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Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Crevé

La bibliothèque libre.
chez J.F. Bassompierre (p. 32).
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Crevé crever, v. a. On dit crever un cheval, pour dire le fatiguer ſi fort qu’il en meure ou qu’il en ſoit outré.

On dit auſſi ſe crever de travail, pour dire, travailler avec excès, s’outrer de travail.

On dit, fam. Qu’une choſe creve les yeux, quand elle eſt en vue & que néanmoins on ne la voit pas, vous cherchez votre gant : le voilà, il vous creve les yeux.

On dit qu’une choſe creve le cœur, pour dire qu’elle cauſe une grande compaſſion mêlée quelquefois d’horreur. On dit, prov. dans le même ſens, crever le cœur à quelqu’un. J’étois fort en colere contre lui, mais il me creva le cœur par les excuſes qu’il me fit.

Crever ſignifie auſſi, fig & fam. ſouler. Je ne ſaurois plus manger, voulez-vous me crever ? Il eſt auſſi réc. Se crever de boire & de manger ou abſolument ſe crever ; boire & manger avec excès.

On dit d’un gros homme, d’une groſſe femme, que c’eſt un gros crevé, une groſſe crevée, il ſe dit par mépris, & dans ces phraſes il eſt ſubſtantif.