Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Correction

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Panckoucke (1p. 153-154).

CORRECTION, (subst. fem.) « La correction du dessin consiste dans l’observation exacte des justes proportions du corps, conformément à l’indication qu’en donnent les ; ouvrages des grands maîtres, les chef-d’œuvres de l’antique, & le beau choix de la nature. Donner à une figure plus ou moins de noblesse, de Sveltesse, de grandeur, suivant l’âge, l’état, le sexe & le caractère du personnage ; en travailler toutes les parties ; en ressentir ou en passer légèrement les contours & les muscles, relativement au genre de son action ; réformer sur les beautés de l’antique les insipidités du modèle rarement parfait, & ajouter à ces beautés les vérités de la nature ; voilà ce qui constitue un dessin correct. » (Traité de Peinture, de Dandré Bardon). Le savant professeur me paroît avoir ici trop exigé, en demandant pour la correction, ce qui constitue l’élégance le grand style, le beau choix. Il suffit a la correction, que la nature, même commune, soit fidellement imitée, que les emboîtemens, la longueur & la forme des ; os, les attaches, la longueur & l’action des muscles soient bien accusés ; bien rendus. C’est pour parvenir au beau & non pas au correct qu’on réforme le modèle vivant sur les beautés de l’antique. Il y a des figures de Rubens qui sont d’un dessin correct & même savant, quoiqu’elles ne soient pas réformées sur l’antique, quoique les formes n’en soient pas même du plus beau choix qu’on puisse faire dans la nature. On ne pourra pas même accuser d’incorrection une figure difforme, lorsque l’artiste a eu intention de rendre les difformités que lui présentoit son modele. Une incorrection est toujours une faute, & ce n’en est pas une de peindre un bossu, un boiteux, un rachitique avec leurs difformités. En un mot, des fautes constituent l’incorrection du dessin ; le choix d’une nature commune l’empêche d’être beau ; l’imitation des pauvretés de la nature d’être grand ; le défaut de sveltesse, d’être élégant ; & le défaut de conformité avec l’antique & avec les plus rares beautés de la nature observées dans différens modèles d’être idéal. (Article de M. Levesque.)