Divertissement pour le Roi

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Divertissement pour le Roi
exécuté devant leurs Majestés à Versailles, le samedi 19 mars 1746
Ballard fils.


DIVERTISSEMENT
POUR
LE ROI
Exécuté devant leurs Majestés
à Verſailles le Samedi 19. Mars 1746.
DE L’IMPRIMERIE
DE BALLARD Fils, reçû en ſurvivance de la Charge
de Seul Imprimeur du Roi pour la Muſique.
M. DCC. XLVI.



Les Paroles ſont de la Demoiſelle de Lussan.

Et la Muſique du Sieur de Buri, Maître de Muſique de la Chambre du Roi.


DIVERTISSEMENT
POUR LE ROI.


Scène PREMIÈRE.

LA NYMPHE DE VERSAILLES.


N Ayades & Silvains, vous qui ſuivez mes loix,
Venez, venez, accourez à ma voix.



Scène II.

LA NYMPHE, NAYADES & SILVAINS.
CHŒUR.

EMpressons-nous, la Nymphe nous appelle,
Signalons notre zéle.

LA NYMPHE.

Un Roi toujours victorieux,
Un Roi d’éternelle mémoire,
Eſt ſorti du ſein de la gloire,
Et vient de s’offrir à mes yeux.
J’ai reconnu Louis, Monarque redoutable
Dans la carriére de Mars,
Qui triomphant de toutes parts,
Fit regner les plaiſirs, dans ce ſéjour aimable.

Ô Nymphe, m’a dit ce Héros,
Célébre les nobles travaux
D’un Fils qui porte ma Couronne !
Du plus brillant éclat ce Prince l’environne,
Je l’admire du haut des Cieux !
Chante ſes exploits glorieux.

CHŒUR.

Éclatez tranſports d’allégreſſe
Pour célébrer d’une commune voix,
Le plus grand, le meilleur des Rois,
Digne objet de nos vœux & de notre tendreſſe.

LA NYMPHE ET LE CHŒUR.

Envain les Titans furieux,
Jaloux de la grandeur des Dieux,
S’arment pour leur faire la guerre.
Par les coups redoublez du terrible tonnerre
Jupiter les renverſe, il eſt victorieux.

Éclatez tranſports d’allégreſſe,
Pour célébrer d’une commune voix,
Le plus grand, le meilleur des Rois,
Digne objet de nos veux & de notre tendreſſe.



Scène III.

UNE DRIADE, & les Acteurs de la Scene précédente.
UNE DRIADE.

POur éterniſer ſes Conquêtes ;
Junon, Reine des Cieux, vient ordonner des Fêtes
Hebé, l’aimable Hebé, ſeconde ſes deſirs ;
Jeune épouſe un jeune Alcide,

L’amour, le tendre amour la guide,
Et lui promet mille plaiſirs.

LA NYMPHE.

Qu’il eſt doux de jouir de l’auguſte préſence
De ce Pere qui ſert de modéle à ſon Fils !
L’un fait notre bonheur, l’autre notre eſpérance,
Sages & grands projets heureuſement conduits,
Vous ſoutenez l’éclat des Lys,
Et faites triompher le Héros de la France !

Minerve & Mars d’intelligence.
Sont les guides de notre Roi.
Quand le terrible Mars ſoumet tout à ſa loi,
Minerve fait adorer ſa clémence.

CHŒUR.

Éclatez tranſports d’allégreſſe,
Four célébrer d’une commune voix,
Le plus grand, le meilleur des Rois,
Digne objet de nos vœux & de notre tendreſſe,

UNE DRIADE.

Le plus ſûr azyle
D’un bonheur tranquile

N’eſt que dans nos bois,
Notre auguſte Maître
Le fait ſeul renaître
Sous ſes juſtes loix.

Que de charmes
Point d’allarmes,
Mars protége ce Héros ;
Que notre tendreſſe
Notre allégreſſe
Faſſe ſans ceſſe
Redire aux échos,
Le plus ſûr azyle, &c.

Les ris & les jeux
Sur les aîles de la Victoire
Vont combler nos vœux :
Qu’Amour ſuivi de la Gloire,
Vole, regne dans ces lieux.
Le plus ſûr azyle, &c.

CHŒUR.

Que ce lieu retentiſſe
Du bruit de ſes exploits

Que l’ennemi frémiſſe,
Qu’il reſpecte ſes loix.

LA NYMPHE.

Ces doux accords de muſique champêtre,
Annoncent les Bergers ; ils quittent leurs troupeaux,
Ils ſe joignent à nous, pour chanter notre Maître
Aux tendres ſons des chalumeaux.



Scène IV.

UN BERGER, UNE BERGÈRE, & les Acteurs de la Scene précédente.
UNE BERGÈRE.

SUr nos muſettes,
Dans ces belles retraites,
Sur nos muſettes
Chantons nos amours.

Que nos cœurs toujours
Brûlent d’ardeurs parfaites ;

De nos plus beaux jours,
Louis regle le cours.
Sur nos muſettes, &c.

UNE BERGÈRE alternativement avec le Chœur.

Revenez dans cette contrée,
Revenez adorable Aſtrée,
Chere compagne de la paix,

LA BERGÈRE.

Les innocens plaiſirs vous y ſuivront ſans ceſſe,
Vous y fixerez à jamais
D’une délicate tendreſſe
La recompenſe & les attraits.

CHŒUR.

Revenez dans cette contrée ;
Revenez adorable Aſtrée,
Chere compagne de la paix.

LA BERGÈRE.

Que ces climats vont être fortunez !
Des jours les plus ſereins je vois briller l’aurore,
Regnez Zéphir, regnez Flore,
Les aquillons ſont enchaînez,

CHŒUR.

Revenez dans cette contrée,
Revenez adorable Aſtrée,
Chere compagne de la paix.

UN BERGER.

Vole charmant Amour, vole en un jour ſi beau
Sur les aîles de la Victoire,
Viens, vole, allume ton flambeau
Aux rayons de la gloire.

Lance ſur nous tes traits vainqueurs,
Regne en ſouverain ſur nos ames,
La félicité de nos cœurs
Dépend de tes divines flammes :
Vole charmant Amour, &c.

LA NYMPHE.

Heureux ſujets, admirez tous
Ce favori de la Victoire,
Il ne s’applaudit de ſa gloire
Qu’autant qu’il la répand ſur vous.

CHŒUR.

Dans nos tranſports, admirons tous
Ce favori de la Victoire,
Il ne s’applaudit de ſa gloire
Qu’autant qu’il la répand ſur nous.

UN BERGER.

Par des Jeux & par des Fêtes
Amuſons ici nos Héros ;
Beautés, faites des conquêtes,
Enchaînez-les ſous ces ormeaux,

Bergers, au ſon de vos muſettes,
Joignez celui des chalumeaux,
Que l’éclatant bruit des trompettes
N’effraye plus les échos.

Par des Jeux & par des Fêtes
Amuſons ici nos Héros ;
Beautés, faites des conquêtes,
Enchaînez-les ſous ces ormeaux,

De l’Amour ſûrs interprètes
Célébrez heureux oiſeaux,

Par vos chanſonnettes,
Vos ardeurs parfaites,
Vos plaiſirs toujours nouveaux ;
Ces belles retraites
Ne ſont faites
Que pour vos tendres travaux.
Par des Jeux, &c.

CHŒUR.

Dans nos tranſports, admirons tous
Ce favori de la Victoire,
Il ne s’applaudit de ſa gloire
Qu’autant qu’il la répand ſur nous.


(4 mars 1756.)