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Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3/08

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La liquidation financière en Égypte.
Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, Texte établi par Sébastien Charléty (Commission de publication des documents diplomatiques français), Imprimerie nationale (p. 9).

8.

M. de Blignières, Contrôleur général français des Finances égyptiennes, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D.
Le Caire, le 26 janvier 1880.
(Reçu : Dir. pol., 5 février.)

Dès mon arrivée au Caire, j’ai pu constater que le Khédive et ses Ministres avaient un très vif désir de voir la liquidation financière se terminer sans le concours d’une Commission plus ou moins internationale.

Ils comprennent parfaitement qu’il est très difficile de limiter en fait les attributions de commissaires désignés par les cinq grandes Puissances et que, quelque soin qu’on prenne de définir leurs pouvoirs, ils pourraient toujours entraver la marche de l’administration actuelle, qui fonctionne assurément assez mal, si on se place au point de vue de la perfection absolue et même de nos idées européennes, mais cependant aussi bien que possible si on tient compte du désordre que nous avons trouvé partout.

Je ne puis pas ne pas partager cet avis et telle est aussi l’opinion de M. Baring. Nous avons déjà dans la Commission de la Dette un Autrichien et un Italien. Dans la Commission de liquidation, nous aurions de plus un Allemand. Ce serait une consécration nouvelle du principe de l’internationalité qui peut, suivant nous, entraîner en Égypte de très funestes conséquences.

Nous espérons du reste pouvoir proposer aux créanciers de la Dette non consolidée des conditions assez favorables pour qu’il soit à présumer que la très grande majorité sinon l’unanimité les acceptera. Si cependant il en était autrement et si le Gouvernement égyptien ne trouvait aucun autre moyen d’écarter les difficultés qui seraient soulevées, il serait temps alors de reprendre des négociations qu’actuellement il serait préférable de traîner en longueur. Autant les créanciers désiraient au mois d’octobre dernier la nomination d’une Commission, autant aujourd’hui, ils la verraient avec regret, car ils espèrent, et non sans raison, obtenir à bref délai le paiement intégral ou partiel de leurs créances et ils comprennent que ce paiement serait ajourné si une Commission devait refaire ou même contrôler le travail déjà fait dans les bureaux du Ministère.