Dieu sauve la république

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Muse populaire. Chants et Poésies
(p. 142-144).

DIEU SAUVE LA RÉPUBLIQUE


1849


 
La République dure encor
Malgré nos fautes et nos crimes,
Comme un reflet de pourpre et d’or
Son nom rayonne sur nos cimes ;
L’espoir n’est point anéanti
Tant que la raison souveraine.
Dominant sur chaque parti,
Dans les cœurs étouffe la haine.

Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !

Républicains, nous dominons
Par l’idée et par cette crainte
Que les tyrans ont des canons
Tonnants dans une guerre sainte.
Royalistes, que serions-nous ?
L’objet d’une immense risée :
Un roi nous mettrait aux genoux
De l’Europe coalisée.

Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique

Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !

Républicains, les nations
Ont mis en nous leur confiance,
Et, royalistes, nous serions
Geôliers de la Sainte-Alliance ;
Quand un peuple est prédestiné
Pour la défense d’une cause,
S’il y manque, il est condamné,
Et l’humanité le dépose.

Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !

Par ses rades et par ses ports,
Qui débouchent sur l’Atlantique,
La France échange les trésors
Et l’idée avec l’Amérique ;
Paquebots et chemins de fer,
Passez le vent, coupez la brise :
La République tient la mer,
La terre sera bientôt prise.

Drapeaux, au vent ; tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !

Que font aux éternelles lois
De la nature et de l’espace
Les vieilles colères des rois !
C’est un dernier boulet qui passe ;
Las des sacrifices humains,
Pour ne plus échanger des balles,

Les peuples vont porter leurs mains
Sur les couronnes féodales.

Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !

Les Cosaques et les pandours
Ont, comme nous, d’humaines fibres :
Des Romanofs et des Hapsbourgs,
Un jour ou l’autre ils seront libres ;
La République régnera
Sur tous les peuples, et la terre
Dans la paix se reposera
De cinq ou six mille ans de guerre.

Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !