Discussion:L’Autel (Pert)

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Édition[modifier]

 Titre et éditions
1907 : L’Autel   Gallica en feuilleton dans Le Journal, mars 1907
1907 :
 
L’Autel  Texte incomplet   Société d’éditions littéraires et artistiques, librairie Paul Ollendorff, 1907.

Critiques[modifier]

  • 21 juin 1907 Figaro journal non politique [1]

Mme Camille Pert, qui publia naguère ces Florifères qui firent tant de tapage, reste hantée par la question qui la préoccupait déjà dans ce roman celle « de la limitation de la progéniture dans les familles » Je me hâte de m’approprier cette formule qui exprime en termes suffisamment clairs, et sans qu’il soit besoin de recourir au latin le sujet de l’Autel, le roman que Mme Camille Pert publie cette semaine chez Ollendorf. Les intentions de l’auteur sont certainement louables et saines, son indignation est de bon aloi contre la « vénalité et l’inconscience téméraire du chirurgien et contre l’égoïsme de l’époux », et nous devons nous y associer de grand cœur. Mais, tout de même, je crois que Mme Camille Pert, dans son légitime désir de dénoncer un danger social, s’est laissé entraîner un peu loin il y a quelque chose de vraiment outrancier dans l’aventure de l’auteur dramatique Castély, dont chaque étape sur le chemin de la gloire et de la fortune est marquée par un crime de cette nature spéciale ; sa femme, la frêle Suzanne, en est la première victime, puis c’est tour à tour la comédienne Madeleine Jaubert qui en meurt, et la petite Cécile qui se suicide au moment où elle constate avec terreur l’irréparable. En vérité, cet auteur dramatique est une nature d’une richesse quelque peu paradoxale, et ses amies jouent de malheur ; son égoïsme inconscient et féroce lui réussit d’ailleurs supérieurement ; il est, au dénouement du livre, un auteur dramatique riche, envié, célèbre. Il y a dans tout cela bien de l’exagération et du parti pris, mais le roman, pour irritante que soit sa thèse, n’en est pas moins habilement conduit, vivant et intéressant au suprême degré, avec ses très amusants tableaux de mœurs littéraires et théâtrales.

  • 1er Aout 1907 Mercure de France [2]

L'Autel, par Camille Pert. Mme Camille Pert a beaucoup de talent. Elle en a trop parce que semblable à ces très bons avocats qui ont une égale facilité à plaider le faux et le vrai, on devine que si la fantaisie lui avait pris de placer son autel sous le rayonnement d'autres feux, elle aurait eu également raison. Elle a le verbe parisien, souple un brin rosse et elle vous parle d'une morale moderne absolument comme si elle y croyait. Son sujet est des plus scabreux. Seul M. Brieux a qualité pour faire d'un roman une table de clinique ; il est très ennuyeux lui, au moins, tandis que Mme Camille Pert a le mot drôle et sait chiffonner. Mais est-ce qu'elle est certaine de ce qu'elle avance en sombre épigraphe « Le sein de la femme est un autel que profane l'égoïsme de l'époux et de l'amant, que ravage l'inconscience ou la vénalité du chirurgien. » Je pensais que l'égoïsme de l'homme justement consistait à fabriquer des enfants sans s'en douter pendant que l'autre, la femme, s'en doute trop. La différence qu'il pourra y avoir entre un monsieur et un animal, ce serait précisément, pour le Monsieur, de ne pas imposer le devoir de la procréation. Quant au chirurgien, quelle est la dinde aujourd'hui qui, sous le spécieux prétexte de l'appendicite, ne s'offre pas sa tête… ou celle de son mari et du plein consentement de ce nouveau ménage à trois ? Et puis cet écrivain, Castély, a une ambition démesurée de s'imaginer être le père de trois gosses, comme ça, coup sur coup. Jamais un homme n'obtient trois enfants à lui tout seul et dans trois ménages, à Paris… et dans des ménages d'artistes! Le malheur, c'est que les petites Parisiennes ont l'idée de courir chez les chirurgiens pour le moindre bobo et tout naturellement elles en crèvent. Les uns les tuent, les autres dévoilent leurs intimités, alors qu'il serait si simple pour elles de se ficher du haut de leur cinquième étage, ce qui supprimerait à la fois la petite dinde et son poussin. Il y aurait une belle scène à faire devant le mari ou l'amant conseillant le chirurgien, toujours dangereux (au moins pour la bourse) : c'est la chute du haut du balcon. Ce serait sans réplique et guérirait… la névrose du mari ou de l'amant. Mais la Parisienne est pour les demi-mesures, la demi-virginité d'abord, la fausse-couche ensuite. Mme Pert n'attend pas, elle qui les connaît si bien, que je m'attendrisse sur ces demi-femelles !