) ; cathédrale, édifice moderne dans le genre italien ; église de Bon-Secours, palais du gouvernement, préfecture, hôtel de ville, bourse, théâtre, quartier de cavalerie, vieux château des ducs de Lorraine. Société des sciences, lettres et arts ; bibliothèque, musée de tableaux, jardin botanique, cabinet d’histoire naturelle. Broderies renommées ; draps, produits chimiques, pâtes d’Italie, boules de Nancy, cartes à jouer ; filatures, teintureries, tanneries, etc. Com-


merce des objets fabriqués et de vin, grains, huile, cuirs, laine, fer, etc. Patrie de J. Callot, Maimbourg, Palissot, Mme Graffigny, Drouot, Mathieu de Dombasle, Isabey, Grandville, etc. - Nancy, fondée au XIIe siècle, devint bientôt la capitale de la Lorraine. Charles le Téméraire la prit en 1475, la perdit en 1476, et périt sous ses murs en 1477. Louis XIII, Louis XIV la prirent en 1633 et 1670 : ce dernier en fit raser les fortifications. Stanislas résidait alternativement à Lunéville et à Nancy ; il fut inhumé dans cette dernière ville (1766). C’est à lui surtout que Nancy doit ses embellissements.

NANDODE, v. de l’Inde anglaise (Guzzerat), à 95 k. N. E. de Surate ; ch.-l. du Kandeich.

NANEK, fondateur de la religion des Seikhs, qui est comme une fusion du Brahamisme et de l’Islamisme, reconnaissant en même temps les Védas et le Coran, naquit vers 1469 à Talwendy dans le Lahore, suivit d’abord la carrière des emplois publics, l’abandonna pour prêcher par toute l’Inde, et mourut en l’Adi-granth, son code, resta le manuel de ses successeurs et la source de sa doctrine, jusqu’au pontificat de Gourou-Govind, que les Seikhs regardent comme leur 2e prophète. Amretsyr, dans le Lahore, est le centre du Nanékisme et la résidence du grand pontife de cette religion.

NANGASAKI, v. du Japon, une des 5 villes impériales, dans l’île de Ximo, à l’extrémité O. ; env. 50 000 hab. Bon port, vaste baie ; environ 36 ponts sur de petites rivières ; plus de 60 temples, plusieurs palais. Grand mouvement industriel et commercial : export. de cuivre, camphre, porcelaine, ouvrages en laque ; import. de sucre, peaux, zinc, étain, plomb, et de quelques tissus d’Europe. Ce fut longtemps la seule ville du Japon où fussent admis les étrangers : les Chinois et les Hollandais avaient seuls ce privilège ; encore étaient-ils confinés, les premiers dans le S. O. de la ville, les seconds dans l’îlot de Desima, et surveillés rigoureusement : ces entraves ont été en grande partie levées en 1854. V. JAPON.

NANGIS, ch.-l. de c (Seine-et-Marne), à 30 k. O. de Provins ; 2015 hab. Station. Anc. château, dont il subsiste 2 grosses tours. Joli château, promenade. Commerce en laine, bestiaux, volailles, fromage de Brie. Anc. marquisat. - Érigée en ville en 1544 par François I. Les Russes y furent battus le 17 février 1814 par Kellermann et Gérard.

NANGIS (Guillaume de). V. GUILLAUME.

NANI (J. B. Gaspard), historien, né à Venise en l616, d’une famille patricienne, fut 25 ans ambassadeur de Venise en France, de 1643 à 1668, remplit diverses missions en Allemagne, devint procurateur de St-Marc, et fut en même temps historiographe, bibliothécaire et archiviste de la république. On a de lui une Histoire de la république de Venise, en italien, qui va de 1613 à 1671, et qui a été trad. par l’abbé Tallemant, 1679, et par Masclary, 1702. C’est un ouvrage bien conçu, écrit avec méthode et clarté, mais partial ; il est entremêlé de harangues à la manière des anciens. Cette histoire fut continuée par Michel Foscarini et Pierre Garzpni.

NANKIN ou NAN-KING (c-à-d. Cour du Sud), dite aussi Kiang-ning ou Kin-ling en chinois, v. de Chine, capitale de la prov. de Kiang-sou, près de l’emb. du Yang-tse-kiang, à 900 kil. S. E. de Péking, par 116° 25’long. E., 32° lat. N. ; env. 500 000 hab. (on a quelquefois porté sa population à 1 500 000 hab. et même plus haut). Elle est plus grande même que Péking, mais moins splendide ; le palais impérial, l’observatoire, les temples, les tombeaux sont en ruines. On y remarque une célèbre tour de porcelaine (ou plutôt de faïence), qui a 66 m de haut et 9 étages ; elle est octogone. Nankin est la ville savante de la Chine ; elle a une académie de médecins, une bibliothèque publique, des imprimeries, etc. Son industrie et son commerce sont encore très-actifs ; les soieries, le tissu jaune de coton dit nankin, la porcelaine, les laques, le papier, etc., en sont les objets principaux. — Nankin a été longtemps la capitale de la Chine ; mais en 1363 la translation des six grands tribunaux à Péking a donné son rang à celle-ci. Les Mings y faisaient leur résidence l’été. Les empereurs mandchoux l’ont prise en 1645 et l’ont complètement négligée. Cette ville a été fort endommagée par un tremblement de terre en 1796. Les Anglais l’ont bombardée en 1842 et y ont conclu, la même année, le traité qui leur donna l’île de Hong-Kong, et leur ouvrit le commerce des ports de Canton, Émouy (Amoy), Ning-Po, Fou-Tchéou, et Shang-Hai. Elle a été occupée vers 1860 par les insurgés.

NANNI (Jean). V. ANNIUS DE VITERBE.

NANNONI (Ange), chirurgien de Florence, 1715-90, l’un des premiers opérateurs de son temps, perfectionna l’opération de la taille et combattit le système de l’humorisme galénique. Son ouvrage principal est intitulé : Della simplicita del medicare, Flor., 3 vol., 1761-67.

NANSOUTY (Ant. CHAMPION, comte de), général, né à Bordeaux en 1768, m. en 1815, passa par tous les grades et fut fait général de division en 1803. Il fit la campagne d’Allemagne sous Moreau, celle de Portugal avec Leclerc, prit part à la conquête du Hanovre sous Mortier, aux batailles d’Austerlitz, de Wagram, de Friedland, où il exécuta des charges décisives à la tête de ses cuirassiers, fut blessé à Borodino, commanda la cavalerie à la bat. de Leipsick, s’empara du défilé d’Hanau après la défaite et déploya la plus grande activité pendant la campagne de France. Il se rallia aux Bourbons en 1814 et fut nommé capitaine des mousquetaires. C’était un des meilleurs généraux de cavalerie de l’époque.

NANT, ch.-l. de c. (Aveyron), à 24 kil. S. E. de Milhau ; 1460 hab.

NANTERRE, Nannetodurum, bg du dép. de la Seine (arr. de St-Denis), au pied du mont Valérien, à 12 k. N. O. de Paris, sur le chemin de fer de St-Germain ; 3549h. Gâteaux dits de Nanterre, porcs, petit salé, pierres à bâtir. - Patrie de Ste Geneviève et du conventionnel Henriot. Pris et brûlé plusieurs fois, notamment par les Anglais en 1346. On y couronne tous les ans une rosière le lundi de la Pentecôte.

NANTES, Condivicnum, Namnetes, chef-l. du dép. de la Loire-Inf., sur la r. dr. de la Loire, au confluent de ce fleuve avec la Sèvre nantaise et l’Erdre, à 392 kil. S. O. de Paris par la route, et à 427 par chemin de fer ; 113 625 hab. Évêché, suffragant de Tours, église calviniste ; siège de la 15e division militaire, trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée, école préparatoire aux facultés, école secondaire de médecine, éc. de commerce, de dessin, d’hydrographie. Les petits vaisseaux remontent la Loire jusqu’à Nantes ; un canal unit cette ville à Brest. Les vieux quartiers de la ville sont laids et sales, mais le reste est élégant et régulier : on cite le quartier Graslin, l’île Feydeau, le faubourg de la Fosse, les cours St-Pierre et St-André, ornés des statues de Du Guesclin et de Clisson, le cours Napoléon, où s’élève la statue de Cambronne ; belles places ; beaux quais ; cathédrale de St-Pierre qui renferme le magnifique mausolée de François II, duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix, par Michel Colomb. Bourse, l’une des plus belles de France, théâtre, halle neuve, préfecture, hôtel de ville, hôtel des monnaies, palais épiscopal ; les Salorges, restes du palais des ducs de Bretagne ; beau musée d’antiquités, cabinet d’histoire naturelle, jardin botanique, bibliothèque, observatoire ; société d’horticulture. Banque ; entrepôt de sel. Tissus dits de Nantes, cotons, toiles peintes, flanelle, etc. ; chapeaux, bonneterie, faïences ; mécaniques, coutellerie, outils aratoires ; fonderies en fer et cuivre, verreries, raffineries de sucre, distilleries, tanneries, clouteries, corroieries, etc. ; construction de vaisseaux marchands et de corvettes. Très-grand commerce maritime : denrées coloniales, grains, biscuits, farine, laines, cuirs, meubles, livres, etc. ; armements pour la pêche de la morue. La traite des noirs eut longtemps à Nantes


une grande importance. Patrie de la reine Anne de Bretagne, du marin Cossard, de l’architecte Boffrand, du savant Lacroze ; Fouché est né près de là. — Nantes fut une des principales villes armoricaines. Les Normands la brûlèrent en 834, 853, 871 et 959 ; elle fut inutilement assiégée par les Anglais en 1343. Henri IV y rendit, en 1598, le célèbre Édit de Nantes, qui accordait aux Protestants le libre exercice de leur culte et des places de sûreté ; Louis XIV, voulant rétablir l’unité de religion, révoqua cet édit de tolérance en 1685, au risque de priver la France d’une foule de familles industrieuses, Nantes souffrit beaucoup pendant la Révolution : l’armée vendéenne, en juin 1793, marcha sur cette ville, mais ne put la prendre ; Carrier y commit des horreurs (les noyades, les mariages républicains, etc.).

NANTEUIL (Robert), célèbre graveur de portraits et peintre au pastel, ne à Reims en 1630, m. à Paris en 1678, avait autant de facilité que de talent. Il reçut de Louis XIV une pension avec le titre de dessinateur et graveur de son cabinet et eut une grande vogue auprès du public ; mais il dissipa sa fortune et abrégea sa vie par ses excès. On a de lui au moins 280 portraits, parmi lesquels on remarque ceux de Louis XIV, d’Arnaud de Pomponne, de Mazarin, de Turenne, du marquis de Castelnau. Le style en est à la fois ferme et moelleux, le travail pur et fini.

NANTEUIL (Ch. Fr. Lebœuf, dit), sculpteur, né à Paris en 1792, m. en 1865, a été membre de l’Académie des beaux arts. On cite de lui surtout le fronton de N.-D. de Lorette.

NANTEUIL-LE-HAUDOUIN, ch.-l. de c. (Oise), à 20 kil. S. E. de Senlis ; 1545 hab. Ancien prieuré de Bénédictins. Pépinières, grains, corderies, etc.

NANTIAT, ch.-l. de c. (H.-Vienne), à 17 k. S. E. de Bellac ; 1326 hab.

NANTIGNY (CHASOT de), généalogiste, né en 1692 à Saulx-le-Duc en Bourgogne, m. en 1755. On lui doit, entre autres ouvrages, les Généalogies historiques, Paris, 1736-38, 4 vol. in-4, et des Tablettes chronologiques, 1749-57, 8 vol. in-24. C’est lui qui rédigea la partie généalogique dans les Suppléments de Moréri.

NANTILDE, reine de France, femme de Dagobert et mère de Clovis II, gouverna au nom de ce jeune prince avec le maire du palais Éga, et mourut en 642.

NANTOUILLET, vge de Seine-et-Marne, à 12 k. de Meaux ; 300 h. Anc. château fort, dont les sires ont joué un rôle sous Louis XI.

NANTUA, ch.-l. d’arr. (Ain), au bord du petit lac de Nantua, entre deux montagnes, à 36 kil. E. de Bourg ; 3726 hab. Trib. de 1re instance, collège. Percale, calicot, toiles de coton et fil ; filature de coton, moulinage hydraulique de soie, sciage de bois, etc. Excellentes truites. - La ville se forma autour d’un monastère de Bénédictins, fondé en 671 par S. Amand, et dans l’église duquel Charles le Chauve fut enterré. Elle dépendait autrefois du Bugey.

NANTUATES, peuplade gauloise, dans les Alpes Graies-et-Pennines, habitait au S. du lac Léman, entre les Seduni et les Veragri, sur les confins des Allobroges, et occupait le pays qui forma depuis le Chablais et le Bas-Valais. Leur ville principale était Tarnaix (auj. St-Maurice ? )

NANTUCKET, île du Massachussetts, à 48 kil. de la côte, par 41° 15’ lat. N., 72° 28’ long. O. : 35 kil. sur 9 ; 7300 hab. ; ch.-l., Nantucket, sur la côte N.O., à 200 kil. E. de Boston ; petit port.

NAPATA, anc. v. de l’Ethiopie, sur le Nil, à trois journées du golfe Arabique, était la résidence de la reine Candace. Les Romains, commandés par Petronius, préfet d’Égypte, la prirent et la saccagèrent l’an 22 av. J.-C. ; mais ils l’abandonnèrent aussitôt.

NAPÉES (du grec Napé, vallon ombragé), nymphes qui présidaient aux montagnes, aux vallons, aux bois, aux bocages et aux prairies.

NAPIER (Jean), appelé par corruption Néper, baron de Markinston, mathématicien écossais, né en 1550, m. en 1617, inventa les logarithmes et laissa deux formules générales pour la solution des triangles sphériques rectangles, ainsi que les formules qui portent encore auj. le nom d’Analogies de Néper. Son principal ouvrage est Logarithmorum canonis descriptio, suivi de Mirifici lagarithmorum canonis constructio, Édimbourg, 1614, et Lyon, 1620, auj. très-rare. C’est là qu’il expose sa grande découverte. La base des logarithmes dits népériens du nom de l’auteur est le nombre 2, 7182818.

NAPIER (sir Ch.), général anglais, né à Londres en 1782, m. en 1853, fit les campagnes d’Espagne et des États-Unis, fut envoyé aux Indes en 1841 et placé en 1843 à la tête de l’expédition dirigée contre le Scinde (ou Sindhy) et le Béloutchistan, dompta tout le pays en trois années et fut en récompense fait chevalier du Bain. — Son frère, W. Napier, né en 1785, fit, sous les généraux Moore et Wellington, toutes les campagnes d’Espagne. Il a publié une Histoire des guerres de la Péninsule de 1807 à 1814 (6 v. in-8, Londres, 1828-40), qui est fort estimée et qui a été traduite et rectifiée parle général Matthieu Dumas. Il a aussi donné une relation de la Conquête du Sindhy, accomplie par son frère.

NAPIER (Sir Charles), marin anglais, né en 1786 m. en 1860, fut envoyé en 1829 devant Lisbonne, remporta en 1833, au cap St-Vincent, sur la flotte de don Miguel, une victoire qui décida la chute du prétendant ; opéra en 1840 contre la Syrie, bombarda Sidon, Beyrouth, St-Jean d’Acre et força Méhémet-Ali à accepter les conditions de l’Angleterre ; fut fait contre-amiral en 1846 et vice-amiral en 1853. Il obtint en 1854 le commandement de la flotte destinée à agir contre la Russie dans la Baltique, mais, malgré de pompeuses promesses, il la ramena sans avoir rien fait d’important. Ch. Napier fut des premiers à comprendre l’importance de la navigation à vapeur et il la développa de tout son pouvoir. Marin brave, habile, il gâta son mérite par sa jactance. En politique, il était radical.

NAPLES. appelée chez les anciens Parthenope, puis Neapolis, en italien Napoli, grande ville de l’Italie méridionale, anc. capit. du roy. des Deux-Siciles, auj. ch.-l. de la prov. de Naples, sur le golfe de Naples. par 40° 51′ 47″ lat. N., 11° 54′ 57″ long. E., à 205 kil. S. E. de Rome ; 450 000 hab. La ville est bâtie en amphithéâtre dans une situation délicieuse, ayant au N. le mont Pausilippe, au S. E. le Vésuve, à l’O. les collines de Capoue, de Caserte et d’Aversa, et la mer à ses pieds. Elle a 16 kil. de tour et est défendue au N. O. par le château St-Elme qui domine la ville, au S. O. par le château de l’Œuf et le Château-Neuf, bâti en 1283 par Charles d’Anjou, et qui a pour entrée un bel arc de triomphe d’Alphonse Ier d’Aragon. Places petites en général, sauf celle du Palais-Royal ; rues étroites, obscures et montueuses (hormis la belle rue de Tolède, dans la partie basse), mais pavées en dalles de lave noire et fort propres : beau quai de la Chiaja ; magnifique promenade de la Villa réale ; vaste palais royal, palais Capo di Monte, de Chiatamone, du prince de Salerne, des princes étrangers, palais archiépiscopal ; Reclusorio (hôpital des pauvres) ; arsenal, superbe théâtre St-Charles, le plus vaste de l’Europe ; Archives, Vicaria ou Castel-Capuano (palais de justice) ; belle cathédrale gothique, dédiée à S. Janvier dont elle possède le corps ; église de Sta-Restituta, contiguë à la cathédrale, bâtie sur les ruines d’un temple de Neptune, et contenant la chapelle du Trésor, peinte par le Dominiquin, et où l’on conserve dans deux fioles le sang de S. Janvier, qui, dit-on, se liquéfie le jour de la fête du saint ; églises de Ste-Claire, de Jésus-Nouveau, de St-François de Paule, de St-Dominique, de St-Philippe-Néri, etc. ; riches couvents de Ste-Claire, de Ste-Marie des Carmes, de la Trinité, de St-Dominique le Grand, du Mont-Olivet, ancien couvent des Chartreux de St-Martin (auj. les Invalides), etc. Dans le N. de la ville sont de vastes catacombes. Plusieurs chemins de fer. Archevêché ; cour suprême, cour d’appel et tribunaux de 1er inst. ; Université, fondée en 1224 par l’emp. Frédéric II, lycées ; école de paléographie, institut de peinture, conservatoire de musique ; collège et école militaire, académie de marine, école vétérinaire, quatre grandes bibliothèques (Borbonica, Brancacciana, de l’Université, du couvent de St-Jérome) ; cabinets de minéralogie, d’histoire naturelle ; musée des antiques (où se trouvent entre autres objets ceux qu’ont fournis les fouilles d’Herculanum, de Pompeïes et de Stables) ; beau jardin botanique, deux observatoires, bureau topographique, Académie royale, divisée en 3 sections : Ercolanense ou antiques ; sciences ; beaux-arts. Banque St-Charles, mont-de-piété (très-riche). Industrie active : tissus d’or et d’argent, soieries, velours, drap, linge de table, grosses toiles de coton, rubans, instruments de musique, cordes d’instruments, passementerie renommée, chapeaux de feutre et de paille ; coraux, porcelaine, faïence, bougies, jaune de Naples ; huiles parfumerie, savon de senteur, essences, fleurs artificielles, confitures et sucreries, macaroni, etc. Patrie de Stace, Velleius Paterculus, Sannazar, Marin, Bernin, Salvator Rosa, Pergolèse, Vico, Filangieri, Gravina, Ruffo, etc. Environs délicieux. — Parthénope est une colonie de la Cumes de Campanie, qui elle-même était une colonie de la Cumes d’Éolie ; elle tire son nom, disait-on, de la sirène Parthénope, qui, ne pouvant séduire Ulysse, se précipita de désespoir dans la mer voisine. Elle reçut le nom de Palépolis (vieille ville) lorsque de nouveaux colons eurent bâti tout auprès une 2e ville, qui, par opposition, fut appelée Neapolis (ville nouvelle). Les deux villes, étant contiguës, finirent par n’en faire qu’une seule. Rome s’empara de Naples dès l’an 327 av. J.-C. ; néanmoins cette ville resta complètement une cité grecque. C’était le séjour favori des riches Romains, qui pour la plupart y avaient des maisons de plaisance ; elle remplaça Capoue comme capitale de la Campanie. Conquise par les Ostrogoths, elle fut reprise en 536 par Bélisaire, qui la pilla ; Totila la reprit en 541 ; mais l’expulsion des Ostrogoths (544) la rendit à l’empire grec qui parvint à la conserver, même lorsque les Lombards eurent soumis l’Italie ; elle forma alors, avec les villes grecques environnantes, le Duché de Naples, qui confinait au duché de Rome au N. O., au duché de Calabre à l’E. et au S. E. Peu à peu Naples devint une république presque souveraine ; elle resta dans cet état du IXe au XIIe s., sous des ducs héréditaires. En 1139, elle se soumit au Normand Roger II, déjà maître de tout ce qu’on nomma de puis royaume des Deux-Siciles : Roger en fit sa capitale. Après la mort de Frédéric II (1250), elle ne voulut pas reconnaître pour maître Mainfroi, fils naturel de l’emp. Conrad IV, et se déclara pour le pape Innocent IV : Conrad et Mainfroi la forcèrent à se rendre et rasèrent ses murs. Le roi de Hongrie Louis le Grand l’emporta d’assaut en 1347 et en expulsa la reine Jeanne Ire ; mais Jeanne y rentra dès 1348. Louis I d’Anjou prit Naples en 1383, René d’Anjou en 1438, Alphonse I (V d’Aragon) en 1442. Charles VIII de France conquit en 1495 et Naples et tout le royaume, mais il les perdit la même année. Les troupes de Louis XII y rentrèrent en 1501, après le traité de Grenade ; mais Ferdinand le Catholique en resta bientôt maître (1503). Pendant la 2e guerre entre François I et Charles-Quint, Lautrec aidé de Doria fit le siége de Naples (1528), mais la défection de Doria l’empêcha de la prendre. En 1647 eut lieu à Naples la célèbre insurrection de Masaniello (V. ce nom) ; puis cette ville s’érigea en république sous le duc de Guise ; mais, dès le mois d’avril 1648, le comte d’Ognate l’avait reprise. En 1707, pendant la guerre de la succession d’Espagne. Naples fut prise d’assaut et saccagée par le général autrichien Daun pour Charles III, compétiteur de Philippe V ; en 1734, elle se soumit sans résistance au fils de Philippe V, don Carlos, duc de Parme, et plus tard roi d’Espagne et des Deux-Siciles. Les Français sous Championnet prirent Naples le 23 janvier 1799, et y établirent la République parthénopéenne ; mais, le cardinal Ruffo y rentra dès le 13 juin de la même année. En 1806, elle reçut comme roi Joseph Bonaparte. En 1820 éclata à Naples une révolution qui pour un instant lui donna une constitution, mais qui fut comprimée dès 1821 par l’Autriche. En 1860, la seule présence du général Garibaldi, entré sans armes dans la ville, fit écrouler le trône du roi Ferdinand VI.

NAPLES (Royaume de), une des deux grandes divisions de la ci-devant monarchie des Deux-Siciles, occupe la partie méridionale de la péninsule italique, entre les mers Adriatique, Ionienne et Tyrrhénienne ; elle est bornée au N. O. par les États de l’Église et séparée de la Sicile au S. par le détroit de Messine ; elle s’étend entre 37° 50′-42° 54′ lat. N. et 10° 30′-16° 9′ long. E., ayant 580 kil. du N. O. au S. E., sur une largeur d’env. 200 kil., et compte près de 7 millions d’hab. ; capitale, Naples. Ce royaume était divisé en 15 intendances ou provinces :

Intendances. Chefs-lieux.
Naples, Naples (Napoli).
Terre de Labour, Caserta.
Principauté Citérieure, Salerne.
— Ultérieure, Avellino.
Molise ou Sannio, Campobasso.
Abruzze Citérieure, Chieti.
— Ultérieure Ire, Teramo.
— Ultérieure IIe, Aquila.
Capitanate, Foggia.
Bari, Bari.
Terre d’Otrante, Lecce.
Basilicate, Potenza.
Calabre Citérieure, Cosenza.
— Ultérieure Ire, Reggio.
— Ultérieure IIe, Catanzaro.

Ce pays est traversé dans toute sa longueur par la portion méridionale des Apennins, à laquelle appartiennent le Monte-Corno, le Gargana et le volcan du Vésuve ; il est très-sujet aux tremblements de terre, qui y ont causé de terribles ravages et renversé des villes entières. Rivières principales : le Basiento, le Garigliano, l’Ofanto, le Crati, la Pescara et le Volturno (tous peu navigables) ; lacs, l’Agnano, l’Averno, et le lac Fucin ou Celano. Air sain, quoique très-chaud ; sol extrêmement fertile, mais mal cultivé. Fruits exquis, surtout les oranges ; huiles, vins excellents, riz, chanvre, lin, coton, manne et safran très-estimés ; alun, vitriol, soufre, cristal de roche, minéraux, carrières de marbre ; bétail abondant et donnant une laine fine, petits chevaux très-recherchés, mulets, buffles, etc. ; lynx et porcs-épics dans les Apennins. L’industrie consiste surtout en tissus de soie et de coton, étoffes et cordonnets d’or et d’argent, mousselines, chapeaux, vernis, savon, cuirs, cordes d’instruments, fleurs artificielles, faïence, etc. — Le roy. de Naples correspond à la Grande-Grèce des anciens (Apulie, Lucanie, Messapie et Brutium), augmentée de la Campanie et du Samnium. Ce pays subjugué par les Romains de 327 à 290 av. J.-C., appartint successivement, dans le Ve s. aux Hérules, aux Ostrogoths, sur lesquels il fut repris par Bélisaire et Narsès, puis fut envahi par les Lombards, qui n’y formèrent que les duchés de Capoue, de Salerne et de Bénévent. Il fut enlevé aux Grecs par les Normands à la fin du XIe s. C’est sous ces derniers maîtres qu’a prit le nom de Royaume de Naples. Il fut dès le XIIe s. réuni à la Sicile, et, dès lors, bien que depuis il en ait été plusieurs fois séparé, notamment sous les princes français de la maison d’Anjou, de 1282 à 1442, et sous l’Empire français, de 1806 à 1815, son histoire se confond avec celle de la Sicile. V. SICILES (Roy. des DEUX-).

NAPLES (Prov. ou intendance de), division de l’anc. roy. de Naples, auj. l’une des provinces de l’Italie, entre la Terre de Labour au N. et au N. E., la principauté Citérieure à l’E. et au S. E., et la mer Tyrrhénienne à l’O. : 53 kil. sur 13 ; 868 000 h. ; ch.-l., Naples. Elle est divisée en 4 districts : Naples, Pouzzoles, Casorla, Castel-a-Mare.


naples (Golfe de), Crater sinus, enfoncement de la mer Tyrrhénienne dans la côte S. O. de la prov. de Naples, entre les caps Misène au N. O. et della Campanella au S. E. ; 31 kil. sur 22. Aspect imposant et pittoresque. Vers l’entrée sont au N. O. les îles d’Ischia et de Procida, au S. E. celle de Capri. Sur la côte S. E. s’élève le mont Vésuve.

NAPLOUSE d’abord Sichem ou Mabartha, puis Neapolis, v. de Syrie (Damas), sur le flanc E. du mont Garizim, à 55 kil. N. de Jérusalem ; 8000 h. On y montre les prétendues grottes sépulcrales de Josué et de Joseph, et le puits de Jacob, près du quel J.-C. conversa avec la Samaritaine. Cette ville devint la capitale des Samaritains après la ruine de Samarie par Salmanasar. — Environs délicieux, vues magnifiques.

NAPO (Rio-), riv. de la Nouv.-Grenade, naît dans les Andes, coule à l’E., puis au S. E. et tombe dans l’Amazone par 3° 34’ lat. S, Cours : 1100 kil.

NAPOLÉON (S.), un des grands d’Alexandrie, subit le martyre sous Dioclèlien. On l’hon. le 15 août.

NAPOLÉON I (Napoléon Bonaparte), surnommé Le Grand, empereur des Français, né à Ajaccio le 15 août 1769, était le 2e fils de Charles Bonaparte, noble Corse, peu fortuné et chargé de famille, et de Letizia Ramolino. Par la protection, du comte de Marbeuf, gouverneur militaire de la Corse, il entra en 1779 à l’école de Brienne, d’où en 1784 il passa à l’École militaire de Paris ; il fut nommé dès 1785 sous-lieutenant d’artillerie et employé en Corse. Proscrit, en 1792 par Paoli, alors maître du pays et allié des Anglais, il vécut assez longtemps à Nice, puis à Marseille, avec sa mère et ses sœurs, dans une gêne extrême. Il fut fait capitaine en 1793 et bientôt après chargé par le général Carteaux de réduire les Marseillais fédéralistes, mission dans laquelle il réussit. Nommé la même année adjudant général au siège de Toulon, ville qui était alors au pouvoir des Anglais, il décida la reddition de la place en emportant le fort de l’Éguillette, et fut aussitôt récompensé par le grade de général de brigade. Chargé en 1794 de commander l’artillerie de l’armée d’Italie, il avait déjà obtenu de brillants succès lorsqu’il fut suspendu comme suspect, après le 9 thermidor, à cause de ses rapports avec les terroristes Robespierre le jeune et Ricord. Détenu un instant, puis mandé à Paris, il finit par être rayé des listes d’activité. Sans ressources en cet instant, il songeait à passer en Turquie pour y organiser l’artillerie du sultan, lorsque Pontécoulant l’attacha aux bureaux de la guerre. L’insurrection parisienne du 13 vendémiaire (5 oct. 1795) contre la Convention changea sa situation : choisi pour second par Barras, il réduisit les insurgés en les mitraillant devant St-Roch ; il obtint en récompense le grade de général de division, avec le commandement en chef de l’armée de l’intérieur. L’année suivante, il épousa Joséphine, veuve du vicomte de Beauharnais. Au même moment il recevait, sur la désignation de Carnot, le commandement en chef de l’armée d’Italie, alors battue, désorganisée et sans argent (2 mars 1796). En un an il mit en pleine déroute ou détruisit 5 armées, chacune plus forte que la sienne, savoir l’armée piémontaise à Mondovi, et 4 armées autrichiennes : celle de Beaulieu à Cairo, Montenotte, Millesimo, Dego et au pont de Lodi ; celle de Wurmser à Castiglione, Roveredo, Bassano ; celle d’Alvinzi à Arcole, à Rivoli, et sous Mantoue, que rendit Wurmser enfin celle du prince Charles, qu’il poursuivit en Allemagne et sur la route de Vienne jusqu’à Léoben, où fut signé un armistice (29 avril 1797). Le roi de Sardaigne, le pape, les ducs de Parme, de Modène, de Toscane, avaient déjà signé ou imploraient la paix ; l’empereur d’Autriche la demanda aussi, et, par le traité de Campo-Formio (17 oct. 1797), il céda à la France, en échange des États de Venise, qu’il avait occupés chemin faisant, les Pays-Bas autrichiens, avec toute la rive gauche du Rhin, et le Milanais, qui devint alors la république Cisalpine. De si prodigieux succès excitèrent l’enthousiasme public pour le jeune général, mais cet enthousiasme même et quelques efforts qu’il fit dès cette époque pour s’emparer du pouvoir effrayèrent le Directoire. Après avoir proposé à Bonaparte le commandement d’une flotte destinée à l’invasion de l’Angleterre, on accepta, pour l’éloigner, l’offre qu’il avait faite de diriger en Égypte une expédition qui, après avoir conquis ce pays, le coloniserait et en ferait un point d’appui pour attaquer les Anglais dans l’Inde. Parti le 19 mai 1798, il s’empara en route, grâce à des intelligences secrètes, de l’inexpugnable Malte, débarqua ensuite en Égypte, prit Alexandrie, gagna sur Mourad-Bey la bataille des Pyramides qui lui ouvrit l’entrée du Caire, et, bien que Nelson eût détruit la flotte française à Aboukir, il acheva par lui-même ou par ses lieutenants (Kléber et Desaix) de soumettre tout le pays. Il l’organisa aussitôt, et fonda au Caire un Institut qui a jeté les plus vives lumières sur les antiquités et l’histoire de l’Égypte ; mais bientôt il se vit environné de dangers par l’impossibilité de recevoir des renforts. Néanmoins, après avoir comprimé une révolte au Caire, il essaya de joindre la Syrie à ses conquêtes (1799) : il prit El-Arich, Gaza, Jaffa, mais il mit en vain le siége devant St-Jean-d’Acre, ses troupes étant minées par la faim et décimées par la peste. De retour en Égypte, après avoir battu au Mont-Thabor 20 000 Turcs avec 2000 Français, il remporta encore la victoire d’Aboukir, qui sauva l’armée (25 juillet). Informé à ce moment de nos désastres en Italie, il prit la résolution de rentrer en France et laissa son armée à Kléber : après avoir échappé comme par miracle aux croisières anglaises, il parut inopinément à Paris à la fin de 1799, sans avoir subi de quarantaine. Le Directoire était tombé dans le discrédit, les factions n’avaient aucun chef capable : Bonaparte devint bientôt le centre d’un parti puissant. Aidé des directeurs Sieyès et Roger-Ducos, de son frère Lucien, président du conseil des Cinq-Cents, du général Leclerc, et encouragé par les hommes les plus considérables de l’époque, il renversa le Directoire à la fameuse journée du 18 brumaire an VIII (9 nov. 1799), se fit nommer 1er consul pour 10 ans et se donna pour collègues deux hommes prêts à le seconder, Cambacérès et Lebrun. Il se remit aussitôt à la tête de l’armée d’Italie : le passage des Alpes (1800), la victoire de Marengo (14 juin), et les succès que, grâce à ces débuts décisifs, remportèrent ensuite ses lieutenants, rendirent aux armes françaises la supériorité en Italie, tandis que Moreau, du côté du Rhin, gagnait la bataille de Hohenlinden. Le traité de Lunéville avec l’Autriche (1801), et bientôt celui d’Amiens avec l’Angleterre (1802), terminèrent cette seconde guerre. Bonaparte profita de la paix pour fermer les plaies de l’intérieur : il mit un terme aux réactions des partis, pacifia la Vendée, rappela les émigrés, rouvrit les églises, conclut avec le pape un nouveau concordat, réorganisa tous les services, créa l’ordre de la Légion d’honneur, institua la banque de France, rouvrit le grand-livre de la dette publique, enfin fit rédiger le Code civil (Code Napoléon). Dans le même temps il déjouait les complots de tous genres formés contre lui, échappait à l’explosion de la Machine infernale et profitait même de ces attentats pour augmenter son pouvoir. Le Sénat, qui déjà l’avait nommé consul à vie en 1802, le proclama empereur en 1804 ; il fut sacré en cette qualité, sous le nom de Napoléon, par le pape Pie VII, venu à Paris tout exprès pour cette cérémonie (2 déc.) ; un an plus tard, il érigea la république Cisalpine en royaume et se fit couronner roi d’Italie à Milan. Cependant, dès la fin de 1803 l’Angleterre avait recommencé les hostilités ; l’Autriche, la Russie, les Deux-Siciles, en firent autant en 1805. Pendant que Napoléon méditait une descente en Angleterre, il eut la douleur de voir les flottes combinées de la France et de l’Espagne anéanties par Nelson à Trafalgar ; mais sur terre il compensa cet échec par une suite de victoires éclatantes : maître d’Ulm et de Vienne même, il acheva d’écraser les Aus-


tro-Russes à la bataille d’Austerlitz (2 déc. 1805) Cette campagne fut terminée par la glorieuse paix de Presbourg (26 déc. 1805), qui ajoutait au royaume d’Italie les États de Venise, créait les royaumes de Wurtemberg et de Bavière en faveur de princes alliés de Napoléon, et donnait le grand-duché de Berg à Murat, son beau-frère. Bientôt après, le roi des Deux-Siciles, Ferdinand IV, dépouillé du roy. de Naples (1806), fut remplacé par Joseph Bonaparte et alla régner en Sicile ; Louis, un autre de ses frères, devint roi de Hollande ; la Confédération du Rhin prit naissance : 14 princes y accédèrent ; l’empire d’Allemagne cessa, et Napoléon, sous le titre de Protecteur, fut officiellement reconnu président-perpétuel de cette agglomération de princes, qui tous devaient prendre part à ses guerres, et l’appeler à leur secours en cas d’attaque. Cette création si importante, l’occupation du Hanovre, enlevé dès 1803 aux Anglais par la France, les subsides fournis par l’Angleterre, les promesses des Russes, déterminèrent la Prusse à tenter une contre-confédération, puis à prendre ouvertement les armes contre la France. Napoléon détruisit cette 4e coalition par ses deux campagnes de 1806 et 1807, l’une en Allemagne, l’autre en Pologne : les victoires d’Auerstædt et d’Iéna, suivies de l’occupation de Berlin, signalèrent la première ; les sanglantes batailles d’Eylau, de Friedland, la deuxième : la paix de Tilsitt signée par Alexandre et Napoléon (8 juill. 1807), après la célèbre entrevue sur le Niémen, mit fin à la guerre, et, en ôtant à la monarchie prussienne la moitié de ses provinces, créa pour Jérôme Bonaparte le royaume de Westphalie, érigea la Saxe en royaume et fit de la Prusse polonaise le grand-duché de Varsovie, qui fut conféré au roi de Saxe. Des articles secrets autorisaient la Russie à s’emparer de la Finlande, la France à s’adjuger l’Espagne, et équivalaient au fond au partage de l’Europe, moins l’Angleterre et la Turquie. Alexandre promit aussi de favoriser le Blocus continental, système imaginé par Napoléon pour porter le coup mortel à l’Angleterre en lui fermant tous les ports de l’Europe (décret de Berlin du 21 nov. 1806). Bientôt la Toscane est occupée (1806), le Portugal envahi (1807), Flessingue réuni à l’Empire. Vers la même époque, Napoléon supprime le Tribunat, institue une noblesse héréditaire et crée l’Université (17 mars 1808) ; en même temps, il renouvelait la face de la capitale et ouvrait la 1re exposition de l’industrie. — Cependant, à la faveur du traité de Fontainebleau, qui permettait à nos troupes de traverser la Péninsule pour aller combattre les Portugais, alliés de l’Angleterre, Murat et 80 000 hommes s’étaient introduits en Espagne, et avaient été témoins des haines et des discordes de la famille royale : Charles IV et ses fils, attirés à Bayonne, prennent pour arbitre Napoléon, qui leur arrache une double abdication ; les retient prisonniers et donne le trône à son frère Joseph, qu’il appelle de Naples. Mais l’Espagne résiste énergiquement : la défaite et la capitulation de Dupont à Baylen, celle de Junot à Cintra, commencent nos revers. Bien que Napoléon, par sa présence (déc. 1808), rétablisse un moment les affaires, et malgré les glorieux efforts de Soult, de Masséna, de Suchet, l’Espagne, aidée de l’Angleterre, couverte de guérillas, animée par ses juntes et ses moines, lutte opiniâtrement, et, bien que cent fois vaincue, dévore en cinq ans (1808-1813) plus de 400 000 hommes, Français, Allemands, Italiens et Polonais. Profitant de l’affaiblissement produit par tant de pertes et de l’impopularité causée en Europe par la guerre d’Espagne, l’Angleterre suscite en 1809 contre Napoléon une 5e coalition, dans laquelle l’Autriche prend la principale part. L’Empereur n’a plus d’allié que la Russie ; néanmoins il gagne les batailles d’Abensberg, d’Eckmühl, de Ratisbonne, bombarde Vienne, la prend de nouveau et occupe l’île de Lobau ; il obtient à Essling un avantage chèrement payé et remporte la victoire décisive de Wagram, qui amène l’armistice de Znaym, en Moravie (11 juill. 1809), bientôt suivi de la paix de Vienne (14 oct.) ; mais, au lieu d’annuler la monarchie autrichienne (en la divisant en plusieurs petits États), il se contente de lui prendre les provinces illyriennes, et, croyant se l’attacher par un mariage, il se sépare par le divorce d’une femme chérie de la nation pour épouser une archiduchesse d’Autriche, Marie-Louise. Dès ce moment, Fouché, Bernadotte et plusieurs autres tendent à s’isoler de lui ; à la même époque, le pape Pie VII, qu’il a dépouillé de ses États, l’excommunie, et les violences dont ce pontife devient l’objet ne font que susciter de nouvelles difficultés ; enfin le système continental ruine le commerce et produit un malaise universel. Malgré cet état de choses, Napoléon ne craint pas de mécontenter ses plus sûrs alliés par de continuels envahissements, force son propre frère Louis, roi de Hollande, à abdiquer pour n’être pas le spoliateur de son peuple, et finit par s’engager dans une guerre formidable contre la Russie, sans même s’être assuré l’appui de la Turquie et de la Suède. À la tête de 450 000 hommes, la plus belle armée qui ait jamais été, il passe le Niémen, s’empare de Vilna, Vitebsk, Smolensk, poursuivant l’ennemi sans l’atteindre ; il rencontre enfin Koutousov à Borodino, et, resté maître du terrain après une lutte opiniâtre, entre dans Moscou (14 sept. 1812) ; mais les Russes, en quittant cette ville, l’avaient incendiée (V. ROSTOPCHIN). Au bout d’un mois et plus passé à attendre de St-Pétersbourg des ouvertures de paix, le froid oblige Napoléon de battre en retraite. Harcelée par des troupes innombrables, privée de tout, l’armée française reste presque tout entière ensevelie dans les neiges, ou périt dans les eaux de la Bérésina : tout le génie de son chef n’en peut sauver que des débris. Pendant ce temps, la conspiration de Malet à Paris révélait de graves dangers à l’intérieur : Napoléon quitta brusquement son armée pour revenir en France. En un clin d’œil et comme par enchantement, il s’y créa de nouvelles ressources ; il ouvrit la campagne d’Allemagne par de beaux succès, fut vainqueur à Lutzen, à Bautzen, à Wurschen ; mais la Prusse, alliée douteuse en 1812, était avec les Russes en 1813 ; la Suède, qui avait porté au trône Bernadotte, imita cet exemple ; l’Autriche elle-même, après l’inutile congrès de Prague, prit parti contre Napoléon, et, malgré la victoire de Dresde, cet exemple fut, après les échecs de Vandamme à Kulm, de Ney à Dennevitz, suivi par la Bavière, le Wurtemberg et les Saxons, que leur vieux roi essaya en vain de retenir dans l’alliance française. La désastreuse bataille de Leipsick (18 et 19 oct.), dite Bataille des Nations, refoula Napoléon sur le territoire de la France, qui fut partout envahi. Dans une dernière et admirable campagne, l’Empereur tint encore pour quelque temps la fortune en suspens : de brillants succès à St-Dizier, à Brienne, amenèrent le congrès de Châtillon ; mais il rejeta les propositions des alliés qui voulaient réduire la France aux limites de 1792. Forcé de continuer la lutte, il gagna encore les victoires de Champaubert, de Montmirail, de Château-Thierry, de Vauchamp, de Montereau, de Méry ; il voulait tourner et envelopper les ennemis pris entre la capitale et lui ; mais, Paris ayant ouvert ses portes après deux jours de combat, et Marmont ayant donné le signal de la défection, le Sénat proclama la déchéance de Napoléon et les vainqueurs déclarèrent qu’ils rétablissaient les Bourbons (31 mars 1814). Napoléon abdiqua à Fontainebleau (11 avril) ; après avoir essayé en vain de mettre fin à sa vie par le poison, il fit à sa garde les adieux les plus touchants (20 avril), et se rendit, avec une troupe dévouée, à l’île d’Elbe, qui lui avait été donnée en souveraineté. En s’y rendant, il eut à courir quelques dangers pour sa vie au milieu des populations fanatisées du midi. Il n’y resta que quelques mois : les fautes de la Restauration faisaient souhaiter son retour ; le 1er mars 1815 il reparut en France et en vingt jours il parvint de Cannes à Paris sans trouver de résistance. Mais la coalition qui l’avait détrôné se renoua aussitôt. Quoique malsecondé par le parti républicain, à qui il avait cependant fait de larges concessions dans son Acte additionnel aux constitutions de l’Empire, Napoléon, se voyant entouré de troupes braves et enthousiasmées, prit l’offensive : il battit les Prussiens à Ligny le 16 juin ; mais, trahi par Bourmont, privé par un fatal malentendu des renforts que devait lui amener Grouchy, il fut vaincu le 18 par Wellington et Blücher à Waterloo en Belgique. Après ce désastre il rentra en France, et s’enferma à l’Élysée-Bourbon, où il abdiqua en faveur de son fils, qui devait prendre le nom de Napoléon II (22 juin 1815) ; ce nouveau règne avait duré Cent jours. Napoléon se rendit alors de lui-même au port de Rochefort sur le navire anglais le Bellérophon, comptant que l’Angleterre lui accorderait une généreuse hospitalité. Mais le cabinet anglais, abusant de sa confiance, le déclara prisonnier, et se fit charger par les Alliés de le transporter à Ste-Hélène. Napoléon arriva dans cette île, accompagné d’un petit nombre de fidèles, Bertrand, Montholon, Gourgaud, Las-Cases. Retiré dans la modeste résidence de Longwood, il s’occupa de rédiger ses Mémoires et ses Campagnes ; mais pendant les cinq années qu’il y vécut encore, il fut sans cesse abreuvé de dégoûts et d’humiliations par le gouverneur anglais, sir Hudson-Lowe. Il mourut le 5 mai 1821, dans sa 52e année, et fut enterré à Ste-Hélène. Ses restes, ramenés en France en 1840, reposent maintenant sous le dôme des Invalides, au milieu de ses compagnons de victoire. — Napoléon est compté, avec Alexandre, César et Charlemagne, au nombre des plus grands hommes que la terre ait produits : il posséda au plus haut degré le génie du guerrier et celui de l’administrateur ; il mit un terme à l’anarchie, reconstitua la société, releva les autels, réorganisa les écoles, donna le Code, plaça la France à la tête des nations, et fonda un empire au moins égal à celui de Charlemagne (en 1812 on y comptait 130 départements français, indépendamment de 24 dép. du roy. d’Italie et de 7 provinces illyriennes) ; mais on lui reproche une ambition démesurée et un trop vif amour pour la guerre, qui entraînèrent le pays dans des maux incalculables ; en outre, trop plein du souvenir des excès de la Révolution, il étouffa la liberté politique et gouverna, despotiquement ; enfin, il ne craignit pas en plusieurs circonstances, pour assurer l’exécution de ses projets d’avoir recours aux mesures les plus arbitraires et même les plus violentes : l’enlèvement et l’exécution du duc d’Enghien, la détention et la spoliation des princes de la maison royale d’Espagne, les mauvais traitements exercés contre le pape Pie VII, sont autant de taches pour sa mémoire ; toutefois on doit dire, pour ce qui concerne la mort du duc d’Enghien, que l’exécution se fit avant qu’on eût attendu ses derniers ordres. — Napoléon avait écrit dans sa jeunesse quelques opuscules : Lettre à Matteo Buttafuoco, le Souper de Beaucaire, etc. Ses Proclamations et Bulletins, en grande partie rédigés et dictés par lui, figurent, pour le style comme pour le fond, parmi les documents les plus remarquables de notre histoire. On avait publié de 1818 à 20 sa Correspondance inédite, officielle et confidentielle, en 7 vol. in-8 ; cette publication, fort incomplète, a été recommencée par ordre de Napoléon III sous le titre de Correspondance de Napoléon I (1858 et ann. suiv.) Les Mémoires publiés par Las-Cases sous le nom de Mémorial de Ste-Hélène et qu’on donne comme dictés par Napoléon, ont été arrangés et souvent interpolés ; les Mémoires publiés par Montholon, Gourgaud, Bertrand, et par le valet de chambre Marchand, ont été réellement dictés par l’Empereur et méritent toute confiance. Il a été publié un grand nombre d’Histoires de Napoléon, notamment par MM. Arnault, Norvins, Élias Regnault, Laurent (de l’Ardèche) ; l’ouvrage le plus complet et le plus authentique est l’Histoire du Consulat et de l’Empire de M. Thiers, 20 vol. in-8, 1845-62.

NAPOLÉON II (François Joseph), fils de l’empereur Napoléon et de l’impératrice Marie-Louise d’Autriche né à Paris le 20 mars 1811, reçut en naissant le titre de Roi de Rome. Après la chute de son père, qui avait abdiqué en sa faveur, il fut proclamé empereur par le Sénat sous le nom de Napoléon II ; mais les étrangers, alors maîtres de la France, ayant refusé de le reconnaître, il fut bientôt abandonné, et remis en 1814 entre les mains de l’empereur d’Autriche, son grand-père, qui le fit élever à sa cour, et lui donna en 1818 le titre de duc de Reichstadt, avec un régiment de cavalerie. Ce jeune prince, qui avait semblé réservé à de si hautes destinées, fut enlevé à la fleur de l’âge : il mourut de phthisie à Schœnbrunn en 1832. Montbel a donné une Notice sur sa vie, 1833.

NAPOLÉON-VENDÉE, ch.-l. du dép. de la Vendée, sur une colline au pied de laquelle coule l’Yon, à 432 k. S. O. de Paris ; 8298 hab. Chemin de fer. Trib. de 1re inst. ; lycée, bibliothèque. Rues larges et tirées au cordeau ; plusieurs beaux édifices, statue équestre de Napoléon I. Société d’agriculture, haras. Comm. de grains, bestiaux, etc. - C’était autrefois un simple château avec un bourg appelé La Roche-sur-Yon, qui avait titre de seigneurie. Cette seigneurie fut, dès le xve siècle, érigée en principauté, et appartint successivement aux maisons de Beauvau et de Bourbon, d’où son 2e nom. La ville fut presque détruite en 1793, pendant la guerre de Vendée. En 1804, Napoléon, voulant placer le ch.-l. du département au centre du Bocage, dont il craignait de nouveaux soulèvements, choisit à cet effet l’emplacement de La Roche-sur-Yon, et y fonda une ville qui prit son nom ; cette ville reçut en 1814 le nom de Bourbon-Vendée ; reprit de 1848 à 1870 le nom de Napoléon-Vendée, ; et s’appelle aujourd’hui La Roche-sur-Yon.

NAPOLÉONVILLE, ch.-l. d’arr. (Morbihan), à 51 k. N. N. O. de Vannes, sur la r. g. du Blavet, à la naissance d’un canal qui conduit à Lorient ; 7602 h. Trib. de 1re inst., lycée ; belles casernes. Eaux minérales ferrugineuses froides. Fabr. de toiles ; cuirs estimés, grains, bestiaux, chevaux, beurre, fil. Restes d’un vieux château des ducs de Rohan. - Cette ville a été jadis, sous le nom de Pontivy, la capitale du duché de Rohan. Agrandie et embellie par Napoléon I, elle avait pris son nom. Le nom de Pontivy fut rétabli en 1814 ; elle le perdit en 1848, et le reprit en 1870. Patrie du général de Lourmel, qui y a une statue.

NAPOLI. V. NAUPLIE et NAPLES.

NAPOULE (La), Athenopolis, vge du dép. du Var, près de Draguignan, sur un enfoncement de la mer Méditerranée, dit golfe de Napoule.

NAR, auj. Nera, riv. d’Italie, sortait du mont Fiscellus, coulait entre l’Ombrie et la Sabine, passait à Narnia, et tombait dans le Tibre.

NARAH, bourg fortifié de l’Algérie (Constantine), dans l’Aurès, sur un affluent de l’Oued-Abdi. Longtemps réputé inexpugnable ; pris et détruit par le colonel Canrobert, le 5 janvier 1850.

NARBO, NARBO-MARTIUS, v. de Gaule. V. NARBONNE.

NARBONAISE. Narbonensis, nom donné sous Auguste à l’anc. province romaine de Gaule dont Narbo était la capitale. Elle fut au IVe siècle divisée en 3 prov. : Narbonaise 1re, Narbonaise 2e, Viennaise.

narbonaise 1re, la partie du Languedoc à l’O. du Rhône, prov. romaine, bornée à l’E. par le Rhône et la Méditerranée, à l’O. par les 3 Aquitaines, au S. par l’Espagne. Son ch.-l. était Narbo, et ses peuples principaux les Tectosages, Arecomici, Sardones, Tolosates, Atacini, Helvii, Umbranici.

narbonaise 2e, partie de la Provence et du Dauphiné. Elle n’était pas contiguë à la Narbonaise 1re, mais était bornée à l’O. par la Viennaise, à l’E. par la s prov. des Alpes maritimes. Ses principaux peuples étaient les Albiœci, Commoni, Salyes ; ils avaient pour capitale Aquæ Sextiæ (Aix).

NARBONNE, Narbo ou Narbo Martius, dite aussi Julia Paterna, Colonia Decumanorum, ch.-l. d’arr. (Aude), sur le canal de Narbonne (qui communique à la Méditerranée par l’étang de Sigean), à 58 kil. E. de Carcassonne, à 783 kil. S. de Paris par la route, à 984 par chemin de fer ; 12 341 h. Anc. archevêché, auj. réuni à celui de Toulouse. Trib. de 1re inst. et de comm., société d’agriculture, école d’hydrographie. Cathédrale, musée, petit théâtre. Fabr. de vert-de-gris, sel marin, huiles, esprits, etc. Commerce de blé, vin, soude, riz ; miel renommé. Patrie de Varron. - Narbonne, fondée par les Atacini, fut nommée par les Romains Narbo Martius, du nom de Martius, qui y conduisit une colonie romaine en 118 av. J.-C. Ce fut la principale place d’armes des Romains en Gaule jusqu’au temps d’Auguste. Elle fut sous l’Empire le ch.-l. de la Narbonaise ; fut prise par les Wisigoths (462), par les Bourguignons (508), par les Sarrasins (720), par Pépin le Bref (759) ; elle devint, au moyen âge, une vicomté qui relevait du comté de Toulouse et qui passa, au XVe siècle dans la maison des comtes de Foix. Gaston, comte de Foix, l’échangea avec Louis XII en 1507 contre le duché de Nemours, et depuis elle est restée réunie à la couronne. On trouve à Narbonne beaucoup d’antiquités romaines.

NARBONNE (le comte Louis de), né en 1755 à Colorno (Parme), d’une illustre famille française, m. en 1813, entra de bonne heure au service, adopta les idées de 89 et fut quelques mois ministre de la guerre (de décembre 1791 à mars 1792) ; mais, s’étant opposé au mouvement révolutionnaire, il fut décrété d’accusation après le 10 août. Il s’enfuit à Londres, d’où il écrivit en faveur de Louis XVI un Mémoire justificatif qu’il envoya à la Convention. De retour à Paris en 1800, il reprit du service peu d’années après et suivit Napoléon comme aide de camp en Russie. Nommé ambassadeur à Vienne en 1813, il prit part au congrès de Prague, puis alla négocier à Torgau. M. Villemain a donné une intéressante étude sur M. de Narbonne dans ses Souvenirs contemporains.

NARCISSE, fils du fleuve Céphise et de la nymphe Liriope, était d’une beauté remarquable. Après avoir méprisé l’amour de la nymphe Écho, il devint amoureux de sa propre image, qui était reflétée par les eaux, et, de chagrin de ne pouvoir la posséder, se noya dans la source où il l’apercevait. Malfilâtre a fait de cette fable le sujet d’un petit poëme.

NARCISSE, affranchi et favori de Claude, amassa d’immenses richesses, qui furent surtout le produit des confiscations. Messaline, jalouse de son influence, ayant voulu le perdre, il dénonça ses débordements et provoqua sa chute. Agrippine réussit à le faire exiler, et il se tua de désespoir, en 54 de J.-C.

NARCISSE (S.), apôtre d’Augsbourg, fêté le 5 août.

NARDI (Jacques), historien florentin, 1476-1555, a écrit en italien une Histoire de Florence, qui va de 1494 à 1531, Florence, 1580 ; il s’y montre républicain ardent. On lui doit aussi une traduction de Tite-Live, et une comédie, l’Amicizia, où l’on trouve le premier modèle de vers sciolti (vers libres).

NARDINI (Famiano), archéologue italien, né vers 1600 à Capri, m. en 1661, a laissé, en italien, sous le titre de Roma antica, une étude topographique ; archéologique et monumentale sur Rome ancienne, qui n’a été publiée qu’en 1666 (Rome, 1 vol. in-4o), par les soins de Falconieri, et que Grævius a insérée dans son Thesaurus antiquitatum Romanarum, en le traduisant en latin.

NARDO, Neritum, v. d’Italie (Terre d’Otrante), à 24 kil. S. de Lecce ; 3500 hab. Évêché.

NARENTA, Narona, v. de la Turquie d’Europe (Bosnie), sur la Narenta, à 24 kil. S. O. de Mostar ; 500 maisons. Jadis puissante. Habitée au Xe s. par des pirates que les Vénitiens exterminèrent en 987. – La Narenta a sa source en Bosnie, près de Mostar, coule à l’O. et au N., et se jette dans l’Adriatique près d’Opus en Dalmatie.

NARISHKINE, illustre famille russe, est alliée à la maison régnante, le czar Alexis Ier ayant épousé en 1671 Nathalie Narishkine, jeune fille de sang noble et d’une grande beauté, qui devint mère de Pierre le Grand. Persécutée sous la régence de la princesse Sophie, la famille Narishkine jouit au contraire de toute la faveur de Pierre le Grand et de ses descendants. Alexandre N., mort à Paris en 1826, fut l’ami de l’empereur Paul Ier, qui l’appelait son oncle ; il réunit les fonctions de grand chambellan, de chancelier et de grand maréchal de la noblesse. Longtemps chargé de la direction des théâtres, il attira à St-Pétersbourg les premiers artistes de l’Europe, surtout les artistes français.

NARNI, Narnia, v. d’Italie, dans les anciens États romains (Spolète), sur la Nera (jadis Nar), à 65 kil. N. de Rome ; 3500 hab. Évêché, cathédrale ; ruines d’un pont romain ; aqueduc. Patrie de Nerva.

NARSÈS, général byzantin, natif de Perse. D’abord chargé, comme eunuque, des plus humbles fonctions dans le palais, il devint chambellan, puis trésorier de Justinien I ; remplit avec succès plusieurs missions diplomatiques, et alla en 540 seconder ou surveiller Bélisaire dans la guerre contre les Goths. Il contribua à faire débloquer Ariminum, mais, en se séparant de Bélisaire, il causa la perte de Milan. En 552, il revint en Italie avec le titre de général en chef, remporta sur Totila, à Tagina (552), puis sur Teïa, à Nocera (553), deux victoires décisives ; battit aussi Leutharis et Bucelin, chefs des Germains qui étaient venus au secours des Goths, et resta maître de l’Italie, dont le gouvernement lui fut confié (554). Il réorganisa l’administration, rétablit l’ordre, releva des villes, mais se fit haïr par ses mesures fiscales. Rappelé avec insulte par Sophie, femme de Justin II, et remplacé par Longin, il s’en vengea, dit-on, en attirant les Lombards en Italie. Cependant le pape Jean III l’avait fait consentir à reprendre les armes contre les barbares, quand il mourut à Rome, en 568.

NARSÈS, roi sassanide de Perse de 296 à 303, battit Maximien Galère en 301 et s’empara de la Mésopotamie ; mais il fut défait à son tour l’année suivante, et dut céder à l’empire romain, outre la Mésopotamie, cinq provinces au delà du Tigre.

NARUSCEWICZ (Stanislas), historien et poète polonais, né en 1733 en Lithuanie, mort en 1796, était jésuite et professa l’éloquence à l’académie de Vilna. Il plut au roi Poniatowski, qui, après la suppression des Jésuites, le nomma grand notaire de Lithuanie, coadjuteur de Smolensk, enfin évêque de Luck (Volhynie). On lui doit une excellente Histoire de la nation polonaise (17 vol.), qui s’arrête en 1386 ; une Hist. des Tartares de la Crimée, 1797 ; une Traduction de Tacite, et des Poésies, des Fables, etc.

NARVA, v. forte et port de Russie d’Europe (St-Pétersbourg), sur la Narva, à 13 kil. de l’emb. de cette rivière dans le golfe de Finlande, et à 140 kil. S. O. de St-Pétersbourg ; 6000 hab. Cuirs, chanvre, in, bois, grains. — Brûlée en 1659 et en 1773. En 1700 Charles XII, avec 9000 Suédois, y battit 60 000 Russes. La v. fut prise d’assaut en 1704 par Pierre le Grand. — La Narva sort du lac Peipous, et se jette dans le golfe de Finlande après un cours de 100 k. Cascades.

NASAMONS, peuple nomade de la Libye, au s. de la grande Syrte, résidait tantôt sur les côtes, tantôt dans le désert, et servait d’intermédiaire au commerce entre Carthage et l’Égypte. Il fut soumis par les Romains en même temps que la Cyrénaïque, et fit nominalement partie de l’empire.

NASBINALS, ch.-l. de cant. (Lozère), à 27 kil. N. O. de Marvejols ; 1195 hab. Serges, fromages.

NASEBY, vge d’Angleterre (Northampton), à l’O. de Rothwell. Les troupes du parlement, commandées par Fairfax et Cromwell, y remportèrent une victoire décisive sur Charles I le 14 juin 1645.

NASER (ABOUL HAÇAN), 3e prince de la dynastie des Samanides en Perse, succéda, à l’âge de huit ans à son père Ahmed, assassiné (914 de J.-C.) ; fut affermi sur le trône par son vizir Abou-Abdallah-Mohammed et son général Hamouyah, et sut, par sa clémence, sa justice, sa libéralité, son amour pour les lettres et les sciences, mériter d’être placé au rang des plus grands monarques. Il mourut en 943.

NASHVILLE. v. des États-Unis, capit. de l’État


de Tennessee, sur le Cumberland, à 260 kil. O. de Lexington ; 20 000 h. Évêché catholique, musée, bibliothèque, université ; maison pénitentiaire.

NASIUM, v. de. Gaule, chez les Leuci, à l’O. est auj. Naix (Meuse). On a cru à tort que c’était Nancy.

NASSAU, v. de l’Empire allemand (Prusse), sur la Lahn, à 35 kil. N. E. de Wiesbaden ; 1600 hab. Aux env., ruines du château de Nassauberg, berceau des comtes de Nassau.

nassau (Duché de), autrefois État de la Confédération germanique, auj. province de la Prusse (depuis les agrandissements de cette puissance en 1866) : 105 kil. du N. au S. sur 75 de l’E. à l’O. ; 431 549 h. ; capit., Wiesbaden. Il est traversé par la chaîne du Westerwald, et arrosé par la Lahn, le Main, le Sieg, le Rhin. Industrie peu développée. Mines de fer, plomb, cuivre, argent ; sources minérales, vastes forêts. Avant son annexion à la Prusse, ce duché avait une voix partagée avec le duché de Brunswick aux diètes ordinaires et 2 pour lui seul à l’assemblée générale. — Le pays de Nassau, occupé d’abord par les Alemani, puis par les Francs, fit partie de l’empire franc, ensuite du royaume de Germanie. La maison de Nassau fait remonter son origine à un frère de Conrad I, de Franconie, roi de Germanie en 911. Walram I (mort en 1020) et Walram II (m. en 1068) commencent à proprement parler la famille souveraine de Nassau. À la mort d’Henri le Riche (1254), elle se divisa en deux lignes, la Walramienne et l’Ottonienne. Celle-ci, qui règne auj. sur la Hollande, hérita en 1530 de la principauté d’Orange qui appartenait à la maison de Challon, et depuis ce temps les princes de cette branche ont porté le titre de princes d’Orange (V. ce nom). La ligne Walramienne, après avoir fourni un empereur, Adolphe de Nassau (1293-1298), se subdivisa en branchés nombreuses, qui toutes se réduisirent à une seule, en 1605, sous Louis II. Cette dernière se fractionna de nouveau en Nassau-Saarbruck, N.-Idstein, N.-Weilbourg. La 2e cessa en 1721 ; de la 1re sortirent deux rameaux, dits Saarbruck et Saarbruck-Usingen, qui s’éteignirent en 1797 et 1816. La 3e branche, Nassau-Weilbourg, représente donc depuis 1816 toute la ligne Walramienne, et en réunit toutes les possessions. — Les ducs de Nassau s’agrandirent beaucoup sous les Hohenstaufen. Walram I et Robert II suivirent Frédéric I à la 3e croisade ; l’empereur Adolphe de Nassau acheta les margraviats de Misnie et de Lusace ; mais il s’attira par là des querelles qui finirent par lui coûter l’empire et la vie. Ses descendants durent à des mariages les comtés de Saarbruck et Saarwerden et de nombreuses seigneuries. Un d’eux fut créé par Charles IV prince d’empire, titre qui leur fut confirmé en 1688 et en 1737. En 1806, les deux Nassau régnants alors (Nassau-Usingen et Nassau-Weilbourg) furent des premiers à signer la Confédération du Rhin. En 1814, ils obtinrent voix et séance à la diète. Depuis 1866, le Nassau, réuni à la Prusse, y forme le district de Wiesbaden.

NASSAU (Adolphe de), empereur. V. ADOLPHE.

nassau (Guillaume I de), le Taciturne, fils du comte de Nassau Guillaume le Vieux, naquit en 1533, eut de l’héritage paternel les Pays-Bas, et y joignit la principauté d’Orange (1544), dont il hérita par la mort de son oncle René de Nassau. Il se distingua comme stathouder de Hollande de Zélande et d’Utrecht soit à l’armée soit dans diverses missions ; fomenta en secret les troubles provoqués par les mesures impolitiques de Philippe II, et fut le véritable auteur du compromis de la noblesse, en 1565. Il se démit de ses charges en 1567, à l’approche du duc d’Albe, se retira à Dillenbourg, se déclara protestant, se mit à la tête des Hollandais révoltés et envahit la Frise : il organisa les Gueux de mer, qui formèrent une marine redoutable (1572) ; prit Middelbourg, et fut nommé par les insurgés comte de Hollande et de Zélande (1574). Il fut un instant sur le point d’unir les provinces méridionales ou catholiques à celles du nord, mais ne put triompher de rivalités provinciales qui aidèrent Alexandre Farnèse à ramener les premières à l’Espagne ; il put du moins former l’Union d’Utrecht, origine de la République des Provinces-Unies (1579). Sa tête ayant été mise à prix par Philippe II, il périt assassiné à Delft par Balthazar Gérard (1584). Guillaume était gendre de Coligny. L’hist. de G. de Nassau a été écrite par Amelot de la Houssaye.

NASSAU (Maurice de), fils du précédent, né en 1567, m. en 1625, étudiait à Leyde quand son père fut tué (1584). Il fut aussitôt élu président du conseil d’État de l’Union, et, deux ans après, quoique à peine âgé de 20 ans, fut nommé, par l’influence de Barneveldt, capitaine général et amiral des provinces de Hollande et de Zélande ; il obtint les mêmes titres de celles de Gueldre, d’Utrecht, d’Over-Yssel, en 1589 et 90. Il justifia cette confiance par les brillantes campagnes de 1590, 91, 92, contre les troupes espagnoles et conclut en 1596 avec la France et l’Angleterre l’alliance offensive et défensive dite de La Haye. Par les victoires de Turnhout (1597), de Nieuport (1600), par la prise de Rheinberg (1597 et 1601), de Grave et de l’Écluse (1601 et 1604), il contribua puissamment, malgré quelques avantages obtenus par l’Espagne, au triomphe de l’indépendance hollandaise, mais il fut arrêté dans ses succès par la trêve d’Anvers (1609), conclue à l’instigation de Barneveldt. Maurice aspira dès lors au pouvoir absolu : malgré la vive résistance de Barneveldt et de Grotius, il fit sanctionner, par le synode de Dordrecht (1618), toutes les mesures favorables à son ambition, et condamner à la mort, à l’exil ou à la perte de leurs biens les chefs de l’opposition (1619), entre autres Barneveldt, qui périt sur l’échafaud. Il reprit en 1621 la guerre avec l’Espagne, mais ne put ni faire lever le blocus de Bréda par Spinola (1624), ni prendre Anvers (1625). Maurice, était un des premiers capitaines de son époque, mais il a laissé la réputation d’un ambitieux froid et cruel.

nassau (H. Frédéric de), prince d’Orange, frère du préc., né en 1584, lui succéda en 1625 comme stathouder, capitaine et amiral général de l’Union, s’empara de Bois-le-Duc en 1629, échoua dans une tentative sur Dunkerque (1631), mais prit Maestricht (1632), Skink (1636), Bréda (1637), Gennep, Sas-de-Gand (1640), Hulst (1645, et mourut en 1647, après avoir accéléré la reconnaissance par l’Espagne elle-même de l’indépendance des Provinces-Unies (1648). Égal à son frère pour les talents militaires, il le surpassa en prudence et en pénétration.

nassau (Guillaume II de), prince d’Orange, fils du préc., né en 1626, succéda à son père en 1647, et vit l’indépendance des Provinces-Unies reconnues par l’Europe au traité de Westphalie. Il se fît donner par les États généraux, à 4 voix contre 3, une autorité dictatoriale, mais il fut bientôt obligé de la déposer par suite du triomphe momentané du parti républicain. Il se lia ensuite avec Louis XIV pour partager les Pays-Bas catholiques avec la France, mais il mourut en 1650, avant que ce plan eût pu être mis à exécution. Après lui, le stathoudérat cessa pour quelque temps d’appartenir à la maison de Nassau. Ce prince avait épousé une fille du roi d’Angleterre Charles I et fut père de Guillaume III.

nassau (Guillaume III de), prince d’Orange. V. GUILLAUME III, roi d’Angleterre.

nassau (Guillaume IV et V de), stathouders de Hollande (1747-51 et 1751-1795). V. HOLLANDE.

nassau-siegen (Jean-Maurice, prince de), né en 1604, capitaine général des possessions hollandaises au Brésil en 1636, enleva pendant son séjour au Brésil beaucoup de places aux Portugais. Il a laissé 2 vol. in-fol. représentant les animaux remarquables de l’Amérique du Sud, dessinés et enluminés de sa main. Ces deux vol. sont à la Bibliothèque impér. de Paris.

nassau-siegen (Ch. H. Othon, prince de), né en 1745, m. en 1805, vint en France sous le titre de


prince de Nassau, entra au service de Louis XV, fit avec Bougainville le voyage autour du monde (1766), et fut à son retour promu colonel d’infanterie. Il se mit à la solde de l’Espagne lors du siège de Gibraltar (1782), et reçut pour prix de son courage, outre une riche dotation, la grandesse et le grade de major général. Il passa ensuite au service de la Russie, reçut le titre d’amiral, détruisit la flotte turque (1788) près d’Otchakov et battit les Suédois à Svenksund (1789) et à Borgo (1790), mais il se retira du service après avoir subi un échec naval devant Viborg (1790). On contesta à ce seigneur le droit de porter le titre de prince de Nassau, parce que son père, Maximilien-Guillaume, était fils adultérin.

NASSER-LEDINILLAH, 34e calife abbasside (1180-1225), établit à Bagdad une excellente police, fonda des mosquées et des collèges, recula les frontières de son empire et laissa d’immenses richesses. Il eut à lutter contre Mohammed, sultan de Kharizm, et reconnut Saladin comme sultan d’Égypte.

NASSER-MOHAMMED (Mélik-al-), 9e sultan mamelouk d’Égypte, de la dynastie des Baharites (1293-1341), vit pendant plusieurs années son règne troublé par les usurpations de Ketbogha, de Ladjyn (1295-1299) et de Bibars (1309), eut aussi à soutenir des guerres sanglantes à l’extérieur ; mais triompha de tous ses ennemis, et étendit sa domination jusqu’à Malatiah et Anah sur l’Euphrate. Ce prince couvrit l’Égypte de digues, de routes, de canaux, de beaux monuments, et encouragea l’agriculture et les arts. Il institua en 1318 des courses de chevaux et rédigea un Traité d’hippiatrique, qui a été publ. et trad. en français par le Dr Perron, 1853.

NASSIRABAD, v. de l’Inde. V. DAROUAR.

NASSIR-EDDYN, dit Al-Thoussi, parce qu’il était de Thous, célèbre astronome persan, né en 1201, m. en 1274. Il avait étudié toutes les sciences, mais il fut surtout un astronome et un mathématicien du premier ordre, ce qui le fit comparer par les Arabes à Ptolémée. Il perfectionna plusieurs instruments de mathématiques et composa les Tables ilkhaniennes, qui renferment le résultat de ses observations astronomiques et de celles qui avaient été faites avant lui. De cet ouvrage a été tirée la Table des longitudes et des latitudes publiée en latin par Greaves, Lond., 1652.

NATAL, v. forte du Brésil, ch.-l. de la prov. de Rio-Grande, sur le Rio-Grande, à 3 kil. de son emb. ; 10 000 hab. Port de commerce très-actif.

NATAL (Côte de), partie de l’Afrique orientale qui s’étend de 32° 15’à 28° 45’lat. S., tire son nom d’une rivière qui se jette dans la mer des Indes, et près de l’emb. de laquelle est Port-Natal (V. ce nom). Ce pays, colonisé en 1824 par les Boers, hollandais d’origine, est depuis 1844 sous la domination anglaise.

NATALIS COMES. V. CONTI (Noël).

NATCHEZ, peuplade indigène des bords du Bas-Mississipi, jadis puissante, fut presque anéantie en 1730 par les Français, désireux de venger le massacre de leurs colons. Chateaubriand a immortalisé cette peuplade dans son poëme des Natchez. — Elle a donné son nom à une ville des États-Unis (Mississipi), située sur la r. g. du Mississipi, à 200 kil. N. O. de la Nouv-Orléans ; 9000 hab. Évêché catholique, grande école publique ; grand entrepôt de cotons.

NATHAN, prophète juif, reprocha à David son adultère et le meurtre d’Urie, et lui prédit qu’en punition de son crime, l’honneur de construire le temple serait réservé à son fils Salomon.

NATHANAEL, un des 72 disciples de J.-C. On le croit le même que S. Barthélémy. V. BARTHÉLEMY.

NATIVITÉ. L’Église célèbre le 25 déc la Nativité de J.-C., vulgairement Noël ; — le 8 sept., celle de la Ste Vierge ; — le 24 juin, celle de S. Jean-Baptiste.

NATOIRE (Charles), peintre, élève de Lemoine, né à Nîmes en 1700, m. en 1777, fut élu membre de l’Académie de peinture en 1734 et dirigea l’Académie de France à Rome pendant 20 ans, C’est de son école que sortit Vien. Ses peintures les plus estimées ornaient le premier étage du château de Versailles et l’hôtel Soubise. Natoire brille surtout par le dessin, mais il a les défauts de l’école du temps, qui s’éloignait fort de la nature.

NATRON (vallée de), Nitriotes nomos, dans la Basse-Égypte, à 69 kil. O. du Caire : elle a 110 kil. du N. O. au S. E., et renferme sept lacs d’où l’on tire une grande quantité de natron (carbonate de soude).

NAU l’OLONNAIS. V. OLONNAIS (l’).

NAUCELLE, ch.-l. de c. (Aveyron), à 28 k. S. O. de Rhodez 1300 hab.

NAUCLERUS (J. VERGEN, dit), chroniqueur, né vers 1430 en Souabe, m. vers 1510, professeur, puis chancelier de l’Université de Tubingue, a laissé une Chronique en latin, qui va depuis Adam jusqu’en 1400, Tubingue, 1501, fol., Cologne, 1564, 2 vol. in-fol.

NAUCRATIS, auj. Fouah ou Rahmanyeh, v. de l’Égypte-Inf., sur la branche Canopique du Nil. Patrie des grammairiens J. Pollux et Athénée. Son port était le seul auquel, sous les Pharaons, il fût permis aux navires étrangers d’aborder. Les Grecs y eurent leur premier établissement permanent en Égypte.

NAUDÉ (Gabriel), bibliographe, né à Paris en 1600, m. 1653, fut médecin de Louis XIII, puis bibliothécaire de Mazarin. Il mourut à Abbeville en revenant d’un voyage en Suède, où l’avait appelé Christine. Ses principaux écrits sont : Apologie pour les grands hommes faussement accusés de magie, Paris, 1625 ; Avis pour dresser une bibliothèque, 1627 ; Addition à l’histoire de Louis XI, 1630 ; Bibliographia politica, Venise, 1633 ; Considérations politiques sur les coups d’État. Rome, 1639. Il existe, sous le titre de Naudeana (Amsterdam, 1703), un recueil d’anecdotes tirées de ses conversations.

NAUHEIM, bg de la Hesse-Darmstadt, sur l’Use, au pied du Johannisberg, à 34 kil. N. N. O. d’Hanau ; 1500 hab. Sources et bains d’eaux salées ; salines produisant annuellement 17 000 quintaux.

NAULOQUE, Naulochus, v. et port de la Sicile ancienne, au N. E., près du cap Pélore, est célèbre par la victoire décisive qu’y remporta l’an 36 av. J.-C. la flotte d’Agrippa sur celle de Sextus Pompée.

NAUMACHIE, combat naval simulé. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

NAUMBOURG, v. des États prussiens (Saxe), ch.-l. de cercle, sur la Saale, à 31 k. S. O. de Mersebourg, 14 000 h. Jadis évêché souverain ; cour d’appel. Établissements de bienfaisance et d’instruction publique, entre autres la célèbre école de Pforta ; soc d’antiquités nationales. Toiles, bonneterie, amidon.

NAUPACTE, Naupactus, auj. Lépante, v. et port de la Grèce ancienne, en Locride, sur la côte, fut prise par les Athéniens, qui, après la 3e guerre de Messénie, y établirent les fugitifs Messéniens (456 av. J.-C). Elle tomba après la bat. d’Ægos-Potamos au pouvoir des Spartiates qui la rendirent aux Locriens ; fut conquise en 342 par Philippe et donnée aux Étoliens, sur qui les Romains la prirent en 191.

NAUPLIE, Nauplion, nom de 2 villes de Morée.

La 1re, Nauplie de Malvoisie en italien, Napoli di Malvasia, dite aussi Monembasie (mot dont Malvoisie paraît être une corruption), est située sur la côte orientale, à 53 kil. S. E. de Mistra, sur la petite île de Minoa, réunie au continent par un pont ; 6000 hab. Évêché grec. Excellent vin dit de Malvoisie qu’on récolte aux environs. Près de là, ruines d’Epidaurus Limera (auj. Vieille-Malvoisie) ; restes d’un temple d’Esculape. – Nauplie devint principauté lors de la création de l’empire latin ; Michel Paléologue s’en empara bientôt après, mais les Vénitiens la lui enlevèrent ; Soliman la prit sur eux en 1540, mais ils la reprirent en 1690 et la gardèrent jusqu’en 1715. Comprise auj. avec toute la Morée dans le roy. de Grèce, elle est le ch.-l. de l’éparchie de Monembasie.

La 2e, Nauplie ou Napoli de Romanie, est à 40 kil. S. de Corinthe, sur une langue de terre, au fond du golfe de Nauplie (anc. golfe d’Argos) ; 12 000 hab. Archevêché grec, tribunaux, gymnase. Citadelle et mu-


railles très-fortes. Commerce de blé, huile, vin, soie, éponges, coton, laine, miel, cire, tabac, etc. Marais aux environs. - Cette ville était jadis le port d’Argos. Les Turcs la prirent en 1715 ; les Grecs insurgés la reprirent en 1822. En 1823, Ibrahim-Pacha l’assiégea vainement. Elle fut jusqu’en 1834 la capit. du nouv. roy. de Grèce ; elle est auj. le ch.-l. de la nomarchie d’Argolide-et-Corinthie. Il y éclata en 1862 une insurrection militaire, bientôt suivie de la chute du roi Othon.

NAUPLIUS, roi d’Eubée, un des Argonautes et père de Palamède. Son fils ayant péri victime des intrigues d’Ulysse, il voulut venger sa mort sur ce héros et sur les Grecs et dans ce but alluma de grands feux parmi des écueils pour les y attirer : beaucoup de vaisseaux grecs vinrent en effet y échouer ; mais Ulysse ayant, échappé, Nauplius se jeta à la mer de désespoir.

NAUSICAA, fille d’Alcinoüs, accueillit Ulysse lors de son naufrage dans l’île des Phéaciens.

NAUVOO, v. des États-Unis (Illinois), sur le Mississipi, aux confins de l’Iowa. Fondée en 1840 par les Mormons qui y construisirent un temple célèbre, mais qui en furent expulsés en 1846 ; occupée depuis 1848 par Cabet et ses disciples qui en firent la capitale de l’Icarie et tentèrent, mais sans succès, d’y réaliser leur système de communisme. La population qui, sous les Mormons, avait atteint 18 000 âmes, est auj. réduite à 2000.

NAVAILLES (Phil. DE MONTAUT DE BENAC, duc de), maréchal de France, né en 1619, m. en 1684, débuta en Italie et fut blessé au siège de Crémone ; combattit les Frondeurs dans l’Orléanais et l’Anjou ; remplaça le duc de Modène en 1652 dans le commandement des troupes françaises en Italie ; fut envoyé au secours de Candie en 1669, mais n’y obtint aucun succès, et fut, à son retour, exilé pour trois ans dans ses terres. Rappelé à l’activité en 1674, il prit une part active et glorieuse à la 2e conquête de la Franche-Comté ; il commanda l’aile gauche à Senef et y gagna le bâton de maréchal (1675) ; enfin, il prit Figuières en Catalogne (1676). Après la paix de Nimègue, il fut nommé gouverneur du duc de Chartres (depuis régent). Il a laissé des Mémoires, qui vont de 1635 à 1683, Paris, 1701. - Sa femme, la duchesse de Navailles, fut admise dans l’intimité d’Anne d’Autriche et du cardinal Mazarin, Dame d’honneur de Marie-Thérèse et surveillante, des filles d’honneur, elle perdit cette charge à cause de sa trop grande vigilance, qui contrariait les intrigues de Louis XIV.

NAVARETTE, Navarrete, Bg d’Espagne (Burgos), à 11 kil. O. de Logrono ; 2200 hab. Couvent, hôpital. Duguesclin fut pris en 1367 entre Navarette et Najera, dans une bataille que Henri de Transtamare perdit contre son frère Pierre le Cruel et le prince Noir.

NAVARETTE (le Père), missionnaire dominicain espagnol, né en Castille vers 1620, m. en 1689, séjourna en Chine de 1659 à 1672, y eut de vifs démêlés avec les Jésuites, et fut à son retour nommé archevêque de St-Domingue. Il a écrit en espagnol un Traité historique, politique, moral et religieux de la Chine, qui est estimé (Madrid, 1576).

navarette (Juan Fernandez), surnommé el Mudo (le Muet), peintre espagnol, né à Logrono en 1526, m. a Séville en 1579, avait perdu l’usage de la parole dès l’âge de 3 ans. Cette infirmité ne l’empêcha pas de manifester de bonne heure un goût très-décidé pour la peinture et d’y réussir. Il alla se former en Italie et fut élève du Titien. De retour en Espagne, il fut nommé peintre du roi Philippe II (1568) ; il travailla presque exclusivement pour l’Escurial. Le plus remarquable de ses tableaux représente Abraham au milieu des trois anges. Unissant la grâce à l’énergie, cet artiste sut allier les tons vigoureux du Titien et les nuances charmantes du Corrége.

NAVARIN, Neo-Castron en grec moderne, v. et port du roy. de Grèce, en Morée (Messénie), sur la côte O., à 100 kil. S. O. de Tripolitza ; 2000 hab. Insurgée contre les Turcs, elle fut assiégée en 1825 par Ibrahim pacha et capitula. La flotte turco-égyptienne fut détruite à Navarin le 20 oct. 1827 par les flottes combinées de France, d'Angleterre et de Russie. — Aux env. et au N. O. est Vieux-Navarin, bâti sur l'emplacement de l'ancienne Pylos.

NAVARRE (du basque Navarros, habitants des pays plats), anc. royaume, auj. capitainerie générale de l'Espagne au N., entre 41° 54'-43° 18' lat. N. et 3°-4° 46' long. O., est bornée au N. par la France, dont elle est séparée par les Pyrénées, à l'E. et au S. par l'Aragon, au S. O. par la prov. de Soria, à l'O. par celle d'Alava, et au N. O. parcelle de Guipuscoa : 150 kil. sur 130; 236 000 hab. ; ch.-l., Pampelune. La chaîne des Pyrénées couvre cette province, qui est traversée par l'Èbre et la Bidassoa. Belles forêts, sol fertile en blé, maïs, orge, avoine, châtaignes et légumes; vins estimés ; industrie assez active en draps, toiles, étoffes de laine, papier, savon et liqueurs; mines de fer, plomb, cuivre, sel. — La Navarre fut peuplée par les Basques ou Vascons (les Vaccéens de Pline). Cette contrée fut successivement envahie par les Romains, dont elle resta longtemps la fidèle alliée, par le Suèves, les Visigoths, les Arabes. En 778, Charlemagne la soumit ainsi que tous les pays voisins jusqu'à l'Èbre. La Navarre s'étendait à cette époque sur les deux versants des Pyrénées. Louis le Débonnaire, alors roi d'Aquitaine, donna le gouvernement de la Navarre au comte Aznar, qui s'y rendit indépendant en 831, et dont le fils Garcie Ximénès prit le titre de roi en 860. L'indépendance de la Navarre fut proclamée à la diète de Tribur (887), et le titre de roi fut reconnu à Garcie et à ses successeurs. A la mort de Sanche III (1035), ce royaume, qui comprenait alors tout le N. E. de l'Espagne, se partagea en trois royaumes : Navarre, Castille, Aragon. En 1076, Sanche IV, roi de la Navarre, fut détrôné par Sanche Ramire, roi d'Aragon, son cousin, qui réunit les deux couronnes et les transmit à ses successeurs. A la mort d'Alphonse I (1134), la Navarre redevint un roy. séparé. En 1234, Thibaut de Champagne, fils de l'héritière de Navarre, commence une nouvelle dynastie. Le mariage de Jeanne I, reine de Navarre, avec Philippe le Bel (1285) unit ce pays à la France. En 1328, sa petite-fille Jeanne, exclue du trône de France par la loi salique, garda la Navarre,qui depuis passa successivement aux maisons d'Évreux, de Foix, d'Aragon, d'Albret. En 1512, Ferdinand le Catholique, roi de Castille et d'Aragon, enleva à Jeanne d'Albret toute la Haute-Navarre, qui est toujours restée depuis à l'Espagne, ne lui laissant que la partie de la Navarre située au Nord des Pyrénées ou Basse-Navarre. Celle-ci passa dans la maison de Bourbon par le mariage de Jeanne d'Albret avec Ant. de Bourbon. Henri III de Bourbon, fils d'Antoine, roi de Navarre, étant monté sur le trône de France en 1589, sous le nom de Henri IV, ses successeurs ajoutèrent le titre de roi de Navarre à celui de roi de France.

Souverains de la Navarre.

Rois de Navarre. Jeanne I, 1274
Garcie I Ximénès, 857 Rois de France et de Navarre.
Fortunio, 880 Philippe le Bel, 1285
Sanche I, 905 Louis le Hutin, 1305
Garcie II, 926 Jean I, 1316
Sanche II, 970 Philippe le Long, 1316
Garcie III, 994 Charl. IV (I en Nav.), 1322
Sanche III, le Grand, 1001 Rois de Navarre.
Garcie IV, 1035 Jeanne II et Philippe d’Évreux, 1328
Sanche IV, 1054 Charles II le Mauvais, 1349
Rois d'Aragon et de Navarre. Charles III, 1387
Sanche V, 1076 Blanche, 1425
Pierre I, 1094 Jean, 1441
Alphonse I, 1104 Éléonore, 1479
Rois de Navarre. Fr. Phébus de Foix, 1479
Garcie V, 1134 Catherine de Foix, 1483
Sanche VI, 1150 (avec Jean d'Albret) 1494
Sanche VII, 1194 Henri II, 1517
Thibaut I (de la race des comtes de Champagne), 1234 Jeanne III d'Albret et Ant. de Bourbon, 1555
Thibaut II, 1253 Henri III (depuis Henri IV), 1572-1589
Henri I, 1270

NAVARRE FRANÇAISE ou BASSE-NAVARRE, démembrement de l'anc. roy. de Navarre, comprenait tout ce que Jean d'Albret et Catherine de Navarre, sa femme, purent recouvrer des États que Ferdinand le Catholique leur avait enlevés en 1512. Ce pays était borné à l'E. par le Béarn et la Soule, à l'O. par le Labour et avait pour ch.-l. St-Jean-Pied-de-Port.

NAVARRE-ET-BÉARN, grand gouvt de la France avant la Révolution, se composait de la Navarre française et du Béarn; ch.-l. général, Pau. Il a formé le dép. des Basses-Pyrénées.

NAVARRE (Château de), magnifique château situé à 2 kil. d’Évreux, avait été bâti en 1330 par Jeanne de Navarre, reconstruit en 1686, par Mansard, pour le duc de Bouillon, et donné en 1810 par Napoléon à l'impératrice Joséphine qui l'habita pendant deux ans après son divorce. Il a été détruit en 1836.

NAVARRE (Collège de), un des collèges de l'anc. Université de Paris, fondé en 1304 par Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, pour recevoir gratuitement de pauvres écoliers. Il acquit une telle réputation que plus tard les grands seigneurs et même les princes du sang y mirent leurs enfants. Ses bâtiments furent affectés par la Convention en 1794 à une École centrale et depuis à l'École Polytechnique.

NAVARRE (Pierre de), général espagnol, avait d'abord été simple matelot. Il prit du service sous le célèbre Gonzalve, perfectionna le procédé de la mine, emporta par ce procédé le château de l'Œuf à Naples (1503), fut en récompense fait noble et comte d'Alvetto. Chargé par Ximénès de commander une expédition contre les Maures d'Afrique, il y obtint quelques succès (1509). Étant passé en Italie (1511), il fut pris par les Français à la bataille de Ravenne (1512). Comme Ferdinand le Catholique ne payait pas sa rançon, il entra au service de la France, et se distingua aux batailles de Marignan et de la Bicoque. Mais, étant tombé dans la suite dans les mains des Espagnols, il fut conduit prisonnier à Naples et fut étranglé, dit-on, par ordre de Charles-Quint, dans ce même château de l'Œuf qu'il avait pris, 1528.

NAVARRENX, Beneharnum, ch.-l. de cant. (B.-Pyrénées), à 17 kil, S. d'Orthez, sur le Gave d'Oloron; 1400 h. Petite place de guerre, fondée en 1529.

NAVAS. Ce nom, qui veut dire plaines, est commun à beaucoup de lieux en Espagne. Le plus célèbre est Las Navas de Tolosa, à 48 k. N. de Jaen, où se livra une bat. plus connue sous le nom de Muradal.

NAVIER (H.), ingénieur, né à Dijon en 1785, mort en 1836, fut nommé en 1807 ingénieur ordinaire des ponts et chaussées dans le dép. de la Seine; en 1819, professeur de mécanique à l'école des Ponts et chaussées; en 1824, membre de l'Académie des sciences. Il construisit plusieurs ponts de chaînes sur la Seine, entre autres celui des Invalides ; mais il commit dans ce dernier travail des erreurs qui firent craindre pour la solidité du pont, et il fallut le démolir. On a de lui divers Mémoires, notamment sur la Flexion des lames et des plans élastiques, etc. Prony a donné une Notice biographique sur Navier, 1837.

NAVIGATEURS (Îles des), ou d'HAMOA, archipel de la Polynésie, au N. E. des îles Tonga, par 171-175° long. O., 13-15° lat. S., est très-fertile (la canne à sucre y croit spontanément). Les habitants sont adroits navigateurs, mais féroces. Bougainville en 1768, Lapérouse en 1787, ont visité ces îles : quelques compagnons de Lapérouse furent tués dans l'une d'elles, à la baie dite depuis baie du Massacre.

NAVIGATION (Acte de), acte du parlement anglais, promulgué par Cromwell en 1651, à la suite du refus que firent les Provinces-Unies de s'allier à l'Angleterre, alors en république, avait pour but d'exclure les étrangers des ports de l'Angleterre et d'assurer aux marins anglais le monopole du commerce des colonies avec la métropole. Cet acte d'une politique étroite a été aboli en 1849.

NAVILLE (Louis), écrivain pédagogiste de Genève, 1784-1846, fut d'abord pasteur, fonda en 1817 à Vernier, près de Genève, une institution ou il appliqua avec succès pendant 30 ans la méthode du P. Girard et composa plusieurs bons livres d'éducation et d'économie sociale : De l’Éducation publique, 1831, de la Culture de l'esprit et du cœur par la grammaire, 1845 ; De la Charité légale, ouvrage ou il combat ce mode de charité comme étouffant la charité privée. On lui doit la publication des Œuvres posthumes de Maine de Biran.

NAVIUS (Accius), augure. V. ACCIUS.

NAXOS, primitivement Strongyle, île du roy. de Grèce (Cyclades), dans l'Archipel, par 23° 35' long. E., 37° 7' lat. N., a env. 300 kil. carrés. Elle compte une trentaine de villages et a pour capitale Naxie, ville de 4000 h., située sur la côte N. O. Port, môle, château fort; deux archevêchés, un grec, un catholique. L'île est montueuse, très-fertile et riche en granit, en serpentin et surtout en terre d'émeri. — Naxos était anciennement célèbre par le culte qu'on y rendait à Bacchus. C'est dans cette île, déserte alors, que, selon la Fable, Ariadne fut abandonnée par Thésée et recueillie par Bacchus. Habitée d'abord par les Pélasges, puis colonisée par des Cariens, et plus tard par des Ioniens, cette île, après avoir été indépendante, fut soumise par Pisistrate au joug d'Athènes. Saccagée sous Darius I après la révolte d'Ionie, elle fit alliance avec Athènes lors de l'invasion de Xerxès; mais elle vit bientôt l'alliance se changer en protectorat. Elle dépendit ensuite successivement des Spartiates (après Ægos-Potamos), des Romains, des empereurs grecs, des Vénitiens, qui en firent un duché, des Ottomans, auxquels elle se donna en 1566 en haine des Latins. Elle prit part en 1821 à la guerre de l'Indépendance et fut comprise dans le roy. de Grèce : elle fait partie du nome des Cyclades.

NAXOS, v. de Sicile. V. TAUROMENIUM,

NAXUANA, v. de l'Arménie anc. F. NAKCHIVAN.

NAY, ch.-l. de cant. (B.-Pyrénées), à 17 kil. S. E. de Pau, sur le Gave de Pau; 3132 hab.

NAZARÉENS. On appelait ainsi : 1° ceux des Juifs qui, dans l'ancienne loi, s'engageaient soit pour un temps, soit pour la vie, à, observer la chasteté, l'abstinence des liqueurs fermentées et à conserver leur chevelure : tels furent Samson, Samuel et S. Jean-Baptiste; — 2° les premiers Chrétiens : ils reçurent ce nom par allusion à Jésus de Nazareth.

NAZARETH, Nasra en arabe, petite ville de Palestine, dans la Galilée (tribu de Zabulon), au N. O., sur une montagne, fut la résidence de la sainte famille jusqu'au baptême de Jésus. On y compte auj. env. 3000 hab., la plupart catholiques, plusieurs églises, entre autres celle de la Sainte Vierge, et un couvent de Franciscains. En 1187, 500 Français s'y battirent contre une armée de Sarrasins. En 1799, Junot, avec 500 cavaliers, y mit en fuite, après un brillant combat, un nombre considérable de Turcs.

NAZIANZE, Nazianzus, anc. v. de Cappadoce, au S. Patrie de S. Grégoire de Nazianze.

NEAHG (LOUGH), lac d'Irlande (Ulster), baigne les comtés d'Antrim au N. et à l'E., d'Armagh au S., de Tyrone et de Londonderry à l'O.; 30 kil. sur 17; reçoit plusieurs cours d'eau, et communique avec la mer d'Irlande par un canal. Ce lac est fameux en Irlande par toutes sortes de traditions superstitieuses.

NÉANDER (Mich.), philologue allemand, élève de Mélanchthon, né à Sorau en 1525, m. en 1595, fut recteur des gymnases de Northusen et d'Ilfeld (Hanovre). Il a laissé plusieurs ouvrages de philologie, entre autres : Erotemata græcæ linguæ, Bale, 1553 ; Gnomologia græco-latina, 1557.

NÉANDER (J. Aug. Guill.), théologien protestant, un des chefs de l'école Piétiste, né à Gœttingue en 1789, mort en 1850, était d'abord juif. Il se convertit, embrassa la confession luthérienne, obtint une chaire de théologie à Heidelberg, puis à Berlin (1812), et se fit un nom par de savants écrits aussi bien que par son enseignement. On a de lui des biographies de Julien, de S. Bernard, de S. Jean Chrysostome, une Histoire des systèmes gnostiques, 1818, l’Anti-Gnostique, 1826; une Histoire générale de la religion et de l’Église chrétiennes, 1825-45, 7 v. in-8, ouvrage important, qui est son principal titre; une Histoire des Apôtres, 1832; la Vie de Jésus dans ses rapports avec l’histoire, 1837 ; enfin la Morale des philosophes grecs et la morale chrétienne, ouvrage trad. en français par Berthoud, 1860.

NEAPOLIS, c.-à-d. ville neuve, nom commun 1° à Naples, 2° à l'anc. Sichem, auj. Naplouse (Palestine), et à quelques, autres v. d'origine grecque.

NÉARQUE, amiral d'Alexandre le Grand, Crétois d'origine, est célèbre par le voyage qu'il fit depuis l'embouchure de l'Hydaspe dans l'Indus jusqu'à Babylone, et dont le but était d'explorer l'océan Indien. Son Journal, connu sous le titre de Périple de la mer Érythrée, existait encore au temps d'Arrien, qui en a donné des extraits dans ses Indiques. Il était rempli d'observations nautiques, géographiques et physiques sur les lieux que Néarque avait parcourus. W. Vincent a réuni les témoignages des anciens et discuté les opinions des modernes sur ce sujet, dans son Voyage de Néarque (en anglais), Londres, 1797, trad. en français par Billecoq, Paris, 1800.

NÉBO, auj. Attare, mont, de Palestine chez les Moabites, dans la chaîne des monts Abarim, à l'E. de la mer Morte. Moïse aperçut du haut de cette montagne la Terre-Promise, où il ne lui était pas permis d'entrer, et y mourut.

NÉBOUZAN, petit pays de l'anc. France, dans l'Armagnac et le Béarn, avait pour ch.-l. St-Gaudens. Il est auj. compris dans les dép, de la Hte-Garonne et des Htes-Pyrénées.

NÉBRASKA, riv. de l'Amérique du Nord, sort des Montagnes-Rocheuses vers 42° lat. N., coule de l'O. à l'E., séparé les Mandanes des Osages, et se jette dans le Missouri, par la r. dr. — Elle donne son nom à un nouveau Territoire des États-Unis, situé à l'O. de l’État de Missouri, et formé en 1854. Ce territoire compte 30 000 h. et a pour capitale Omaha-City.

NÉBRISSENSIS (ANT.), V. ANTOINE DE LEBRIXA.

NÉBRODES, montagnes du N. de la Sicile, s'étendaient de l'O. à l'E. de l'île.

NÉCESSITÉ, déesse allégorique des Païens, fille de la Fortune et mère de Némésis, est représentée tenant à la main de longues chevilles, des crampons, des coins de fer et un marteau. Elle avait un temple célèbre à Corinthe.

NÉCHAO I, roi d'Égypte (vers la fin du VIIIe s. av. J.-C.), fut tué dans un combat par Sabacon, roi d'Éthiopie. Il laissait un fils au berceau, Psammétique,

NÉCHAO II, fils de Psammétique, roi de 617 à 601 av. J.-C, commença un canal du Nil à la mer Rouge, fit avec succès la guerre contre Josias, roi des Juifs, qu'il battit à Mageddo, et contre Nabopolassar, roi d'Assyrie, mais fut battu à son tour à Circesium par Nabuchodonosor II, qui lui enleva ses conquêtes. On lui attribua les premiers travaux entrepris pour faire communiquer la Méditerranée et la mer Rouge par un canal. On prétend aussi qu'il fit faire un voyage d'exploration autour de l'Afrique.

NECKAR OU NECKER, Nicer, riv. d'Allemagne, naît dans le roy. de Wurtemberg, près de Spaichingen, coule au N., au N. E. et à l'O., traversant le Wurtemberg et le grand duché de Bade, et s'unit au Rhin près de Manheim, après un cours de 425 kil. — Dans le Wurtemberg, il donne son nom à un Cercle qui a pour ch.-l. Stuttgardt et qui compte 500 000 h.

NECKER (Jacques), ministre de Louis XVI, né à Genève en 1732, m. en 1804, vint jeune à Paris, et y fit fortune comme banquier ; fut nommé résident de Genève à la cour de France et syndic de la compagnie française des Indes ; publia quelques opuscules assez remarquables qui, avec la recommandation du marquis de Pezay, lui ouvrirent l’entrée du cabinet ; fut nommé en 1776 directeur général des finances, réalisa fort promptement des emprunts, établit un peu d’ordre dans les finances et prit, pour diminuer les charges publiques et le déficit du trésor, diverses mesures, dont la principale fut l’établissement des administrations provinciales, déjà imaginées par Turgot sous le nom de municipalités ; créa une Caisse d’escompte, qui fut l’origine de la Banque de France, et institua le Mont de Piété de Paris ; publia, cinq ans après, son Compte rendu au Roi, le premier ouvrage qui en France ait fait connaître au public les recettes et les dépenses du pays ; eut par suite à combattre de rudes oppositions, la routine, l’intérêt, les vanités froissées, et fut forcé de donner sa démission en 1781. Les fautes de ses successeurs Joly de Fleury, Calonne, Brienne, forcèrent Louis XVI à le rappeler en 1788. Il était fort populaire, mais détesté par la cour, dont les intrigues réussirent à le faire renvoyer par le roi le 11 juill. 1789. Son départ fut le signal d’une insurrection terrible : c’est alors que la Bastille fut prise. Necker fut rappelé encore une fois par Louis XVI ; mais bientôt, quoique fort libéral, il fut dépassé et se vit traité d’apostat dans les clubs. Se reconnaissant alors impuissant, il remit son portefeuille (1790) et se retira dans sa terre de Coppet (en Suisse). Ses Œuvres complètes, qui forment 17 vol. in-8, Paris, 1822, se composent de livres de politique, de finances et de philosophie, parmi lesquels on remarque : Éloge de Colbert (1775), Du pouvoir exécutif dans les grands États (1791), Dernières vues de politique et de finances (1802), De l’importance des idées religieuses ; Cours de morale religieuse (1800). Il eut pour fille la célèbre Mme de Staël-Holstein. — Mme Necker, son épouse (Suzanne Curchod de La Nasse), fille d’un ministre calviniste de Suisse, célèbre par sa beauté, son esprit, son instruction et sa bienfaisance, a fondé l’Hôpital Necker à Paris. Elle a aussi laissé des écrits distingués (Mélanges, publiés après sa mort).

NECKER DE SAUSSURE (Mme), V. SAUSSURE.

NÉCROPOLES, c.-à-d. Villes des Morts. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

NECTANÉBO, nom de deux rois d'Égypte : le 1er, qui régna de 375 à 363 av. J.-C, battit 20 000 Grecs commandés par Iphicrate et 200 000 Perses conduits par Pharnabazé; le 2e, petit-fils du préc. (363-350), fit alliance avec Agésilas qui l'aida à punir ses sujets révoltés; mais fut vaincu par Artaxerce-Ochus et obligé de s'enfuir en Éthiopie, où il mourut.

NECTAR, boisson des dieux. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

NÉDA, riv. du Péloponèse, descendait du mont Lycée, en Arcadie, coulait de l'E. à l'O., passait à Phigalée et se jetait dans le golfe de Cyparissia (Arkadia), après avoir séparé la Messénie de la Triphylie.

NEDJED ou NADJD, région d'Arabie, entre le Lahsa au N. E., l'Hedjaz à l'O., et les déserts au S. ; 300 000 h. Elle avait pour ch.-l. Derreyeh, qui fut détruite en 1819. Climat très-chaud, mais sain. Peu d'eau, sol aride et sablonneux. Habitants nomades pour la plupart. Chevaux, chameaux, gros bétail, moutons. C'est du Nedjed que sont sortis les Wahabites.

NEEDHAM (MARCHAMONT), publiciste anglais, né en 1620, m. en 1678, se signala par son talent, mais aussi par sa versatilité : il publia, de 1643 à 1660, un journal qui, à son nom de Mercurius, ajouta successivement les qualifications de Britannicus, Pragmaticus, Politicus, et qui fut tour à tour libéral, royaliste et indépendant. Après la suppression de ce journal (1660), il se livra à la médecine et à la chirurgie. On a de lui Medela medicinæ, 1665, livre plein de paradoxes.

NEEDHAM (Jean TURBERVILLE), physicien anglais, né à Londres en 1713, m. en 1781, est célèbre par des observations microscopiques dont il concluait la génération spontanée. Elles sont consignées dans ses New microscopical discoveries, 1745, trad. sous le titre de Découvertes faites avec le microscope, Leyde, 1747, et résumées dans l’Histoire naturelle de Buffon. Needham était prêtre catholique, et il réfuta quelques-unes des objections de Voltaire contre la religion, ce qui lui attira les sarcasmes de cet écrivain.

NÉEFS (Pierre), le Vieux, peintre d'Anvers, né vers 1570, m. en 1639, excella surtout dans la reproduction des monuments d'architecture et rendit la perspective d'une manière admirable. Son coloris est si transparent qu'on distingue jusqu'aux plus délicates moulures dans les ombres les plus épaisses. Téniers, Breughel de Velours, Sébastien et François Franck, et quelques autres artistes l'aidaient à exécuter les nombreux personnages qui figurent dans ses tableaux. Le musée du Louvre possède 5 de ses toiles. — Son fils, Pierre Martin Néefs, dit le Jeune, né à Anvers en 1601, m. en 1658, suivit ses traces et adopta son style, mais sans réussir à l'égaler.

NÉEL (Louis), écrivain, né à Rouen, m. en 1754, a laissé : Voyage de Paris à St-Cloud par mer et retour par terre, 1751, écrit burlesque souvent réimprimé; Hist. du maréchal de Saxe, 1752; Hist. de Louis, duc d’Orléans, fils du Régent, 1753.

NÉERLANDE, corruption de Neder-landen, Pays-Bas. V. PAYS-BAS.

NEFTÉ, déesse égyptienne, sœur et femme de Typhon, était, ainsi que son mari, malfaisante et stérile. On l'opposait à Isis et on voyait en elle la terre comme opposée au ciel, puis la terre aride, la terre libyque, comme opposée au sol fertile, à l'Égypte.

NEGAPATAM, v. forte de l'Inde anglaise (Madras, à 260 kil. S. E. de Madras, à 90 kil. S. de Pondichéry, Commerce actif. Bâtie par les Portugais; prise par les Hollandais en 1660, par les Anglais en 1781.

NEGOMBO (le Pays des serpents), v. de l'île de Ceylan, sur la côte O., à 30 k. N. de Colombo. Noix d'arec, bétel, café, poivre. Les Anglais la prirent en 1796.

NEGRAÏS, cap. de l'Empire birman, au S. O., par 16° 2' lat. N. et 91° 52' 45" long. E.

NEGREPELISSE, Nigrum palatium, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), sur l'Aveyron, à 20 kil. N. E. de Montauban, 3111 h. Station. Toiles de coton; vin et chanvre. Cette ville, jadis l'une des places fortes des Calvinistes, fut prise et brûlée par Louis XIII en 1622.

NÉGREPONT, l'anc. Eubée, l’Égribos des Turcs, île de la Méditerranée (Archipel), très-près de la côte N. E. de l'Hellade, dont elle est séparée par l'Euripe; elle a 172 kil. de long sur une largeur qui varie de 8 à 32; 68 000 hab.; ch.-l., Négrepont. Montueuse, fertile pourtant et renommée pour ses pâturages; riche en très-beaux marbres. — Cette île, occupée par les Vénitiens en 1210, leur fut enlevée par les Turcs en 1470, et fut prise en 1821 par les Grecs. Elle fait auj. partie du roy. de Grèce, dont elle forme une nomarchie sous son ancien nom d’Eubée.

NÉGREPONT, Chalcis, capit. de l'île, sur la côte O., à 57 k. N. d'Athènes; 6000 h. Vaste port; un pont met en communication l'île et le continent. Évêché grec Négrepont était sous les Turcs le ch.-l. d'un sandjakat qui comprenait, outre l'île, le S. E. de la Livadie.

NÈGRES ou NOIRS, nom donné vulgairement à tous les peuples de race éthiopienne, dont le trait le plus saillant est la couleur noire et luisante de la peau. Les Nègres on l'angle facial moins grand que les blancs, le crâne comprimé, le front déprimé, le nez épaté, les pommettes saillantes, les lèvres épaisses et pendantes, les cheveux crépus et laineux, les membres vigoureux ; ils exhalent une odeur particulière. Leurs religions ont pour base le fétichisme; leurs gouvernements sont despotiques ou aristocratiques : une espèce de féodalité s'y montre souvent. L'esclavage domestique est chez eux universellement établi ; eux-mêmes ils sont les pourvoyeurs les plus actifs des Européens. On compte que les trois quarts des Nègres sont esclaves. Cette race est regardée généralement comme inférieure à la race blanche ou caucasienne; mais cette opinion, qui a contre elle beaucoup de faits, ne pourrait dans aucun cas justifier les cruels traitements que les Européens leur ont trop longtemps fait subir. On trouve auj. des Nègres en grand nombre, non-seulement en Afrique, mais aussi dans l'Inde et surtout en Amérique, où pendant longtemps eux seuls ont pu se livrer aux durs travaux de la culture sous le soleil des tropiques. En s'unissant aux blancs, les Nègres donnent naissance à des mulâtres ou hommes de couleur. — On distingue dans la race nègre plusieurs grandes familles : les principales sont, dans l'Afrique centrale, les Ghiolofs, les Mandingues, les Foulahs ou Peuls, les Achantis, ceux de l'Haoussa, du Bournou, du Congo, etc. ; dans l'Afrique australe, les Hottentots, les Boschimens, les Cafres; dans l'Afrique orientale, les Gallas, ceux du Monomotapa, etc. On trouve une espèce particulière de la race nègre répandue dans la partie de l'Océanie qui a pris de là le nom de Mélanésie (du grec mélas, noir).

NEGRO (Rio), grande riv. de l'Amérique du S., prend sa source dans la Nouvelle-Grenade par 73° 20' long O., 1° 55' lat. N.; arrose cette république et celle de Vénézuela; entre dans le Brésil, et se jette dans l'Amazone par 30° lat. S., 62° 35' long. O., après un cours de 1300 kil. Elle reçoit, entre autres rivières, le Rio-Branco, le Jaguapuri, et communique par l'Orénoque avec le Cassiquiare. — Cette riv. donne son nom à une province du Brésil, formée en 1851 et qui a pour capit. Barra. — Plusieurs autres rivières d'Amérique portent ce nom, notamment un affluent de l'Uruguay qui traverse la république de l'Uruguay du N. E. au S. O., et un affluent de l'Atlantique qui sépare la confédération de la Plata de la Patagonie.

NÉGUS, nom des rois d'Abyssinie, dont auj. l'autorité n'est plus guère que nominale, les ras (vice-rois) ayant tout le pouvoir. Le Négus réside à Gondar.

NEHARDA, v. de Mésopotamie, dans une île de l'Euphrate, où les Juifs avaient une école célèbre.

NEHAVEND, v. de Perse (Irak-Adjémi), au S. de l'anc. Ecbatane, à 140 k. E. S. E. de Kermanchah, est célèbre par une victoire des Arabes sur les Perses, qui ruina l'empire des Sassanides (638).

NÉHÉMIE, Juif, né à Babylone dans le Ve siècle av. J.-C., pendant la captivité, devint échanson d'Artaxerce Longue-main, roi de Perse; obtint de ce prince la permission de rebâtir les murs de Jérusalem (445 av. J.-C), et réussit à accomplir cette grande entreprise, malgré l'opposition des ennemis de sa nation. Il fonda la grande synagogue et gouverna le peuple hébreu avec beaucoup de sagesse jusqu'à sa mort, arrivée en 424. On lui attribue le 2e des livres connus sous le nom d'Esdras.

NEHRUNG, V. FRISCHE-HAFF et CURISCHE-HAFF.

NEIPPERG (Wilh. REINHARDT, comte de), général autrichien, d'une famille ancienne de Souabe, né en 1684, m. en 1774, quitta le service pour diriger l'éducation du duc François de Lorraine (depuis empereur); fut nommé en 1733 feld-maréchal, couvrit la retraite des Autrichiens après la défaite de Krotska, et négocia la paix de Belgrade (1739), mais il fut battu à Molwitz par Frédéric II, roi de Prusse (1741). — Son petit-fils, Albert Adam de N., 1775-1829, se signala dans plusieurs campagnes contre les Français, et fut nommé en 1814 grand maître du palais de l'impératrice Marie-Louise, devenue duchesse de Parme. Il s'empara de l'esprit de cette faible princesse, qui s'unit à lui par un mariage morganatique et en eut plusieurs enfants. Le comte de N. avait été fait prisonnier par les Français en 1793 et avait perdu un œil pendant sa captivité.

NEISSE, nom commun à plusieurs riv. d'Allemagne, entre autres à deux affluents de l'Oder : l'une a sa source à Neudorf (Bohême) et son embouchure à Schiedlo (Brandebourg); son cours est de 180 k.; — l'autre naît en Silésie, coule au N., et a son embouchure près du Schurgast; cours, 160k.

NEISSE, v. des États prussiens (Silésie), sur la 2e Neisse, à 50 k. S. O. d'Oppeln; 12 000 hab. Évêché, tribunaux, gymnase catholique. Prise par Frédéric II en 1741 et par Jérôme Bonaparte en 1807.

NEITRA ou NEUTRA, v. des États autrichiens (Hongrie) , ch.-l. du comitat du même nom, sur la Neitra (affluent du Danube), à 130 kil. N. O. de Bude; 4500 h. Évêché catholique, lycée épiscopal, séminaire. Château fort. — Le comitat, entre la Moravie au N. O., les comitats de Trentsin au N., de Thurost au N. E., de Bars à l'E., de Kœmœrn au S., de Presbourg à l'O., a 125 kil. sur 100, et 400 000 hab. Grains, vins, légumes, chanvre. Élève de moutons, buffles.

NEITH, déesse égyptienne, fille et femme de Knef et mère de Fta, ou, selon d'autres, femme de Fta et mère de Fré. Quelquefois on l'identifie avec Bouto. On l'adorait surtout à Sais. Elle était le symbole de l'esprit divin présidant à l'univers, et avait tantôt une tête humaine, tantôt une tête de lion ou de bélier. Comme elle désignait l'esprit de sagesse et de science, les Grecs l'ont identifiée avec leur Athênê ou Minerve.

NÉLÉE, Neleus, fils de Neptune et de Tyro, aida son frère Pélias à usurper sur Éson le royaume d'Iolcos. Chassé par Pélias, il alla bâtir Pylos en Messénie. Il épousa Chloris, dont il eut 12 fils, entre autres Nestor. Il fut tué, avec tous ses fils, excepté Nestor, par Hercule, dont ses fils avaient volé les bœufs.

NÉLÉE, fils de Codrus, dernier roi d'Athènes, et frère de Médon, fut contraint de céder le pouvoir à son frère et alla en Asie Mineure, à la tête d'une colonie d'Ioniens. On lui attribue la fondation de Milet, d'Éphèse, de Colophon, de Lébédos et de Clazomènes.

NÉLÉE DE SCEPSIS, disciple de Théophraste, reçut de lui les manuscrits autographes d'Aristote et les cacha, dit-on, si bien qu'ils ne furent retrouvés que longtemps après par Apellicon. V. ce nom.

NELLORE, v. de l'Inde anglaise (Madras), dans l'anc. Karnatic, ch.-l. de district, à 160 kil. N. O. de Madras, à 17 kil. de la côte de Coromandel.

NELSON (Horace), célèbre amiral anglais, né en 1758, à Burnham-Thorpe (Norfolk), entra dans la marine à 12 ans, se fit remarquer de bonne heure par son caractère et ses talents et fut nommé contre-amiral en 1797. Il tenta vainement en 1798 de prendre l'île de Ténériffe, et perdit un bras dans cette expédition ; mais il réussit, en 1799, à surprendre la flotte française qui avait porté Bonaparte en Égypte, et l'anéantit dans les eaux d'Aboukir. Il contribua puissamment à la 1re restauration de Ferdinand IV à Naples, mais il y souilla sa gloire par de cruelles exécutions. Chargé en 1801 de conduire, en qualité de vice-amiral, la flotte anglaise contre Copenhague, il imposa au Danemark un armistice favorable à l'Angleterre; mais il attaqua infructueusement la flottille française de Boulogne. En 1805, il atteignit la hauteur du cap Trafalgar les flottes française et espagnole et remporta sur elles, le 21 oct., une victoire complète, mais il la paya de sa vie. Il était alors amiral. L'Angleterre lui fit à Westminster des funérailles presque royales. Pendant son séjour à Naples, Nelson avait contracté avec lady Hamilton, l'indigne femme de l'ambassadeur anglais, une liaison qui est une tache dans sa vie : il lui sacrifia sa propre femme, mistress Nisbeth, ainsi que son beau-fils, qui lui avait sauvé la vie. La Vie de Nelson a été écrite en anglais par Clarke (1810), par Churchill (1813), par Southey (1813), et en français par E. Forgues, 1860. Ses Lettres ont paru à Londres en 1844.

NEMAUSUS, v. de Gaule, auj. Nîmes.

NEMBROD, V. NEMROD.

NÉMÉE, v. ou plutôt petite contrée de la Grèce ancienne (Argolide), entre Cléones et Phlionte, est célèbre dans la Fable par le lion qu'y tua Hercule, et par les jeux Néméens, qu'on célébrait aux environs. Ces jeux avaient été institués soit par Hercule même en mémoire de sa victoire, soit par les sept chefs en l'honneur du jeune Archémore (V. ce nom). Ils étaient consacrés à Jupiter Néméen ; ils revenaient tous les trois ou tous les cinq ans.

NÉMÉENS (jeux), V. NÉMÉE.

NÉMÉSIEN, M. Aurelius Opimius Nemesianus, poète latin du IIIe s., né à Carthage, soutint une lutte poétique contre l'empereur Numérien, et l'emporta sur ce prince, qui n'en resta pas moins son protecteur. Il avait composé 3 poèmes didactiques : les Cynégétiques (sur la chasse), dont il reste 325 vers, les Halieutiques (sur la pêche) et la Nautique (sur la navigation), dont nous n'avons que de courts fragments. Ce qui reste de Némésien se trouve dans les Poetæ latini minores de Wernsdorf et dans la Collection Lemaire, et a été trad. par Delatour, 1799, et par Cabaret-Dupaty, 1842.

NÉMÉSIS, fille de Jupiter et de la Nécessité ou de Thémis. ou de l'Océan et de la Nuit, était la déesse de la vengeance et du châtiment. On la représentait ailée, avec des flambeaux et des serpents.

NÉMÉSIUS, évêque d'Émèse en Syrie, vivait sur la fin du IVe s. Il a laissé un traité de la Nature de l’homme, en grec, imprimé à Anvers, 1565, avec une version lat par Ellebodius Cassellianus, et à Hall, 1801, avec notes de C. G. Matthæi ; et trad. en français par J. B. Thibaut, Cambray, 1844.

NEMETACUM ou NEMETOCENNA, auj. Arras.

NEMETUM ou NEMOSUS, dit aussi Augustonemetum, v. de Gaule, auj. Clermont-Ferrand.

NEMOURS, Nemus ou Nemosium, ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), sur le Loing, à 17 kil. S. de Fontainebleau; 3739 hab. Petite ville bien bâtie. Église paroissiale; anc. château ; hôpital; bibliothèque. Chapeaux , vinaigre ; grains et farine ; grande marbrerie. Patrie d'Aubignac — Nemours, qui doit son nom au voisinage de la forêt (nemus), ne remonte pas au delà du XIIe s. Ce fut d'abord une seigneurie. Elle fut acquise par Louis IX, érigée en duché-prairie par Charles VI (1404), puis échangée avec Charles le Noble, roi de Navarre; rendue à la couronne en 1425, elle fut cédée par Louis XI à Jacques d'Armagnac, puis confisquée (1477); fut rendue à Louis d'Armagnac, qui périt en 1503; fut donnée par Louis XII à son neveu Gaston de Foix en échange du comté de Narbonne (1507), puis par François I à un fils de Laurent le Magnifique, Julien de Médicis, époux de sa tante Philiberte de Savoie (1515); resta pendant 150 ans dans la maison de Savoie; enfin échut en 1666 à Louis XIV, qui en fit don à Philippe d'Orléans, son frère, dont la postérité l'a gardée jusqu'en 1789. Auj. le titre de duc de Nemours est porté par le 2e fils du roi Louis-Philippe. Henri III conclut à Nemours avec les Ligueurs, le 7 juillet 1585, un traité par lequel il reconnaissait la Ligue, révoquait les édits de tolérance et s'engageait à expulser tous les Calvinistes.

NEMOURS (Algérie), V. DJEMMA-GHAZOUAT.

NEMOURS (Jacq. et Louis, ducs de), V. ARMAGNAC.

NEMOURS (Gaston DE FOIX, duc de), V. FOIX.

NEMOURS (Jacq. DE SAVOIE, duc de Génevois et de), né en Champagne en 1531, m. en 1585, était fils de Ph. de Savoie et de Charlotte d'Orléans-Longueville. Il se distingua au siège de Lens (1552), à celui de Metz (1553), puis en Flandre, en Italie et dans les deux premières guerres de religion (1562 et 1567). Il passa les 18 dernières années de sa vie dans la retraite et dans le culte des lettres. — Son 2e fils, Henri I de Savoie, marquis de St-Sorlin, puis de Nemours, né à Paris en 1572, m. en 1632, conquit le marquisat de Saluées pour le duc de Savoie en 1588, fut gouverneur du Dauphiné pour les Ligueurs en 1591, se rallia à Henri IV dès 1594 et se signala au siège d'Amiens (1597). Il épousa la fille unique du duc d'Aumale (1618). — Charles, fils aîné du préc. joua un rôle assez actif sous la Fronde et commanda l'armée des princes avec le duc de Beaufort, son beau-frère, mais il se brouilla avec ce seigneur, et fut tué par lui en duel, 1652. — Henri II, né à Paris en 1625, m. en 1659, fut nommé en 1651 à l'archevêché de Reims, mais rentra dans le monde à la mort de son frère. Sa veuve, Marie d'Orléans, fille du duc de Longueville, fut reconnue en 1694 souveraine de la principauté de Neufchâtel, et mourut en 1707, laissant des Mémoires, imprimés ordinairement avec ceux de Retz et de Joly.

NEMROD, fils de Cnus et arrière-petit-fils de Chain, passe pour le fondateur de Babylone. Il régnait en Baylonie en même temps qu'Assur en Assyrie. Il vint d'Éthiopie en Chaldée, et fut, dit-on, le premier roi et le premier conquérant. L'Écriture l'appelle un fort chasseur devant le Seigneur. On place son règne, fort incertain d'ailleurs, vers 2640 ou 2230 av. J.-C.

NÉOCÉSARÉE, auj. Niksar, anc. v. d'Asie-Mineure, sur l'Iris, fut au IVe s. la métropole du Pont Polémoniaque. S. Grégoire le Thaumaturge y naquit.

NEODUNUM, V. NOVIODUNUM.

NÉOGRAD (comitat de), prov. de Hongrie, dans le cercle de Presbourg, entre ceux de Sohl, Pesth, et Honth; 113 k. sur 78 ; 220 000 h. Il tire son nom d'un ancien bourg de 1500 hab., avec château fort, mais a pour ch.-l. Balassa-Gyarmath.

NEOMAGUS, V. NOVIOMAGUS.

NÉOMÉNIE (c-à-d. nouveau mois), fête qui se célébrait à la nouvelle lune en Égypte, en Judée, en Grèce et à Rome. En Égypte, on conduisait en pompe l'animal auquel le mois était consacré. En Grèce, on sacrifiait à tous les dieux, surtout à Apollon ; il y avait des jeux et des repas en commun, dits syssities.

NÉOPLATONISME (c-à-d. nouveau Platonisme), philosophie qui se développa dans Alexandrie, et qui eut pour caractère de fondre avec la philosophie de Platon des doctrines mystiques empruntées à l'Orient. Elle donnait une réalité chimérique aux idées ou notions abstraites de Platon, prétendait posséder la connaissance de l'être absolu ou Dieu, dans lequel elle admettait une trinité (l’Un, l’Intelligence, l’Âme du monde), et enseignait à ses adeptes les moyens de s'unir avec lui par l'extase. Les principaux néoplatoniciens sont Ammonius Saccas, Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclus, Julien-l'Apostat. Après Plotin, la plupart furent en lutte avec le Christianisme.

NÉOPTOLÈME, fils d'Achille. V. PYRRHUS.

NEOPTOLÈME I, roi d'Épire (861 av. J.-C), fut père de la fameuse Olympias. — II, usurpa le trône en l'absence de Pyrrhus II, et fut mis à mort par ce prince dès qu'il fut de retour, en 295 av. J.-C.

NÉPAL ou NÉPAUL, roy. d'Asie, au N. de l'Hindoustan anglais, par 26° 20'-30° 20' lat. N. et 77° 40'-85° 40' long. E., entre le Kali à l'O., le Konki à l'E. et le Thibet au N. : 780 kil. de l'E. à l'O., 170 au plus de S. au N. ; env. 2 500 000 h. ; capit., Katmandou. Pays montagneux, sur le versant S. de l'Himalaya, arrosé par la Gogra, le Rapti, le Gandak, le Bagmatti, etc. Climat tempéré. Sol très-fertile dans les vallées: grains, ananas; oranges, gingembre, canne à sucre, coton, tori (racine nutritive). Élève de buffles, chèvres et moutons. Fer, cuivre, ivoire, bois de construction. Habitants : Hindous ou Mongols ; religion, le Brahmanisme et surtout le Bouddhisme. — Le Népal a souvent changé de maîtres; auj., quoique indépendant de nom, il est sous le protectorat de l'Angleterre. Depuis 1814 cette puissance entretient un résident à Katmandou.

NEPER (J.), l'auteur des logarithmes. V. NAPIER.

NEPETUM, auj. Nepi, v. de l'Étrurie anc., au S., entre Véies et Faieries. Prise par Totila, roi des Ostrogoths, mais reprise par Narsès, général de Justinien.

NÉPHÉLÉ, 1re femme d'Athamas. V. ATHAMAS.

NEPHTALI, une des 12 tribus de la Judée, ainsi nommée du 6e fils de Jacob, était la plus septent. des tribus en deçà du Jourdain, et avait pour villes principales Nephtali, Asor, Japhia, Kédès, Capharnaüm.

NEPHTÉ ou NEPHTYS, V. NEFTÉ.

NEPI, Nepetum, ville de l'Italie centrale, à 26 k. S. E. de Viterbe et à 42 kil. N. O. de Rome; 2000 h. Évêché dit aussi de Viterbe-et-Sutri.

NÉPOMUCÈNE (S. JEAN), né à Népomuck, bourg de Bohême, vers 1330, était chanoine de Prague et aumônier de l'empereur Wenceslas. Ayant refusé de révéler à ce prince la confession de l'impératrice Jeanne, soupçonnée d'infidélité, il fut mis à la torture qu'il subît héroïquement, puis fut noyé dans la Moldau (1383). Benoît XIII le canonisa et il fut adopté pour patron par la Bohême. On le fête le 16 mai.

NÉPOS (Flavius Julius), empereur d'Occident (474475), vainquit Glycérius, et se fit proclamer à sa place. Il acheta la paix d’Euric, roi des Visigoths en lui cédant l’Auvergne ; se laissa battre par le patrice Oreste, qui donna la pourpre à son propre fils Augustule, et s’enfuit dans la Dalmatie, sa patrie, où Glycérius le fit assassiner cinq ans après.

NÉPOS (CORNELIUS), V. CORNELIUS NÉPOS.

NÉPOTIEN, Flavius Popilius Nepotianus, neveu de Constantin, fut consul en 336, prit la pourpre en 350, vainquit Anicet, préfet du prétoire de Magnence, mais fut battu lui-même 23 jours après et mis à mort par Marcellin, autre général de l'usurpateur.

NEPTUNE, Neptunus, en grec Poséidon, dieu des mers, fils de Saturne et de Rhée, frère de Jupiter, de Pluton et de Junon, époux d'Amphitrite, aida Jupiter à détrôner Saturne, à combattre les Titans et reçut en partage l'empire de la mer. Dans la suite, il se ligua avec Apollon pour renverser Jupiter lui-même : ayant échoué, il fut dépouillé pour un an des attributs de la divinité, ainsi qu'Apollon, avec lequel il alla bâtir les murs de Troie pour Laomédon. Ce prince ayant refusé le salaire convenu, Neptune envoya un monstre marin ravager les côtes de ses États. C'est aussi Neptune qui suscita le monstre marin d'Andromède et celui qui causa la mort d'Hippolyte. Lors de la fondation d'Athènes, Neptune disputa à Minerve l'honneur de donner son nom à la ville : il produisit un cheval, symbole de la guerre, mais il fut vaincu par Minerve qui produisit l'olivier, symbole de la paix. Dans la guerre de Troie, il prit parti pour les Grecs. On donne à Neptune, entre autres fils, Pélias et Nélée, Phorcus et Polyphème, Otus et Éphialte, Bœotus et Hellen, Ogygès, etc. C'est aussi de lui qu'on fait naître le cheval Pégase et le bélier à toison d'or. Les anciens le représentent sur un char en forme de conque, que traînent des chevaux marins, entouré de tritons et de nymphes, et armé d'un trident. On doit à Éméric David de savantes Recherches sur Neptune, son culte et ses monuments, 1839.

NEPVEU (Pierre), architecte du XVIe s., né à Blois, travailla sous Charles VIII et Louis XII aux châteaux d'Amboise et de Blois, et construisit sous François I le château de Chambord, le plus beau monument de l'époque.

NEPVEU (le P. François), jésuite, né en 1639 à Saint-Malo, m. en 1708, professa avec succès dans plusieurs collèges de son ordre et fut recteur de celui de Rennes. Il a laissé plusieurs écrits ascétiques, aussi remarquables par le style que par la pureté de la doctrine, parmi lesquels on estime surtout l’Esprit du Christianisme, 1700.

NERA, riv. d'Italie. V. NAR.

NÉRAC, ch.-l. d’arr. (Lot-et-Garonne), sur la Baïse, à 26 kil. S. O. d’Agen, 7 283 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce ; église calviniste. Château gothique, halle, joli pont, belles promenades. Verrerie, toile, chanvre, lin, grains, vins, eaux-de-vie, pâtés en terrine renommés. — Bien que située dans le Condomois, Nérac était la capitale du duché d’Albret. Catherine de Médicis y tint en 1579, avec le roi de Navarre (depuis Henri IV), des conférences d’où sortit le traité de Fleix, qui étendait les concessions faites aux Calvinistes par le traité de Poitiers. Cette ville se révolta sous Louis XIII et fut prise par H. de Mayenne en 1621 : ses fortifications furent rasées.

NERBOUDDA ou REVA, fleuve de l'Inde en deçà du Gange, naît par 82° 4' long. E. et 22° 54' lat. N., coule à l'O., arrose les prov. de Gandouana, Kandeich, Malwa, Guzzerat; reçoit la Taoura, la Bam, la Kounde, et tombe dans le golfe de Cambaye à 32 kil. au-dessous de Barotche : cours, 1300 kil.

NERÉE, Nereus, dieu marin, fils d'Océan et de Téthys ou de Ghê (la Terre), épousa Doris et fut père des Néréides. Comme Protée, il avait le double don de changer souvent de forme et de prédire l'avenir. On le représentait vieux et avec la barbe couleur d'azur.

NÉRÉIDES, déités inférieures de la mer, filles de Nérée et de Doris, étaient au nombre de 50. Elles aidaient les marins en péril. On les représente jeunes, belles, parées d'algues et de coquillages, et groupées autour d'Amphitrite, au milieu des Tritons.

NÉRI (S. PHILIPPE), fondateur de la congrégation de l'Oratoire en Italie, né à Florence en 1515, m. en 1595, se rendit à Rome en 1533, y fit ses études théologiques, puis se consacra tout entier au service des malades et des pèlerins. Il établit à Rome en 1548 la confrérie de la Ste-Trinité, destinée à procurer des secours aux étrangers que la dévotion amène dans la capitale du monde chrétien, et fonda peu de temps après l'hospice des Pèlerins. Ayant reçu les ordres en 1551, il se chargea du soin d'instruire les enfants, s'associa dans ce but quelques jeunes ecclésiastiques, qui furent nommés Oratoriens, parce qu'ils se plaçaient devant l'église pour appeler le peuple à la prière; il en forma bientôt une congrégation, et leur donna des statuts qui furent approuvés par le pape Grégoire XIII en 1575. On a de lui des Lettres, Padoue, 1751, des poésies, et quelques écrits ascétiques. On l'honore le 26 mai. L'abbé Bayle a donné sa Vie, 1859.

NÉRI (Antoine), chimiste florentin du XVIe siècle, est un des premiers qui aient écrit sur l'art du verrier. Son Arte vitraria, poëme italien en 7 chants (Florence, 1612), a été traduit en latin, en anglais, en allemand et en français.

NÉRIGLISSOR, roi de Babylone (560-556 av. J.-C.), assassina son beau frère Evilmérodac et périt dans une bataille contre Cyrus. Plusieurs des monuments récemment découverts portent son nom.

NÉRIGON, nom ancien de la Norvège.

NÉRIS, Aquæ Neræ, bourg de France (Allier), à 8 kil. S. E. de Montluçon ; 2000 hab. Eaux thermales déjà renommées chez les Romains, qui y fondèrent une ville assez importante. Ces eaux, classées comme carbo-sulfatées, sont efficaces contre les maladies nerveuses et rhumatismales. Ruines aux environs, houille.

NÉRON (C. CLAUDIUS), général romain, lieutenant de Marcellus en 216 av. J.-C, fut envoyé en Espagne après la mort des deux Scipions (212), et laissa échapper Asdrubal enfermé dans le défilé des Pierres Noires; fut consul (207) avec Livius Salinator, son ennemi mortel, et, comme son collègue, oublia tout ressentiment personnel pour agir de concert avec lui contre les Carthaginois; défit Annibal près de Grumentum, puis, lui laissant croire qu'il était encore campé en face de lui en Lucanie, alla joindre son collègue et battit avec lui sur les bords du Métaure Asdrubal qui amenait des renforts à son frère. Asdrubal ayant été tué dans le combat, Néron retourna promptement en Lucanie et fit jeter la tête du général ennemi dans les retranchements carthaginois, apprenant ainsi à Annibal que tout espoir était perdu pour lui. Il fut nommé censeur six ans après.

NÉRON (Tib. CLAUDIUS), 1er mari de Livie et père de Tibère, servit sous César en qualité de questeur (47 av. J.-C.) ; prit parti, après la mort du dictateur, pour Brutus et Gassius; fut forcé de s'enfuir en Sicile, où les hauteurs du jeune Pompée le détachèrent du parti républicain, et revint bientôt à Rome. Octave s'étant épris de sa femme Livie, il consentit à la lui céder : devenu empereur, Octave adopta Tibère, fils de Tib. Néron, ainsi que l'enfant dont Livie était enceinte et qui fut nommé Drusus.

NÉRON, Domitius Claudius Nero, 5e empereur romain, né à Antium l'an 37 de J.-C., était fils de Domitius Ænorbarbus et d'Agrippine, la fille de Germanicus. Grâce aux intrigues de sa mère, devenue l'épouse de Claude, il fut adopté par ce prince, qui déshérita pour lui son fils Britannicus, le désigna pour son successeur, et lui donna la main de sa fille Octavie. Il eut pour précepteurs Burrhus et Sénèque. Il fut, à la mort de Claude, reconnu empereur (54). Dans les cinq premières années de son règne, il affecta ou montra beaucoup de douceur, et laissa sa mère régner sous son nom; mais bientôt il devint cruel et débauché, s'entoura de courtisanes, éloigna de la cour Agrippine, et, comme elle menaçait de faire rendre le trône au jeune Britannicus, fit empoisonner ce prince (55) ; puis il feignit une réconciliation avec Agrippine, et, après avoir tenté de la faire périr dans une promenade sur mer, la fit assassiner par un de ses affranchis. S'abandonnant dès lors sans contrainte à ses goûts, il appelle autour de lui des histrions, des pantomimes, prend part à leurs jeux, conduit en personne des chars dans le cirque, danse et joue de la flûte en plein théâtre, et se livre en public aux désordres les plus infâmes. Il répudia et mit à mort Octavie, la remplaça par Poppée, que, bientôt, dans un accès de colère, il tua d'un coup de pied; assista du haut d'une tour, en chantant un poëme qu'il avait composé sur l'embrasement de Troie, à un incendie immense qui dévora la plus grande partie de Rome, fut accusé d'en être l'auteur, rejeta l'accusation sur les Chrétiens et les fit périr dans d'atroces tortures (64). Il déjoua une conspiration tramée contre lui par Pison, et en prit prétexte pour faire périr dans les supplices, outre Pison, Sénèque, Lucain, Pétrone, Thraséas, Corbulon, et beaucoup d'autres personnages considérables (65). Il fit ensuite un voyage en Grèce pour s'y faire admirer comme musicien et comme poète, et y recueillit 1800 couronnes (66); mais bientôt, il vit se soulever contre lui en Gaule Vindex, qui fut battu par ses lieutenants (67), en Espagne, Galba, que les prétoriens proclamèrent empereur. Déclaré par le sénat ennemi public, il s'enfuit dans une grotte pour s'y cacher; sur le point d'être atteint, il tenta de se donner la mort, mais, n'ayant pas eu la force de se poignarder, il se fit pousser la main par Épaphrodite, son secrétaire (68). Il mourut, dit-on, en s'écriant : « Quel grand artiste est perdu pour le monde ! » Avec lui s'éteignit la maison des Césars. Néron est resté le type de la cruauté et de l'infamie; cependant son règne, qui à l'intérieur ne présente qu'une série de crimes, compte quelques événements heureux à l'extérieur : Suetonius Paulinus comprime la révolte de Boadicée dans la Grande-Bretagne (61); Corbulon repousse les Parthes ; Vespasien réprime la Judée révoltée (67); la Cilicie est réunie à l'empire. La Vie de Néron a été écrite par Suétone; Tacite, dans ses Annales, a raconté et stigmatisé éloquemment ce règne odieux.

NÉRONDE, ch.-l. de cant. (Loire), à 32 kil. S. E. de Roanne ; 1240 hab. Patrie du P. Cotton.

NÉRONDES, ch.-l. de cant. (Cher), à 42 kil. N. E. de St-Amand; 2505 hab.

NERONIS FORUM, v. de Gaule, auj. Forcalquier.

NERSÈS (S.), prélat arménien, de la famille des Arsacides, était arrière-petit-fils de S. Grégoire l'Illuminateur. Élu à l'unanimité patriarche de sa nation en 364, il restaura les institutions créées par ses prédécesseurs et couvrit l'Arménie d'hospices. Il mourut en 383, empoisonné par ordre du roi d'Arménie, à qui il avait reproché ses désordres. — Un autre Nersès, dit Glaïetzi, qui vivait au XIIe s., fut aussi patriarche. Il composa une Hist. de l’Arménie en vers. Ses OEuvres complètes ont été traduites en latin par J. Cappelletti, Venise, 1833.

NERTCHINSK, v. de la Russie d'Asie (Irkoutsk), ch.-l. de cercle, à 1100 k. E. d'Irkoutsk; 3000 h. Ancienne étape des caravanes se rendant en Chine. Commerce de pelleteries. Mines d'argent, d'or, de mercure, d'étain et de plomb, auxquelles la couronne fait travailler les condamnés à mort dont la peine a été commuée. Il fut signé à Nertchinsk en 1580 un traité de commerce entre la Russie et la Chine.

NERVA, M. Cocceius Nerva, empereur romain, né l'an 25 à Narnia, m. en 98, était petit-fils de Cocceius Nerva, qui se laissa mourir de faim sous Tibère, et avait pour père un jurisconsulte qui fit école et dont les disciples se nommèrent Coccéïens. Il fut proclamé en 96, après Domitien. Son règne, qui ne dura que deux ans, fit contraste avec celui de son prédécesseur, par la simplicité, la modération et la justice. Il consultait le sénat sur toutes les affaires. Se sentant trop faible pour supporter le poids de l'empire, il adopta Trajan, qui fut son successeur.

NERVICANUS TRACTUS, partie orientale de la Manche, qui baignait les côtes du pays des Nerviens.

NERVIENS, Nervii, peuple de la Gaule, en Belgique 2e, au N., entre les Menapii et les Atrebates à l'O., les Morini à l'E., les Veromandui et les Remi au S., habitait le long des côtes du Nervicanus tractus (Manche), et avait pour villes principales Cameracum (Cambray), Turnacum (Tournay) et Bagacum (Bavay). Leur pays correspond à la partie E. du dép. du Nord et à une partie des provinces belges de Flandre, de Hainaut et de Brabant. — César les représente comme le peuple de Belgique le plus hostile à la civilisation romaine. Soumis avec peine, lors de la pacification générale de la Gaule, ils reçurent le titre et les privilèges de peuple libre.

NERWINDE, Neerwinden, vge de Belgique (Liège), à 36 kil. N. O. de Liège, à 24 kil. S. E. de Louvain; 300 h. est fameux par les victoires du maréchal de Luxembourg sur Guillaume III, 29 juillet 1693, et du prince de Cobourg sur Dumouriez, 18 mars 1793.

NESLE, ch.-l. de c. (Somme), à 20 kil. S. de Péronne ; 2135 hab. Sucre de betterave, huiles de colza et d'œillette, moutarde. Ancienne seigneurie, qui donnait son nom à une branche de la maison de Mailly. Elle fut érigée en comté en 1466 et en marquisat en 1545 : c'était, pour le nombre des fiefs, le premier marquisat de France.

NESLE (Tour de), anc. tour de l'enceinte de Paris, était sur la r. g. de la Seine, en face du Louvre, et formait une des défenses de la capitale : elle servait, avec la tour du Louvre, à barrer la rivière au moyen de chaînes tendues de l'une à l'autre. Construite par les seigneurs de Nesle, vendue en 1308 à Philippe le Bel, elle devint depuis la propriété de Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe le Long, qui en fit, dit on, le théâtre des orgies auxquelles elle se livrait, ainsi que sa belle-sœur, Marguerite de Bourgogne, orgies qui ont fourni à M. Al. Dumas le sujet d'un drame-populaire, la Tour de Nesle. Elle fut démolie en 1663, pour faire place au collège Mazarin, auj. l'Institut.

NESSELRODE (Ch. Robert, comte de), diplomate russe, né vers 1780 à Lisbonne, où son père était ambassadeur de Russie, m. en 1862, sortait d'une noble famille saxonne. Conseiller d'ambassade à Paris en 1807, il révéla à l'empereur Alexandre les armements secrets que faisait Napoléon et gagna par là sa confiance. Il prit part à toutes les grandes négociations de l'époque, signa en 1814 le traité de Chaumont, négocia avec Marmont la reddition de Paris, siégea aux congrès d'Aix-la-Chapelle, de Troppau, de Laybach, de Vérone, devint en 1821 ministre des affaires étrangères et fut l'un des agents les plus zélés de la Ste-Alliance et de la politique de compression. Il conclut les traités d'Andrinople (1829) et d'Unkiar-Skélessi (1833), qui mettaient la Turquie à la merci de la Russie. C'est aussi lui qui fit conclure le traité du 15 mars 1840, qui écartait la France du concert européen. Lors de la guerre d'Orient, il montra les dispositions les plus conciliantes et prépara la paix de Paris (1856). Nesselrode représentait en Russie le parti allemand, opposé au parti russe que personnifiait le prince Menzikoff.

NESSIR-KHAN, souverain et législateur du Béloutchistan, né vers 1710, m. en 1795, suivit Nadir dans l'Inde et s'y fit une réputation de bravoure; détrôna et tua son frère Hadji-Mohammed, khan des Béloutchis, qui s'était rendu odieux à ses sujets et fut proclamé en sa place ; rétablit l'ordre dans le pays, fit d'utiles règlements, favorisa le commerce, se rendit indépendant de la suzeraineté du Kaboul, et agrandit le Béloutchistan.

NESSUS, centaure qui, après avoir transporté Déjanire, femme d'Hercule, au delà de l'Achéloüs, voulut l'enlever. Hercule le tua en le perçant d'une flèche trempée dans le sang de l'hydre de Lerne. Nessus donna en mourant sa tunique à Déjanire, comme un philtre qui pouvait lui ramener son mari, s’il devenait infidèle ; cette tunique, imprégnée de sang empoisonné, causa la mort du héros. V. HERCULE.

NESTIER, ch.-l. de c. (H.-Pyrénées), à 33 kil. E. de Bagnères de Bigorre ; 600 hab.

NESTOR, le dernier des douze fils de Nélée, roi de Pylos, et de Chloris, échappa seul de toute sa maison aux coups d’Hercule, qui lui laissa le royaume de son père. Il assista au combat des Lapithes et des Centaures et à l’expédition des Argonautes. Dans sa vieillesse et bien qu’ayant déjà vécu, suivant Homère, trois âges d’homme, il donna aux rois Grecs l’exemple du départ pour le siège de Troie et y conduisit le contingent de Pylos et de Messène ; il se signala surtout dans les conseils. Ayant perdu dans un combat son fils Antiloque, il revint à Pylos. Nestor est célèbre chez les poëtes par sa sagesse et son éloquence.

NESTOR, le plus ancien historien russe, né en 1056, m. en 1106. était un moine de Kiev. Son ouvrage principal est une Chronique qui va de 862 à 1116, et qui a été continuée depuis jusqu’à 1203 : c’est la source la plus précieuse de l’histoire primitive des Slaves. Elle a été publiée à St-Pétersbourg en 1767, d’après un Ms. trouvé en 1716 à Kœnigsberg par Pierre le Grand, trad. en allem. par Sohlosser, Gœtt., 1802-9, et en franç. par Louis Paris, 1834. Elle a été publiée en russe et latin à Vienne en 1860 par Miklosich.

NESTORIANISME, hérésie qui consistait à soutenir qu’il y a en J.-C., non-seulement deux natures, mais deux personnes, eut pour premier auteur Théodore de Mopsueste, mais fut surtout répandue, vers 428, par Nestorius, disciple de cet hérésiarque. Condamnée par plusieurs conciles (431, 451, 553), elle conserva néanmoins de nombreux partisans, surtout en Chaldée. Elle subsiste encore en Perse, en Turquie près de Mossoul, et dans quelques parties de l’Inde, où les Nestoriens prirent le nom de Chrétiens de S. Thomas. L’Histoire du Nestorianisme a été écrite par le P. Doucin, 1698.

NESTORIUS, hérésiarque, né à Germanica, en Syrie, m. vers 439 ; fut nommé par Théodose le Jeune patriarche de Constantinople (428) ; combattit les Ariens et les Novatiens, mais prêcha lui-même une hérésie nouvelle (V. NESTORIANISME) et fut déposé par le concile général d’Éphèse (431), et banni. Il alla mourir dans une oasis de la Libye. Ses écrits furent brûlés par ordre de Théodose II. On a de lui quelques Homélies et des Lettres.

NESTUS, Karasou, riv. de l’anc. Thrace, séparait ce pays de la Macédoine et se jetait dans la mer Égée.

NÈTHE, nom commun à 2 riv. de Belgique : la Grande-Nèthe, qui prend sa source dans le Limbourg, et la Petite-Nèthe, dans le Brabant septentrional ; elles s’unissent près de Lierre (dans la prov. d’Anvers), et tombent à Rumpst dans la Rupel, après un cours de 15 kil. depuis leur réunion. — Elles avaient donné leur nom au dép. français des Deux-Nèthes, qui fut formé en 1801, d’une partie du Brabant septentrional, du marquisat d’Anvers et de la seigneurie de Malines, et qui avait pour ch.-l. Anvers.

NÉTHOU (le), sommet des Pyrénées. V. PYRÉNÉES.

NETTUNO, l’anc. port d’Antium, bg des États de l’Église, à 58 kil. S. S. E. de Rome ; 1000 hab. Petit port sur la Méditerranée. On voit sous les eaux de la mer les ruines d’un temple de Neptune, qui a donné son nom à ce lieu.

NEU, préfixe d’un grand nombre de noms géographiques allemands, veut dire neuf, nouveau. Pour les noms commençant ainsi qui ne se trouveraient pas ci-après, V. le mot qui suit.

NEUBOURG, v. de Bavière (cercle de Souabe-et-Neubourg), à 47 kil. N. N. E. d’Augsbourg, sur la r. dr. du Danube ; 7000 hab. Trib. d’appel, gymnase, hôpital ; château royal. Ville jadis forte, souvent prise et reprise : en 1623, par Tilly à la tête des Bavarois ; en 1744, par les Autrichiens. — Neubourg était jadis le ch.-l. d’un comté palatin, qui plus tard devint principauté. Cette principauté, bornée à l’O. et au N. par le Palatinat, à l’E. par la Bavière, au S. par la Souabe, était comprise dans le cercle de Bavière et le Haut-Palatinat. Après avoir longtemps appartenu à diverses branches de la maison de Wittelsbach, elle devint en 1614 la possession d’un rameau particulier en la personne de Wolfgang Guillaume, connu dans l’histoire de la succession de Juliers sous le nom de comte palatin de Neubourg. En 1742, ce rameau s’étant éteint, la principauté de Neubourg fut réunie avec les autres possessions palatines par Charles-Théodore, comte palatin, du rameau de Neubourg-Sulzbach (et depuis électeur de Bavière, 1777) ; Elle passa en 1799 à la maison des Deux-Ponts, fut réunie en 1802 à l’électorat de Salzbourg, et revint définitivement à la Bavière en 1810.

NEUBOURG (Le), ch.-l. de c. (Eure), à 23 kil. S. O. de Louviers ; 2567 hab. Molletons, basins, siamoises ; grains, laines, bestiaux. Ruines d’un ancien château. Patrie de Dupont de l’Eure.

NEUF-BRISACH, v. d’Alsace. V. BRISACH.

NEUFCHATEAU, ch.-l. d’arr. (Vosges), à 65 kil. N. O. d’Épinal, sur le Mouzon ; 3623 hab. trib. de 1re inst. ; collège, bibliothèque ; hôpital. Draps, molletons, cotons ; grains, vins, bois, fer, etc.

NEUFCHÂTEAU (François de), V. FRANÇOIS.

NEUFCHATEL, ch.-l. de cant. (Aisne), au confluent de l’Aisne et de la Retourne, à 33 kil. S. E. de Laon ; 885 hab. Marché aux grains.

NEUFCHATEL-EN-BRAY, ch.-l. d’arr. (Seine-Inf.), près de la Béthune, à 40 kil. N. E. de Rouen ; 3564 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, bibliothèque. Fromages blancs renommés, beurre, fariné, vins, eau-de-vie. Chapeaux, siamoises et verreries. — Anc. capitale du pays de Bray ; ville jadis forte ; démantelée en 1596. Elle s’appelait autrefois Driencourt ; elle a reçu son nom actuel d’un château qu’y fit construire Henri I, roi d’Angleterre, au XIIe siècle.

NEUFCHÂTEL, Neuenburg en allemand, Neocomum, Novicastrum, Noviburgum, en latin, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Neufchâtel, au pied du Jura et à l’embouchure du Seyon dans le lac de Neufchâtel ; 8000 hab. Siège du gouvt cantonnal. École normale supérieure, collège. Cathédrale gothique, hôtel de ville, bel hôpital, môle, promenade, bibliothèques, cabinet d’histoire naturelle, etc. Papiers, dentelles, horlogeries, chapeaux de paille, distilleries. — Neufchâtel n’était jadis qu’une abbaye. L’empereur Conrad II fonda la ville vers 1034. Elle eut à souffrir de grands incendies en 1248, 1269, 1450, 1714, 1750, et fut plusieurs fois inondée par le Seyon.

NEUFCHATEL (Canton de), canton suisse, entre ceux de Berne au N. E., de Vaud au S., est borné au S. E. par le lac de Neufchâtel et à l’O. par la France ; 54 kil. sur 10 à 18 ; 71 000 hab., dont 2200 ; catholiques ; ch.-l., Neufchâtel ; autres villes : La-Chaux-de-Fonds, Le Locle, Motiers-Travers. On y parle surtout le français. Mont. détachées du Jura ; climat varié, mais froid ; sol peu fertile en général, mais très-bien cultivé ; forêts, pâturages ; vins fins ; fromages, dits de Gruyère. Fer, gypse, asphalte, marne, etc ; eaux ferrugineuses. Industrie très-active : horlogerie renommée, tissus de coton, dentelles, toiles peintes ; pêche et navigation sur le lac de Neufchâtel. — Ce canton fut d’abord une seigneurie, puis un comté, enfin une principauté, à laquelle fut annexé en 1579 le comté de Vallangin. Ulric de Fénis, qui vivait vers 1032, est le premier seigneur connu de Neufchâtel ; il devait son fief à Rodolphe III, dernier roi de Bourgogne. Sa postérité mâle le posséda jusqu’en 1373. Après être entré dans diverses maisons par suite de mariages, Neufchâtel échut en 1503 à la maison d’Orléans-Longueville, qui s’éteignit en 1707. Frédéric I, roi de Prusse, se le fit céder alors et une décision de la cour souveraine de Neufchâtel lui en assura la possession, malgré l’opposition de la France ; la paix d’Utrecht (1713) le lui garantit. En 1806, Napoléon se fit céder ce pays par la Prusse et le donna au maréchal Berthier, qui prit de là le titre de prince de Neufchâtel. En 1814, il retourna à la Prusse, tout en étant compris dans les cantons suisses. Il se rendit indépendant de la Prusse en 1848, ce qui faillit allumer la guerre ; cependant son indépendance fut reconnue en 1857 par le roi de Prusse, grâce à la médiation de la France.

NEUFCHÂTEL (Lac de), dit quelquefois lac d’Yverdun, entre les cantons de Neufchâtel (qu'il borne à l'E.), Vaud, Berne, et Fribourg, a 30 kil. sur 8 et baigne les villes de Neufchâtel, Granson et Yverdun. Il est très-poissonneux et offre des sites charmants.

NEUHAUS, village de l'Autriche propre (cercle inférieur de Wienerwald), près et au S. O. de Vienne. Superbe manufacture de glaces.

NEUHAUSEL, v. de Hongrie, comitat et à 37 kil. S. de Neitra, sur la Neitra; 6700 hab. Prise par les Turcs en 1663, reprise par les Impériaux en 1686, démantelée en 1724.

NEUHOF (Théodore, baron de), célèbre aventurier, né à Metz vers 1690, m. en 1756, fut d'abord page de la duchesse d'Orléans, puis lieutenant, passa au service de la Suède, et fut employé par le baron de Gœrtz dans une tentative de restauration des Stuarts. De retour en France, il spécula sur les effets de Law, mais ne fit que des dettes : il prit la fuite, erra longtemps, et finit par se faire nommer résident de l'emp. Charles VI à Florence. S'étant rendu en Corse, il sut persuader aux habitants, révoltés contre Gênes, qu'il pouvait intéresser à leur cause de grandes puissances, et se fit proclamer roi sous le nom de Théodore I (15 avril 1736); mais il fut forcé de s'enfuir au bout de huit mois. Il fit en 1738 et 1742, mais sans succès, quelques efforts pour reconquérir l'île, et se retira à Londres. Atteint dans cette ville par ses créanciers, il fut retenu sept ans en prison.

NEUILLÉ-PONT-PIERRE, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire) , à 21 kil. N. E. de Tours; 1538 hab.

NEUILLY, ch.-l. de cant. (Seine), sur la Seine, r. dr., aux portes de Paris, au N. O., attenant au bois de Boulogne; 13 216 hab. Beau pont de pierre (construit par Peronet), anc. château royal, résidence de Louis-Philippe; dévasté en 1848, puis morcelé et vendu. Distilleries, raffineries, faïenceries, produits chimiques. — Neuilly doit son origine à un port jadis situé sur l'emplacement actuel du pont, et qu'on appelait Portus de Lugliaco ou Lulliacum, d'où est venu, par corruption, le nom moderne. En 1815 il y eut au pont de Neuilly de très-vifs engagements avec les Anglais. Le roi Louis-Philippe, après son abdication, prit le titre de comte de Neuilly.

Quatre autres Neuilly sont ch.-l. de cant., savoir : 1° Neuilly-en-Thelle (Oise), à 22 kil. O. de Senlis; 906 hab.; — 2° N.-le-Réal (Allier), à 17 kil. S. E. de Moulins; 1449 hab.; — 3° N.-lès-Langres ou N.-l’Évêque (Hte-Marne), à 15 k. N. E. de Langres; 1174 h.; — 4° N.-St-Front (Aisne), à 13 kil. N. O. de Château-Thierry; 1730 hab.

NEUMANN (Gaspard), pasteur et professeur de théologie et d'hébreu, né à Breslau en 1648, m. en 1715, avait des idées originales, notamment sur les langues, comme en témoignent sa Genesis linguæ sanctæ, Nuremberg, 1696, et son Exodus linguæ sanctæ, 1697. Son Noyau ou Formulaire de toutes les prières a eu plus de 20 édit. en allemand, et a été traduit dans presque toutes les langues de l'Europe.

NEUMARKT, ville des États prussiens (Silésie), à 33 kil. N. O. de Breslau; 3800 hab. Trib., arsenal de la landwehr, hospice. Draps et brasseries. Victoire des Prussiens sur les Autrichiens en 1757.

NEUNG-SUR-BEUVRON, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 19 kil. N. de Romorantin; 1115 hab.

NEUS, V. NEUSS et NYON.

NEUSALZ, v. des États prussiens (Silésie), sur l'Oder, à 70 kil. N. N. E. de Liegnitz; 2800 h. Association de Frères Moraves; fabrication de quincaillerie; lainages, toiles, etc.; entrepôt de sel.

NEUSATZ, v. de Hongrie (Bacs), sur le Danube, vis-à-vis de Peterwardin, à 90 kil. S. de Theresienstadt; 20 000 h. Évêché grec orthodoxe, gymnase catholique et grec. Antiquités romaines. Grand commerce avec la Turquie : vins, miel, cires, laines, bois.

NEUSIEDEL, bourg de Hongrie (Wieselburg), à 31 kil. S. O. de Presbourg, sur la rive sept. du lac qui prend son nom ; 1800 h. — Le lac de Neusiedel, entre les comitats de Wieselburg et d'Œdenburg, a 35 k. sur 15. Il est sujet à des débordements. Très-poissonneux. Eaux jeaunâtres, chargées d'alcali.

NEUSOHL, v. de Hongrie , ch.-l. du comitat de Sohl, à 35 kil. N. E. de Schemnitz; 10 000 h. Siège d'un évêché catholique, d'une surintendance de la confession d'Augsbourg; direction des mines. Château fort, églises, collège, gymnase, hôpital. Manuf. d'armes blanches; forges, fonderies de cuivre.

NEUSS, Novesium, v. forte des États prussiens (prov. Rhénane), ch.-l. de cercle, au confluent de l'Erft et de la Kruse, à 6 kil. S. O. de Dusseldorf ; 9000 h. Jadis évêché. Belle cathédrale de St-Quirin. Siamoises, grains, bois, draps, huiles, etc. — Cette ville était jadis sur le Rhin, qui a depuis le XIIe s. changé de lit. Florissante au IVe s., elle fut ravagée par Attila en 451, par les Normands au IXe siècle. L'empereur Philippe de Souabe s'en empara en 1206 et la donna à l'archevêque de Cologne. Charles le Téméraire l'assiégea vainement en 1475 ; mais le duc de Parme la prit pour les Espagnols en 1586. Les Français s'en emparèrent en 1642 et en 1794, et y battirent les Russes en 1813.

NEUSTADT, c-à-d. ville neuve, nom de plusieurs villes d'Allemagne dont les principales sont : 1° Wienerisch-Neustadt, dans la Basse-Autriche, au confluent de la Fischa et du Kehrbach, à 53 kil. S. de Vienne ; 7000 hab. (plus la garnison). Château, école de cadets, école d'équitation, etc.; ancienne abbaye de Bénédictins. Velours , étoffes de soie, ustensiles de fer, poterie, etc.; — 2° Mæhrisch-N., en Moravie (Olmutz), à 21 kil. N. d'Olmutz; 3600 hab. – 3° Neustadt-an-der-Metau, en Bohême, à 24 kil. N. E. de Kœnigrætz; 5000. Évêché, château. Sel gemme; — 4° Neustadt, ou Nagy-Banya et Uj-Varos, en Hongrie (cercle au delà de la Theiss), à 77 k. S. E. de Szathmar ; ch.-l. des 4 arrond. miniers de Hongrie. Aux environs, or, argent, cuivre, eau minérale; 5200 h.; — 5° N.-an-der-Hardt, en Bavière (Rhin), au pied du Hardt, sur la Rehbach, à 26 kil. N. O. de Spire. Château. Armes, produits chimiques; — 6° N.-Eberswalde, en Prusse (Brandebourg), sur la Schwarza et le canal de Finow, à 16 kil. S. O. d'Oderberg; 4500 hab.; académie royale forestière, école forestière; drap, faïence, fer, cuivre jaune, ébène. Eaux minérales, usines à fer et à cuivre; — 7° N.-an-der-Dosse, vge des États prussiens (Brandebourg), à 72 kil. O. N. O. de Berlin; 1000h. Belle manuf. de glaces fondée en 1696; haras royal établi en 1787.

NEUSTÆDTL, v. de l'Illyrie autrichienne, ch.-l. de cercle, près de la Gurck, à 53 kil. S. E. de Laybach, 2000 hab. Gymnase ; à 4 kil. de là sont les trois sources minérales de Tœplitz. — Le cercle, entre la Croatie à l'E. et au S., la Styrie au N., le cercle de Laybach à l'O., a 90 kil. sur 75 et env. 200 000 h.

NEUSTRIE (mot qu'on dérive tantôt de l'allemand Neuest reich, nouveau royaume, tantôt de Ne oster reich, pays non oriental, c-à-d. État de l'Ouest), un des trois grands royaumes francs, désignait la Gaule du N. O., et avait à peu près pour bornes à l'O. la Bretagne, au S la Loire, à l'E. une ligne passant en Champagne et laissant Reims à l'E., au N. la Meuse; il répondait ainsi aux deux anciens roy. de Soissons et de Paris, tandis que l'Austrasie représentait celui de Metz, et la Bourgogne celui d'Orléans. Le nom de Neustrie commence à paraître après la mort de Caribert, pendant les guerres de Chilpéric contre Sigebert. Le triomphe de Clotaire II (613) fut celui de la Neustrie, à laquelle parut alors plus particulièrement annexée l'Aquitaine. Mais après la mort de Clotaire III, la Neustrie reçut un roi imposé par les Austrasiens, et l'Aquitaine se trouva de fait indépendante (670); Ebroïn ne releva la Neustrie que pour peu d'instants : vaincue à Testry (687), elle ne fut plus qu'un État vassal de l'Austrasie, que régissait la maison d'Héristal. Cependant la distinction de Neustrie, Austrasie, Bourgogne subsista, bien que s'effaçant sous les premiers Carlovingiens. Après le traité de Verdun (843), le nom de Neustrie ne désigna plus que l'ouest de la Basse-Neustrie. Enfin cette nouvelle Neustrie elle-même perdit son nom pour prendre celui de Northmannie ou Normandie, lorsqu'elle eut été cédée au Normand Rollon (912).

NEUVIC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 24 kil. S. d'Ussel; 3376 hab. — Ch.-l. de c. (Dordogne), à 20 kil. S. E. de Riberac; 2227 hab. Station.

NEUVILLE, ch.-l. de c. (Vienne), à 14 kil. N. O. de Poitiers; 3310 hab. Restes druidiques.

NEUVILLE-AUX-BOIS, ch.-l. de c. (Loiret), à 24 kil. N. E. d'Orléans; 2575 hab. Mérinos.

NEUVILLE-SUR-SAÔNE, autrefois Vimy, ch.-l. de c. (Rhône), à 13 kil. N. de Lyon; 2439 hab. Station. Beau pont suspendu, eau minérale.

NEUVILLE (Le P. FREY de), jésuite, né en 1693 dans le diocèse de Coutances, m. en 1774, professa treize ans la philosophie et prêcha trente ans avec éclat. Ses Œuvres, qui consistent surtout en Sermons et Panégyriques, ont été publiées en 1776, 8 v. in-12. Le P. Neuville est un des premiers prédicateurs du XVIIIe s. ; il a beaucoup d'imagination, une éloquence fleurie, un style vif et quelquefois pressant; on lui reproche un peu de recherche et de roideur académique. Parmi ses oraisons funèbres, on estime surtout celles du cardinal de Fleury et du maréchal de Belle-Isle.

NEUVY-LE-ROI, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), à 25 kil. N. O. de Tours; 1459 hab.

NEUVY-SAINT-SÉPULCRE, ch.-l. de c. (Indre), sur la Bouzanne, à 13 kil. N. O. de La Châtre; 2175 hab.

NEUWIED, v. de la Prusse Rhénane, sur la r. dr. du Rhin, au confluent de ce fleuve et de la Wied, à 23 kil. N. O. de Coblentz; 6000 hab. Ébénisterie, horlogerie, bijouterie, soieries, tissus divers, ustensiles de fer-blanc laqué, etc. Commerce très-actif. On attribue la prospérité de cette ville à la tolérance qu'y ont toujours trouvée toutes les sectes religieuses : on y compte beaucoup de Mennonites et de Frères moraves. — N. était le ch.-l. d'une petite principauté qui, médiatisée en 1806, passa au duché de Nassau et de là à la Prusse. Les Français défirent les Autrichiens à Neuwied en 1796 et en 1797.

NÉVA, fleuve de la Russie d'Europe, sort du lac Ladoga par l'extrémité S. O., coule au S. O., puis au N. O., arrose St-Péterbourg, et se jette dans le golfe de Finlande, après un cours de 60 kil. La Néva est rapide et très-large, ses eaux sont limpides et salubres; elle gèle d'octobre à avril. Elle communique avec le Volga par divers canaux. C'est un des plus importants débouchés pour le commerce de la Russie.

NEVADA (SIERRA), c.-à-d. Chaîne neigeuse, nom commun à un grand nombre de montagnes en Espagne et en Amérique, leur vient de ce qu'elles sont toujours couvertes de neiges. — Chaîne de l'Espagne mérid. (Grenade), s'étend d'Alhama à Baza sur une longueur de 150 kil. Son sommet le plus haut, le Mulahacen, a 3555m. — Grande chaîne de l'Amérique septentr., entre la Californie et l'Utah, donne naissance au Rio Sacramento, au San-Joachim et à plusieurs autres fleuves de la Californie, et fait donner le nom de Nevada à un nouveau territoire des États-Unis, qu'il traverse. Ce territoire, organisé en 1861, et formé de parties occid. de l'Utah et de parties orient. de la Californie, s'étend entre 37° et 42° lat. N.

NEVADA-DE-TOLUCO (SIERRA), chaîne du Mexique (Mexico), s'élève sur un plateau de 2770m de haut. Sommet principal, le Frayle (4750m).

NEVERS, Noviodunum ou Nevirnum, Ambivareti, ch.-l. du dép. de la Nièvre, sur la Loire et la Nièvre, à 235 kil. S. E. de Paris, 302 par chemin de fer; 18 971 hab. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce. lycée, bibliothèque, société d'agriculture, musée archéologique; succursale de la banque de France. Rues étroites et tortueuses. Belle cathédrale, anc. château des ducs de Nevers; beau parc. Porcelaine, faïence, verre à vitres, eau-de-vie et vinaigre, câbles, cordes à violon; aux env. (à Guérigny), fonderie de canons, chaînes en fer, enclumes, ancres pour la marine. Patrie d'Adam Billaut (dit maître Adam), de Chaumette, etc. — Nevers existait avant la conquête romaine et eut un évêché dès 506, sous Clovis. Elle devint à la fin IXe siècle le titre d'un comté qui fut érigé en duché par François I en 1538. Elle était autrefois la capitale du Nivernais. Elle souffrit beaucoup pendant la guerre de Cent ans et pendant les guerres de religion.

NEVERS (comtes, puis ducs de), Les premiers comtes de Nevers remontent à la fin du IXe siècle; mais leur origine est diversement racontée. En 1184, la 1re maison de ces comtes s'étant éteinte dans les mâles, Agnès leur héritière porta le comté dans la maison de Courtenay en épousant Pierre II de Courtenay. Ce mariage n'ayant donné naissance qu'à des filles, le comté de Nevers passa successivement dans les maisons de Donzy, de Châtillon, de Bourbon, de Bourgogne et de Flandre (1199-1272). Marguerite de Flandre, héritière du dernier comte, l'apporta à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, son époux. Jean sans Peur, fils de ce prince, porta quelque temps le titre de comte de Nevers ce titre passa ensuite à Engilbert, 3e fils de Jean I, duc de Clèves, qui avait épousé en 1455 une petite-fille de Philippe le Hardi. Le comté de Nevers fut érigé en duché-pairie en faveur de François de Clèves en 1538, puis passa par mariage dans la maison de Gonzague (1565). Il fut acheté en 1659 par Mazarin, qui le légua à son neveu, Philippe Mancini-Mazarini, dans la maison duquel il est resté jusqu'en 1789, époque où le dernier duc de Nivernais, Louis Jules Mancini fut dépossédé.

NEVERS (Louis DE GONZAGUE, duc de), général habile, né vers 1540, m. en 1595, était le 3e fils du duc Frédéric II de Mantoue, et devint duc de Nevers en 1565 par son mariage avec Henriette de Clèves. Il se distingua dans le parti catholique pendant les guerres de religion, prit parti pour la Ligue, et combattit avec succès les Calvinistes en Poitou (1588); mais il finit par se rallier à Henri IV, qui le nomma ambassadeur extraordinaire près du St. Siège pour négocier sa réconciliation avec l'Église. Plus tard, il fut envoyé contre le duc de Parme en Picardie. Gomberville et Cusson ont publié ses Mémoires. — Son petit-fils, Charles de Gonzague, duc de Nevers, devint en 1627 duc de Mantoue. V. GONZAGUE (Charles I de).

NEVERS (Phil. Julien, MANCINI, duc de), neveu du cardinal Mazarin, né à Rome en 1641, m. en, 1707 à Paris, était un des beaux esprits de l'hôtel de Rambouillet et composait d'assez jolis vers; cependant il se prononça pour Pradon contre Racine.

NEVERS (Louis Jules, duc de), V. NIVERNAIS.

NEVILL’S CROSS, lieu d'Angleterre, près, de Durham, dans le comté de ce nom, où lord Percy battit et fit prisonnier David Bruce, roi d'Écosse (1346) : 15 000 Écossais périrent dans cette bataille, le roi fut fait prisonnier avec toute sa noblesse.

NEVIS, une des Petites-Antilles anglaises, au S. E. de St-Christophe : 13 kil. sur 9 ; 16 000 hab. ; ch.-l., Charlestown. C'est une montagne qui s'élève au milieu de la mer, et au sommet de laquelle est un cratère éteint; cependant l'île est très-fertile. — Découverte par Christophe Colomb, qui la nomma ainsi parce que son sommet était couvert de neige. Elle appartient aux Anglais depuis 1628; cependant les Français l'ont occupée de 1706 à 1713 et de 1782 à 1783.

NEW, c-à-d. en anglais nouveau. Pour les mots anglais commençant ainsi qui ne seraient pas ci-après, cherchez le mot qui suit.

NEWARK, v. des États-Unis (New-Jersey), ch.-l. du comté d'Essex, à 14 kil. O. de New-York, sur la r. dr. de la Passaic ; env. 50 000 hab. Chemin de fer. Plusieurs écoles florissantes, dont une pour l’instruction des noirs, fondée par Kosciusko. Carrosserie, tannerie. La ville fut fondée en 1666.

NEWBURY, v. d’Angleterre (Berks), sur la Kennet, à 24 kil. S. O. de Reading ; 7000 h. Ville bien bâtie. Deux batailles y furent livrées, en 1643 et 1644, entre les Parlementaires et les Royalistes.

NEWBURY-PORT, v. et port des États-Unis (Massachusetts), près de l’embouchure du Merrimack, à 5 kil. de la mer et à 44 kil. N. de Boston ; 15 000 hab. Armements pour la pêche de la baleine.

NEWCASTLE OU NEWCASLE-UPON-TYNE, Pons Ælii, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de Northumberland, sur la r. g. de la Tyne, à 600 kil. N. O. de Londres ; 90 000 h. Bon port. Fort Clifford, vieux château fort en ruines. On y distingue deux parties : Newcastle proprement dit et Gateshead, faubourg sur la droite de la Tyne ; les vieux quartiers sont laids et sales. Chemin de fer ; belles églises St-Nicolas et de Tous-les-Saints ; chapelle Ste-Anne, hôtel de ville, salles d’assemblées, Casino, nouvelle cour de justice, bourse, bâtiment de l’école dite Royal-Jubilé, superbe pont (de neuf arches elliptiques), beau quai. Société littéraire et philosophique, société d’antiquaires, société médicale ; bibliothèque, gymnase. Immense commerce de houille ; grand commerce d’importation (vins, fruits du Midi, grains, fer, lin, chanvre, etc.), et d’exportation (plomb, sel, beurre, saumon, etc.) : la marine marchande de Newcastle est la 3e de l’Angleterre. – Newcastle a été bâtie à l’endroit où se terminait le mur d’Adrien, par le duc Robert, fils de Guillaume le Conquérant. Elle a souvent été prise par les Écossais et toujours reprise par les Anglais.

NEWCASTLE-UNDER-LIME, v. d’Angleterre (Stafford), sur un bras du Trent, à 23 kil. N. O. de Stafford ; 12 000 hab. Belle église, restes d’un château. Porcelaine, faïence et poterie de grès ; houille.

NEWCASTLE (Will., duc de), V. CAVENDISH.

NEWCOMMEN (Thom.), serrurier de Darmouth, inventa vers 1695 la machine à vapeur. S’étant associé en 1705 à John Cawley, plombier de Darmouth, et au capitaine Savary, il construisit à cette époque la 1re grande machine à vapeur qui ait rendu de véritables services à l’industrie. Cette machine, connue sous le nom de Machine de Newcommen, était à simple effet, et à condensation dans le cylindre même : c’était le poids de l’atmosphère qui poussait le piston en bas quand la vapeur qui l’avait soulevé, condensée par un jet d’eau froide, avait produit le vide. Employée jusqu’en 1769 sans modifications notables, elle a été depuis perfectionnée par Watt.

NEW-HAMPSHIRE, Voy. HAMPSHIRE.

NEW-HARMONY, v. des États-Unis. V. HARMONIE.

NEWHAVEN, petit port d’Angleterre (Sussex), à 10 kil. S. de Lewes, à l’emb. de l’Ouse dans la Manche ; 1500 hab. Paquebots pour Dieppe ; chantiers de construction. Chemin de fer, télégraphe-sous-marin, communiquant avec Dieppe.

NEWHAVEN, v. et port des États-Unis (Connecticut), 2e capit. de l’État, à 100 kil. N. E. de New-York, sur une baie du détroit de Long-Island ; 25 000 hab. Chemin de fer ; bibliothèque, musée, etc. Fonderie de cuivre, papier, fabrique de fusils.

NEW-JERSEY, un des États-Unis. Voy. JERSEY.

NEWMARKET, v. d’Angleterre (Cambridge et Suffolk), à 21 kil. N. E. de Cambridge ; 4000 hab. Célèbres courses de chevaux ; marché, chemin de fer.

NEWPORT, nom commun à beaucoup de villes d’Angleterre, notamment : 1o dans le comté de Southampton, au centre de l’île de Wight, dont elle est comme le ch.-l., à 17 kil. S. O. de Portsmouth ; 8000 hab. Charles I y traita avec les Parlementaires ; – 2o dans le comté de Monmouth, à 6 kil. de l’embouch. de l’Usk, à 35 kil. N. O. de Bristol ; 20 000 h. Chemin de fer. Commerce de houille, fer en barres, fonte.

NEWPORT, v. des États-Unis (Rhode-Island) 2e capit. de l’État, à 35 kil. S. E. de Providence, à l’extrémité S. O. du Rhode-Island ; 12 000 hab. Port excellent, commerce. Cette ville était plus florissante avant la guerre de l’Indépendance : elle était alors la rivale de Boston et de New-York. – V. NIEUPORT.

NEWRY, v. d’Irlande (Down), sur une rivière et un canal du même nom, à 48 kil. S. O. de Belfast ; 25 000 h. Anc. abbaye très-riche, supprimée en 1543.

NEWSTEAD, hameau d’Angleterre, dans le Nottingham, à 11 k. N. E. de Nottingham. Ancienne abbaye, donnée par Henri VIII aux ancêtres de lord Byron, et qui fut longtemps la résidence du poète.

NEWTON (Isaac), illustre savant anglais, né en 1642 à la terre de Woolstrope, près de Grantham (comté de Lincoln), m. en 1727, s’est placé au premier rang des mathématiciens, des physiciens et des astronomes. Il montra de bonne heure une étonnante application à l’étude et un goût prononcé pour la mécanique et les mathématiques. Sa mère, restée veuve de bonne heure, le destinait à gérer ses propriétés ; mais, reconnaissant qu’il était peu propre à cet emploi, elle le laissa libre de suivre son penchant. Il fut envoyé en 1660 à l’Université de Cambridge, et y eut pour professeur de mathématiques le docteur Barrow. Il ne tarda pas à surpasser son maître, et fit avant 23 ans ses plus grandes découvertes en mathématiques, celle du binôme qui porte son nom, et celle du calcul infinitésimal, qu’il appela calcul des fluxions. En 1666, il quitta Cambridge pour fuir la peste, et se retira dans son domaine de Woolstrope : c’est là que, voyant une pomme tomber devant lui, il conçut, à l’occasion de ce fait si vulgaire, la première idée de la gravitation universelle du système du monde. Il fut nommé en 1667 associé du collège de la Trinité à Cambridge, et succéda en 1609 à Barrow dans sa chaire d’optique ; il occupa cette chaire jusqu’en 1695, et y exposa des idées entièrement neuves. En 1672, il fut admis à la Société royale de Londres. Dans les années qui suivirent il communiqua à cette société une partie de ses travaux ; mais les tracasseries qu’il éprouva, surtout de la part de son collègue Hooke, qui, par jalousie, lui disputait l’honneur de ses découvertes, le déterminèrent pendant longtemps à garder le silence. Élu en 1668 pour représenter l’Université de Cambridge à la Chambre des Communes, il fit partie du Parlement qui exclut Jacques II (1688), et fut réélu en 1701 ; mais il ne se fit nullement remarquer dans la carrière politique. Il paraît qu’en 1692 sa raison se troubla un instant, soit par suite d’un incendie qui dévora une partie de ses papiers soit par l’effet d’une trop grande contention d’esprit ; depuis cette époque, il ne donna plus aucun travail original et ne fit guère que publier les résultats de ses travaux antérieurs. En 1696, il fut chargé de la refonte des monnaies : il eut d’abord le titre de garde, puis celui de directeur de la monnaie, place qui lui assura une existence indépendante. En 1699, l’Académie des Sciences de Paris le nomma associé étranger ; la Société royale de Londres le choisit en 1703 pour son président ; il garda ce titre jusqu’à sa mort. Ses dernières années furent troublées par une discussion fort vive qu’il eut à soutenir contre Leibnitz au sujet de la priorité de la découverte du calcul infinitésimal : il fut reconnu que Newton avait droit à la priorité, ses premiers travaux datant de 1665, mais que Leibnitz avait fait de son côté la même découverte (1676). – Les principaux fondements de la gloire de Newton sont : 1o la décomposition de la lumière et la découverte des principales lois de l’optique ; 2o la découverte de la gravitation universelle, propriété en vertu de laquelle tous les corps s’attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré des distances ; il expliqua à la fois par cette loi unique le mouvement des planètes autour du soleil, celui de la lune autour de la terre, le cours des comètes, le flux et le reflux de la mer. On lui doit en outre l’invention du télescope qui porte son nom et une foule de solutions particulières et de théories mathématiques aussi remarquables par l’élégance que par la rigueur. Newton était d’une patience infatigable : comme on lui demandait comment il avait fait ses grandes découvertes, il répondit : « on y pensant toujours. » Ses principaux ouvrages sont : les Principes mathématiques de la philosophie naturelle, en latin (Philosophiæ naturalis principia mathematica), publiés pour la 1re fois en 1687 ; réimpr. à Genève en 1739, avec un commentaire estimé de Leseur et Jacquier ; trad. en franç. par Mme Du Chastelet, 1759, avec des notes qu’on attribue Clairaut (c’est là que se trouve exposé le système du monde) ; l’Optique, publiée en 1704 en anglais, trad. en latin par Clarke, 1706, en franç. par Coste, 1722, et par Marat, 1787 ; Analysis per qvantitatum series, fluxriones, etc., 1711 (cette dissertation, composée vers 1665, contenait le germe du calcul infinitésimal). On a en outre de lui un Système de chronologie (the Chronology of ancient kingdoms amended), publié après sa mort, 1728, trad. par l’abbé Granet, 1728, et réfuté par Fréret ; et des Observations sur les prophéties, particulièrement sur Daniel et l’Apocalypse, imprimées après sa mort : on y trouve les interprétations les plus étranges. Samson Horsley a donné une édition des Œuvres de Newton, Londres, 1779-1785, 5 vol. in-4 ; Castillon a publié séparément les Opuscula mathematica, pkitosophica, philologica, Lausanne, 1744, 3 vol. in-4. On a de Fontanelle un Éloge de Newton, et de Brewster une Vie de Newton fort estimée.

NEW-YORK, v. de l’Amérique du N., v. princip. de l’État de ce nom, à la pointe S. de l’île Manhattan, au confluent de l’Hudson et de la Rivière de l’Est, au fond d’une grande baie, par 76° 18′ long. O., 40° 41′ lat. N. ; 815 000 h., y compris les faubourgs de Brooklyn et Williamsburg (on n’en comptait que 4302 en 1697). Siège du gouvt de l’État, évêchés catholique et anglican ; tribunaux. Très-beau port ; forts et batteries. Rues étroites dans les vieux quartiers, fort belles ailleurs, souvent bordées de peupliers (celle de Broadway a 4 kil. de long et 26m de large) ; elles sont presque toutes droites et parallèles. Cathédrale catholique ; églises St-Jean et St-Paul, la Trinité ; hôtel de ville (City-Hall), presque tout en marbre blanc ; bourse, brûlée en 1835, et reconstruite en marbre ; hôpital général et autres, hospices. 2 arsenaux (l’un de l’État de New-York, l’autre de l’Union), douane, 2 théâtres (City-Gaol et Penitentiary) ; banques, musée. Sociétés littéraire et philosophique, linnéenne, d’agriculture, d’histoire, de médecine ; académie des beaux-arts ; deux écoles supérieures (Columbia college et University), école de médecine, avec jardin botanique ; séminaire théologique, institut de sourds-muets, etc. ; 2 bibliothèques, établissement typographique de la Société biblique américaine. Très-grand commerce, le plus important de l’Amérique ; industrie très active : librairie, raffineries, brosseries, distilleries, tanneries, carrosserie, horlogerie, bijouterie, chapellerie, etc. New-York entretient des communications régulières par paquebot avec Liverpool, Londres et le Havre. — Les fondements de cette ville furent jetés en 1621 par des Hollandais, qui l’appelèrent Nouvelle-Amsterdam ; elle tomba en 1664 au pouvoir des Anglais et prit son nom actuel du duc d’York (depuis Jacques II), à qui cette colonie avait été concédée. Reprise en 1673 par les Hollandais, elle retourna dès l’année suivante à l’Angleterre. Les Américains l’enlevèrent à la métropole en 1783 ; le 1er congrès de l’Union s’y assembla en 1785. Sa population va toujours croissant, quoique plusieurs fois décimée par la fièvre jaune.

NEW-YORK (État de), un des États-Unis de l’Amérique du Nord, borné au N. par le lac Ontario, le St-Laurent et le Bas-Canada ; à l’E. par le lac Champlain, les États de Vermont, Massachusetts et Connecticut ; au S. par l’Océan, le New-Jersey et la Pensylvanie ; à l’O. par le lac Érié et le Niagara : 460 k. de long sur 480 ; 3 900 000 hab Ville principale, New-York ; autres villes, Albany, Schénectady, Troy, Hudson. L’État est arrosé par l’Hudson, le Mohawk, la Delaware, la Susquehannah, la St-Laurent et par plusieurs canaux, et bordé par les lacs Ontario, Érié, Champlain. Sol montagneux, mais généralement fertile en céréales, grains et légumes. Industrie et commerce immenses. — Ce pays a été exploré pour la 1re fois en 1609 par Henri Hudson, navigateur anglais au service des Hollandais. Colonisé par ces derniers, il tomba en 1664 au pouvoir des Anglais. Il fut un des premiers à lever l’étendard de l’indépendance. Il adopta en 1788 la Constitution des États-Unis. Sa constitution intérieure actuelle date de 1846.

NEXON, ch.-l. de c. (Hte-Vienno), à 21 kil. N. de Saint-Yrieix ; 2445 hab.

NEY (Michel), maréchal de l’Empire, né à Sarre-Louis en 1769, était fils d’un tonnelier. 11 s’engagea à 18 ans (1787), fit les deux premières campagnes de la Révolution comme aide de camp, se distingua sous Kléber, devint général de brigade en 1706, général de division en 1799, servit dans les armées du Danube et du Rhin, prit part à la journée de Hohenlinden, fut nommé ambassadeur en Suisse on 1801, et créé maréchal en 1804. Il remporta en 1805 la victoire d’Elchingen, qui détermina la prise d’Ulm, passa de là dans le Tyrol, se signala, dans les campagnes contre la Prusse et la Russie (1806 et 1807), par la capitulation d’Erfurt et de Magdebourg, par le passage de la Vistule, la prise de Thorn, et par sa belle conduite à la journée d’Amskerdorf ; soumit, en Espagne, la Galice et les Asturies (1308), prit, en Portugal, Castel-Rodrigo, fit capituler Almeida, sauva l’armée française par la belle retraite qu’il lui fit opérer de Lisbonne à Miranda de Douro ; mit le comble à sa gloire dans la campagne de Russie en 1812, au combat de Liady, à la prise de Smolensk, à la bataille de la Moskowa, mais plus encore pendant la désastreuse retraite : c’est lui qui commandait l’arrière-garde et qui fit effectuer le passage de la Bérésina. En 1813, il eut part aux vict. de Lutzen, de Bautzen, mais fut battu à Dennewitz ; en 1814 il paya également de sa personne à Brienne, Champ-Aubert, Montmirail. Toutefois, il fut un de ceux qui pressèrent le plus énergiquement Napoléon d’abdiquer. Louis XVIII lui fit bon accueil, le nomma pair de France, et lui confia, lorsque Bonaparte revint de l’île d’Elbe, en mars 1815, le commandement du corps principal chargé de le combattre ; mais, arrivé à Lons-le-Saulnier, Ney se prononça on faveur de son ancien maître, et, à Auxerre, il se joignit à lui avec ses troupes. La convention militaire du 3 juillet entre les alliés et le gouvernement provisoire lui garantissait le pardon de sa conduite ; cependant il fut arrêté le 5 août, traduit devant la cour des pairs et condamné à mort, malgré la belle défense de MM. Berryer et Dupin : il fut fusillé le 7 déc. près de L’Observatoire ; un monument expiatoire lui a été érigé en 1853 dans ce lieu même. Napoléon avait fait Ney duc d’Elchingen en 1807, et prince de la Moskowa en 1812. Ce général se faisait surtout remarquer par un courage bouillant et impétueux ; ses compagnons d’armes l’avaient surnommé le brave des braves. Il a rédigé des Mémoires, qui ont été publiés en 1833. — Ney laissa 4 fils : Napoléon, qui hérita du titre de prince de la Moskowa ; né en 1803, pair de France en 1831, m. en 1857, il s’était fait un nom comme compositeur de musique ; — Michel, duc d’Elchingen, général de brigade, enlevé par le choléra en 1854, au début de l’expédition de Crimée ; — Eugène, qui suivit la carrière des consulats, — et Edgar, né en 1812, général de division, aide de camp de l’empereur Napoléon III et sénateur, qui, à la mort de son frère aîné, a été substitué au titre de duc de la Moskowa.

NÉZIB, l’anc. Nisibis, v. de la Turquie d’Asie (Al-djézireh), ch.-l. de livah, à 200 k. N. O. de Mossoul 1000 hab. V. NISIBIS.

NÉZIB, bg et plaine de Syrie, entre Alep et Marach, non loin de l’Euphrate. Ibrahim, fils de MéhémetAli, pacha d’Égypte, y remporta le 25 juin 1839 une vict. décisive sur les troupes du sultan Mahmoud.

NGAMI ou NIGAMI, lac de l'Afrique australe, situé par 19° 7' lat. S. et 25° long. E., dans le pays des Namaquas et des Batouanas, a env. 100 kil. de tour. Il a été découvert en 1849 par Livingstone et exploré en 1856 par le suédois Anderson.

NIAGARA, riv. de l’Amérique du Nord unit les lacs Érié et Ontario et sert de limite entre le Ht-Canada et les États-Unis (New-York). Elle n’a que 60 k. de cours, mais est fort large : elle a 1 k. de largeur à sa sortie du lac Érié et 15 kil. près de l’île Grande. A 2 kil. de là elle forme une cataracte fameuse : les eaux, divisées par la petite île des Chèvres, se précipitent d’une hauteur de 50m environ, en deux chutes, celle du Fer-à-Cheval, du côté du Canada, qui a 600m de large, et celle du côté des États-Unis qui en a 200. On entend le bruit à 60 kil. de là. Un pont suspendu a été récemment jeté sur la Niagara : il s’élève à 82m au-dessus du niveau de l'eau.

NIBELUNGEN. V. NIEBELUNGEN.

NICAISE (S.), Nicasius, apôtre de la Neustrie, considéré comme le 1er archevêque de Rouen, vivait au IIIe siècle, et souffrit le martyre avec S. Mellon. On le fête le 11 oct. – Évêque de Reims au Ve s., martyrisé par les Vandales vers l’an 406, fonda dans sa ville épiscopale une église consacrée à la Ste Vierge, sur les débris de laquelle s’élève la cathédrale actuelle de Reims. On le fête le 14 déc.

NICAISE (l’abbé), antiquaire, né à Dijon en 1623, m. en 1701, était chanoine de la Sainte-Chapelle à Dijon. Il voyagea en Italie pour étudier les antiquités et les arts, et entretint pendant les 20 dernières années un commerce de lettres très-étendu avec les principaux savants de l’époque, Leibnitz, Huet, Bayle, etc. On n’a de lui que de courts écrits, consacrés pour la plupart à des points d’antiquité ; sa correspondance est conservée manuscrite à la Bibliothèque impériale en 5 vol. in-4. M. Cousin a imprimé sa Correspondance avec Leibnitz sur l’amour de Dieu dans ses Fragments philosophiques.

NICANDER, médecin et écrivain grec du 1er siècle av. J.-C., natif de Colophon. Des nombreux ouvrages qu’il avait composés sur des matières de médecine, il ne nous reste que deux poëmes didactiques fort médiocres, Theriaca et Alexipharmaca (ou des contre-poisons), imprimés dans le Corpus poetarum grœcorum, Genève, 1806 et 1814, et dans les Poetæ grœci bucolici et didactici de Didot, grec latin, 1846 ; traduits en français par J. Grevin, Anvers, 1567.

NICANOR, général des armées d’Antiochus Épiphane, roi de Syrie, marcha en Palestine contre Judas Machabée, fut deux fois vaincu, et périt dans la 2e rencontre. Judas lui fit couper la tête et la main droite, qui furent portées à Jérusalem.

NICARAGUA, v. du Guatemala, dans l’État de Nicaragua, à 192 kil. S. E. de Léon, sur le bord S. O. du lac de Nicaragua ; 13 000 hab. Évêché catholique. – Il ne faut pas confondre cette ville avec San-Juan-de-Nicaragua, v. et port du même État, sur le golfe du Mexique, à l’emb. du San-Juan.

NICARAGUA (État de), république de l’Amérique centrale, entre les États de Honduras au N., de Costa-Rica au S., le Grand-Océan au S. O. et la mer des Antilles à l’E. : 577 kil. du N. O. au S. O. sur 289 ; 350 000 hab. ; ch.-l., San-Léon de Nicaragua. Hautes montagnes (les Andes), volcans. Climat très-chaud,humide, fertile ; cacao, indigo, coton, gomme carana, fruits exquis. – Après avoir secoué le joug des Espagnols, ce pays fit depuis 1824 partie de la Confédération de Guatemala ; il s’en est détaché en 1847.

NICARAGUA (lac de), dans l’État de Nicaragua, est lié à la mer des Antilles par le fleuve San-Juan, et au Grand-Océan par un canal, ce qui met cette mer en communication avec l’Atlantique ; c’est un des plans proposés pour couper l’isthme de Panama et y ouvrir un canal de grande navigation. Le lac de Nicaragua a 193 kil. sur 77.

NICARIA, nom moderne de l’île d’Icarie.

NICASTRO, Neocastrum, v. d’Italie (Calabre Ultérieure 2e), à 25 kil. O. N. O. de Catanzaro ; 10 000 h. Évêché. Poterie, huile d’olive ; eaux thermales. Châeau où fut renfermé le fils rebelle de Frédéric II, roi de Naples. Terrible tremblement de terre en 1638.

NICATOR. V. NICANOR, DÉMÉTRIUS et SÉLEUCUS.

NICE, Nicæa chez les Romains, Nizza en italien, v. et port de France, ch.-l. des Alpes maritimes et jadis capit. du comté de Nice, sur la Méditerranée, à 880k. S. S. E. de Paris, à 125K. E. N. E. de Toulon, à 6 k. de l’embouch. du Var ; 48 273 h. Petit port. Évêché, trib., lycée ; consulats. Belles rues du Prince-Impérial, de Masséna, de la Croix de marbre ; promenade magnifique le long de la mer ; cathédrale, bibliothèque. Air pur et salubre, climat tempéré, qui fait recommander ce séjour aux malades. Manuf. de tabac ; comm. de soie, parfums, huile, anchois, liqueurs, etc. Patrie de Carle Vanloo, de Cassini, du général Garibaldi ; Masséna est né dans un village voisin. – Cette ville, dont le nom en grec signifie victoire (nikê),fut fondée par les Massiliens, vers 300 av. J.-C., en mémoire d’une victoire qu’ils avaient remportée sur les Liguriens. Ils la cédèrent, avant le temps de César, aux Romains, qui en firent un arsenal maritime. Sous Auguste, l’arsenal ayant été transporté à Fréjus, Nice perdit de son importance ; elle se releva au VIIIe siècle ; au XIIe, elle était la capitale du comté de son nom. En 1388, elle se donna à Amédée VII, duc de Savoie ; ce prince et ses successeurs l’agrandirent et l’embellirent. Elle fut en 1538 le siége d’un congrès entre Charles-Quint, Paul III et François I. Prise par les Français unis aux Turcs en 1543, par Catinat en 1691, par Berwick en 1706, elle fut réunie à la France en 1792, et fut le ch.-l. du dép. des Alpes maritimes jusqu’en 1814. Elle fut alors annexée aux États Sardes, dans lesquels elle était ch.-l. d’intendance ; elle revint à la France en 1860.

NICÉE, Nicæa, auj. Isnik, anc. v . de l’Asie mineure, en Bithynie, sur le lac Ascanius (lac d’Isnik), fut nommée d’abord Antigonie par Antigone, son fondateur, puis appelée Nicée par Lysimaque, du nom de sa femme Nicée. Patrie de l’astronome Hipparque et de l’historien Dion Cassius. Elle est surtout célèbre par un concile œcuménique qui s’y tint sous l’empereur Constantin en 325 ; ce concile dressa le fameux symbole des apôtres, dit Symbole de Nicée, condamna Arius et détermina le jour où la Pâque devrait être célébrée. En 787, un 2e concile œcuménique fut convoqué à Nicée : les Iconoclastes y furent anathématisés. On connaît sous le nom de Faux concile de Nicée le concile réuni dans cette ville sous l’empereur Constance. Prise en 1076 par Soliman, Nicée fut quelque temps la capitale de la sultanie de Konieh. Occupée en 1097 par les Croisés, elle fut donnée en 1204 à Louis de Blois avec le titre de duché de Nicée ou de Bithynie ; mais ce duché était à conquérir. Nicée était alors possédée par le Grec Théodore Lascaris I, qui sut s’y maintenir et qui agrandit son domaine de la Lydie, d’une partie de la Phrygie et des côtes de l’archipel jusqu’à Éphèse. En 1206, après l’occupation de Constantinople par les Latins, Théodore Lascaris forma de toutes ses conquêtes l’Empire dit de Nicée, sur lequel régnèrent après lui Théodore Lascaris I (1206), Jean Ducas Vatace (1222), Théodore Lascaris II (1255), Jean Lascaris (1259), Michel Paléologue (1260) ; ce dernier réunit l’empire de Nicée à celui de Constantinople, 1261. Les Turcs s’emparèrent de Nicée en 1333. V. ISNIK.

NICÉPHORE I, le Logothète, empereur d’Orient, né à Séleucie, était grand logothète (V. ce mot) lorsqu’il prit la pourpre, en 802 ; il relégua l’impératrice Irène à Lesbos, fit crever les yeux à son compétiteur Bardane, conclut avec Charlemagne un traité pour régler les limites des deux empires, fut battu par Haroun-al-Raschid et réduit à lui payer tribut, puis fut surpris et tué par les Bulgares (811). Ce prince favorisa les Manichéens et les Iconoclastes. NICÉPHORE II, Phocas, né en 912, fils du patrice Bardas, fut élevé dans les camps, se distingua par ses qualités militaires ; fut nommé généralissime des troupes pendant la minorité des fils de Romain II et se fit proclamer césar en 963. Il reprit aux Sarrasins la Cilicie, la Syrie, Chypre, mais il mécontenta ses sujets par de nouveaux impôts. Zimiscès, un de ses généraux, amant de sa femme Théophano, le tua en 969 et se fit couronner.

NICÉPHORE III, Botoniate, général de l’armée d’Asie sous Michel Ducas, parvint au trône en 1078, lors de l’abdication forcée de ce prince, tandis que Nicéphore Bryenne était proclamé en Illyrie (V. BRYENNE) ; il envoya contre ce compétiteur Alexis Comnène, qui s’empara de sa personne et lui fit crever les yeux. Ce général, se voyant menacé lui-même d’un sort semblable, se fit proclamer empereur (1081) et envoya Nicéphore finir ses jours dans un cloître.

NICÉPHORE (S.), patriarche de Constantinople en 806, défendit le culte des images contre l’empereur Léon l’Arménien, fut exilé et mourut en 828. On a de lui une Chronologie depuis Adam, et une Histoire abrégée (de 602 à 770), qui se trouvent dans la Byzantine. On le fête le 13 mars. – Un autre S. Nicéphore, qui subit le martyre à Antioche sous Valérien, est honoré le 12 février.

NICÉPHORE CALLISTE, moine et historien grec, m. vers 1350, a laissé une Histoire ecclésiastique en 23 livres, qui va jusqu’en 610 et qui a été publiée par Fronton du Duc, 1630, avec trad. lat. de Lange.

NICÉPHORE BRYENNE, N. GRÉGORAS. V. BRYENNE, etc.

NICEPHORIUM, auj. Racca, v. de Mésopotamie (Osroène), au confluent de l’Euphrate et du Billicha (auj. Belès), fondée par Alexandre en souvenir d’une de ses victoires, s’est nommée successivement Callinicum, Constantinopolis, Léontopolis.

NICEPHORIUS, un des noms anciens du KHABOUR.

NICERON (Pierre), Barnabite, né en 1685 à Paris, m. en 1738, professa les humanités et la rhétorique dans divers colléges, puis vint se fixer à Paris et se livra tout entier à l’histoire littéraire. On lui doit : Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres de la république des lettres, avec le Catalogue de leurs ouvrages, ouvrage qui contient beaucoup de renseignements utiles, Paris, 1727-45, 43 v. in-12.

NICETAS ACOMINATUS, dit Choniates parce qu’il était de Chonæ (l’anc. Colosses) en Phrygie, remplit divers emplois à la cour de Constantinople, se retira à Nicée en 1204, et y mourut en 1216. Il a laissé des Annales en 21 liv. (de 1118 à 1206), qui ont été publiées avec version latine par Jér. Wolf, Bâle, 1557, in-fol., par Fr. Wilken, 1830, et dans la Byzantine. Le président Cousin en a donné une trad. française.

NICETAS EUGENIANUS, écrivain grec du XIIe S., est auteur d’un roman en vers, les Amours de Chariclée et de Drosila, publié par M. Boissonade, Paris, 1819, et dans les Erotici græci de Didot, 1856. Il a été trad. en français par Ph. Lebas en 1841.

NICHAN-IFTIKHAR, c.-à-d. signe d’honneur, décoration créée par le sultan Mahmoud II, offre le sceau du sultan, entouré de brillants.

NICHAPOUR, v. de Perse (Khoraçan), à 90 kil S. de Mesched ; 9000 hab. (jadis beaucoup plus peuplée). Mines de turquoises, à 60 kil. vers l’O. – Fondée par Sapor I sur l’emplacement d’une ville ruinée par Alexandre, elle fut la capitale de la Perse sous les Seldjoucides ; ravagée au XIIe S. par les Tartares, elle ne s’est pas relevée depuis.

NICHOLSON (W.), bibliographe, né à Plumland (Cumberland) en 1655, m. en 1727, visita les principales bibliothèques de l’Allemagne, fut successivement évêque de Carlisle, archevêque de Londonderry, puis de Cashell. On lui doit la Bibliographie historique de l’Angleterre, Londres, 1690-99 ; – de l’Écosse, 1702; – de l’Irlande, 1724; – Leges Marchiarum, 1705 et 1747; Dissertatio de jure feudali veterum Saxonum (dans les Leges anglo-saxonicæ de Wilkins, 1721).

NICHOLSON (W.), chimiste et physicien anglais, né à Londres en 1753, m. en 1815, quitta le commerce pour les sciences et dirigea avec succès une école à Londres. Il fut un des premiers à reconnaître l’action chimique de la pile et inventa l’aréomètre qui porte son nom ; mais il s’endetta pour faire ses expériences, et fut mis en prison par ses créanciers. Il a publié un Journal de philosophie naturelle, de chimie et des arts (en anglais), Londres, 1797-1800 ; une Introduction à la philosophie naturelle et expérimentale (1781) ; un Dictionnaire de chimie (1789) ; des Tables synoptiques de chimie (1801), et a traduit les Éléments de chimie de Fourcroy et de Chaptal.

NICIAS, général athénien, combattit avec succès les Spartiates dans la guerre du Péloponèse, leur enleva l’île de Cythère (425 av. J.-C.), fit conclure en 421 une trêve, dite paix de Nicias ; s’opposa à l’expédition de Sicile, accepta néanmoins d’être un des trois chefs de l’expédition quand elle eut été décidée (415), eut part aux succès et aux revers de cette expédition, et finit par capituler, ainsi que Démosthène, son collègue. il fut tué par les Siciliens en 413, bien qu’on lui eût promis la vie sauve. Plutarque a écrit sa Vie.

NICIAS, peintre athénien qui florissait vers 332 av. J.-C., avait inventé un procédé d’encaustique qui rendait les couleurs plus brillantes et plus durables. On admirait comme ses chefs-d’œuvre un Alexandre, une Pythonisse et un Hyacinthe.

NICOBAR (îles), archipel du golfe de Bengale, entre 92° 30’ et 94° long. E., 6° 40’ et 9° 15’ lat. N. Les principales îles sont la Grande-Nicobar ou Sambalong (qui a 44 kil. sur 17), la Petite-Nicobar, Camorta, Terrassa, Nancovery, Kar-Nicobar ; env. 10 000 hab. Bois, sources, mouillages commode; air malsain. Canne à sucre, arbre à pain, tek, sassafras ; crocodiles et autres reptiles très-nombreux. – Les Danois y avaient formé de 1756 à 1785, des établissements, qu’ils ont abandonnés à l’Angleterre en 1848.

NICOCLÈS, roi de Chypre en 374 av. J.-C., était fils et successeur d’Évagoras. Il n’est connu que par les deux Discours qu’Isocrate, son maître, lui adressa, et qui traitent, l’un, de la science du gouvernement, l’autre, des devoirs des sujets envers leur prince. – Roi de Paphos, tenait son trône de Ptolémée 1er, roi d’Égypte ; néanmoins, il trahit ce prince en s’alliant à Antigone. Cerné dans son palais par des émissaires de Ptolémée, qui étaient chargés de le faire périr, il se tua, avec toute sa famille, 310 av. J.-C.

NICOCRÉON, tyran de Chypre au XVe s. av. J.-C., fameux par sa cruauté. V. ANAXARQUE.

NICODÈME, Nicodemus, sénateur juif de la secte des Pharisiens, ne craignit pas de se déclarer disciple de J.-C., alla avec Joseph d’Arimathie lui rendre les derniers devoirs, et fut pour ce fait privé par les Juifs de sa dignité. On a sous son nom un évangile apocryphe, composé vers le Ve siècle par quelque hérétique. On fête ce saint le 3 août.

NICOLAI, famille française illustre dans la magistrature, originaire du Vivarais, a fourni plusieurs chanceliers. L’un de ses membres les plus distingués, Jean-Aimar de N., après avoir suivi la carrière des armes et s’être signalé à la prise de Valenciennes (1677), entra dans la magistrature et devint président de la Chambre des comptes. Il fut le tuteur de Voltaire.

NICOLAI (Jean), professeur d’antiquités à Tubingue, né vers 1660, m. en 1708, a laissé entre autres ouvrages : Demonstratio qua probatur Gentilium theologiam ex fonte Scripturæ originem traxisse, Helmstædt, 1681 ; de Ritu antiquo Bacchanalium, 1696 ; De siglis veterum, 1703 ; Antiquitates Ecclesiæ, 1705.

NICOLAI (Frédéric), libraire et littérateur allemand, né à Berlin en 1733, m. en 1811, avait étudié presque toutes les sciences. Ses ouvrages principaux sont : Lettres sur la littérature moderne, 1761-66; Description de Berlin et de Potsdam, Berlin, 1786 ; Vie et opinions de Nathanker, roman, 1799 ; Voyage en Allemagne et en Suisse, 1788-96. On a aussi de lui de curieuses Recherches historiques sur l’usage des Perruques, 1801 (trad. en franc, par Jansen, 1809). Il édita ce 1765 à 1792 la Bibliothèque allemande universelle, espèce d’encyclopédie qui exerça une grande influence sur la littérature allemande.

NICOLAI, voyageur français. V. NICOLAY.

NICOLAIEF, NICOLAISTADT. V. NICOLAÏEF, etc.

NICOLAS (S.), évêque de Myre en Lycie, vivait, selon l’opinion commune, sous Constantin le Grand. Il sa signala dès sa 1re enfance par sa piété et fit pendant sa vie de nombreux miracles. Il fut persécuté sous Dioclétien et Licinius, et mourut vers 842. Il a été choisi pour être le patron des jeunes garçons parce que son enfance fut exemplaire. Il est aussi le patron de la Russie. On le fête le 6 décembre.

NICOLAS I, le Grand, pape de 858 à 867, Romain de naissance, fit anathématiser Photius au concile de Latran (862), lança diverses censures sur des évêques de France qui refusaient de se soumettre à sa juridiction, et eut la satisfaction de voir le roi des Bulgares Bogoris embrasser le Christianisme et reconnaître la suprématie de l’Église romaine. On a de lui des Lettres, Rome, 1542, fol. et Anvers, 1578, fol.

NICOLAS II, Gérard, pape de 1058 à 1061, né en Savoie, était d’abord évêque de Florence. Il fut élu pape par l’appui de L’impératrice Agnès, mère d’Henri IV, fit déposer par les évêques de Toscane et de Lombardie son compétiteur Jean de Velletri (Benoît X), investit à titre de vassaux les Normands Richard et Robert Guiscard, le 1er de la principauté de Capoue, le 2e de la Pouille et de la Calabre, 1059, commença à affranchir la papauté de la dépendance de l’empire, et régla dans un concile les formalités à suivre pour l’élection des papes.

NICOLAS III, Jean Caëtan Orsini, pape de 1217 à 1280, se fit rendre par Rodolphe de Habsbourg plusieurs villes de la Romagne, força Charles d’Anjou de renoncer au vicariat de l’empire en Toscane et au titre de patrice de Rome, mais ne réussit ni dans ses tentatives pour réunir les Églises romaine et grecque, ni dans ses essais de médiation entre le roi de Castille et Philippe le Hardi. On a reproché à ce pape d’avoir trop enrichi et élevé sa famille.

NICOLAS IV, Jérôme d’Ascoli, pape de 1288 à 1292, né à Ascoli, était général des Frères Mineurs, et fut promu malgré lui à la papauté. Il fit tous ses efforts pour ranimer le zèle des croisades, envoya des missionnaires jusqu’en Chine et fonda en France l’Université de Montpellier (1289).

NICOLAS V, Thomas Parentucelli, pape de 1447 à 1455, né à Sarzane, obtint l’abdication de l’antipape Félix V, 1449, ce qui mit fin à un schisme fâcheux ; mais tenta vainement, après la chute de Constantinople (1453), de susciter une croisade contre les Turcs. Rome lui doit plusieurs édifices magnifiques, et on peut le considérer comme le fondateur de la bibliothèque du Vatican, tant il l’augmenta.

NICOLAS V, antipape. V. CORBIÈRE (Pierre de).

NICOLAS, roi de Danemark de 1106 à 1134, était fils de Suénon II et successeur d’Éric Ier, son frère. D’un caractère faible, il dut abandonner à son neveu Canut le titre de roi des Slaves et le duché de Slesvig. Son fils Magnus, jaloux de Canut, tua de sa main cet usurpateur ; mais une assemblée générale, excitée par la vue des vêtements ensanglantés de la victime, déposa Nicolas.

NICOLAS Ier, empereur de Russie, né en 1796, mort en 1855, était le 3e fils de Paul Ier. Il monta sur le trône en 1825, à la mort d’Alexandre, son frère aîné, par l’effet de la renonciation de son 2e frère, Constantin, eut dès son avènement à comprimer une révolte militaire et déploya en cette occasion une grande fermeté ; contraignit la Turquie à signer le traité d’Akermann (1823), qui confirmait les concessions obtenues par celui de Bucharest ; repoussa les attaques du schah de Perse et obtint, par la paix de Tourkmantchai (22 février 1828), la cession des provinces d’Érivan et de Nakschivan ; mais fut moins heureux avec les Circassiens, qu’il tenta vainement de réduire ; favorisa le soulèvement des Hellènes, s’allia, pour assurer leur indépendance, à l’Angleterre et à la France, et joignit sa flotte à celles de ces deux puissances pour anéantir la flotte turque à Navarin (1827) ; déclara en 1828 la guerre à la Porte qui refusait d’exécuter le traité d’Akermann, et força sultan à signer, à Andrinople, une paix humiliante (14 sept. 1829), qui livrait à la Russie, avec de nouvelles provinces en Asie, les bouches méridionales du Danube et le protectorat des Principautés danubiennes ; vit en 1830 éclater en Pologne, à la suite de la révolution de France, une insurrection formidable, qui ne put être comprimée qu’après dix mois d’une lutte acharnée (1831), et punit les Polonais en leur enlevant leur constitution et leurs privilèges ; prit en 1832 la defense du sultan Mahmoud, menacé par Méhémet-Ali, pacha d’Égypte, et obtint de la Porte en reconnaissance qu’elle signât le traité d’Unkiar-Skélessi (juin 1833), qui fermait à son profit le détroit des Dardanelles ; s’allia, par le traité du 15 juillet 1840, avec l’Angleterre et l’Autriche, à l’exclusion de la France, pour arrêter de nouveau les progrès du pacha d’Égypte ; s’unit étroitement, après les événements de 1848, à la Prusse et à l’Autriche pour comprimer l’esprit révolutionnaire et aida puissamment ce dernier État à triompher de l’insurrection hongroise (1849) ; prit prétexte en 1853 d’un différend élevé au sujet des lieux saints pour exiger impérieusement de la Porte, par l’organe de son ambassadeur le prince de Mentchikoff, un traité qui lui permît d’intervenir dans les affaires intérieures de l’empire ottoman afin d’y protéger les sujets grecs, fit, sur le refus du sultan, occuper à l’improviste les Principautés danubiennes et détruire la flotte ottomans à Sinope, et engagea ainsi une nouvelle guerre, dans laquelle la France et l’Angleterre, après avoir inutilement tenté tous les moyens de conciliation, prirent parti contre lui (1854). Déjà il avait pu connaître l’échec de ses troupes devant Silitrie, leur défaite aux batailles de l’Alma, de Balaclava et d’Inkermann, la destruction de Bomarsund et les progrès du siège de Sébastopol, lorsqu’il mourut d’une paralysie du poumon. – L’empereur Nicolas était doué de tous les avantages extérieurs qui commandent le respect ; en outre, il avait une grande activité, une volonté énergique ; il s’honora par ses vertus domestiques, par son amour pour les arts et par l’habileté de son gouvernement : il étendit les limites de ses États, développa les ressources intérieures de la Russie, améliora le sort de la bourgeoisie et des populations rurales, donna aux nobles de son empire l’exemple d’émanciper les serfs et fit dresser un Digeste de toutes les lois russes (1833). Ennemi des révolutions, il se posa vis-à-vis des nations étrangères comme le défenseur de l’autorité et de la légitimité : aussi fut-il longtemps l’arbitre de l’Europe ; mais, se croyant appelé à réaliser les projets ambitieux de Pierre Ier et de Catherine II sur la Turquie, il compromit par ses derniers actes sa réputation de sagesse, ainsi que la prospérité de son empire. Ce prince fut, depuis 1830, fort hostile à la France et à la nouvelle dynastie qu’elle avait choisie ; en outre, il se montra pendant tout son règne fort intolérant ; il employa tous les moyens pour faire triompher l’Église orthodoxe russe et fit subir aux dissidents toutes sortes de vexations. — Nicolas avait épousé en 1817 la princesse Charlotte de Prusse, sœur de Frédéric-Guillaume ; il a laissé 4 fils : Alexandre, né en 1818, qui lui a succédé sous le nom d’Alexandre II ; Constantin, né en 1827 ; Nicolas, né en 1831 ; Michel, né en 1832. – Sa vie a été écrite par A. Belleydier, 1857, et P. Lacroix, 1864 et suiv. Il a été apprécié par M. de La Guéronnière dans ses Études et portraits politiques.

NICOLAS DE DAMAS ou DAMASCÈNE, écrivain grec, né à Damas vers l’an 74 av. J.-C., composa des tragédies et des comédies et cultiva en même temps la rhétorique, les mathématiques, la philosophie et l’histoire. Il fut un grand crédit auprès d’Hérode, roi de Judée ; à la mort de ce prince, il contribua à décider le partage de la Judée entre Archélaüs et Hérode-Antipas. Outre des traités de philosophie péripatéticienne, il avait composé la Vie d’Hérode, la Vie d’Auguste, et une Histoire universelle, en 144 liv. Il reste des fragments de son Hist. univ., publiés par Coray (Prodrom. biblioth. græcæ, Par., 1805), et de sa Vie d’Auguste, publ. par J. A. Fabricius (Hamb., 1727), et reproduits dans les Fragm. histor. græc. de la collection Didot. Des fragments de sa Vie de César, récemment découverts, ont été publiés et traduits par MM. Piccolos et A. F. Didot (1849 et 1862).

NICOLAS DE PISE, dit le Pisan, sculpteur et architecte, né à Pise vers 1200, m. à Sienne vers 1270, embellit sa patrie de plusieurs monuments, entre autres du clocher de l’église des Augustins et de la chaire en marbre du baptistère, et construisit à Bologne le couvent et l’église des Frères Prêcheurs : le tombeau de S. Dominique, fait pour cette église, est son chef-d’œuvre, ce qui lui valut le surnom de Nicolo dell’arca (du tombeau). Vasari a écrit sa Vie.

NICOLAS DE TOLENTINO (S.), né en 1239. m. en 1308, était chanoine de Tolentino. Il s’acquit une grande réputation par ses austérités et opéra un grand nombre de conversions par ses prédications. On le fête le 10 sept. ; on va en pèlerinage à son tombeau.

NICOLAS DE LYRE, ainsi nommé de Lyre, près d’Évreux, lieu de sa naissance, théologien du XIVe s., était né Juif. Il se convertit, entra chez les Frères Mineurs en 1291, se fit recevoir docteur et rédigea, sous le titre de Postilles, des commentaires sur la Bible, qui étaient fort estimés de son temps. Il mourut en 1340, provincial de son ordre.

NICOLAS DE CUSA, cardinal, né en 1401 à Cusa sur la Moselle, m. en 1484, était fils d’un simple pécheur. Il acquit une profonde connaissance de l’hébreu, du grec, de la philosophie, de la théologie et des mathématiques, assista en 1431, comme archidiacre de Liège, au concile de Bâle, et y défendit l’infaillibilité de l’Église. Eugène IV, Nicolas V et Pie II l’employèrent dans des légations importantes auprès des cours étrangères ; Nicolas V le nomma cardinal en 1448, et lui donna l’évêché de Brixen dans le Tyrol. Ayant voulu réformer un couvent de son diocèse, il excita le mécontentement des moines et fut quelque temps emprisonné par ordre de l’archiduc Sigismond III. On a de lui des traités de théologie et de philosophie : De docta ignorantia ; Apologia doctæ ignorantiæ ; De conjecturis ; De sapientia, etc., réunis en 3 vol. in-f., Bâle, 1565. Il inclinait vers le mysticisme et renouvela quelques-unes des idées de Pythagore.

NICOLAS (Augustin), né en 1622, à Besançon, m. en 1695, fit plusieurs campagnes en Italie, devint secrétaire du cardinal Trivulce, passa en Espagne, où il travailla à la délivrance du duc de Lorraine Charles IV, devint le résident de ce prince à Madrid, puis fut nommé maître des requêtes au parlement de Dôle (1668). Témoin oculaire de la révolte de Masaniello à Naples, il en a écrit l’Histoire, en italien, Amsterd., 1560 ; il a aussi composé sur ce sujet un poëme latin en 5 livres, Parthenope furens, Lyon, 1668. Il écrivait avec une égale facilité en français, en latin, en italien et en espagnol.

NICOLAS DE CLÉMENGES. V. CLÉMENGES.

NICOLAS DE PLUE. V. PLUE.

NICOLAY (Nic. de), voyageur français, né en 1517 à La Grave-en-Oysans (Htes-Alpes), m. en 1583, parcourut pendant 16 ans l’Europe et l’Orient, prenant souvent du service dans les États qu’il visitait, et fut à son retour nommé géographe de Henri II, puis commissaire d’artillerie. On a de lui : Navigations et pérégrinations de N. de Nicolay, Anvers, 1576.

NICOLE (Pierre), moraliste, théologien et controversiste, l’un des plus célèbres écrivaine de Port-Royal, né à Chartres on 1625, m. en 1695, enseigna le belles-lettres pendant plusieurs années dans la maison de Port-Royal-des-Champs, s’y lia avec les Jansénistes, dont cependant il n’adoptait pas toutes les opinions, écrivit avec Arnauld et Pascal contra les Jésuites : fut enveloppé dans les poursuites dont les Jansénistes étaient l’objet, se vit obligé de quitter la France en 1679, alla vivre à Bruxelles, puis à Liège, et n’obtint que par l’intervention de Mgr de Harlay, archevêque de Paris, la permission de rentrer en France. On a de lui les Imaginaires et les Visionnaires, lettres sur l’Hérésie imaginaire (celle des Jansénistes), Liège, 1667 ; la Perpétuité de la foi de l’Église catholique touchant l’Eucharistie, publié sous le nom d’Arnauld, Paris, 1669-76, et des Essais de morale et instructions théologiques, 1671 et ann. suivantes, 25 vol. in-12 : c’est le meilleur et le plus connu de ses ouvrages. Il a aussi eu part à la rédaction de la Logique de Port-Royal, et a traduit en latin les Provinciales, sous le pseudonyme de Wendrock. Nicole est un des moralistes qui ont scruté le plus profondément le cœur humain : il est aussi un des écrivains qui ont le plus contribué à former la prose française : son style est correct et élégant, mais manqua d’imagination et de chaleur. On doit à L’abbé Cerveau l’Esprit de Nicole, 1765, et à Mersan les Pensées de Nicole, 1806. M. S. de Sacy a récemment publié un Choix de ses petits traités de morale. Goujet a écrit sa Vie, 1732.

NICOLET (J. B.), directeur de théâtres forains à Paris, né en 1710, m. on 1790. Ses succès donnèrent naissance à l’adage : « C’est de plus fort en plus fort, comme chez Nicolet. »

NICOLO (Nic. ISOARD, dit), compositeur, né à Malte en 1777, d’un père d’origine française, m. en 1818 ; vint en France en 1790, fut d’abord commis ne banque, prit dans ses voyages en Italie le goût de la musique et se fixa comme organiste à Malte. Il revint en France, et donna à l’Opéra-Comique plusieurs pièces remplies de chants gracieux : le Médecin turc, Michel-Ange, Joconde, Cendrillon, Jeannot et Colin, Aladin ou la Lampe merveilleuse (achevé par Benincori).

NICOMAQUE, de Stagyre, père d’Aristote, était médecin des rois de Macédoine Amyntas et Philippe. Il avait composé des traités de médecine, qui sont aujourd’hui perdus. L’Éthique à Nicomaque, traité de morale d’Aristote, semble adressé au fils du philosophe plutôt qu’à son père.

NICOMAQUE, peintre grec, contemporain d’Apelle, fut un des premiers artistes de son siècle. On vantait surtout sa Cybèle sur un lion, son Enlèvement de Proserpine, sa Victoire traversant les airs sur un quadrige, etc. Cet artiste n’employait que 4 couleurs, le blanc, le jaune, le rouge et le noir.

NICOMÈDE I, roi de Bithynie, fils de Zypœtès, régna de 281 à 250 av. J.-C., et débuta par le massacre de ses frères. Inquiété par Antiochus I, roi de Syrie, il appela à son secours les Gaulois en Asie Mineure, mais fut obligé de leur céder une province de ses États, qui prit d’eux le nom de Galatie. Il fit fleurir les arts et le commerce, et bâtit Nicomédie. — N. II, fils de Prusias, prit les armes contre son père qui voulait le faire périr à l’instigation d’une seconde épouse (148 av. J.-C.), le mit à mort, et régna 59 ans. Allié à la famille de Mithridate, il résista aux Romains, et essaya, mais en vain, de s’agrandir malgré eux. Ce prince est le héros d’une des plus belles tragédies de Corneille. — N. III, fils du précéd., régna de 90 à 75 av. J.-C. À la différence de son père, il s’appuya sur les Romains : chassé deux fois de ces États par Mithridate, il fut chaque fois rétabli par eux, et leur légua son royaume en mourant. César avait dans sa jeunesse passé quelque temps à sa cour

NICOMÉDIE, auj. Isnikmid, v. de Bithynie, sur la Propontide, au fond du golfe d’Astacus, avait été fondée par Nicomède I. Elle devint sous l’empire le chef-lieu de la province, et fut la résidence de Dioclétien. Constantin voulut un instant l’ériger en capitale de l’empire. Arrien y naquit ; Annibal y mourut.

NICON, archevêque de Novogorod, puis patriarche de l’Église de Russie, né en 1613, m. en 1681. jouit longtemps d'un grand crédit auprès du czar Alexis, et fut chargé en 1655 de réviser la liturgie russe. Cependant il finit par être disgracié, et fut relégué dans un monastère, où il se livra tout entier à l’étude. On lui doit un Corps d’histoire de Russie, formé de la réunion des chroniques depuis Nestor jusqu’en 1630.

NICOPOLIS (c.-à-d. Ville de la victoire), nom commun à plusieurs villes anciennes, entre autres : 1° une v. de la Mésie inférieure, au confluent du Danube et de l’Aluta, fondée par Trajan après ses victoires sur les Daces, comprise plus tard dans la Bulgarie. Elle fut prise en 1370 par Bajazet, qui en outre remporta aux environs sur les Chrétiens en 1396 une vict. décisive : l’armée de Sigismond, roi de Hongrie, y fut taillée en pièces, ainsi que la noblesse française, conduite par Philippe d'Artois, connétable de France, et par Jean de Nevers (depuis Jean sans Peur). C’est auj. Nicopoli, v. forte de la Turquie d’Europe (Bulgarie), à 160 kil. S. E. de Widdin; 12 000 hab.; archevêché grec; évêché catholique; — 2° une v. du Pont, auj. Devriki, au S., sur le Lycus; Mithridate y fut vaincu par Pompée; — 3° une v. de l’anc. Grèce, auj. Prevesa-Vecchia, à l’entrée du golfe d’Ambracie, fondée ou agrandie par Auguste en mémoire de la victoire d’Actium ; — 4° une v. de Palestine élevée par Vespasien sur l’emplacement de l’ancienne Emmaüs; — 5° une v. de Cilicie, la même qu’Issus ou Adjacium, auj. Aiazzo.

NICOSIE ou LEUCOSIE, capit. de l'île de Chypre, près de la côte N. de l’île; env. 12 000 h. Archevêché grec; mosquée, belle église Ste-Sophie, ancienne cathédrale, église de St-Dominique, contenant les tombeaux des Lusignans. Maroquins, tapis, toiles de coton imprimées. — Construite sur remplacement de l’ancien Tremithus, elle fut importante sous les Lusignans, puis elle passa aux Vénitiens sur lesquels elle fut prise d’assaut par Sélim II en 1570.

NICOSIE, Herbita, v. de Sicile (Catane), à 60 kil. N. O. de Catane; 13 000 hab. Évêché.

NICOT (Jean), seigneur de Villemain, né en 1530 à Nîmes, m. en 1600, fut secrétaire de Henri II et ambassadeur de François II en Portugal. Il a publié, sous le titre de Trésor de la langue française tant ancienne que moderne (Paris, 1606, in-fol.), le premier dictionnaire français connu. On lui doit aussi une bonne édition de l’Histoire d'Aimoin (1656); mais il est surtout connu pour avoir introduit en France le tabac, qui fut d’abord appelé de son nom nicotiane.

NICOTERA, v. d’Italie (Calabre Ult. 2e), sur le golfe de Gioja; 6300 hab. Évêché. Ravagée par un tremblement de terre en 1783.

NIEBELUNGEN (Les), vieux poëme épique de l’Allemagne, en 39 chants, est ainsi appelé du nom d’une ancienne et puissante tribu des Burgundes. Le sujet du poème est la lutte des Burgundes et particulièrement de la famille des Niebelungen contre Etzel ou Attila, et la destruction de cette tribu, qui succomba sous les coups des Huns, victime des passions et des querelles de Siegfried et de Gunther, deux de ses principaux chefs. Ces événements remontent au Ve s. de notre ère et se passent, soit sur le Rhin soit sur les frontières de l’Autriche et de la Hongrie. Le poëme a pour base les sagas ou traditions germaniques, mêlées à celles du Nord. On suppose qu’il a été écrit au XIIIe s. par un minnesinger nommé Henri d’Ofterdingen. Il a été édité par Chr. Müller, Berlin, 1782; par Von der Lagen, 1810; Zeune, 1815; Lachman, 1826; et traduit en français par Mme Moreau de La Meltière, 1839, et par M. de Laveleye, 1860.

NIEBLA, bg d’Espagne (Huelva), sur le Tinto, à 52 kil. O. de Seville; 1000 hab. Niebla fut, sous la domination des Maures, la capitale d’un petit État conquis par Alphonse le Sage en 1257, et érigé en comté en 1369. On croit que c’est au siège ce cette ville qu’on se servit pour la 1re fois de la poudre à canon.

NIEBUHR (Carsten), voyageur danois, né en 1733 A Ludingsworth (Lauenbourg), m. en 1815, est célèbre par un voyage qu’il fit en Arabie avec Forskal, Cramer, Baurenfeind, Van Haven, et qui dura six ans. A son retour, il obtint la place d’administrateur à Meldorf (Ditmarsie). Il était associé étranger de l’Institut de France. On a de lui : Description de l’Arabie, Copenhague, 1772, et Voyage en Arabie, 1774-78; ces deux ouvrages contiennent des relations exactes et de précieuses observations. Ils ont été traduits en français (1773 et 1776). La Vie de C. Niebuhr a été écrite par son fils, G. Niebuhr (qui suit).

NIEBUHR (B. Georges), historien, fils du préc., né en 1776 à Copenhague m. en 1831, fut secrétaire du ministre des finances de Danemark, puis directeur de la Banque; se retira en Prusse lors de l'invasion des Français en Allemagne, y devint directeur du commerce de la Baltique (1805), puis conseiller d’État (1808), et fut nommé professeur à l'Université de Berlin lors de sa fondation (1810). Envoyé en 1816 à Rome comme ambassadeur de Prusse, il y resta jusqu'en 1824, et profita de ce séjour pour faire des recherches importantes sur l’histoire et la philologie. A son retour, il accepta une place à l’Université de Bonn, où il résida jusqu’à sa mort. On lui doit une Histoire Romaine, dont il commença la publication dès 1811. Cette histoire se compose de plusieurs parties, qui ont été publiées et remaniées à diverses époques par l’auteur; elle n’a pu être achevée ; la dernière édition (Berlin, 1828-32, 3 vol. in-8) a été trad. en français par Golbéry (1830 et ann. suiv.). Dans cet ouvrage, Niebuhr a soumis à la critique la plus sévère les faits des premiers temps de l’histoire de Rome et a porté le scepticisme plus loin que Beaufort et Lévesque, qui l’avaient devancé dans cette voie. Niebuhr a en outre commencé la réimpression de la Byzantine, publiée à Bonn, 1826 et ann. suiv., a publié (avec Ang. Maï) la République de Cicéron, ainsi que des fragments de Fronton, de Dion Cassius, et a découvert les Institutes de Gaïus.

NIEDER, c.-à-d. inférieur. Pour tous les noms géographiques qui commencent ainsi, et qu’on ne trouverait pas ci-dessous, cherchez le mot qui suit.

NIEDERBRONN, ville d’Alsace Lorraine, à 36 kil. S. O. de Wissembourg; 3203 hab. Eaux minérales ferrugineuses; papier ; forges

NIEDERMEYER (Louis), compositeur de musique, né à Nyon (Suisse) en 1802, m. en 1861, s’adonna d’abord au drame lyrique et fit représenter avec succès à l’opéra de Paris Stradella (1831), Marie-Stuart (1844), Robert Bruce (1846). La Fronde (1853); mais il se fit un nom plus populaire par ses mélodies sur quelques pièces de Lamartine et de V. Hugo (Le Lac, L’Isolement, Le Soir, La Ronde du Sabbat, Oceano nox, etc.), et surtout par l’École de Musique religieuse qu’il fonda en 1853, et qui continue à former ces organistes et des maîtres de chapelle.

NIEMCEWICZ (J. U.), écrivain et patriote polonais, né en 1757 en Lithuanie, m. à Paris en 1841; combattit en 1794 sous Kosciusko; fut, lors de l’érection du grand-duché de Varsovie (1807), secrétaire du Sénat; contribua à l'insurrection de la Pologne en 1831, et, après le triomphe des Russes, se refugia en France. On lui doit des Chants patriotiques, des drames historiques, un opéra, des romans, des poésies, une Histoire de Sigismond II, etc. Ch. Forster a publié sous le titre de La Vieille Pologne, un recueil de chants et légendes de Niemcewicz, traduits en vers par plusieurs poëtes français. (1835).

NIÉMEN ou MEMEL, fleuve de la Russie occid., naît dans le gouvt ce Minsk, traverse ceux de Vilna et de Grodno, forme la limite entre la Pologne russe et la Courlande, et va en Prusse tomber dans le Curische-Haff, après un cours d’env. 800 kil. Son principal affluent est la Vilia. — Le Niémen est célèbre par l’entrevue qu’eurent Napoléon et Alexandre dans une île de ce fleuve (25 juin 1807), et qui amena la paix de Tilsitt, ainsi que par le fameux passage de l’armée française (23 juin 1812), à son entrée en Russie.

NIEMEYER (Aug. Hermann), pédagogiste, né à Halle en 1754, m. en 1828, fut professeur de
NIEV
NIGR
— 1350 —

théologie en 1780, puis recteur de l’université de sa ville natale. Il a laissé : Timothée, Imitation de l’Émile de Rousseau, mais au point de vue chrétien ; La Pédagogique allemande et son histoire ; Principes de l’éducation et de l’enseignement, le plus important de ses ouvrages ; il a été en partie trad. par Durivau, 1832. On lui doit aussi une Théologie populaire et pratique.

NIEPCE (Joseph Nicéphore), un des inventeurs de la photographie, né à Châlon-sur-Saône en 1765, m. en 1833, avait été de 1794 à 1801 administrateur du district de Nice. Rendu à la vie privée, il étudia la chimie avec ardeur, fit dès 1813 des recherches qu’il appelait héliographiques, ayant pour but de produire des images fixes à l’aide de la lumière du soleil, et obtint ainsi des copies de gravures, d’abord sur l’étain, et le verre poli, puis sur le cuivre, et enfin sur le plaqué d’argent. Il s’associa en 1829 avec Daguerre pour l’exploitation de sa découverte, mais il mourut avant d’en avoir vu le succès.

NIEUHOF (Jean), voyageur, né à Usen en Westphalie au commencement du xviie siècle, se mit au service de la Compagnie hollandaise des Indes, remplit diverses missions au Brésil (1640), à Batavia, en Chine, sur la côte de Coromandel, et eut le gouvernement de l’Île de Ceylan. Ayant pris terre à Madagascar pour faire la traite (1671), il ne reparut plus. On a publié, d’après ses observations : Ambassade de la Compagnie hollandaise des Indes orientales au grand khan de Tartarie, Amst., 1665 ; Voyage curieux au Brésil par terre et par mer, 1682 ; Voyage à différents lieux des Indes orientales, 1688-93.

NIEUL, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), à 10 kil. N. O. de Limoges ; 821 hab.

NIEUPOORT (G. Henri), érudit hollandais, professeur d’histoire ancienne à l’Académie d’Utrecht, né en 1670, m. vers 1730, est auteur de Rituum romanorum explicatio, 1712 (trad. par Desfontaines en 1741), et d’une Historia reipublicæ et imperii Romanorum ex monumentis, 1723. Le 1er de ces ouvrages, quoique fort abrégé, est assez exact et est devenu classique.

NIEUPORT, v. forte de Belgique (Flandre occid.), à 16 kil. S. O. d’Ostende, et à 2 kil. de la mer du Nord ; 3600 hab. Petit port de pêche. Canaux qui communiquent avec Bruges, arsenal, entrepôt de douane. — Fondée au xiiie s.; ruinée par les Anglais en 1383 ; rebâtie et fortifiée en 1385, elle soutint plusieurs siéges, notamment un contre les Français en 1488. Maurice de Nassau y défit l’archiduc Albert en 1600. Elle fut prise par les Français en 1745, 92 et 94.

NIEUWENTYT (Bernard), médecin et mathématicien, né en 1654 à Wastgraafdyk en Hollande, m. en 1718, exerça les fonctions de bourgmestre de Purmerende et fut membre des États de sa province. Le plus connu de ses ouvrages est : le Véritable usage de la contemplation de l’univers pour la conviction des athées et des incrédules, en hollandais, Amst., 1715, trad. en français par Noguez, 1725. C’est un livre estimable, mais diffus. On en trouve un bon extrait dans le Génie du christianisme de Chateaubriand.

NIÈVRE (la), petite rivière de France, formée de deux ruisseaux qui se joignent à Guérigny, arrose le dép. qui prend son nom et tombe dans la Loire, par la r. dr., à Nevers, après 45 kil. de cours.

nièvre (dép. de la), un des dép. du centre de la France, entre ceux du Loiret et de l’Yonne au N., de la Côte-d’Or et de Saône-et-Loire à l’E., de l’Allier au S. et du Cher à l’O.: 6810 kil. car. ; 332 814 hab.; ch.-l., Nevers. Il est formé de l’anc. Nivernais et d’une partie de l’Orléanais et du Gâtinais. Montagnes du Morvan, qui forment le partage des eaux entre la Seine et la Loire ; beaucoup de sources. Grande exploitation de fer, plomb, houille ; marbre, granit, grès ; faïencerie, cordes à violon. Grains, fruits, légumes ; vins ; chanvre ; beaux pâturages ; forêts, eaux minérales. Chevaux nombreux, gros et menu bétail. — Ce dép. a 4 arr. (Nevers, Château-Chinon, Clamecy, Cosne). Il appartient à la 13e div. militaire, a un évêché à Nevers et dépend de la cour impériale de Bourges.


NIGER (le), nom donné par les Européens à un grand fleuve de la Nigritie que les indigènes appellent Dioliba et Kouarra. Il prend sa source au S. de la Sénégambie, dans le pays de Soulimana, vers 12° long. O. et 9° lat. N., coule au N. E., traverse le pays des Mandingues, baigne Ségo, Djenné, Tombouctou, descend ensuite brusquement au S., arrose divers États de la Guinée septentr., le Borgou, l'Yarriba, le Kakanda, le Benin, et se Jette dans l’Atlantique par plusieurs branches qui forment un vaste delta et dont les principales sont au N. E. l’Ouère, au centre la riv. de Noun ou Niger proprement dit, au S.E. la riv. de Bonny et le nouveau Calabar. On lui donne près de 4000 kil de cours. Son principal affluent est la Tchadda ou Binué, qu’il reçoit par sa r. g. en entrant dans la Guinée. — Le cours de ce fleuve a été longtemps mal connu. Les anciens paraissent en avoir soupçonné l’existence : ils lui donnaient le nom de Niger ; les Arabes, qui le connaissaient en partie, le nommaient le Nil des Nègres. Les modernes crurent longtemps que ce fleuve allait se perdre dans le lac Tchad ; d’autres s’imaginaient qu’il se réunissait au Nil ; les découvertes récentes de Mungo-Park, de Clapperton, de Caillié, de Llander, de Barth, nous ont enfin appris son véritable cours, et ont confirmé l’hypothèse de Reichard, qui dès 1803 proclamait l’identité du Niger et du fleuve de Guinée. On doit à M. F. Lanoye le Niger et les explorations de l’Afrique centrale, Paris, 1859.

NIGIDIUS FIGULUS (P.) savant romain, ami de Cicéron, préteur en 59 av J.-C., prit parti pour Pompée, fut exilé par César, et, malgré les efforts faits par Cicéron pour obtenir son rappel, mourut en exil (45 av. J.-C.). Il contribua à répandre le goût de la philosophie à Rome. Il ne nous reste de lui que des fragments, rassemblés dans les Variæ lectiones de Rutgersius, et d’une manière plus complète par Breyssic, Berlin, 1854.

NIGRITIE, une des cinq grandes régions de l’Afrique, entre celles du Maghreb au N., de l’Afrique australe au S., du Nil et de l’Afrique orientale à l’E., et l’Atlantique à l’O., s’étend de 20° long O. à 24° E. et de 11° lat. N. à 18° S. Elle est divisée vulgairement en 4 parties : 1e Nigritie occidentale ou Sénégambie ; 2e Nigritie maritime ou Guinée ; 3e Nigritie méridionale ou Congo (au S. de la Ligne); 4e Nigritie intérieure ou Nigritie propre.

La nigritie proprement dite, appelée par les Arabes Soudan, a pour bornes au N. le Sahara, à l’O. la Sénégambie, au S. la Guinée, les monts Al-Kamar et les régions centrales de l’Afrique. Elle renferme un nombre infini d’États, dont voici les principaux :

Bassin du lac Tchad.
Emp. de Bornou, ch.-l. Kouka.
Roy. de Baghermé, Mesna.
Roy. de Bergou, dit aussi Mobba ou Dar-Szaleh, Ouarra.
Bassin du Niger.
Pays de Bouré, Bouré.
Pays de Kankan, Kankan.
Pays d’Ouassoulo, Sigala.
Roy. de Haut-Bambarra, Ségo.
Roy. de Bas-Bambarra, Djenné.
Roy. de Massina, Massina.
Pays de Banan, Dihlover.
Pays des Dirimans, Alcodia.
Roy. de Tombouctou, Tombouctou.
Roy. d’Yaouri, Yaouri.
Roy. de Niffé ou Tappa, Tabra et Koulfa.
Roy. de Borgou, Boussa.
Roy. de Yarriba, Eyeo ou Katunga.
Roy. de Benin ou Adou, Benin.
Roy. de Qoua, Vieux-Calabar.
Roy. de Kong, Kong.
Roy. de Kalanna Kalanna.
Roy. de Dagoumba, Yahndi.
Pays mi-partie dans les deux bassins.
Empire des Fellahs ou Fellatahs. ch.-l. Sakatou.
NIL
NIMÈ
— 1351 —

On ne peut évaluer la population du Soudan. Les habitants sont noirs et forment la race éthiopienne ou nègre. On les divise en un grand nombre de familles (V. nègres). Pour la religion, les uns sont mahométans ; les autres, au moins aussi nombreux, sont fétichistes. Les langues sont très-variées. Le climat est généralement brûlant (41° à l’ombre), et cependant on a sur quelques points élevés des hivers très-rudes. La saison pluvieuse commence en juin et dure très-longtemps : des fièvres endémiques la signalent. Le sol est très-fertile vers les rivières, dont les principales sont le Dioliba ou Niger, le Charry, l’Yeou , le Misselad, etc.; des sables stériles occupent presque tout le reste du pays. Maïs, riz, coton, indigo, tabac , café, dattes et autres fruits, patates, ignames, mangouses, etc. Éléphants, girafes, chameaux, buffles et bétail; nombreux animaux féroces, lions, hyènes, panthères, léopards, chacals, etc.; reptiles énormes, crocodiles, boas et autres serpents. Poudre d’or, mines d’or à Tombouctou et ailleurs. — Ce pays fut inconnu des anciens, qui niaient même la possibilité d’habiter sous la zone torride et qui plaçaient là une mer. La Nigritie a été comme entrevue au moyen âge, et Léon l’Africain en a parlé, mais elle n’a été vraiment explorée par des Européens que depuis une centaine d’années; les principaux voyageurs qui l’ont visitée sont : Browne, Hornemann, Mungo-Park Denham, Clapperton, Oudney, Laing, Ruppel, Caillié, Barth.

NIJNI, signifie en russe inférieur. Les mots commençant ainsi doivent être cherchés au mot qui suit.

NIKA, nom donné à une sédition causée dans Constantinople, sous l’empereur Justinien Ier, en 532, par les factions du cirque, dites les Bleus et les Verts. Nika (sois vainqueur) était le cri des combattants. La lutte dura 5 jours : 30 000 personnes y périrent.

NIKLASBERG, bg de Bohême, à 17 kil. N . d’Eger. Un traité de paix y fut conclu en 1622 entre l’empereur Ferdinand et Bethlem-Gabor, qui par ce traité renonça à ses prétentions sur la Hongrie.

NIKOLAÏEV, v. et port de Russie (Kherson), à 60 kil. N. E. de Kherson, au confluent du Boug et de l’Ingoul ; 40 000 hab. Palais de l’amirauté, chantiers de construction, arsenaux. Fondée en 1791 par Catherine II. Nicolas Ier en avait fait un établissement de marine militaire de premier ordre. Le traité de Paris de 1856 a réduit Nikolaïev à n’être qu’un port marchand. Près de cette ville, ruines de l’anc. Olbia. — Une ville forte du même nom a été fondée par l’emp. Nicolas I en 1853 à l’emb. de l’Amour (rive gauche).

NIKOLAISTADT, v. et port de la Russie d’Europe (Finlande), ch.-l. du gouvt de Wasa, sur le golfe de Botnie, à 360 kil. N. N. O. d’Helsingfors ; 2800 h. Tanneries ; huile de poisson, bois, goudron, résine. — Fondée en 1606 par Charles IX, roi de Suède, sous le nom de Wasa ; elle a reçu son nouveau nom en 1855, en mémoire du czar Nicolas Ier.

NIKOPOLI, v. de Turquie. V. nicopolis.

NIKSAR, l’anc. Neocésarée, v. de la Turquie d’Asie (Sivas), ch.-l. de livah, à 87 kil. N. de Sivas ; 7000 hab. Évêché grec.

NIL, Nilus, le plus grand fleuve de l’Afrique, prend sa source dans des régions voisines de l’Équateur, mais qui sont encore inconnues comme elles l’étaient au temps de Lucain ; ce qui avait fait dire au poëte :

Arcanum Natura caput non prodidit ulli,
Nec licuit populis parvum te, Nile, videre (Phars., x).

Il est principalement constitué par deux grands cours d’eau, le Bahr-elr-Abiad ou Nil blanc, qu’on regarde comme le vrai Nil, et le Bahr-el-Azrek ou Nil bleu, qui se réunissent à Khartoum, en Nubie, par 15°37’ lat. N.; il traverse la Nubie, arrosant les pays de Halfay, Chendy, Damer (où il reçoit par sa droite le Tacazzé ou Atbarah, l’anc. Astaboras), Chaykyé, Dongola, Mahas, Sukkot, Hadjar, Barabras, entre en Égypte à Assouan (24° lat. N.), court alors presque directement du sud au nord, jusqu’à ce que, par

30°12’ lat. N., il se divise en deux branches, celle de Rosette à l’O., près d’Alexandrie, et celle de Damiette à l’E., branches qui elles-mêmes, par leurs ramifications, donnaient lieu chez les anciens à sept bouches, dites Canopique, Bolbitine, Sébennytique, Phatmitique, Mendésienne, Tanitique et Pélusiaque. L’espace triangulaire compris entre ces diverses branches est appelé Delta, à cause de sa ressemblance avec la forme de cette lettre grecque. Le cours du Nil est encadré à droite et à gauche par des chaînes de montagnes ; les pluies d’été l’enflent considérablement et amènent des débordements périodiques, qui se font surtout sentir dans la Moyenne et la Basse-Égypte : c’est à ces crues régulières et au riche limon qu’elles déposent que le sol égyptien doit son extrême fécondité. La meilleure hauteur des crues du Nil est de 8 mètres. Au Caire, des canaux que ferment et ouvrent des écluses reçoivent l’eau excédante et la donnent à l’agriculture quand le fleuve n’atteint pas le niveau requis. L’ancienne Égypte avait construit, pour mesurer la hauteur des eaux du Nil, des échelles remarquables dites nilomètres. Six cataractes interrompent le cours du fleuve ; elles étaient surtout célèbres dans l’antiquité ; la seule qui soit vraiment remarquable est celle de l’anc. Philæ (auj. El-Birbé), près d’Assouan, sur les limites de l’Égypte et dela Nubie ; encore n’a-t-elle que 16m. Le cours total du Nil est évalué à 5800 kil.; sa largeur varie de 1200m à 3000. — On a discuté pour savoir lequel des deux grands cours d’eau qui forment le Nil, le Bahr-el-Abiad et le Bahr-elr-Azrek, est le Nil véritable ; mais on s’accorde auj. à donner ce titre au Bahr-el-Abiad. Il résulte des dernières recherches que le Bahr-el-Abiad est formé par la réunion de trois rivières : le Keïlak, venant de l’O. ou du Soudan central ; le Saubat, venant de l’E., des montagnes d’Abyssinie ; le Bahr-el-Abiad proprement dit, ou vrai Nil, appelé Kir par les nègres, et coulant du S. au N. entre les deux précédents. Les anciens faisaient sortir le Nil des monts Al-Kamar ou montagnes de la Lune, dont la place est indéterminée. De nos jours les frères d’Abbadie crurent avoir découvert les sources du Nil (1846) et les placèrent au S. de l’Abyssinie, par 7°49’ lat. N. et 34°38’ long. E .; mais des recherches ultérieures ont démontré qu’ils s’étaient arrêtés à l’un des affluents du fleuve, l’Uma, et que le cours principal venait de plus loin. D’après les explorations de Burton, Speke et Baker (1857-63), on croit que le Nil est l’écoulement de vastes lacs, le Nyanza et le Louta-Nzighé, et le produit des neiges éternelles qui couvrent les monts Kombirat, Kénia et Kilimandjaro, placés sous l’Équateur ou même au S. de cette ligne. — Pour le Bahr-el-Azrek, V. ce mot. — Les Égyptiens ont eu de tout temps pour le Nil un respect religieux : ils le regardent comme un fleuve sacré. Dans l’antiquité, à l’époque où le Nil sortait de son lit, on célébrait en l’honneur de ce fleuve une fête, pendant laquelle on lui immolait des taureaux noirs. Il avait à Nilopolis un temple magnifique avec une statue en marbre noir, qui le représentait sous la forme d’un dieu gigantesque couronné de lauriers et d’épis et s’appuyant sur un sphinx.

NIL (S.), moine grec, disciple de S. Jean Chrysostome, né à Ancyre au ive s., avait été préfet de Constantinople ; mais il quitta le monde pour aller s’ensevelir au couvent du mont Sinaï avec son fils Théodule. Il a laissé dix-neuf Opuscules ascétiques, des Lettres et sa propre Vie. On trouve ses écrits dans la Bibliothèque des Pères et dans la collection Migne (1860). Les Grecs le fêtent le 12 novembre.

NILGHERRI (les monts),c.-à-d. Montagnes bleues, mont. de l’Hindoustan, au S., dans l’anc. Karnatic, forment comme la jonction des Ghattes occidentales et des Ghattes orientales. Le pic le plus élevé est le Mourchourti-Bet (2682m).

NIMÈGUE, Noviomagus chez les anciens, Nymegen ou Nimwegen en hollandais, v. forte du roy. de Hollande (Gueldre), sur le Wahal, à 64 kil. S. E.

d’Amsterdam ; 21 000 hab. Trib. civil et de commerce. Cathédrale, hôtel de ville, arsenal, etc. ; belle promenade de Kalverbosch. Industrie : savon, raffinerie de sel, cuirs, bleu de Prusse, bière blanche, etc. – Cette ville, qui remonte au temps des Romains, était déjà Importante au IVe siècle ; elle fut agrandie et embellie par Charlemagne, mais ravagée par les Normands en 881 ; devint, au XIe siècle, ville libre et impériale, et fut admise dans la Hanse ; elle entra dans l’Union d’Utrecht en 1579. Prise par les Français en 1672 et 1794. Trois traités furent signés à Nimègue au nom de Louis XIV : 1o avec la Hollande (10 août 1678) ; 2o avec l’Espagne (17 sept. 1678) ; 3o avec l’Allemagne (5 fév. 1679). Ces traités mirent fin à la guerre de l’Europe contre la France : Louis XIV y fit quelques restitutions, mais il garda la Franche-Comté et une partie de la Flandre.

NIMES, Nemausus, v. de France, ch.-l. du dép. du Gard, à 713 kil. S. E. de Paris par la route, à 786 par chemin de fer ; 57 129 h. Évêché, suffragant d’Avignon ; église consistoriale calviniste ; cour d’appel, trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée, école normale primaire, séminaire ; cours de dessin, de chimie et de physique, de géométrie et de mécanique ; bibliothèque publique, musée Marie-Thérèse, cabinet d’histoire naturelle, académie du Gard ; banque, bourse et chambre de commerce. Beaux faubourgs, Cours neuf, beau jardin public, belle esplanade, ornée d’une fontaine monumentale ; cathédrale gothique, théâtre, palais de justice, hôpital. Nombreuses antiquités romaines : Amphithéâtre dit les Arènes, Maison-Carrée, temple et fontaine de Diane, tour Magne, porte de César, etc. Manufactures nombreuses(tissus de soie et de coton ; châles, mouchoirs, madras, foulards, rubans, tapis, galons, eau-de-vie, vinaigre, etc.). Entrepôt des soies du pays. Grand commerce de plantes médicinales et tinctoriales. Chem. de fer pour Montpellier et Tarascon. Patrie de Nicot, Rabaut-Saint-Étienne, Saurin, Guizot. – Nîmes fut fondée, dit-on, par les Phéniciens et colonisée par les Marseillais ; elle était le ch.-l. des Volces Arécomiques. Elle devint florissante sous les Romains et fut une des grandes cités de la Gaule ; soumise aux Visigoths de 465 à 507, elle tomba ensuite au pouvoir des Francs. Au IXe s., elle fit partie du comté de Toulouse ; mais, comprise dans le comté de Maguelone, elle devint possession aragonaise et ne fut rendue à la France qu’en 1259, par le traité de Corbeil. Une grande partie des habitants de Nîmes ayant embrassé le calvinisme au XVIe s., la ville eut beaucoup à souffrir des guerres de religion. Il y fut, il est vrai, rendu en 1629 un édit de pacification ; mais elle n’en fut pas moins traitée avec une extrême rigueur par Louis XIV ; jamais pourtant le Calvinisme ne put y être déraciné. Nîmes fut en 1791 et en 1815 le théâtre de luttes sanglantes entre les Catholiques et Calvinistes et les deux partis y sont encore pleins d’animosité. Il s’est tenu dans cette ville des conciles particuliers en 389, 886, 997 et 1096.

NING-PO, v. et port de Chine (Tché-kiang), par 29° 55′ lat. N., 119° 5′ long. E., sur le fleuve Yung-Kiang, près de la mer Orientale ; environ 300 000 h. Soieries, pelleteries, meubles ; etc. Prise par les Anglais en 1841 ; ouverte aux Européens en 1842. Prise et saccagée par les insurgés (taëpings) en 1861 ; reprise en 1862 avec le secours des troupes européennes. Un évêché catholique y a été érigé depuis peu.

NINIVE, Ninus, v. de l’Asie anc., capit. du roy. d’Assyrie, dit aussi roy. de Ninive, sur la r. g. du Tigre, à 400 k. N. de Babylone, avait, dit-on, 45 k. de circonférence, des murs hauts de-plus de 30m, des tours de 70m, et 600 000 h. – Fondée par Assur vers 2640 av. J.-C., cette ville fut agrandie vers 1968 par Ninus, qui lui donna son nom. La corruption de Ninive égalait sa puissance et son opulence, ce qui amena sa ruine (V. JONAS). Elle fut prise 2 fois, d’abord en 759 av. J. C., par Arbacès et Bélésis (après la bataille de Ninive et la chute de Sardanapale) ; puis, en 625, par Nabopolassar I et Cyaxare I, qui la détruisirent en partie. Elle parait avoir subsisté, mais bien déchue, jusqu’au temps de la conquête arabe, au VIIe s. – Les ruines en ont été découvertes, à 20 kil. N. E. de Mossoul, par Ch. Botta (1843) ; elles ont été étudiées et décrites depuis par E. Flandin, Layard, Fresnel, Oppert, Loftus, Rawlinson, Taylor, etc.

NINIVE (Roy. de) nom donné, après la chute de Sardanapale I et le démembrement du grand empire d’Assyrie (759 av. J.-C.), au nouveau royaume d’Assyrie, dont Ninive fut la capitale. Ce royaume avait à l’E. la Médie, au S. le roy. de Babylone, au N. O. l’Arménie. Son histoire peut se diviser en 3 phases : 1o indépendance sans conquêtes, de 759 à 680 ; 2o indépendance et domination sur Babylone, de 680 à 625 ; 3o absorption dans le royaume de Babylone jusqu’à la conquête de celui-ci par Cyrus et à leur absorption commune dans l’empire Persan, 625-538

Rois de Ninive de 759 à 625 :

Phul ou Sardanap. II, 759 Assar-Haddon, 707
Téglath-Phalasar, 742 Saosduchée, 667
Salmanasar, 724 Sarac ou Chinaladan, 647-625
Sennachérib, 712

NINON DE LENCLOS. Voy. LENCLOS.

NINOVE, Ninoven, v. de Belgique (Flandre orient.), sur la Dender à 33 k. S. E. d Oudenarde ; 4600 h. Anc. abbaye de Prémontrés. Toile, chapeaux, imprimerie sur toile. Patrie de Despautère. – Jadis ville forte ; souvent prise et ravagée. Les ducs de Brunswick l’achetèrent de Charles-Quint, en 1515, et la vendirent à la maison d’Egmont. Réunie à la France en 1794 et fortifiée ; perdue en 1804.

NINUS, roi d’Assyrie et conquérant célèbre, succéda vers 1968 av. J.-C. à Bélus son père, qui avait réuni le royaume de Babylone à celui de Ninive ; fit alliance avec les Arabes, imposa un tribut au roi d’Arménie, soumit la Médie, subjugua toute l’Asie jusqu’à la Bactriane, et s’empara de Bactres avec l’aide de Sémiramis, femme d’un de ses généraux, qu’il épousa après cette victoire. Il agrandit Ninive, et lm donna son nom. Ninus mourut vers 1916 av. J.-C. Sémiramis fut accusée de l’avoir empoisonné.

NINUS II ou NINYAS, fils du préc. Suivant quelques auteurs, il mit à mort sa mère Sémiramis, qui s’était emparée du trône. Ce prince commence la longue liste des rois fainéants de l’Assyrie. On lui attribue un règne de 38 ans.

NIOBÉ, fille de Tantale et femme d’Amphion, roi de Thèbes, avait 7 fils et 7 filles. Fière de cette nombreuse postérité, elle brava Latone, qui n’avait que deux enfants. Celle-ci pour se venger, fit tuer toute sa famille à coups de flèches par Apollon et par Diane. Niobé, stupéfiée par la douleur, fut transformée en un rocher (sur le mont Sipyle). Il resté un célèbre groupe des Niobides, attribué à Praxitèle ou à Scopas : il a été retrouvé à Rome en 1583.

NIORD, dieu scandinave, époux de la chasseresse Scada et père de Freyr et de Fraya, présidait aux vents, au feu et apaisait la mer en furie. Il était invoqué par les chasseurs, les pêcheurs et les marins.

NIORT, Niortum, ch.-l. du dép. des Deux-Sèvres, sur la Sèvre Niortaise, à 399 k. S. O. de Paris par la route, et 410 par chemin de fer ; 20 83l h. Trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée dit de Fontanes, bibliothèque, musée, église calviniste. Église Notre-Dame, remarquable par sa haute flèche, donjon, hôtel de ville (c’est l’ancien palais d’Éléonore d’Aquitaine), hôtel de la préfecture, palais de justice, théâtre, halle, promenades ; machine hydraulique qui amène les eaux de la fontaine du Vivier. Papier ; vinaigre et eau-de-vie, angélique renommée ; minoterie, ganterie, brosserie, bonneterie, teinturerie, tannerie, corroierie, etc. Patrie de Mmes de Maintenon et de Caylus, de Beausobre, Chabot, Fontanes. – Niort, qu’Éléonore d’Aquitaine avait portée aux Anglais avec le reste du Poitou, leur fut enlevée avec cette province en 1202. Ils la reprirent vers 1290 et la gardèrent 18 ans. Prise de nouveau par les Anglais en 1361, elle leur fut définitivement enlevée en 1372. En 1569 les Protestants y soutinrent un siége contre l’armée royale.

NIPHATE (mont), Niphates, auj. monts Nimrod, haute chaîne de montagnes de l’Arménie, au S. E., d’où descend le Tigre.

NIPHON, la plus grande des îles du Japon, entre celles d’Yéso au N., de Kiousiou et de Sikoki au S., est séparée de la Corée par le détroit de Corée, et s’étend de 33° à 41° lat. N., de 129° à 140° long. E. ; elle est oblongue (130 kil. sur 388). On lui donne 16 millions d’habitans. Elle a pour capitale Yeddo, qui est en même temps la capitale de tout l’empire.

NIPHUS (Augustin), en italien Nifo, philosophe scolastique, né vers 1473 à Sessa (Terre de Labour), ou à Japoli (Calabre), m. en 1538, professa avec un grand succès à Padoue, à Naples, à Rome, à Pise, à Salerne, et commenta Aristote en mêlant aux idées du philosophe grec celles d’Averroës. Ses principaux ouvrages sont : De intellectu, Padoue, 1492, De immortalitate animæ, 1503. Il a aussi laissé des Opuscula moralia, parmi lesquels on remarque son traité De pulchro et amore.

NIRÉE, roi de Naxos ou de Syme, fils de Charops et d’Aglaïa, était le plus beau des Grecs après Achille. Il périt au siége de Troie.

NISCH. V. NISSA.

NISIBIS, Antiochia Mygdoniæ, auj. Nisibin ou Nézib, v. de Mésopotamie, sur le Mygdonius, au pied du mont Mazius. On en attribuait la fondation à Nemrod. Lucullus la prit sur Tigrane ; elle fut, depuis Dioclétien jusqu’à Jovien, un des boulevards de l’empire romain. Jovien la céda aux Perses. V. NÉZIB.

NISSA ou NISCH. Naïssus, v. de Bulgarie, sur la Nissava (affluent de la Morava), ch.-l. d’eyalet, à 180 kil. S. E. de Sémendrie ; 5000 hab. Évêché grec. Eaux thermales. Prise par les Russes en 1737 ; insurgée contre la Porte en 1841. – L’eyalet de Nissa, au S. de la Servie et à l’E. de la Bosnie, compte 1 200 000 hab. et renferme 5 livahs : Nissa, Leskowatz, Sophia, Samakovo, Kostendil.

NISUS, roi de Mégare, avait un cheveu de couleur pourpre auquel, suivant l’oracle, était attachée la conservation de son royaume. Scylla, sa fille, éprise de Minos, qui assiégeait Mégare, coupa ce cheveu et le livra à son amant. La ville prise, Minos dédaigna Scylla, et la fit lier au mât de son navire.

NISUS et Euryale, guerriers troyens, célébrés dans l’Énéide (Ve et VIe livres) pour leur étroite amitié, paraissent être des personnages de pure invention.

NITHARD, fils d’Angilbert et de Berthe, fille de Charlemagne, né vers 790, m. en 858, fut sous Charlemagne duc ou comte de la Côte maritime, devint un des principaux conseillers de Charles le Chauve, et périt en combattant les Normands. On a de lui une Histoire des divisions entre les fils de Louis le Débonnaire, en latin (dans le Recueil de D. Bouquet) : c’est un des plus précieux monuments de l’époque. Il a été trad. par M. Guizot dans les Mémoires relatifs à l’histoire de France.

NITHARD (le P.), jésuite autrichien, né en 1607, m. en 1681, était confesseur de l’archiduchesse Marianne, qui épousa le roi d’Espagne Philippe IV. Il suivit l’archiduchesse à Madrid, fut, après la mort du roi (1665), investi par sa veuve de tout le pouvoir pendant la minorité du jeune Charles II, et nommé en outre inquisiteur général. Son administration déplorable hâta la ruine de l’Espagne : il fut écarté en 1669. Néanmoins il fut fait cardinal en 1672.

NITIOBRIGES, peuple de la Gaule (Aquitaine 2e), au S. E. des Bituriges Vivisci, avait pour ch.-l. Aginnum ou Nitiobriges (Agen).

NITOCRIS, reine de Babylone, femme de Nabuchodonosor, administra pendant la démence de son époux. Elle est célèbre par le pont qu’elle fit construire sur l’Euphrate et par son tombeau, dont l’inscription semblait promettre de grands biens à qui l’ouvrirait ; Darius I, l’ayant ouvert, n’y trouva que des ossements avec ces mots : « Si tu n’étais insatiable, tu n’aurais pas violé ma sépulture. » Quelques-uns font de Nitocris la mère de Balthazar.

NITRIOTES NOMOS, contrée d’Égypte. V. NATRON.

NIVE (la), petite rivière de France (B.-Pyrénées), naît au S. de St-Jean-Pied-de-Port, et se jette dans l’Adour à Bayonne, après 65 k. de cours.

NIVELEURS, faction politique de l’Angleterre, prétendait tout soumettre au niveau de l’égalité la plus absolue. Ils ne voulaient ni roi ni noblesse, et réclamaient une égale répartition des biens et du pouvoir entre tous les membres de la société chrétienne. Cette faction fut comprimée par Cromwell, qui fit exécuter ses principaux chefs (1648).

NIVELLE, Niella, v. de Belgique (Brabant mérid.), ch.-l. d’arr., à 34 kil. S. de Bruxelles ; 8000 hab. Église de Ste-Gertrude, sur la tour de laquelle on voit un homme en fer, qui sonne les heures avec un marteau et que le peuple nomme Jean de Nivelle. Cotonnades, dentelles, chapeaux, etc. – Cette ville se forma autour d’un monastère de Bénédictines, fondé en 645 par Ste Gertrude, fille de Pépin de Landen. Elle devint le ch.-l. d’une baronnie qui relevait des ducs de Bourgogne ; en 1422, elle passa par mariage dans la maison de Montmorency. – Les Français y défirent les Autrichiens en 1794.

NIVELLE (Jean de), fils aîné de Jean II de Montmorency, né vers 1423, embrassa le parti du duc de Bourgogne et refusa de marcher contre ce prince, malgré les ordres de Louis XI et les prières de son propre père, qui le punit en le déshéritant ; il fut, en revanche, comblé de biens et d’honneurs par le duc de Bourgogne. Jean de Nivelle était devenu en France, à cause du refus qu’il fit de répondre à l’appel de son roi, un objet de haine et de mépris et le peuple lui donna le surnom injurieux de chien ; de là le proverbe vulgaire, dont la véritable signification fut bientôt oubliée. Après avoir été déshérité, Jean s’était fixé à Nivelle en Flandre, fief qu’il tenait de sa mère ; il y devint la tige d’une branche de la maison de Montmorency, connue sous le nom de Montmorency-Nivelle, qui, après s’être plusieurs fois alliée aux comtes de Hornes, finit par hériter de leurs possessions et prendre leur nom. Le 1er comte de Hornes, de la famille de Nivelle, fut Philippe de Nivelle, arrière-petit-fils de Jean de Montmorency-Nivelle : sa mère, née Anne d’Egmont, mariée d’abord à Joseph de Montmorency-Nivelle, avait épousé en secondes noces Jean, dernier comte de Hornes. Ce Jean de Hornes, n’ayant pas d’enfants, adopta ceux que sa femme avait eus du premier lit, en leur imposant l’obligation de porter son nom. V. HORNES.

NIVERNAIS ou NIVERNOIS, anc. province de France, au N. du Bourbonnais et au S. de la Champagne, à l’E. du Berry et à l’O. de la Bourgogne, forme auj. le département de la Nièvre. Il avait pour villes principales Nevers (ch.-l. général), Pouilly, Montigny, Clamecy, Vézelay, Château-Chinon, Decize, Donzy. – Le Nivernais, avant les Romains, était occupé par les Ambarres ou Vadicasses. Sous Honorius, il faisait partie de la lre Lyonnaise et de la Sénonaise. Il fut donné par Louis le Débonnaire à son fils Pépin, roi d’Aquitaine, et devint un comté particulier à partir du IXe siècle. V. NEVERS (comtes de).

NIVERNAIS (canal du), canal qui joint l’Yonne à la Loire en traversant le Nivernais. Il commence près de Decize, à l’embouch. de l’Aron dans la Loire, et se réunit à l’Yonne au port de La Chaise ; il a 80 k. de développement. Commencé en 1784, il fut achevé en 1042.

NIVERNAIS (ducs de), titre porté par quelques membres de la maison de Nevers. – On connaît surtout sous ce nom Louis Jules MANCINI-MAZARINI, né à Paris en 1716, m. en 1798. Il servit de 1734 à 1743, fut ambassadeur à Rome en 1748, à Berlin en 1756, à Londres en 1761, entra un moment au conseil sous le ministère de Vergennes, perdit presque toute sa fortune à la Révolution, refusa néanmoins d’émigrer et fut emprisonné pendant la Terreur. Il était de l’Académie française et de l’Académie des inscriptions. Ses Œuvres, qui se composent de fables, de poésies légères, d’imitations de poëtes anciens et modernes, de morceaux de critique, forment 8 v. in-8o, Paris, 1796 ; plus, 2 vol. d’Œuvres posthumes, 1807. Les poésies du duc de Nivernais sont assez médiocres ; c’était du reste un seigneur distingué par son esprit et par son exquise urbanité. M. Dupin a écrit son Éloge. — Voy. NEVERS (ducs de).

NIVERNUM ou NOVIODUNUM, auj. Nevers.

NIVILLERS, ch.-l. de c. (Oise), à 7 kil. N. E. de Beauvais ; 205 hab.

NIZAM (c.-à-d. Ordonnateur), titre donné sous l’empire mogol au gouverneur du Décan. Ce titre est auj. porté par le souverain qui règne sur la partie du Décan soumise au protectorat anglais comme roy. tributaire. Cet État, connu sous le titre de Royaume du Nizam, est situé entre la province d’Agra et le pays des Radjepoutes au N., les présidences de Bombay à l’O., de Madras au S. E., et le royaume de Nagpour au N. E. ; il a env. 247 000 k. carr. et 10 000 000 d’h. ; capit., Haiderabad ; v. princip., Aurengabad, Golconde, Daouletabad. Il est formé des anc. prov. d’Haiderabad, Bider, Bérar et Aurengabad. Le souverain est tributaire des Anglais depuis 1800.

NIZAM-EL-MOLOUK (Khodjah-Haçan), né vers 1017 dans le Khoraçan, m. en 1092, exerça divers emplois sous Mas’oud, sultan gaznévide, fut nommé visir en 1064, à l’avénement d’Alp-Arslan, déploya pendant 30 ans dans ce poste une habileté consommée, réprima la révolte du Kerman, diminua les impôts, et fonda des écoles ; mais, après la mort de ce prince, s’étant attiré la haine de la sultane Terkhan-Khatoun, il tomba en disgrâce et périt assassiné par ordre de Mélik-Chah, qui avait été son élève.

NIZAM-EL-MOLOUK (Tchyn-Qélytch-khan), né à Delhi vers 1648, m. en 1748, jouit d’une grande influence à la cour de Behader, fils d’Aureng-Zeyb, et à celle de ses successeurs, reçut en 1717 la vice-royauté du Décan avec le titre de Nizam-el-Molouk, et soumit les Mahrattes. Disgracié malgré ses services, il se révolta, se rendit maître du Guzzerat et du Malwa (1720) et ressaisit le gouvernement du Décan. Mohammed-chah, qui régnait alors, effrayé de la puissance de son vassal, l’appela à sa cour et le nomma son visir(1731). Mais Nizam, craignant quelque embûche, s’enfuit de la cour et appela dans l’Inde Nadir-Chah, ce qui amena la ruine de l’empire mogol (1738). Après la retraite des Persans (1744), Nizam gouverna encore en souverain pendant 4 ans : il mourut à 100 ans, ou même, selon quelques-uns, à 104 ans.

NIZAMI, poëte persan, né à Candjeh, dans la prov. d’Harran, vers 1100, mort en 1180, a composé un poëme formé de 28 000 distiques, nommé en arabe le Khamseh et en persan le Pentch-Gandj (les Cinq trésors), dans lequel se trouve une Histoire romanesque d’Alexandre. La 1re partie de cet ouvrage a été imprimée à Calcutta en 1812 : l’ouvrage entier a été trad. en franç. par M. Charmoy, St-Pétersb., 1845. On a aussi de lui quelques apologues, qui ont été imprimées dans le tome II des Asiatic Miscellanies, 1786. Quelques-uns égalent Nizami à Ferdoucy.

NIZOLIUS, en italien Nizzoli, littérateur et philosophe, né en 1498 à Brescello (Modénais), m. en 1566, fut précepteur des neveux du comte de Gambara, puis professeur à l’Université de Parme, et directeur de l’académie fondée à Sabionetta, par le prince de Gonzague, pour l’enseignement des langues anciennes. On a de lui : Observationes in M. Tullium Ciceronem, 1535, in-fol., ouvrage publié de nouveau en 1570, à Venise, sous le titre de Thesaurus ciceronianus, avec les additions de Nizolius, et en 1734, sous le titre de Lexicon ciceronianum, avec celles de Facciolati ; et un livre contre les doctrines et le langage des scolastiques, De veris principiis et vera ratione philosophandi contra pseudo-philosophos, Parme, 1553, dont Leibnitz a donné une nouvelle édition avec une préface, Francfort, 1670, in-4

NIZZA, nom italien de Nice.

NOAILLES, Noviliaca, ch.-l. de c. (Oise), à 16 kil. S. E. de Beauvais ; 800 hab. Étoffes de laine.

NOAILLES, bg de la Corrèze, à 7 k. S. de Brives ; 700 h. Il fut en 1663 érigé en duché-pairie en faveur d’Anne de Noailles. Château. — Un vge du dép. de l’Oise, à 16 k. S. E. de Beauvais, reçut aussi le nom de Noailles au XVIIIe s. parce qu’il se forma autour d’un chât. qu’y possédait le maréchal de Noailles-Mouchy.

NOAILLES, famille noble du Limousin, originaire de Noailles près de Brives, remonte au Xe siècle.

NOAILLES (Ant. de), né en 1504, m. en 1562, se signala à la bataille de Cérisoles, fut fait amiral de France lors de l’avènement de Henri II, remplit une mission en Angleterre, et négocia la trêve de Vaucelles en 1556. Verlot a publié ses Négociations en Angleterre, avec celles de son frère (1763). — Ce frère, François de N., né en 1519, m, en l585, fut successivement ambassadeur à Venise, à Londres, à Rome, à Constantinople, et fit conclure la paix entre Sélim II et les Vénitiens.

NOAILLES (Louis-Ant. de), prélat, né en 1651, m. en 1729, fut nommé archevêque de Paris en 1695 et cardinal en 1700. Indécis et faible de caractère, il voulut d’abord être médiateur entre Bossuet et Fénelon dans la querelle du quiétisme, mais il fut bientôt subjugué par l’ascendant du premier. Il approuva et condamna tour à tour les propositions du P. Quesnel ; après s’être longtemps refusé à signer la bulle Unigenitus, il finit par la signer (1728). Les perpétuelles variations de ce prélat furent pour la France une source de dissensions et de troubles. On a publié en 1718 un recueil de ses mandements.

NOAILLES (Anne Jules de), frère du précéd., duc et pair, maréchal de France, né en 1650, m. en 1708, se signala d’abord dans la campagne de Hollande de 1672, fut envoyé contre les Calvinistes révoltés après la révocation de l’édit de Nantes, et montra dans cette mission un rare esprit de conciliation et de clémence. Il commanda de 1689 à 1696 l’armée française destinée à seconder la révolte de la Catalogne, prit et démolit Campredon, s’empara de Roses, et gagna la bataille du Ter, 1694.

NOAILLES (Adrien Maurice de), fils aîné d’Anne Jules, également maréchal de France, né en 1678, m. en 1766, fit ses premières armes en Catalogne sous son père, se distingua dans la guerre de la succession d’Espagne, prit en 1710 la place de Girone en plein hiver, reçut de Philippe V titre de grand d’Espagne, de Louis XIV celui de duc et pair, devint président du conseil des finances sous la régence (1718), et prit quelques mesures utiles pour prévenir les désastres que devait attirer le système de Law. Il reprit du service en 1733, gagna le bâton de maréchal au siège de Philipsbourg, et fit évacuer Worms par les Allemands, 1734 ; mais fut battu en 1743 à Dettingen et quitta le service. Il fut envoyé en Espagne comme ambassadeur en 1745, puis fit partie du ministère. Ses Mémoires ont été publiés par l’abbé Millot en 1777. — Ses deux fils : Louis de Noailles, duc d’Ayen, 1713-93, et Philippe, duc de Mouchy (V. ce nom), furent tous deux maréchaux.

NOAILLES (le vicomte Louis Marie de), 2e fils du maréchal Philippe de Noailles, duc de Mouchy, né en 1756, eut part à l’expédition d’Amérique, embrassa avec ardeur la cause de la Révolution en 1789, prêta serment à la nation après le départ de Louis XVI pour Varennes, commanda la place de Sedan, puis les avant-postes du camp de Valenciennes (1792), donna ensuite sa démission et quitta la France, reprit du service sous le Consulat et se rendit à St-Domingue comme général de brigade, y défendit avec bravoure le môle St-Nicolas, prit une corvette anglaise, et mourut à La Havane en 1804 des suites de ses blessures.

NOAILLES (Alexis, comte de), fils du précéd., né en 1783, m. en 1835, fut expulsé de France sous Napoléon Ier à cause de son opposition au régime impérial, fit d’actives démarches dès 1812 près des souverains alliés en faveur des Bourbons et figura au congrès de Vienne. Dans les Chambres législatives, dont il fit partie sous la Restauration, il sut rester à la fois fidèle à la dynastie et indépendant. Il a concouru à plusieurs fondations pieuses et charitables. — À la même famille appartient M. le duc Paul de Noailles, né en 1802, appelé à la pairie dès 1823, membre de l’Académie française depuis 1849, auteur d’ouvrages estimés sur Mme de Maintenon et la maison de St-Cyr.

NOBILIBUS (Robert de), en italien Nobili, jésuite missionnaire, né en 1577 à Montepulciano (Toscane), m. en 1656 à Méliapour (Coromandel), fut envoyé en 1606 aux Indes par Aquaviva. Pour s’insinuer dans l’esprit des Hindous, il prit leurs habitudes et leur costume et se fit passer lui-même pour un brahme ; puis, lorsqu’il eut établi sa réputation de sainteté et de savoir, il ouvrit une école de Christianisme sans renoncer aux pratiques extérieures du Brahmanisme. Il convertit ainsi 70 brahmes. Les Frères Mineurs dénoncèrent à Rome ce mode de conversion ; mais Grégoire XV le toléra, moyennant certaines restrictions.

NOCÉ, ch.-l. de cant. (Orne), à 20 kil. S. E. de Mortagne ; 1603 hab.

NOCERA, Nuceria Camellaria, v. d’Italie, à 33 kil. E. de Pérouse ; 2000 hab. Évêché. Bains thermaux.

NOCERA-DE-PAGANI, Nuceria Alfaterna, v. d’Italie, (Principauté Citérieure), sur le Sarno, à 14 kil. N. O. de Salerne ; 7000 h. Évêché. Belle église. — Narsès y battit Téïa, roi des Goths, qui y fut tué (553). Nocera fut surnommée des Païens (de’ Pagani) à cause des Arabes qui étaient venus s’y établir sous Frédéric II (1220), ou même après la défaite du pape Jean X (915).

NOD (Terre de), pays où se retira Caïn après son crime ; on le place en Hyrcanie.

NODIER (Charles), littérateur, né à Besançon en 1780, m. en 1844, était fils d’un avocat. Il prit goût fort jeune à l’histoire naturelle, et publia à 18 ans une dissertation sur l’Usage des antennes des insectes (il plaçait l’ouïe dans ces organes) ; vint en 1800 à Paris, où il se fit connaître par des romans et des poésies, mais se fit enfermer à Ste-Pélagie pour une ode satirique contre le premier Consul ; il obtint cependant peu après une chaire de littérature à Dôle, puis une place de bibliothécaire à Laybach. Il vit avec joie en 1814 le retour des Bourbons, soutint chaudement la cause royaliste dans divers journaux, fut nommé en 1824 bibliothécaire à l’Arsenal, et en 1834 membre de l’Académie française. Ch. Nodier s’est exercé dans des genres très-divers : romans, histoire, poésie, critique, philologie. On remarque parmi ses romans : Stella ou les Proscrits ; le Peintre de Salzbourg, Adèle, Thérèse Aubert, Trilby, la Fée aux miettes, Mlle de Marsan, le Nouveau Faust, Jean Sbogar, son chef-d’œuvre ; parmi ses écrits historiques, l’Histoire des sociétés secrètes de l’armée (1815), et le Dernier banquier des Girondins (1833), ouvrages où la fiction a autant de part que la réalité. Ses poésies ont paru sous le titre d’Essais d’un jeune Barde (1804), et de Poésies diverses (1827). Comme critique et philologue, Nodier a publié : Dictionnaire des onomatopées (1808) ; Questions de littérature légale (1812) ; Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (1829) ; Examen des dictionnaires de la langue française (1828) ; Notions de linguistique (1834), ouvrages qui attestent autant d’érudition que de goût. Il a laissé d’intéressants détails sur sa propre vie dans ses Souvenirs, 1831. Une collection de ses Œuvres, publiée par lui-même, a paru de 1832 à 1834, en 12 vol. in-8. On trouve dans cet écrivain une sensibilité vive, mais exaltée ; une imagination riche, mais bizarre ; son style, toujours élégant, sent trop le travail.

NOÉ, patriarche, fils de Lamech, né vers 3908 av. J.-C., mérita par sa piété d’être, seul avec sa famille, sauvé du déluge universel. Dieu lui annonça ce désastre et lui commanda de bâtir une arche (arca), espèce de grand bateau en forme de coffre, qui pût lui servir de retraite pendant l’inondation, et de s’y enfermer : avec sa femme, ses 3 fils, Sem, Cham et Japhet, ses 3 brus, et plusieurs couples de chaque espèce d’animaux. Dès que Noé eut accompli ces ordres, les eaux du ciel tombèrent pendant 40 jours et 40 nuits. Le 27e jour du 7e mois, l’arche s’arrêta en Arménie, sur le mont Ararat, et peu à peu les eaux s’écoulèrent. Dieu fit alors alliance avec Noé, et, comme gage de sa réconciliation avec les hommes, il fit paraître l’arc-en-ciel. Noé s’adonna à l’agriculture, planta la vigne et fit du vin avec le jus du raisin ; mais, ne connaissant pas l’effet de cette liqueur, il s’enivra et s’endormit dans sa tente, le corps découvert ; son fils Cham s’étant moqué de sa nudité, il le maudit ainsi que son fils Chanaan. Ce patriarche mourut à l’âge de 950 ans. Ses trois fils se séparèrent : leurs descendants peuplèrent les trois parties du monde.

NOËL, Natalis dies, anniversaire de la nativité de J.-C. C’est une des plus grandes fêtes des Chrétiens ; elle se célèbre le 25 déc. On dit trois messes dans cette solennité : la messe de minuit, celle du point du jour et celle du matin. Le jour de Noël était autrefois en France et est encore aujourd’hui en Angleterre une fête de famille. Jadis les fidèles chantaient à cette fête des cantiques joyeux appropriés à la circonstance et désignés sous le nom de noëls. — Le mot noël est, suivant les uns, une abréviation d’Emmanuel (c-à-d. Dieu avec nous), un des surnoms de J.-C. ; selon d’autres, une corruption de natalis dies (jour natal).

NOËL (le P. François), jésuite allemand, missionnaire en Chine, né vers 1640, mort vers 1715, a publié : Observationes mathematicæ et physicæ in India et China factæ (de 1684 à 1708), Prague, 1710, Sinensis imperii libri classici VI, 1711, Philosophia sinica, 1711. On a aussi de lui-même une Theologicæ summa, 1732 (abrégée de Suarez).

NOËL (Franc. Joseph), littérateur, né en 1755 à St-Germain-en-Laye, m. en 1841, fut d’abord professeur au collège Louis-le-Grand ; rédigea, après 89, le journal intitulé la Chronique ; devint chef de bureau au ministère des affaires étrangères, et remplit plusieurs missions diplomatiques ; fut, après le 18 brumaire, membre du Tribunat, puis commissaire général de police à Lyon, et préfet du Haut-Rhin (1800-2). Lors de la réorganisation de l’Université, il fut nommé inspecteur général des études. Noël a composé un grand nombre d’ouvrages classiques qui ont été longtemps populaires et dont quelques-uns sont encore estimés : Dictionnaire français-latin (1807), et latin-français (1808) ; Gradus ad Parnassum (1810) ; Dictionnaire de la Fable (1810) ; Leçons de littérature françaises (1804), — latines (1808), — anglaises (1817), — italiennes (1824), — grecques (1825), — allemandes (1827) : MM. Delaplace et Chapsal concoururent à ces derniers ouvrages. On a sous son nom un Abrégé de la Grammaire française, 1826 (avec Chapsal). Il a donné des traductions de Catulle (1804) et de Tite-Live (1824), cette dernière avec Dureau de La Malle.

NOÉMI, femme juive, veuve d’Élimélech, suivit son mari dans le pays de Moab pendant une famine, et eut deux fils dont l’un épousa Ruth. Voy. RUTH.

NŒODUNUM. Voy. DIABLINTES et NOVIODUNDM.

NŒOMAGUS. V. TRICASTIM et NOVIOMAGUS.

NŒT, hérésiarque du IIIe siècle, maître de Sabellius, confondait en une seule les trois personnes de la Trinité, et niait la divinité de J.-C.

NOGAÏS, branche de Tartares ou Turkomans qui sont répandus au N. du Caucase, sur la r. g. du Kouban, dans la steppe de Crimée et jusque vers le Danube (gouvts de Tauris et d’Ekatérinoslav). Ils comptent env. 300 000 familles. Ils sont mahométans, vivent en tribus, et sont, les uns agriculteurs, les autres nomades : ces derniers se livrent à la chasse et à la pêche. Les Nogaïs tirent leur nom de Nogaï, petit-fils de Gengis-khan, lequel, vers 1261, se mit à leur tête, se déclara indépendant de la grande horde (ou horde du Kaptchak), et s’établit avec eux sur les bords de la mer Noire.

NOGARET (Guill. de), célèbre légiste du XIIIe s., né dans le Lauraguais, d'une famille qui a été la tige des Épernon, m. vers 1313, fut d'abord professeur de droit à Montpellier, seconda avec la plus grande animosité Philippe le Bel dans son démêlé avec Boniface VIII, et fut chargé en 1303, avec Sciarra Colonna, d'aller se saisir de la personne de ce pape : il l'arrêta dans Anagni, et se porta contre lui à de coupables violences; après qu'il l'eut tenu quelques jours en captivité, le peuple d'Anagni, indigné, prit la défense du pontife et le délivra. Néanmoins, Nogaret obtint du pape Clément V son absolution.

NOGARET (Félix), né à Versailles en 1740, m. en 1831, entra en 1761 dans les bureaux de l'intérieur et y resta jusqu'à la Révolution, fut nommé en 1795 censeur dramatique, mais fut destitué en 1807 par Fouché. C'était un homme d'esprit; on a de lui : Le fond du sac, 1780; l’Aristénète français, 1780; Contes en vers, 1798, et Nouveaux contes en vers, 1814.

NOGARET DE LA VALETTE. V. LA VALETTE.

NOGARO, ch.-l. de cant. (Gers), à 40 kil. S. O. de Condom ; 2323 hab. Mines de houille. — Jadis capit. du Bas-Armagnac. Il s'y tint des conciles provinciaux en 1290 et 1315.

NOGENT-LE-ROI, Novigentum, ch.-l. de cant. (H.-Marne), à 20 kil. S. E. de Chaumont; 3443 hab. Coutellerie dite de Langres, aiguilles.

NOGENT-LE-ROI, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), à 17 kil. S. E. de Dreux, sur l'Eure; 1412 hab. Patrie de Panard. Philippe de Valois mourut dans cette ville en 1350. Elle fut érigée en comté par Richelieu.

NOGENT-LE-ROTROU, Novigentum Rotrudium, ch.-l. d'arr. (Eure-et-Loir), à 67 kil. S. O. de Chartres, sur l'Huisne; 7105 h. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque. Station de chemin de fer. Fabriques d'étamines et de serges; belles écrevisses, etc. Ruines d'un château bâti par Sully. Patrie de Rémi Belleau.

NOGENT-SUR-MARNE, vge du dép. de la Seine, à 21 kil. S. E. de Sceaux et à 8 k. E. de Paris, à l'extrémité du bois de Vincennes: 3563 hab. Les rois mérovingiens y eurent un palais, où se tinrent plusieurs assemblées. Fabr. de produits chimiques, spécialement de sulfate de quinine.

NOGENT-SUR-SEINE, ch.-l. d'arr. (Aube), à 56 kil. N. O. de Troyes; 3530 h. Station de chemin de fer; belle église St-Laurent; pont en pierre, d'une seule arche. Commerce de chanvre, sel, vinaigre, ardoises. Thénard naquit près de Nogent (à la Louptière). Près de là, ruines du Paraclet. En 1814, il se livra près de Nogent un combat acharné entre les Français et les alliés, à la suite duquel la ville fut prise.

NOINTEL (Ch. OLIER, marquis de), diplomate, né dans le pays Chartrain, m. en 1685, suivit d'abord la carrière de la magistrature, fut chargé en 1670 d'une mission diplomatique relative aux Échelles du Levant et au commerce de la mer Rouge, puis nommé ambassadeur près la Porte, poste qu'il garda jusqu'en 1678. Il fit en Orient de précieuses acquisitions de médailles, de marbres, et autres objets d'art et d'antiquités; mais il se laissa entraîner par ces recherches à tant de dépenses que Louis XIV, ne voulant plus payer ses dettes, le rappela.

NOIODUNUM. V. DIABLINTES et NOVIODUNUM.

NOIR (le Prince), fils d’Édouard. V. ÉDOUARD.

NOIRE (Mer), Pont Euxin, Pontus Euxinus chez les anciens (c.-à-d. mer hospitalière), et auparavant Pontus Axinus (ou mer inhospitalière), mer interne située au S. E. de l'Europe, est formée par la Méditerranée et communique avec cette mer par le détroit de Constantinople, la mer de Marmara et les Dardanelles; au N., elle est liée à la mer d'Azov par le détroit d'Iénikaleh ; elle a 1080 kil. sur 620 et s'étend entre 20°-39° long. E., 41°-47° lat. N. Elle baigne au N. et à l'O. la Russie mérid. et la Turquie d'Europe, au S. et à l'E. la Turquie et la Russie d'Asie. Cette mer renferme fort peu d'îles. Ses eaux, très-peu salées, se gèlent aisément et à grande distance des rivages; elle est fort orageuse, d'où son ancien nom d’Axinus. Elle reçoit le Danube, le Dniester, le Boug, le Dniepr, le Don, le Kouban, le Kizil-Irmak, le Sakaria. Ses ports principaux sont : en Russie, Odessa, Sébastopol, Caffa, Anapa, Poti; en Turquie, Trébizonde, Sinope, Varna. — Le nom de mer Noire lui fut donné par les Tartares, probablement à cause des forêts sombres qui ombragent ses côtes. La mer Noire, dont les Russes avaient obtenu de la Porte la clôture en 1833, par le traité d'Unkiar-skélessi, a été déclarée mer neutre par le traité de Paris (30 mars 1856).

NOIRE (FORÊT). Voy. FORÊT,

NOIRÉTABLE, ch.-l. de cant. (Loire), à 44 kil, N. O. de Montbrison; 1896 hab.

NOIRMOUTIERS, Nigrum monasterium, primitivement Her ou Heria, île de France, sur la côte du dép. de la Vendée, dans le golfe de Gascogne; 19 k. sur 7; 8200 hab.; ch.-l. Noirmoutiers. L'île n'est séparée du continent au S. que par le goulet de Fromantine, qui est guéable à marée basse. Sol très-bas, protégé contre les hautes marées par des digues. Beaux pâturages, marais salants, préparation du varech, pêche d'huîtres. — Cette île doit son nom à un monastère de Bénédictins, fondé vers 680 par S. Philibert, et détruit par les Normands en 846. Elle appartint longtemps à la famille La Trémouille et ne fut réunie à la couronne qu'en 1720. Elle a été prise par les Hollandais en 1674, et a beaucoup souffert pendant la Révolution : le 5 mars 1793, les Vendéens, commandés par Charette, s'en emparèrent; les Républicains les en expulsèrent le 30 avril, mais les Vendéens y rentrèrent le 12 oct.; ils en furent chassés définitivement le 2 janvier 1794; leur généralissime d'Elbée y fut pris et fusillé. — Le bourg de Noirmoutiers, sur la côte E., est un ch.-l. de canton, qui compte 6248 h. C'est une place de guerre de 4e classe, défendue par un fort.

NOLASQUE (S. Pierre), fondateur de l'ordre de la Merci, né en 1189 près de St-Papoul (Languedoc), m. en 1256, suivit Simon de Montfort à la croisade contre les Albigeois. Après la mort du roi Pierre II d'Aragon, tué à la bataille de Muret (1213), il fut chargé de l'éducation du fils de ce prince, le jeune Jacques, alors prisonnier. L'ayant suivi dans ses États (1215), il se voua à la rédemption des captifs : il visita dans ce but la côte d'Afrique et, à son retour, fonda en 1223 à Barcelone l'ordre de la Merci. Il mérita d'être canonisé; on le fête le 31 janv.

NOLAY, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or), sur la Cuisanne, à 17 kil. S. O. de Beaune; 2345 hab. Chapeaux, drap; bons vins. Patrie de Carnot.

NOLE, Nola, v. d'Italie (Terre de Labour), à 37 kil. S. E. de Capoue; 9000 hab. Évêché. Cathédrale gothique, collection de vases étrusques. — Fondée vers 801 av. J.-C., cette ville faisait partie de la Campanie; elle fut prise par le consul Petilius en 314 av. J.-C.; assiégée par Annibal dans la 2e guerre punique, elle fut vaillamment défendue par Marcellus, qui battit deux fois le général carthaginois sous ses murs (216 et 215). Auguste mourut à Nole. Cette ville est, dit-on, la première où l'on se soit servi de cloches : on les appela pour cette raison nolæ ou campanæ; S. Paulin, évêque de Nole au Ve siècle, en aurait été l'inventeur.

NOLLET (l'abbé), physicien, né en 1700 à Pimpré dans le Noyonnais, m. en 1770, fut associé aux travaux de Dufay et de Réaumur, se fit un nom par ses cours de physique, entra à l'Académie des sciences en 1739, fit en 1749 un voyage scientifique en Italie, fut, en 1756, appelé à une chaire de physique expérimentale créée pour lui au collège de Navarre, et bientôt après nommé maître de physique et d'histoire naturelle des enfants de France. Son ouvrage le plus connu a pour titre : Leçons de physique expérimentale, Paris, 1743, 6 vol. in-12. Nollet a beaucoup contribué à répandre en France le goût et l'étude de la physique par des expositions claires et attrayantes. Il s'était surtout occupé de l'électricité.

NOLLI(Giambattista), architecte du XVIIIe siècle né à Côme, m. en l780, est surtout connu par un grand plan de Rome (Nuova Pianta di Roma, 1748, en 16 feuilles in-fol. et 16 in-4), avec indication des ruines antiques : c'est un très-bon travail qui a servi de base à la plupart des travaux de même genre publiés depuis. Il en donna lui-même une réduction.

NOMADES (du grec nomeus, pasteur), nom générique sous lequel on a désigné les peuplades qui n'ont point de demeure fixe, mais qui errent sans cesse à la recherche de nouveaux pâturages. Tels sont chez les anciens les Numides en Afrique, les Scythes en Asie et en Europe ; chez les modernes, les Huns, les Bédouins de l'Arabie, les peuples de l'Asie centrale (Tartares, Turcomans, Mongols, Mandchoux, etc.), les tribus indigènes de l'Amérique, etc.

NOMARCHIE. V. NOME.

NOMBRE-DE-DIOS, v. du Mexique (Durango), dans la Sierra-Madre, à 60 kil. S. E. de Durango; 7000 h. Mines d'argent. Fabriques d'alcool d'aloès.

NOMBRE D'OR, nombre dont on se sert dans le comput ecclésiastique pour marquer en quelle année on se trouve du cycle lunaire. V. CYCLE dans notre Dict. univ. des Sciences.

NOMBRES (le livre des), un des livres de la Bible, le 3e du Pentateuque, renferme l'histoire de ce qui se passa dans les 40 ans que dura le voyage des Israélites dans le désert. On l'appelle ainsi, parce qu'il contient le dénombrement des Hébreux.

NOMÉNOÉ, comte ou duc de Bretagne institué en 825 par Louis le Débonnaire. Sous Charles le Chauve, il se rendit indépendant, prit le titre de roi et poussa ses conquêtes jusqu'à Vendôme, où il mourut en 851.

NOMENTUM, auj. Lamentano, v. des Sabins, sur l'Allia. Le consul Servilius Priscus Fidenas remporta aux environs de cette ville sur les Véiens et les Fidénates une victoire qui lui ouvrit les portes de Fidènes, 335 av. J.-C. Nomentum a donné son nom à une des portes de Rome, la porte Nomentane, et à la voie Nomentane, qui conduisait de Nomentum à Rome.

NOMÉNY, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle), sur la Seille, à 28 kil. N. de Nancy; 1298 hab.

NOMES (du grec nomos, partage), nom donné dans l'anc. Égypte et dans la Grèce moderne à certaines divisions du pays; on les appelle aussi en Grèce nomarchies, mot qui équivaut à préfecture.

NOMINAUX ou NOMINALISTES, secte scolastique opposée à celle des Réalistes, soutenait que les idées générales n'ont aucune réalité hors de notre esprit, et ne subsistent que par les noms que nous leur donnons. Elle eut pour chef Jean Roscelin, chanoine de Compiègne au XIe siècle, qui fut condamné au concile de Soissons en 1092; et elle compta parmi ses partisans Abailard, qui lui donna une nouvelle forme, le Conceptualisme, puis Occam, Buridan, P. d'Ailly. On y peut rattacher, parmi les modernes, Hobbes, Locke, Berkeley, Condillac, Destutt-Tracy.

NONACRIS, v. d'Arcadie, près du mont Cyllène. Patrie d'Évandre et d'Atalante.

NONANCOURT, ch.-l. de c. (Eure), à 35 kil. S. d'Évreux, 1404 hab. Filatures, cardes, etc.

NONCES, Nuntii, ambassadeurs du pape près des cours étrangères, chargés de représenter d'une manière permanente le St-Siége auprès des différentes puissances et de veiller aux intérêts de la religion. Il ne faut pas les confondre avec les Légats. V. ce nom.

On nommait aussi Nonces les députés de la noblesse polonaise dans les diètes.

NON CONFORMISTES, nom donné en Angleterre aux différentes sectes protestantes qui ne professent pas la religion anglicane, surtout aux Puritains. Ils prirent naissance vers 1566, sous Élisabeth, lorsque l'archevêque de Cantorbéry, Mathieu Parker, voulut forcer les ecclésiastiques à porter un costume particulier. On les nomme aussi dissenters.

NONES, une des divisions du mois chez les Romains. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

NONIUS MARCELLUS, grammairien et philosophe péripapéticien qu'on croit natif de Tibur, vivait au IVe siècle. Il a laissé un traité De proprietate sermonum, précieux par les fragments d'auteurs anciens qu'il renferme. Les meill. édit. sont celles de Mercier des Bordes, Paris, 1614, et de Gerlach, Bâle, 1842.

NONIUS ou NONNIOS (Pedro NUNEZ, dit en latin), savant cosmographe et mathématicien portugais, 1492-1577, enseigna dans les universités de Lisbonne et de Coïmbre, publia des ouvrages estimés De Crepusculis, 1542, De arte navigandi, 1546, et inventa une ingénieuse méthode pour diviser les instruments astronomiques et mesurer les plus petits arcs de cerclé : son nom est resté à l'instrument qu'il employait à cet effet. V. NONIUS dans notre Dict. univ. des Sciences.

NONIUS PINCIANUS. V. PINCIANUS.

NONNOTTE (Claude Adrien), jésuite, né à Besançon en 1711, m. en 1793, défendit la religion contre les attaques de Voltaire, et s'attira par là les sarcasmes du philosophe. Il prêcha successivement à Paris, à Versailles et à Turin. Après la suppression de son ordre, il se fixa à Besançon. On a de lui : les Erreurs de Voltaire, Avignon, 1762; Dictionnaire philosophique de la religion, en réponse aux objections des incrédules, 1772; les Philosophes des trois premiers siècles de l'Église, 1789.

NONNUS, poète grec, né à Panopolis en Égypte vers 410 de J.-C., a composé les Dionysiaques, poëme épique en 48 chants, sur l'histoire de Bacchus. Ce poëme, qui n'est pas dépourvu de talent, se recommande par une érudition mythologique immense ; mais sa prolixité et l'abus des descriptions en rendent la lecture fatigante. Il a été publié par Falkenberg, Anvers, 1569, et par Græfe, Leipsick, 1819, et trad. en français par Boitel, Paris, 1625, et par le comte de Marcellus, avec introd. et notes, 1856. On a attribué à Nonnus une Paraphrase en vers de l'Évangile de S. Jean, publiée pour la 1re fois à Venise en 1501; ce qui a fait supposer que, païen d'abord, il aurait plus tard été baptisé; mais cet ouvrage paraît apocryphe.

NONTRON, ch.-l. d'arr. (Dordogne), sur le Bandiat, à 40 k. N. de Périgueux; 3658 hab. Coutellerie, tanneries, minéraux, marne, etc. Anc. baronnie.

NONZA, ch.-l. de c. (Corse), à 13 kil. N. O. de Bastia, sur un roc escarpé; 445 hab.

NOODT (Gérard), publiciste hollandais, né à Nimègue en 1647, m. en 1725, professa le droit dans sa ville natale, puis à Franeker, à Utrecht, et à Leyde. Ses principaux ouvrages sont : Probabilium juris libri III, 1674-79; De jure summi imperii et lege regia, 1699 (traduit par Barbeyrac, 1706); De religione ab imperio, jure gentium, libera, 1706, etc. Une édition complète de ses OEuvres a paru à Leyde en 1735, 2 v. f. ; elle a été condamnée à Rome en 1737.

NOR, fondateur du roy. dé Norvège dans la tradition Scandinave, était fils de Thorron, qui régnait sur la Gothie et la Finlande. Envoyé à la recherche de sa sœur Goe, qui avait été enlevée, il fut conduit par ses courses dans le pays qui depuis a été appelé de son nom Norvège. Il assujettit les petits princes de cette contrée et forma de leurs divers États un royaume unique.

NORA, auj. Bour? place forte de Cappadoce, au pied du Taurus, est célèbre par le long siège qu'y soutint Eumène contre Antigone (de 321 à 320 av. J.-C.), et qui se termina par son évasion inattendue au milieu d'obstacles de toute espèce.

NORADIN. V. NOUR-EDDYN. ,

NORBA, auj. Norma, v. du Latium, chez les Volsques, devint colonie romaine en 261 av. J.-C.

NORBA CÆSAREA, v. d'Hispanie, auj. Alcantara.

NORBERG (Georges), chapelain de Charles XII, roi de Suède, né à Stockholm en 1677, m. en 1744, a écrit par ordre de la reine Ulrique-Éléonore la Vie de Charles XII, Stockholm, 1740 (traduit en français par Warmholz, La Haye, 1742). Voltaire, dont il avait relevé certaines assertions, se vengea en le persiflant.

NORBERT (S.), fondateur de l'ordre des Prémontrés, né en 1092 à Santen (duché de Clèves), m. en 1134, mena d'abord une vie assez dissipée, se réforma subitement après avoir failli périr dans un orage, reçut la prêtrise en 1116, parcourut l'Allemagne en prêchant la foi, puis se fixa en France et fonda en 1120, dans le vallon de Prémontré, près de Laon, l'ordre dit de Prémontré, qui avait pour objet la réforme des chanoines réguliers de S. Augustin, et qui fut confirmé par Honorius II en 1126. Nommé archevêque de Magdebourg en 1126, il rendit à l'Église des services signalés pendant le schisme qui suivit la mort d'Honorius II, et reçut en récompense la primatie des Deux-Saxes. Il fut canonisé par Grégoire XIII en 1582; on le fête le 6 juin.

NORBERT (PARISOT, dit le P.), capucin, né en 1697 à Bar-le-Duc, m. en 1769, se rendit en 1736 à Pondichéry comme procureur général des missions étrangères. De retour en Europe, il mit au jour en 1744 un livre relatif aux rites malabares (Mémoires sur les missions des Indes), où il attaquait violemment la conduite des Jésuites aux Indes, ouvrage qui fit scandale et qui fut condamné. D'un caractère inquiet et difficile, il quitta son ordre et mena depuis une vie errante.

NORCIA, Nurcia, v. d'Italie, à 31 kil. N. E. de Spolète; 4000 hab. Évêché. Patrie de S. Benoit.

NORD (dép. du), le dép. le plus septentr. de la France, sur la mer du Nord, est borné au N. E. par la Belgique, à l'O. par le dép. du Pas-de-Calais, au S. par les dép. de la Somme et de l'Aisne, à l'E. par les Ardennes : 5679 kil. carrés; 1 303 380 h.; ch.-l., Lille. Il est formé de la Flandre française, du Hainaut français et du Cambrésis. C'est, après le dép. de la Seine, le dép. le plus peuplé de la France et le plus riche; il est éminemment agricole, industriel et commercial. Il est arrosé par l'Aa, la Lys, la Scarpe, l'Escaut, la Sambre, et contient 20 canaux navigables. Sol plat, houille et fer (en grande quantité); marbre, grès à paver, pierre de taille, argile à potier; eaux minérales et thermales. Toutes les espèces de céréales, de légumes, de plantes oléagineuses, etc.; lin dit de fin, tabac (un des meilleurs de France), houblon, pastel. Chevaux estimés, gros et menu bétail. Batistes, dentelles, fils retors; filatures de laines; faïence, verre, porcelaine; huiles, bière, savon, genièvre, sucre de betterave, raffineries, distilleries, produits chimiques; usines à fer, armes, canons, clous, scieries de marbre; construction de navires, etc. Comm. immense ; pêche. — Ce dép. a 7 arr. (Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douay, Valenciennes, Cambray, Avesnes); il appartient à la 3e div. milit., a une cour impér. à Douay et un archevêché à Cambray.

NORD (mer du) ou D'ALLEMAGNE, Oceanus Germanicus, grand golfe de l'Atlantique à double ouverture, s'enfonce du N. au S. entre les îles Britanniques et la Norvège et baigne les côtes occidentales du Danemark. U jette à l'E. entre ces deux derniers pays un bras appelé le Skaggerrack, qui, en descendant et s'élargissant, devient la Baltique ; il forme à l'O. la Manche, qui va rejoindre l'Océan. La limite mérid. de cette mer est la côte du dép. du Nord (en France).

NORD (cap.), promontoire de Norvège, dans l'île Mageroë, par 23° 40' long. E., 71° 10' lat. N., est le point le plus septentrional de l'Europe.

NORDALBIGIENS, nom donné au moyen âge à des peuplades qui habitaient au nord et sur la rive droite de l'Elbe (Albis), vers son embouchure.

NORDBOTTEN. V. NORDLAND (Suède).

NORDEN (Fréd. L.), voyageur danois, né à Gluckstadt en 1708, m. en 1742, était capitaine de la marine royale de Danemark, et fut envoyé en Italie et en Égypte avec la mission de dessiner les monuments antiques. On lui doit un Voyage d’Égypte et de Nubie (en français), Copenhague, 1752-55, 2 vol. gr. in-fol. avec 159 pl. et cartes, et un Mémoire sur les ruines de Thèbes en Égypte (en anglais), Londres, 1741.

NORDENFIELD, grande division de la Norvège, au centre : 600 kil. sur 200; 450 000 hab. Elle comprend 5 bailliages : Drontheim-Nord et Drontheim-Sud, Romsdal, Bergen-Nord et Bergen-Sud. Sol aride : peu de grains; pommes de terre, houblon, chanvre; gros bétail, pores, poisson en abondance; cuivre, fer, marbre, chaux. Exportation de poisson, peaux, marbre, fromage et beurre, etc.

NORDHAUSEN, v. murée des États prussiens (Erfurt), sur la Zorge et le Hartz, à 62 kil. N. d'Erfurt; 15 000 hab. Gymnase, école polytechnique. La ville est construite dans le goût du moyen âge. Eau-de-vie, produits chimiques, drap, bétail, etc.

NORDHEIM, v. murée du Hanovre, à 19 kil. N. E. de Gœttingue; 5000 hab. Station. Tabac, toile, camelots, flanelle, etc. Bains sulfureux. — Les titulaires de l'ancien comté de Nordheim héritèrent du duché de Brunswick en 1090. La ligne mâle s'étant éteinte en 1101, Richenza, leur héritière, épousa Lothaire de Supplinbourg, depuis duc de Saxe (1106) et empereur; la fille issue de cette union épousa en 1128 Henri le Superbe, duc de Saxe et de Bavière.

NORDKOEPING, v.de Suède (Linkœping), sur la Baltique, à 150 k. S. O. de Stockholm; 10 500 h. Bon port. Forges, chantiers de construction, teintureries, tanneries, lainages, etc. Eaux minérales.

NORDLAND, prov. de Norvège, la plus sept. de toutes, comprend le Finmark et le Nordland propre 950kil. sur 350; 130 000hab.; ch.-l. Alstahoug.

NORDLAND, la plus septentrionale des 3 grandes divisions du roy. de Suède, comprend l'anc. Botnie occidentale ou Westerbotten, le Lappmark et quelques districts de la ci-devant Suède propre. Elle compte 300 000 h. et se divise en 4 gouvts :

Norrbotten, ou Botnie sept., ch.-l. Pitea.
Westerbotten ou Botnie occ., Umea.
Westernordland Hernœsand.
Iæmtland, Ostersund.

NORDLINGEN, v. de Bavière (Rezat), à 60 kil. N. O. d'Augsbourg; 7000 hab. Station. Église neuve de la Madeleine (tour de 100m). Tapis de pied en poil de chèvre; charcuterie renommée. — Jadis ville libre et impériale. Elle appartient à la Bavière depuis 1802. Bernard de Saxe-Weimar y fut battu en 1634 par les Impériaux, et Merci en 1645 par Condé et Turenne.

NORD-OUEST (District du), anc. district des États-Unis, entre le Ht-Canada au N., le Missouri à l'O. et au S. O., l'Illinois au S. et le Michigan à l'E., a env. 1100 k. sur 450, et est en grande partie peuplé d'indigènes (Chippaways, Ménomènes, Renards, etc.). Cette contrée a formé depuis le territoire de Wisconsin, érigé en État en 1846.

NORD-OUEST (Province du), grande division de l'Inde anglaise, au N. O. du Bengale, renferme les subdivisions de Delhi, Mirout, Rohilkund, Agra, Allahabad, Bénarès, et ne compte pas moins de 32 millions d'hab.

NORD-OUEST (passage du), passage entre l'Atlantique et l'Océan pacifique au N. de l'Amérique. Ce passage, qui a été si longtemps cherché, et qui a coûté la vie à plusieurs hardis navigateurs, notamment au capitaine Franklin, a été enfin trouve en 1853 par le cap. Mac-Lure; mais il ne peut être utilisé.

NORDSTRAND, île du Danemark (Sleswig), sur la mer du Nord, par 5° 40' long. E., 54° 34' lat. N. : 5 kil. de tour ; 3000 hab. Grande inondation en 1634, où périrent 6400 personnes.

NORFOLK (comté de), un des comtés de l'Angleterre , au N. O., sur la mer du Nord, entre les comtés de Suffolk au S. E. et au S., de Cambridge au S. O. ; 110 kil. sur 60; 412 664 hab. ; ch.-l., Norwich. Climat froid; bons pâturages, sol peu fertile, mais bien cultivé; marais saumâtres. Grand comm. maritime.

NORFOLK, v. et port des États-Unis (Virginie), à 130 kil. S. E. de Richmond; 18 800 hab. Bon port. École militaire, hôpital. Fondée en 1705; brûlée par les Anglais en 1776.

NORFOLK (île de), en Australie, entre la Nouv.-Zélande et la Nouv.-Calédonie, par 165° 50' long. E., 29° lat. S.; 22 kil. de tour. Établissement anglais pour les criminels. — Découverte par Cook en 1774.

NORFOLK, illustre et ancienne famille anglaise, descend de la famille royale des Plantagenets, par Thomas Plantagenet de Brotherton, comte de Norfolk, 2e fils du roi Édouard I, et comte-maréchal d'Angleterre. Au XIVe siècle, Marguerite, fille de Thomas de Mowbray; duc de Norfolk, ayant épousé Robert Howard, le titre de duc de Norfolk passa à celui-ci et à ses descendants. Les Norfolk occupent en Angleterre le même rang que les Montmorency en France : le chef de cette famille a le titre de 1er duc, 1er marquis, 1er comte et 1er baron d'Angleterre.

NORFOLK (J. et Th. HOWARD , ducs de). V. HOWARD.

NORFOLK (Roger BIGOD, comte de), maréchal d'Angleterre, vint en 1245 comme ambassadeur du roi et des barons d'Angleterre au concile général de Lyon, où il combattit les prétentions du pape au titre de souverain de l'Angleterre, et fut un des seigneurs qui forcèrent Henri III à confirmer la Grande Charte, ainsi que la Charte des Forêts, et à se conformer aux Provisions d'Oxford. Mort en 1270.

NORIQUE (Le), Noricum, auj. partie de la Bavière, de l'Autriche et de la Styrie, grande prov. de l'empire romain, entre la Rhétie à l'O. et la Pannonie à l'E., avait pour bornes au N. le Danube, au S. l'Italie, dont la séparaient les Alpes Carniques. Pays montagneux, couvert par les Alpes Noriques, autrefois riche en mines de fer, d'argent et d'or. Boiodurum, Lauriacum, Ovilabis en étaient les villes principales; il y avait aussi une ville de Noreia, auj. Noring. Les Romains firent la conquête de ce pays sous Auguste. Au IIIe s. le Norique fut divisé en Norique riverain et méditerranéen.

NORIQUES (ALPES), partie N. E. de la chaîne des Alpes, s'étend depuis le Dreyherrnspitz, à travers la Carinthie, le pays de Salzbourg et l'Autriche, jusqu'aux plaines d Œdenbourg en Hongrie.

NORIS (le cardinal), critique italien, né à Vérone en 1631, m. en 1705, était d'origine irlandaise. Il entra dans l'ordre des Augustins, professa la théologie dans plusieurs maisons de son ordre, puis l'histoire ecclésiastique à Pise; fut nommé par la reine Christine membre de l'Académie qu'elle avait créée dans son palais, et se rendit à Rome sur l'invitation d'Innocent XII, qui le fit cardinal en 1695 et le nomma bibliothécaire du Vatican. Ses OEuvres complètes, publiées à Vérone de 1729 à 1741, forment 5 v. in-fol. On y remarque une Histoire du Pélagianisme, une Hist. des Donatistes, Epochæ Syro-Macedonum, Cenotaphia pisana, Parænesis ad P. Harduinum, où il réfute les paradoxes de ce Père. — V. NORRIS.

NORLINGUE. V. NORDLINGEN.

NORMANDIE, Neustria et Normannia, anc. prov. et grand gouvt de France, borné au N. par la Manche, au N. E. par la Picardie, à l'O. par la Bretagne, au S. par le Maine et le Perche, au S. E. par l'île de France ; 270 kil. de long sur 110 de moyenne largeur. Elle se divisait en Hte et Basse-Normandie. Dans la 1re, qui avait pour ch.-l. Rouen, capitale de toute la province, on distinguait le pays de Caux, celui de Bray, le Vexin normand, l'Êvrecin, le Roumois, le Lieuvin, les pays d'Ouche et d'Auge. La 2e avait pour ch.-l. Caen et se composait de la campagne de Caen, du Bessin, du Cotentin, de l'Avranchin, du Bocage, du pays d'Houlme et de la campagne d'Alençon. La Normandie forme auj. les dép. de Seine-Inférieure, Eure, Calvados, Manche et partie du dép. de l'Orne. Elle est arrosée par la Basse-Seine, l'Eure, l'Epte, l'Andelle, la Vire, la Rille, la Touque, la Dive, l'Orne, l'Aure, etc. — Cette province est une des plus fertiles et des plus riches de la France; les côtes offrent un grand nombre de baies et de ports ; elles sont très-poissonneuses. Le climat est humide et même un peu froid. Sol excellent pour la culture des grains, du lin, du chanvre, du colza, etc.; pâturages magnifiques qui nourrissent des chevaux, des bœufs et des moutons estimés; pommiers en abondance (le cidre est la boisson du pays). Houille, fer, cinabre, salines (dans l'Avranchin), granit, kaolin, pétunzé, etc. Le Normand est laborieux et intelligent, surtout pour le commerce, mais il passe pour rusé, intéressé et même âpre au gain; on lui attribue aussi (principalement au Bas-Normand) l'amour de la chicane. — La Normandie était originairement occupée par plusieurs tribus gauloises, dont les principales sont les Veliocasses, les Caleti, les Auterci-Eburovices, les Lexovii, les Bajocasses et les Abrincatui. Après la conquête romaine, elle fut comprise dans la 2e Lyonnaise. Clovis l'enleva aux Romains à la fin du Ve s. Sous ses successeurs, elle fit partie d'abord du roy. de Soissons, puis du roy. de Neustrie. Le Christianisme y avait été introduit dès le IIIe s., par S. Nicaise et S. Mellon, dont les successeurs fondèrent les importantes abbayes de St-Wandrille, de Jumiéges, de Fécamp. Sous les Carlovingiens, cette province fut en proie aux ravages continuels des pirates Normands ou Danois (V. NORMANDS). Ils s'y établirent en 911, sous la conduite de Rollon, qui, en 912, épousa Gisèle, fille du roi de France Charles le Simple. Le pays prit dès lors le nom des conquérants. Rollon et ses successeurs possédèrent la Normandie avec le titre de ducs et comme vassaux du roi de France. L'un d'eux, Guillaume le Bâtard, ayant conquis l'Angleterre (1066), devint roi de ce pays, tout en restant vassal du roi de France pour son duché de Normandie. En 1203, Philippe-Auguste confisqua cette province sur Jean sans Terre, lorsque celui-ci, après avoir assassiné l'héritier du duché, Arthur, son neveu, eut refusé de comparaître devant la cour des Pairs, de France, et il le réunit à la couronne; mais, en 1346, Édouard III, roi d'Angleterre, l'envahit et s'en empara. La Normandie resta entre les mains des Anglais jusqu'au règne de Charles V, qui la reprit; Charles VI la perdit de nouveau; mais elle fut définitivement reconquise sous Charles VII (1450). Sous la domination française, la Normandie conserva presque toutes ses libertés : elle garda sa Coutume, rédigée vers 1250, son grand tribunal connu sous le nom d’Échiquier, sa charte, dite la Charte aux Normands, et son Cri de haro ; en outre elle eut ses États particuliers, qui durèrent jusqu'à Louis XIV. La Normandie a produit un grand nombre d'hommes remarquables dans les genres les plus divers : des guerriers, tels que les fils de Tancrède de Hauteville et Guillaume le Conquérant; de hardis navigateurs et d'intrépides explorateurs, Jean de Béthencourt, d'Énambuc, Ango, Jacq. Cartier, Robert de Lasalle; d'illustres marins, Tourville, Duquesne; de grands poètes, Malherbe, les deux Corneille, Cas. Delavigne; des philosophes et des historiens, Fontenelle, Huet, Bernardin-de-St-Pierre, Mézeray, Daniel, Vertot; des peintres tels que Poussin, Jouvenet; enfin, l'un de nos premiers compositeurs, Boïeldieu. — Quatre princes du sang de la maison de France ont porté le titre de ducs de Normandie ; Jean, fils de Philippe de Valois et depuis roi (1332); Charles, fils du roi Jean, roi depuis sous le nom Charles le Sage (1355); Charles de France, frère de Louis XI (1464), et Louis-Charles, 2e fils de Louis XVI plus connu sous les titres de Dauphin et de Louis XVII.

Ducs héréditaires de Normandie:

Rollon ou Raoul, 912 Robert II, Courteheuse, 1087
Guillaume I, Longue-Épée, 920 ou 927 Henri I, roi d'Angl., 1106
Richard I, Sans Peur, 943 Etienne de Blois, roi d'Angl., 1135
Richard II, le Bon, 996 Mathilde, 1144
Richard III, 1027 Henri II, roi d'Angl., 1151
Robert I, le Diable, 1028 Richard IV, Cœur de Lion, 1189
Guillaume I, le Conquérant, 1035 Arthur et Jean sans Terre, 1199-1203

Les sources de l'histoire de la Normandie sont les écrits de Dudon de St-Quentin, Guillaume de Jumiéges, Orderic Vital, R. Wace, Benoît.

NORMANDS ou NORTHMANS, c-à-d. Hommes du Nord, nom donné en France, à partir du VIIe siècle, aux pirates scandinaves (danois, norvégiens et suédois), qu'en Angleterre on nomma plus spécialement Danois. Tous les peuples riverains orientaux de la mer du Nord (Frisons, Saxons, Danois, Jutes, Angles) ont plus ou moins mené la vie de pirates. Dès le Ve s., les Saxons ravageaient la Britannie et la Gaule romaine. La formation de l'Heptarchie dans la Grande-Bretagne (451-584) est l'œuvre de ces pirates. Vers 625, Ivar Vidfamne se fit chef de tous les petits princes scandinaves, et bientôt des Normands allèrent fonder en Irlande les États ou royaumes de Dublin, d'Ulster, de Connaught. Vers 777, Regnar Lodbrog entreprit la conquête de l'Angleterre, mais, après quelques succès, il échoua dans le Northumberland. Enfin, au commencement du IXe s. les Normands envahirent la France ; vers 812 ou 813, Charlemagne voyait leurs barques tenter des descentes sur les côtes de son empire, et fortifiait l'entrée des rivières pour leur en défendre l'approche. Sa mort fut comme le signal d'une invasion générale des pirates. Leurs incursions durèrent près d'un siècle (820-911). Leur tactique consistait à remonter le cours des grands fleuves et à surprendre les villes. D'abord ils n'avaient fait que piller et ravager ; mais, n'éprouvant pas de résistance sérieuse de la part des faibles successeurs de Charlemagne, ils finirent par occuper le pays. Ici il faut distinguer les simples stations (de 850 à 879) et les établissements proprement dits. Les grandes stations des Normands en France furent au nombre de quatre : la 1re aux Bouches de la Meuse, à Walcheren et à Duerstad (d'où ils se jetaient sur les rives de l'Escaut) ; la 2e sur la Seine, près de Vernon, à l'île d'Oissel et à Jeufosse, d'où ils pillèrent Paris, Melun, Meaux, Troyes, etc.; la 3e sur la Loire ou aux environs, à Nantes, à Angers, à Noirmoutiers, à Saintes : pillages jusqu'à Orléans et Bourges; la 4e dans la Camargue, à l'embouchure du Rhône. Quant aux établissements, le premier fut le comté de Chartres, donné à Hastings en 879 ; ensuite vint la cession du pays entre le Rhin et la Meuse-Inférieure faite au duc Godefroy vers 882 par Charles le Gros, qui le fit assassiner peu après. Eu 911, Charles le Simple abandonna au duo Rollon, par le traité de St-Clair-sur-Epte, la partie de la Neustrie qui prit le nom de duché de Normandie, en s'en réservant toutefois la suzeraineté et en stipulant la conversion des Normands. Les Normands dès lors ne furent plus dangereux : maîtres de la Manche et de la Seine-Inférieure, ils repoussèrent les autres pirates. Pendant ce temps, d'autres Normands s'étaient signalés au nord : Gamle s'était établi aux Iles Fœroer (861) ; Nadod, Floke et Ingolf en Islande (870-875) ; Éric le Rouge avait atteint le Groënland (982). D'autres pirates avaient trouvé les îles Shetland, conquis les Orcades, et fondé en Écosse le roy. de Caithness (qui ne revint aux Écossais qu'en 1196). Enfin, après avoir échoué dans plusieurs tentatives, ils avaient fini par conquérir l'Angleterre et par lui imposer une dynastie danoise, qui régna de 1013 à 1066.

Même après leur établissement définitif en France, Les Normands se signalèrent encore par de grandes entreprises : les plus célèbres sont leurs expéditions en Italie et en Sicile, où ils formèrent le royaume des Deux-Siciles au milieu du XIe siècle, et la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Bâtard (1066). Ils ne se sont pas moins signalés par leurs voyages d'exploration : on leur doit la découverte du Canada, de la Louisiane, la fondation de Québec, etc. (V. Ango, J. Cartier, Lasalle). Les Normands étaient au physique, grands, forts et bien constitués ; au moral, belliqueux, mais avides et cruels, amoureux de voyages et d'aventures. Ils professaient la religion barbare d'Odin. Même après leur conversion, ils gardèrent en partie leur caractère guerrier et aventureux. — On peut lire sur ces peuples l’Histoire des expéditions maritimes des Normands, par Depping, 1844.

NORNES, fées Scandinaves, président, comme les Parques, aux destinées humaines, dispensent ou retirent la vie à leur gré et prophétisent l'avenir. Elles sont vierges, et au nombre de trois : Urd ou Ourda (le passé), Verandi (le présent), Skalda, l'avenir).

NOROY-LE-BOURG, ch.-l. de cant. (Hte-Saône), à 13 kil. E. de Vesoul ; 1194 hab. Houille exploitée.

NORRBOTTEN. Voy. BOTNIE et NORDLAND.

NORRENT-FONTÈS, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais) , à 17 kil. N. O. de Béthune ; 1406 hab.

NORRIS (Jean), théologien anglais, né en 1657, mort en 1711, occupa diverses cures et combattit les déistes (Locke, Toland, Dodwell, etc.). Il était grand partisan de Platon et il adopta la doctrine de Malebranche sur la Vision en Dieu. On a de lui : la Raison et la Religion, 1689 ; Discours sur l'immortalité naturelle de l'âme, 1708 ; la Théorie et les lois de l'amour, 1688 ; De la lumière divine, 1692 ; Théorie du monde idéal, 1701-4, son ouvrage capital ; Lettres sur l'amour de Dieu, 1705. — V. NORIS.

NORRKOEPING. V. NORDKŒPING.

NORRLAND. V. NORDLAND, etc.

NORT, ch.-l. de cant. (Loire-Infér.), sut l'Erdre, r. dr., à 35 kil. S. de Châteaubriant ; 5665 hab. Commerce de bois, fer, houille, etc.

NORTE (Rio-del-) où RIO BRAVO, riv. du Mexique, sort de la Sierra Verde (Nouv.-Mexique), coule au S., puis au S. E., baigne les États de Durango, Cohahuila, Tamaulipas, sépare le Texas des États mexicains, reçoit le Puerco et le Conchos, et tombe dans le golfe du Mexique, au-dessous de Matamoras, après un cours d'env. 2000 kil.

NORTH (Fréd., lord), comte de Guildford, né en 1732, m. en 1792, débuta d'une manière brillante à la Chambre des Communes, fut nommé lord de la chancellerie en 1758, chancelier de l'échiquier en 1767, 1er lord de la trésorerie en 1770 et fut à la tête du cabinet jusqu'en 1782. C'est sous lui qu'eut lieu l'insurrection de l'Amérique anglaise, qu'on imputa à ses mesures financières impolitiques.

NORTHAMPTON, Camalodunum et Camulodunum, v. d'Angleterre, ch.-l. d'un comté de même nom, à 103 kil. N. O. de Londres, sur la r. g. de la Nen ; 22 000 hab. Bien percée et bien bâtie ; belles églises d'All-Hallows et de St-Pierre. Dentelles, fil, soieries, souliers et bottes (pour l'exportation). Foires de chevaux de trait (jadis les premières de l'Angleterre). Patrie de Pletcher. — Northampton fut brûlé en 1675 et rebâti avec soin. Henri VI et la reine Marguerite furent défaits en 1460 à Northampton par Warwick : Henri VI, y fut fait prisonnier.

Le comté de N., au centre de l'Angleterre, est entre ceux de Huntingdon et de Bedford à l'E., de Buckingham au S. E., d'Oxford au S. et au S. O., de Warwick à l'O., de Leicester et de Rutland au N. O.; il compte 200 000 h. et a pour ch.-l. Northampton. Climat salubre, grandes, forêts, nombreux pâturages. — Habité jadis par les Coritani, ce pays forma, sous l'Heptarchie, une partie de la Mercie,

NORTHAMPTON (H., comte de). V. HOWARD.

NORTHMANS. V. NORMANDS.

NORTHUMBERLAND (comté de), le comté le plus septentrional de l'Angleterre, a pour bornes au N. l’Écosse, au S. le comté de Durham, à l'O, celui de Cumberland, à l'E. la mer du Nord : 104 kil. sur 717 ; 253 278 hab.; ch.-l., Newcastle. Monts Cheviot à l'O. Climat froid, sol bien cultivé. Beaucoup de bétail. Houille, plomb, fer. — Habité jadis par les Brigantes, ce pays forma une partie du roy. de Northumbrie pendant l'Heptarchie. Il fut donné, après 1066, à la famille de Percy, dont un descendant est encore auj. duc de Northumberland.

NORTHUMBERLAND (détroit de), entre l'île St-Jean et les côtes du Nouv.-Brunswick et de la Nouv.-Écosse (dans l'Amérique anglaise).

NORTHUMBERLAND (roy, de). Voy. NORTHUMBRIE.

NORTHUMBERLAND (ducs de). V. DUDLEY et PERCY.

NORTHUMBRIE, un des royaumes de l'Heptarchie anglo-saxonne, ainsi nommé de sa position au N. de l'Humber, fut fondé de 547 à 559 par Idda et ses 12 fils. S'étendant de l'Humber au Forth, il comprenait les comtés de Nottingham, York, Durham, Northumberland en Angleterre ; de Roxburgh, Selkirk, Peebles, Berwick, Haddington, avec Édimbourg, en Écosse. A la mort d'ldda, la Northumbrie forma deux royaumes, qui quelquefois se réunirent, la Bernicie au N. (cap. Édimbourg), la Déirie au S. (cap. York) : la Tyne les séparait. La Northumbrie fut, avec la Mercie le dernier des États de l'Heptarchie à subir le joug des rois de Wessex. Egbert le Grand la réunit à la monarchie anglaise en 807. Mais, à la faveur des invasions danoises, la partie située au N. de la Tyne fut envahie plus tard par les Pictes et les Scots et resta à l’Écosse.

NORVÉGE ou NORWÉGE, Norrige en suédois (c-à-d. roy. du Nord), le Nerigon des anciens, une des deux parties qui forment la presqu'île Scandinave, entre le roy. de Suède à l'E., la mer du Nord et l'Océan Atlantique à l'O., par 3°-29° long. E. et par 58°-71° lat. N.; 1980 kil. du N. au S.; 400 de largeur moyenne dans le S. ; de 100 à 30 seulement dans le N.; 1 600 000 h.; capit., Christiania. La Norvège est divisée géographiquement en 3 régions, Snœdenfields, au S., Nordenfields, au centre, Nordland, au N., et administrativement en 19 amter ou préfect.

Les monts Dofrines, très-hauts, couverts de glaces, séparent la Norvège de la Suède et courent du S. au N. Côtes extraordinairement découpées, baies, anses, criques, péninsules innombrables, vallées et belles forêts. Riv. nombreuses, petites la plupart, hérissées de cataractes ; beaucoup de lacs. Climat très-froid, même au S., mais sain; étés chauds, mais courts. Très peu de blé, mais beaucoup d'orge; pins, sapins, bouleaux, etc. Bétail, porcs, chevaux, élans, rennes: le renne est la principale richesse du pays. Riche pêche de poissons, surtout de harengs ; cétacés, crustacés et mollusques; canards à duvet. Argent, plomb, fer, albâtre, jaspe, etc. Industrie faible (potasse, tabac, raffinerie, eau-de-vie de grains), chantiers de construction, scieries de planches; grand commerce de bois. Université à Christiania, fondée en 1812; école royale militaire, école de marine. — Les Norvégiens appartiennent à la division Scandinave de la famille germanique. Outre le suédois, on parle dans le pays et même on y écrit la langue norske, dialecte de l'ancien danois, qu'on retrouve encore en Islande. Les Norvégiens sont robustes, vifs, durs à la fatigue, simples, hospitaliers et bienveillants. — La Norvège a longtemps été indépendante, d'abord en formant plusieurs petits États, ensuite unie en une seule monarchie (du IX{e au XIVe siècle). Réunie au Danemark et à la Suède, sous Marguerite de Danemark, par l’union de Calmar (1397), la Norvège fut séparée de la Suède en 1450 par la rupture de l’Union ; mais elle resta, ainsi que l'Islande, unie au Danemark. En 1814, le congrès de Vienne donna la Norvège à la Suède en récompense de la coopération de cette puissance à la chute de Napoléon et en dédommagement de la Finlande et de la Botnie orientale, que garda la Russie. Malgré cette réunion, la Norvège a conservé une certaine indépendance : elle a, il est vrai, en commun avec la Suède la personne du souverain, la direction de la politique extérieure et le personnel diplomatique; mais elle a son parlement à part, appelé Storthing (V. ce mot); le trésor du royaume doit rester en Norvège, et ses revenus être employés seulement pour ce pays. En temps de paix, aucun corps suédois ne peut résider en Norvège, et la flotte norvégienne ne peut être montée par des Suédois. Le roi peut nommer un vice-roi, mais ce vice-roi ne peut être que le prince royal ou son fils aîné. En l'absence du roi, le gouvernement appartient à un conseil, composé du vice-roi ou du lieutenant général et de 5 conseillers d'État. — Voici la liste îles rois de Norvège, sur lesquels du reste les chronologistes sont loin de s'accorder.

Rois de la Norvége.
Famille d’Yngling.
Haquin III, 1161
Harald I, 863 Sigurd III, 1162
Éric I, 933 Magnus VI, 1163
Haquin I, 936 Sverr, 1185
Harald II, 960 Hingo II, compétiteur.
Haquin II, 962 Haquin IV, 1202
Olaf I ou Olaüs, 994 Guttorm, 1204
Suénon, roi de Danemark, 1000 Hingo II (III), 1205
Éric II, 1000 Haquin V, 1217
Olaf II, le Saint, 1015 Ben, 1218
Suenon II (de Danemark), 1030 Sigurd IV, 1220
Magnus I, le Bon, 1036 Haquin VI, 1247
Harald III, 1047 Magnus VII, 1263
Magnus II et Olaf III, 1066 Éric II, 1280
Olaf III, seul, 1069 Haquin VII, 1299
Magnus III, 1087
Famille des Folkung.
Olaf IV, Eystein I, et Sigurd I, 1103 Magnus VIII (II en Suède), 1319
Sigurd I, seul, 1122 Haquin VIII, associé dès 1345, seul, 1350
Magnus IV et Harald IV, 1130 Olaf V, 1380
Harald IV, seul, 1135 Interrègne, 1387-1389
Anarchie de 25 ans.
Princes de diverses familles.
Hingo, 1136-61 Marguerite de Waldemar et Éric III (de Poméranie), 1388
Sigurd II, 1136-55 Union de Calmar, 1397
Eystein II, 1142-57 Éric III seul, 1412-39.
Magnus V, 1142 (Depuis, la Norvège eut les mêmes rois que le Danemark jusqu'en 1814).

NORVINS (J. MARQUET DE MONTBRETON, baron de), né à Paris en 1769, mort en 1854, émigra, servit quelque temps en Autriche, rentra en France sous le Directoire, devint après le 18 brumaire secrétaire du préfet de la Seine, accompagna le général Leclerc à St-Domingue ; fit la campagne de Prusse, puis remplit des fonctions administratives dans le royaume de Westphalie et les États romains. Après 1814, il se consacra exclusivement aux lettres. Il a publié un poëme sur l’Immortalité de l’âme (1822), et une Histoire de Napoléon (1827). Il est, avec Arnault, Jay et Jouy, un des auteurs de la Biographie des Contemporains, œuvre de parti. Il a laissé des Mémoires, restés inédits.

NORWICH, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Norfolk, sur le Wensum, à 175 kil. N. E. de Londres: 72 000 hab. Évêché anglican, bibliothèque, musée, Vieux château fort; cathédrale magnifique, palais épiscopal, hôtel de ville; chemin de fer. Crêpes, bombasines, tissus de laine et de soie. — Norwich, construit près de l'anc. Venta Icendrum, fut la capitale de l'Est-Anglie. C'était probablement un port autrefois; auj. la ville est éloignée de la mer de 25 kil. environ.

NOSAÏRIS, peuple de Syrie, dans les pachaliks d'Alep et de Tripoli, ainsi nommé du village de Nosar, patrie d'Hemdan-el-Gheussaïbi, prophète révéré dans le pays. Il forme une population de 40 000 individus répartis dans 20 à 25 villages, administrés chacun par des chefs appelés mekaddem, qui payent tribut aux gouverneurs de Ladikieh. Leurs croyances religieuses, restes de celles des Karmathes, sont un mélange de Paganisme, de Judaïsme, de Mahométisme et de Christianisme.

NOSE (cap), en arabe Ras-el-Enf, cap de la Hte-Égypte, sur le golfe Arabique, en face de l'île des Émeraudes, par 23° 56' lat. N., 33° 27' long. E.

NOSSI-BÉ, île située près de la côte N. O. de Madagascar, a 32 kil. de tour et 15 000 hab. (Malgaches). Rade belle et sûre. Sol très-fertile, canne à sucre, café, etc. La France possède cette île depuis 1841.

NOSTRADAMUS (Michel de NOSTREDAME, dit), astrologue, né en 1503 à St-Remi en Provence, d'une famille juive, m. en 1566, étudia la médecine à Montpellier, parcourut la Guyenne, le Languedoc, l'Italie et s'établit à Salon, où il ne tarda pas à se faire une grande réputation comme médecin. Appelé à Aix et à Lyon pour y combattre des épidémies, il réussit à triompher du mal à l'aide de remèdes secrets; mais, en butte dès lors à la jalousie de ses confrères, il s'éloigna de la société. Dans sa retraite, il s'imagina être doué de l'esprit de prophétie et publia sous le titre de Centuries un recueil de prédictions qui obtint le plus grand succès. Catherine de Médicis l'appela près d’elle, lui fit tirer l’horoscope de ses fils et le combla de présents ; Charles IX le nomma son médecin ordinaire ; le duc de Savoie se rendit à Salon exprès pour le voir. Ses prédictions, rédigées sous forme de quatrains énigmatiques, sont distribués en 7 Centuries ; la 1re édition est de Lyon, 1555 ; les meilleures sont celles de Lyon ou Troyes, 1568, petit in-8, et de J. Janson, Amsterdam, 1668, petit in-12 (faisant partie de la collection dès Elzeviers). Il avait en outre publié de 1550 à 1567 un Almanach qui contenait des prédictions sur le temps et les saisons, et qui eut longtemps la vogue. — Un de ses fils, Michel, dit N. le jeune, voulut aussi prédire ; mais, voyant toujours l’événement démentir ses prophéties, il s’avisa d’annoncer la destruction de la petite ville de Pouzin, près de Privas, puis d’y mettre le feu pour avoir raison au moins cette fois ; mais il fut surpris et tué, 1574. On a de lui un Traité d’astrologie, Paris, 1563. — Un autre fils de Nostradamus, César, 1555-1622, a laissé une Histoire de Provence, Lyon, 1614,un recueil de Pièces héroïques et Poésies, 1608, et un Discours sur la ville de Salon, 1598. — Jean de Nostredame, frère de Michel l’ancien, procureur au parlement d’Aix, m. en 1590, est auteur des Vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux, Lyon, 1515.

NOTA (Alberto), auteur comique, né en 1775 à Turin, m. en 1847, fut d'abord avocat et brilla au barreau de Turin. Le duc de Carignan le prit pour secrétaire, et, parvenu au trône, le nomma intendant des provinces de Pignerol et Coni. Alb. Nota a laissé des comédies qui se distinguent par le développement des caractères, par une peinture fidèle des mœurs italiennes, par l'entente de la scène, et qui offrent, avec une morale pure, un style correct. Les meilleures sont : les Premiers pas vers le mal, imitée par G. Delavigne dans l’École des Vieillards; l’Homme à projets, le Nouveau riche, le Philosophe célibataire, l’Atrabilaire, l’Ambitieuse, la Coquette, la Foire, son chef-d'œuvre. Son Théâtre a été traduit par Bettinger, Paris, 1839.

NOTABLES (Assemblée des). V. ASSEMBLÉE.

NOTASIE (de Notus, vent du midi), partie de l'Océanie située au S. E. de l'Asie, est plus connue sous le nom de Malaisie. V. MALAISIE.

NOTO (Val di), une des 3 anc. divisions de la Sicile, au S. E., tirait son nom de la ville et de la riv. de Noto (Asinarus), et avait pour capitale Catane. Elle forme auj. les provinces de Catane, de Syracuse, de Girgenti, et partie de celle de Caltanisetta.

NOTO, v. de Sicile, à 24 kil. S. 0. de Syracuse, à l'embouch. du Noto (Asinarus); 12 000 hab. Évêché. Quelques édifices. Vin, houille, grains, coton, etc. Elle avait été bâtie près de l'anc. Neæthum, et fut détruite par un tremblement de terre en 1693.

NOTRE-DAME, nom sous lequel on désigne spécialement la Ste Vierge. Une foule d'églises ont été consacrées sous ce nom, notamment, à Paris, la cathédrale et Notre-Dame de Lorette. — Entreprise en 1163 par l'évêque Maurice de Sully, Notre-Dame de Paris ne fut ouverte qu'un siècle plus tard; encore ne reçut-elle ses derniers compléments qu'au XVes ., sous Charles VII. Des divers architectes qui l'ont construite, on ne connaît que Jean de Chelles. Elle a été habilement restaurée de nos jours par MM. Lassus et Violet-le-Duc (1845-1864).— N*-Dame de Lorette, à l'extrémité N. de la rue Laffitte, se distingue par un luxe de peintures, de sculptures et de dorures, imité de beaucoup d'églises d'Italie. Elle est l'œuvre de M. Lebas : commencée en 1824, elle a été terminée en 1836.

NOTRE-DAME DE LA DÉLIVRANDE, vge de Calvados, attenant au bourg de Douvres, à 13 k. de Caen et près de la mer, tire son nom d'une vierge invoquée par les matelots en danger et dont la chapelle est ornée de nombreux ex-voto.

NOTRE-DAME-DE-LIESSE, Virginis Lætitiensis Fanum, bg du dép. de l'Aisne, à 13 kil. N. E. de Laon ; 1350 h. Il est célèbre par une chapelle consacrée à la Vierge, qui attire beaucoup de pèlerins.

NOTRE-DAME-DES-HERMITES. V. EINSIEDELN.

NOTRE-DAME-DES-VERTUS. V. AUBERVILLIERS,

NOTTINGHAM, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Nottingham, sur un roc et sur le canal Great-Trunck (qui la lie à Hull, Liverpool, Londres), à 1 kil. de la r. g. de la Trent, à 200 kil. N. O. de Londres; 60 000 h. Ville bien bâtie, mais rues étroites ; beau château du duc de Newcastle, au sommet du roc qui domine la ville, églises Ste-Marie et St-Pierre, nouvelle bourse, hôtel de ville, salle du Comté. Voûtes et celliers dans le roc. Établissements de bienfaisance et d'instruction publique, observatoire. Chemin de fer. Bas de laine, de soie, de coton; toiles à voiles, châles, faïence; bière excellente; verrerie. Ville fort ancienne, fortifiée par Guillaume le Conquérant. Charles II en rasa la forteresse. — Le comté, au S. de celui d'York, à l'O. de celui de Lincoln, a 79 kil. sur 41, et 250 000 hab. Climat sec et tempéré. Immense forêt de Sherwood. Antiquités romaines et saxonnes.

NOTTINGHAM (HOWARD, comte de). V. HOWARD.

NOUGARET (P. J. B.), né à La Rochelle en 1742, m. à Paris en 1823, a laissé une centaine d'ouvrages dont les plus connus sont : les Anecdotes de Constantinople (1799), réimprimées sous le titre de Beautés de l’Histoire du Bas-Empire, et quelques autres compilations qui portent aussi le titre de Beautés.

NOUKAHIVA, île de la Polynésie, la plus grande des Marquises, par 142° 45' long. O., 8° 59' lat. S., a 31 k. sur 22 et compte env. 18 000 hab. Baie magnifique, où les Français ont élevé le fort Collet. Sol fertile, mais mal cultivé; habitants d'une beauté remarquable. Occupée par les Français en 1842. V. MARQUISES.

NOUN (le cap), cap du Maroc (Sous), par 28° 39' lat. N., 13° 35' long. O. C'est l'extrémité occid. de l'Atlas. — A 40 kil. au S. de ce cap une riv. de même nom se jette dans l'Atlantique. — On donne aussi le nom de Noun à l'une des branches que forme le Niger en se jetant dans l'Atlantique : c'est la branche centrale.

NOUR-DJIHAN, femme de l'empereur mogol Géangir, née vers 1585, était fille d'un officier tartare qui de grade en grade était arrivé au rang de grand trésorier d'Akbar. Devenue sultane en 1611, Nour-Djihan jouit du plus grand ascendant sur son époux, mais elle n'en usa que pour le bien général ; après la mort de Géangir, elle fut reléguée dans le palais de Lahore, où elle mourut en 1645. Son tombeau est un des plus beaux édifices de Lahore. On attribue à cette princesse la découverte de l'essence de roses.

NOUR-EDDYN MAHMOUD (Mélik-el-Adel), dit Noradin par les Européens, sultan de Syrie et d’Égypte, fils aîné d'Omad-Eddyn-Zenghi (dit Sanguin), monta sur le trône d'Alep en 1145, tandis que Séif-Eddyn-Ghazy, son frère, prenait le sceptre à Mossoul, s'unit à lui contre les guerriers chrétiens de la 2e croisade, les vainquit, étendit ses États jusqu'à la Mésopotamie, conquit plusieurs provinces en Syrie, tantôt aux dépens de son frère, tantôt aux dépens des Chrétiens, et mourut à Damas en 1173, à 58 ans, au moment où il marchait contre Saladin, l'un de ses généraux, dont il soupçonnait l'ambition. Aux qualités du guerrier, il joignait les vertus d'un grand prince : il aimait les sciences; il fonda des villes, des collèges, des hôpitaux, des caravansérails, des mosquées. On lui fait honneur de l'invention de la poste aux pigeons, qui probablement était connue en Orient avant lui.

NOURRIT (Louis), chanteur de l'Opéra, né à Montpellier en 1780, m. en 1832, fut admis au Conservatoire en 1802, y reçut des leçons de Garat, débuta en 1805 dans le rôle de Renaud, devint premier ténor en 1812 et se retira en 1826. Ses principaux rôles étaient ceux d’Orphée, d’Aladin, de Harem (dans la Caravane), de Colin (dans le Devin du Village). — Adolphe N., fils du préc., né en 1802, m. en 1839, débuta en 1821 et remplaça son père en 1827. Héritier de sa belle voix et de son talent pour le chant, il lui était supérieur pour le jeu et la déclamation lyrique. Il créa les rôles d’Arnold (dans Guillaume-Tell), de Raoul (Huguenots), de Robert (Robert le Diable), dans lesquels il excita l'enthousiasme. En 1837, à l'arrivée de Duprez, il se retira de la scène française dans tout l'éclat de son talent, et s'engagea à Naples. Là il conçut un vif chagrin de l'empêchement mis par le roi à la représentation de Polyeucte, composé pour lui par Donizetti : une maladie de foie contractée dès sa sortie de l'Opéra s'accrut au point de troubler sa raison et, dans un accès de délire il mit fin à ses jours; ses restes furent ramenés à Paris, où un monument lui a été élevé par souscription.

NOUTKA (baie de), baie formée par l'Océan Pacifique sur la côte N. O. de l'île Quadra-et-Vancouver, par 128° long. O., 49° 33' lat. N. Comptoir anglais fondé en 1786; pelleteries. Visitée par Cook en 1778.

NOUVION-EN-PONTHIEU, ch.-l. de c. (Somme), à 15 kil. N. d'Abbeville; 914 hab.

NOUVION-PORGIEN, ch.-l. de c. (Ardennes), à 12 kil. N. E. de Réthel; 1290hab.

NOUVION-EN-THIÉRACHE, ch.-l. de c. (Aisne), à 11 k. N. O. de Vervins; 3133 hab. Lainages, cotonnades, fil pour dentelles; calicots, percales, gazes, mousselines; fromages dits de Marolles.

NOUZON, vge du dép. des Ardennes, à 7 k. N. de Mézières; 3628 h. Forges importantes, occupant l'emplacement de l'anc. manufacture d'armes de Charleville.

NOVALIS (Fréd. DE HARDENBERG, de), auteur allemand, né en 1772 à Weissenfels en Saxe, étudia avec succès la jurisprudence, les mathématiques, les sciences naturelles et la philosophie, mais il aimait surtout les lettres, la poésie, et put, à la faveur d'une grande fortune, se livrer tout entier à ses goûts. Il donnait de grandes espérances à l'école romantique lorsqu'il fut enlevé dès 1801 par une mort prématurée. Ses OEuvres, imprimées à Berlin en 1816, 2 vol. in-8, renferment des Hymnes à la Nuit, un roman intitulé les Disciples de Zaïs, et un autre inachevé : Henri d’Ofterdingen. On y trouve une sensibilité profonde et un certain mysticisme.

NOVARE, en latin Novaria, v. forte d'Italie, dans les anc. États sardes, ch.-l. d'intendance, entre l'Agogna et la Mora, à80 kil. N. E. de Turin: 25 000 hab. Évêché, citadelle, chemin de fer. Quelques beaux édifices, statue de Charles-Emmanuel sur la place du théâtre. Toiles de lin, étoffes de soie, etc. Les troupes de Louis XII, commandées par La Trémoille, furent battues à Novare par les Suisses en 1513. Charles-Albert, roi de Sardaigne, y perdit le 23 mars 1849 une bat. décisive contre les Autrichiens, commandés par Radetzki. Cette ville avait été cédée à la Savoie avec le reste du Milanais sarde par le traité de Vienne en 1736. Elle fut, sous le 1re empire français, le ch.-l. du dép. de l'Agogna. — L'intend. a 6 prov. : Novare, Domo d'Ossola, Pallanza, Val-di-Sesia, Lomelline, Verceil et compte 500 000 h. La seule prov. de Novare en a 170 000.

NOVAT, Novatus, hérésiarque du IIIe s., était diacre de l'église de Carthage. Il soutenait que les Chrétiens que la crainte des persécutions ferait tomber dans l'idolâtrie pouvaient être admis à la communion sans avoir subi l'épreuve de la pénitence. Cité par S. Cyprien devant un synode (249), il s'enfuit à Rome, s'unit à Novatien, bien que les principes de ce dernier fussent peu d'accord avec les siens, et renouvela avec lui l'hérésie des Montanistes.

NOVATIEN, premier anti-pape. Jaloux de l'élévation au pontificat de S. Corneille, il chercha a le supplanter. Affectant un zèle extrême, il prétendait que l'Église n'a pas le pouvoir d'absoudre ceux qui s'étaient laissé entraîner à sacrifier aux dieux; trois évêques, imbus de cette doctrine, le proclamèrent évêque de Rome (251) ; S. Cyprien rejeta cette élection, et 2 conciles (à Carthage et à Antioche) se prononcèrent dans le même sens.

NOVELLARA, v. d'Italie, à 27 kil. N. O. de Modène; 4100 hab. Filatures de soie, tanneries. Anc. principauté, annexée en 1757 au duché de Modène.

NOVELLES, recueil de Droit romain. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

NOVEMPOPULANIE, nom donné souvent à l’Aquitaine 3e, parce qu'elle renfermait neuf peuples principaux : Tarbelli, Boii, Vasates, Ausci, Elusates, Osquidates, Bigerrones, Convenæ et Consorrani. Elle était bornée au N. par l'Aquitaine 2e, à l'E. par la Narbonaise, au S. par l'Hispanie, à l'O.par l'Océan et eut pour cap. d'abord Lugdunum Convenarum (St-Bertrand-de-Comminges), puis Elimberris (Auch).

NOVERRE (J. George), célèbre danseur, né à Paris en 1727, m. en 1807, débuta à Fontainebleau, fut appelé à Berlin où il obtint de grands succès, revint à Paris en 1749, et entreprit de réformer ou plutôt de créer l'art des ballets; mais, malgré les plus puissantes protections, il ne put triompher d'abord de la routine et des jalousies. Il passa alors en Angleterre, où il s'enrôla dans la troupe de Garrik, puis il vint à Lyon et donna au théâtre de cette ville plusieurs ballets d'un genre tout nouveau; il consigna ses principes dans ses Lettres sur la danse, qu'il fit paraître en 1767. Appelé successivement en Wurtemberg, à Vienne, à Milan, il fut enfin fixé à l'Opéra de Paris par la protection de la reine Marie-Antoinette, avec le titre de maître des ballets en chef. Il était en outre l'ordonnateur de toutes les fêtes du Petit-Trianon. Parmi les ballets qu'il composa et qui presque tous eurent du succès, on remarque la Toilette de Vénus, le Jugement de Paris, Psyché, Iphigénie en Aulide, Iphigénie en Tauride, les Noces de Thétis, etc. Noverre créa le ballet d'action, supprima le masque et ramena les coutumes à la vérité.

NOVES, bg des Bouches-du-Rhône, près de la Durance, à 24 kil. N. E. d'Arles; 2130 hab. Fortes murailles flanquées de tours; filatures de soie. Patrie de la belle Laure, immortalisée par Pétrarque.

NOVI, v. forte d'Italie, dans les anc. États sardes (Gênes), à 40 kil. N. de Gênes; 10 500 hab. Citadelle. Filature de soie; commerce de transit. Il s'y livra le 15 août 1799 un combat acharné entre les Français et les Russes : Joubert y fut tué. — L'intendance de Novi a 50 kil. sur 10 et 70 000 hab.

NOVI-BAZAR, Iénibazar en turc, v. de Bosnie, ch.-l. de livah, sur la Gradiska. à 210 kil. S. O. de Bosna-Seraï; 12 000 hab. Évêché catholique. Château fort. Eaux thermales aux environs.

NOVIODUNUM. V. NEVIRNUM, SUESSIONES.

NOVIOMAGUS, nom commun à diverses villes anciennes : Noyon, chez les Veromandui ; Nyons (dans le dép. de la Drôme) ; Nyon, en Helvétie; Lisieux, dite aussi Lexovii; Spire, ch.-l. des Nemetes; Castelnau de Médoc, en Aquitaine; Nimègue, dans la Germanique 2e.

NOVOGOROD, c.-à-d. ville neuve, nom commun à trois villes de la Russie d'Europe :

VÉLIKI-NOVOGOROD ou NOVOGOROD-LA-GRANDE, ch.-l. du gouvt de Novogorod, sur la Volkhova, à 193 kil. S. E. de St-Pétersbourg; 16 000 h. Archevêché grec, tribunaux, cour d'appel, école de cadets. Beau port, cathédrale Ste-Sophie, bâtie sur le plan de celle de Constantinople, palais impérial. — Cette ville , une des plus anciennes de la Russie, fut fondée au Ve s. par les Slaves. Elle se gouverna longtemps en république, tour à tour indépendante ou tributaire des Varègues et des Russes. Rurik l'agrandit et en fit sa capitale en 862; mais son fils Igor l'abandonna pour Kiev (879). Bien que considérée comme dépendant des czars, Novogorod se rendit alors libre de fait. Elle étendit sa domination de la Livonie à l'O. aux frontières de la Sibérie à l'E., et devint par son commerce la première des villes hanséatiques : elle comptait alors près de 400 000 hab. Après deux guerres acharnées (1471 et 1477), le grand duc de Russie Iwan III la soumit définitivement. Une dernière révolte (1569-78) amena le siège et l'incendie de la ville, qui fut presque entièrement détruite; les Suédois la prirent en 1611 et la pillèrent; la fondation de St-Pétersbourg acheva sa ruine. — Le gouvt de N. a pour bornes ceux d'Olonetz au N., de Tver et de Pskov au S., de St-Pétersbourg au N. O.: 600 k. sur 295 ; 1 000 000 d’hab. Il renferme plusieurs lacs, entre autres l’Ilmen ; le Volga y prend sa source. Bois de construction, planches, cuirs, céréales, etc.

NIJNÉI-NOVOGOROD, c-à-d. Novogorod-la-petite, ch.-l. du gouvt du même nom, au confluent du Volga et de l’Oka, à 430 kil. E. de Moscou, à 1200 S. E. de St-Pétersbourg ; 32 000 hab. Évêché grec, cour criminelle, cour d’appel. Fort ou Kreml, deux cathédrales ; 26 églises, dont plusieurs à coupoles dorées, bel hôtel du gouvernement, belle fontaine, bazar magnifique, corderie, brasseries, distilleries ; grand commerce de blé. Très-grande foire dite de Makariev, une des principales de l’Europe et qui attire 400 000 individus ; chemin de fer. — Nijnéi-Novogorod fut fondée par Iourié III en 1227 ; les ducs de Souzdal l’eurent pour résidence avant Moscou. Les Tartares la brûlèrent en 1317 et 1378. — Le gouvt de Nijnéi-Novogorod, au centre de l’empire, entre ceux de Kostroma et de Viatka au N. et au N. E., de Kazan et Simbirsk a l’E., de Penza et de Tambov au S., de Vladimir à l’O., a 360 kil. sur 225 et 1 300 000 hab. Climat tempéré et sain, sol assez fertile : grains, chanvre, lin. Grand commerce, facilité par 3 rivières, le Volga, l’Oka et le Soura.

NOVOGOROD-SEVERSKOÏ (c-à-d. la Sévérienne), ainsi nommée de sa situation dans l’anc. Sévérie, ch.-l. d’un district du gouvt de Tchernigov, sur la r. dr. de la Desna, à 135 kil. N. E. de. Tchernigov ; 8000 hab. Commerce de chanvre, blé, chaux ; beaucoup de fours à chaux. — Elle fut de 1044 à 1523 la capit. d’un apanage des princes de Kiev. Souvent prise par les Tartares, les Lithuaniens et les Polonais, elle fut réunie à la Russie en 1618, par le traité de Déoulina.

NOVOGRODEK, v. de Russie, dans l’anc. Lithuanie (Grodno), à 125 kil. S. O. de Minsk ; 1200 hab. Anc. ch.-l. d’un palatinat lithuanien.

NOWAÏRI (Chehab-Eddyn-Ahmed), historien et jurisconsulte arabe, né vers 1280 à Al-Niwaireh en Égypte, m. en 1331, a laissé une espèce d’encyclopédie historique, intitulée Nihayat alarab fi fonoun aladab (c-à-d. tout ce qu’on peut désirer de savoir concernant les différentes branches des belles-lettres), divisée en 5 parties, de 5 livres chacune. Il s’en trouve un exemplaire complet à la bibliothèque de Leyde ; la partie relative à la Sicile a été publiée en arabe et en latin, par Rosario (Palerme, 1790), et trad. en français par Caussin, Paris, an X, à la suite du Voyage en Sicile de Riedesel.

NOYADES DE NANTES. V. CARRIER.

NOYAL-SUR-VILAINE, bourg du dép. d’Ille-et-Vilaine, à 11 k. E. de Rennes ; 3102 hab. Station. Toiles.

NOYANT, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), à 17 kil. S. E. de Baugé ; 1510 hab.

NOYERS, ch.-l. de cant. (Yonne), sur le Serein, à 19 kil. S. de Tonnerre ; 1607 hab. Serges, toiles de ménage, chandelles. Jadis place forte, abbaye de Bénédictins, et titre de seigneurie. — Autre ch.-l. de cant. (Bses-Alpes), à 9 kil. O. de Sisteron ; 1061 h.

NOYON, Noviomagus Veromanduorum, ch.-l. de cant. (Oise), sur la Vorse et près de l’Oise, à 24 kil. N. E. de Compiègne ; 6348 h. Station de chemin de fer. Magnifique cathédrale gothique, construite au XIIe s., sur l’emplacement d’une église élevée par Charlemagne et détruite par un incendie en 1131. Bonneterie, toiles et cuirs ; comm. de grains, cendres pour engrais. Patrie de Calvin et du sculpteur Sarrazin — C’était sous les Romains un poste militaire. S. Médard y transporta, vers 530, le siège épiscopal de Vermaud (V. ce nom). Les titulaires de l’évêché de Noyon ne tardèrent pas à devenir très-puissants : l’évêque était sous Philippe Auguste un des 12 pairs de France. Charlemagne fut couronné à Noyon en 768 ; Hugues Capet y fut élu en 987. Le 13 août 1516, un traité y fut signé entre François Ier et Charles d’Autriche (Charles-Quint) : par ce traité, Charles devait épouser la fille du roi, qui apportait en dot le royaume de Naples, et restituer la Navarre à la maison d’Albret : mais il ne fut pas exécuté.

NOZAY, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 28 kil. S. O. de Châteaubriant ; 3692 h. Près de là, ferme modèle de Grandjouan.

NOZEROI, ch.-l. de cant. (Jura), près de l’Ain, à 27 kil. S. E. de Poligny ; 854 hab. Belle église gothique. Tanneries, fabriques de souliers. Ce bourg se forma autour d’un château des seigneurs de Châlon, dont les ruines le dominent encore. Vers 1520, il passa dans la maison d’Orange-Nassau ; Louis XIV le confisqua sur Guillaume III.

NUBES, peuple d’Éthiopie, le même sans doute que les Nubiens modernes, habitait partie aux environs de la Thébaïde, partie sur le golfe Avalite.

NUBIE, Æthiopia supra Ægyptum des anciens, contrée d’Afrique, entre l’Égypte au N. et l’Abyssinie au S., par 25°-37° long. E., l0°-25°, lat. N., a env. 1540k. (du S. au N.) sur 676 de large, et 2 000 000 d’h. Le Nil traverse cette contrée du S. au N. et y reçoit le Bahr-el-Azrek et le Tacazzé. La partie orientale, entre le Nil et la mer Rouge, n’offre que des déserts de sable et des rochers, semés de rares oasis (Olba, Atbarah, Gosredjab, etc.). Dans l’O., sont les pays de Sennaar, d’Halfay, de Schendy, de Damer, de Dongolah, etc., presque tous tributaires de l’Égypte depuis la conquête qu’en fit en 1822 Ibrahim-Pacha, fils de Méhémet-Ali. Le climat est très-chaud, mais sain Le sol produit le blé, l’orge, les pois, les lentilles, le tabac, la canne à sucre. L’éléphant, l’hyène, le crocodile, l’autruche et la girafe y sont assez communs ; le pays est sujet à de terribles invasions de sauterelles. Les principaux objets de négoce sont les esclaves, la poudre d’or, le séné, les plumes d’autruche. — Dans les temps très-anciens, la Nubie fut le siège de l’important empire de Méroé (V. ce nom), dont on ne saurait préciser les limites. Les Romains y pénétrèrent assez avant, jusqu’à Napata, mais ils ne possédèrent jamais que la lisière septent. du pays ; ils l’appelaient Æthiopia supra Ægyptum. — Ce pays est surtout connu par les récents voyages de Bruce et de Burkhardt.

NUCÉRIE, v. d’Italie ancienne. V. NOCERA.

NUGENT (Thom.), Irlandais, mort à Londres en 1772, est connu par un Dictionnaire portatif français-anglais et anglais-français, qui a eu une multitude d’éditions. On lui doit en outre un£ Histoire de la Vandalie, 1776, et quelques traductions.

NUIT (la), divinité allégorique, fille du Chaos, ou selon d’autres du Ciel et de la Terre, eut de l’Erèbe l’Éther et le Jour, et de l’Achéron les Furies. On la représente assise sur un char, couverte d’un voile semé d’étoiles, et quelque fois avec des ailes de chauve-souris. Le hibou lui était consacré ; on lui immolait des brebis noires.

NUITS, ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), à 16 kil. N. E. de Beaune, sur l’Armançon et le chemin de fer de Paris à Lyon ; 3346 h. Trib. de commerce. Vignobles célèbres : la côte de Nuits, de 25 kil. d’étendue, comprend les meilleurs vignobles de la Côte-d’Or, ceux de Nuits, St-Georges, Richebourg, la Tache, la Romanée, Clos-Vougeot. — Ville ancienne, Nuits obtint une charte commune en 1212. Elle fut prise et saccagée plusieurs fois au XVIe s. Combat et prise de la ville par les Allemands (l8 déc. 1870). — V. NUYTS.

NUMA POMPILIUS, 2e roi de Rome, né à Cures, chez les Sabins, était, dit-on, gendre de Tatius. Il vivait dans la solitude et avait 40 ans lorsque les Romains l’appelèrent au trône, l’an 714 av. J.-C. Aussi pacifique que son prédécesseur était guerrier, il se consacra tout entier à la législation, fonda des temples, créa plusieurs institutions religieuses, telles que les Saliens, chargés de garder le bouclier sacré (V. ANCILE), les Vestales, les Pontifes, les Flamines, les Féciaux ; régularisa l’année, qui jusqu’alors n’avait eu que dix mois et à laquelle il en donna douze, répartit le peuple en corps de métiers, et s’efforça d’abolir toute distinction entre les Sabins et les Romains. Pour faire adopter ses institutions, il feignait de recevoir des révélations de la nymphe Égérie. Longtemps après la mort de Numa, on prétendit avoir retrouvé son tombeau, qui, entre autres objets, contenait beaucoup de manuscrits en langue grecque : les commissaires délégués par le sénat pour examiner ces écrits les déclarèrent dangereux à divulguer et ils furent brûlés. Quelques traditions anciennes font de Numa un contemporain et même un disciple de Pythagore, ce qui est inconciliable avec la chronologie reçue. Selon certains critiques modernes (V. BEAUFORT et NIEBUHR), Numa n’aurait pas existé, et il ne serait que la personnification de l’époque de législation religieuse et civile des Romains (le nom de Numa offre en effet une singulière analogie avec le mot grec nomos, qui veut dire loi). Néanmoins Plutarque a écrit la Vie de Numa. Florian a fait de ce prince le héros de son roman de Numa Pompilius.

NUMANCE, Numantia, auj. Garray (Soria), fameuse ville d’Hispanie, chez les Arévaques, sur une montagne voisine des sources du Durius (Duero), formait à elle seule un petit État. Elle fut longtemps le centre de la résistance des Celtibériens aux Romains. Pompéius Népos l’assiégea inutilement en 141 av. J.-C. : Mancinus, surpris avec 24 000 hommes dans un défilé voisin, se soumit à 4000 Numantins et promit que Rome, cesserait les hostilités (137), mais le traité qu’il avait conclu ne fut pas ratifié. En 134, Scipion Émilien, chargé de reprendre la guerre, fit le siège de Numance et en réduisit les habitants à une telle famine qu’ils se mangèrent entre eux : ils finirent par incendier leur ville et se jeter dans les flammes ; Numance fut rasée, 133.

NUMÉNIUS, philosophe grec et chrétien du IIe siècle, né à Apamée en Syrie. Il suivait les idées de Pythagore et de Platon, et prétendait que ce dernier avait beaucoup emprunté aux livres de Moïse : aussi qualifiait-il Platon de Moïse attique. On trouve des fragments de Numénius dans Eusèbe et Origène, dans Porphyre et Jamblique. Quelques fragments de ce philosophe ont été trad. en français par E. Lévêque dans la trad. de Plotin de M. Bouillet (t. I).

NUMÉRIEN, M. Aurelius Numerianus, empereur romain, fils de l’emp. Carus, lui succéda en 284 avec son frère Carin ; il périt la même année, assassiné par Aper, préfet du prétoire, son beau-père, au moment où il revenait de la guerre des Parthes.

NUMICUS, ruisseau du Latium, coulait au pied et à l’E. de la colline de Lavinium, et se jetait dans la mer Tyrrhénienne. C’est auj. le Rio di Pratica. Énée fut tué près de ses bords.

NUMIDIE, Numidia, auj. prov. de Constantine et partie du beylik de Tunis, contrée de l’Afrique anc., entre la Mauritanie à l’O. et les possessions de Carthage à l’E. Agrandie par les conquêtes de Massinissa, la Numidie avait pour bornes à l’O. la Malva, et s’avançait à l’E. jusqu’à 50 ou 60 kil. de Carthage. Avant la bataille de Zama (202), elle se divisait en deux États, celui des Massyles à l’E., celui des Massessyles à l’O. Le 1er avait pour capit. Cirta et compta Massinissa au nombre de ses rois. Le 2e était le domaine de Syphax ; mais, après la bat. de Zama, ce prince fut pris et détrôné, et Massinissa resta maître des deux États. Divers partages eurent lieu après la mort de Massinissa (149) et de son fils Micipsa (119). Jugurtha, s’étant rendu maître par le crime du royaume entier, en fut dépouillé par les Romains après une longue guerre, 106. Rome alors annexa à la prov. romaine d’Afrique et à la Mauritanie les cantons qu’en avait jadis distraits Massinissa ; en même temps, elle fit de l’anc. Massylie ou Numidie orientale un Roy. de Numidie, qu’elle partagea entre deux petits-fils de Massinissa, Hiempsal II et Mandrestal, et elle donna la Massessylie ou Numidie occid. à Bocchus, roi de Mauritanie, pour le récompenser d’avoir livré Jugurtha. Après la bat. de Tharse, où Juba I, roi de Numidie, avait combattu César (46 av. J.-C), ce royaume fut réduit en province romaine. Auguste en donna la partie occid. à Juba II. Ce royaume même fut définitivement réuni à l’empire après la révolte et la mort de Tacfarinas (25 de J.-C). Très-florissante sous l’Empire, la Numidie fut conquise par les Vandales au Ve s., avec le reste de la côte d’Afrique, 430 ; elle fut reconquise au profit de l’Empire grec par Bélisaire en 534, mais pour devenir à la fin du VIIe s. la proie des conquérants arabes. — Les Numides sont rangés parmi les peuples nomades (d’où leur nom) ; les peuplades des côtes, qui avaient longtemps dépendu des Phéniciens, habitaient des villes il est vrai ; mais les habitants de l’intérieur étaient à demi sauvages et vivaient sous des tentes. Ils étaient renommés comme excellents cavaliers : Annibal avait beaucoup de cavaliers Numides dans son armée. On croit que la langue des Numides s’est en partie conservée dans la Kabylie et n’est autre que celle des Berbères.

NUMITOR, roi d’Albe, au VIIIe s. av. J.-C., fils de Procas et descendant d’Énée, fut père de Lausus et de Rhéa Sylvia. Renversé du trône par son frère Amulius, il fut vengé par ses petits-fils, Romulus et Rémus, qui lui rendirent la couronne. En récompense, il leur permit de bâtir une ville nouvelle sur les bords du Tibre.

NUNDINES, LETTRES NUNDINALES. V. ces art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

NUNEZ. Quatre peintres espagnols assez remarquables ont porté ce nom : 1° Jean, né vers la fin du XVe s., élève de J. Sanchez de Castro, et auteur de plusieurs tableaux qui ornent la cathédrale de Séville ; 2° Pierre, né à Madrid vers 1614, m. en 1654, élève de J. Soto, et auteur d’une portion des portraits des rois d’Espagne au palais de Madrid ; 3° Matthieu N. de Sepulveda, peintre de Philippe IV en 1640, célèbre par ses fresques ; 4° N. de Villavicencio, né à Séville en 1635, m. en 1700 : c’est celui des élèves de Murillo qui a le mieux reproduit sa manière. Il fonda avec Murillo l’Académie de Séville.

NUNEZ (Fernand), philologue. V. PINCIANUS.

NUNEZ (Pedro), géomètre. V. NONIUS.

NUORO, v. de l’île de Sardaigne, ch.-l. de prov., à 120 kil. N. de Cagliari ; 4500 hab. Évêché. — La prov. de même nom compte 60 000 hab.

NUREMBERG, Norica chez les Romains, Norimberga en latin moderne, Nürnberg en allemand, v. de Bavière (Franconie moyenne), sur la Pegnitz, à 77 kil. S. E. de Wurtzbourg ; 50 000 hab. Tribunaux, école polytechnique, gymnase, école des beaux-arts et de commerce, sociétés diverses. La ville est divisée en deux parties (Sebald, Lorenz), et bâtie sur 12 petites collines. Muraille flanquée de 74 vieilles tours ; rues étroites et tortueuses. Hôtel de ville, vieux château du Xe s., trois belles églises, arsenal, théâtre, banque royale, musée germanique, bibliothèques publiques, statues de Mélanchthon, d’A. Durer. Chemins de fer pour Leipsick, Munich, Furth. Laiton, miroirs dits de Nuremberg, produits chimiques, instruments de musique et de mathématiques, quincaillerie, porcelaine, faïence, tabletterie, jouets d’enfants (en bois, ivoire, métaux, etc.). C’est à Nuremberg que l’on fabriqua les 1res cartes à jouer, vers 1380, et que fut établie 1re papeterie (vers 1390) ; c’est aussi dans cette ville que les montres furent inventées vers 1500 (ce qui les fit d’abord nommer œufs de Nuremberg), ainsi que la gravure sur bois ; c’est là enfin que fut fabriquée la 1re batterie de fusil (1517) ; Patrie de Hans Sachs, Martin Behaim, et Albert Durer. — Nuremberg existait dès le temps de Charlemagne ; elle fut une des premières villes d’Allemagne converties au Christianisme, mais elle fut aussi la 1re à embrasser la Réforme. Elle s’accrut beaucoup sous Charles IV, et devint ville impériale du cercle de Franconie. Plusieurs diètes se tinrent à Nuremberg, entre autres la 1re de toutes, sous Othon I (938). En 1438, il s’y tint une diète qui divisa l’empire en cercles et reforma la procédure. Pendant la guerre de Trente ans, cette ville eut beaucoup à souffrir. En 1532, il y fut signé un traité de paix entre les Luthériens et les Catholiques sous les auspices de Charles-Quint. La commission exécutive de la paix de Westphalie y siégea de 1649 à 1650. La paix de Presbourg (1805) donna cette ville à la Bavière.

nuremberg (burgraviat de), un des quatre burgraviats de l’ancien empire d’Allemagne, fut créé en 1060 par l’emp. Henri IV pour la maison de Vohburg, et passa ensuite à la maison de Hohenzollern, qui, depuis Frédéric I (m. en 1218), ne cessa de le posséder jusqu’en 1801. Cette maison règne auj. sur la Prusse, mais le burgraviat même fait partie de la Bavière.

NURSIE, auj. Norcia, v. de l’Italie anc., dans le N. de la Sabine, au pied de l’Apennin. Patrie de Sertorius et de saint Benoît.

NUYTS (Terre de), partie de la côte S. de l’Australie, entre 114° 20’et 130° long. E. Découverte par Pierre de Nuyts, négociant hollandais, en 1627.

NYANZA, grand lac de l’Afrique, l’une des sources du Nil, entre 32°-34° long. E. et 0°-3° lat. S., exploré en 1862 par Speke et Grant, qui l’ont nommé Victoria-Nyanza, V. LOUTA-NZIGHÉ.

NYBORG, v. forte et port de Danemark, dans l’île de Fyen, sur le grand Belt, à 31 kil. S. E. d’Odensée ; 4 000 h. Eau-de-vie de grains. Patrie de Christian II. C’est à Nyborg que les navires payaient le droit de passe pour traverser le Belt, droit auj. aboli.

NYDER (J.), dominicain allemand du XVe s., m. en 1438, réussit quelque temps par ses prédications à entraver la propagation des doctrines des Hussites en Franconie, mais, ayant fait de vains efforts pour ramener la secte des Taborites, il dirigea contre eux une expédition armée qui ensanglanta la Bohême. Il a laissé, entre autres écrits, Formicarium seu Dialogus ad vitam christianam exemplo formicæ incitativus, Paris, 1519 : ce n’est guère qu’un amas de contes sur les revenants, sur la divination, etc.

NYKŒPING, v. de la Suède propre, ch.-l. du gouvt de Nykœping, sur un golfe de la mer Baltique, à 90 k. S. O. de Stockholm ; 3 000 hab. Fer, cuivre, planches, machines. - Le gouvt de N., situé dans le S. E. de ! a Suède propre, a été presque tout entier formé de la Sudermanie ; il a 100 k. sur 100, et 110 000 h.

NYLAND, prov. de la Russie d’Europe (Finlande), à l’E. de la prov. d’Abo, sur le golfe de Finlande ; 200 000 hab. ; ch.-l., Helsingfors.

NYMPHES, Nymphœ, déesses des eaux, particulièrement des eaux douces. On distinguait parmi elles les Naïades, les Néréides, les Océanides, etc. Le nom de nymphes fut dans la suite étendu à un grand nombre de divinités secondaires, aux Oréades, aux Dryades, aux Napées (V. ces noms). On regardait les nymphes non comme immortelles, mais comme vivant plusieurs milliers d’années ; on les représentait toujours jeunes et belles, nues ou demi-nues, accoudées près des eaux qu’elles versaient de leur urne ou dansant près des Satyres. On leur offrait du miel, du lait, des fruits, de l’huile, quelquefois des chèvres.

NYMPHIDIUS SABINUS, affranchi, fils d’un esclave, se prétendait fils de Caligula. il devint préfet de Rome sous Néron et essaya même de se faire proclamer empereur, mais il fut tué par les Prétoriens, en 68 de J.-C.

NYON, Noviodunum, Noviomagus, Colonia equestris, en allemand Neus, v. de Suisse (Vaud), sur le lac de Genève, au pied d’une colline, à 31 k. S. O. de Lausanne, et à 19 N. de Genève ; 2 500 hab. Papeterie, poterie, antiquités.

NYONS, Noviomagus, ch.-l. d’arr. (Drôme), sur l’Aigues, à 90 kil. S. S. E. de Valence ; 3653 h. Trib. de 1re inst. Savon, lainages, tanneries, houille. Antiquités, beau pont romain.

NYSA, lieu célèbre dans la mythologie comme résidence favorite de Bacchus (Dio-nysus) ; on en a fait tantôt une montagne, tantôt une ville, tantôt une île ; on le place en Éthiopie, en Arabie, mais le plus souvent dans l’Inde. Il y a eu en effet une ville de Nysa dans l’Inde, sur le Cophès, près de son confluent avec l’Indus ; on la nomme, auj. Nagar.

NYSSE, Nyssa, v. de Cappadoce, près de l’Halys, à l’O. de Mazaca. S. Grégoire (de Nysse) en fut évêque.

NYSTADT, v. de Russie (Finlande), sur le golfe de Botnie, à 60 kil. N. O. d’Abo : 2000 h. - Bâtie en 1617. Célèbre par la paix qui y fut conclue en 1721 entre la Russie et la Suède, celle-ci y cédait la Livonie, l’Esthonie, l’Ingrie et la Carélie. Nystadt a été bombardée en 1855 par les Anglais.

NYSTEN (P. Hubert), médecin, né à Liège en 1771, m. à Paris en 1818, se distingua par de belles expériences électro-médicales, fut chargé de plusieurs missions par le gouvernement français, et devint médecin de l’Hospice, des Enfants. On lui doit un Nouveau dictionnaire de médecine, chirurgie, botanique, publié pour la 1re fois à Paris en 1810, souvent réimprimé et fort augmenté. Il avait précédemment fait paraître des Expériences sur les organes musculaires de l’homme et des animaux à sang rouge, 1803.



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