Encyclopédie méthodique/Physique/AGGRÉGATION

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AGGRÉGATION ; c’eſt l’union de parties intégrantes dont tous les corps de la nature ſont compoſés. Toutes les parties intégrantes des corps ſont ſemblables & homogènes, c’eſt-à-dire, de même nature ; les molécules intégrantes de l’eau, de l’huile, des ſels, des métaux, &c., &c. ſe reſſemblent entr’elles ; & ne diffèrent point eſſentiellement du tout dont elles font partie ; elles ſont toutes unies entr’elles, par la force de cohérence qui n’eſt autre choſe que celle de l’attraction ; ainſi unies, elles forment un aggrégat qui ne peut être détruit qu’en rompant ce tout, en le diviſant & ſéparant toutes les parties intégrantes, de telle ſorte que le même contact qui avoit lieu avant la déſunion, n’exiſtant plus, il n’y aura plus de cohérence. Voyez Parties intégrantes, Parties constituantes, Adhérence, Cohérence, Attraction.

Les propriétés d’un aggrégé peuvent être fort différentes de celles des molécules primitivo-intégrantes qui compoſent cet aggrégé ; & de plus, nous ne pouvons conclure des propriétés d’un aggrégé, que celles de ſes parties primitivo-intégrantes ſoient ſemblables. Il eſt très-poſſible, comme l’a remarqué M. Macquer, que des molécules aggrégatives très-dures, ne puiſſent former qu’un aggrégé très-mou ; que d’autres qui n’ont aucune élaſticité produiſent, par leur réunion, un corps fort-élaſtique ; que de l’union de particules aggrégatives très-denſes & très-peſantes, il ne réſulte qu’un corps rare & léger, &c., &c. En effet, toutes ces propriétés des aggrégés doivent dépendre de la figure propre de leurs parties aggrégatives, de l’étendue plus ou moins grande des points de contact que cette figure leur permet d’avoir entr’elles & de leur diſtance. Ainſi, l’air, par exemple, dans ſon état d’aggrégation, peut être élaſtique, & huit cent fois plus léger que l’eau, ſi ſes molécules primitivo-intégrantes, ſuppoſées dures & inflexibles, ne ſe touchent qu’en très-peu de points, ne forment qu’un aggrégé, rare & compreſſible. Mais ſi ces mêmes molécules ſont ſéparées entr’elles, & touchent en un plus grand nombre de points des parties intégrantes d’autres corps, elles pourront s’unir avec elles, perdre leur élaſticité & leur légèreté reſpective, & faire partie d’un corps dur & peſant. Si quelque nouvelle cauſe vient enſuite à rompre cette liaiſon, les molécules primitives de l’air ſe réuniſſant de nouveau entr’elles, formeront le même aggrégé qu’auparavant, avec les mêmes propriétés. Il en ſera de même des autres ſubſtances, ſoit fluides, ſoit ſolides.