Discours philosophique et politique sur l’emprisonnement pour dettes/Avertissement du traducteur

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Traduction par Anonyme.
(p. 1-3).
AVERTISSEMENT


DU TRADUCTEUR.


ON a traduit ce petit ouvrage, parce qu’on a cru y voir des idées neuves sur une matiere intéressante, qu’il peut être utile d’agiter au tribunal du public. Quoiqu’on foit de l’avis de l’auteur sur le fond même de la question, on ne prétend pas approuver sans restriction tous les principes sur lesquels il se fonde pour proscrire l’emprisonnement pour dettes. Il y en a quelques-uns qui paroissent hasardés, ou avoir besoin d’explications. Tel est particuliérement ce qu’il avance du droit naturel que tout homme a, selon lui, à sa subsistance nécessaire : maxime qui peut mener trop loin, & qui semble pouvoir donner atteinte à l’ordre civil, en blessant le droit de propriété dans les autres citoyens, sous prétexte de le conserver dans la personne du débiteur. On peut faire quelques autres difficultés fondées contre la doctrine de l’auteur Italien, & nous souhaitons qu’on les lui fasse. Cette discussion ne peut être qu’utile, & c’est principalement dans la vue de la faire naître qu’on donne cet essai au public. On peut le joindre au traité de i delitti e delle pene ; qui paroît fait dans le même esprit, & qui a été universellement accueilli. On ignore le nom de l’auteur de celui-ci ; mais on ne peut s’empêcher d’y reconnoître, comme dans le traité des délits & des peines, des vues profondes & l’amour de l’humanité.