Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Introduction

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Equitation - Escrime - Danse - Art de nager

ENCYCLOPÉDIE

MÉTHODIQUE,

OU

PAR ORDRE DE MATIÈRES ;

PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES,

DE SAVANS ET D’ARTISTES ;

Précédée d’un Vocabulaire universel, servant de Table pour tout l’Ouvrage, ornée des Portraits de MM. Diderot & d’Alembert, premiers Éditeurs de l’Encyclopédie.

ENCYCLOPÉDIE

MÉTHODIQUE,

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ARTS ACADÉMIQUES

ÉQUITATION, ESCRIME,

DANSE,

ET ART DE NAGER



A PARIS,
Chez PANCKOUCKE, Libraire, hôtel de Thou, rue des Poitevins.
A Liège,
Chez Plompteux, Imprimeur des Etats.
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M. DCC. LXXXVI.
Avec Approbation et Privilège du Roi
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AVERTISSEMENT.

CE volume réunit les trois arts enstignés dans nos académies ; sçavoir, l’Art de l’Equitation, celui de l’Escrime & celui de la Danse. On y a joint l’Art de Nager, trop peu répandu parmi nous, & qui seroit si utile en un grand nombre de circonstances.

L’Art de l’Equitation, cultivé par les anciens, perdu, pour ainsi dire, dans les siècles de barbarie qui suivirent celui d’Auguste, reparut en Italie après le renouvellement des lettres, des arts & des sciences. Frederico Grifone, gentilhomme Napolitain, fut le premier qui en donna des préceptes. Claudio Cuzzio, Laurentius Cussius, Cæsar Fiaschi, Pascale Caracciolo ajoutèrent leurs découvertes aux siennes, & furent imités par un grand nombre d’autres auteurs. On établit des académies, dont Naples fut le siège principal, & que les talents supérieurs de Jean Baptiste Pignatelli rendirent célèbres dans toute l’Europe. La noblesse de France & d’Allemagne alla puiser sous les yeux de ce grand maître les principes de l’art. Ce fut delà que MM. de la Broue & de Pluvinel les rapportèrent en France.

Alors des académies furent fondées à Paris, à Tours, à Bordeaux, à Lyon ; & ces établissements se sont multipliés depuis dans tout le royaume.

Le duc de Newcastle, gouverneur de Charles II, ayant fait de l’art de l’équitation son unique étude, perfectionna les principes de ses prédécesseurs, fit d’heureuses découvertes, & fut quelque temps le guide le plus sûr. Mais comme touts les arts se perfectionnent sans cesse, plusieurs écuyers plus modernes, en reconnoissant ; & adoptant les principes de ces grands maîtres, ont donné des méthodes plus régulières, plus sures & plus faciles. On trouvera dans ce Dictionnaire celles qui nous ont paru exposées avec le plus d’étendue, d’ordre & de clarté. Il n’étoit pas possible de les donner toutes, & une seule n’auroit satisfait ni touts les auteurs, ni touts les lecteurs. Il arrive souvent qu’une très-bonne méthode agrée moins à certains esprits qu’une autre qui ne la vaut pas. Enfin la plupart de ceux qui étudient revoient avec plaisir les mêmes préceptes sous des formes différentes. De plus, en parcourant plusieurs ouvrages sur le même art, on a le plaisir de voir ce que chacun d’eux a ajouté au travail des autres. M. de la Guérinière a recueilli les préceptes de MM. de la Broue & de Pluvinel, & y a joint ce qu’il avoit appris par son expérience. Nous donnons ici ce qu’il a publié sur l’équitation, en y ajoutant ce qu’en ont écrit les auteurs plus modernes. Leurs noms indiqueront touts les morceaux tirés de leurs ouvrages ; quant aux articles qui ne contiennent que l’explication des termes de manège, ils ont été pris dans la première édition de l’Encyclopédie, ou plutôt dans le dictionnaire fait pour l’intelligence de l’ouvrage du baron d’Eisenberg, d’où ces articles avoient été tirés pour l’Encyclopédie ; nous y en avons seulement ajouté quelques-uns qui avoient été omis.

On trouvera à l’article Mors un calcul des forces de cette puissance par M. Dez, professeur de mathématiques à l’école militaire. S’il n’a pas une grande utilité pour la pratique, il est du moins curieux pour la science.

Quant aux planches, nous n’avons donné que ce qui étoit nécessaire, & supprimé un grand nombre de celles que l’on voit dans la première Encyclopédie, parce qu’elles nous ont paru n’être que de luxe, & ne contribuer en aucune manière à la connoissance de l’art. La vue d’un beau cheval, très-agréable en gravure, n’enseigne point à le mener.

Il seroit inutile de réfuter ici l’ancien préjugé, qu’on n’a besoin que de pratique pour conduire un cheval. Il ne pouvoit régner que dans un temps où l’art étoit peu connu. Il l’est généralement aujourd’hui, & on ne doute plus qu’il ne faille le connoitre pour le pratiquer.

Quelques personnes voudroient le restreindre à ce qu'il a de nécessaire, & en condamner à l'oubli les secrets les plus délicats, sous prétexte qu'ils ne sont utiles ni pour la cavalerie, ni pour l'usage ordinaire de la vie. Ils ne font pas attention que pour tirer d'un art tout ce qu'il a d'utile, il faut le connoître & le pratiquer dans toute son étendue. Ce seroit sans doute une chose aussi ridicule qu'absurde, de vouloir en enseigner les delicatesses à nos cavaliers, & aux jeunes gens qui ne se destinent point par devoir à l'exercice de l'équitation ; mais il est bon qu'elles soient connues de ceux qui doivent servir dans la cavalerie, & que les autres en prennent quelque idée. Et pourquoi en interdiroit-on la recherche & la connoissance à ceux qui en font leur amusement ? D'ailleurs elles sont utiles, même aux hommes qui ne les connoissent pas ; ce sont les exercices du manège qui assouplissent les chevaux destinés à leur usage, qui les rendent doux & obéissants, qui les asseyent sur les hanches ; sans eux un cheval de guerre, de chasse, d'école, ne peut être ni commode ni agréable pour le cavalier. En ceci, comme en beaucoup d'autres choses, les principes de rigueur sont un préjugé qu'il seroit dangereux de suivre.

L’Escrime est dans ce dictionnaire à la suite de l'équitation. Les articles en seront facilement distingués par l'ordre des lettres & les réclames. Ce sont les mêmes que ceux qui étoient dans la première édition de l'Encyclopédie : on y en a joint quelques-uns tirés du traité de M. Girard.

Ceux de l’Art de la Danse imprimés dans cette même édition, avoient été pris du traité de M. Rameau. On les a tous insérés ici avec des additions considérables tirées du traité de M. de Cahusac fur la danse ancienne & moderne ; & des lettres de M. Noverre.

Ce dictionnaire est terminé par l’Art de Nager. On a pris dans l’ouvrage de M. Thévenot ce qui concerne cet art, & on y a joint la lettre du plongeur Nicolas Roger, qui en contient les préceptes. Il seroit à souhaiter qu'on le fit enseigner plus généralement à nos enfants & surtout à nos militaires.

Nous ne joignons point à ce Dictionnaire des arts académiques une table de lecture qui indique l'ordre dans lequel touts les mots de chacune des parties doivent être lus, si l’on vouloit s'en servir comme d’un traité de sciences, parce que l'escrime & la danse sont trop peu considérables pour en avoir besoin. Après avoir lu dans l'un le mot escrime, & dans l'autre le mot danse, touts les autres ne sont, pour ainsi dire, que des définitions. Il en est de même de l'équitation, dont tout l'art est développé en leçons suivies à l'article Manege.

FIN.