Discours de la servitude volontaire/Édition 1922/Notes

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Texte établi par Paul BonnefonBossard (p. 205-210).

NOTES

Page 49. — (¹) C’est le titre que La Boétie lui-même avait donné. Ce témoignage est confirmé dans les Essais : « C’est un discours auquel il donne nom : De la servitude volontaire ; mais ceux qui l’ont ignoré l’ont bien proprement depuis rebaptisé : Le Contr’un. » (Essais, t. I, ch. 28.)

Page 49. — (²) À ce propos, Feugère a rappelé des passages d’Hérodote, de Polybe et de Plutarque. On y peut joindre d’autres noms, Xénophon et Tacite notamment. (L. Delornelle, L’inspiration antique dans le « Discours de la Servitude volontaire », Revue d’histoire littéraire de la France, t. XVII (17e année), p. 34-72.

Page 51. — (¹) C’est ici que commence le long fragment de La Boétie qui a été publié, pour la première fois, dans le second dialogue du Réveille-matin des François en 1574 et qui donne le premier texte connu de La Servitude volontaire, accommodée aux besoins du moment.

Page 53. — (¹) On a mis plusieurs noms sous le personnage du tyran, et on a voulu y voir un portrait. Il est vraisemblable d’y reconnaître une figure symbolique, qui rassemble et qui groupe les éléments historiques d’un personnage à la fois précis et indéterminé. « Ainsi, dit M. Delornelle (loco citato), tous les traits de cette figure anonyme se retrouvent dans l’image que l’histoire nous a laissée de Néron. Plusieurs mêmes ne s’appliquent à personne mieux qu’à l’empereur romain. C’est de lui, nous pouvons maintenant l’affirmer, que La Boétie s’est souvenu dans cette page pour incarner le type du tyran. »

Page 54. — (¹) Guerdon, récompense : entreténement, nous dirions maintenant entretien, loyer : récompense.

Page 54. — (²) Se rebouche, s’émousse.

Page 55. — (¹) Mâtine, maltraite. Montaigne parle « de se laisser mâtiner contre l’honneur de son rang ». (Essais, III, 3.)

Page 57. — (¹) Est à dire, leur manque, lui fait défaut. Il est aisé de dire comment La Boétie en est venu à l’idée que la liberté fait partie des droits naturels, imprescriptibles de l’humanité : c’est par Cicéron qu’il connaît sa doctrine, et par ses traités philosophiques.

Page 64. — (¹) Ces vers ne se trouvent pas dans les vers déjà connus de La Boétie et ceci confirmerait ce que l’auteur vient d’en dire.

Page 64. — (²) Guillaume de Lur de Longa, conseiller-lay au Parlement de Bordeaux depuis 1528. C’était un fervent ami des lettres. Il fut reçu le 24 mars 1524, se démit de ses fonctions le 20 janvier 1553, en faveur de La Boétie lui-même, et garda ses entrées au Parlement, malgré la cession de son office, sans toutefois y « avoir opinion ». Il mourut en 1557.

Page 65. — (¹) On pourrait croire que cette énumération du tyran provient de la Politique d’Aristote. Il n’en est rien et ce passage résume d’autres faits historiques connus alors de La Boétie.

Page 70. — (¹) C’est sans doute ce passage qui a donné lieu à Montaigne de croire que La Boétie « eût mieux aimé être né à Venise qu’à Sarlat ». (Essais, l. I, ch. 27.)

Page 74. — (¹) Se gorgiasent sous la barde, c’est-à-dire se pavanent sous l’armure.

Page 78. — (¹) Ce n’est pas dans le traité Des Maladies, mentionné par La Boétie, mais bien dans celui Des airs, des eaux et des lieux, que La Boétie aurait dû alléguer Hippocrate.

Page 83. — (¹) Autour de cette idée principale : que le peuple est lâche et crédule, viennent s’énumérer et se grouper un assez grand nombre d’exemples historiques d’origine diverse : allusion à l’opuscule de Hiéron sur le tyran ; comment on abêtit les Lygiens, et comment les rois d’Assyrie et d’Égypte abusent le peuple. À noter cependant une allusion aux événements contemporains, qui prouve le loyalisme de l’auteur, par le souci de ménager le sang et les forces des Français.

Page 87. — (¹) On ne reconnaîtrait guère, sous cette traduction peu poétique, les beaux vers de Virgile, Énéide, ch. vi, v. 385 et suiv.

Page 88. — (¹) Les quatre premiers chants de La Franciade, — les seuls qui parurent, — furent publiés seulement en 1572, quelques jours après la Saint-Barthélémy. Mais Ronsard avait conçu le projet de ce poème épique plus de vingt ans auparavant. Il en avait longuement entretenu ses amis et ses protecteurs. Le prologue de La Franciade fut lu devant Henri II par Lancelot de Carie, le jour des Rois de 1550 ou 1551, si l’on en croit Olivier de Magny, qui assistait lui-même à cette audition.

Page 88. — (²) La Boétie fait allusion ici aux Panathénées, fêtes religieuses instituées, dit-on, par Erichlorius, roi d’Athènes (1573-1556 avant Jésus-Christ). On sait que, pendant ces fêtes, avaient lieu des processions de canéphores, c’est-à-dire de jeunes filles, portant sur leur tête des corbeilles enguirlandées.

Page 89. — (¹) Serait-ce ce passage qui pourrait expliquer le Discours de la servitude volontaire ? « Vous aviez le livre de la Servitude volontaire fait par La Boétie, conseiller au parlement de Bordeaux, irrité de ce que, voulant voir la salle de bal, un archer de la garde, qui le sentit à l’écolier, lui laissa tomber sa hallebarde sur le pied ; de quoi cestui-ci, criant justice par le Louvre, n’eut que risée des grands qui l’entendirent. » (Agrippa d’Aubigné, Histoire universelle, édition de Ruble, 1890, t. IV (1573-1575, p. 189.) En ce cas, cet incident, que d’Aubigné place sous la date de 1573, aurait été antérieur à la date véritable qu’il aurait dû avoir.

Page 92. — (¹) Ils nacquetent, ils servent. Le nacquet était, proprement, le valet qui servait les joueurs, au jeu de paume.

Page 98. — (¹) La Boétie interprète ici les souvenirs antiques dont son esprit était plein et qui se transforment sous sa plume.

Page 100. — (¹) Le poète toscan, Pétrarque, sonnet 17.

Page 101. — (¹) On ne saurait mettre en doute la parfaite authenticité du texte même de La Boétie, d’abord parce que nous en avons deux copies complètes et contemporaines, et aussi parce que nous en possédons une analyse, par Jean-Jacques de Mesme, complète également et qui suit pas à pas le texte de La Boétie.

Page 102. — (¹) On a déjà fait remarquer que cette conclusion s’adapte mal à l’ensemble du Discours. « Notre étonnement sera moindre, dit M. Delornelle (loco citato), si, à côté de la Servitude volontaire, nous ouvrons, à la dernière page aussi, de l’Économique de Xénophon, que La Boétie avait traduit aussi. On remarque aisément que La Boétie dépasse la portée de cet ouvrage d’économie rurale. « L’exemple de Xénophon lui aura fermé les yeux sur ce que cette conclusion avait de brusque et d’inattendu. »


Mémoire touchant l’Édit de Janvier 1562.

Page 106. — (¹) Ouvre, travaille, opère.

Page 108. — (¹) Le copiste, inintelligent ou inattentif, a perdu ici le sens de l’auteur, et a essayé de le ressaisir en se corrigeant. Nous avons tenté de le redifier, sans prétendre l’expliquer absolument.

Page 119. — (¹) En 1548, Charles-Quint avait présenté à la diète d’Augsbourg une sorte de concordat, désigné depuis sous le nom d’Intérim d’Augsbourg, par lequel l’Empereur concédait aux protestants la communion sous les deux espèces et le mariage des prêtres, jusqu’à ce que l’Église eût pris une décision à cet égard, par la voie d’un concile général.

Page 120. — (¹) Dans la Servitude volontaire, La Boétie a pris soin également de vanter la bonté des rois de France et la soumission de leurs sujets. (Œuvres, éd. P. Bonnefon, p. 43.)

Page 120. — (²) Ce tableau énergique doit être rapproché du langage que La Boétie mourant tint à Thomas de Montaigne, sieur de Beauregard,