Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre Q

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Q

N. B. Cherchez aux lettres C et K les noms qui ne seraient pas ici.

Q, dans les abréviations, s’employait chez les Romains pour Quintus, Quinctius, Quintilianus, Quirinus, Quirites, Quæstor, etc

QUADES, Quadi, peuple de Germanie, à l’E. des Marcomans, était de la famille des Suèves et habitait la Moravie actuelle et partie de la Hongrie à l’O. du Gran. Les Romains les soumirent un instant, sous Tibère ; mais ils se révoltèrent bientôt, et, unis aux Marcomans, ravagèrent la Pannonie et firent la guerre à Rome sous Marc-Aurèle, Caracalla et Gallien. Valentinien, en 373, les repoussa d’Aquilée où ils avaient pénétré et les refoula hors de la Pannonie. Dès lors ils disparaissent de l’histoire comme nation et semblent se confondre avec les Suèves.

QUADRA-ET-VANCOUVER, île du Grand-Océan boréal, sur la côte N. O. de l’Amérique sept., par 48° 21’-50° 54’ lat. N. et 125° 9’-130° 41’ long. O., fait partie de la Nouv.-Bretagne, et est séparée du continent par le golfe de Georges à l’E., les détroits de Johnston et de la Reine-Charlotte au N., et celui de Jean-de-Fuca au S. ; 490 kil. sur 130 ; chef-lieu, Noutka, sur une baie. Les indigènes sont très-sauvages. Mines de houille. — Les Anglais s’y établirent en 1786 ; les Espagnols s’emparèrent de leurs comptoirs en 1789, mais les leur rendirent bientôt. Cette île tire son nom des deux capitaines, l’un espagnol et l’autre anglais, qui s’y réunirent lors de la remise qui en fut faite par les Espagnols aux Anglais.

QUADRAGÉSIME (du latin quadragesimus, quarantième, Carême). On appelle dimanche de la Quadragésime le 1er dimanche de Carême.

QUADRAT (S.), Quadratus, évêque d’Athènes vers l’an 126, disciple des apôtres, présenta en 131 à l’empereur Adrien une Apologie des Chrétiens, dont Eusèbe cite un fragment. On le fête le 26 mai.

QUADRIGARIUS (Q. Claudius), historien romain du temps de Sylla, est, après Fabius Pictor, un des plus anciens auteurs qui aient écrit les annales de la république ; il est cité souvent par Tite-Live et Aulu-Gelle. Ses fragments ont été publiés à la suite du Salluste d’Havercamp (Amst., 1742, in-4), et dans les Fragmenta veterum historicorum romanorum de Krause, Berlin, 1833.

QUADRUPLE ALLIANCE. V. alliance.

QUAKERS ou TREMBLEURS, secte religieuse dont les membres se donnent le nom de Société chrétienne des Amis, prit naissance en Angleterre et fut fondée en 1647 par Georges Fox, cordonnier de Leicester. Elle eut pour principaux propagateurs W. Penn, Robert Barclay et Samuel Fisher. Les Quakers rejettent tout sacrement et n’admettent aucun culte extérieur, aucune hiérarchie ecclésiastique. Selon eux, tout homme peut être inspiré de l’Esprit divin. Réunis dans des salles dépourvues de tout ornement, ils attendent avec recueillement l’arrivée de l’Esprit-Saint ; si l’un d’eux sent l’inspiration, qui s’annonce par un tremblement, il se lève, prend la parole, et tous l’écoutent en silence. Les Quakers ne prêtent pas de serment, et sont crus devant les tribunaux sur leur simple affirmation ; ils se refusent à prendre part à la guerre, condamnent le spectacle, le chant, les jeux de hasard, la chasse. Leur costume est de la plus grande simplicité : les hommes portent des chapeaux à larges bords et des habits de couleur sombre, sans boutons ; les femmes une mantille noire et un tablier vert. Ils se dispensent de toutes les formes de la politesse, tutoient tout le monde, et ne se découvrent jamais la tête, pas même devant les magistrats et le souverain. Ces singularités leur valurent des persécutions sans nombre ; longtemps en Angleterre ils furent emprisonnés ou enfermés comme fous ; l’acte de tolérance de 1689 leur permit enfin de vivre à leur guise. Ils se répandirent peu sur le continent ; cependant ils fondèrent en Hollande, en 1658, des établissements qui subsistent encore. C’est aux États-Unis que leur secte est le plus florissante ; ils débarquèrent dans le New-Jersey dès 1660, et reçurent de W. Penn, en 1684, le vaste territoire appelé depuis Pensylvanie. Ces sectaires, qui perdent tous les jours de leur singularité première, forment dans les États-Unis une population de 300 000 âmes, répandue dans les États du centre, surtout dans le Rhode-Island, le Maryland et la Pensylvanie. Les Quakers se distinguent par la pureté de leurs mœurs, par leur probité et leur philanthropie : ils furent les plus ardents adversaires de la traite des Noirs et donnèrent l’impulsion à leur affranchissement ; ils s’adonnent surtout au commerce, et sont généralement riches. Les Quakers forment auj. plusieurs sectes ; on remarque surtout les Nicolites ou Nouveaux Quakers, très-nombreux au Maryland. Wagstaft a donné l’Hist. des Quakers, Londres, 1845.

QUALOE (c.-à-d. île des baleines), île de la mer Glaciale, sur la côte N. O. de la Norvège, par 21° 25’ long. E., 70° 38’ lat. N., a 24 kil. sur 12 ; elle appartient à la Norvège. Sur la côte O. est la ville d’Hammerfest.

QUARANTAINE-LE-ROI, ordonnance rendue primitivement par Philippe-Auguste et renouvelée par Louis IX, en 1245, défendait d’entreprendre une guerre privée pour se venger d’une injure avant 40 jours révolus à partir de l’injure reçue. V. privées (Guerres).

QUARANTIE, nom de trois tribunaux de Venise, composés chacun de 40 membres : 1° un tribunal d’appel des sentences rendues par les magistrats de la ville ; 2° un tribunal d’appel des sentences des magistrats extra-muros ; 3° un tribunal criminel, connaissant de tous les crimes, excepté des crimes d’État.

QUARENTOLA, v. de l’anc. duché de Modène, au N. de Mirandola, appartenait aux Pic de la Mirandole.

QUARNERO ou QUARNEROLO (Golfe de),
Flanaticus sinus des anciens, golfe de l’Adriatique, entre l’Illyrie à l’O., la Croatie à l’E. et au N., la Dalmatie au S. Beaucoup d’îles : Cherso, Veglia, Pago, Osero.

QUARRÉ-LES-TOMBES, ch.-l. de cant. (Yonne), à 15 kil. S. E. d’Avallon ; 2098 hab. Il doit son nom à des tombes antiques dispersées aux environs, particulièrement sur les rives du Cousin.

QUARTENIER, commandant de quartier dans l’ancien Paris, commandait la milice bourgeoise d’un quartier et exerçait certaines fonctions de police pour la sûreté et la tranquillité de la ville. Supprimés après l’insurrection des Maillotins, en 1382, les Quarteniers furent rétablis en 1411. En 1681, leurs charges furent érigées en titre d’office. En 1703, Louis XIV supprima leurs attributions militaires, et ils devinrent de simples magistrats de police.

QUASIMODO (la), dimanche de l’octave de Pâques, est ainsi appelé parce que la messe commence ce jour-là par les mots : Quasi modo geniti infantes.

QUATRE-BRAS (Les), hameau de Belgique (Brabant mérid.), à 9 kil. S. E. de Nivelle, à l’intersection de 2 routes (d’où son nom). Il s’y livra le 16 juin 1815 un combat acharné entre les Français et les Anglais, où périt le duc de Brunswick.

QUATRE-CANTONS (Lac des), lac de Suisse, entre les 4 cantons de Schwytz, Uri, Unterwald et Lucerne, n’est qu’un sinus formé par la Reuss au-dessus de Lucerne ; il a 38 kil. sur 5 et 11 560 hect. de superficie. Il est divisé par deux rétrécissements en 3 parties : lac d’Uri ou de Brunnen, au S. E. ; lac de Buochs, au milieu ; lac de Lucerne, au N. O., et est entouré presque partout de rochers perpendiculaires. Il est sujet à de violentes tempêtes et ne gèle jamais dans toute son étendue. La navigation y est très-active.

QUATRE-CENTS (les), conseil institué à Athènes en 411 av. J.-C., pour remplacer l’assemblée du peuple. Les Quatre-Cents devinrent bientôt de vrais tyrans : ils s’entourèrent de satellites, supprimèrent le sénat, et se refusèrent au rappel d’Alcibiade et des autres bannis, dans l’intérêt desquels ils avaient cependant été établis. Ayant laissé battre la flotte athénienne par les Lacédémoniens et enlever l’Eubée, ils perdirent tout crédit : l’armée qui stationnait à Samos se révolta contre eux, prit pour chef Alcibiade, et le peuple d’Athènes les chassa, après 4 mois de pouvoir.

QUATREMÈRE, ancienne famille parisienne, qui a fourni à la capitale plusieurs échevins et a produit plusieurs savants distingués.

QUATREMÈRE DE QUINCY (Ant. Chrysostome), 1755-1849. Déjà connu dans les lettres et les arts avant 1789, il fut élu représentant de la Commune de Paris, puis membre de l’Assemblée législative (1791), et y combattit les mesures révolutionnaires, ce qui le fit incarcérer sous la Convention ; fut député au Conseil des Cinq-Cents (1797), et inscrit sur la liste de déportation au 18 fructidor ; devint sous le Consulat membre, puis secrétaire général du Conseil municipal de la Seine ; fut nommé en 1815 intendant des arts et monuments, et en 1818 professeur d’archéologie. Admis de bonne heure à l’Académie des inscriptions et à celle des beaux-arts, il fut élu en 1816 secrétaire général de cette dernière compagnie, fonctions qu’il remplit jusqu’en 1839. À la connaissance de l’art et de son histoire, Quatremère unissait un goût pur, un esprit juste ; mais son style est diffus et l’on a quelquefois suspecté la sûreté de son érudition. On remarque parmi ses écrits : De l’Architecture égyptienne comparée à l’Architecture grecque, 1785 ; Considérations sur l’Art du dessin, 1791 ; le Jupiter olympien, 1815 ; Dictionnaire d’Architecture, 1795-1825 (dans l’Encyclopédie méthodique) ; De l’Imitation dans les beaux-arts, 1823 ; Histoire de la Vie et des ouvrages des plus célèbres architectes, 1830 ; Histoire de la Vie et des ouvrages de Michel-Ange, — de Raphaël, — de Canova, 1824-35 ; enfin de nombreuses Notices historiques lues à l’Académie des beaux-arts (réunies en 2 vol. in-8, 1834-37). Il a fourni au Journal des savants, aux Mémoires de l’Académie, etc., un grand nombre de savantes dissertations. — Son frère aîné, Quatremère d’Isjonval, 1754-1830, s’est singularisé par ses excentricités. D’abord livré aux sciences physiques, il fit plusieurs travaux qui furent couronnés par l’Académie des sciences et découvrit les sels triples, ce qui le fit admettre de bonne heure dans cette compagnie. Ayant épuisé sa fortune dans des expériences ruineuses, il embrassa la carrière militaire et devint chef d’état-major. On a de lui, sous le titre d’Aranéologie, un livre curieux sur le travail des araignées et le rapport de ce travail avec les variations du temps (1775 et 97) ; il le fit suivre d’un Calendrier aranéologique. — Quatremère de Roissy, cousin des précédents, 1754-1834, ancien conseiller au Châtelet, a composé des romans et quelques écrits historiques : Hist. de Mme de La Vallière, 1823 ; — de Ninon de Lenclos, 1824 ; — d’Agnès Sorel, 1825 ; — de Jeanne d’Arc, 1827.

QUATREMÈRE (Étien. Marc), orientaliste, né en 1782, m. en 1857, était fils d’un échevin de Paris, guillotiné en 1793. Membre de l’Académie des inscriptions dès 1815, il fut nommé professeur d’hébreu et de syriaque au Collège de France en 1819, et, à la mort de de Sacy, son maître, le remplaça comme professeur de persan à l’École des langues orientales (1838). On lui doit de savantes recherches sur la langue copte, sur l’histoire et la géographie de l’Égypte ancienne, publiées en 1808, des lexiques de diverses langues orientales, des traductions de l’Histoire des Mongols de Perse, de Raschid-Eddin (1836), ainsi que de l’Hist. des Sultans mamelouks de l’Égypte, de Makrizy (1837-1845) ; la publication du texte des Prolégomènes d’Ibn-Khaldoun, 1852, et de savants Mémoires sur les Nabathéens (1855), sur le Périple d’Hannon (1857), etc. Ce savant était doué d’une mémoire prodigieuse et possédait une immense érudition. Il avait formé une riche bibliothèque orientale qui, après sa mort, a été achetée par le roi de Bavière.

QUATRE-NATIONS (Collège), anc. collège fondé à Paris en 1661, par testament du cardinal Mazarin, pour y élever gratuitement 60 enfants de gentilshommes pauvres appartenant aux provinces des quatre nations espagnole, italienne, allemande et flamande récemment réunies à la couronne par la conquête du Roussillon, du territoire de Pignerol, de l’Alsace et de la Flandre. Ouvert en 1688, ce collège a subsisté jusqu’à la Révolution. En 1806, il est devenu le Palais de l’Institut.

QUATRE-TEMPS, temps de jeûne au commencement de chacune des quatre saisons. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

QUÉBEC, v. forte de l’Amérique anglaise, anc. capit. de tout le Canada, auj. capit. du Bas-Canada, par 46° 47’ lat. N., 73° 30’ long. O., sur la r. g. du St-Laurent et le St-Charles ; 60 000 hab. Archevêché catholique, évêché anglican, collège français, school anglaise ; plusieurs sociétés savantes. Port très-vaste et très-fréquenté, fortifications importantes. On distingue dans Québec la haute-ville (mal bâtie, rues étroites et irrégulières) et la basse-ville (maisons spacieuses et commodes) ; deux cathédrales, les églises des Ursulines et des Écossais, de belles casernes, l’arsenal. Grand commerce d’importation et d’exportation. — Fondée par les Français en 1608, prise par les Anglais en 1629, rendue par eux en 1632, et assiégée vainement en 1690 et 1711, cette ville resta aux Français jusqu’en l759. La paix de 1763 l’assura à l’Angleterre. En 1775, les Américains firent sur cette place une tentative infructueuse.

QUEDLINBOURG, v. murée des États prussiens (Saxe), sur la Bode, à 90 kil. S. O. de Magdebourg ; 15 000 h. Tribunaux, gymnase ecclésiastique, école de sourds-muets, bibliothèque. Château, où sont les restes de l’emp. Henri I. Lainages, toile, cire à cacheter, eau-de vie de grains, bière. Patrie de Klopstock, à qui un monument a été élevé dans la ville. — Quedlinbourg avait une célèbre abbaye de femmes, dont l’abbesse prenait rang parmi les prélats du Rhin. Fondée de 932 à 937, elle fut supprimée en 1801.

QUEEN’S-COUNTY (c.-à-d. Comté de la Reine), comté d’Irlande (Leinster), entre ceux du Roi (King’s-County) au N. et à l’O., de Kildare à l’E., de Car-low au S. E., de Kilkenny au S. et de Tipperary au S. O. ; 155 000 hab. ; ch.-l. Maryborough. On en exporte grains, bestiaux, beurre, fromage, fils, toiles, laines, etc. Ce comté doit son nom à la reine Marie, sous le règne de laquelle il fut formé.

QUÉLEN (Hyacinthe, comte de), archevêque de Paris, né en 1778, d’une famille noble de Bretagne, m. en 1839, fut successivement secrétaire du cardinal Fesch, grand vicaire de l’évêque de St-Brieuc, évêque in partibus de Samosate, coadjuteur de l’archevêque de Paris (Talleyrand de Périgord), et succéda à ce prélat en 1821. Il se signala par sa piété et sa charité, et sut toujours unir la douceur à la fermeté. Peu sympathique au gouvernement issu de la révolution de 1830, il vit éclater contre sa personne, en février 1831, une violente émeute, dans laquelle l’archevêché fut saccagé. Il ne s’empressa pas moins, lorsqu’en 1832 le choléra vint affliger Paris, d’offrir un asile aux malades dans son château de Conflans et de leur prodiguer ses soins : il créa, pour recueillir les enfants des victimes, l’établissement des Orphelins du choléra. On a de lui de nombreux Mandements, l’Oraison funèbre de Louis XVI et celle du duc de Berry. Il avait été admis en 1824 à l’Académie française.

QUELLIN (Érasme), le Vieux, peintre flamand, né à Anvers en 1607, m. en 1678, abandonna l’enseignement de la philosophie pour la peinture et se fit élève de Rubens. Il imita son maître avec indépendance et comme lui réussit à la fois dans l’histoire et le portrait. Ses principaux tableaux sont l’Ange gardien, à Anvers, la Naissance de Jésus, à Malines, le Repos en Égypte, à Gand. — Jean Q., le Jeune, son fils, 1629-1715, étudia aussi sous Rubens, puis alla en Italie, où il prit pour modèle Paul Véronèse. Il aimait à peindre les vastes monuments, les somptueux festins, les scènes compliquées, l’abondance des personnages. Sa Piscine de Bethsaïde, au musée d’Anvers, est sans doute la plus grande toile qui existe ; les Noces de Cana, dont il avait orné le réfectoire du monastère de Tougerloo, n’étaient pas moins colossales. Son chef-d’œuvre est Jésus-Christ guérissant les malades, à St-Michel d’Anvers.

QUÉLUS (Jacq. DE LÉVIS, comte de), un des mignons de Henri III, provoqua en duel Ch. d’Entragues, qui l’avait insulté, fut blessé mortellement, et expira dans les bras du roi, qui lui fit élever un mausolée avec cette épitaphe :

Non injuriam, sed mortem, patienter tulit.

QUÉLUZ, chât. royal du Portugal, à 12 k. N. O. de Lisbonne. Résidence ordinaire de la cour ; beau parc.

QUENTIN (S.), apôtre du Vermandois et de l’Amiénois, souffrit le martyre en 287. Il a donné son nom à la ville de St-Quentin, où ses reliques furent transportées en 825. On le fête le 31 oct.

QUÉRASOUE. V. cherasco.

QUERBEUF (l’abbé Yves de), jésuite, né à Landerneau en 1726, enseigna la rhétorique dans différents collèges, émigra en 1792, et mourut en Allemagne en 1799. Il a donné de nouvelles éditions des Lettres édifiantes et curieuses, écrites des missions étrangères, Paris, 1780-83, 26 v. in-12, et des Mémoires pour servir à l’histoire de Louis, Dauphin de France, du P. Griffet, 1777 ; a publié des Sermons du P. de Neuville, 1776, et a fait paraître 9 vol. d’une belle édition in-4 de Fénelon (1787-92), qui n’a pu être achevée. Il possédait une riche bibliothèque qui fut confisquée pendant l’émigration et transportée à la Bibliothèque nationale.

QUERCETANUS. V. duchesne.

QUERCY, Cadurcensis pagus, ancien pays de France, dans la Guyenne, était divisé en Ht-Quercy


(ch.-l. Cahors), et B.-Querey (ch.-l. Montauban). Il est compris dans les dép. du Lot et de Tarn-et-Garonne. Le Quercy fit partie de l’Aquitaine jusqu’au Xe s. ; les comtes de Toulouse s’en emparèrent alors ; après la croisade contre les Albigeois, dont ce pays eut beaucoup à souffrir, Louis IX le confisqua, 1228 ; mais ce même prince le céda à l’Angleterre par le traité d’Abbeville, 1259. Il fut repris par Philippe le Bel, rendu par le traité de Brétigny, 1360, et suivit depuis les destinées de la Guyenne.

QUERETARO, v. du Mexique, ch.-l. d’un État de même nom, à 80 kil. N. N. O. de Mexico ; 30 000 h. Collège, bibliothèque. C’est une des plus belles villes du Mexique : trois grandes places, aqueduc magnifique ; plusieurs couvents. Fabriques de drap, de cigares, de papier. — L’État de Q., entre ceux de San-Luis-de-Potosi au N., de la Puebla à l’E., de Mexico au S., de Mechoacan au S. O. et de Guanaxuato au N. O., compte env. 200 000 hab. Climat assez tempéré. Mines nombreuses et très-riches.

QUÉRIGUT, ch.-l. de c. (Ariège), à 58 k. S. E. de Foix, dans l’anc. Donnezan ; 660 hab. Anc. château.

QUÉRIMBES (îles), groupes d’îles de l’Afrique portugaise, dans le canal de Querimbé, par 10° 35′12° 30′ lat. S., font partie de la capitainerie générale de Mozambique et du district de Cabo-Delgado. Les principales sont Querimbé, Amice, Ibo, l’Ile-Longue.

QUERINI (Ange Marie), savant italien, né à Venise en 16S0, mort en 1759, se fit bénédictin en 1698, voyagea en Allemagne, en Hollande, en France, passa deux mois à l’abbaye de St-Germain des Prés, se lia avec les érudits de l’époque, devint archevêque de Corfou, évêque de Brescia, enfin cardinal. Clément XII le nomma en 1730 bibliothécaire du Vatican. Il a laissé, entre autres ouvrages : Primordia Corcyræ, Brescia, 1738, Vie de Paul II, 1740, a donné bon nombre d’éditions savantes, notamment celle de S.Éphrem, en grec, syriaque et latin, 1742, et a traduit en vers latins une partie de la Henriade ; mais il est moins connu par ses ouvrages que par les encouragements et les secours de toute espèce qu’il fournit aux gens de lettres. Il était correspondant de l’Académie des inscriptions.

QUERLON (Gabriel MEUSNIER de), né à Nantes en 1702, m. en 1780, coopéra à la rédaction du Mercure et de la Gazette de France, obtint en 1752 le privilège des Petites Affiches, et fit pendant vingt ans le succès de ce journal. Il travailla en outre au Journal étranger, au Journal encyclopédique, et laissa de nombreux ouvrages, entre autres des Mémoires pour servir à l’histoire de la guerre terminée par la paix à Aix-la-Chapelle, Paris, 1758. En outre, il rédigea la Continuation de l’histoire des Voyages (de l’abbé Prévost), et donna des éditions de Lucrèce, de Phèdre, etc.

QUESNAY (Fr.), économiste, né en 1694 à Merye près de Montfort-l’Amaury, m. en 1774, avait débuté comme chirurgien à Mantes. Après s’être fait connaître par quelques écrits sur son art, il vint en 1727 se fixer à Paris et y devint secrétaire perpétuel de l’Académie de chirurgie, chirurgien ordinaire du roi, professeur aux écoles de chirurgie. Il se fit recevoir médecin en 1744, à 50 ans, et fut nommé 1er médecin consultant du roi (Louis XV). Il prit une part très-active aux querelles entre la Faculté de médecine et le Collège de chirurgie. Élevé dans une ferme, Quesnay s’était occupé dès sa jeunesse d’agriculture, et fut toujours animé du besoin d’améliorer le sort des habitants des campagnes et de remettre l’agriculture en honneur. Il commença à exposer ses idées sur ce sujet dans des articles qu’il fournit à l’Encyclopédie (Grains, Fermiers, et autres du même genre), soutint la même cause dans les Journaux de physique et d’agriculture, dans les Éphémérides d’un citoyen, dans l’Ami des hommes, de Mirabeau le père, vit ses doctrines adoptées et pratiquées par une foule d’adeptes, devint ainsi le père de la science qu’on a nommée depuis économie politique et le chef d’une secte d’économistes qui ont été désignés sous le nom de Physiocrates et ainsi appelés parce qu’ils se proposaient de réformer la société d’après les lois de la Nature (en grec, physis). Il fut, avec Gournay, un des premiers et des plus ardents à réclamer la liberté du travail et du commerce, mais c’est à l’agriculture qu’il attachait le plus d’importance : il eut le tort de la regarder comme seule productive, ce qui le conduisit à faire porter sur la propriété territoriale tout le poids de l’impôt. Outre plusieurs ouvrages de médecine (Réfutation du traité de Silva sur la saignée, Préface des Mémoires de l’Académie de chirurgie, Essai physique sur l’économie animale), on a de lui le Tableau économique, 1758, suivi de Maximes où les principes de son système sont énoncés en axiomes. Un recueil d’écrits divers de Quesnay a été publié par Dupont (de Nemours) sous le titre de Physiocratie ou Constitution naturelle des gouvernements, 1768.

QUESNEL (le P. PASQUIER), controversiste, né à Paris en 1634, m. en 1719, se fit oratorien en 1657. Il dirigeait l’institution de l’Oratoire à Paris, quand son attachement au Jansénisme le réduisit à s’expatrier (1684). Il se réfugia à Bruxelles, où il reçut les derniers soupirs d’Arnauld, son ami ; mais il fut arrêté dans cette ville et incarcéré à Malines en 1696, et ne recouvra la liberté qu’en 1703. Il alla mourir à Amsterdam, où il avait fondé quelques églises jansénistes. On a de lui des Réflexions morales sur le Nouv. Testament, 1671-78, ouvrage dont les doctrines, approuvées d’abord par Mgr de Noailles, alors évêque de Châlons, furent condamnées quelques années après par ce même prélat, devenu archevêque de Paris. La publication de cet écrit ranima la querelle du jansénisme : il fut condamné par le pape Clément XI en 1708 et donna lieu à la fameuse constitution Unigenitus (1713), qui censurait 101 propositions extraites de ce livre. On a en outre de Quesnel : Tradition de l’Église romaine sur la prédestination des saints et la grâce efficace (Cologne, 1687, sous le pseudonyme de Germain) ; la Discipline de l’Église, Lyon, 1689 ; Hist. de la Vie et des ouvrages d’Arnauld, 1695 ; Causa Arnaldina, 1699 ; la Souveraineté des rois défendue, 1704, et une savante édition des Œuvres de S. Léon, Paris, 1675, 2 v. in-4.

QUESNOY (Le), Quercetum, ch.-l. de c. (Nord), à 30 k. N. O. d’Avesnes ; 3758 h. Ville forte, collège. Fabrique de sucre indigène, savon, miel, chanvre, lin, houille. — Fondée, suivant la tradition, par le chevalier Aymon, si célèbre par ses quatre fils, cette ville fut fortifiée en 1150 par Baudouin, comte de Flandre, prise par Louis XI aux Bourguignons en 1477, mais reprise par Maximilien. Turenne s’en empara en 1654 et le prince Eugène en 1712 ; Villars la reprit la même année ; elle tomba au pouvoir des Autrichiens en 1792, mais fut reconquise par les Français en 1794.

QUESNOY-SUR-DEULE, ch.-l. de c. (Nord), sur le canal de la Basse-Deule, à 10 kil. N. de Lille ; 4446 h. Fabriques d’huile, de sucre, de genièvre ; moulins à farine et à foulon, tanneries, brasseries.

QUESTEMBERT, ch.-l. de c. (Morbihan), à 24 kil. E. de Vannes ; 3940 h. Victoire d’Alain, duc de Bretagne, sur les Normands, 888.

QUESTEURS, Quæstores, magistrats romains chargés de recueillir les revenus publics et de faire les payements. Institués dès le temps de la royauté, ils furent originairement nommés par les rois, puis par les consuls de 509 à 307, et enfin élus par le peuple. Ils n’étaient d’abord que deux : à partir de 419 av. J.-C., il y en eut quatre, 2 Questeurs urbains et 2 Q. provinciaux. Le nombre de ces derniers s’augmenta à mesure que s’accrut le nombre des provinces : Sylla en fit élire 20 et César 40. — À l’armée, les questeurs étaient chargés de la caisse militaire, percevaient les contributions de guerre, emmagasinaient le butin. La questure était le premier pas dans la carrière des grandes dignités. On ne pouvait l’obtenir qu’à 27 ans. Sous l’Empire, elle perdit beaucoup de son caractère et de son importance : la perception, dans les provinces impériales, se faisait en partie par les procurateurs. — À partir de Constantin, on nomma Questeur du palais un grand dignitaire chargé dé rédiger les rescrits impériaux et d’élaborer les constitutions ou lois. C’était à peu près un ministre de la justice.

Auj. on donne dans certains corps le nom de questeurs aux membres chargés de l’emploi des fonds affectés au service de l’Assemblée. La Chambre des Députés, sous la Restauration, avait deux Questeurs, élus par l’assemblée : Le Corps législatifs actuel a aussi deux Questeurs, mais ils sont nommés par l’Empereur.

QUÉTIF (Jacq.), dominicain, né en 1618, m. en 1698, bibliothécaire des Dominicains de la rue St-Honoré à Paris, commença la Bibliotheca Scriptorum ordinis Minorum, Paris, 1719-21, 2 vol. in-fol. (achevée par Echard), donna des éditions de la Somme de S. Thomas, des Lettres de Savonarole, etc.

QUETTEHOU, ch.-l. de c. (Manche), près de la Manche, à 14 k. N. E. de Valognes ; 1598 h.

QUEVEDO Y VILLEGAS (Fr.), satirique espagnol, né à Madrid en 1580, mort en 1645, possédait 6 langues étrangères et avait cultivé les sciences aussi bien que les lettres. Forcé de quitter l’Espagne par suite d’un duel avec un grand seigneur, il suivit à Naples le duc d’Ossuna, nommé vice-roi ; il fut impliqué en 1618 dans la conspiration des Espagnols contre Venise et faillit périr avec ses complices, rentra en Espagne avec Ossuna, partagea sa disgrâce et resta trois ans en prison (1620-22) ; fut rappelé à la cour en 1622 avec le titre de secrétaire du roi, épousa vers 1634 une dame de haute naissance, n’en fut pas moins jeté de nouveau dans une dure prison, en 1641, comme auteur d’un libelle contre Olivarès, et y resta près de deux ans. Mordant, original, Quevedo se place près de Cervantes ; on lui reproche l’abus des sentences, le goût des antithèses et une grande inégalité de style. Il a beaucoup écrit ; ses principaux ouvrages sont : los Suenos (les Visions), 1627, satire piquante, où il passe en revue tous les abus et les vices de toutes les classes : Histoire et Vie de Tacanno Pablos de Buscon, où sont retracées les mœurs nationales. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Madrid en 1650, de 1791-94, et 1856-60. Ses Suenos ont été traduites par la Geneste, 1647 ; ses Satires par Raclotz, Bruxelles, 1698 ; son Historia del gran Tacanno, par Restif de La Bretonne en 1776, sous ce titre : le Fin Matois ou Histoire du Grand Taquin.

QUEYRAS, vge des Htes-Alpes, sur le Guil, près du mont Viso, à 22 kil. S. E. de Briançon ; 300 h. Place de guerre de 4e classe ; fort sur un roc escarpé.

QUIBDO, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de la prov. de Choco, sur le Choco ou Atrato.

QUIBERON, ch.-l. de cant. (Morbihan), dans la presqu’île de Quiberon (qui a 12 k. de long sur 2 de large et forme une belle baie défendue par le fort Penthièvre), à 42 kil. S. E. de Lorient ; 2086 hab. Les Anglais y tentèrent un débarquement en 1746, mais furent repoussés. Le 27 juin 1795, une troupe d’émigrés, commandés par d’Horvilly et Puisaye et protégés par les chaloupes canonnières des Anglais, y débarquèrent et s’emparèrent du fort Penthièvre ; mais, cernés dans la presqu’île, ils y furent anéantis par le général Hoche ; les prisonniers furent fusillés par ordre du Comité de Salut public. Les loyalistes imputèrent cet échec à la trahison de Puisaye. Sous la Restauration, un magnifique tombeau en marbre blanc fut élevé aux victimes de Quiberon dans la plaine même où ils avaient été exécutés.

QUIÉRASQUE, QUIERS. V. CHERASCO, CHIERI.

QUIERSY-SUR-OISE, Carisidcum, vge du dép. de l’Aisne, sur l’Oise, à 35 kil. O. de Laon ; 7£0 h. Château des seigneurs d’Héristal, où se tinrent plusieurs champs de mai et plusieurs conciles, et où mourut Charles Martel en 741. En 877, Charles le Chauve y rendit en faveur des possesseurs de fiefs un célèbre édit qui consacrait l’hérédité des bénéfices.

QUIÉTISTES (de quies, repos), mystiques qui, par une fausse spiritualité, font consister la perfection chrétienne dans le repos ou l’inaction complète de l’âme, se livrant exclusivement à une contemplation toute passive et négligeant tout autre soin. Chaque époque a eu ses Quiétistes. Les plus connus sont les Hésychastes au XIVe s. et les Molinosistes au XVIe s. Les Hésychastes (Quiescentes) étaient des moines grecs du mont Athos qui passaient les journées entières dans l’immobilité, contemplant leur nez ou leur nombril, et trouvant par l’effet de cette contemplation la lumière divine ; ils avaient pour chefs Siméon, prieur d’un de leurs couvents, et Grégoire Palamas, depuis évêque de Salonique. Combattus par Barlaam, ils furent alternativement condamnés et absous par divers synodes. — Les Quiétistes du XVIIe s. eurent pour chef le prêtre espagnol Molinos, qui fit paraître à Rome en 1675 la Guide spirituelle, livre ascétique dans lequel il enseignait des pratiques faciles pour élever l’âme à un état de contemplation et de quiétude où elle ne fait plus aucun usage de ses facultés, et demeure indifférente à la pratique des bonnes œuvres et à tout ce qui peut lui arriver, même à son salut. Molinos trouva de nombreux partisans en Italie et en France, entre autres la célèbre dame Guyon, qui écrivit en faveur du quiétisme de singuliers écrits : le Moyen court, les Torrents spirituels, etc. Fénelon lui-même parut approuver en partie cette doctrine dans son Explication des maximes des saints (1694). Les erreurs de Molinos furent condamnées par le pape Innocent XI en 1685 ; celles de Mme Guyon furent foudroyées par Bossuet en 1695 ; Fénelon lui-même, attaqué vivement par l’évêque de Meaux, vit censurer son livre par le pape (1699) ; il se soumit avec humilité. Nicole a écrit une Réfutation du Quiétisme ; Phélippeaux a donné une Relation du Quiétisme, 1732, fort hostile à Fénelon. On peut consulter sur cette querelle l’Hist. de Bossuet et celle de Fénelon par M. de Beausset.

QUIÉTUS (Fulvius), 2e fils de l’usurpateur Macrien, partagea le pouvoir avec lui (261). Pendant que son père était en Illyrie, il fut abandonné d’une partie de ses troupes, assiégé dans Émèse par Odénat, et tué par les habitants, à l’instigation de Baliste, qui prit la pourpre (262).

QUIÉVRAIN, bourg de Belgique (Hainaut), à 25 k. O. de Mons, sur la frontière de France ; 2500 h. Station. Houille, tabac. Pris le 9 avr. 1792 par les Franc.

QUILIMANCY, fleuve de l’Afrique orient. (Zanguebar), se jette dans l’Océan indien à Mélinde.

QUILIMANÉ, v. de la capitainerie générale portugaise de Mozambique, sur un bras du Zambèze, appelé aussi Quilimané, et près de son embouch. dans le canal de Mozambique ; 3000 h. Or, ivoire.

QUILLAN, ch.-l. de c (Aude), à 30 k. S. de Limoux ; 1978 h. Draps, scieries hydrauliques, forges.

QUILLEBŒUF, ch.-l.de cant. (Eure), sur la Seine, (r. g.), près de son embouch. dans la Manche, à 15 k. N. de Pont-Audemer ; 1449 h. Petit port. Bancs de sable mouvants qui y rendent la navigation périlleuse, et qui ont nécessité de grands travaux d’endiguement. Pêche active. Jadis ville forte et ch.-l. du pays de Roumois. Quillebœuf dut en partie son existence à Henri IV, qui le fit fortifier en 1592 et le nomma Henriqueville ; Louis XIII le démantela.

QUILLET (Claude), médecin et poète latin, né en 1602 à Chinon, mort en 1661, exerça d’abord son art dans sa ville natale. Se trouvant à Loudun pendant la procédure des Ursulines, il se rendit suspect à Laubardemont, s’enfuit à Rome, y prit les ordres et devint secrétaire du cardinal d’Estrées. Il ne revint à Paris qu’après la mort de Richelieu. Il est auteur d’un poème latin singulier et bien écrit, Callipœdia, seu de pulchræ prolis habendæ ratione, qui parut sous le pseudonyme de Calvidius Letus (anagramme de son nom), Leyde, 1655, trad. par Monthénault d’Egly, 1749, et mis en vers français par Lancelin de Laval, 1774, et par Camus Daras, 1832.

QUILOA, v. de l’Afrique orient., capit. de l’anc roy. de Quiloa, sur une île de la baie de Quiloa, par 37° 26′ long. E., 8° 41′ lat. S. ; 3000 hab. Très-florissante au XVIe s., fort déchue auj. — L’anc. roy. de Quiloa, sur la côte du Zanguebar, est borné au N. par celui de Zanzibar, au S. par la capitainerie générale de Mozambique. Occupé par les Portugais aux XVIIe et XVIIIe s., il dépend auj. de l’imam de Mascate.

QUIMPER ou QUIMPER-CORENTIN, ch.-l. du Finistère, à 53 kil. S. E. de Brest, à 549 kil. O. de Paris, au confluent de l’Odet et de la Steyr, à 17 k. de l’Océan ; 11 488 h. Évêché, suffragant de Tours ; trib. 1re inst. ; collège, bibliothèque, société d’agriculture. Port, chemin de fer ; cathédrale, dédiée à Notre-Dame et à S. Corentin : la 1re pierre en fut posée en 1424 ; les flèches du portail n’ont été achevées qu’en 1856 ; belles promenades. Importation de vins, fers, planches ; entrepôt de sel, blés, cire, miel, toile de lin et de chanvre ; chevaux, beurre, suif, sardines ; poissons secs et salés, pêche de sardines ; construction de navires marchands. Patrie de Fréron, Hardouin, Bougeant, etc. — Nommée d’abord Corisopitum civitas, puis Quimper, des deux mots celtiques Kim-ber, confluent, elle reçut le nom de Quimper-Corentin de S. Corentin, son premier évêque. Souvent assiégée par les Anglais ; Charles de Blois y exerça, en 1345, les plus affreuses cruautés. Après la mort de Henri III, Quimper prit parti pour le duc de Mercœur ; elle se soumit à Henri IV en 1595.

QUIMPERLÉ, jadis Quimper-Ellé, ch.-l. d’arr. (Finistère), au confluent de l’Isolle et de l’Ellé, à 44 k. E. S. E. de Quimper ; 6686 h. Port de commerce, chemin de fer. Trib., collège. Belle église Ste-Croix, avec crypte. Commerce de vins, sels, bois de construction, merrains, cidre, beurre, grains, sardines. — Ville jadis forte : prise sur les Anglais par Clisson (1373), sur Mercœur par Henri IV (1595).

QUINAULT (Philippe), poète dramatique, né en 1635 à Paris ou à Felletin, m. en 1688, était fils d’un boulanger. Protégé dans sa jeunesse par Tristan-l’Ermite, qui lui inspira le goût de la poésie, il donna dès l’âge de 18 ans une comédie, les Rivales, qui eut du succès. Voulant se faire un état, il travailla chez un avocat et devint lui-même avocat au parlement ; il acheta ensuite une charge d’auditeur en la chambre des comptes, puis de valet de chambre du roi. Il n’en cultivait pas moins les lettres, et donnait chaque année une nouvelle pièce, comédie ou tragédie. Celles qui eurent le plus de succès furent : l’Amant indiscret (1654), la Mère coquette (1665), comédies ; la Mort de Cyrus, Agrippa ou le Faux Tiberinus (1661), Astrate (1664), tragédies. Ce n’est qu’assez tard qu’il commença à s’exercer dans le genre lyrique, qui fait aujourd’hui toute sa réputation : il donna en 1672 son premier opéra, et depuis il ne cessa, pendant 14 ans, de produire des tragédies lyriques, dont plusieurs sont des chefs-d’œuvre ; Lulli les mettait en musique. Il renonça en 1686, par scrupule de religion, à travailler pour le théâtre. Il avait été reçu à l’Académie Française dès 1670. Louis XIV le décora du cordon de St-Michel et lui fit une pension de 2000 livres. Ses principaux opéras sont : Cadmus, 1672 ; Alceste, 1674 ; Thésée, 1675 ; Atys, 1676 ; Isis, 1677 ; Proserpine, 1680 ; Versée, 1682 ; Phaéton, 1683 ; Amadis, 1684 ; Roland, 1685, et Armide, 1686, son chef-d’œuvre ; tous sont en 5 actes. Il travailla aussi avec Molière et P. Corneille à Psyché, tragédie-ballet, dont il fit toute la partie chantée. Ses œuvres ont été imprimées avec sa vie à Paris, 1739 et 1778, 5 vol. in-12 ; ses Œuvres choisies ont été publiées en 1824 et 1842. Quinault peut être considéré comme le créateur de la tragédie lyrique, et il l’a tout d’un coup portée à la perfection. Ses vers sont remarquables par la douceur et l’harmonie, mais ils ne manquent au besoin ni de noblesse, ni d’énergie. Boileau l’a sévèrement jugé ; mais ses critiques s’adressent surtout à la 1re époque de Quinault, à celle où il n’avait pas encore trouvé sa voie.

QUINAULT, famille d'acteurs remarquables du Théâtre-Français : 1° Abraham Alexis, dit Quinault-Dufresne, m. en 1767, avait débuté en 1712 ; il rétablit le vrai goût de la déclamation, perdu depuis Baron, et servit longtemps de modèle à ses successeurs ; il est aussi fameux par son orgueil et son impertinence. — 2° J. B. Maurice Q., son frère aîné, fut un bon comique. Il était aussi musicien et fit la partition des Amours des déesses. — 3° Jeanne Marie Q., femme d'Abraham, morte en 1759, joua les premiers rôles tragiques et comiques ; elle excellait surtout dans celui de Didon. — 4° Jeanne Françoise Q., sœur d'Abraham, débuta en 1718 et réussit surtout dans les rôles de soubrette. Elle quitta le théâtre en 1741 et m. en 1783. A un rare talent comique elle joignait beaucoup d'esprit et de goût. Elle réunissait chez elle la société la plus distinguée et eut pour amis Duclos et d'Alembert.

QUINCTIUS CAPITOLINUS (T.), six fois consul à Rome, battit les Volsques en 468 av. J.-C., prit Antium, leur capitale, et y conduisit une colonie.

QUINCTIUS CINCINNATUS. V. CINCINNATUS.

QUINCY (Ch. SEVIN, marquis de), général d'artillerie, 1660-1728, se distingua surtout à Hochstædt, 1704, commanda l'artillerie de l'armée en 1707, et fut nommé après la paix d'Utrecht gouverneur de l'Auvergne. On lui doit une Histoire militaire du règne de Louis le Grand, 1726, 8 vol. in-4, avec caties et plans.

QUINDÉCEMVIRS, Quindecemviri sacris faciundis, collège de prêtres institués par Tarquin le Superbe pour garder les livres sibyllins, qu'ils avaient seuls le droit de consulter. Établis d'abord au nombre de 2, ils furent dans la suite portés à 10, et enfin à 15 sous Sylla. Ils étaient élus à vie et portaient la robe prétexte. Ce collège subsista jusqu'à Théodose.

QUINETTE (Nic. Marie), homme politique, né à Soissons en 1762, m. en 1821, était, en 1789, procureur ou notaire dans sa ville natale. Député de l'Artois à l'Assemblée Législative, puis à la Convention, il vota la mort du roi, fut un des 4 commissaires chargés de l'arrestation de Dumouriez qui furent livrés à l'Autriche par ce général et échangés contre Madame en 1795, devint en 1796 membre des Cinq-Cents, fut ministre de l'intérieur en 1799, puis préfet de la Somme, 1800, conseiller d’État et directeur général de la comptabilité des communes. Il adhéra en 1814 à la déchéance de Napoléon et fit partie du gouvernement provisoire en 1815, après les Cent jours. Banni par les Bourbons comme régicide, il se retira à Bruxelles, où il finit ses jours.

QUINGEY, ch.-l. de c. (Doubs), sur la Loue, à 22 k. S. O. de Besançon ; 1154 h. Forges, martinet, tréfileries. Ville forte au moyen âge. Patrie du pape Calixte II. Aux env., grottes curieuses d'Osselle.

QUINI-SEXTE (le), concile tenu à Constantinople en 692, est ainsi appelé parce qu'il suppléa par ses canons au 5° concile (quinus) et au 6° (sextus), qui n'en avaient point laissé. Il rejeta comme apocryphe les Constitutions apostoliques.

QUINONEZ (Franç. de), cardinal espagnol, né vers 1485 dans le roy. de Léon, m. en 1540, était fils d'un comte de Luna. Il entra chez les Cordeliers, devint général de l'ordre en 1522, puis évêque de Coria (1539) et de Palestine (1540). Il avait, en 1527, obtenu de Charles-Quint la délivrance du pape Clément VII que les Impériaux retenaient au château St-Ange. On a de lui un Breviarium romanum (Rome, 1535)qui, bien qu'approuvé des papes Clément VII, Paul III, Jules III et Paul IV, fut censuré par la Sorbonne et interdit par Pie V.

QUINQUAGÉSIME (c.-à-d. cinquantième, s.-ent. jour). On nomme ainsi le dimanche qui tombe 50 jours avant Pâques, et qu'on appelle vulgairement le Dimanche gras.

QUINQUARBOREUS. V. CINQ-ARBRES.

QUINQUATRIES, fêtes romaines en l'honneur de Minerve, se célébraient le 14e jour des calendes d'avril (19 mars), jour où l'on plaçait la naissance de la


déesse. Elles ne duraient, d'abord qu'un jour ; dans la suite on leur en consacra 5. Dans le 1er, tous les gens professant un état qui exige l’exercice de l’intelligence allaient adorer dans son temple la déesse de la sagesse ; les 3 jours suivant étaient consacrés à des combats de gladiateurs en l'honneur de Minerve en tant que déesse guerrière ; le 5e, à la purification des trompettes qui servaient dans les rites sacrés. C'était pour les écoliers un temps de vacances ; c'est alors qu'ils portaient le Minerval à leurs maîtres.

QUINTANA (don Manuel), poëte espagnol, né à Madrid en 1772, m. en 1857, se fit recevoir avocat, entra de bonne heure dans l'administration, fut agent fiscal de la junte du commerce, et unit la culfure des lettres au soin des affaires. Il se fit remarquer dès 1797 par des poésies lyriques, donna en 1801 une tragédie, le Comte de Viseu, en 1805 Pelage, sujet national, commença en 1807 les Vies des Espagnols célèbres, prit part en 1808 au mouvement national contre l'invasion française et publia des Odes à l'Espagne libre pour enflammer l'ardeur de ses compatriotes, fut attaché à la junte centrale comme secrétaire des affaires étrangères pour l'interprétation des langues et rédigea la plupart des proclamations des Cortès. Il n'en fut pas moins emprisonné en 1814 par Ferdinand VII, et ne recouvra la liberté qu'à la faveur de la révolution de 1820. Après le triomphe du pouvoir absolu (1823), il se retira dans l'Estramadure. En 1833, à la mort de Ferdinand VII, il fut replacé dans son ancien poste aux Affaires étrangères ; en 1836, il fut nommé directeur général des études, conseiller d'État, sénateur ; de 1840 à 1843, il fut gouverneur de la reine Isabelle. Il était depuis longtemps membre de l'Académie de Madrid ; il reçut en 1845 la couronne d'or de poëte lauréat. Quintana continua la tradition des grands poètes espagnols : il éleva le vol de la poésie populaire, et par ses vers, où respirait un enthousiasme vrai, il enflamma toutes les âmes. Outre ses œuvres originales, on lui doit un recueil estimé des poètes castillans (Tesoro del Parnasso). J. M. Maury a traduit quelques-unes de ses poésies dans l’Espagne poétique (1826) ; Laffon de St-Marc a trad. sa Vie du Cid (1843).

QUINTE-CURCE, Quintus Curtius Rufus, historien latin. On ne sait rien de sa vie ; on présume qu'il vécut au Ier siècle de notre ère parce qu'on trouve un écrivain de ce nom parmi les rhéteurs sur lesquels Suétone avait écrit des notices. Tacite et Pline citent un Curtius qui fut consul, puis gouverneur d'Afrique ; mais rien n'autorise à voir notre historien dans ce personnage. Quelques-uns le font vivre sous Constantin ou même sous Théodose. Quinte-Curce nous a laissé une Histoire d’Alexandre en dix livres ; les deux premiers sont perdus, ainsi qu'une partie du Ve, du VIe et du Xe. Plusieurs savants ont tâché de combler ces lacunes ; les Suppléments les plus estimés sont ceux de Freinshemius. L'ouvrage de Quinte-Curce est universellement admiré sous le rapport du style, et il a mérité de devenir classique ; mais c'est un roman plutôt qu'une histoire : il offre de graves erreurs en géographie et en chronologie, aussi bien qu'en politique et en stratégie. On a de ce livre une foule d'éditions, entre autres l'édition princeps, Rome, 1470 ; celles de Bâle, 1607, avec notes d'Érasme ; de Venise, 1537, avec suppl. de Quinzano ; de Bâle, 1545, avec suppl. de Brunon ; de Strasbourg, 1648, avec suppl. de Freinshemius ; d'Amsterdam, 1673, cum notis Variorum due à Schrevilius ; de Paris, 1678, ad usum Delphini ; de Leipsick, 1688, avec supplément de Cellarius ; de Dresde, 1700, avec supplément de Junker ; de Delft, l724,due à H. Skanenburg ; de Gœttingue, 1804, due à Schmieder ; de Leipsick, 1818, due a Coker ; de Berlin, par J. Mutzell, 1840 et 41 ; de Brunswick, par Zumpt, 1849. M. Croiset en a donné en 1855 une bonne édition avec notes. Parmi les traductions, on connaît celle de Vaugelas, 1646, plus remarquable par l'élégance que par la fidélité ; de l'abbé Miguot, 1681 ; de Beauzée 1781; de Trognon, 1828, dans la collection Panckoucke, et celle de la collection Nisard.

QUINTIANUS STOA. V. QUINZANO.

QUINTILIEN, M. Fabius Quinctilianus, célèbre rhéteur latin, né vers l'an 42 de J.-C, à Calagurris en Espagne, ou, selon quelques-uns, à Rome même, était fils d'un avocat. Il étudia dans sa jeunesse a Rome, suivit en Espagne vers l'an 61 Galba, qui y était envoyé comme proconsul, revint à Rome vers 68, s'y partagea entre le barreau et l'enseignement, et obtint un succès égal dans ces deux carrières, comme l'attestent ces vers de Martial :

Quinctiliane, vagæ moderator summe juveniæ,

Gloria Romanæ, Quinctiliane, togæ.

Il tint pendant vingt ans une école qui attira un grand nombre d'auditeurs, reçut un traitement public, compta Pline le Jeune parmi ses élèves, et fut chargé par Domitien de l'éducation de ses petits-neveux. On croit qu'il fut élevé au consulat. Il mourut sous Adrien, vers 120. Quintilien a laissé un traité en douze livres : De institutione oratoria, ou De l’Éducation de l'orateur, qui est l'ouvrage le plus complet et le plus estimé que l'antiquité nous ait légué en ce genre ; l'auteur prend son élève au berceau et le conduit jusqu'au terme de la carrière. Ses jugements littéraires sont regardés comme les oracles du goût; son style, d'une élégance continue, est classique : on lui reproche cependant de la froideur et quelque affectation. On a encore sous le nom de Quintilien des Déclamations, qui paraissent être l'œuvre de ses élèves plutôt que la sienne propre. On lui attribue, avec assez de vraisemblance, le dialogue De causis corruptæ eloquentiæ, que d'autres donnent à Tacite. L’Institutio oratoria ne nous a été conservée complète que par un seul manuscrit qui fut trouvé en 1419 par le Pogge à l'abbaye de St-Gall en Suisse. Quintilien a été fréquemment imprimé, notamment à Rome, 1470, édition princeps; à Venise, Alde, 1514; à Paris, 1580, par Patisson, avec notes de Pithou; à Leyde, 1665, par Schrevelius et J. Fr. Gronovius, cum notis Variorum, et 1720, par Burmann, avec les Annales Quinctilianei de Dodwell; à Paris, par Capperonier, 1725; à Gœttingue, 1738, par J. M. Gesner; à Leipsick, 1798-1834, par Spalding; à Paris, 1821-25, 7 vol. in-8, dans la collection de Lemaire, édition publiée (sous le nom de Dussault) par MM. Defrenne et Bouillet, avec des variantes tirées des manuscrits. Rollin a donné une bonne édition abrégée du texte latin de l’Institution oratoire, en 2 vol., 1715. Quintilien a été traduit en français par l'abbé De Pure, 1663; par Gédoyn, 1718; par Ouizille, dans la collection Panckoucke, 1829-1833, par L. Baudet, dans la collect. Nisard, enfin par M. Charpentier, 1863.

QUINTILIUS, nom d'une famille romaine, dont la branche la plus connue est celle des VARUS.

QUINTILLUS (M. Aurelius Claudius), frère de Claude le Gothique, commandait un corps de troupes à Aquilée quand son frère mourut : il se fit aussitôt proclamer auguste par sa petite armée (270), mais il fut abandonné dès qu'on apprit l'élection d'Aurélien. Il se fit ouvrir les veines dans un bain, après un règne de 17 jours.

QUINTIN, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), sur le Gouet, à 20 kil. S. O. de St-Brieuc; 3710 hab. Toiles fines, chapellerie, cuirs, cire, miel, etc. Sources minérales. — Jadis baronnie, érigée en duché en 1691 en faveur du maréchal de Lorges.

QUINTIUS. V. QUINCTIUS.

QUINTUS DE SMYRNE, poëte grec, que les uns font vivre au 1er s. de notre ère, les autres, avec plus de vraisemblance, au IVe ou au Ve s., est dit de Smyrne, parce qu'il était né, comme il nous l'apprend lui-même, dans le voisinage de cette ville; on l'appelle aussi, mais improprement, Quintus Calaber, parce que son œuvre fut découverte en Calabre. Nous avons sous son nom un poème en 14 livres qui fait suite à l’Iliade, et qu'on intitule ordinairement Homeri Paralipomena (ou Supplément d’Homère) : c'est le récit de la guerre de Troie depuis la mort d'Hector jusqu'à la ruine de la ville et le départ des Grecs. Sans égaler l’Iliade, qu'il imite assez heureusement, ce poëme a un mérite réel : il se distingue par la pureté, le bon goût, l'absence d'enflure. On pense qu'il contient des fragments d'anciens poëtes cycliques; il offre dans quelques parties de singulières analogies avec l’Énéide. Le manuscrit en a été découvert au XVe s. par Bessarion dans un couvent d'Otrante en Calabre. Les meilleures éditions sont celles de Corn. de Pauw, Leyde, 1734, avec une version latine de Rhodomann; de Tychsen, 1807, dans la collection des Deux-Ponts ; de Lehrs, dans la collection Didot, 1840; de Kœchly, Leips., 1850. Tourlet en adonné une traduction, malheureusement peu fidèle, 1800.

QUINZANO (J. Fr. CONTI, dit), en latin Quintianus Stoa, poëte latin moderne, né en 1484 à Quinzano près de Brescia, m. en 1557, enseigna d'abord la jurisprudence à Padoue, fut appelé en France pour être le précepteur du jeune duc d'Angoulême (depuis François I), retourna en Italie pour y professer les belles-lettres à Padoue, puis à Pavie et fut couronné comme poète des mains de Louis XII à Milan. Ses Poésies sont très-nombreuses et très-variées. On lui doit aussi, entre autres ouvrages, des Suppléments à Quinte-Curce, Venise, 1537. Ses contemporains lui avaient donné le nom grec de Stoa (Portique des Muses), à cause de sa facilité à versifier.

QUINZE-VINGTS, hôpital fondé à Paris en 1254, par S. Louis pour 300 (15 fois 20) gentilshommes à qui les Sarrasins avaient crevé les yeux et que le roi avait ramenés de la Terre-Sainte avec lui. Postérieurement on y admit toutes sortes d'aveugles. Cet hôpital avait été originairement bâti entre le Louvre et le Palais-Royal, à l'endroit où étaient naguère les rues St-Nicaise, de Rohan, et de Valois; Louis XVI le transféra en 1780 dans l'anc. hôtel des Mousquetaires noirs, rue de Charenton, où il est encore. La communauté des Quinze-Vingts fut placée en 1412 sous la juridiction du grand aumônier de France ; elle fut supprimée en 1793. L'administration de l'hôpital fut alors donnée au département de la Seine ; elle fut attribuée au ministre de l'intérieur par le Directoire, fut rendue à la grande aumônerie sous la Restauration, et revint en 1830 au ministère de l'intérieur. L'abbé Prompsault a publié l’Hist. des Quinze-Vingts, 1864.

QUIPOS, instruments dont les anc. Péruviens se servaient en guise d'écriture. V. QUIPOS dans notre Dictionnaire des Sciences.

QUIQUENGROGNE, hameau du dép. de l'Aisne, à 15 kil. N. E. de Vervins. Verrerie célèbre, datant de 1290, et produisant annuellement 2 millions de bouteilles. — Une des tours de St-Malo. V. ST-MALO.

QUIRINAL (mont), Quirinalis mons, une des sept collines de Rome, à l'extrémité N. O. de la ville, entre la colline Hortulane au N. et le mont Viminal au S., s'appelait d'abord mons Agonius ou Collinus, et reçut le nom de Quirinal de ce que Tatius était venu s'y fixer avec ses Quirites. C'est sur ce mont qu'est le palais du pape appelé le Quirinal.

QUIRINUS, dieu sabin, analogue à Mars, était représenté sous la forme d'une pique ou d'une lance (queir en sabin). On identifia Romulus à Quirinus, et l'on dit que Romulus avait été changé en ce dieu, lors du violent orage pendant lequel il disparut. — Quirinus était aussi un surnom de Mars et de Janus.

QUIRITES, nom porté d'abord par les Sabins, puis étendu aux Romains eux-mêmes après la fusion des deux peuples. On le dérive de Cures, capitale des Sabins, ou de queir, quiris, qui signifiait lance en sabin. Les Romains ne portaient le nom de Quirites qu'à la ville, et jamais quand ils étaient sous les armes : les généraux ne l'employaient en s’adressant aux soldats que quand ils voulaient les licencier.

QUIROGA (Jos.), missionnaire espagnol, né en 1707 à Lugo, m. en 1784, avait exécuté quelques voyages sur mer lorsqu'il se fit jésuite et missionnaire. En même temps qu'il prêchait l'Évangile en Amérique, il visita, par ordre du roi d'Espagne, les terres magellaniques, afin de déterminer les points propres à l'établissement de ports de commerce. A son retour, il alla exposer à Rome l'état des missions du Paraguay. Il a laissé manuscrites des observations sur lesquelles a été rédigé le Journal de son voyage (imprimé avec l’Hist. du Paraguay de Charlevoyx).

QUIROGA (Ant.), général espagnol, né en 1784 à Betanços en Galice, m. en 1841, fut traduit devant un conseil de guerre comme complice de Porlier, mais fut acquitté; trempa néanmoins dans le complot de l'Abisbal et l'insurrection de l'île de Léon (1820), et fut nommé par les insurgés capitaine général de la Galice. Après avoir en vain défendu la Corogne contre les Français en 1823, il se réfugia en Angleterre. De retour en Espagne après la mort de Ferdinand, il fut d'abord accueilli avec enthousiasme; mais bientôt sa modération déplut aux exaltés, et il fut obligé de se retirer en Galice, où il mourut oublié.

QUIROS (P. Fernandez de), navigateur espagnol, fut de la 2e entreprise de Mendana en qualité de pilote (1595), le remplaça à sa mort, guida les restes de l'escadre à Manille, au Mexique, au Pérou ; puis, ayant obtenu de Philippe III deux vaisseaux, se mit à la recherche d'un continent austral dont il soupçonnait l'existence. Il découvrit plusieurs des îles et archipels de la Polynésie, entre autres les Nouv.-Hébrides, qu'il appela Terre du St-Esprit et auxquelles on donne quelquefois son nom, mais il fit une vaine tentative près de Philippe III pour obtenir des moyens de former un établissement dans cette Terre. Il m. en 1614 à Panama, en se rendant à Lima pour commencer un autre voyage. Son Mémoire à Philippe III fut publié en latin sous le titre de Narratio de terra australi incognita, Amst., 1613, et mis en franç, sous celui de Copie de la requête présentée au roi d’Espagne par le capitaine P. Ferd. de Quiros, sur la 5e partie du monde (Terre australe).

QUISSAC, ch.-l. de c. (Gard), sur la Vidourle, à 43 kil. S. E. de Vigan; 1558 hab. Bonneterie.

QUITA (Dominique DOS REIS), poëte portugais, né en 1728, m. en 1770, passa son enfance dans la misère, fut barbier, apprit à lui seul le français, l'italien, l'espagnol, se fit connaître de bonne heure par des poésies pleines de talent, et finit par trouver un appui dans le comte de San-Lorenzo; mais il perdit tout ce qu'il possédait au tremblement de 1755, se vit en outre desservi par des envieux, et n'eut plus de ressource que dans la généreuse hospitalité d'une amie, Thérèse Alvieu, femme d'un médecin, Ses Œuvres consistent en 5 tragédies (la meilleure est Inès de Castro), en sonnets, élégies, pastorales, idylles, que l'on regarde comme les modèles du genre.

QUITO, v. de l'Amérique du Sud, capit. de l'Équateur et ch.-l. de la prov. de Pichincha, par 0° 13' lat. S., 81° 5' long. O., près du Pichincha, à 2908m au-dessus de la mer ; 70 000 hab. Évêché, cour supérieure de justice, université, école normale, collège, séminaire, bibliothèque. Ville mal bâtie : rues tortueuses et à peine pavées; belle plaza mayor; palais du président, de l'évêque; cathédrale et plusieurs belles églises; nombreux couvents, grand hôpital. Manufactures d'étoffes de coton et de laine, fil, dentelle, etc. Aux environs se voient les volcans de Pichincha, de Cotopaxi, de Cayambé et d'Antisana. — Quito, l'une des villes les plus importantes de l'anc. empire du Pérou, fut conquise par Pizarre en 1533, et resta longtemps comprise dans le Pérou : elle en fut détachée en 1718 pour faire partie de la Nouv.-Grenade. Entrée en 1819 dans la confédération de la Colombie, elle devint en 1831 la capit. de l'Équateur. Elle a été plusieurs fois désolée par des tremblements de terre, notamment en 1755, 1797 et 1859.

QVALOE, île norvégienne. V. QUALOE.



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