Entre deux caresses/23

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Note publiée par le Figaro :

Le grand banquier Séphardi, Grand Officier de la Légion d’Honneur, Directeur Général des Pétroles Narbonnais, de la Société Banque, Europe, des Usines Électriques du Sud-Ouest, du Consortium des Naphtes, du Crédit Occidental, des Aciéries Bretonnes…, etc., etc., a été trouvé mort hier matin dans son lit.

L’hypothèse du suicide ne serait pas écartée.


Dans le Temps :

Le puissant homme d’affaires Séphardi a été assassiné. Un poignard au manche d’or figurant un poulpe lui avait été enfoncé en plein cœur. Des documents importants sont disparus.


Dans l’Humanité :

Ce gouvernement de boue et de sang se fait le complice d’une aventurière qui ne sortait jamais sans porter sur elle en bijoux le pain de cent mille familles. Après avoir envoyé son mari au bagne, la fameuse Jeanne Mexme a tué son amant. Bourgeoisie abjecte, voilà bien tes stupres et tes crimes !


Huit jours après, dans Paris Soir :

Le grand banquier Séphardi s’est suicidé dans une attaque de neurasthénie qui faisait prévoir sa surexcitation de ces temps derniers.

Ce fut, sans doute, le plus extraordinaire spéculateur de notre époque. Il s’est épuisé par un travail géant qui vint à bout de sa vigoureuse constitution. Son successeur, le baron Ottsberg, qui depuis longtemps était le bras droit de M. Séphardi, est, comme on sait, le gendre du Président de la République, M. Jacques Capet. Nous savons pertinemment que la très belle amie de M. Séphardi, Madame Jeanne Mexme, que certains journaux méprisables ont couverte de boue ces temps-ci, est partie ensevelir sa douleur dans une campagne perdue.


Dans Sur la Riviera, cet écho :

Personne ne nous démentira si nous affirmons qu’il existe un rapport entre la mort du célèbre Séphardi, l’arrivée à Nice et Monte-Carlo d’une trentaine des plus fins limiers de la Sûreté, les récents entretiens à Paris entre le baron Ottsberg, le ministre de la Justice et le Procureur Général, et enfin avec l’écho d’aspect officiel publié voici une huitaine dans Paris-Soir.

Nous notons encore que Fanny Bloch, l’auteur de Toutes les Caresses, qui était mardi au Claridge, est partie au milieu de la nuit, en avion, pour une destination inconnue. Or nul n’ignore qu’elle fut une amie très intime de J… e M… x… e, dont il a été beaucoup parlé à propos d’un poignard à manche d’or ciselé, figurant un poulpe.